Fantômes du passé

Récit érotique écrit par CDuvert [→ Accès à sa fiche auteur]
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Fantômes du passé
Les derniers rayons du soleil filtraient à travers les nuages lourds quand Thomas franchit l'enceinte du parc d'attractions abandonné du lac Huron. Le grillage rouillé laissa une marque ocre sur ses paumes, comme un premier avertissement. C'était la septième clôture qu'il escaladait cette année pour son projet photographique sur les lieux délaissés, mais celle-ci lui parut différente – presque... vivante.
Son A.P.N. Nikon heurta doucement sa hanche tandis qu'il enjambait le dernier obstacle. L'air était dense, électrique. Une tempête approchait, mais Thomas ne s'en souciait guère. Les orages magnifiaient toujours l'atmosphère lugubre des lieux abandonnés.
Le parc Huron n'était pas simplement un lieu déserté par l'homme. Il était imprégné d'une réputation sinistre – six morts accidentelles documentées, des phénomènes inexpliqués, et cette rumeur persistante que le terrain lui-même était maudit, construit sur un ancien cimetière indien.
Thomas n'était pourtant pas venu en simple photographe obsédé par l'urbex. Ce lieu était ancré dans son histoire personnelle. À dix ans, quelques mois avant la fermeture définitive du parc en 1996, il y était venu avec ses parents. Un souvenir resté flou, comme délibérément effacé par son esprit, mais qui le hantait depuis. Des flashs lui revenaient parfois en rêve – une silhouette enfantine sur les nacelles de la grande roue, un cri étouffé, et cette certitude d'avoir été témoin de quelque chose qu'aucun enfant n'aurait dû voir.
"Vingt ans," murmura-t-il en contemplant l'étendue désolée du parc. "Vingt ans que j'évite de revenir."
Les attractions abandonnées se dressaient autour de lui comme des monstres figés dans le temps. La peinture écaillée, le métal rongé par la rouille, les sièges arrachés – tout témoignait du passage impitoyable des années. Pourtant, quelque chose d'intemporel planait dans l'air, comme si une part de l'animation d'antan persistait, invisible à l'œil nu.
Thomas inspira profondément. L'odeur caractéristique des lieux abandonnés emplissait ses narines – métal oxydé, bois pourrissant, et cette senteur indéfinissable du temps qui s'écoule. Il sortit son appareil photo et commença à capturer les squelettes métalliques des manèges, leurs ombres s'étirant dans la lumière déclinante.
Le carrousel décoloré fut sa première cible. Les chevaux autrefois majestueux, aux couleurs vives, n'étaient plus que des carcasses patinées par les intempéries. Leurs yeux peints semblaient suivre ses mouvements tandis qu'il ajustait son objectif pour saisir le contraste entre la lumière du couchant et l'obscurité qui rongeait les contours du manège.
Un grondement lointain le fit lever les yeux. Les nuages noirs s'amoncelaient au-dessus du parc, comme attirés par ce lieu de désolation. Les premières gouttes, lourdes et espacées, s'écrasèrent sur le sol poussiéreux, marquant la terre sèche de petits cratères.
Thomas accéléra le pas, déterminé à photographier la grande roue avant que l'averse ne devienne trop intense. C'était l'attraction centrale du parc, celle qui dominait le paysage de sa structure imposante. C'était aussi celle qui hantait ses cauchemars.
Il ajusta son angle de vue, cherchant à capturer la silhouette métallique contre le ciel tourmenté, quand un mouvement dans sa vision périphérique le fit pivoter brusquement.
Elle était là, immobile près des balançoires abandonnées. Une jeune femme. Sa présence était si incongrue dans ce décor sinistre que Thomas crut d'abord à une hallucination. Elle portait un simple t-shirt blanc et une jupe qui flottait légèrement dans la brise naissante. Ses cheveux châtains encadraient un visage aux traits fins qu'il ne distinguait pas encore clairement à cette distance.
La femme tourna la tête vers lui et sursauta visiblement. Elle ne s'attendait pas non plus à croiser quelqu'un.
Thomas s'approcha prudemment, comme si un mouvement trop brusque risquait de la faire disparaître – telle une apparition qui n'aurait jamais dû être là.
"Je ne pensais pas croiser quelqu'un ici," dit-elle quand il fut à portée de voix, une main posée sur son cœur comme pour en calmer les battements.
Sa voix était douce mais légèrement rauque, créant un contraste fascinant avec son apparence délicate. De près, Thomas pouvait maintenant distinguer son visage – des pommettes hautes, des lèvres pleines, et surtout, des yeux d'un vert intense qui semblaient presque phosphorescents dans la lumière déclinante.
"Moi non plus," répondit-il, intrigué. "Je m'appelle Thomas."
"Claire," répondit-elle simplement.
Un éclair déchira le ciel, illuminant brièvement ses traits d'une lueur blafarde qui accentua la pâleur de sa peau. Le tonnerre suivit presque immédiatement, assourdissant, faisant vibrer le sol sous leurs pieds. L'orage était maintenant au-dessus d'eux.
La pluie s'intensifia brusquement, passant de quelques gouttes éparses à un déluge vertical. En quelques secondes, ils furent trempés jusqu'aux os.
"Il y a un ancien bureau administratif là-bas," cria Claire par-dessus le vacarme de l'averse, pointant vers un petit bâtiment métallique à une cinquantaine de mètres. "On peut s'y abriter!"
Sans attendre sa réponse, elle s'élança sous la pluie battante. Thomas hésita une fraction de seconde avant de la suivre, protégeant son appareil photo sous sa veste en jean. Ils coururent entre les attractions fantomatiques, leurs pas éclaboussant les flaques qui se formaient déjà.
Le petit bâtiment administratif se dressait comme une sentinelle oubliée au milieu du parc. Sa façade métallique, autrefois blanche, était désormais tachetée de rouille comme une maladie de peau. La porte grinça sinistrement lorsque Claire la poussa, révélant un intérieur plongé dans la pénombre.
"Voilà," dit-elle en essorant ses cheveux trempés. "Pas très accueillant, mais au moins on est à l'abri."
Thomas referma la porte derrière eux, atténuant légèrement le vacarme de l'orage. Des gouttes d'eau s'écoulaient de leurs vêtements, formant de petites flaques sur le sol poussiéreux. Il posa délicatement son appareil photo sur ce qui semblait être un bureau massif, après avoir essuyé l'objectif avec un chiffon microfibre.
L'odeur à l'intérieur était suffocante – un mélange âcre de moisissure, de papier humide et de rouille. Des classeurs métalliques renversés jonchaient le sol, leur contenu éparpillé comme les entrailles d'une bête éventrée. Sur les murs écaillés, des affiches promotionnelles du parc dans sa gloire passée – couleurs délavées, slogans joyeux désormais macabres dans ce contexte de désolation.
Un éclair illumina la pièce à travers les vitres crasseuses, révélant le t-shirt de Claire devenu presque transparent sous l'effet de l'eau. La dentelle noire de son soutien-gorge se dessinait clairement sous le tissu mouillé. Thomas détourna rapidement le regard, mais pas assez vite pour que Claire ne remarque pas son intérêt.
"Qu'est-ce qui t'amène ici?" demanda-t-il pour briser le silence qui s'installait, troublé seulement par le tambourinement de la pluie sur le toit métallique.
Claire passa une main dans ses cheveux mouillés, dégageant son visage. Ses yeux verts scrutaient Thomas comme s'ils cherchaient à percer ses défenses.
"Des cauchemars récurrents," répondit-elle avec une franchise désarmante. "Toujours le même. Je suis dans ce parc, la nuit, et quelque chose me poursuit entre les manèges."
Elle frissonna visiblement, croisant les bras sur sa poitrine dans un geste instinctif qui ne fit qu'accentuer la courbe de ses seins sous le tissu mouillé.
"Et toi?" demanda-t-elle, son regard ne quittant pas le sien.
"Des souvenirs que je dois affronter."
Thomas n'en dit pas plus. Comment expliquer à cette inconnue qu'il avait passé vingt ans à fuir le souvenir d'une petite fille en robe blanche, debout dansr sa nacelle, qui lui souriait avant de... Non. Certaines images devaient rester enfouies.
Un éclair particulièrement violent illumina la pièce, projetant leurs ombres démesurées contre le mur opposé. Dans cette clarté fugace, Thomas crut apercevoir une troisième silhouette – petite, immobile – près de la fenêtre. Le temps de cligner des yeux, elle avait disparu.
Leurs regards se croisèrent à nouveau dans la semi-obscurité qui suivit. Quelque chose d'indéfinissable passa entre eux – une reconnaissance mutuelle, comme si leurs âmes partageaient un secret qu'eux-mêmes ignoraient encore.
La pluie redoubla d'intensité, martelant le toit métallique avec une fureur qui semblait presque personnelle. Ce vacarme créait paradoxalement une bulle d'intimité autour d'eux, les isolant du monde extérieur.
Thomas s'approcha d'un pas, comme attiré par une force invisible. Claire ne recula pas. Au contraire, son corps semblait répondre à cette approche, vibrant d'une tension palpable. Sa respiration s'accéléra, soulevant sa poitrine en un rythme hypnotique. Des gouttes d'eau traçaient des sillons le long de son cou, se perdant dans l'échancrure de son t-shirt.
"Il y a quelque chose d'étrange, n'est-ce pas?" murmura-t-elle, sa voix à peine audible par-dessus le vacarme de l'orage. "Cette sensation que nous étions destinés à nous rencontrer ici?"
Thomas hocha la tête, incapable de trouver les mots. Le désir montait en lui comme une marée, irrépressible et déconcertant. Ce n'était pas simplement une attirance physique – c'était quelque chose de plus profond, de plus primitif, comme si une volonté extérieure à eux-mêmes les poussait l'un vers l'autre.
Un nouvel éclair zébra le ciel, illuminant la pièce d'une lueur bleuâtre. Dans ce flash de lumière crue, Thomas vit clairement la silhouette d'une petite fille à la fenêtre – robe blanche, cheveux sombres, yeux sans âge qui les fixaient avec une intensité dérangeante.
"Tu as vu-" commença-t-il, mais les mots moururent sur ses lèvres.
Claire s'était jetée sur lui avec une violence inattendue. Ses lèvres s'écrasèrent contre les siennes, humides et froides de la pluie, mais brûlantes de désir. Son corps trempé se plaqua contre lui, irradiant une chaleur qui contrastait violemment avec la fraîcheur de leurs vêtements mouillés.
Thomas répondit instantanément, son corps réagissant avant même que son esprit ne puisse analyser la situation. Ses mains agrippèrent la taille fine de Claire, sentant ses côtes sous la finesse du tissu. Elle mordait sa lèvre inférieure, un goût métallique de sang se mêlant à leur baiser. Cette sauvagerie ne fit qu'attiser son désir.
D'un mouvement brusque, il la poussa contre le mur écaillé. Ses mains remontèrent sous le t-shirt trempé, découvrant une peau fraîche et veloutée qui frissonnait sous ses doigts. Chaque centimètre de contact entre leurs épidermes semblait générer une électricité statique, comme si l'orage s'était insinué en eux.
"J'ai envie de toi," grogna-t-il contre son oreille, surpris par la rudesse de sa propre voix. "Ici, maintenant."
Elle gémit en réponse, un son guttural qui venait des profondeurs de sa gorge. Ses hanches ondulèrent contre l'érection qui tendait déjà le tissu de son jean, créant une friction délicieuse qui le fit grogner de plaisir. Ses mains impatientes s'attaquèrent à sa ceinture, la défaisant avec une dextérité surprenante malgré l'urgence qui guidait ses gestes.
Le cliquetis métallique de la boucle résonna dans la petite pièce, presque aussi assourdissant que le tonnerre qui grondait au-dehors. Ses doigts agiles ouvrirent son jean, se glissant sous l'élastique de son boxer pour s'emparer de son sexe déjà rigide. La froideur de sa main sur sa verge brûlante lui arracha un sifflement de plaisir.
"Tu es déjà dur," murmura-t-elle, une lueur prédatrice dans le regard.
Thomas ne répondit pas. À la place, il saisit le t-shirt de Claire et le déchira d'un geste brutal, arrachant le tissu mouillé qui céda dans un craquement satisfaisant. Son soutien-gorge noir en dentelle apparut, sublime contre sa peau d'albâtre. Sans ménagement, il le fit glisser vers le haut, libérant ses seins qui rebondirent légèrement – parfaits, ni trop grands ni trop petits, couronnés de tétons roses qui pointaient déjà, durcis par le froid et l'excitation.
"Magnifiques," souffla-t-il avant de se pencher pour capturer un mamelon entre ses lèvres.
Claire rejeta la tête en arrière, heurtant le mur métallique dans un bruit sourd qui sembla à peine l'affecter. Un gémissement s'échappa de sa gorge tandis que Thomas suçait son téton, alternant douceur des lévres et morsures légères. Ses doigts s'enfoncèrent dans les cheveux humides de Thomas, le pressant plus fort contre sa poitrine comme pour l'inviter à la dévorer.
La main libre du garçon continuait son exploration, descendant le long du ventre plat de Claire jusqu'à atteindre l'ourlet de sa jupe. Il la remonta sans cérémonie, découvrant une culotte assortie à son soutien-gorge – noire, en dentelle fine qui ne cachait presque rien de son intimité.
Thomas s'agenouilla devant elle, son visage à hauteur de son sexe voilé par la dentelle. L'odeur de son excitation se mêlait aux effluves de pluie et de métal rouillé – un parfum enivrant qui lui fit tourner la tête. Il pressa son nez contre le tissu humide, inhalant profondément cette fragrance musquée.
"Tu sens divinement bon," murmura-t-il, son souffle chaud contre son intimité faisant tressaillir Claire.
D'un doigt impatient, il écarta la culotte sur le côté, révélant des lèvres rosées et gonflées de désir, déjà luisantes d'humidité. Claire frémit d'anticipation, une jambe se levant instinctivement pour s'appuyer contre l'épaule de Thomas, s'ouvrant davantage à lui.
Thomas n'hésita pas. Sa langue traça une ligne lente le long de sa fente, récoltant sa saveur sur toute sa longueur. Le goût était indescriptible – un mélange de sel, de musc et de quelque chose d'uniquement féminin qui éveilla en lui une faim primitive.
"Oh mon Dieu," gémit Claire, ses hanches se pressant contre son visage.
Il continua son exploration, sa langue s'enfonçant entre ses plis pour goûter plus profondément son nectar. Ses lèvres se refermèrent autour de son clitoris gonflé, le suçant doucement tout en introduisant un doigt, puis deux, dans son fourreau étroit. Ses parois internes palpitaient autour de ses doigts, l'accueillant avidement.
Les gémissements de Claire s'intensifiaient, se mêlant au vacarme de l'orage. Ses cuisses tremblaient de chaque côté du visage de Thomas, son corps tout entier tendu vers la libération imminente. Mais Thomas n'était pas prêt à la laisser jouir si vite. Il se redressa, retirant ses doigts luisants de son intimité.
"Retourne-toi," ordonna-t-il d'une voix qu'il ne reconnut pas – rauque, autoritaire.
Claire obéit sans hésitation, se tournant face au mur, les paumes à plat contre la surface métallique. Elle cambra les reins dans une invitation explicite, relevant sa jupe sur ses hanches pour dévoiler la courbe parfaite de ses fesses encadrées par le tissu noir de sa culotte.
Thomas se positionna derrière elle, écartant davantage le sous-vêtement plutôt que de le retirer complètement. Sa verge dressée frôla l'entrée de son sexe, s'enduisant de sa cyprine abondante.
"Prends-moi," supplia-t-elle, tournant légèrement la tête pour le regarder par-dessus son épaule. "Baise-moi fort."
Ces mots crus provenant de cette bouche délicate électrifièrent Thomas. Il saisit ses hanches d'une poigne ferme et s'enfonça en elle d'un coup sec qui lui arracha un cri de plaisir mêlé de douleur. Son vagin l'enserrait comme un étau de velours mouillé, pulsant autour de son membre. Il resta immobile un instant, savourant cette sensation divine.
"Tu me srres bien," grogna-t-il, se retirant presque entièrement avant de replonger en elle avec force.
Chaque poussée faisait grincer le mur métallique, créant une percussion mécanique qui accompagnait leurs halètements et les grondements du tonnerre. Ses doigts s'enfonçaient dans la chair tendre de ses hanches, y laissant des marques rouges qui fleuriraient en ecchymoses le lendemain – des souvenirs imprimés dans sa peau.
"Plus fort," supplia Claire, ses ongles raclant le métal en quête d'un appui. "Défonces-moi!"
Thomas accéléra le rythme, martelant son corps sans retenue. La violence de leur étreinte faisait trembler les vieux classeurs rouillés empilés près d'eux. L'un d'eux bascula dans un fracas métallique, répandant des dossiers jaunis sur le sol poussiéreux.
Dehors, les éclairs se succédaient, illuminant la pièce par intermittence, donnant à la scène une apparence stroboscopique dérangeante. Dans ces flashs de lumière crue, Thomas observait le corps de Claire accepter chacun de ses assauts, la façon dont sa colonne vertébrale se cambrait, comment ses cheveux mouillés collaient à sa nuque, la contraction de ses muscles sous sa peau laiteuse.
Sa main glissa autour de sa taille pour atteindre son clitoris gonflé. Il commença à le masser en cercles précis, synchronisant ses caresses avec ses coups de reins. Le corps de Claire répondait instantanément, ses muscles se contractant autour de lui comme pour le retenir.
"Je vais jouir," haleta-t-elle, sa voix montant dans les aigus. "Continues, Thomas, je vais jouir!"
Thomas sentit le vagin se resserrer autour de son membre, ses muscles internes le massant par vagues successives. Cette sensation le propulsa lui-même au bord du gouffre.
"Où?" parvint-il à articuler, son propre orgasme imminent.
"En moi," gémit-elle, tournant à nouveau son visage vers lui, ses yeux verts assombris par le désir. "Jouis en moi, Thomas. Remplis-moi!"
Cette supplique acheva de briser son contrôle. Il s'enfonça une dernière fois au plus profond d'elle et se libéra en longs jets brûlants, son sperme se déversant par vagues dans l’intimité palpitante de la jeune femme. Chaque pulsation semblait durer une éternité, comme si son corps entier se vidait en elle, la marquant de l'intérieur.
Leurs corps restèrent soudés dans cette position, tremblants et couverts d'une fine pellicule de sueur qui se mêlait à l'humidité de la pluie. Thomas avait posé son front contre la nuque de Claire, son souffle erratique caressant sa peau.
C'est alors qu'un bruit métallique résonna distinctement dans la pièce voisine, comme si quelqu'un – ou quelque chose – avait renversé un objet. Claire se figea instantanément, son corps encore parcouru des dernières vagues de son orgasme.
"Tu as entendu?" murmura-t-elle, le souffle court.
Thomas hocha la tête, se retirant lentement d'elle. Un filet de sperme s'écoula le long de sa cuisse, luisant dans la semi-obscurité comme une traînée nacrée sur sa peau pâle. Claire remit sa culotte en place, emprisonnant la semence de Thomas en elle comme un précieux secret.
"On n'est pas seuls," souffla-t-il, reboutonnant son jean d'un geste fébrile.
Claire ramassa les lambeaux de son t-shirt, tentant vainement de s'en couvrir. L'intensité de leur étreinte avait laissé des marques sur sa peau pâle – des empreintes de doigts sur ses hanches, des taches rouges là où le mur métallique avait frotté contre ses tétons.
"Tu crois aux fantômes?" demanda-t-elle soudain, une lueur étrange dans le regard.
Thomas hésita. Comment lui expliquer qu'il avait distinctement vu une petite fille les observer pendant leur accouplement frénétique? Comment lui dire que cette apparition le hantait depuis vingt ans?
"Je crois que certains lieux gardent l'empreinte des événements qui s'y sont déroulés," répondit-il prudemment. "Et ce parc a connu son lot de tragédies."
Un sourire énigmatique étira les lèvres de Claire. Elle paraissait différente maintenant, comme si leur union sauvage avait révélé une autre facette de sa personnalité – plus sombre, plus mystérieuse.
"J'ai envie d'explorer la maison hantée demain," déclara-t-elle. "Tu m'accompagneras?"
Thomas sentit un frisson glacé parcourir son échine malgré la chaleur qui irradiait encore de son corps. La maison hantée – l'attraction qu'il avait toujours évitée lors de sa visite enfantine, celle d'où provenaient les rumeurs les plus sinistres.
"Pourquoi pas le carrousel? Ou la grande roue?" proposa-t-il, tentant de masquer son appréhension.
Claire s'approcha de lui, pressant son corps à moitié nu contre le sien. Ses lèvres effleurèrent son oreille, son souffle chaud contrastant avec la fraîcheur ambiante.
"Parce que c'est là qu'elle m'attend," chuchota-t-elle. "La petite fille en robe blanche. Celle que tu as vue toi aussi, n'est-ce pas?"
Le sang de Thomas se figea dans ses veines. Comment pouvait-elle savoir? Il n'avait jamais mentionné la fillette, ni la robe blanche.
Claire s'écarta légèrement, plongeant son regard dans le sien. Ses pupilles semblaient étrangement dilatées, ne laissant qu'un mince anneau vert autour d'un abîme noir.
"Rendez-vous ici demain, même heure," poursuivit-elle, récupérant son sac à dos abandonné dans un coin.
Elle en sortit un t-shirt sec qu'elle enfila, offrant à Thomas une dernière vision de sa poitrine parfaite. Puis elle se dirigea vers la porte, s'arrêtant sur le seuil. L'orage s'était éloigné, ne laissant qu'une pluie fine et régulière qui tombait en rideau argenté sur le parc fantomatique.
"Elle nous a choisis, Thomas," dit-elle sans se retourner. "Et elle n'aime pas qu'on lui fasse faux bond."
Sur ces paroles énigmatiques, elle s'enfonça dans l'obscurité grandissante du parc abandonné. Thomas resta immobile, le cœur battant à tout rompre. De l'autre côté de la vitre crasseuse, il aperçut distinctement une petite silhouette qui observait le départ de Claire. Lentement, elle tourna son visage pâle vers lui.
L'enfant spectrale ne sembla pas surprise qu'il puisse la voir. Un sourire se dessina sur ses lèvres blanches – non pas un sourire d'enfant innocent, mais celui d'un être ancien qui a attendu patiemment que les pièces de son jeu se mettent en place.
Puis, aussi soudainement qu'elle était apparue, la silhouette se dissipa dans la pluie, ne laissant derrière elle qu'une certitude glacée dans l'esprit de Thomas : il reviendrait demain, comme la petite fille l'avait prévu. Comme Claire l'avait annoncé.
Non pas pour Claire, malgré l'attraction indéniable qu'elle exerçait sur lui, mais pour cette présence qui semblait les avoir réunis dans ce lieu de désolation. Il reviendrait parce qu'après vingt ans de fuite, le temps était venu d'affronter ce qui l'attendait dans les profondeurs de la maison hantée du parc Huron.
Et peut-être, songea-t-il en ramassant son appareil photo, peut-être découvrirait-il enfin pourquoi cette petite fille en robe blanche l'avait choisi, lui, parmi tous les visiteurs du parc, pour être témoin de sa chute mortelle il y a vingt ans.
La nuit avait été agitée pour Claire. Des cauchemars récurrents où une petite fille en robe blanche dansait sur un carrousel de chevaux décharnés. Elle se réveilla en sueur, avec une certaine excitation inexplicable au creux du ventre. Le souvenir de Thomas la pénétrant sauvagement contre le mur de cette cabane administrative lui revint en mémoire, éveillant en elle un désir qu'elle ne se connaissait pas avant sa venue dans ce foutu parc.
Le ciel était toujours lourd de nuages quand elle retrouva Thomas à l'entrée du parc Huron. Il l'attendait, adossé contre la clôture rouillée, son appareil photo en bandoulière. Une tension électrique entre eux rendait l'air presque irrespirable.
"J'ai rêvé de toi," dit-elle sans préambule.
Thomas sourit, son regard s'attardant sur les courbes de Claire que son t-shirt humide de rosée matinale soulignait délicatement.
"Et moi de cet endroit," répondit-il. "On dirait que le parc nous a choisis."
Claire frissonna. Ces mots faisaient écho à une pensée qu'elle n'osait formuler.
"Aujourd'hui on explore la maison hantée," murmura-t-elle. "C'est là que les cauchemars commencent."
L'attraction abandonnée se dressait devant eux comme une bête tapie dans l'ombre. Sa façade décrépite, autrefois bariolée de couleurs criardes, n'était plus qu'une toile grisâtre où des monstres à moitié effacés semblaient les observer. L'entrée béante, une gueule édentée, les invitait à pénétrer ses entrailles.
L'odeur fut la première chose qui les frappa. Un mélange suffocant de moisissure, de bois pourri et de quelque chose d'indéfinissable – comme si le temps lui-même avait une odeur. Le sol craquait sous leurs pas, la poussière dansait dans les rares rayons de lumière qui filtraient à travers les planches disjointes.
"J'ai toujours eu peur de cet endroit," avoua Thomas, sa voix résonnant étrangement dans le couloir étroit. "Quand j'étais enfant, j'ai cru voir..."
Claire s'arrêta net, son corps se raidissant contre lui.
Un bruit sourd résonna au-dessus d'eux. Comme des pas traînants. Claire agrippa instinctivement le bras de Thomas, ses ongles s'enfonçant dans sa chair à travers le tissu de sa chemise.
"Ce n'est rien," assura-t-il sans conviction. "Juste le bâtiment qui travaille."
Mais le craquement se répéta, plus distinct cette fois. Quelque chose – ou quelqu'un – se déplaçait à l'étage.
Ils avancèrent malgré tout, poussés par une curiosité morbide plus forte que leur peur. Le couloir débouchait sur une succession de petites pièces thématiques à moitié effondrées. Des mannequins démembrés jonchaient le sol, leurs visages figés dans des expressions grotesques. Dans l'une des salles, un squelette en plastique pendait toujours au bout d'une corde, se balançant imperceptiblement alors qu'aucun courant d'air n'était perceptible.
"Par ici," dit Claire, comme guidée par une force invisible.
Elle poussa une porte récalcitrante qui s'ouvrit dans un gémissement métallique. Devant eux s'étendait une pièce circulaire aux proportions surprenantes. Des miroirs brisés tapissaient les murs, reflétant leurs silhouettes à l'infini dans un kaléidoscope déformant. Au centre, un mécanisme rouillé ressemblant à un axe géant traversait le sol et le plafond.
"Le tambour des illusions," souffla Claire. "C'était censé tourner pour désorienter les visiteurs."
Thomas leva les yeux vers le plafond où pendaient des chaînes et des crochets rouillés.
"Comment connais-tu cet endroit?" demanda-t-il, soudain méfiant.
Claire secoua la tête, confuse.
"Je ne sais pas... C'est comme si j'étais déjà venue."
Le silence qui suivit était épais, presque palpable. Leurs reflets démultipliés dans les miroirs semblaient les observer, attendant. Thomas s'approcha lentement de Claire, une lueur étrange dans le regard. Il se plaça derrière elle, ses mains entourant sa taille avec une assurance possessive.
"Regarde," murmura-t-il à son oreille, son souffle chaud faisant naître une chair de poule sur sa nuque.
Claire observa leurs reflets fragmentés dans les miroirs fêlés. Thomas commença à défaire lentement sa chemise, bouton par bouton. Ses doigts dansaient sur le tissu avec une lenteur délibérée, chaque bouton cédant dans un léger bruit qui résonnait dans la pièce silencieuse. À mesure que sa peau se révélait, Claire sentait sa respiration s'accélérer. Dans les miroirs, elle voyait son propre visage s'empourprer, ses pupilles se dilater.
"Regarde-toi," ordonna Thomas d'une voix rauque. "Regarde comme tu es belle."
La chemise glissa de ses épaules, révélant son soutien-gorge noir qui contrastait avec la pâleur de sa peau. Thomas fit courir ses doigts le long de sa colonne vertébrale, laissant une traînée de chair de poule sur son passage. Sa peau picotait à chaque point de contact, comme parcourue d'un léger courant électrique.
Ses mains remontèrent jusqu'à sa nuque, où il écarta ses cheveux pour déposer un baiser qui la fit frémir. Puis, avec une dextérité surprenante, il dégrafa son soutien-gorge. Le vêtement tomba au sol dans un froissement à peine audible.
Claire observait, hypnotisée, ses seins nus reflétés dans les miroirs brisés. Ses tétons se dressaient déjà, durcis par l'air frais et l'excitation grandissante. Thomas fit glisser ses doigts le long de ses côtes, remontant lentement vers sa poitrine qu'il prit en coupe dans ses paumes chaudes.
"Parfaite," murmura-t-il à son oreille, pinçant légèrement ses tétons.
Claire ne put retenir un gémissement. La sensation était électrisante, amplifiant l'humidité qu'elle sentait déjà poindre entre ses cuisses. Thomas continua son exploration, une main restant sur son sein tandis que l'autre descendait vers sa jupe. Il la fit glisser le long de ses jambes dans un mouvement fluide, la laissant en culotte de dentelle noire.
"À genoux," commanda-t-il soudain, sa voix trahissant un désir impérieux.
Claire s'exécuta, le métal froid mordant cruellement ses genoux nus. Le contraste entre cette douleur et l'excitation qui pulsait en elle créait une sensation étrangement grisante. Thomas se plaça devant elle, défaisant sa ceinture avec des gestes lents, calculés. Le cliquetis métallique de la boucle résonnait comme un compte à rebours.
"Tu sais ce que je veux," dit-il en libérant son sexe rigide.
Claire hocha la tête, sentant sa bouche s'assécher à la vue de cette verge tendue vers elle. Elle l'approcha de ses lèvres avec une lenteur délibérée, savourant l'anticipation qu'elle lisait dans les yeux de Thomas. Sa langue sortit d'abord, goûtant timidement le gland déjà humide. Le goût légèrement salé lui arracha un soupir de contentement.
Thomas agrippa ses cheveux, guidant sa tête vers lui.
"Prends-le," grogna-t-il. "Prends-le entièrement."
Claire ouvrit grand sa bouche, accueillant son membre qui glissa contre sa langue jusqu'à heurter le fond de sa gorge. Elle se retint de tousser, s'adaptant à cette invasion, ses yeux larmoyants levés vers lui.
"Regarde-toi sucer ma bite," ordonna Thomas, tournant sa tête vers les miroirs. "Regarde comme tu aimes ça."
Les miroirs renvoyaient l'image obscène de Claire, à genoux, ses lèvres étirées autour du sexe de Thomas. Son corps presque nu contrastait avec Thomas encore habillé, créant une dynamique de pouvoir qui l'excitait d'autant plus. Elle pouvait voir la façon dont sa gorge se déformait à chaque poussée profonde, comment ses seins rebondissaient légèrement au rythme des mouvements.
"Tout nous mène à ça," murmura Thomas, son pouce caressant sa joue. “Toi à genoux devant moi."
Elle gémit autour de son membre, les vibrations arrachant un grognement à Thomas. Ses mains accélérèrent le rythme, maintenant fermement sa tête en place tandis qu'il s'enfonçait plus profondément dans sa gorge.
Soudain, un grincement métallique déchira le silence. Claire voulut se dégager, mais Thomas maintint sa prise, continuant ses va-et-vient dans sa bouche.
"Ne t'arrête pas," suppliat-il, haletant.
Le tambour des illusions émit un autre craquement sinistre et commença à tourner lentement.
"Impossible," murmura Thomas entre deux gémissements.
Le mécanisme rouillé s'animait, comme mû par une force invisible. La plateforme circulaire pivotait paresseusement, entraînant les miroirs dans une ronde hypnotique. Les images se démultipliaient, comme si des dizaines de personnes les observaient sous tous les angles.
Un frisson d'excitation mêlé de terreur parcourut l'échine de Claire. L'idée d'être observée, même par leurs propres reflets, l'électrisait d'une manière qu'elle n'avait jamais imaginée. Thomas dut le sentir car il retira son sexe de sa bouche, un filet de salive reliant encore le gland à ses lèvres rougies.
"Debout," ordonna-t-il, la relevant d'un geste brusque.
Il la poussa contre le mécanisme central, la penchant en avant. Le métal était froid contre sa poitrine nue, provoquant un hoquet de surprise. Thomas arracha sa culotte d'un mouvement sec, le tissu délicat cédant avec un craquement satisfaisant.
"Tu es trempée," constata-t-il, ses doigts glissant entre ses plis humides.
Claire gémit lorsqu'il inséra deux doigts en elle, explorant son intimité avec des mouvements précis. Son pouce vint taquiner son clitoris, provoquant une vague de plaisir qui la fit trembler.
"S'il te plaît," supplia-t-elle, remuant ses hanches contre sa main.
"S'il te plaît quoi?" demanda-t-il, ralentissant délibérément ses mouvements.
"Prends-moi," haleta-t-elle, les mots lui échappant dans un souffle rauque.
Thomas sourit, satisfait. Il retira ses doigts luisants et les présenta aux lèvres de Claire.
"Goûte-toi d'abord," ordonna-t-il.
Elle obéit, sa langue enroulant ses doigts, savourant sa propre saveur musquée. Thomas observait la scène, fasciné, dans les miroirs qui continuaient leur rotation lente. Puis, sans prévenir, il s'aligna à son entrée et la pénétra d'un coup brutal.
Claire hurla, le son rebondissant contre les murs couverts de miroirs. La sensation de Thomas s'enfonçant en elle jusqu'à la garde était à la fois douloureuse et délicieusement satisfaisante. Il resta immobile un instant, savourant l'étroitesse du fourreau qui pulsait autour de lui.
"Tu sens ça?" haleta-t-il, commençant à bouger. "Ils nous regardent. Les fantômes du parc nous regardent baiser."
Cette idée, au lieu de l'effrayer, décupla l'excitation de Claire. Elle s'imagina observée par des spectres invisibles, par cette petite fille en robe blanche de ses cauchemars, et son corps répondit par une vague d'humidité qui facilita les mouvements de Thomas.
"Plus fort," gémit-elle, s'agrippant au mécanisme rouillé.
Il obéit, ses hanches claquant contre ses fesses avec une violence croissante. Chaque poussée l'écrasait contre le métal froid, créant un contraste saisissant avec la chaleur qui irradiait de leurs corps unis. Le tambour des illusions accélérait sa rotation au rythme de leurs ébats, comme si leur passion lui insufflait une énergie nouvelle.
Les miroirs reflétaient chaque angle de leur accouplement bestial. Claire pouvait voir la façon dont le sexe de Thomas disparaissait en elle, comment ses seins ballottaient au rythme de ses coups de reins, l'expression d'extase sauvage qui déformait son propre visage.
"Touche-toi," ordonna Thomas, une main fermement agrippée à sa hanche, l'autre tirant sur ses cheveux.
Claire glissa une main entre ses jambes, ses doigts trouvant son clitoris gonflé. Elle commença à le masser en cercles rapides, synchronisant ses mouvements avec les poussées de Thomas. Le plaisir montait en elle comme une vague, menaçant de la submerger à tout instant.
"Je vais jouir," cria-t-elle, sentant son orgasme approcher. "Mon Dieu, je vais jouir!"
Thomas accéléra encore, son bassin martelant ses fesses avec une force presque douloureuse. Le bruit obscène de leurs corps s'entrechoquant se mêlait aux grincements du mécanisme qui tournait de plus en plus vite.
"Jouis pour moi," grogna-t-il. "Jouis pour tous ceux qui nous regardent."
Ces mots furent l'étincelle qui mit le feu aux poudres. L'orgasme la traversa comme une décharge électrique, ses muscles se contractant violemment autour du sexe de Thomas. Un cri rauque s'échappa de sa gorge tandis que son corps entier convulsait sous la force du plaisir.
Thomas sentit son sexe comprimé par les spasmes du vagin de Claire. La sensation était si intense qu'il ne put se retenir plus longtemps. Avec un grognement animal, il s'enfonça une dernière fois en elle et se libéra, déversant sa semence chaude au plus profond de sa partenaire..
Le tambour s'arrêta brusquement, leur orgasme semblant avoir épuisé sa mystérieuse source d'énergie. Dans le silence qui suivit, percé seulement par leurs respirations haletantes, ils entendirent distinctement un rire d'enfant s'éloigner dans le couloir.
Claire se figea, le corps encore tremblant des suites de son orgasme. Thomas se retira lentement, un filet de sperme coulant le long de sa cuisse.
"Tu as entendu?" murmura-t-elle.
Il hocha la tête, son visage soudain pâle.
"On n'est pas seuls ici," dit-il en reboutonnant son pantalon.
Claire ramassa ses vêtements éparpillés, une étrange sensation s'emparant d'elle. Au-delà de la peur, c'était presque... une reconnaissance. Comme si l'endroit l'accueillait, l'acceptait.
Tandis qu'elle se rhabillait, elle remarqua quelque chose sur le mur qui lui avait échappé jusque-là. Derrière l'un des miroirs brisés, des inscriptions étaient gravées dans le bois. Elle s'approcha, essuyant la poussière accumulée.
Des noms. Des dates. Et tout en bas, griffonné d'une écriture enfantine : "Lily, 1996".
Claire sentit son sang se glacer dans ses veines.
"Thomas," appela-t-elle d'une voix blanche. "Viens voir ça."
Il s'approcha, fronçant les sourcils devant l'inscription.
"Lily..." murmura-t-il. "C'était le nom de la petite fille qui est morte sur les nacelles de la grande roue."
Un courant d'air glacial traversa la pièce, soulevant la poussière en spirales autour d'eux. Dans l'un des miroirs, pendant une fraction de seconde, Claire crut apercevoir le reflet d'une petite silhouette en robe blanche, debout juste derrière eux.
Quand elle se retourna, il n'y avait personne.
"Il faut qu'on aille à la grande roue," dit-elle, une certitude inexplicable s'emparant d'elle. "C'est là que tout a commencé. C'est là que tout doit finir."
Thomas acquiesça, ses yeux reflétant la même compréhension sombre. Quelque chose les liait à cet endroit, à cette petite fille nommée Lily. Et d'une manière ou d'une autre, leurs corps entrelacés dans cette danse obscène semblaient être la clé d'un mystère plus profond que leur simple désir charnel.
Ils quittèrent la maison hantée main dans la main, leurs pas résonnant dans le silence oppressant. Derrière eux, le tambour des illusions émit un dernier grincement, comme un au revoir... ou une promesse.
Le ciel s'était encore assombri, annonçant l'orage imminent qui les attendait pour leur prochaine rencontre avec les fantômes du parc Huron.
Toujours ces nuages anthracite dans le ciel lorsque Claire retrouva Thomas à l'entrée du parc abandonné. Trois jours s'étaient écoulés depuis leur expérience dans le Tambour des Illusions, mais l'empreinte de leurs corps entrelacés semblait encore imprimée dans sa chair. Chaque soir, ses cauchemars s'étaient intensifiés. La petite fille en robe blanche ne riait plus dans ses rêves – elle pointait désormais un doigt accusateur vers la grande roue rouillée qui dominait le parc.
"Tu as l'air épuisée," remarqua Thomas en l'accueillant.
Des cernes violacés soulignaient ses yeux verts, témoins de ses nuits agitées. Malgré cela, une énergie fébrile émanait d'elle, comme si un courant électrique parcourait son corps.
"Je ne dors plus," admit-elle. "Elle ne me laisse pas tranquille."
Thomas hocha la tête. Il connaissait désormais l'identité de cette présence qui les hantait.
"Lily," murmura-t-il. "J'ai fait des recherches. L'accident a eu lieu en 1996. Une petite fille de sept ans. Sa nacelle s'est détachée."
Claire frissonna, non pas de froid, mais de cette familiarité inexplicable.
"Elle est morte sous les yeux de mes parents," poursuivit Thomas, la voix brisée. “Et j’étais là moi aussi."
Un éclair zébra l'horizon, suivi quelques secondes plus tard par le grondement sourd du tonnerre. L'orage approchait, comme attiré par leurs confessions.
"On doit y aller," déclara Claire, son regard fixé sur la silhouette imposante de la grande roue qui se découpait contre le ciel menaçant. "C'est là que tout doit se terminer."
Ils traversèrent le parc en silence, leurs pas crissant sur le gravier mêlé de végétation sauvage. Autour d'eux, les attractions abandonnées semblaient s'animer imperceptiblement. Un cheval de carrousel pivota légèrement à leur passage. Une porte de train fantôme claqua dans le lointain. Le parc entier paraissait se réveiller, comme conscient de leur présence et de leur destination.
La grande roue se dressait devant eux, colossale et menaçante. Sa structure métallique rouillée grinçait sous les assauts du vent qui s'intensifiait. Les nacelles vides oscillaient légèrement, dans un grincement sinistre qui évoquait des sanglots étouffés.
"J'étais cette petite fille," murmura Claire, un tremblement dans la voix. "Dans une autre vie. J'en suis certaine."
Le visage de Thomas se décomposa.
"Et j'étais là aussi" répondit-il, sa voix à peine audible par-dessus le mugissement croissant du vent. "L’horreur de sa chute m'a poursuivi jusqu’à ce jour."
Une première goutte de pluie s'écrasa sur le front de Claire, suivie rapidement par d'autres. En quelques secondes, l'averse se déversa sur eux, drue et violente.
"On doit monter," affirma Claire avec une détermination qui ne souffrait aucune contradiction.
Thomas contempla l'échelle de maintenance rouillée qui zigzaguait le long de la structure.
"C'est de la folie par ce temps."
"C'est exactement pour ça qu'on doit le faire," insista-t-elle. "Dans mon rève, c'était une nuit d'orage. Comme celle-ci."
Sans attendre sa réponse, elle s'élança vers l'échelle et commença à grimper. Les barreaux métalliques, rendus glissants par la pluie, mordaient ses paumes. Thomas la suivit, son cœur battant la chamade.
L'ascension était périlleuse. Le vent s'engouffrait dans leurs vêtements, menaçant de les arracher à la structure à chaque rafale. La pluie, qui tombait maintenant à l'horizontale, les fouettait impitoyablement. Pourtant, ils continuaient, poussés par une force qui dépassait leur entendement.
Ils atteignirent enfin la nacelle la plus haute, celle qui offrait une vue vertigineuse sur l'ensemble du parc délabré. Elle se balançait dangereusement sous leur poids combiné.
"Regarde," souffla Claire.
En contrebas, malgré la pluie battante, ils distinguaient une silhouette minuscule en robe blanche qui se tenait immobile au pied de la grande roue. Elle leva la tête vers eux, son visage n'étant qu'une tache pâle dans l'obscurité grandissante.
"Elle sait que nous sommes là," murmura Thomas.
Au même instant, un éclair d'une violence inouïe frappa la pointe de la grande roue, envoyant une décharge électrique dans toute la structure métallique. Ils furent projetés l'un contre l'autre, leurs corps encore parcourus de l'électricité statique qui faisait dresser leurs cheveux sur leurs têtes.
"Tu sens ça?" haleta Claire, ses pupilles dilatées par l'adrénaline et quelque chose de plus primitif encore. "C'est elle. Elle est en nous maintenant."
Thomas agrippa ses épaules, ses doigts s'enfonçant dans sa chair avec une urgence désespérée. Ses lèvres s'écrasèrent contre celles de Claire dans un baiser violent, presque douloureux. Elle y répondit avec une férocité égale, mordant sa lèvre inférieure jusqu'au sang.
Le goût métallique se mêla à l'eau de pluie sur leurs langues entrelacées. La violence de ce baiser était à l'image de l'orage qui se déchaînait autour d'eux – sauvage, incontrôlable, primordiale.
"Punis-moi," supplia-t-elle soudain, ses yeux brillant d'une lueur qui n'était pas tout à fait la sienne. "Fais-moi payer pour tout."
Thomas la gifla violemment, sa main laissant une empreinte rouge sur sa joue pâle. Le claquement résonna malgré le vacarme de l'orage. Claire gémit, non pas de douleur, mais d'un plaisir coupable qui lui tordait les entrailles.
"Encore," exigea-t-elle.
Il obéit, la frappant plus fort cette fois. Sa tête pivota sous l'impact, des gouttes d'eau volant de ses cheveux trempés. Un filet de sang perla au coin de ses lèvres qu'elle lécha lascivement.
Thomas déchira son t-shirt d'un geste brutal, exposant sa poitrine à la pluie glaciale. Ses tétons se dressèrent instantanément, durs comme des diamants. Il les pinça cruellement, arrachant un cri à Claire qui se cambra contre lui.
"Déshabille-toi," ordonna-t-il, sa voix à peine reconnaissable.
Elle s'exécuta fébrilement, ses doigts tremblants luttant contre le tissu mouillé qui collait à sa peau. Son jean glissa le long de ses jambes, suivi de sa culotte en dentelle. En quelques secondes, elle se retrouva entièrement nue, offerte à la fureur des éléments et au regard brûlant de Thomas.
La pluie ruisselait sur son corps pâle, traçant des rivières le long de ses courbes. Ses tétons pointaient vers le ciel tourmenté, sa respiration haletante soulevait sa poitrine en un rythme saccadé. Entre ses cuisses, son sexe luisait d'une humidité qui n'avait rien à voir avec la pluie.
"À genoux," commanda Thomas.
Claire s'agenouilla sur le plancher métallique de la nacelle. L'eau s'accumulait autour d'elle, formant une flaque miroitante. Thomas la força à se pencher en avant, ses mains à plat sur le métal froid. Il défit sa ceinture et la retira d'un mouvement fluide.
"Tu sais ce que méritent les petites filles désobéissantes?"
Sans attendre sa réponse, il abattit la ceinture sur ses fesses exposées. Claire hurla, le son se perdant dans le grondement du tonnerre. La douleur irradiait en ondes brûlantes, se transformant rapidement en un plaisir pervers qui pulsait entre ses jambes.
"Compte," ordonna-t-il, frappant à nouveau.
"Deux," gémit-elle, les larmes se mêlant à la pluie sur son visage.
Coup après coup, la ceinture marquait sa peau de lignes rougeâtres qui contrastaient violemment avec sa pâleur naturelle. À dix, ses fesses étaient en feu, sa respiration entrecoupée de sanglots et de gémissements.
Thomas s'agenouilla derrière elle, écartant ses fesses meurtries pour exposer son intimité ruisselante. Son pouce s'aventura entre ses plis, constatant l'étendue de son excitation.
"Tu es trempée, et pas seulement à cause de la pluie," constata-t-il, enfonçant trois doigts dans son sexe dilaté.
Claire gémit, son bassin ondulant instinctivement pour approfondir la pénétration. Thomas pompa vigoureusement, ses doigts faisant des bruits obscènes dans son fourreau détrempé. Son pouce vint taquiner son clitoris gonflé, arrachant des cris de plaisir à Claire qui se tordait sous ses attentions.
Il retira soudainement ses doigts, laissant Claire pantelante, au bord de l'orgasme.
La nacelle se balançait dangereusement au gré du vent violent, ajoutant une dimension de risque qui intensifiait chaque sensation. Thomas retourna brutalement Claire. Son ventre entra en contact avec le métal glacé et rouillé de la nacelle. Son dos s'arqua involontairement sous le choc thermique, un cri étranglé s'échappant de sa gorge.
"Je vais te prendre comme jamais personne ne t'a prise," gronda Thomas, défaisant son pantalon pour libérer son sexe raide à en être douloureux.
Il s'aligna à l’entrée de so intimité et s'enfonça en elle d'un seul coup puissant qui la projeta contre la paroi de la nacelle. Claire hurla, la douleur et le plaisir se confondant en une sensation si intense qu'elle en était presque insupportable. Thomas ne lui laissa pas le temps de s'adapter, commençant immédiatement un va-et-vient brutal, ses hanches claquant contre ses fesses meurtries.
Chacune de ses poussées faisait grincer dangereusement la nacelle qui oscillait de plus en plus violemment. La rouille mordait leur peau nue, laissant des marques rougeâtres comme des stigmates. L'odeur métallique se mêlait à celle, plus primitive, de leurs sexes entremêlés.
"Tu la sens?" grogna Thomas, ralentissant légèrement son rythme pour des pénétrations plus profondes, plus délibérées. "Tu sens son âme qui nous regarde?"
Claire hocha la tête frénétiquement, incapable de former des mots cohérents. Elle la sentait effectivement, cette présence qui les enveloppait, qui semblait se nourrir de leur union charnelle. L'électricité dans l'air n'était pas seulement due à l'orage – quelque chose d'autre, quelque chose d'ancien et de puissant, circulait entre eux et autour d'eux.
Thomas glissa une main entre leurs corps, trouvant le bouton sensible de Claire qu'il commença à masser en cercles précis. Son autre main remonta jusqu'à sa gorge qu'il enserra fermement, réduisant légèrement son flux d'oxygène. L'asphyxie partielle intensifia chaque sensation, chaque nerf de son corps semblant s'embraser.
"Donnes-toi à moi," ordonna-t-il, un doigt lubrifié par la pluie et leurs sécrétions s'approchant de son anus. "Entièrement."
Elle se raidit quand il força le passage, la douleur aiguë lui arrachant un gémissement. Puis, progressivement, son corps accepta cette nouvelle invasion. La brûlure initiale se transformait en un plaisir transcendant qui irradiait jusqu'au creux de ses reins.
Thomas alternait maintenant entre ses deux orifices, se retirant de l'un pour s'enfoncer dans l'autre, chaque pénétration plus brutale que la précédente. Claire n'était plus que sensations – elle ne savait plus où finissait la douleur et où commençait le plaisir, où son corps s'arrêtait et où commençait celui de Thomas. Ils semblaient fusionner, devenir une entité unique au sein de cette tempête apocalyptique.
Les éclairs illuminaient leurs corps entrelacés par intermittence, créant des tableaux saccadés de chair pâle et mouillée. Le tonnerre avalait leurs cris, comme si le ciel lui-même participait à leur étreinte sauvage. La structure métallique vibrait, résonnait, comme si elle allait s'effondrer à tout moment.
"Je sens qu'ils sont là," haleta Claire, son visage pressé contre le métal froid. "Ils nous regardent. Ils veulent que nous finissions."
Un éclair particulièrement violent frappa tout près, illuminant le parc d'une lueur blafarde. Dans cette clarté fugace, Claire aperçut des dizaines de silhouettes translucides rassemblées au pied de la grande roue, leurs visages levés vers eux. Parmi elles, au premier rang, se tenait la petite fille en robe blanche, ses yeux noirs comme des puits sans fond.
"Ils attendent," murmura-t-elle. "Ils attendent notre libération."
Thomas s'enfonça à nouveau dans son sexe, son rythme devenant erratique à mesure que son orgasme approchait. Claire sentait également la tension familière s'accumuler dans son bas-ventre, comme un orage sur le point d'éclater.
"Jouis avec moi," ordonna Thomas, sa voix rauque à peine audible par-dessus le vacarme de la tempête. "Maintenant!"
Il s'enfonça une dernière fois en elle, au plus profond, et relâcha sa semence en longs jets brûlants. Claire convulsa sous lui, traversée par l'orgasme le plus violent de sa vie. Son corps entier se tendait comme un cable d’acier, ses muscles se contractant rythmiquement autour du sexe palpitant de Thomas.
Au moment précis où leur jouissance atteignait son apogée, un éclair titanesque frappa directement la grande roue. Une onde de choc électrique parcourut la structure métallique, envoyant des étincelles jaillir de tous les joints. La nacelle se souleva sous l'impact, un boulon cédant dans un claquement sec.
Ils basculèrent, un côté de la nacelle se décrochant partiellement. Nus, trempés, couverts de rouille et de leurs fluides mêlés, ils s'accrochèrent l'un à l'autre, suspendus au-dessus du vide. La nacelle tenait encore par un unique boulon rouillé qui grinçait sinistrement sous leur poids.
Et pourtant, contre toute logique, ils éclatèrent de rire. Un rire hystérique, libérateur, qui montait de leurs entrailles. Ils riaient et pleuraient à la fois, leurs corps encore frémissants des ondes de plaisir qui s'estompaient lentement.
En contrebas, la foule de spectres s'était évanouie. Seule demeurait la petite fille en robe blanche, son visage levé vers eux. Dans la lueur des éclairs, ils virent distinctement un sourire se dessiner sur ses lèvres pâles. Puis, comme emportée par le vent, sa silhouette translucide se dissipa dans l'obscurité.
"C'est fini," murmura Claire. "Elle est partie."
Avec une précaution infinie, ils remirent leurs vêtements trempés et entreprirent la descente périlleuse. L'orage s'éloignait déjà, comme si sa seule raison d'être avait été d'assister à leur union cathartique. Lorsqu'ils atteignirent enfin le sol, leurs jambes tremblantes peinaient à les porter.
Le parc semblait différent maintenant – plus silencieux, plus paisible. Les attractions ne grinçaient plus, les ombres n'abritaient plus de présences menaçantes. C'était simplement un parc abandonné, rien de plus.
"Que fait-on maintenant?" demanda Thomas, serrant la main de Claire dans la sienne.
"On vit," répondit-elle simplement. "On vit pour elle aussi."
Ils traversèrent le parc une dernière fois, leurs pas laissant des empreintes dans la boue qui seraient bientôt effacées par la pluie. À la sortie, Thomas se retourna pour contempler la grande roue qui se découpait contre le ciel s'éclaircissant.
"Tu crois qu'elle reviendra?"
Claire sourit, un sourire énigmatique qui n'atteignait pas tout à fait ses yeux.
"Elle fait partie de nous maintenant."
Ils franchirent la clôture rouillée, retournant au monde des vivants. Personne ne remarqua la petite silhouette qui les observait depuis l'entrée du parc, ni comment elle se divisa en deux ombres distinctes qui s'attachèrent à leurs pas – deux fragments d'une âme ancienne qui avait trouvé dans leur passion le véhicule de sa vengeance... ou peut-être de sa rédemption.
Ce n'est que trois mois plus tard que Claire comprit pleinement la nature de leur expérience sur la grande roue. Lorsque le test de grossesse révéla deux lignes roses parallèles, elle sut instantanément que l'enfant qu'elle portait n'était pas seulement le fruit de sa nuit d'amour avec Thomas. Une partie de Lily vivait en elle maintenant, attendant de renaître dans un monde où elle pourrait enfin connaître l'amour qu'on lui avait volé.
Quant aux cauchemars, ils ne cessèrent pas complètement. Parfois, dans ses rêves, Claire voit encore la grande roue qui tourne dans un parc abandonné. Mais maintenant, la petite fille en robe blanche ne pleure plus – elle rit, danse et attend patiemment son tour pour revivre.
Son A.P.N. Nikon heurta doucement sa hanche tandis qu'il enjambait le dernier obstacle. L'air était dense, électrique. Une tempête approchait, mais Thomas ne s'en souciait guère. Les orages magnifiaient toujours l'atmosphère lugubre des lieux abandonnés.
Le parc Huron n'était pas simplement un lieu déserté par l'homme. Il était imprégné d'une réputation sinistre – six morts accidentelles documentées, des phénomènes inexpliqués, et cette rumeur persistante que le terrain lui-même était maudit, construit sur un ancien cimetière indien.
Thomas n'était pourtant pas venu en simple photographe obsédé par l'urbex. Ce lieu était ancré dans son histoire personnelle. À dix ans, quelques mois avant la fermeture définitive du parc en 1996, il y était venu avec ses parents. Un souvenir resté flou, comme délibérément effacé par son esprit, mais qui le hantait depuis. Des flashs lui revenaient parfois en rêve – une silhouette enfantine sur les nacelles de la grande roue, un cri étouffé, et cette certitude d'avoir été témoin de quelque chose qu'aucun enfant n'aurait dû voir.
"Vingt ans," murmura-t-il en contemplant l'étendue désolée du parc. "Vingt ans que j'évite de revenir."
Les attractions abandonnées se dressaient autour de lui comme des monstres figés dans le temps. La peinture écaillée, le métal rongé par la rouille, les sièges arrachés – tout témoignait du passage impitoyable des années. Pourtant, quelque chose d'intemporel planait dans l'air, comme si une part de l'animation d'antan persistait, invisible à l'œil nu.
Thomas inspira profondément. L'odeur caractéristique des lieux abandonnés emplissait ses narines – métal oxydé, bois pourrissant, et cette senteur indéfinissable du temps qui s'écoule. Il sortit son appareil photo et commença à capturer les squelettes métalliques des manèges, leurs ombres s'étirant dans la lumière déclinante.
Le carrousel décoloré fut sa première cible. Les chevaux autrefois majestueux, aux couleurs vives, n'étaient plus que des carcasses patinées par les intempéries. Leurs yeux peints semblaient suivre ses mouvements tandis qu'il ajustait son objectif pour saisir le contraste entre la lumière du couchant et l'obscurité qui rongeait les contours du manège.
Un grondement lointain le fit lever les yeux. Les nuages noirs s'amoncelaient au-dessus du parc, comme attirés par ce lieu de désolation. Les premières gouttes, lourdes et espacées, s'écrasèrent sur le sol poussiéreux, marquant la terre sèche de petits cratères.
Thomas accéléra le pas, déterminé à photographier la grande roue avant que l'averse ne devienne trop intense. C'était l'attraction centrale du parc, celle qui dominait le paysage de sa structure imposante. C'était aussi celle qui hantait ses cauchemars.
Il ajusta son angle de vue, cherchant à capturer la silhouette métallique contre le ciel tourmenté, quand un mouvement dans sa vision périphérique le fit pivoter brusquement.
Elle était là, immobile près des balançoires abandonnées. Une jeune femme. Sa présence était si incongrue dans ce décor sinistre que Thomas crut d'abord à une hallucination. Elle portait un simple t-shirt blanc et une jupe qui flottait légèrement dans la brise naissante. Ses cheveux châtains encadraient un visage aux traits fins qu'il ne distinguait pas encore clairement à cette distance.
La femme tourna la tête vers lui et sursauta visiblement. Elle ne s'attendait pas non plus à croiser quelqu'un.
Thomas s'approcha prudemment, comme si un mouvement trop brusque risquait de la faire disparaître – telle une apparition qui n'aurait jamais dû être là.
"Je ne pensais pas croiser quelqu'un ici," dit-elle quand il fut à portée de voix, une main posée sur son cœur comme pour en calmer les battements.
Sa voix était douce mais légèrement rauque, créant un contraste fascinant avec son apparence délicate. De près, Thomas pouvait maintenant distinguer son visage – des pommettes hautes, des lèvres pleines, et surtout, des yeux d'un vert intense qui semblaient presque phosphorescents dans la lumière déclinante.
"Moi non plus," répondit-il, intrigué. "Je m'appelle Thomas."
"Claire," répondit-elle simplement.
Un éclair déchira le ciel, illuminant brièvement ses traits d'une lueur blafarde qui accentua la pâleur de sa peau. Le tonnerre suivit presque immédiatement, assourdissant, faisant vibrer le sol sous leurs pieds. L'orage était maintenant au-dessus d'eux.
La pluie s'intensifia brusquement, passant de quelques gouttes éparses à un déluge vertical. En quelques secondes, ils furent trempés jusqu'aux os.
"Il y a un ancien bureau administratif là-bas," cria Claire par-dessus le vacarme de l'averse, pointant vers un petit bâtiment métallique à une cinquantaine de mètres. "On peut s'y abriter!"
Sans attendre sa réponse, elle s'élança sous la pluie battante. Thomas hésita une fraction de seconde avant de la suivre, protégeant son appareil photo sous sa veste en jean. Ils coururent entre les attractions fantomatiques, leurs pas éclaboussant les flaques qui se formaient déjà.
Le petit bâtiment administratif se dressait comme une sentinelle oubliée au milieu du parc. Sa façade métallique, autrefois blanche, était désormais tachetée de rouille comme une maladie de peau. La porte grinça sinistrement lorsque Claire la poussa, révélant un intérieur plongé dans la pénombre.
"Voilà," dit-elle en essorant ses cheveux trempés. "Pas très accueillant, mais au moins on est à l'abri."
Thomas referma la porte derrière eux, atténuant légèrement le vacarme de l'orage. Des gouttes d'eau s'écoulaient de leurs vêtements, formant de petites flaques sur le sol poussiéreux. Il posa délicatement son appareil photo sur ce qui semblait être un bureau massif, après avoir essuyé l'objectif avec un chiffon microfibre.
L'odeur à l'intérieur était suffocante – un mélange âcre de moisissure, de papier humide et de rouille. Des classeurs métalliques renversés jonchaient le sol, leur contenu éparpillé comme les entrailles d'une bête éventrée. Sur les murs écaillés, des affiches promotionnelles du parc dans sa gloire passée – couleurs délavées, slogans joyeux désormais macabres dans ce contexte de désolation.
Un éclair illumina la pièce à travers les vitres crasseuses, révélant le t-shirt de Claire devenu presque transparent sous l'effet de l'eau. La dentelle noire de son soutien-gorge se dessinait clairement sous le tissu mouillé. Thomas détourna rapidement le regard, mais pas assez vite pour que Claire ne remarque pas son intérêt.
"Qu'est-ce qui t'amène ici?" demanda-t-il pour briser le silence qui s'installait, troublé seulement par le tambourinement de la pluie sur le toit métallique.
Claire passa une main dans ses cheveux mouillés, dégageant son visage. Ses yeux verts scrutaient Thomas comme s'ils cherchaient à percer ses défenses.
"Des cauchemars récurrents," répondit-elle avec une franchise désarmante. "Toujours le même. Je suis dans ce parc, la nuit, et quelque chose me poursuit entre les manèges."
Elle frissonna visiblement, croisant les bras sur sa poitrine dans un geste instinctif qui ne fit qu'accentuer la courbe de ses seins sous le tissu mouillé.
"Et toi?" demanda-t-elle, son regard ne quittant pas le sien.
"Des souvenirs que je dois affronter."
Thomas n'en dit pas plus. Comment expliquer à cette inconnue qu'il avait passé vingt ans à fuir le souvenir d'une petite fille en robe blanche, debout dansr sa nacelle, qui lui souriait avant de... Non. Certaines images devaient rester enfouies.
Un éclair particulièrement violent illumina la pièce, projetant leurs ombres démesurées contre le mur opposé. Dans cette clarté fugace, Thomas crut apercevoir une troisième silhouette – petite, immobile – près de la fenêtre. Le temps de cligner des yeux, elle avait disparu.
Leurs regards se croisèrent à nouveau dans la semi-obscurité qui suivit. Quelque chose d'indéfinissable passa entre eux – une reconnaissance mutuelle, comme si leurs âmes partageaient un secret qu'eux-mêmes ignoraient encore.
La pluie redoubla d'intensité, martelant le toit métallique avec une fureur qui semblait presque personnelle. Ce vacarme créait paradoxalement une bulle d'intimité autour d'eux, les isolant du monde extérieur.
Thomas s'approcha d'un pas, comme attiré par une force invisible. Claire ne recula pas. Au contraire, son corps semblait répondre à cette approche, vibrant d'une tension palpable. Sa respiration s'accéléra, soulevant sa poitrine en un rythme hypnotique. Des gouttes d'eau traçaient des sillons le long de son cou, se perdant dans l'échancrure de son t-shirt.
"Il y a quelque chose d'étrange, n'est-ce pas?" murmura-t-elle, sa voix à peine audible par-dessus le vacarme de l'orage. "Cette sensation que nous étions destinés à nous rencontrer ici?"
Thomas hocha la tête, incapable de trouver les mots. Le désir montait en lui comme une marée, irrépressible et déconcertant. Ce n'était pas simplement une attirance physique – c'était quelque chose de plus profond, de plus primitif, comme si une volonté extérieure à eux-mêmes les poussait l'un vers l'autre.
Un nouvel éclair zébra le ciel, illuminant la pièce d'une lueur bleuâtre. Dans ce flash de lumière crue, Thomas vit clairement la silhouette d'une petite fille à la fenêtre – robe blanche, cheveux sombres, yeux sans âge qui les fixaient avec une intensité dérangeante.
"Tu as vu-" commença-t-il, mais les mots moururent sur ses lèvres.
Claire s'était jetée sur lui avec une violence inattendue. Ses lèvres s'écrasèrent contre les siennes, humides et froides de la pluie, mais brûlantes de désir. Son corps trempé se plaqua contre lui, irradiant une chaleur qui contrastait violemment avec la fraîcheur de leurs vêtements mouillés.
Thomas répondit instantanément, son corps réagissant avant même que son esprit ne puisse analyser la situation. Ses mains agrippèrent la taille fine de Claire, sentant ses côtes sous la finesse du tissu. Elle mordait sa lèvre inférieure, un goût métallique de sang se mêlant à leur baiser. Cette sauvagerie ne fit qu'attiser son désir.
D'un mouvement brusque, il la poussa contre le mur écaillé. Ses mains remontèrent sous le t-shirt trempé, découvrant une peau fraîche et veloutée qui frissonnait sous ses doigts. Chaque centimètre de contact entre leurs épidermes semblait générer une électricité statique, comme si l'orage s'était insinué en eux.
"J'ai envie de toi," grogna-t-il contre son oreille, surpris par la rudesse de sa propre voix. "Ici, maintenant."
Elle gémit en réponse, un son guttural qui venait des profondeurs de sa gorge. Ses hanches ondulèrent contre l'érection qui tendait déjà le tissu de son jean, créant une friction délicieuse qui le fit grogner de plaisir. Ses mains impatientes s'attaquèrent à sa ceinture, la défaisant avec une dextérité surprenante malgré l'urgence qui guidait ses gestes.
Le cliquetis métallique de la boucle résonna dans la petite pièce, presque aussi assourdissant que le tonnerre qui grondait au-dehors. Ses doigts agiles ouvrirent son jean, se glissant sous l'élastique de son boxer pour s'emparer de son sexe déjà rigide. La froideur de sa main sur sa verge brûlante lui arracha un sifflement de plaisir.
"Tu es déjà dur," murmura-t-elle, une lueur prédatrice dans le regard.
Thomas ne répondit pas. À la place, il saisit le t-shirt de Claire et le déchira d'un geste brutal, arrachant le tissu mouillé qui céda dans un craquement satisfaisant. Son soutien-gorge noir en dentelle apparut, sublime contre sa peau d'albâtre. Sans ménagement, il le fit glisser vers le haut, libérant ses seins qui rebondirent légèrement – parfaits, ni trop grands ni trop petits, couronnés de tétons roses qui pointaient déjà, durcis par le froid et l'excitation.
"Magnifiques," souffla-t-il avant de se pencher pour capturer un mamelon entre ses lèvres.
Claire rejeta la tête en arrière, heurtant le mur métallique dans un bruit sourd qui sembla à peine l'affecter. Un gémissement s'échappa de sa gorge tandis que Thomas suçait son téton, alternant douceur des lévres et morsures légères. Ses doigts s'enfoncèrent dans les cheveux humides de Thomas, le pressant plus fort contre sa poitrine comme pour l'inviter à la dévorer.
La main libre du garçon continuait son exploration, descendant le long du ventre plat de Claire jusqu'à atteindre l'ourlet de sa jupe. Il la remonta sans cérémonie, découvrant une culotte assortie à son soutien-gorge – noire, en dentelle fine qui ne cachait presque rien de son intimité.
Thomas s'agenouilla devant elle, son visage à hauteur de son sexe voilé par la dentelle. L'odeur de son excitation se mêlait aux effluves de pluie et de métal rouillé – un parfum enivrant qui lui fit tourner la tête. Il pressa son nez contre le tissu humide, inhalant profondément cette fragrance musquée.
"Tu sens divinement bon," murmura-t-il, son souffle chaud contre son intimité faisant tressaillir Claire.
D'un doigt impatient, il écarta la culotte sur le côté, révélant des lèvres rosées et gonflées de désir, déjà luisantes d'humidité. Claire frémit d'anticipation, une jambe se levant instinctivement pour s'appuyer contre l'épaule de Thomas, s'ouvrant davantage à lui.
Thomas n'hésita pas. Sa langue traça une ligne lente le long de sa fente, récoltant sa saveur sur toute sa longueur. Le goût était indescriptible – un mélange de sel, de musc et de quelque chose d'uniquement féminin qui éveilla en lui une faim primitive.
"Oh mon Dieu," gémit Claire, ses hanches se pressant contre son visage.
Il continua son exploration, sa langue s'enfonçant entre ses plis pour goûter plus profondément son nectar. Ses lèvres se refermèrent autour de son clitoris gonflé, le suçant doucement tout en introduisant un doigt, puis deux, dans son fourreau étroit. Ses parois internes palpitaient autour de ses doigts, l'accueillant avidement.
Les gémissements de Claire s'intensifiaient, se mêlant au vacarme de l'orage. Ses cuisses tremblaient de chaque côté du visage de Thomas, son corps tout entier tendu vers la libération imminente. Mais Thomas n'était pas prêt à la laisser jouir si vite. Il se redressa, retirant ses doigts luisants de son intimité.
"Retourne-toi," ordonna-t-il d'une voix qu'il ne reconnut pas – rauque, autoritaire.
Claire obéit sans hésitation, se tournant face au mur, les paumes à plat contre la surface métallique. Elle cambra les reins dans une invitation explicite, relevant sa jupe sur ses hanches pour dévoiler la courbe parfaite de ses fesses encadrées par le tissu noir de sa culotte.
Thomas se positionna derrière elle, écartant davantage le sous-vêtement plutôt que de le retirer complètement. Sa verge dressée frôla l'entrée de son sexe, s'enduisant de sa cyprine abondante.
"Prends-moi," supplia-t-elle, tournant légèrement la tête pour le regarder par-dessus son épaule. "Baise-moi fort."
Ces mots crus provenant de cette bouche délicate électrifièrent Thomas. Il saisit ses hanches d'une poigne ferme et s'enfonça en elle d'un coup sec qui lui arracha un cri de plaisir mêlé de douleur. Son vagin l'enserrait comme un étau de velours mouillé, pulsant autour de son membre. Il resta immobile un instant, savourant cette sensation divine.
"Tu me srres bien," grogna-t-il, se retirant presque entièrement avant de replonger en elle avec force.
Chaque poussée faisait grincer le mur métallique, créant une percussion mécanique qui accompagnait leurs halètements et les grondements du tonnerre. Ses doigts s'enfonçaient dans la chair tendre de ses hanches, y laissant des marques rouges qui fleuriraient en ecchymoses le lendemain – des souvenirs imprimés dans sa peau.
"Plus fort," supplia Claire, ses ongles raclant le métal en quête d'un appui. "Défonces-moi!"
Thomas accéléra le rythme, martelant son corps sans retenue. La violence de leur étreinte faisait trembler les vieux classeurs rouillés empilés près d'eux. L'un d'eux bascula dans un fracas métallique, répandant des dossiers jaunis sur le sol poussiéreux.
Dehors, les éclairs se succédaient, illuminant la pièce par intermittence, donnant à la scène une apparence stroboscopique dérangeante. Dans ces flashs de lumière crue, Thomas observait le corps de Claire accepter chacun de ses assauts, la façon dont sa colonne vertébrale se cambrait, comment ses cheveux mouillés collaient à sa nuque, la contraction de ses muscles sous sa peau laiteuse.
Sa main glissa autour de sa taille pour atteindre son clitoris gonflé. Il commença à le masser en cercles précis, synchronisant ses caresses avec ses coups de reins. Le corps de Claire répondait instantanément, ses muscles se contractant autour de lui comme pour le retenir.
"Je vais jouir," haleta-t-elle, sa voix montant dans les aigus. "Continues, Thomas, je vais jouir!"
Thomas sentit le vagin se resserrer autour de son membre, ses muscles internes le massant par vagues successives. Cette sensation le propulsa lui-même au bord du gouffre.
"Où?" parvint-il à articuler, son propre orgasme imminent.
"En moi," gémit-elle, tournant à nouveau son visage vers lui, ses yeux verts assombris par le désir. "Jouis en moi, Thomas. Remplis-moi!"
Cette supplique acheva de briser son contrôle. Il s'enfonça une dernière fois au plus profond d'elle et se libéra en longs jets brûlants, son sperme se déversant par vagues dans l’intimité palpitante de la jeune femme. Chaque pulsation semblait durer une éternité, comme si son corps entier se vidait en elle, la marquant de l'intérieur.
Leurs corps restèrent soudés dans cette position, tremblants et couverts d'une fine pellicule de sueur qui se mêlait à l'humidité de la pluie. Thomas avait posé son front contre la nuque de Claire, son souffle erratique caressant sa peau.
C'est alors qu'un bruit métallique résonna distinctement dans la pièce voisine, comme si quelqu'un – ou quelque chose – avait renversé un objet. Claire se figea instantanément, son corps encore parcouru des dernières vagues de son orgasme.
"Tu as entendu?" murmura-t-elle, le souffle court.
Thomas hocha la tête, se retirant lentement d'elle. Un filet de sperme s'écoula le long de sa cuisse, luisant dans la semi-obscurité comme une traînée nacrée sur sa peau pâle. Claire remit sa culotte en place, emprisonnant la semence de Thomas en elle comme un précieux secret.
"On n'est pas seuls," souffla-t-il, reboutonnant son jean d'un geste fébrile.
Claire ramassa les lambeaux de son t-shirt, tentant vainement de s'en couvrir. L'intensité de leur étreinte avait laissé des marques sur sa peau pâle – des empreintes de doigts sur ses hanches, des taches rouges là où le mur métallique avait frotté contre ses tétons.
"Tu crois aux fantômes?" demanda-t-elle soudain, une lueur étrange dans le regard.
Thomas hésita. Comment lui expliquer qu'il avait distinctement vu une petite fille les observer pendant leur accouplement frénétique? Comment lui dire que cette apparition le hantait depuis vingt ans?
"Je crois que certains lieux gardent l'empreinte des événements qui s'y sont déroulés," répondit-il prudemment. "Et ce parc a connu son lot de tragédies."
Un sourire énigmatique étira les lèvres de Claire. Elle paraissait différente maintenant, comme si leur union sauvage avait révélé une autre facette de sa personnalité – plus sombre, plus mystérieuse.
"J'ai envie d'explorer la maison hantée demain," déclara-t-elle. "Tu m'accompagneras?"
Thomas sentit un frisson glacé parcourir son échine malgré la chaleur qui irradiait encore de son corps. La maison hantée – l'attraction qu'il avait toujours évitée lors de sa visite enfantine, celle d'où provenaient les rumeurs les plus sinistres.
"Pourquoi pas le carrousel? Ou la grande roue?" proposa-t-il, tentant de masquer son appréhension.
Claire s'approcha de lui, pressant son corps à moitié nu contre le sien. Ses lèvres effleurèrent son oreille, son souffle chaud contrastant avec la fraîcheur ambiante.
"Parce que c'est là qu'elle m'attend," chuchota-t-elle. "La petite fille en robe blanche. Celle que tu as vue toi aussi, n'est-ce pas?"
Le sang de Thomas se figea dans ses veines. Comment pouvait-elle savoir? Il n'avait jamais mentionné la fillette, ni la robe blanche.
Claire s'écarta légèrement, plongeant son regard dans le sien. Ses pupilles semblaient étrangement dilatées, ne laissant qu'un mince anneau vert autour d'un abîme noir.
"Rendez-vous ici demain, même heure," poursuivit-elle, récupérant son sac à dos abandonné dans un coin.
Elle en sortit un t-shirt sec qu'elle enfila, offrant à Thomas une dernière vision de sa poitrine parfaite. Puis elle se dirigea vers la porte, s'arrêtant sur le seuil. L'orage s'était éloigné, ne laissant qu'une pluie fine et régulière qui tombait en rideau argenté sur le parc fantomatique.
"Elle nous a choisis, Thomas," dit-elle sans se retourner. "Et elle n'aime pas qu'on lui fasse faux bond."
Sur ces paroles énigmatiques, elle s'enfonça dans l'obscurité grandissante du parc abandonné. Thomas resta immobile, le cœur battant à tout rompre. De l'autre côté de la vitre crasseuse, il aperçut distinctement une petite silhouette qui observait le départ de Claire. Lentement, elle tourna son visage pâle vers lui.
L'enfant spectrale ne sembla pas surprise qu'il puisse la voir. Un sourire se dessina sur ses lèvres blanches – non pas un sourire d'enfant innocent, mais celui d'un être ancien qui a attendu patiemment que les pièces de son jeu se mettent en place.
Puis, aussi soudainement qu'elle était apparue, la silhouette se dissipa dans la pluie, ne laissant derrière elle qu'une certitude glacée dans l'esprit de Thomas : il reviendrait demain, comme la petite fille l'avait prévu. Comme Claire l'avait annoncé.
Non pas pour Claire, malgré l'attraction indéniable qu'elle exerçait sur lui, mais pour cette présence qui semblait les avoir réunis dans ce lieu de désolation. Il reviendrait parce qu'après vingt ans de fuite, le temps était venu d'affronter ce qui l'attendait dans les profondeurs de la maison hantée du parc Huron.
Et peut-être, songea-t-il en ramassant son appareil photo, peut-être découvrirait-il enfin pourquoi cette petite fille en robe blanche l'avait choisi, lui, parmi tous les visiteurs du parc, pour être témoin de sa chute mortelle il y a vingt ans.
La nuit avait été agitée pour Claire. Des cauchemars récurrents où une petite fille en robe blanche dansait sur un carrousel de chevaux décharnés. Elle se réveilla en sueur, avec une certaine excitation inexplicable au creux du ventre. Le souvenir de Thomas la pénétrant sauvagement contre le mur de cette cabane administrative lui revint en mémoire, éveillant en elle un désir qu'elle ne se connaissait pas avant sa venue dans ce foutu parc.
Le ciel était toujours lourd de nuages quand elle retrouva Thomas à l'entrée du parc Huron. Il l'attendait, adossé contre la clôture rouillée, son appareil photo en bandoulière. Une tension électrique entre eux rendait l'air presque irrespirable.
"J'ai rêvé de toi," dit-elle sans préambule.
Thomas sourit, son regard s'attardant sur les courbes de Claire que son t-shirt humide de rosée matinale soulignait délicatement.
"Et moi de cet endroit," répondit-il. "On dirait que le parc nous a choisis."
Claire frissonna. Ces mots faisaient écho à une pensée qu'elle n'osait formuler.
"Aujourd'hui on explore la maison hantée," murmura-t-elle. "C'est là que les cauchemars commencent."
L'attraction abandonnée se dressait devant eux comme une bête tapie dans l'ombre. Sa façade décrépite, autrefois bariolée de couleurs criardes, n'était plus qu'une toile grisâtre où des monstres à moitié effacés semblaient les observer. L'entrée béante, une gueule édentée, les invitait à pénétrer ses entrailles.
L'odeur fut la première chose qui les frappa. Un mélange suffocant de moisissure, de bois pourri et de quelque chose d'indéfinissable – comme si le temps lui-même avait une odeur. Le sol craquait sous leurs pas, la poussière dansait dans les rares rayons de lumière qui filtraient à travers les planches disjointes.
"J'ai toujours eu peur de cet endroit," avoua Thomas, sa voix résonnant étrangement dans le couloir étroit. "Quand j'étais enfant, j'ai cru voir..."
Claire s'arrêta net, son corps se raidissant contre lui.
Un bruit sourd résonna au-dessus d'eux. Comme des pas traînants. Claire agrippa instinctivement le bras de Thomas, ses ongles s'enfonçant dans sa chair à travers le tissu de sa chemise.
"Ce n'est rien," assura-t-il sans conviction. "Juste le bâtiment qui travaille."
Mais le craquement se répéta, plus distinct cette fois. Quelque chose – ou quelqu'un – se déplaçait à l'étage.
Ils avancèrent malgré tout, poussés par une curiosité morbide plus forte que leur peur. Le couloir débouchait sur une succession de petites pièces thématiques à moitié effondrées. Des mannequins démembrés jonchaient le sol, leurs visages figés dans des expressions grotesques. Dans l'une des salles, un squelette en plastique pendait toujours au bout d'une corde, se balançant imperceptiblement alors qu'aucun courant d'air n'était perceptible.
"Par ici," dit Claire, comme guidée par une force invisible.
Elle poussa une porte récalcitrante qui s'ouvrit dans un gémissement métallique. Devant eux s'étendait une pièce circulaire aux proportions surprenantes. Des miroirs brisés tapissaient les murs, reflétant leurs silhouettes à l'infini dans un kaléidoscope déformant. Au centre, un mécanisme rouillé ressemblant à un axe géant traversait le sol et le plafond.
"Le tambour des illusions," souffla Claire. "C'était censé tourner pour désorienter les visiteurs."
Thomas leva les yeux vers le plafond où pendaient des chaînes et des crochets rouillés.
"Comment connais-tu cet endroit?" demanda-t-il, soudain méfiant.
Claire secoua la tête, confuse.
"Je ne sais pas... C'est comme si j'étais déjà venue."
Le silence qui suivit était épais, presque palpable. Leurs reflets démultipliés dans les miroirs semblaient les observer, attendant. Thomas s'approcha lentement de Claire, une lueur étrange dans le regard. Il se plaça derrière elle, ses mains entourant sa taille avec une assurance possessive.
"Regarde," murmura-t-il à son oreille, son souffle chaud faisant naître une chair de poule sur sa nuque.
Claire observa leurs reflets fragmentés dans les miroirs fêlés. Thomas commença à défaire lentement sa chemise, bouton par bouton. Ses doigts dansaient sur le tissu avec une lenteur délibérée, chaque bouton cédant dans un léger bruit qui résonnait dans la pièce silencieuse. À mesure que sa peau se révélait, Claire sentait sa respiration s'accélérer. Dans les miroirs, elle voyait son propre visage s'empourprer, ses pupilles se dilater.
"Regarde-toi," ordonna Thomas d'une voix rauque. "Regarde comme tu es belle."
La chemise glissa de ses épaules, révélant son soutien-gorge noir qui contrastait avec la pâleur de sa peau. Thomas fit courir ses doigts le long de sa colonne vertébrale, laissant une traînée de chair de poule sur son passage. Sa peau picotait à chaque point de contact, comme parcourue d'un léger courant électrique.
Ses mains remontèrent jusqu'à sa nuque, où il écarta ses cheveux pour déposer un baiser qui la fit frémir. Puis, avec une dextérité surprenante, il dégrafa son soutien-gorge. Le vêtement tomba au sol dans un froissement à peine audible.
Claire observait, hypnotisée, ses seins nus reflétés dans les miroirs brisés. Ses tétons se dressaient déjà, durcis par l'air frais et l'excitation grandissante. Thomas fit glisser ses doigts le long de ses côtes, remontant lentement vers sa poitrine qu'il prit en coupe dans ses paumes chaudes.
"Parfaite," murmura-t-il à son oreille, pinçant légèrement ses tétons.
Claire ne put retenir un gémissement. La sensation était électrisante, amplifiant l'humidité qu'elle sentait déjà poindre entre ses cuisses. Thomas continua son exploration, une main restant sur son sein tandis que l'autre descendait vers sa jupe. Il la fit glisser le long de ses jambes dans un mouvement fluide, la laissant en culotte de dentelle noire.
"À genoux," commanda-t-il soudain, sa voix trahissant un désir impérieux.
Claire s'exécuta, le métal froid mordant cruellement ses genoux nus. Le contraste entre cette douleur et l'excitation qui pulsait en elle créait une sensation étrangement grisante. Thomas se plaça devant elle, défaisant sa ceinture avec des gestes lents, calculés. Le cliquetis métallique de la boucle résonnait comme un compte à rebours.
"Tu sais ce que je veux," dit-il en libérant son sexe rigide.
Claire hocha la tête, sentant sa bouche s'assécher à la vue de cette verge tendue vers elle. Elle l'approcha de ses lèvres avec une lenteur délibérée, savourant l'anticipation qu'elle lisait dans les yeux de Thomas. Sa langue sortit d'abord, goûtant timidement le gland déjà humide. Le goût légèrement salé lui arracha un soupir de contentement.
Thomas agrippa ses cheveux, guidant sa tête vers lui.
"Prends-le," grogna-t-il. "Prends-le entièrement."
Claire ouvrit grand sa bouche, accueillant son membre qui glissa contre sa langue jusqu'à heurter le fond de sa gorge. Elle se retint de tousser, s'adaptant à cette invasion, ses yeux larmoyants levés vers lui.
"Regarde-toi sucer ma bite," ordonna Thomas, tournant sa tête vers les miroirs. "Regarde comme tu aimes ça."
Les miroirs renvoyaient l'image obscène de Claire, à genoux, ses lèvres étirées autour du sexe de Thomas. Son corps presque nu contrastait avec Thomas encore habillé, créant une dynamique de pouvoir qui l'excitait d'autant plus. Elle pouvait voir la façon dont sa gorge se déformait à chaque poussée profonde, comment ses seins rebondissaient légèrement au rythme des mouvements.
"Tout nous mène à ça," murmura Thomas, son pouce caressant sa joue. “Toi à genoux devant moi."
Elle gémit autour de son membre, les vibrations arrachant un grognement à Thomas. Ses mains accélérèrent le rythme, maintenant fermement sa tête en place tandis qu'il s'enfonçait plus profondément dans sa gorge.
Soudain, un grincement métallique déchira le silence. Claire voulut se dégager, mais Thomas maintint sa prise, continuant ses va-et-vient dans sa bouche.
"Ne t'arrête pas," suppliat-il, haletant.
Le tambour des illusions émit un autre craquement sinistre et commença à tourner lentement.
"Impossible," murmura Thomas entre deux gémissements.
Le mécanisme rouillé s'animait, comme mû par une force invisible. La plateforme circulaire pivotait paresseusement, entraînant les miroirs dans une ronde hypnotique. Les images se démultipliaient, comme si des dizaines de personnes les observaient sous tous les angles.
Un frisson d'excitation mêlé de terreur parcourut l'échine de Claire. L'idée d'être observée, même par leurs propres reflets, l'électrisait d'une manière qu'elle n'avait jamais imaginée. Thomas dut le sentir car il retira son sexe de sa bouche, un filet de salive reliant encore le gland à ses lèvres rougies.
"Debout," ordonna-t-il, la relevant d'un geste brusque.
Il la poussa contre le mécanisme central, la penchant en avant. Le métal était froid contre sa poitrine nue, provoquant un hoquet de surprise. Thomas arracha sa culotte d'un mouvement sec, le tissu délicat cédant avec un craquement satisfaisant.
"Tu es trempée," constata-t-il, ses doigts glissant entre ses plis humides.
Claire gémit lorsqu'il inséra deux doigts en elle, explorant son intimité avec des mouvements précis. Son pouce vint taquiner son clitoris, provoquant une vague de plaisir qui la fit trembler.
"S'il te plaît," supplia-t-elle, remuant ses hanches contre sa main.
"S'il te plaît quoi?" demanda-t-il, ralentissant délibérément ses mouvements.
"Prends-moi," haleta-t-elle, les mots lui échappant dans un souffle rauque.
Thomas sourit, satisfait. Il retira ses doigts luisants et les présenta aux lèvres de Claire.
"Goûte-toi d'abord," ordonna-t-il.
Elle obéit, sa langue enroulant ses doigts, savourant sa propre saveur musquée. Thomas observait la scène, fasciné, dans les miroirs qui continuaient leur rotation lente. Puis, sans prévenir, il s'aligna à son entrée et la pénétra d'un coup brutal.
Claire hurla, le son rebondissant contre les murs couverts de miroirs. La sensation de Thomas s'enfonçant en elle jusqu'à la garde était à la fois douloureuse et délicieusement satisfaisante. Il resta immobile un instant, savourant l'étroitesse du fourreau qui pulsait autour de lui.
"Tu sens ça?" haleta-t-il, commençant à bouger. "Ils nous regardent. Les fantômes du parc nous regardent baiser."
Cette idée, au lieu de l'effrayer, décupla l'excitation de Claire. Elle s'imagina observée par des spectres invisibles, par cette petite fille en robe blanche de ses cauchemars, et son corps répondit par une vague d'humidité qui facilita les mouvements de Thomas.
"Plus fort," gémit-elle, s'agrippant au mécanisme rouillé.
Il obéit, ses hanches claquant contre ses fesses avec une violence croissante. Chaque poussée l'écrasait contre le métal froid, créant un contraste saisissant avec la chaleur qui irradiait de leurs corps unis. Le tambour des illusions accélérait sa rotation au rythme de leurs ébats, comme si leur passion lui insufflait une énergie nouvelle.
Les miroirs reflétaient chaque angle de leur accouplement bestial. Claire pouvait voir la façon dont le sexe de Thomas disparaissait en elle, comment ses seins ballottaient au rythme de ses coups de reins, l'expression d'extase sauvage qui déformait son propre visage.
"Touche-toi," ordonna Thomas, une main fermement agrippée à sa hanche, l'autre tirant sur ses cheveux.
Claire glissa une main entre ses jambes, ses doigts trouvant son clitoris gonflé. Elle commença à le masser en cercles rapides, synchronisant ses mouvements avec les poussées de Thomas. Le plaisir montait en elle comme une vague, menaçant de la submerger à tout instant.
"Je vais jouir," cria-t-elle, sentant son orgasme approcher. "Mon Dieu, je vais jouir!"
Thomas accéléra encore, son bassin martelant ses fesses avec une force presque douloureuse. Le bruit obscène de leurs corps s'entrechoquant se mêlait aux grincements du mécanisme qui tournait de plus en plus vite.
"Jouis pour moi," grogna-t-il. "Jouis pour tous ceux qui nous regardent."
Ces mots furent l'étincelle qui mit le feu aux poudres. L'orgasme la traversa comme une décharge électrique, ses muscles se contractant violemment autour du sexe de Thomas. Un cri rauque s'échappa de sa gorge tandis que son corps entier convulsait sous la force du plaisir.
Thomas sentit son sexe comprimé par les spasmes du vagin de Claire. La sensation était si intense qu'il ne put se retenir plus longtemps. Avec un grognement animal, il s'enfonça une dernière fois en elle et se libéra, déversant sa semence chaude au plus profond de sa partenaire..
Le tambour s'arrêta brusquement, leur orgasme semblant avoir épuisé sa mystérieuse source d'énergie. Dans le silence qui suivit, percé seulement par leurs respirations haletantes, ils entendirent distinctement un rire d'enfant s'éloigner dans le couloir.
Claire se figea, le corps encore tremblant des suites de son orgasme. Thomas se retira lentement, un filet de sperme coulant le long de sa cuisse.
"Tu as entendu?" murmura-t-elle.
Il hocha la tête, son visage soudain pâle.
"On n'est pas seuls ici," dit-il en reboutonnant son pantalon.
Claire ramassa ses vêtements éparpillés, une étrange sensation s'emparant d'elle. Au-delà de la peur, c'était presque... une reconnaissance. Comme si l'endroit l'accueillait, l'acceptait.
Tandis qu'elle se rhabillait, elle remarqua quelque chose sur le mur qui lui avait échappé jusque-là. Derrière l'un des miroirs brisés, des inscriptions étaient gravées dans le bois. Elle s'approcha, essuyant la poussière accumulée.
Des noms. Des dates. Et tout en bas, griffonné d'une écriture enfantine : "Lily, 1996".
Claire sentit son sang se glacer dans ses veines.
"Thomas," appela-t-elle d'une voix blanche. "Viens voir ça."
Il s'approcha, fronçant les sourcils devant l'inscription.
"Lily..." murmura-t-il. "C'était le nom de la petite fille qui est morte sur les nacelles de la grande roue."
Un courant d'air glacial traversa la pièce, soulevant la poussière en spirales autour d'eux. Dans l'un des miroirs, pendant une fraction de seconde, Claire crut apercevoir le reflet d'une petite silhouette en robe blanche, debout juste derrière eux.
Quand elle se retourna, il n'y avait personne.
"Il faut qu'on aille à la grande roue," dit-elle, une certitude inexplicable s'emparant d'elle. "C'est là que tout a commencé. C'est là que tout doit finir."
Thomas acquiesça, ses yeux reflétant la même compréhension sombre. Quelque chose les liait à cet endroit, à cette petite fille nommée Lily. Et d'une manière ou d'une autre, leurs corps entrelacés dans cette danse obscène semblaient être la clé d'un mystère plus profond que leur simple désir charnel.
Ils quittèrent la maison hantée main dans la main, leurs pas résonnant dans le silence oppressant. Derrière eux, le tambour des illusions émit un dernier grincement, comme un au revoir... ou une promesse.
Le ciel s'était encore assombri, annonçant l'orage imminent qui les attendait pour leur prochaine rencontre avec les fantômes du parc Huron.
Toujours ces nuages anthracite dans le ciel lorsque Claire retrouva Thomas à l'entrée du parc abandonné. Trois jours s'étaient écoulés depuis leur expérience dans le Tambour des Illusions, mais l'empreinte de leurs corps entrelacés semblait encore imprimée dans sa chair. Chaque soir, ses cauchemars s'étaient intensifiés. La petite fille en robe blanche ne riait plus dans ses rêves – elle pointait désormais un doigt accusateur vers la grande roue rouillée qui dominait le parc.
"Tu as l'air épuisée," remarqua Thomas en l'accueillant.
Des cernes violacés soulignaient ses yeux verts, témoins de ses nuits agitées. Malgré cela, une énergie fébrile émanait d'elle, comme si un courant électrique parcourait son corps.
"Je ne dors plus," admit-elle. "Elle ne me laisse pas tranquille."
Thomas hocha la tête. Il connaissait désormais l'identité de cette présence qui les hantait.
"Lily," murmura-t-il. "J'ai fait des recherches. L'accident a eu lieu en 1996. Une petite fille de sept ans. Sa nacelle s'est détachée."
Claire frissonna, non pas de froid, mais de cette familiarité inexplicable.
"Elle est morte sous les yeux de mes parents," poursuivit Thomas, la voix brisée. “Et j’étais là moi aussi."
Un éclair zébra l'horizon, suivi quelques secondes plus tard par le grondement sourd du tonnerre. L'orage approchait, comme attiré par leurs confessions.
"On doit y aller," déclara Claire, son regard fixé sur la silhouette imposante de la grande roue qui se découpait contre le ciel menaçant. "C'est là que tout doit se terminer."
Ils traversèrent le parc en silence, leurs pas crissant sur le gravier mêlé de végétation sauvage. Autour d'eux, les attractions abandonnées semblaient s'animer imperceptiblement. Un cheval de carrousel pivota légèrement à leur passage. Une porte de train fantôme claqua dans le lointain. Le parc entier paraissait se réveiller, comme conscient de leur présence et de leur destination.
La grande roue se dressait devant eux, colossale et menaçante. Sa structure métallique rouillée grinçait sous les assauts du vent qui s'intensifiait. Les nacelles vides oscillaient légèrement, dans un grincement sinistre qui évoquait des sanglots étouffés.
"J'étais cette petite fille," murmura Claire, un tremblement dans la voix. "Dans une autre vie. J'en suis certaine."
Le visage de Thomas se décomposa.
"Et j'étais là aussi" répondit-il, sa voix à peine audible par-dessus le mugissement croissant du vent. "L’horreur de sa chute m'a poursuivi jusqu’à ce jour."
Une première goutte de pluie s'écrasa sur le front de Claire, suivie rapidement par d'autres. En quelques secondes, l'averse se déversa sur eux, drue et violente.
"On doit monter," affirma Claire avec une détermination qui ne souffrait aucune contradiction.
Thomas contempla l'échelle de maintenance rouillée qui zigzaguait le long de la structure.
"C'est de la folie par ce temps."
"C'est exactement pour ça qu'on doit le faire," insista-t-elle. "Dans mon rève, c'était une nuit d'orage. Comme celle-ci."
Sans attendre sa réponse, elle s'élança vers l'échelle et commença à grimper. Les barreaux métalliques, rendus glissants par la pluie, mordaient ses paumes. Thomas la suivit, son cœur battant la chamade.
L'ascension était périlleuse. Le vent s'engouffrait dans leurs vêtements, menaçant de les arracher à la structure à chaque rafale. La pluie, qui tombait maintenant à l'horizontale, les fouettait impitoyablement. Pourtant, ils continuaient, poussés par une force qui dépassait leur entendement.
Ils atteignirent enfin la nacelle la plus haute, celle qui offrait une vue vertigineuse sur l'ensemble du parc délabré. Elle se balançait dangereusement sous leur poids combiné.
"Regarde," souffla Claire.
En contrebas, malgré la pluie battante, ils distinguaient une silhouette minuscule en robe blanche qui se tenait immobile au pied de la grande roue. Elle leva la tête vers eux, son visage n'étant qu'une tache pâle dans l'obscurité grandissante.
"Elle sait que nous sommes là," murmura Thomas.
Au même instant, un éclair d'une violence inouïe frappa la pointe de la grande roue, envoyant une décharge électrique dans toute la structure métallique. Ils furent projetés l'un contre l'autre, leurs corps encore parcourus de l'électricité statique qui faisait dresser leurs cheveux sur leurs têtes.
"Tu sens ça?" haleta Claire, ses pupilles dilatées par l'adrénaline et quelque chose de plus primitif encore. "C'est elle. Elle est en nous maintenant."
Thomas agrippa ses épaules, ses doigts s'enfonçant dans sa chair avec une urgence désespérée. Ses lèvres s'écrasèrent contre celles de Claire dans un baiser violent, presque douloureux. Elle y répondit avec une férocité égale, mordant sa lèvre inférieure jusqu'au sang.
Le goût métallique se mêla à l'eau de pluie sur leurs langues entrelacées. La violence de ce baiser était à l'image de l'orage qui se déchaînait autour d'eux – sauvage, incontrôlable, primordiale.
"Punis-moi," supplia-t-elle soudain, ses yeux brillant d'une lueur qui n'était pas tout à fait la sienne. "Fais-moi payer pour tout."
Thomas la gifla violemment, sa main laissant une empreinte rouge sur sa joue pâle. Le claquement résonna malgré le vacarme de l'orage. Claire gémit, non pas de douleur, mais d'un plaisir coupable qui lui tordait les entrailles.
"Encore," exigea-t-elle.
Il obéit, la frappant plus fort cette fois. Sa tête pivota sous l'impact, des gouttes d'eau volant de ses cheveux trempés. Un filet de sang perla au coin de ses lèvres qu'elle lécha lascivement.
Thomas déchira son t-shirt d'un geste brutal, exposant sa poitrine à la pluie glaciale. Ses tétons se dressèrent instantanément, durs comme des diamants. Il les pinça cruellement, arrachant un cri à Claire qui se cambra contre lui.
"Déshabille-toi," ordonna-t-il, sa voix à peine reconnaissable.
Elle s'exécuta fébrilement, ses doigts tremblants luttant contre le tissu mouillé qui collait à sa peau. Son jean glissa le long de ses jambes, suivi de sa culotte en dentelle. En quelques secondes, elle se retrouva entièrement nue, offerte à la fureur des éléments et au regard brûlant de Thomas.
La pluie ruisselait sur son corps pâle, traçant des rivières le long de ses courbes. Ses tétons pointaient vers le ciel tourmenté, sa respiration haletante soulevait sa poitrine en un rythme saccadé. Entre ses cuisses, son sexe luisait d'une humidité qui n'avait rien à voir avec la pluie.
"À genoux," commanda Thomas.
Claire s'agenouilla sur le plancher métallique de la nacelle. L'eau s'accumulait autour d'elle, formant une flaque miroitante. Thomas la força à se pencher en avant, ses mains à plat sur le métal froid. Il défit sa ceinture et la retira d'un mouvement fluide.
"Tu sais ce que méritent les petites filles désobéissantes?"
Sans attendre sa réponse, il abattit la ceinture sur ses fesses exposées. Claire hurla, le son se perdant dans le grondement du tonnerre. La douleur irradiait en ondes brûlantes, se transformant rapidement en un plaisir pervers qui pulsait entre ses jambes.
"Compte," ordonna-t-il, frappant à nouveau.
"Deux," gémit-elle, les larmes se mêlant à la pluie sur son visage.
Coup après coup, la ceinture marquait sa peau de lignes rougeâtres qui contrastaient violemment avec sa pâleur naturelle. À dix, ses fesses étaient en feu, sa respiration entrecoupée de sanglots et de gémissements.
Thomas s'agenouilla derrière elle, écartant ses fesses meurtries pour exposer son intimité ruisselante. Son pouce s'aventura entre ses plis, constatant l'étendue de son excitation.
"Tu es trempée, et pas seulement à cause de la pluie," constata-t-il, enfonçant trois doigts dans son sexe dilaté.
Claire gémit, son bassin ondulant instinctivement pour approfondir la pénétration. Thomas pompa vigoureusement, ses doigts faisant des bruits obscènes dans son fourreau détrempé. Son pouce vint taquiner son clitoris gonflé, arrachant des cris de plaisir à Claire qui se tordait sous ses attentions.
Il retira soudainement ses doigts, laissant Claire pantelante, au bord de l'orgasme.
La nacelle se balançait dangereusement au gré du vent violent, ajoutant une dimension de risque qui intensifiait chaque sensation. Thomas retourna brutalement Claire. Son ventre entra en contact avec le métal glacé et rouillé de la nacelle. Son dos s'arqua involontairement sous le choc thermique, un cri étranglé s'échappant de sa gorge.
"Je vais te prendre comme jamais personne ne t'a prise," gronda Thomas, défaisant son pantalon pour libérer son sexe raide à en être douloureux.
Il s'aligna à l’entrée de so intimité et s'enfonça en elle d'un seul coup puissant qui la projeta contre la paroi de la nacelle. Claire hurla, la douleur et le plaisir se confondant en une sensation si intense qu'elle en était presque insupportable. Thomas ne lui laissa pas le temps de s'adapter, commençant immédiatement un va-et-vient brutal, ses hanches claquant contre ses fesses meurtries.
Chacune de ses poussées faisait grincer dangereusement la nacelle qui oscillait de plus en plus violemment. La rouille mordait leur peau nue, laissant des marques rougeâtres comme des stigmates. L'odeur métallique se mêlait à celle, plus primitive, de leurs sexes entremêlés.
"Tu la sens?" grogna Thomas, ralentissant légèrement son rythme pour des pénétrations plus profondes, plus délibérées. "Tu sens son âme qui nous regarde?"
Claire hocha la tête frénétiquement, incapable de former des mots cohérents. Elle la sentait effectivement, cette présence qui les enveloppait, qui semblait se nourrir de leur union charnelle. L'électricité dans l'air n'était pas seulement due à l'orage – quelque chose d'autre, quelque chose d'ancien et de puissant, circulait entre eux et autour d'eux.
Thomas glissa une main entre leurs corps, trouvant le bouton sensible de Claire qu'il commença à masser en cercles précis. Son autre main remonta jusqu'à sa gorge qu'il enserra fermement, réduisant légèrement son flux d'oxygène. L'asphyxie partielle intensifia chaque sensation, chaque nerf de son corps semblant s'embraser.
"Donnes-toi à moi," ordonna-t-il, un doigt lubrifié par la pluie et leurs sécrétions s'approchant de son anus. "Entièrement."
Elle se raidit quand il força le passage, la douleur aiguë lui arrachant un gémissement. Puis, progressivement, son corps accepta cette nouvelle invasion. La brûlure initiale se transformait en un plaisir transcendant qui irradiait jusqu'au creux de ses reins.
Thomas alternait maintenant entre ses deux orifices, se retirant de l'un pour s'enfoncer dans l'autre, chaque pénétration plus brutale que la précédente. Claire n'était plus que sensations – elle ne savait plus où finissait la douleur et où commençait le plaisir, où son corps s'arrêtait et où commençait celui de Thomas. Ils semblaient fusionner, devenir une entité unique au sein de cette tempête apocalyptique.
Les éclairs illuminaient leurs corps entrelacés par intermittence, créant des tableaux saccadés de chair pâle et mouillée. Le tonnerre avalait leurs cris, comme si le ciel lui-même participait à leur étreinte sauvage. La structure métallique vibrait, résonnait, comme si elle allait s'effondrer à tout moment.
"Je sens qu'ils sont là," haleta Claire, son visage pressé contre le métal froid. "Ils nous regardent. Ils veulent que nous finissions."
Un éclair particulièrement violent frappa tout près, illuminant le parc d'une lueur blafarde. Dans cette clarté fugace, Claire aperçut des dizaines de silhouettes translucides rassemblées au pied de la grande roue, leurs visages levés vers eux. Parmi elles, au premier rang, se tenait la petite fille en robe blanche, ses yeux noirs comme des puits sans fond.
"Ils attendent," murmura-t-elle. "Ils attendent notre libération."
Thomas s'enfonça à nouveau dans son sexe, son rythme devenant erratique à mesure que son orgasme approchait. Claire sentait également la tension familière s'accumuler dans son bas-ventre, comme un orage sur le point d'éclater.
"Jouis avec moi," ordonna Thomas, sa voix rauque à peine audible par-dessus le vacarme de la tempête. "Maintenant!"
Il s'enfonça une dernière fois en elle, au plus profond, et relâcha sa semence en longs jets brûlants. Claire convulsa sous lui, traversée par l'orgasme le plus violent de sa vie. Son corps entier se tendait comme un cable d’acier, ses muscles se contractant rythmiquement autour du sexe palpitant de Thomas.
Au moment précis où leur jouissance atteignait son apogée, un éclair titanesque frappa directement la grande roue. Une onde de choc électrique parcourut la structure métallique, envoyant des étincelles jaillir de tous les joints. La nacelle se souleva sous l'impact, un boulon cédant dans un claquement sec.
Ils basculèrent, un côté de la nacelle se décrochant partiellement. Nus, trempés, couverts de rouille et de leurs fluides mêlés, ils s'accrochèrent l'un à l'autre, suspendus au-dessus du vide. La nacelle tenait encore par un unique boulon rouillé qui grinçait sinistrement sous leur poids.
Et pourtant, contre toute logique, ils éclatèrent de rire. Un rire hystérique, libérateur, qui montait de leurs entrailles. Ils riaient et pleuraient à la fois, leurs corps encore frémissants des ondes de plaisir qui s'estompaient lentement.
En contrebas, la foule de spectres s'était évanouie. Seule demeurait la petite fille en robe blanche, son visage levé vers eux. Dans la lueur des éclairs, ils virent distinctement un sourire se dessiner sur ses lèvres pâles. Puis, comme emportée par le vent, sa silhouette translucide se dissipa dans l'obscurité.
"C'est fini," murmura Claire. "Elle est partie."
Avec une précaution infinie, ils remirent leurs vêtements trempés et entreprirent la descente périlleuse. L'orage s'éloignait déjà, comme si sa seule raison d'être avait été d'assister à leur union cathartique. Lorsqu'ils atteignirent enfin le sol, leurs jambes tremblantes peinaient à les porter.
Le parc semblait différent maintenant – plus silencieux, plus paisible. Les attractions ne grinçaient plus, les ombres n'abritaient plus de présences menaçantes. C'était simplement un parc abandonné, rien de plus.
"Que fait-on maintenant?" demanda Thomas, serrant la main de Claire dans la sienne.
"On vit," répondit-elle simplement. "On vit pour elle aussi."
Ils traversèrent le parc une dernière fois, leurs pas laissant des empreintes dans la boue qui seraient bientôt effacées par la pluie. À la sortie, Thomas se retourna pour contempler la grande roue qui se découpait contre le ciel s'éclaircissant.
"Tu crois qu'elle reviendra?"
Claire sourit, un sourire énigmatique qui n'atteignait pas tout à fait ses yeux.
"Elle fait partie de nous maintenant."
Ils franchirent la clôture rouillée, retournant au monde des vivants. Personne ne remarqua la petite silhouette qui les observait depuis l'entrée du parc, ni comment elle se divisa en deux ombres distinctes qui s'attachèrent à leurs pas – deux fragments d'une âme ancienne qui avait trouvé dans leur passion le véhicule de sa vengeance... ou peut-être de sa rédemption.
Ce n'est que trois mois plus tard que Claire comprit pleinement la nature de leur expérience sur la grande roue. Lorsque le test de grossesse révéla deux lignes roses parallèles, elle sut instantanément que l'enfant qu'elle portait n'était pas seulement le fruit de sa nuit d'amour avec Thomas. Une partie de Lily vivait en elle maintenant, attendant de renaître dans un monde où elle pourrait enfin connaître l'amour qu'on lui avait volé.
Quant aux cauchemars, ils ne cessèrent pas complètement. Parfois, dans ses rêves, Claire voit encore la grande roue qui tourne dans un parc abandonné. Mais maintenant, la petite fille en robe blanche ne pleure plus – elle rit, danse et attend patiemment son tour pour revivre.
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1 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Très belle histoire bien écrite et détaillée ou tu nous fait vivre des moments insensés. Daniel

