T'as vu ? Sans les mains (13)

- Par l'auteur HDS lelivredejeremie -
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Récit libertin : T'as vu ? Sans les mains (13) Histoire érotique Publiée sur HDS le 27-10-2023 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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T'as vu ? Sans les mains (13)
***** 25 *****

Maman, ce matin

Je devais m’y attendre, mais au petit déj’, j’ai quand même recraché ma gorgée de thé quand maman, étonnamment mutique jusque-là, a enfin lâché sa bombe.

- Tu étais trop fatigué hier soir pour gonfler le matelas d’appoint ? Ou tu as voulu m’épargner le surcroît de travail de rangement ?
- Jeee…
- Note qu’en dormant tête-bêche, à deux dans un lit d’une personne, ça reste jouable…
- Mamaaan…
- Quoi, ‘maman’ ? Je constate, c’est tout. Déjà que la pauvre Lucrezia a été reléguée sur le canapé, puis le fait que les deux oreillers sont à la tête de ton lit… Je suis surprise, puis un peu déçue…
- Si vous me permettez, et pour ce que ça vaut, Jérémie m’a surprise, moi aussi ! a dit Lucrezia, précipitamment. Et peut-être un peu maladroitement. ‘’J’aimerais que le garçon qui dira m’aimer en fasse autant qu’il n’en a fait pour Nico, il y a trois mois, c’était juste cinquante kilos d’insécurité, je ne l’avais jamais entendu rire, et il avait même oublié comment on sourit… Jérémie est un garçon bien, et je ne dis pas ça de grand monde, vous savez ! Mais j’ai capté qu’il y a tant de valeurs humaines en lui…’’
- Je suis là, hein, Lucrezia, a murmuré Nicolas… ‘’Mais, elle a raison. Et ce n’est peut-être pas ce que vous espériez, mes parents non plus, aucun parent, je crois… Et ce qui est encore plus difficile que de s’accepter, c’est de voir la déception dans leur regard… Et pour ce que je sais de lui, je suis sûr que c’est ce qu’il ressent maintenant. Mais on ne choisit pas, vous savez, on ne l’a pas voulu, ça s’est fait comme ça… Et pour ce que ça vaut aussi, Jérémie est plus qu’un garçon bien, il y a en lui autant de force que de gentillesse, j’ai appris à aimer toutes ses qualités, puis à l’aimer, lui… ‘’

Les larmes lui montaient aux yeux, et son menton s’est mis à trembler, il s’est levé et est parti à grands pas dans le jardin, suivi par Lucrezia. Je ne l’avais jamais entendu parler autant, ni avec tant de conviction, c’est probablement ce qui m’a empêché de réagir assez vite.

- Hm… J’ai fait fort, là, a soufflé maman. ‘‘Jérémie, attends …’’ a-t-elle soufflé alors que je me levais pour les rejoindre. ‘’Assieds-toi un instant, et… Regarde-moi, s’il te plait. Je me suis mal exprimée, je… Bon, oui, j’ai été surprise, mais comprends-moi, aussi, c’est surtout de l’apprendre ainsi… Puis déçue, mais de moi-même, de n’avoir jamais soupçonné, alors que les indices étaient là. Et aussi… un peu de toi, quand même…
- Oui, j’imagine, je suis désolé. Maman…
- Désolé de quoi ? D’être qui tu es ? D’aimer qui tu aimes ? Je n’ai jamais regretté de l’avoir fait, moi, comment pourrais-je te le reprocher ? Nous n’en avons jamais trop parlé, mais tu l’as compris, mes parents ne voulaient pas de ton père… Imagine, une fille de notaire et un ouvrier, Portugais de surcroît, même en 1997… Mais quand on traîne une mentalité d’un siècle avant…
- Oui, tu as perdu tes parents à cause de lui, puis de moi…
- Je n’ai rien perdu ! Au contraire, j’ai tellement gagné ! Ton père était l’homme le plus merveilleux du monde, huit ans après… qu’il soit parti, il n’est pas un jour sans que je pense à lui, et si je pleure parfois, je finis toujours par sourire en me souvenant d’un geste, un mot, une attention… Et tu lui ressemble tant !
- J’ai quand même le nez de papy De Spiegeleir, ai-je soufflé dans une tentative pathétique pour légèrement dédramatiser la situation, sinon pour cacher ma gêne.
- Et mes yeux, oui, mais oublie ce nom, tu es Jérémie Figueira da Silva, ça a autrement plus de classe ! Et non, je parlais de son caractère, sa personnalité… Bon, tu es bien un peu plus introverti, mais je comprends mieux, là. Oh ! Que de temps perdu, à te voir triste, mélancolique… Je ramenais ça au départ de papa, alors que, par une coïncidence malheureuse, c’était probablement l’époque où tu te… découvrais.
- …
- Et j’aurais dû voir les signes. Mais ce que Nicolas et Lucrezia ont dit de toi, je le sais depuis longtemps, et je n’en ai jamais douté, crois-moi… Et aussi, quand je dis que je suis déçue, de moi et un peu de toi, c’est parce que… Oh ! mon bonhomme… Il n’y avait plus que nous deux, et j’imaginais… je ne sais plus trop… que nous avions une plus grande complicité, puis que tu avais suffisamment confiance en moi. J’ai raté pas mal de choses, on dirait.
- Tu n’as rien raté ! Quand je te dis que tu es la meilleure des mères, c’est pas des paroles en l’air, tu l’es !
- Arrête, tu vas aussi m’envoyer pleurer dans le jardin, et il n’est pas assez grand pour deux fontaines. D’ailleurs, tu devrais peut-être aller voir comment va Nicolas, puis le rassurer. Allez, va !
- Hmmm… Je vais encore me prendre un coup de poing sur l’épaule de Lucrezia avant d’avoir ouvert la bouche, mais ça vaudra la peine.
- Comme ils l’ont dit à tour de rôle… pour ce que ça vaut… il faut parfois souffrir quand on aime, et il y a bien pire, et plus durable, qu’une ecchymose. Attends d’avoir vécu plus que la… douloureuse vexation d’un dix sur vingt à un partiel, pour ton égo de petit mâle.
- En tout cas, en plus des yeux, je sais de qui je tiens mon cynisme.
- Tu m’en remercieras un jour… a-t-elle conclu.

J’ai rejoint Nicolas et Lucrezia congelés tout au fond du jardin, près du grillage qui avait un peu limité leur éloignement, autant que la crainte de tomber sur un écureuil carnivore, dont Manu leur avait très sérieusement expliqué la veille qu’ils étaient des prédateurs aussi cruels que redoutables… Et je leur ai résumé ma conversation d’il y a une minute…

- Ta maman t’aime, sa réaction était normale, il a murmuré, avec un sourire toujours un peu triste.
- Elle est quand même cash, et pour que moi, je dise ça… Mais j’admire évidemment, hein ! a concédé Lucrezia.
- Vous êtes toutes les deux fortes, j’ai de la chance de l’avoir, comme Nicolas en a d’avoir une amie comme toi.
- Tu ne m’auras pas avec tes belles paroles, Jérémie… euh… Fig ? Fag ? Fug ? Je retiens pas ton nom…
- Vaine tentative de déstabilisation. Mais comme je sais que tu stalkes mon book of faces et mon insta, control freak et obsessionnelle comme tu l’es, je suis persuadé qu’il est en toutes lettres dans le répertoire de ton phone depuis qu’on se connait.
- Y a pas la place pour toutes les lettres. J’ai mis Jérémie Faggot (*)
- C’est de bonne guerre, je t’ai enregistrée comme Lucrezia Borgia, pour l’espérance de vie potentiellement limitée à te fréquenter…
- Hmmm… Je dois t’accorder un truc, tu sais parler aux meufs ! Il se pourrait… peut-être… qu’un jour, dans un moment de faiblesse ou d’ébriété, je… te laisse évoluer vers mon premier cercle.
- Comme ceux de l’Enfer de Dante ? Je me situe où, là ? Le huitième, ruse et trahison ?
- Je ne sais toujours pas si tu fais du bien au petit ou si tu le pervertis, mais nan, le deuxième, la luxure.
- Touché…
- Maieuuuh… Encore une fois, vous parlez comme si je n’étais pas là, a soupiré Nico.
- J’ai envie de te dire tant de choses, Nicolas, mais pas en présence de Miss T-Rex…

Lucrezia a levé un poing menaçant…


(*) Faggot : payday en argot anglo-saxon

***** 26 *****

Maman, ce matin (suite)

Les hétéros n’y arrivent apparemment pas, et il est assez illusoire de croire qu’on y arriverait plus facilement en étant gay, ce sont deux galaxies trop lointaines, il faut se faire une raison, on ne saura jamais, même un tant soit peu, gérer les femmes. A plus forte raison, nos mères… Ni comprendre leur mode de raisonnement, ni le moins du monde prévoir leur comportement.

A peine étions nous rentrés, maman a dévoilé des réserves inattendues de diplomatie, que j’ai imaginée patiemment thésaurisée faute d’avoir été trop souvent distribuée sur la population locale, ma mère un peu ourse ne frayant que très peu avec les indigènes. Elle avait pris Nicolas à part, et de ce que j’avais capté des murmures, avait présenté son idée de ce qui s’approche le plus d’excuses pour sa réaction ‘peut-être légèrement bourrue’… Je lui découvrais un sens de l’euphémisme encore inconnu.

- Jérémie, il est presque onze heures, je te rappelle que tu as invité Gianfranco et Aurélie, les courses ne vont pas se faire toutes seules.
- Les c… ? On est dimanche, maman.
- On n’est pas en ville, il n’y a pas de dimanche ici. Va à la ferme Denooz, j’ai commandé des magrets de canard à Marguerite, puis un cageot de légumes de saison au vieux Gustave.
- Mais on est en hiver, c’est quoi les légumes de saison ?
- En quatre mois à manger dieu sait quoi au self de la cité U, tu as oublié ? Je vais préparer une salade de bettes et d’endives, puis un gratin de champignons, même à son âge, Gustave court tous les jours la campagne.

Lucrezia m’a fait de grands yeux qui disaient ‘Qu’attends-tu ? Va’. Isolées, elles gagnaient déjà, en équipe, je n’avais aucune chance…

- O…kaaay ! Tu viens, Nicolas ? Je te montr…
- Nicolas et Lucrezia restent ici, je voudrais… Nous devons parler.
- C’est bon, je… vas-y, a-t-il dit timidement.

Maman m’a accompagné à la porte, et devant mon regard inquiet, elle m’a murmuré ‘’Mon chéri, je t’aime plus que tout, je ne te ferai jamais de mal, ni à ceux que tu aimes, je ne vais pas les manger, mais tu es si secret, et même quand tu te décides à parler… je réalise que tu as toujours gardé tellement de choses pour toi que j’ai l’impression de ne pas connaitre des parts entières de toi. Alors… je voudrais juste un moment avec eux, puis… comprendre, tu vois ?’’

J’ai opiné de la tête, sans un mot, relativement confiant. En commençant à calculer… Huit kilomètres jusque chez Denooz… Dix minutes, plus cinq autres sur place… Foncer chez Mr Perpète, blabla, et revenir… Lucrezia pourrait probablement défendre Nicolas une demi-heure, même face à maman.

(***)

La demi-heure, c’était sans tabler sur le fait que les vieux, à la campagne, ils comptent sur chaque visite pour faire le plein de nouvelles du vaste monde ! C’est-à-dire, tout ce qui dépasse un cercle de vingt kilomètres autour du village… J’ai dû expliquer – deux fois – à quoi ressemblait ma vie à la fac, puis surtout en quoi consistait mon cursus, et sa finalité qui leur échappait absolument… Puis même trois fois, en fait, vu que Gustave Perpète devient vraiment très sourd. Après une heure et dix minutes, et trois appels sans réponse à Nicolas, j’ai franchi la porte, m’attendant au pire…

Pour le retrouver, avec un grand sourire.

Maman et Lucrezia étant en grande conversation, comme de vieilles amies, je l’ai pris à part.

- Ça a été ?
- Désolé, ta maman m’a dit de ne pas répondre, leçon de vie pour toi, elle a dit. Et oui, je… Oui, vraiment, c’était bien, j’aime beaucoup ta maman. En fait, elle ressemble pas mal à la mienne, elle s’inquiète pour toi, juste qu’elle ne le montre pas autant, mais sinon…
- Vous avez parlé de quoi pendant une heure ?
- Un peu de toi, mais au final, on n’a pas tellement parlé, on… Comme je te cadre un peu, ça va t’embarrasser…
- Ben, ça me fait même un peu peur, là…
- Non, faut pas ! En fait, oui, elle a quand même beaucoup parlé de toi, puis elle a montré plein de photos.
- Oh nooon !
- Tu n’y échapperas pas non plus avec la mienne, je pense, j’aurai aussi un grand moment de solitude, tu seras vengé, mais c’est rien, ça, surtout…

Il m’a regardé très sérieusement, j’ai juste osé lui jeter un regard interrogateur, mais bon, il avait rarement autant parlé, puis aussi sincèrement.

- Il y en a plein avec ton papa, j’ai pris l’album en mains et… tu vas trouver ça bête mais… dans ma tête, je lui ai demandé s’il acceptait que je t’aime, puis que je fasse tout pour que… toi aussi… et j’ai cru voir qu’il me faisait un clin d’œil.

(***)

Il y a huit ans.

Le crématorium de Welkenraedt. Un autre coin de campagne désolé, battu par un vent froid d’hiver… Il pleuvinait. Le blabla du curé qui débitait des banalités au sujet d’un homme qu’il n’avait pas connu. Mes grands-parents portugais qui soutenaient maman. Mes grands-parents belges, raides et dignes, à quelques mètres. Moi qui jouais au petit homme, sans peut-être trop bien réussir, au final.

Les trois longues heures à attendre, maman entourée de ses beaux-parents, de Rachel et Manu le garde-chasse, et de quelques amies, dont Sarah, la mère de Gian, puis lui, inhabituellement calme, indéfectiblement fidèle et solide. Mes autres grands-parents, distants. La dispersion des cendres. Maman, un peu chancelante, qui s’appuyait sur moi…

(***)

Huit ans que je n’avais plus pleuré, mais c’est un peu trop, là, trop d’émotion, puis trop d’amour, maman, puis Nicolas… Je me suis abandonné dans ses bras.

J’ai raconté papa, comment à huit ans j’avais adopté son accent pour parler… Que pendant des années j’ai fait semblant d’aimer le foot pour l’accompagner suivre les matchs du FC Eupen éternel relégué… Que je n’ai jamais retrouvé le goût de sa caldeirade de peixe, simplement parce que je n’ai jamais voulu en goûter une autre… Que je me chantonne encore parfois A Baleia pour m’endormir… Que… papa, quoi.

Maman, ce midi

- Tu savais, Gianfranco ? Et Sarah aussi ?
- Jeee… suis désolé, Marianne, ça fait juste deux mois que Jérémie me l’a confié, s’est-il justifié ‘’Et pour maman, j’ai demandé à Jérémie si je pouvais le lui dire et… voilà, quoi. Mais faut pas lui en vouloir si elle n’a rien dit’’
- Ça fait près de vingt ans que je connais ta maman, elle est une des rares personnes qui ne m’aient jamais déçue, ne t’inquiète pas. Mais dis-moi, a-t-elle soufflé avec un sourire malicieux ‘’elle sait que je sais ?’’
- J’ai juste dit que Jérémie venait avec des potes de fac…
- Parfait ! Je vais l’inviter à manger un truc sous prétexte de lui dire un… grrrand secrrret, juste pour voir sa réaction, a-t-elle dit.
- J’imagine qu’elle fera semblant de ne pas être au courant, elle est douée pour ce genre de trucs…
- Si je peux me permettre, perso, je trouve ça plutôt amusant, a dit Lucrezia.

Maman et elle ont souri, puis tendu le poing et se sont fait un check à travers la table.

Ma mère fait des checks… O…kaaay !

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