Ex3 - histoire érotique

Le soleil règne dehors ; les deux mois de confinement ont assaini l’air ; la ville est envahie d’herbes et d’animaux, un dira que c’est la nature qui reprend ses droits ! 10H du matin seulement, et déjà une longue queue s’étire devant l’unique porte ouverte du supermarché. Je fais la queue comme toute le monde, j’attends mon tour. En quelques mois un petit virus issu d’un marché chinois de Wuhan a bouleversé le monde et nous a obligé à tous de changer nos habitudes. Beaucoup disent que la vie ne sera plus jamais comme avant, que l’humanité court à sa perte dans le futur à cause de l’émergence de nouvelles pandémies favorisées par la destruction de la masse biologique et par le réchauffement climatique, moi je pense que c’est des conneries, je pense qu’il y aura toujours des humains sur terre, certes pas des milliards d’humains, mais il y aura toujours quelques-uns d’entre nous sur cette planète polluée !
Mon tour pour entrer est arrivé. En compagnie d’une dizaine d’autres personnes, nous dépassons les vigiles, sortes de malabars au nez et à la bouche masqués par un masque de protection. On se croirait dans un sombre épisode d’une série apocalyptique ! Dans le hall des flèches sur le sol nous indiquent l’itinéraire à suivre pour ceux qui entrent comme nous et pour ceux qui sortent comme ceux d’en face, enfin que les deux groupes laissent au minimum un peu d’espace entre eux et ne puissent pas se toucher. Les clients ont ravagé les rayons ! Il n’ y a plus de papier toilette, plus d’œufs, plus de farine, je regrette de ne pas être venu plus tôt que ça, je regrette de n’avoir pas été prévoyant. À mon tour de dévaliser le pain de mie, la pâte d’arachide, le riz, les pâtes. Aux rayons fruits et aux rayons condiments les prix sont excessivement chers ! On dirait que la grande distribution profite de la pandémie et de la quarantaine pour augmenter sans honte ses marges.
Les queues sont beaucoup plus courtes devant les caisses. Les caissières et les caissiers sont protégés par un plexiglas qui isole leur visage des clients, en plus de cela, ils portent tous des gants, les plus maniaques nettoient régulièrement le terminal de paiement avec le liquide ménager et un chiffon, d’autres vont jusqu’à désinfecter le bout de la caisse métallique à chaque passage d’un client. C’est mon tour de passer en caisse ! Je dépose mes articles sur le tapis roulant. Je contourne la caisse pour au final me positionner devant la caisse enfin de recevoir mes articles.
-Je paye sans contact.
-OK monsieur !
Je sors ma carte bancaire que je dépose sur le terminal de paiement. Une lumière verte clignote. La caissière me dit que c’est bon. Je récupère mes achats.

Me revoilà en confinement dans ma chambre. Nous vivons tous les trois dans le même appartement, mon ex-femme, son nouveau mec, et moi, pourtant nous pouvons passer des jours sans nous croiser, plus précisément, c’est moi qui peux passer des jours sans les croiser. Avec le confinement dû au coronavirus, je passe la plupart de mon temps dans ma chambre à mater les classiques du septième art sur des sites internet pirates. Je ne sors de ma chambre que pour les aises, me laver, cuisiner vite fait, et parfois effectuer dehors une heure de ballade quotidienne que le gouvernement nous offre pour le sport.
Il me vient une idée géniale, même si elle est criminelle, je crois que je vais l’appliquer en faisant tout pour ne pas me faire attraper, car ils seraient capables, mon ex-femme et son nouveau mec, de m’envoyer en prison pour cela, surtout mon rival, ça serait un moyen pour lui de se débarrasser de moi et de garder et l’appartement et la femme pour lui tout seul !
Je me connecte sur internet. Je voudrais acheter une caméra espion. Les modèles que je vois ne m’impressionnent guère : à part les lunettes qui possèdent une caméra discrète, les caméras des autres objets sont grotesques et se font découvrir au premier coup d’œil. Je fais le deuil de la possibilité de filmer discrètement mon ex-femme et son nouveau mec pendant qu’ils font l’amour. Il reste la possibilité de les espionner avec un micro, chose qui me semble beaucoup plus réalisable sans me faire attraper. Je commande une clé USB micro espionne. Je sais déjà où je vais la placer dans leur chambre : soit sous le lit, soit sous la commode.
Ne respectant pas le confinement, le nouveau mec de mon ex-femme sort, comme d’habitude, il va en vadrouille en ville faire des choses que lui-même sait. À part avoir une grosse bite et être un queutard, je ne sais pas ce qu’elle lui trouve ! Je veux dire, le type est un trentenaire comme nous, il n’ a jamais travaillé de sa vie, il vit des allocations sociales, sa seule ambition dans la vie c’est la baise. Les seules choses que je lui jalouse, c’est la taille de sa bite et son endurance au lit. Lol ! J’entre dans la cuisine. Je me prépare une omelette. Des pas dans mon dos. C’est mon ex-femme, Léonie, la trentaine, une brune aux longs cheveux noirs.
Léonie.-Qu’est-ce que tu nous prépares aujourd’hui ?
Moi.-« Qu’est-ce que je nous prépare aujourd’hui ? » Chacun va préparer pour lui ! Ce n’est pas écrit « cuisinier » sur mon front. En plus tu es la meilleure cuisinière de nous trois. Plutôt de nos deux parce que Victor ne prépare jamais.
Léonie.-Je pensais que tu allais préparer pour nous tous. J’ai des courbatures partout...
Moi.-Voilà ce que ça fait de baiser comme des fous !
Elle rit. Elle sait que je les ai entendu niquer hier soir. L’excitation démange mon pénis.
Moi.-Je vais vous faire chacun trois omelettes. La prochaine fois c’est toi qui les feras.
Léonie.-C’est gentil !
Elle me dépose un bisou sur la joue puis elle sort de la cuisine. Quelques instants plus tard, j’entends l’eau couler dans la salle de bain. Elle est en train de prendre un bain. J’ai l’impression d’être une bonniche, d’être l’idiot utile qui les fournit l’énergie pour qu’ils me cocufient avec ! Ça m’énerve et ça m’excite paradoxalement. Pendant que Victor le nouveau mec de mon ex-femme vadrouille dehors, et que cette dernière se lave, j’en profile pour faire des repérages dans leur chambre. Leur lit est un lit métallique noir à quatre pieds fins avec assez d’espace pour qu’un humain puisse se faufiler sous lui ; par chance, il n’ y a rien sous le lit, je pourrais facilement y déposer contre le sol le micro espion. Je me relève. Je viens d’avoir une nouvelle idée géniale.

*Extrait de "Baise-moi devant mon mari !" par Hujambo Korodani.