La jalousie est bonne conseillère
Récit érotique écrit par PP06 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 21-12-2021 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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La jalousie est bonne conseillère
- Eh bien, Nicolas ! Qu’est-ce que tu fais ? ... Tu t’habilles ? … Je croyais que nous étions d’accord.
C’est vrai, nous étions d’accord, nous en avons discuté ensemble. Il avait accepté. Ce soir, je devais sortir seule avec Julien.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Tout a commencé l’été dernier, lors de vacances que nous passions en bord de la mer.
Nous nous sommes rencontrés Nicolas et moi, il y a trois ans, un vrai coup de foudre. Pour moi c’était une évidence, c’était lui, c’était mon double. D’accord, il était avec Sandra à l’époque, mais ça n’a pas duré. Un an après, n’écoutant pas les mauvaises langues, nous nous sommes mariés. J’avais 23 ans, lui à peine 25. Pourquoi attendre ?
Nos familles, nos amis, tout le monde nous disait « Vous avez le temps », « Vous êtes jeunes », « Prenez le temps de profiter de la vie ». Foutaise, nous voulions profiter de la vie ensemble, tout découvrir ensemble. Et puis d’abord, qu’est-ce qu’ils connaissent de plus les autres ? Rien ! Si nous devions faire des erreurs, autant les faire ensemble.
Je n’avais pas une grande expérience au lit, Nicolas m’a guidé. Après une première initiation personnelle très artisanale, nous avons pris des cours sur internet en regardant des films porno. On riait comme des ados boutonneux qui découvrent que la branlette c’est mieux à deux. Avec des fous rires, nous reproduisions tous les soirs les poses que nous venions de voir sur l’écran. Nous n’avions pas vraiment besoin de ça pour exacerber notre libido, mais bien entendu cela nous mettait dans les meilleures conditions au moment de la mise en pratique. Je ne refusais rien à Nicolas, mon chéri. Il me comblait au-delà de toute espérance.
Il y a de tout dans les pornos. Certaines situations nous excitaient plus que d’autres, j’ai rougi en découvrant le premier gang bang, une femme pouvait avoir 5 amants en même temps, je n’en croyais pas mes yeux. Il était rare que nous regardions la fin des films, soit nous baisions sur le canapé devant la télé, soit Nicolas m’emmenait sur notre lit sans se soucier si je voulais ou non connaître le dénouement de l’intrigue.
Un jour, il m’a montré, sur internet, un site de récits érotiques. Je ne savais pas que des gens pouvaient étaler ainsi leur vie privée. Quelle imagination ! Nos lectures ponctuées de « Oh ! », « Non ! », « Pas possible », « Tu te rends compte ? » … et autres expressions marquant notre confusion. Ce qui nous étonnait le plus, les récits où le mari prenait plaisir à regarder son épouse faire l’amour avec un autre homme, souvent des étalons noirs bien membrés. Quelle idée ! Pire, parfois c’était le mari qui le proposait et il se branlait devant le spectacle.
- Dis Marie, tu crois que c’est réel ? Moi jamais je ne pourrais supporter te voir avec un autre homme, me dit-il une pointe de jalousie dans la voix.
- Mon chéri, jamais je ne te tromperais, tu le sais, c’est toi que j’aime lui dis-je en l’embrassant tendrement.
Il semblait soucieux, perdu dans ses pensées :
- T’as remarqué, dans les histoires c’est toujours la femme qui est infidèle, et le mari qui bande en la regardant. Jamais l’inverse.
- Oh ! Toi… Si tu me trompes, je t’arrache les yeux, lui dis-je jouant la colère.
- Ah bien sûr, si toutes les femmes sont comme toi, c’est dissuasif.
La tête pleine d’images, la nuit suivante fut très chaude.
Comme moi, Nicolas était sincère à ce moment-là, mais il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai jamais de ton eau ». Il y a un an, lors de vacances en bord de mer, nous faisions l’amour matin, midi et soir, enfin presque, faut respirer et laisser mon chéri reprendre des forces. Les petits restaurants de fruits de mer devaient l’aider.
Chaque soir, en rentrant dans l’appartement que nous avions loué, nous étions attirés par le clin d’œil du néon clignotant d’une boîte de nuit, pas très loin de chez nous. Un club libertin, à l’enseigne « Désirs secrets », qui ne se cachait pas.
Qui en a parlé le premier ? Qui l’a proposé ? Est-ce Nicolas ou moi, peu importe. On s’est dit « Pourquoi pas, juste pour voir ». Un soir, un peu méfiant, nous avons poussé la porte pour nous retrouver dans une salle, qui ressemblait fort à une petite discothèque, musique douce, lumière tamisée, piste de danse entourée d’alcôves discrètes.
Avant de nous poser sur un canapé libre dans une de ces alcôves, nous décidons de faire le tour de l’établissement, pour voir à quoi ressemble un club libertin. Au sous-sol, des salles dignes des films que nous regardions sur internet. Des grandes, des petites, une avec un grand lit rond au milieu, une équipée d’une croix avec des accessoires qui me firent rougir. En remontant, nous avions la tête en ébullition, la bouteille de champagne fraîche à notre place a été la bienvenue.
Après quelques verres et quelques danses dans les bras l’un de l’autre, Nicolas m’a emmené au sous-sol, dans une des pièces que nous avions vu quelques heures plus tôt. Ce soir-là, nous avons certainement dû être le seul couple légitime à baiser ensemble.
---oOo---
L’expérience a dû plaire à Marie, le frisson de l’interdit. J’ai tout de même été surpris quand deux jours plus tard, elle m’a proposé :
- Nicolas, si nous y retournions ?
Nous y sommes retournés avec l’impression de s’encanailler avec des jeux innocents. C’était sans compter sur les démons facétieux toujours à l’affût des âmes pures.
Notre désir était simple, danser, se caresser, regarder les autres couples, et finir par rejoindre un petit salon au sous-sol. Mais, les soirées se suivent et ne se ressemblent pas.
Alors que Marie refusait systématiquement les invitations des quelques courageux qui venait l’inviter à danser, nous croisons un couple qui nous sourit, ils ont la quarantaine. C’est elle qui vient vers nous, je la reconnais, ils se baignent tous les jours sur la même plage que nous. Difficile de faire comme si nous ne nous connaissions pas.
Ils nous apprennent qu’ils sont libertins, nous leur faisons bien comprendre que nous ne sommes là que pour danser. Je ne peux pas refuser quand Judith m’invite à aller sur la piste, et Marie se retrouve tout naturellement dans les bras de Charles quelques secondes après.
Revenus à notre table, ils nous racontent leur première fois en club, leurs soirées entre amis. Nous sommes émoustillés de les entendre dire ces choses sans la moindre gêne.
L’ambiance, le champagne, nos idées se brouillent. Avons-nous dit d’accord ? Je ne m’en souviens plus. Nous nous retrouvons dans un petit salon, un simple matelas au sol, dans un coin une coupelle pleine de préservatifs. Rien de bien sexy.
Judith embrasse Charles, j’embrasse Marie. Judith se rapproche de moi et remplace Marie dans mes bras. Charles prend Marie par la main et l’attire vers lui.
Nos vêtements en tas sur le sol, nous sommes rapidement nus tous les quatre. Assis contre un mur, je vois Judith pousser doucement la tête de Marie en avant. Elle se laisse faire, et le plus naturellement du monde, elle prend Charles dans sa bouche. Troublé par ce spectacle, je sens à peine la bouche de Judith qui se referme sur mon membre, tandis que je lui caresse la poitrine.
Judith croise mon regard, me sourit, complice. Elle s’approche de Marie toujours occupée par la queue de Charles, elle lui caresse tendrement les seins, l’aide à s’allonger et lui fait écarter les jambes, exhibant sa chatte déjà luisante. Sans rien me demander, d’un petit geste, elle l’offre à son mari. Tandis qu’il s’enfonce en elle, Judith vient s’asseoir à mes pieds, m’équipe d’un préservatif et lentement s’empale sur ma queue bien dressée.
Ses seins frottent sur mon visage, ma bouche gobe ses larges tétons, ses hanches ondulent. Elle m’embrasse dans le cou. Par-dessus son épaule, fasciné, je regarde les fesses de Charles qui s’activent entre les cuisses largement ouvertes de Marie. Violent, soudain, un cri à peine retenu, Marie vient de jouir, un orgasme puissant suivi du grognement de Charles qui se répand en elle.
Après un passage sous la douche, sous les yeux des voyeurs qui nous observent envieux, nous retournons à notre table, laissant Charles et Judith regagner le vestiaire.
En rentrant je n’étais pas très fier, mais était-ce une impression, Marie fuyait mon regard.
---oOo---
Les vacances touchent à leur fin, dans 3 jours, direction Paris. Marie et Nicolas profitent au maximum de la plage, de la mer… Dernier restaurant de fruits de mer … C’est le départ sans avoir revu Charles et Judith, c’est beaucoup mieux comme ça.
Un mois après à Paris, un matin après avoir fait l’amour, ils évoquent cette soirée. Un sourire aux lèvres, ils se disent « Pourquoi pas, ça n’engage à rien ». Choisissant un club loin de chez eux, lors d’un weekend gastronomique à Lyon, ils sont certains de ne pas rencontrer de connaissance.
L’ambiance est toujours aussi chaude, les petits salons sont à l’étage, discrets, sauf un équipé d’une glace sans tain pour les voyeurs assez nombreux. Lumière tamisée, musique douce, quelques couples enlacés sur la piste de danse. Nicolas ne se gêne pas pour caresser Marie sur la piste, au diable les autres, d’ailleurs certaines femmes ont les seins à l’air, Marie n’ose pas.
Attablés devant une coupe de champagne, comprise dans le prix d’entrée, Nicolas et Marie s’embrassent en regardant autour d’eux, le spectacle est partout. Sur la piste, dans les coins discrets, au bar. D’ailleurs, une femme, jupe courte, chemisier léger, juchée sur un tabouret haut, se laisse peloter les cuisses par l’homme qui est devant elle. Elle soulève son chemisier dévoilant ses seins à son prétendant qui en profite pour les embrasser à pleine bouche, passant sa tête sous le fin vêtement.
Subjugués par ce qu’ils voient, ni Marie, ni Nicolas ne remarquent l’homme qui passe et repasse devant eux. Soudain, il s’approche, prend Marie par la main pour l’inviter à danser. Sans réfléchir, elle se lève et se retrouve dans les bras d’un inconnu. Elle se laisse emporter par la douceur du moment, pose sa tête sur son épaule, sans faire attention à la main qui lui caresse le dos et descend sur ses fesses. Nicolas ne dit rien, il la suit du regard, devinant les mains baladeuses dans la pénombre.
Deux slows plus tard, ils boivent le verre que Julien vient de leur offrir. Julien est un habitué, la trentaine, célibataire endurci, la vie est faite pour être vécue à cent à l’heure, pour profiter, profiter de tout, au diable les convenances. Le discours de Julien choque un peu Marie, mais il dit ce qu’il veut, ce soir, ils en riront ensemble avec Nicolas.
Les danses se suivent, Marie a maintenant deux cavaliers, une danse avec l’un, une danse avec l’autre. Nicolas remarque que Marie rit de plus en plus fort aux blagues que Julien lui murmure à l’oreille.
La main de Nicolas sur ses fesses, ils dansent enlacés. Marie se fait câline, elle l’embrasse dans le cou, et lui susurre :
- Il me propose d’aller en haut, tu en penses quoi ?
- En haut ? Nicolas reste figé.
- Si tu n’es pas d’accord, je lui dis non.
- Tu en as envie on dirait, il te plaît ?
- Un peu … Pourquoi pas ?
- C’est toi qui décides.
- Merci mon chéri… mais ne fais pas cette tête, regardes autour de nous, tu vas bien trouver une femme qui te plaît.
- Il n’y en a qu’une qui me plaît ici… c’est toi.
- Idiot, lui dit-elle en l’embrassant.
En regagnant leur table, Marie a pris sa décision. Quand Julien pose la main sur la sienne, elle lui fait oui de la tête. Elle se lève et se tourne vers Nicolas avant de suivre Julien :
- Viens. Restes à côté de moi, seule je n’oserais jamais.
---oOo---
Déjà Julien entraîne Marie vers l’escalier qui monte à l’étage. Ne voulant pas l’abandonner, je me lève pour les suivre.
Julien sait où il va, il connaît les lieux. D’un pas décidé, il entraîne Marie dans un salon. Je referme la porte derrière moi, au nez des hommes qui espéraient pouvoir assister à un beau spectacle.
Julien prend Marie dans ses bras, elle tourne la tête quand il essaie de l’embrasser, je respire, ça m’est réservé. Je m’assois par terre, hypnotisé par les mains de Julien qui la déshabillent. Très vite son soutien-gorge atterrit sur la robe à côté de moi. Julien allonge Marie, la caresse, sa culotte rejoint ses autres vêtements.
Marie me tend la main. Elle serre très fort prouvant son anxiété, sa peur de l’inconnu. J’ai envie de la rassurer. Sa bouche dessine un « Je t’aime » silencieux. Julien est nu, il se frotte sur elle, la queue bien tendue contre sa cuisse. Il lui caresse les seins, les embrasse. Je m’approche, pose mes lèvres sur celles de ma chérie, un tendre baiser nous unis. Je sens que je bande, mais pas question de me branler en la voyant avec ce type. Les yeux dans les yeux, je lui souris. Je la sens se raidir, sa main se crispe dans la mienne, pas besoin de regarder pour comprendre qu’il vient de la pénétrer.
Mon cœur bat la chamade. Marie ferme les yeux, je m’éloigne un peu en gardant sa main dans la mienne. Elle est belle, mais sa jouissance me fait mal, je suis un peu perdu. Si elle tourne la tête vers moi que lira-t-elle dans mes yeux ? De la tendresse, de la tristesse, de la colère ?
En partant, Julien lui fait une bise sur la joue sans me regarder. Nous restons prostrés tous les deux, à quoi pense-t-elle ? Elle vient se blottir contre moi et me serre dans ses bras à m’étouffer. Reprenant ses esprits, elle se lève « Je vais me doucher, viens ».
Je ramasse ses vêtements et la suis. Elle passe entre les quelques voyeurs qui attendent devant la porte et l’accompagnent jusqu’à la salle de douches. Julien en sort, il lui fait un petit signe de la main « Merci ». Je ne suis pas mécontent de le voir s’éloigner.
Une fois chez nous, je n’ose parler de cette soirée à Marie, surtout ne rien lui reprocher, nous avons vécu ce moment ensemble. C’est elle qui prend les devants :
- C’est la dernière fois, d’accord mon chéri, nous n’allons pas devenir comme Charles et Judith.
- C’est la dernière fois, lui dis-je malgré moi d’un ton un peu sec qui la fait sursauter.
- Tu ne m’en veux pas au moins ?
Pour toute réponse je la prends dans mes bras, la couvre de baisers, bien décidé à lui faire oublier le sexe qui vient de lui donner tant de plaisir. En l’entendant jouir, je pense avoir réussi.
Les vacances sont loin. Ni remords, ni regrets, une simple parenthèse dans notre vie amoureuse. Un souvenir à ranger dans notre jardin secret que personne ne connaîtra jamais. Nous savons combien nous nous aimons, cela nous suffit.
Un soir, alors que nous regagnons notre chambre après un passage sous la douche, Marie me confie « Faire l’amour sans amour c’est triste, avec toi c’est toujours une joie, je t’aime ».
Trop bête pour répondre, je me contente de la serrer dans mes bras.
---oOo---
Pour fêter la nouvelle année, nous sommes invités par un couple, une amie d’enfance de Marie. Nous serons nombreux, heureusement ils ont une grande maison en banlieue parisienne. Le repas est prévu dans le grand salon qui occupe tout le rez-de-chaussée. Un apéritif servi dans leur sous-sol aménagé, permettra de saluer tous les arrivants.
Parmi les invités, surprise, je reconnais Julien, que fait-il là ? Marie ne l’a pas encore aperçu. Mais, alors que je discute avec un couple qui vient d’arriver, Marie me prend par le bras :
- Tu as vu qui est là ?
Je fais l’innocent :
- Non, qui ?
- Regarde, c’est bien le type que nous avons rencontré dans la boite à Lyon ?
- Euh ! Oui c’est lui, dis-je hypocritement, semblant à peine le reconnaître.
Marie me plante pour aller au-devant du nouvel arrivant, je la suis pour la voir se jeter dans ses bras et le saluer de deux grosses bises. Il semble ravi, je le suis moins. Nous discutons quelques minutes, mais d’autres invités arrivent, chacun voulant nous saluer. Marie n’en finit pas de distribuer des bises.
Ce que je redoutais arriva. En passant à table, la maîtresse de maison, selon son habitude, sépare les couples et laisse chacun s’installer suivant ses affinités. Naturellement, Julien en profite pour s’asseoir à côté de Marie, je suis deux places plus loin. Les conversations vont bon train, je ne peux saisir tout ce que Julien raconte à Marie, mais tandis que je parle à mes voisines, je la vois attentive et l’entends rire à plusieurs reprises.
A minuit, notre hôte égrène les secondes de façon théâtrale « 3.2.1 Vive la nouvelle année ». Tout le monde se lève, nouvelle série de bises. Marie fait le tour des tables, après avoir embrassé, sur les joues bien sûr, Julien en se serrant un peu trop dans ses bras à mon goût.
Le champagne est débouché, les tables sont poussées, les chaises rangées, la soirée dansante peut commencer. Quelques discos pour chauffer l’atmosphère, et déjà une série de slow tandis que la lumière est tamisée. Marie se blottit dans mes bras, « Bonne année ma chérie », nous nous embrassons en dansant. Je ne peux m’empêcher de lui poser la question qui me brûle les lèvres :
- Il te parlait de quoi.
- Qui ? répond-elle innocemment.
- Ton voisin de table.
- De tout et de rien, de lui. On se connaît si peu.
- De notre soirée en club ?
- Un peu bien sûr, il en a un bon souvenir.
- Tu m’étonnes. Et toi ?
- Pas un mauvais… Pourquoi, tu regrettes ?
- Non, c’est de l’histoire ancienne, nos folies de l’été.
Marie m’embrasse, j’ai l’impression qu’elle ne veut pas s’éterniser sur ce terrain. De toute façon, je ne vais pas lui faire une scène de jalousie à retardement. Cet été, j’étais d’accord. C’est le passé.
Les danses se succèdent, bien sûr je ne peux monopoliser ma femme, je danse aussi avec d’autres amies. Mais je suis attentif quand je la vois se trémousser pas loin de Julien au milieu d’un groupe, et quand il la prend dans ses bras pour la nouvelle série de slows qui débutent. Instinctivement, elle passe ses bras autour de son cou, lui place ses mains sur ses hanches, ils se regardent, parlent peu. Bercée par la musique, elle pose sa tête sur son épaule. Mes yeux suivent ces mains qui lui caressent les épaules nues, glissent le long de son dos, jusqu’à ses fesses, sans aucune réaction de sa part. Un slow en appelle un autre, la semi-obscurité les cache aux yeux des autres danseurs. Enfin, la lumière revient progressivement, il lui dépose un baiser dans le cou et se dirige vers le bar.
Marie me cherche du regard. Elle vient vers moi, ses yeux brillants reflètent son excitation. Je lui tends le verre que j’avais préparé. Les yeux dans le vague, elle se colle à moi et sans me regarder :
- Les prochaines danses sont pour toi mon chéri.
Je la serre tendrement, sans rien dire. Je lui fais confiance, une réflexion serait mal venue.
Les danses s’enchaînent, les bouteilles se vident.
Enfin, la soirée se termine, petites bises aux courageux encore présents, Marie reste un peu plus longtemps avec Julien, ils se disent deux mots que je n’entends pas. Nous remercions nos hôtes, impatient de retrouver notre lit.
Le retour est silencieux. Marie somnole, un sourire aux lèvres à quoi, ou à qui pense-t-elle ?
Il est tard, ou plutôt il est tôt ce matin, nous nous couchons rapidement. C’est elle qui vient contre moi, m’embrasse, me caresse, me prend dans sa bouche, c’est délicieux. Des images me reviennent à l’esprit, Marie danse avec Julien, Marie parle avec Julien, elle lui fait la bise en partant, Marie au club avec Julien. L’excitation aidant, j’oublie tout, nous faisons l’amour tendrement, avec passion. Nous éclatons ensemble, à l’unisson. Le sommeil nous gagne.
Il est plus de midi lorsque j’émerge, Marie dort encore. Je vais préparer le café, et lui porte le petit déjeuner au lit, autant bien commencer l’année.
Elle ouvre les yeux, me souris. Une tasse de café plus tard, nous sommes dans les bras l’un de l’autre, je suis rassuré en l’entendant jouir lorsque je la prends.
Après un passage dans la salle de bain, et un repas léger, nous nous reposons affalés sur le canapé de notre salon. Je trouve Marie soucieuse. Alors que je la serre dans mes bras, elle se tortille un peu, je crois qu’elle a envie d’un nouveau round, mais non elle veut parler, elle me dit dans un murmure :
- Il m’a invité au restaurant la semaine prochaine … Qu’est-ce que je fais ?
- Qui ?... Julien ?... Faut que je regarde mon agenda, je te dirais.
- Tu n’as pas compris… juste moi.
- Tu veux sortir seule avec lui ? Et après le restaurant vous irez boire un verre chez lui ?
- Certainement, me dit-elle un peu gênée.
- Tu en as envie.
- Euh ! … Pourquoi pas ? Ce n’est pas la première fois, au club c’était un peu pareil.
- Au club, je te tenais par la main, c’est moi que tu as embrassé.
- J’aimerais que tu m’accompagnes, c’est lui qui préfère me voir seule… Alors, qu’est-ce que je fais ?
- C’est toi qui décides… Réfléchi bien.
- Merci mon chéri… Juste cette soirée, après je ne le reverrai plus… Tu m’attendras sagement, me dit-elle en souriant.
- …- Il passera me chercher à la maison.
- Tu lui as déjà donné ton accord ? Lui dis-je un peu surpris.
Pour toute réponse, elle se réfugie dans mes bras, fuyant mon regard. Si elle voyait la tête que je dois faire, elle se serait doutée que cela ne m’enchante pas. Je préfère ne rien dire, pour ne pas étaler une jalousie mal à propos. Elle m’embrasse :
- Merci, je t’aime.
Après un passage chez ses parents pour souhaiter la bonne année et partager leur dîner, nous nous couchons tôt pour rattraper la nuit précédente, demain boulot.
En cherchant le sommeil, je recherche un moyen de la faire revenir sur sa décision, sans paraître le jaloux de service. Car à n’en pas douter cette soirée ne me plaît pas, pas du tout.
La semaine est calme, on se parle peu, chacun dans ses pensées. Sans le vouloir, je sais que je fais la tête, elle ne peut pas l’ignorer. Chaque soir, après un repas rapide où nous n’échangeons que des banalités, nous restons côte à côte pour regarder un film à la télé. Je ne la prends pas dans mes bras comme nous en avons l’habitude. Elle est moins souriante, regrette-t-elle sa décision ?
Une fois couchés, je ne la touche pas, elle se colle à moi, ses mains me frôlent, mais je ne donne pas suite avec un :
- Bonne nuit ma chérie, d’un ton ironique qui lui enlève toute envie coquine
La semaine se passe sans grand enthousiasme. Je lui en veux, elle aurait dû refuser, mais je n’ai rien dit, rien fait pour l’en empêcher. Je lui ai laissé le choix, impossible maintenant de le lui reprocher.
Aujourd’hui, j’ai eu une idée, eurêka aurait dit quelqu’un qui prenait son bain. Je rentre joyeux, le sourire aux lèvres, ma décision est prise. Après dîner, j’emmène directement Marie dans la chambre sans le passage télé habituel. Je la sens heureuse. Nous faisons l’amour comme avant, comme toujours, avec tendresse, avec passion.
---oOo---
Samedi, Marie se prépare pour sortir sans moi. Long passage dans la salle de bain, sa petite robe attend sur notre lit. Au sortir de la douche, elle entre nue dans notre chambre. Je suis en train de m’habiller, de toute évidence ma tenue n’est pas celle de quelqu’un qui va regarder la télévision.
- Eh bien, Nicolas ! Qu’est-ce que tu fais ? ... Tu t’habilles ? … Je croyais que nous étions bien d’accord.
« C’est vrai, nous étions d’accord, nous en avons discuté ensemble. Il avait accepté. Ce soir, je devais sortir seule avec Julien », pense Marie, sans pouvoir cacher sa nervosité.
- Que veux-tu dire ?
- Julien m’a invité… seule… Je veux dire sans toi, c’était bien d’accord, non ?
- Tout à fait ma chérie.
- Alors, pourquoi tu te prépares ?
- Je sors aussi, ce n’est pas permis.
- Non bien sûr, tu peux. Je suis surprise voilà tout… Tu vas où ? Avec qui ?
- J’ai invité Sandra à dîner, on va passer une petite soirée à se rappeler le bon vieux temps.
- Quoi ? Ton ex, me dit-elle de plus en plus nerveuse.
- J’avais envie d’avoir de ses nouvelles, et comme j’avais la soirée libre… Elle aussi était libre, voilà.
- Mais pourquoi pas avec tes amis, pourquoi elle ?
- J’avais envie de la revoir. Oh ! Chérie, c’est de l’histoire ancienne.
- Mais… bafouille-t-elle en proie à une grande agitation. Manifestement cette nouvelle ne lui convient pas.
- Serais-tu jalouse ? Je te rappelle que tu vas te faire sauter ce soir.
- Oh ! Ne soit pas vulgaire…Tu étais d’accord… Nous l’avons déjà fait, ce n’est pas pareil.
- Rassure-toi, je ne vais pas la draguer. Elle est mariée, on va juste dîner.
- Où l’emmènes-tu ?
- Au restaurant, juste pour parler.
- Tu rentreras tôt alors,- Le temps de manger. Pourquoi tu comptes rentrer tard ? Tu envisageais de passer la nuit avec Julien ? Faudrait me le dire tout de suite.
- Non, non, je serais là avant minuit.
- Ok, alors… Je te donne la permission de minuit, lui dis-je en souriant hypocritement.
Nous terminons de nous préparer.
Je sens que Marie veut relancer la conversation, décidément savoir que je revois Sandra ce soir ne lui plaît pas du tout.
Il est trop tard, Ding Dong, on sonne à la porte, ce doit être Julien :
- Ah ! Ton amant vient te chercher.
- Arrête, ce n’est pas mon amant, tu le sais bien.
J’ouvre la porte et accueille Julien le sourire aux lèvres :
- Chérie, tu viens, Julien t’attend.
Pour le saluer, il a droit à deux bises sur la joue. Lui ne veut pas s’éterniser, il l’entraîne, un bras autour de la taille. Avant de partir, elle m’embrasse, pas juste une bise non, à pleine bouche, devant Julien, pour bien lui faire comprendre :
- A ce soir mon chéri.
- A ce soir mon amour.
A table, Sandra me raconte sa vie, moi la mienne sans mentionner que Marie est avec un autre homme. Elle va changer bientôt de travail, elle avait besoin de m’en parler. En répondant à ses questions, je regarde ma montre toutes les cinq minutes en essayant de ne pas trop penser à ce que Marie est peut-être en train de faire.
Dîner rapide, je raccompagne Sandra, et refuse son invitation de monter boire un dernier verre.
Il n’est pas 10 heures quand j’arrive chez nous, je fais le tour de la maison pour vérifier qu’elle n’est pas encore rentrée, ce qui serait étonnant. Et, je m’installe tranquillement dans ma voiture dans une petite rue d’où je peux observer notre maison.
Heureusement j’ai des jeux sur mon téléphone, la nuit risque d’être longue. Alors que je m’apprête à battre mon record, je reconnais la voiture de Julien qui se gare devant chez nous. Déjà ? Ils ont vite fait. Vais-je assister à un roulage de pelle comme tous les amants qui se séparent après une partie de jambes en l’air ? Tiens, elle ne s’éternise pas, une bise sur la joue, Marie s’élance vers notre maison, vide bien sûr. La lumière du salon s’allume. Je la suis, elle est à l’étage dans notre chambre. Je devine sa déception, sa rage de voir que je ne suis pas encore là.
J’attends… Minuit, la lumière s’éteint. Elle a dû se coucher, lassée de ne pas me voir arriver. Je consulte mes messages, je surfe sur le net pour passer le temps, les jeux ne m’intéressent même pas, impossible de me concentrer. Une histoire érotique me tient éveillée, l’auteur est une lesbienne, elle écrit bien, c’est plein d’humour, et quelle imagination ! Demain je lui laisserais une bonne note. Faudra que je regarde si elle a écrit autre chose, ça change des cocus contents habituels. D’autant qu’en matière de cocu, je suis maintenant en première ligne, mais pas content du tout.
Une heure, je me gèle dans la voiture, il est temps pour moi d’entrer en scène. Je ne me fais pas discret, je claque la porte d’entrée, j’allume le salon, un peu de bruit en allant aux toilettes. Enfin, je pousse la porte de notre chambre, elle ouvre un œil, je l’ai réveillée. Je fais l’étonné :
- Déjà rentrée ma chérie ?
Elle jette un œil sur notre réveil, sans pouvoir cacher sa colère en voyant l’heure.
- Excuse-moi, je ne savais pas que tu étais là. Je t’ai réveillée, je pensais que tu rentrerais plus tard.
- Moi, je croyais que tu devais rentrer tôt. Son ton sec me confirme que j’ai marqué des points.
- C’est vrai, mais tu sais un mot en entraîne un autre, le temps passe vite.
- Tu étais chez elle ?
- On a été au restaurant comme je t’ai dit. Ensuite, elle m’a invité à prendre un dernier verre. Et toi, ça s’est bien passé ma chérie, le restaurant était bon ? Julien est-il toujours aussi bon amant ?
Elle me jette un regard noir, plein de reproche :
- Tu as couché avec elle ?
- Non voyons, je t’ai dit qu’on a discuté c’est tout, dis-je hypocritement pour qu’elle ne me croit pas.
- C’est ça oui, je vais te croire.
Je me couche, la prends dans mes bras en éteignant la lumière :
- Dodo, tu dois être fatiguée. Lui dis-je d’un ton las.
- Toi aussi, non ? me dit-elle rageuse.
- Normal à cette heure…. Bonne nuit ma chérie.
En cherchant le sommeil, je l’entends grommeler, ma petite supercherie à l’air de fonctionner. Elle se pose des questions.
Au matin, je prépare le café, que nous buvons face à face. Elle me regarde du coin de l’œil. C’est moi qui engage la discussion :
- Tu sais, Sandra vient de divorcer.
- Ah bon !
- Elle a découvert que son mari avait une maîtresse, pas la première à priori. Elle l’a foutu dehors. Maintenant elle est libre, mais bien seule.
- Ne va pas essayer de la consoler au moins.
- Mais non, que vas-tu croire, elle avait juste besoin d’un petit conseil pour son job. Elle était en colère contre son mari qui sortait seul le soir et rentrait dans la nuit après avoir passé du temps avec une autre femme, une pouffiasse d’après elle.
- …- Et ta soirée ? C’était bien ?
- …- Tu comptes revoir Julien ?
- Je ne sais pas, il doit me recontacter, je n’ai rien décidé.
- A toi de voir, c’est ta vie après tout, tu me l’as dit l’autre jour.
- Non voyons, nous devons tout décider ensemble, comme toujours.
- D’accord, si je veux sortir avec Sandra je te demanderais la permission, et s’il te rappelle tu m’en parles.
- Pourquoi ? Tu comptes la revoir. Me dit-elle la voix tremblante.
- Pourquoi pas ?
Je la laisse méditer sur ces belles paroles.
« J’ai tout gagné, il a revu cette salope de Sandra qui va sûrement vouloir le reprendre… Il avait un peu tiqué quand je lui ai annoncé que j’avais accepté que Julien m’invite seule. Il n’a rien dit, mais j’étais loin de me douter qu’il allait en profiter. Je me trouve un peu conne maintenant, il va sûrement la revoir… Pas question de le laisser me tromper sans réagir ».
Quelques jours plus tard, le soir en rentrant, après m’avoir embrassé, Marie m’annonce triomphalement, avec un petit air de défi :
- Mon chéri, Julien m’a contacté, il m’invite samedi prochain.
Je devais m’y attendre. Mon ton désinvolte ne cache pas mon anxiété :
- Seule ? Ou cette fois je peux t’accompagner ?
- Seule voyons, il préfère, et moi aussi. Je dois lui confirmer. Tu es d’accord, n’est-ce pas ?
- C’est toi qui décides, dis-je sans y croire.
- Merci mon amour, je t’aime.
Marie prend son téléphone, elle va sûrement écrire à Julien. Elle me regarde, hésitante.
---oOo---
Un tsunami déferle dans ma tête.
Qu’est-ce qui nous arrive ? Julien n’est pas mon amant, je n’ai jamais voulu prendre un amant. J’aime Nicolas, je ne veux pas le tromper.
Cet été au club, nous voulions passer une bonne soirée, juste pour rigoler, pas pour coucher avec d’autres. Avec Charles et Judith, c’était plutôt amusant et agréable. Emporté par l’ambiance, nous nous sommes laissés aller, ça m’a fait tout drôle de voir Nicolas avec une autre femme, c’est certain j’étais jalouse. Nicolas l’était peut-être aussi, quand il m’a vu sucer Charles et quand il m’a fait jouir. Après, on a fait les fier tous les deux, mais on n’en menait pas large.
Qui a décidé de retourner en club à Paris, lui ou moi, je ne sais plus. Enfin, nous étions d’accord tous les deux, d’accord sur quoi ? Quand Julien m’a baisée, c’est avec Nicolas que je faisais l’amour. Les yeux dans les yeux, c’est lui qui m’embrassait, c’est lui qui me caressait. Il ne m’a pas reprochée d’avoir crié quand un orgasme m’a submergée. Était-ce Nicolas ou Julien qui m’a fait jouir, je ne saurais le dire.
Nous ne sommes pas un couple libertin pour autant. On aurait pu en rester là, on aurait dû en rester là, en reprenant notre vie de tous les jours.
Mais le hasard fait mal les choses. Ce réveillon, nous ne nous y attendions pas. Nicolas a tiqué de la présence de Julien, fallait voir sa tête à table quand je parlais avec lui. Il a vite compris que Julien me draguait. En dansant, il a remarqué que Julien me pelotait, et que je le laissais faire. Et encore, en faisant attention à ne pas alerter nos amis qui eux n’auraient pas compris.
Nicolas m’a laissé aller seule à ce rendez-vous. Pourquoi ? Là encore, il pouvait dire non, j’aurais annulé. Il avait sûrement déjà en tête l’idée de revoir Sandra.
Pourtant cette soirée n’a pas été celle que j’avais imaginée. Julien a été charmant durant tout le repas, mais mon esprit était ailleurs, avec Nicolas. Quand Julien m’a proposé un dernier verre chez lui avec un grand sourire de connivence, certain de la nuit que nous allions passer, il est tombé de haut quand je lui ai demandé de me ramener chez nous. Il avait l’air déçu, ça se comprend. Moi j’étais soulagée, aurais-je pu baiser avec lui, sans Nicolas à mes côtés ? Je ne crois pas. En rentrant, j’espérais me jeter dans les bras de mon chéri, mais il était trop tôt, il était encore avec l’autre.
Je me suis couchée avec la petite nuisette qu’il aime tant, je voulais lui faire oublier sa soirée. Aucun reproche à lui faire, c’est moi qui ai merdé. En l’attendant, je me suis assoupie. Entendant du bruit dans la salle de bain, j’ai regardé l’heure, une heure du matin, il avait passé tout ce temps avec elle, j’ai été prise de panique. Prise à mon propre jeu.
Voilà où nous en sommes. Il m’a trompé avec Sandra, oui il m’a trompé, ce n’était pas prévu. Cette fois, je passerais la nuit avec Julien. De toute façon, Nicolas va en profiter pour la revoir, ça l’arrange sûrement.
Tant pis pour lui, je réponds à Julien.
---oOo---
Marie, son téléphone à la main, me jette un regard furtif. Après une courte hésitation, d’une main mal assurée, elle envoie un message. Quelques secondes, un bip, la réponse vient d’arriver :
- Il viendra me chercher à 8 heures, me dit-elle d’un ton désinvolte.
Marie a bien changé, je ne me suis pas méfié. Cet été au club, nous étions ensemble, c’était juste une fois pour essayer. Pourquoi y être retourné à Paris ? Enfin, je lui tenais la main, nous nous sommes embrassés quand il la baisait, ils n’ont pas fait l’amour. Mais aujourd’hui … Pourvu qu’elle ne tombe pas amoureuse de ce Julien.
J’ai voulu la rendre jalouse avec Sandra, mon plan n’a pas marché. Que puis-je faire maintenant ?
---oOo---
- Marie, ça fait longtemps.
J’entends une voix qui m’appelle dans le centre commercial. Je la reconnais, elle s’avance vers moi tout sourire. J’ai un mouvement de recul, mais impossible de l’éviter.
- Oh ! … Bonjour Sandra lui dis-je d’un ton froid.
- Ça fait un bail qu’on ne s’est pas vu. Comment vas-tu ?
- Bien…et toi ? Nicolas m’a dit que tu as divorcé.
- C’est la vie. J’ai appris qu’il avait une maîtresse, je ne l’ai pas supporté.
- Nicolas m’a raconté, le soir où vous vous êtes vus.
- Oui, samedi dernier, je pensais aussi te voir, Nicolas m’a dit que tu gardais ta sœur souffrante. Au fait comment va-t-elle ?
Troublée, je ne sais pas quoi lui répondre, j’en bafouille :
- Mieux… oui… Elle va mieux, merci.
- C’était sympa de sa part, il a été parfait, j’avais besoin d’un conseil pour mon nouveau job… grâce à lui, tout s’est bien passé. Je commence dans une semaine. Tu as un mari en or.
« Ben voyons ! » » pensé-je en entendant Sandra l’encenser. J’essaie de garder mon calme :
- Ah bon, il ne m’a rien dit.
- C’est un peu technique, pour le boulot, pas passionnant. On a dîné vite fait, il m’a gentiment raccompagnée. Je crois que tu lui manquais déjà.
- Tu ne l’as pas invité à boire un verre chez toi ?
- Et puis quoi, après je l’aurais mis dans mon lit ? dit-elle en éclatant de rire.
- …- Nicolas est la fidélité même, pas comme mon mari. Il m’a beaucoup parlé de toi, de vous, de vos projets, toujours aussi amoureux, je ne l’imagine pas te tromper. Ni toi non plus d’ailleurs, je ne te vois pas passer la nuit avec un amant. C’est l’homme idéal, je n’ai pas su le garder, veinarde.
Je reste sans voix.
- Excuse-moi je suis pressée. Donne mon bonjour à Nicolas. Il faudra qu’on déjeune ensemble un de ces jours.
Sandra me fait la bise et part vers le métro en se dépêchant.
Ouf, je respire, il n’y a rien entre eux… Je me suis fait tout un cinéma… Mais… Mais… Qu’a-t-il fait alors jusqu’à une heure du matin ?
Quelle conne ! Elle n’allait pas me dire avoir couché avec mon mari. Elle s’est bien foutue de moi. Et moi qui leur ai laissé le champ libre samedi prochain. Voilà pourquoi il n’a rien dit, pourquoi il m’a laissé décider. Ils vont se revoir, c’est certain.
Pas question !
---oOo---
En arrivant chez elle, sa décision est prise. Dans la soirée, profitant du moment où Nicolas s’est installé pour regarder les informations à la télévision, Marie ferme la porte de la cuisine et appelle Julien pour décommander sa soirée :
- Je crois que nous ne devons plus nous voir, jamais, ajoute-t-elle rapidement.
- …- J’aime mon mari, je ne veux pas le tromper… C’est bête non ?
- …- Au club c’était différent, on ne se connaissait pas… et il était là. Je ne veux pas d’un amant.
- …- Excuse-moi, ne cherche plus à me joindre. Adieu.
Elle raccroche, enfin délivrée du poids qui l’oppressait. Rangeant son téléphone, elle rejoint Nicolas sur le canapé du salon. Sans faire attention à ce qu’il est en train de regarder, Marie lui prend la télécommande des mains et éteint la télé. Devant son air ébahi, sans un mot, elle pose ses lèvres sur les siennes, un baiser tendre et passionné. Tous naturellement les mains de Nicolas trouvent le chemin de ses courbes. Elle se fait câline, un tourbillon les emporte.
Ils terminent dans leur chambre, ce qu’ils ont commencé dans le salon.
---oOo---
Le fameux samedi arrive.
Marie n’a rien dit. Nicolas ne sait pas qu’elle a annulé son rendez-vous avec Julien. Elle veut le surprendre. Vers 19 heures, en sortant de la douche, une serviette autour de la taille, une autre sur la tête, elle l’interpelle :
- Chéri, tu ne t’habilles pas ? Nous allons être en retard. Lui dit-elle, un petit sourire en coin.
- Pourquoi ? Tu ne devais pas aller au restaurant, avant de passer une nuit d’enfer ?
- Si bien sûr, c’est ce que j’espère.
- Donc ce soir, tu désires que je t’accompagne.
- Tu ne veux pas ? Tu avais peut-être prévu autre chose.
- Oui… une bière devant la télé.
- Ah bon ! Pas de rendez-vous avec Sandra.
- Pas ce soir… Mais Julien est d’accord pour que je t’accompagne ?
- Pourquoi parles-tu de Julien ? Nous sortons tous les deux.
- ? …- Quand il a appelé, tu m’as dit de décider, j’ai décidé. Ce soir, c’est avec toi que je veux sortir. J’ai réservé pour 8 heures, j’ai eu tort ?
- Et… Julien ?
- C’est fini Julien, y a plus de Julien, y a jamais eu de Julien, il n’a jamais excité…- …- Et toi, Sandra ?
- Je ne sais pas, … On pourrait la présenter à Julien.
Marie regarde Nicolas sans savoir s’il est sérieux ou pas, et d’un coup éclate de rire en se jetant dans ses bras :- Je t’aime mon chéri.
- Moi non plus.
Nicolas prend Marie dans ses bras. En l’embrassant, ne voulant pas lui faire de cachotterie, il pense « Demain, je lui dirais pour Sandra », tandis que Marie ne voulant pas faire de cachotterie à Nicolas pense « Demain, je lui dirais pour Julien ».
La soirée fut romantique. La nuit fut longue, ou plutôt elle fut très courte.
C’est vrai, nous étions d’accord, nous en avons discuté ensemble. Il avait accepté. Ce soir, je devais sortir seule avec Julien.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Tout a commencé l’été dernier, lors de vacances que nous passions en bord de la mer.
Nous nous sommes rencontrés Nicolas et moi, il y a trois ans, un vrai coup de foudre. Pour moi c’était une évidence, c’était lui, c’était mon double. D’accord, il était avec Sandra à l’époque, mais ça n’a pas duré. Un an après, n’écoutant pas les mauvaises langues, nous nous sommes mariés. J’avais 23 ans, lui à peine 25. Pourquoi attendre ?
Nos familles, nos amis, tout le monde nous disait « Vous avez le temps », « Vous êtes jeunes », « Prenez le temps de profiter de la vie ». Foutaise, nous voulions profiter de la vie ensemble, tout découvrir ensemble. Et puis d’abord, qu’est-ce qu’ils connaissent de plus les autres ? Rien ! Si nous devions faire des erreurs, autant les faire ensemble.
Je n’avais pas une grande expérience au lit, Nicolas m’a guidé. Après une première initiation personnelle très artisanale, nous avons pris des cours sur internet en regardant des films porno. On riait comme des ados boutonneux qui découvrent que la branlette c’est mieux à deux. Avec des fous rires, nous reproduisions tous les soirs les poses que nous venions de voir sur l’écran. Nous n’avions pas vraiment besoin de ça pour exacerber notre libido, mais bien entendu cela nous mettait dans les meilleures conditions au moment de la mise en pratique. Je ne refusais rien à Nicolas, mon chéri. Il me comblait au-delà de toute espérance.
Il y a de tout dans les pornos. Certaines situations nous excitaient plus que d’autres, j’ai rougi en découvrant le premier gang bang, une femme pouvait avoir 5 amants en même temps, je n’en croyais pas mes yeux. Il était rare que nous regardions la fin des films, soit nous baisions sur le canapé devant la télé, soit Nicolas m’emmenait sur notre lit sans se soucier si je voulais ou non connaître le dénouement de l’intrigue.
Un jour, il m’a montré, sur internet, un site de récits érotiques. Je ne savais pas que des gens pouvaient étaler ainsi leur vie privée. Quelle imagination ! Nos lectures ponctuées de « Oh ! », « Non ! », « Pas possible », « Tu te rends compte ? » … et autres expressions marquant notre confusion. Ce qui nous étonnait le plus, les récits où le mari prenait plaisir à regarder son épouse faire l’amour avec un autre homme, souvent des étalons noirs bien membrés. Quelle idée ! Pire, parfois c’était le mari qui le proposait et il se branlait devant le spectacle.
- Dis Marie, tu crois que c’est réel ? Moi jamais je ne pourrais supporter te voir avec un autre homme, me dit-il une pointe de jalousie dans la voix.
- Mon chéri, jamais je ne te tromperais, tu le sais, c’est toi que j’aime lui dis-je en l’embrassant tendrement.
Il semblait soucieux, perdu dans ses pensées :
- T’as remarqué, dans les histoires c’est toujours la femme qui est infidèle, et le mari qui bande en la regardant. Jamais l’inverse.
- Oh ! Toi… Si tu me trompes, je t’arrache les yeux, lui dis-je jouant la colère.
- Ah bien sûr, si toutes les femmes sont comme toi, c’est dissuasif.
La tête pleine d’images, la nuit suivante fut très chaude.
Comme moi, Nicolas était sincère à ce moment-là, mais il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai jamais de ton eau ». Il y a un an, lors de vacances en bord de mer, nous faisions l’amour matin, midi et soir, enfin presque, faut respirer et laisser mon chéri reprendre des forces. Les petits restaurants de fruits de mer devaient l’aider.
Chaque soir, en rentrant dans l’appartement que nous avions loué, nous étions attirés par le clin d’œil du néon clignotant d’une boîte de nuit, pas très loin de chez nous. Un club libertin, à l’enseigne « Désirs secrets », qui ne se cachait pas.
Qui en a parlé le premier ? Qui l’a proposé ? Est-ce Nicolas ou moi, peu importe. On s’est dit « Pourquoi pas, juste pour voir ». Un soir, un peu méfiant, nous avons poussé la porte pour nous retrouver dans une salle, qui ressemblait fort à une petite discothèque, musique douce, lumière tamisée, piste de danse entourée d’alcôves discrètes.
Avant de nous poser sur un canapé libre dans une de ces alcôves, nous décidons de faire le tour de l’établissement, pour voir à quoi ressemble un club libertin. Au sous-sol, des salles dignes des films que nous regardions sur internet. Des grandes, des petites, une avec un grand lit rond au milieu, une équipée d’une croix avec des accessoires qui me firent rougir. En remontant, nous avions la tête en ébullition, la bouteille de champagne fraîche à notre place a été la bienvenue.
Après quelques verres et quelques danses dans les bras l’un de l’autre, Nicolas m’a emmené au sous-sol, dans une des pièces que nous avions vu quelques heures plus tôt. Ce soir-là, nous avons certainement dû être le seul couple légitime à baiser ensemble.
---oOo---
L’expérience a dû plaire à Marie, le frisson de l’interdit. J’ai tout de même été surpris quand deux jours plus tard, elle m’a proposé :
- Nicolas, si nous y retournions ?
Nous y sommes retournés avec l’impression de s’encanailler avec des jeux innocents. C’était sans compter sur les démons facétieux toujours à l’affût des âmes pures.
Notre désir était simple, danser, se caresser, regarder les autres couples, et finir par rejoindre un petit salon au sous-sol. Mais, les soirées se suivent et ne se ressemblent pas.
Alors que Marie refusait systématiquement les invitations des quelques courageux qui venait l’inviter à danser, nous croisons un couple qui nous sourit, ils ont la quarantaine. C’est elle qui vient vers nous, je la reconnais, ils se baignent tous les jours sur la même plage que nous. Difficile de faire comme si nous ne nous connaissions pas.
Ils nous apprennent qu’ils sont libertins, nous leur faisons bien comprendre que nous ne sommes là que pour danser. Je ne peux pas refuser quand Judith m’invite à aller sur la piste, et Marie se retrouve tout naturellement dans les bras de Charles quelques secondes après.
Revenus à notre table, ils nous racontent leur première fois en club, leurs soirées entre amis. Nous sommes émoustillés de les entendre dire ces choses sans la moindre gêne.
L’ambiance, le champagne, nos idées se brouillent. Avons-nous dit d’accord ? Je ne m’en souviens plus. Nous nous retrouvons dans un petit salon, un simple matelas au sol, dans un coin une coupelle pleine de préservatifs. Rien de bien sexy.
Judith embrasse Charles, j’embrasse Marie. Judith se rapproche de moi et remplace Marie dans mes bras. Charles prend Marie par la main et l’attire vers lui.
Nos vêtements en tas sur le sol, nous sommes rapidement nus tous les quatre. Assis contre un mur, je vois Judith pousser doucement la tête de Marie en avant. Elle se laisse faire, et le plus naturellement du monde, elle prend Charles dans sa bouche. Troublé par ce spectacle, je sens à peine la bouche de Judith qui se referme sur mon membre, tandis que je lui caresse la poitrine.
Judith croise mon regard, me sourit, complice. Elle s’approche de Marie toujours occupée par la queue de Charles, elle lui caresse tendrement les seins, l’aide à s’allonger et lui fait écarter les jambes, exhibant sa chatte déjà luisante. Sans rien me demander, d’un petit geste, elle l’offre à son mari. Tandis qu’il s’enfonce en elle, Judith vient s’asseoir à mes pieds, m’équipe d’un préservatif et lentement s’empale sur ma queue bien dressée.
Ses seins frottent sur mon visage, ma bouche gobe ses larges tétons, ses hanches ondulent. Elle m’embrasse dans le cou. Par-dessus son épaule, fasciné, je regarde les fesses de Charles qui s’activent entre les cuisses largement ouvertes de Marie. Violent, soudain, un cri à peine retenu, Marie vient de jouir, un orgasme puissant suivi du grognement de Charles qui se répand en elle.
Après un passage sous la douche, sous les yeux des voyeurs qui nous observent envieux, nous retournons à notre table, laissant Charles et Judith regagner le vestiaire.
En rentrant je n’étais pas très fier, mais était-ce une impression, Marie fuyait mon regard.
---oOo---
Les vacances touchent à leur fin, dans 3 jours, direction Paris. Marie et Nicolas profitent au maximum de la plage, de la mer… Dernier restaurant de fruits de mer … C’est le départ sans avoir revu Charles et Judith, c’est beaucoup mieux comme ça.
Un mois après à Paris, un matin après avoir fait l’amour, ils évoquent cette soirée. Un sourire aux lèvres, ils se disent « Pourquoi pas, ça n’engage à rien ». Choisissant un club loin de chez eux, lors d’un weekend gastronomique à Lyon, ils sont certains de ne pas rencontrer de connaissance.
L’ambiance est toujours aussi chaude, les petits salons sont à l’étage, discrets, sauf un équipé d’une glace sans tain pour les voyeurs assez nombreux. Lumière tamisée, musique douce, quelques couples enlacés sur la piste de danse. Nicolas ne se gêne pas pour caresser Marie sur la piste, au diable les autres, d’ailleurs certaines femmes ont les seins à l’air, Marie n’ose pas.
Attablés devant une coupe de champagne, comprise dans le prix d’entrée, Nicolas et Marie s’embrassent en regardant autour d’eux, le spectacle est partout. Sur la piste, dans les coins discrets, au bar. D’ailleurs, une femme, jupe courte, chemisier léger, juchée sur un tabouret haut, se laisse peloter les cuisses par l’homme qui est devant elle. Elle soulève son chemisier dévoilant ses seins à son prétendant qui en profite pour les embrasser à pleine bouche, passant sa tête sous le fin vêtement.
Subjugués par ce qu’ils voient, ni Marie, ni Nicolas ne remarquent l’homme qui passe et repasse devant eux. Soudain, il s’approche, prend Marie par la main pour l’inviter à danser. Sans réfléchir, elle se lève et se retrouve dans les bras d’un inconnu. Elle se laisse emporter par la douceur du moment, pose sa tête sur son épaule, sans faire attention à la main qui lui caresse le dos et descend sur ses fesses. Nicolas ne dit rien, il la suit du regard, devinant les mains baladeuses dans la pénombre.
Deux slows plus tard, ils boivent le verre que Julien vient de leur offrir. Julien est un habitué, la trentaine, célibataire endurci, la vie est faite pour être vécue à cent à l’heure, pour profiter, profiter de tout, au diable les convenances. Le discours de Julien choque un peu Marie, mais il dit ce qu’il veut, ce soir, ils en riront ensemble avec Nicolas.
Les danses se suivent, Marie a maintenant deux cavaliers, une danse avec l’un, une danse avec l’autre. Nicolas remarque que Marie rit de plus en plus fort aux blagues que Julien lui murmure à l’oreille.
La main de Nicolas sur ses fesses, ils dansent enlacés. Marie se fait câline, elle l’embrasse dans le cou, et lui susurre :
- Il me propose d’aller en haut, tu en penses quoi ?
- En haut ? Nicolas reste figé.
- Si tu n’es pas d’accord, je lui dis non.
- Tu en as envie on dirait, il te plaît ?
- Un peu … Pourquoi pas ?
- C’est toi qui décides.
- Merci mon chéri… mais ne fais pas cette tête, regardes autour de nous, tu vas bien trouver une femme qui te plaît.
- Il n’y en a qu’une qui me plaît ici… c’est toi.
- Idiot, lui dit-elle en l’embrassant.
En regagnant leur table, Marie a pris sa décision. Quand Julien pose la main sur la sienne, elle lui fait oui de la tête. Elle se lève et se tourne vers Nicolas avant de suivre Julien :
- Viens. Restes à côté de moi, seule je n’oserais jamais.
---oOo---
Déjà Julien entraîne Marie vers l’escalier qui monte à l’étage. Ne voulant pas l’abandonner, je me lève pour les suivre.
Julien sait où il va, il connaît les lieux. D’un pas décidé, il entraîne Marie dans un salon. Je referme la porte derrière moi, au nez des hommes qui espéraient pouvoir assister à un beau spectacle.
Julien prend Marie dans ses bras, elle tourne la tête quand il essaie de l’embrasser, je respire, ça m’est réservé. Je m’assois par terre, hypnotisé par les mains de Julien qui la déshabillent. Très vite son soutien-gorge atterrit sur la robe à côté de moi. Julien allonge Marie, la caresse, sa culotte rejoint ses autres vêtements.
Marie me tend la main. Elle serre très fort prouvant son anxiété, sa peur de l’inconnu. J’ai envie de la rassurer. Sa bouche dessine un « Je t’aime » silencieux. Julien est nu, il se frotte sur elle, la queue bien tendue contre sa cuisse. Il lui caresse les seins, les embrasse. Je m’approche, pose mes lèvres sur celles de ma chérie, un tendre baiser nous unis. Je sens que je bande, mais pas question de me branler en la voyant avec ce type. Les yeux dans les yeux, je lui souris. Je la sens se raidir, sa main se crispe dans la mienne, pas besoin de regarder pour comprendre qu’il vient de la pénétrer.
Mon cœur bat la chamade. Marie ferme les yeux, je m’éloigne un peu en gardant sa main dans la mienne. Elle est belle, mais sa jouissance me fait mal, je suis un peu perdu. Si elle tourne la tête vers moi que lira-t-elle dans mes yeux ? De la tendresse, de la tristesse, de la colère ?
En partant, Julien lui fait une bise sur la joue sans me regarder. Nous restons prostrés tous les deux, à quoi pense-t-elle ? Elle vient se blottir contre moi et me serre dans ses bras à m’étouffer. Reprenant ses esprits, elle se lève « Je vais me doucher, viens ».
Je ramasse ses vêtements et la suis. Elle passe entre les quelques voyeurs qui attendent devant la porte et l’accompagnent jusqu’à la salle de douches. Julien en sort, il lui fait un petit signe de la main « Merci ». Je ne suis pas mécontent de le voir s’éloigner.
Une fois chez nous, je n’ose parler de cette soirée à Marie, surtout ne rien lui reprocher, nous avons vécu ce moment ensemble. C’est elle qui prend les devants :
- C’est la dernière fois, d’accord mon chéri, nous n’allons pas devenir comme Charles et Judith.
- C’est la dernière fois, lui dis-je malgré moi d’un ton un peu sec qui la fait sursauter.
- Tu ne m’en veux pas au moins ?
Pour toute réponse je la prends dans mes bras, la couvre de baisers, bien décidé à lui faire oublier le sexe qui vient de lui donner tant de plaisir. En l’entendant jouir, je pense avoir réussi.
Les vacances sont loin. Ni remords, ni regrets, une simple parenthèse dans notre vie amoureuse. Un souvenir à ranger dans notre jardin secret que personne ne connaîtra jamais. Nous savons combien nous nous aimons, cela nous suffit.
Un soir, alors que nous regagnons notre chambre après un passage sous la douche, Marie me confie « Faire l’amour sans amour c’est triste, avec toi c’est toujours une joie, je t’aime ».
Trop bête pour répondre, je me contente de la serrer dans mes bras.
---oOo---
Pour fêter la nouvelle année, nous sommes invités par un couple, une amie d’enfance de Marie. Nous serons nombreux, heureusement ils ont une grande maison en banlieue parisienne. Le repas est prévu dans le grand salon qui occupe tout le rez-de-chaussée. Un apéritif servi dans leur sous-sol aménagé, permettra de saluer tous les arrivants.
Parmi les invités, surprise, je reconnais Julien, que fait-il là ? Marie ne l’a pas encore aperçu. Mais, alors que je discute avec un couple qui vient d’arriver, Marie me prend par le bras :
- Tu as vu qui est là ?
Je fais l’innocent :
- Non, qui ?
- Regarde, c’est bien le type que nous avons rencontré dans la boite à Lyon ?
- Euh ! Oui c’est lui, dis-je hypocritement, semblant à peine le reconnaître.
Marie me plante pour aller au-devant du nouvel arrivant, je la suis pour la voir se jeter dans ses bras et le saluer de deux grosses bises. Il semble ravi, je le suis moins. Nous discutons quelques minutes, mais d’autres invités arrivent, chacun voulant nous saluer. Marie n’en finit pas de distribuer des bises.
Ce que je redoutais arriva. En passant à table, la maîtresse de maison, selon son habitude, sépare les couples et laisse chacun s’installer suivant ses affinités. Naturellement, Julien en profite pour s’asseoir à côté de Marie, je suis deux places plus loin. Les conversations vont bon train, je ne peux saisir tout ce que Julien raconte à Marie, mais tandis que je parle à mes voisines, je la vois attentive et l’entends rire à plusieurs reprises.
A minuit, notre hôte égrène les secondes de façon théâtrale « 3.2.1 Vive la nouvelle année ». Tout le monde se lève, nouvelle série de bises. Marie fait le tour des tables, après avoir embrassé, sur les joues bien sûr, Julien en se serrant un peu trop dans ses bras à mon goût.
Le champagne est débouché, les tables sont poussées, les chaises rangées, la soirée dansante peut commencer. Quelques discos pour chauffer l’atmosphère, et déjà une série de slow tandis que la lumière est tamisée. Marie se blottit dans mes bras, « Bonne année ma chérie », nous nous embrassons en dansant. Je ne peux m’empêcher de lui poser la question qui me brûle les lèvres :
- Il te parlait de quoi.
- Qui ? répond-elle innocemment.
- Ton voisin de table.
- De tout et de rien, de lui. On se connaît si peu.
- De notre soirée en club ?
- Un peu bien sûr, il en a un bon souvenir.
- Tu m’étonnes. Et toi ?
- Pas un mauvais… Pourquoi, tu regrettes ?
- Non, c’est de l’histoire ancienne, nos folies de l’été.
Marie m’embrasse, j’ai l’impression qu’elle ne veut pas s’éterniser sur ce terrain. De toute façon, je ne vais pas lui faire une scène de jalousie à retardement. Cet été, j’étais d’accord. C’est le passé.
Les danses se succèdent, bien sûr je ne peux monopoliser ma femme, je danse aussi avec d’autres amies. Mais je suis attentif quand je la vois se trémousser pas loin de Julien au milieu d’un groupe, et quand il la prend dans ses bras pour la nouvelle série de slows qui débutent. Instinctivement, elle passe ses bras autour de son cou, lui place ses mains sur ses hanches, ils se regardent, parlent peu. Bercée par la musique, elle pose sa tête sur son épaule. Mes yeux suivent ces mains qui lui caressent les épaules nues, glissent le long de son dos, jusqu’à ses fesses, sans aucune réaction de sa part. Un slow en appelle un autre, la semi-obscurité les cache aux yeux des autres danseurs. Enfin, la lumière revient progressivement, il lui dépose un baiser dans le cou et se dirige vers le bar.
Marie me cherche du regard. Elle vient vers moi, ses yeux brillants reflètent son excitation. Je lui tends le verre que j’avais préparé. Les yeux dans le vague, elle se colle à moi et sans me regarder :
- Les prochaines danses sont pour toi mon chéri.
Je la serre tendrement, sans rien dire. Je lui fais confiance, une réflexion serait mal venue.
Les danses s’enchaînent, les bouteilles se vident.
Enfin, la soirée se termine, petites bises aux courageux encore présents, Marie reste un peu plus longtemps avec Julien, ils se disent deux mots que je n’entends pas. Nous remercions nos hôtes, impatient de retrouver notre lit.
Le retour est silencieux. Marie somnole, un sourire aux lèvres à quoi, ou à qui pense-t-elle ?
Il est tard, ou plutôt il est tôt ce matin, nous nous couchons rapidement. C’est elle qui vient contre moi, m’embrasse, me caresse, me prend dans sa bouche, c’est délicieux. Des images me reviennent à l’esprit, Marie danse avec Julien, Marie parle avec Julien, elle lui fait la bise en partant, Marie au club avec Julien. L’excitation aidant, j’oublie tout, nous faisons l’amour tendrement, avec passion. Nous éclatons ensemble, à l’unisson. Le sommeil nous gagne.
Il est plus de midi lorsque j’émerge, Marie dort encore. Je vais préparer le café, et lui porte le petit déjeuner au lit, autant bien commencer l’année.
Elle ouvre les yeux, me souris. Une tasse de café plus tard, nous sommes dans les bras l’un de l’autre, je suis rassuré en l’entendant jouir lorsque je la prends.
Après un passage dans la salle de bain, et un repas léger, nous nous reposons affalés sur le canapé de notre salon. Je trouve Marie soucieuse. Alors que je la serre dans mes bras, elle se tortille un peu, je crois qu’elle a envie d’un nouveau round, mais non elle veut parler, elle me dit dans un murmure :
- Il m’a invité au restaurant la semaine prochaine … Qu’est-ce que je fais ?
- Qui ?... Julien ?... Faut que je regarde mon agenda, je te dirais.
- Tu n’as pas compris… juste moi.
- Tu veux sortir seule avec lui ? Et après le restaurant vous irez boire un verre chez lui ?
- Certainement, me dit-elle un peu gênée.
- Tu en as envie.
- Euh ! … Pourquoi pas ? Ce n’est pas la première fois, au club c’était un peu pareil.
- Au club, je te tenais par la main, c’est moi que tu as embrassé.
- J’aimerais que tu m’accompagnes, c’est lui qui préfère me voir seule… Alors, qu’est-ce que je fais ?
- C’est toi qui décides… Réfléchi bien.
- Merci mon chéri… Juste cette soirée, après je ne le reverrai plus… Tu m’attendras sagement, me dit-elle en souriant.
- …- Il passera me chercher à la maison.
- Tu lui as déjà donné ton accord ? Lui dis-je un peu surpris.
Pour toute réponse, elle se réfugie dans mes bras, fuyant mon regard. Si elle voyait la tête que je dois faire, elle se serait doutée que cela ne m’enchante pas. Je préfère ne rien dire, pour ne pas étaler une jalousie mal à propos. Elle m’embrasse :
- Merci, je t’aime.
Après un passage chez ses parents pour souhaiter la bonne année et partager leur dîner, nous nous couchons tôt pour rattraper la nuit précédente, demain boulot.
En cherchant le sommeil, je recherche un moyen de la faire revenir sur sa décision, sans paraître le jaloux de service. Car à n’en pas douter cette soirée ne me plaît pas, pas du tout.
La semaine est calme, on se parle peu, chacun dans ses pensées. Sans le vouloir, je sais que je fais la tête, elle ne peut pas l’ignorer. Chaque soir, après un repas rapide où nous n’échangeons que des banalités, nous restons côte à côte pour regarder un film à la télé. Je ne la prends pas dans mes bras comme nous en avons l’habitude. Elle est moins souriante, regrette-t-elle sa décision ?
Une fois couchés, je ne la touche pas, elle se colle à moi, ses mains me frôlent, mais je ne donne pas suite avec un :
- Bonne nuit ma chérie, d’un ton ironique qui lui enlève toute envie coquine
La semaine se passe sans grand enthousiasme. Je lui en veux, elle aurait dû refuser, mais je n’ai rien dit, rien fait pour l’en empêcher. Je lui ai laissé le choix, impossible maintenant de le lui reprocher.
Aujourd’hui, j’ai eu une idée, eurêka aurait dit quelqu’un qui prenait son bain. Je rentre joyeux, le sourire aux lèvres, ma décision est prise. Après dîner, j’emmène directement Marie dans la chambre sans le passage télé habituel. Je la sens heureuse. Nous faisons l’amour comme avant, comme toujours, avec tendresse, avec passion.
---oOo---
Samedi, Marie se prépare pour sortir sans moi. Long passage dans la salle de bain, sa petite robe attend sur notre lit. Au sortir de la douche, elle entre nue dans notre chambre. Je suis en train de m’habiller, de toute évidence ma tenue n’est pas celle de quelqu’un qui va regarder la télévision.
- Eh bien, Nicolas ! Qu’est-ce que tu fais ? ... Tu t’habilles ? … Je croyais que nous étions bien d’accord.
« C’est vrai, nous étions d’accord, nous en avons discuté ensemble. Il avait accepté. Ce soir, je devais sortir seule avec Julien », pense Marie, sans pouvoir cacher sa nervosité.
- Que veux-tu dire ?
- Julien m’a invité… seule… Je veux dire sans toi, c’était bien d’accord, non ?
- Tout à fait ma chérie.
- Alors, pourquoi tu te prépares ?
- Je sors aussi, ce n’est pas permis.
- Non bien sûr, tu peux. Je suis surprise voilà tout… Tu vas où ? Avec qui ?
- J’ai invité Sandra à dîner, on va passer une petite soirée à se rappeler le bon vieux temps.
- Quoi ? Ton ex, me dit-elle de plus en plus nerveuse.
- J’avais envie d’avoir de ses nouvelles, et comme j’avais la soirée libre… Elle aussi était libre, voilà.
- Mais pourquoi pas avec tes amis, pourquoi elle ?
- J’avais envie de la revoir. Oh ! Chérie, c’est de l’histoire ancienne.
- Mais… bafouille-t-elle en proie à une grande agitation. Manifestement cette nouvelle ne lui convient pas.
- Serais-tu jalouse ? Je te rappelle que tu vas te faire sauter ce soir.
- Oh ! Ne soit pas vulgaire…Tu étais d’accord… Nous l’avons déjà fait, ce n’est pas pareil.
- Rassure-toi, je ne vais pas la draguer. Elle est mariée, on va juste dîner.
- Où l’emmènes-tu ?
- Au restaurant, juste pour parler.
- Tu rentreras tôt alors,- Le temps de manger. Pourquoi tu comptes rentrer tard ? Tu envisageais de passer la nuit avec Julien ? Faudrait me le dire tout de suite.
- Non, non, je serais là avant minuit.
- Ok, alors… Je te donne la permission de minuit, lui dis-je en souriant hypocritement.
Nous terminons de nous préparer.
Je sens que Marie veut relancer la conversation, décidément savoir que je revois Sandra ce soir ne lui plaît pas du tout.
Il est trop tard, Ding Dong, on sonne à la porte, ce doit être Julien :
- Ah ! Ton amant vient te chercher.
- Arrête, ce n’est pas mon amant, tu le sais bien.
J’ouvre la porte et accueille Julien le sourire aux lèvres :
- Chérie, tu viens, Julien t’attend.
Pour le saluer, il a droit à deux bises sur la joue. Lui ne veut pas s’éterniser, il l’entraîne, un bras autour de la taille. Avant de partir, elle m’embrasse, pas juste une bise non, à pleine bouche, devant Julien, pour bien lui faire comprendre :
- A ce soir mon chéri.
- A ce soir mon amour.
A table, Sandra me raconte sa vie, moi la mienne sans mentionner que Marie est avec un autre homme. Elle va changer bientôt de travail, elle avait besoin de m’en parler. En répondant à ses questions, je regarde ma montre toutes les cinq minutes en essayant de ne pas trop penser à ce que Marie est peut-être en train de faire.
Dîner rapide, je raccompagne Sandra, et refuse son invitation de monter boire un dernier verre.
Il n’est pas 10 heures quand j’arrive chez nous, je fais le tour de la maison pour vérifier qu’elle n’est pas encore rentrée, ce qui serait étonnant. Et, je m’installe tranquillement dans ma voiture dans une petite rue d’où je peux observer notre maison.
Heureusement j’ai des jeux sur mon téléphone, la nuit risque d’être longue. Alors que je m’apprête à battre mon record, je reconnais la voiture de Julien qui se gare devant chez nous. Déjà ? Ils ont vite fait. Vais-je assister à un roulage de pelle comme tous les amants qui se séparent après une partie de jambes en l’air ? Tiens, elle ne s’éternise pas, une bise sur la joue, Marie s’élance vers notre maison, vide bien sûr. La lumière du salon s’allume. Je la suis, elle est à l’étage dans notre chambre. Je devine sa déception, sa rage de voir que je ne suis pas encore là.
J’attends… Minuit, la lumière s’éteint. Elle a dû se coucher, lassée de ne pas me voir arriver. Je consulte mes messages, je surfe sur le net pour passer le temps, les jeux ne m’intéressent même pas, impossible de me concentrer. Une histoire érotique me tient éveillée, l’auteur est une lesbienne, elle écrit bien, c’est plein d’humour, et quelle imagination ! Demain je lui laisserais une bonne note. Faudra que je regarde si elle a écrit autre chose, ça change des cocus contents habituels. D’autant qu’en matière de cocu, je suis maintenant en première ligne, mais pas content du tout.
Une heure, je me gèle dans la voiture, il est temps pour moi d’entrer en scène. Je ne me fais pas discret, je claque la porte d’entrée, j’allume le salon, un peu de bruit en allant aux toilettes. Enfin, je pousse la porte de notre chambre, elle ouvre un œil, je l’ai réveillée. Je fais l’étonné :
- Déjà rentrée ma chérie ?
Elle jette un œil sur notre réveil, sans pouvoir cacher sa colère en voyant l’heure.
- Excuse-moi, je ne savais pas que tu étais là. Je t’ai réveillée, je pensais que tu rentrerais plus tard.
- Moi, je croyais que tu devais rentrer tôt. Son ton sec me confirme que j’ai marqué des points.
- C’est vrai, mais tu sais un mot en entraîne un autre, le temps passe vite.
- Tu étais chez elle ?
- On a été au restaurant comme je t’ai dit. Ensuite, elle m’a invité à prendre un dernier verre. Et toi, ça s’est bien passé ma chérie, le restaurant était bon ? Julien est-il toujours aussi bon amant ?
Elle me jette un regard noir, plein de reproche :
- Tu as couché avec elle ?
- Non voyons, je t’ai dit qu’on a discuté c’est tout, dis-je hypocritement pour qu’elle ne me croit pas.
- C’est ça oui, je vais te croire.
Je me couche, la prends dans mes bras en éteignant la lumière :
- Dodo, tu dois être fatiguée. Lui dis-je d’un ton las.
- Toi aussi, non ? me dit-elle rageuse.
- Normal à cette heure…. Bonne nuit ma chérie.
En cherchant le sommeil, je l’entends grommeler, ma petite supercherie à l’air de fonctionner. Elle se pose des questions.
Au matin, je prépare le café, que nous buvons face à face. Elle me regarde du coin de l’œil. C’est moi qui engage la discussion :
- Tu sais, Sandra vient de divorcer.
- Ah bon !
- Elle a découvert que son mari avait une maîtresse, pas la première à priori. Elle l’a foutu dehors. Maintenant elle est libre, mais bien seule.
- Ne va pas essayer de la consoler au moins.
- Mais non, que vas-tu croire, elle avait juste besoin d’un petit conseil pour son job. Elle était en colère contre son mari qui sortait seul le soir et rentrait dans la nuit après avoir passé du temps avec une autre femme, une pouffiasse d’après elle.
- …- Et ta soirée ? C’était bien ?
- …- Tu comptes revoir Julien ?
- Je ne sais pas, il doit me recontacter, je n’ai rien décidé.
- A toi de voir, c’est ta vie après tout, tu me l’as dit l’autre jour.
- Non voyons, nous devons tout décider ensemble, comme toujours.
- D’accord, si je veux sortir avec Sandra je te demanderais la permission, et s’il te rappelle tu m’en parles.
- Pourquoi ? Tu comptes la revoir. Me dit-elle la voix tremblante.
- Pourquoi pas ?
Je la laisse méditer sur ces belles paroles.
« J’ai tout gagné, il a revu cette salope de Sandra qui va sûrement vouloir le reprendre… Il avait un peu tiqué quand je lui ai annoncé que j’avais accepté que Julien m’invite seule. Il n’a rien dit, mais j’étais loin de me douter qu’il allait en profiter. Je me trouve un peu conne maintenant, il va sûrement la revoir… Pas question de le laisser me tromper sans réagir ».
Quelques jours plus tard, le soir en rentrant, après m’avoir embrassé, Marie m’annonce triomphalement, avec un petit air de défi :
- Mon chéri, Julien m’a contacté, il m’invite samedi prochain.
Je devais m’y attendre. Mon ton désinvolte ne cache pas mon anxiété :
- Seule ? Ou cette fois je peux t’accompagner ?
- Seule voyons, il préfère, et moi aussi. Je dois lui confirmer. Tu es d’accord, n’est-ce pas ?
- C’est toi qui décides, dis-je sans y croire.
- Merci mon amour, je t’aime.
Marie prend son téléphone, elle va sûrement écrire à Julien. Elle me regarde, hésitante.
---oOo---
Un tsunami déferle dans ma tête.
Qu’est-ce qui nous arrive ? Julien n’est pas mon amant, je n’ai jamais voulu prendre un amant. J’aime Nicolas, je ne veux pas le tromper.
Cet été au club, nous voulions passer une bonne soirée, juste pour rigoler, pas pour coucher avec d’autres. Avec Charles et Judith, c’était plutôt amusant et agréable. Emporté par l’ambiance, nous nous sommes laissés aller, ça m’a fait tout drôle de voir Nicolas avec une autre femme, c’est certain j’étais jalouse. Nicolas l’était peut-être aussi, quand il m’a vu sucer Charles et quand il m’a fait jouir. Après, on a fait les fier tous les deux, mais on n’en menait pas large.
Qui a décidé de retourner en club à Paris, lui ou moi, je ne sais plus. Enfin, nous étions d’accord tous les deux, d’accord sur quoi ? Quand Julien m’a baisée, c’est avec Nicolas que je faisais l’amour. Les yeux dans les yeux, c’est lui qui m’embrassait, c’est lui qui me caressait. Il ne m’a pas reprochée d’avoir crié quand un orgasme m’a submergée. Était-ce Nicolas ou Julien qui m’a fait jouir, je ne saurais le dire.
Nous ne sommes pas un couple libertin pour autant. On aurait pu en rester là, on aurait dû en rester là, en reprenant notre vie de tous les jours.
Mais le hasard fait mal les choses. Ce réveillon, nous ne nous y attendions pas. Nicolas a tiqué de la présence de Julien, fallait voir sa tête à table quand je parlais avec lui. Il a vite compris que Julien me draguait. En dansant, il a remarqué que Julien me pelotait, et que je le laissais faire. Et encore, en faisant attention à ne pas alerter nos amis qui eux n’auraient pas compris.
Nicolas m’a laissé aller seule à ce rendez-vous. Pourquoi ? Là encore, il pouvait dire non, j’aurais annulé. Il avait sûrement déjà en tête l’idée de revoir Sandra.
Pourtant cette soirée n’a pas été celle que j’avais imaginée. Julien a été charmant durant tout le repas, mais mon esprit était ailleurs, avec Nicolas. Quand Julien m’a proposé un dernier verre chez lui avec un grand sourire de connivence, certain de la nuit que nous allions passer, il est tombé de haut quand je lui ai demandé de me ramener chez nous. Il avait l’air déçu, ça se comprend. Moi j’étais soulagée, aurais-je pu baiser avec lui, sans Nicolas à mes côtés ? Je ne crois pas. En rentrant, j’espérais me jeter dans les bras de mon chéri, mais il était trop tôt, il était encore avec l’autre.
Je me suis couchée avec la petite nuisette qu’il aime tant, je voulais lui faire oublier sa soirée. Aucun reproche à lui faire, c’est moi qui ai merdé. En l’attendant, je me suis assoupie. Entendant du bruit dans la salle de bain, j’ai regardé l’heure, une heure du matin, il avait passé tout ce temps avec elle, j’ai été prise de panique. Prise à mon propre jeu.
Voilà où nous en sommes. Il m’a trompé avec Sandra, oui il m’a trompé, ce n’était pas prévu. Cette fois, je passerais la nuit avec Julien. De toute façon, Nicolas va en profiter pour la revoir, ça l’arrange sûrement.
Tant pis pour lui, je réponds à Julien.
---oOo---
Marie, son téléphone à la main, me jette un regard furtif. Après une courte hésitation, d’une main mal assurée, elle envoie un message. Quelques secondes, un bip, la réponse vient d’arriver :
- Il viendra me chercher à 8 heures, me dit-elle d’un ton désinvolte.
Marie a bien changé, je ne me suis pas méfié. Cet été au club, nous étions ensemble, c’était juste une fois pour essayer. Pourquoi y être retourné à Paris ? Enfin, je lui tenais la main, nous nous sommes embrassés quand il la baisait, ils n’ont pas fait l’amour. Mais aujourd’hui … Pourvu qu’elle ne tombe pas amoureuse de ce Julien.
J’ai voulu la rendre jalouse avec Sandra, mon plan n’a pas marché. Que puis-je faire maintenant ?
---oOo---
- Marie, ça fait longtemps.
J’entends une voix qui m’appelle dans le centre commercial. Je la reconnais, elle s’avance vers moi tout sourire. J’ai un mouvement de recul, mais impossible de l’éviter.
- Oh ! … Bonjour Sandra lui dis-je d’un ton froid.
- Ça fait un bail qu’on ne s’est pas vu. Comment vas-tu ?
- Bien…et toi ? Nicolas m’a dit que tu as divorcé.
- C’est la vie. J’ai appris qu’il avait une maîtresse, je ne l’ai pas supporté.
- Nicolas m’a raconté, le soir où vous vous êtes vus.
- Oui, samedi dernier, je pensais aussi te voir, Nicolas m’a dit que tu gardais ta sœur souffrante. Au fait comment va-t-elle ?
Troublée, je ne sais pas quoi lui répondre, j’en bafouille :
- Mieux… oui… Elle va mieux, merci.
- C’était sympa de sa part, il a été parfait, j’avais besoin d’un conseil pour mon nouveau job… grâce à lui, tout s’est bien passé. Je commence dans une semaine. Tu as un mari en or.
« Ben voyons ! » » pensé-je en entendant Sandra l’encenser. J’essaie de garder mon calme :
- Ah bon, il ne m’a rien dit.
- C’est un peu technique, pour le boulot, pas passionnant. On a dîné vite fait, il m’a gentiment raccompagnée. Je crois que tu lui manquais déjà.
- Tu ne l’as pas invité à boire un verre chez toi ?
- Et puis quoi, après je l’aurais mis dans mon lit ? dit-elle en éclatant de rire.
- …- Nicolas est la fidélité même, pas comme mon mari. Il m’a beaucoup parlé de toi, de vous, de vos projets, toujours aussi amoureux, je ne l’imagine pas te tromper. Ni toi non plus d’ailleurs, je ne te vois pas passer la nuit avec un amant. C’est l’homme idéal, je n’ai pas su le garder, veinarde.
Je reste sans voix.
- Excuse-moi je suis pressée. Donne mon bonjour à Nicolas. Il faudra qu’on déjeune ensemble un de ces jours.
Sandra me fait la bise et part vers le métro en se dépêchant.
Ouf, je respire, il n’y a rien entre eux… Je me suis fait tout un cinéma… Mais… Mais… Qu’a-t-il fait alors jusqu’à une heure du matin ?
Quelle conne ! Elle n’allait pas me dire avoir couché avec mon mari. Elle s’est bien foutue de moi. Et moi qui leur ai laissé le champ libre samedi prochain. Voilà pourquoi il n’a rien dit, pourquoi il m’a laissé décider. Ils vont se revoir, c’est certain.
Pas question !
---oOo---
En arrivant chez elle, sa décision est prise. Dans la soirée, profitant du moment où Nicolas s’est installé pour regarder les informations à la télévision, Marie ferme la porte de la cuisine et appelle Julien pour décommander sa soirée :
- Je crois que nous ne devons plus nous voir, jamais, ajoute-t-elle rapidement.
- …- J’aime mon mari, je ne veux pas le tromper… C’est bête non ?
- …- Au club c’était différent, on ne se connaissait pas… et il était là. Je ne veux pas d’un amant.
- …- Excuse-moi, ne cherche plus à me joindre. Adieu.
Elle raccroche, enfin délivrée du poids qui l’oppressait. Rangeant son téléphone, elle rejoint Nicolas sur le canapé du salon. Sans faire attention à ce qu’il est en train de regarder, Marie lui prend la télécommande des mains et éteint la télé. Devant son air ébahi, sans un mot, elle pose ses lèvres sur les siennes, un baiser tendre et passionné. Tous naturellement les mains de Nicolas trouvent le chemin de ses courbes. Elle se fait câline, un tourbillon les emporte.
Ils terminent dans leur chambre, ce qu’ils ont commencé dans le salon.
---oOo---
Le fameux samedi arrive.
Marie n’a rien dit. Nicolas ne sait pas qu’elle a annulé son rendez-vous avec Julien. Elle veut le surprendre. Vers 19 heures, en sortant de la douche, une serviette autour de la taille, une autre sur la tête, elle l’interpelle :
- Chéri, tu ne t’habilles pas ? Nous allons être en retard. Lui dit-elle, un petit sourire en coin.
- Pourquoi ? Tu ne devais pas aller au restaurant, avant de passer une nuit d’enfer ?
- Si bien sûr, c’est ce que j’espère.
- Donc ce soir, tu désires que je t’accompagne.
- Tu ne veux pas ? Tu avais peut-être prévu autre chose.
- Oui… une bière devant la télé.
- Ah bon ! Pas de rendez-vous avec Sandra.
- Pas ce soir… Mais Julien est d’accord pour que je t’accompagne ?
- Pourquoi parles-tu de Julien ? Nous sortons tous les deux.
- ? …- Quand il a appelé, tu m’as dit de décider, j’ai décidé. Ce soir, c’est avec toi que je veux sortir. J’ai réservé pour 8 heures, j’ai eu tort ?
- Et… Julien ?
- C’est fini Julien, y a plus de Julien, y a jamais eu de Julien, il n’a jamais excité…- …- Et toi, Sandra ?
- Je ne sais pas, … On pourrait la présenter à Julien.
Marie regarde Nicolas sans savoir s’il est sérieux ou pas, et d’un coup éclate de rire en se jetant dans ses bras :- Je t’aime mon chéri.
- Moi non plus.
Nicolas prend Marie dans ses bras. En l’embrassant, ne voulant pas lui faire de cachotterie, il pense « Demain, je lui dirais pour Sandra », tandis que Marie ne voulant pas faire de cachotterie à Nicolas pense « Demain, je lui dirais pour Julien ».
La soirée fut romantique. La nuit fut longue, ou plutôt elle fut très courte.
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1 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Un couple bien heureux jeune et amoureux mine de rien ils auraient puent glisser dangereusement et aller vers irréparable ,le hasard a bien fait les choses lors de la rencontre avec Sandra ,ce qui a remis les pendules à l heure et à éveillée cette femme qui aller sombrer dans l adultère cette fois voulue par elle