T'as vu ? Sans les mains (8)

- Par l'auteur HDS lelivredejeremie -
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Récit libertin : T'as vu ? Sans les mains (8) Histoire érotique Publiée sur HDS le 14-10-2023 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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T'as vu ? Sans les mains (8)
***** 15 *****

Gianfranco, il y a un mois

- … alors voilà, quoi, bon anniversaire, bello !
- Presque dix-huit ans qu’on se connait. En maternelles, je t’avais adopté, petit truc fragile que tu étais, et même, je…
- J’ai assez entendu cette histoire pour le reste de ma vie, merci, Gian !
- Dont combien d’années à me prendre des cadeaux moches pour mon anniv’ ?
- Autant que pour le mien, et c’était ton idée ! Mais avoue que je me suis appliqué.

De fait, ça fait quatre ans qu’il m’a imposé les ‘laids cadeaux’, moins de dix boules (le ticket de caisse faisant foi), un vêtement, un bibelot, ce qu’on voulait, mais particulièrement… ben oui, moche. Avec obligation de soit le porter soit l’exposer. Je lui ai successivement trouvé un vieux fer à boucler les cheveux chez Cash Convertors (alors qu’il les a plus courts que mes poils pubiens), un pull avec un Pikachu (mal) tricoté par une grand-mère à jamais inconnue, une coque de gsm avec un neko (mâle, enfin… mâle…) et un t-shirt ‘je ne suis pas gay mais 50€ c’est 50€’. Victoire 4 à 0 !

- Tu avais une question, bello ?
- Ben justement, d’où tu tires soudain l’argent pour un week-end au Center Park, toi ? Et pourquoi tu nous paies le séjour ?
- Mon job d’étudiant, peut-être, Gian ? Et le pourquoi, c’est ton anniversaire, mais avec un cadeau pour moi, te voir en moule-bite.
- Le mien ne me paie pas ça, je demande même pas comment tu te fais tant de fric, tu sautes la gérante ? Ou plutôt son mari, ce serait plus logique. Puis t’es sympa d’inviter Auré, mais mon moule-bite, c’est juste pour elle, mate ton mec, toi. Au fait, il sera là, mister Gros Nul ?
- Je respecte Aurélie, t’inquiète. Et non, il ne… non.
- Autant tu as traîné avant de t’outer, autant tu t’es dépêché de te trouver un mec, mais au détriment de ton jugement, faut dire. Benne ça, Jérémini, crois-moi…
- C’est fait, de commun accord, disons… Sauf que c’est un peu lui qui m’a benné.
- Pas plus mal, tu vas te trouver une nouvelle bite, avec un cerveau au-dessus, cette fois. J’en connais une à qui ça va faire plaisir.

Venant d’un autre, je l’aurais mal pris, mais c’est lui…

Puis c’est vrai qu’elle est cool, Aurélie ! Et surtout, elle kiffe trop Gianfranco, mon meilleur, mon fidèle… mon seul. Et si je ne peux pas l’aimer, je… disons que je l’aime à travers elle.

La première fois, c’était l’année dernière, à l’anniversaire de ses vingt ans, il venait de la rencontrer, j’avais joué au mec bourré… Facile, je ne bois jamais, j’avais ostensiblement pris cinq vodkas-Red Bull dont j’avais jeté l’essentiel dans des plantes et j’étais allé m’écrouler dans un coin de sa chambre.

Quand ils étaient arrivés, je les avais entendus murmurer…

- Chuuut ! Jérémie dort, il ne sait pas ce que c’est, faut pas le traumatiser.
- C’est chou, mais on ne va pas faire l’amour avec lui à deux mètres, quand même ?
- Ça m’excite plutôt, tu vois ?
- Moi, ça me gêne un peu.
- J’ai trop envie de toi, Auré ! Il roupille, là, il est rebou, au mieux ça lui fera des rêves…

Dans ma prétendue soûlographie, j’avais vu Gian l’embrasser partout, la posséder, s’agiter et jouir en elle, le torse fièrement dressé, comme j’ai trop souvent rêvé qu’il me le fasse, de se retirer, glorieux et toujours raide, de retirer la capote et le jeter dans sa salle de bain privative de fils unique et adoré, et de revenir avec une demi-molle que j’avais imaginé avaler, le nettoyer… juste pour qu’il ne pisse pas en biais le lendemain, quoi…

Mais il n’avait pas tort, ça m’en a fait, des rêves, endormi et éveillé, où il envahissait mon corps, et s’écroulait sur moi en gémissant …

Et aussi, c’est surtout que l’argent de Marc pue un peu. Donc, les deux jours au Center Park, ben… Rétribution, quoi.

Surtout pour lui, sa présence pas toujours discrète, mais continuellement rassurante, jusqu’à m’y abandonner, puis le laisser parler pour moi. Aux institutrices. ‘Madame Alice, Jérémie voudrait plutôt faire l’arbre du fond pour la pièce de l’école’. Aux petits harceleurs de cour de récré. ‘Vous le touchez, vos mères ne vous reconnaîtront plus’… Si je le lui avais avoué plus tôt, il aurait été cap’ de me soutenir si j’aurais eu le courage de le dire à ma mère, son bras sur mon épaule ’Jérémie a un truc à vous avouer, et c’est pas facile pour lui’… J’aurais dû le lui demander…

(…)

Au Center Parc, j’ai réservé un bungalow avec une chambre, le canapé du living me suffisait. J’avais bien pensé coller l’oreille à leur porte, j’y ai renoncé. A quoi bon me torturer… J’avais désormais les deux meilleurs amis du monde, donc plus de chance que beaucoup d’autres.

Nicolas et Lucrezia, il y a trois semaines

A l’avant-dernier rang de l’amphi, pendant le cours d’Economie de la Mondialisation, regard à gauche et à droite, juste deux étudiants, derrière moi, mais à cinq mètres, c’est bon. Marc avait posté la vidéo ‘post-prod’ comme il dit prétentieusement - un grand mot pour son montage maladroit - sur Porn.Hub, et nous en avait envoyé l’url, que j’avais consciencieusement ignoré pendant une semaine. J’ai hésité un instant et me suis brièvement demandé combien d’étudiants bouffaient le wifi de la fac pour mater du porn à cet instant, probablement plusieurs, puis surtout, ma conscience avait admis bien pire depuis trois mois.

Mes headphones sur les oreilles, j’ai presque directement perdu conscience d’où j’étais, la voix monotone du prof a laissé la place aux nôtres qui récitaient les dialogues ridicules de Marc. Sur l’écran de mon ordi, je me suis vu m’approcher du lit où Leo était déjà allongé, y poser un genou et me pencher vers son sexe dont je me suis rappelé l’odeur et le léger goût du gel de douche à la mûre, à 1’17’’ l’image s’est calée sur le bas de mon dos et a glissé sur mes fesses et son sexe sur lequel, à grands renforts de lube, je me suis lentement empalé… et à nouveau, l’impression de ressentir le contact physique de son corps dans le mien… A 4’23’’, il m’a retourné, j’ai vraiment cru sentir ses mains sur ma taille pour me caler sur le dos, puis sur mes chevilles qu’il a jetées sur ses épaules… A 7’35’’, j’ai descendu les jambes sur sa taille… Les coupures et les changements de position de la caméra de Marc m’ont rappelé que la vidéo avait demandé cinq plans-séquence successifs… A 14’36’’ je jouis soi-disant spontanément…

A peine suis-je sorti de ce rêve éveillé, qu’une main s’est posée sur mon épaule. J’ai sursauté et viré mon casque audio.

La fille et le mec qui étaient à cinq mètres se sont rapprochés en silence, et elle m’a demandé cash si c’était réaliste, ça, vu que son pote… best… petit protégé qui l’accompagne voudrait savoir mais n’ose pas me poser la question. ‘’Le muet, c’est Nicolas, et moi, c’est Lucrezia’’

Je l’ai supposée étrangement sympa, puis lui, terriblement mignon, dans le genre plus innocent que je ne serai plus jamais, tendre, joli sans prétention, blond et pâle, timide, au sourire discret…

Sauf qu’ils m’avaient vu mater du porn !

- Jeee… pense pas que ce genre de truc soit jamais très réaliste, j’ai dit ‘’Puis je me suis un peu grillé sur le coup, je compte sur votre discrétion’’
- Tu peux compter sur la mienne, elle a dit, puis sur celle de Nico, il kiffe les zizis, alors… Bon, il est un peu en manque de câlins, là, je lui cherche un copain, a-t-elle dit, avant d’ajouter qu’il avait un goût de m***e pour les mecs… Nicolas a doucement grogné, pour la forme.

On a mangé ensemble à un des selfs du campus, Lucrezia a fait l’essentiel de la conv’, mais j’avoue que j’ai surtout regardé Nicolas, dont le regard fuyant se posait pourtant régulièrement sur moi.

Après trente minutes de repas et de conversation sur des sujets aussi divers que les mangas, plat préféré, les séries Netflix, slip ou boxer, Dylan Sprayberry ou O’Brien… Lucrezia a murmuré au mutique Nicolas, assez fort pour que je l’entende ‘’Il est peut-être bien, lui, il te plait ?’’

J’avoue que j’ai attendu sa réponse avec un peu d’angoisse.

Il a murmuré ‘‘je crois’’ et ces deux mots m’ont fait plus plaisir que tout ce que Tom et Leo m’avaient jamais dit. Puis physiquement, il est tellement leur contraire… et surtout, tellement le clone de l’Adrien de Miraculous, puis de Maxxie dans Skins, qui s’étaient partagé la place dans mon imaginaire… tellement tout… qu’il me plait, forcément.

***** 16 *****

Thomas, il y a 15 jours

Le mardi est ma plus longue journée de cours, 8h30-20h30, coupée bien sûr, mais c’est looong ! Alors la moindre distraction…

‘Glouips’ ! Un texto. De Nicolas ? Vite, déverrouiller et… Eeeh merde ! Après plus de trois mois et une dizaine de messages ignorés, Thomas…

<< Ça va, mon petit chat ?>>

Non mais il me fait quoi, lui ? Il ne m’a jamais appelé ainsi. Surtout, ne pas réagir !

<< Mon petit ChatNoir, j’aurais dû écrire… Lordbug va bien ? >>

Oh nooon ! Pas… ça…

<< Je suis en cours, là ! Et depuis le temps, t’as pas capté que c’est fini >>
<< Easy peasy, my little Jeremie, on peut se parler comme de vieux amis >>
<< De quoi ? >>
<< Me dis pas que tu n’as pas capté l’allusion >>
<< Non. Mais bon, où, quand ? Puis tu effaceras définitivement mon numéro >>
<< Ben, ici, et tout de suite, je vois ton écran de portable éclairé du fond de l’auditoire >>

J’ai tourné la tête pour voir sa silhouette adossée au mur, à côté des portes. Comment… ? Je me suis levé et ai remonté les marches, je l’ai attrapé par le coude et l’ai tiré hors de la salle.

- Qu’est-ce que tu fais ici ? Et déjà, comment tu as su où j’étais ?
- Ça, c’était facile, Pierre Boutefeu, tu connais ?

Pierre du Cercle Homo Etudiant… J’ai consacré cinq secondes bien inutiles à me demander si j’aurais obtenu un minimum de loyauté de sa part si je lui avais accordé ce qu’il voulait à la piscine du centre sportif… Probablement même pas.

- Il ne mérite pas trop son nom, il n’incendie rien, c’est à peine une étincelle… Mais il suce pas trop mal, puis il avale sans grimacer, lui. Il a même dit ‘vitaaamiiines’ en souriant, ce con ! Après, quand j’ai appris qu’il était à la fac, comme tu ne réponds pas à mes textos, je lui ai offert la meilleure pipe de sa vie, le doigt sur sa petite glande à bonheur… Ce mec est nettement sous-baisé, mais en même temps, personne ne voudrait se le faire deux fois, quelle tache… Si tu es passé dessus, tu l’as surement entendu couiner comme une truie…
- Non, jamais, et ton histoire ne m’intéresse pas. On peut venir au fait, s’il te plait ? J’ai une vie, moi.
- Bah, simple, j’ai négocié mes seize centimètres dans son cul contre ton programme de cours, il a couru à son ordi et me l’a imprimé avant de se foutre à quatre pattes… Et me voilà. Sans ça, tu n’aurais pas été facile à trouver, mon petit chat noir…
- Je m’en fous, de ce mec, je demandais de quoi tu veux parler, Thomas.
- Thomaaas ? J’ai l’impression d’entendre ma mère, puis un peu son perpétuel ton de reproche… Tu vois très bien de quoi je parle, ChatNoir et Lordbug… J’ai reconnu ton Leo sur les vidéos, puis toi, malgré le masque, je connais ta carcasse, Jérémie, j’en ai vu… puis eu en bouche, miam… chaque partie, de tes oreilles à tes orteils…
- Ça m’a toujours plu assez moyen que tu me baves dessus, tu sais, puis ton foot fetish à la con, j’ai jamais trouvé ça trop normal…
- Il n’y a pas que ça, je reconnaîtrais ta jolie petite queue entre mille, puis ta façon de gémir et tes petits oh-oh-oh-oh-oooooh…

Il a un peu tiré la gueule quand je lui ai répliqué qu’avec lui, je simulais…

- Sinon je capte toujours que pouic de ce que tu dis, Tom, tu veux quoi ?
- Bah, déjà te dire que ton connard de LordBug, je me l’étais fait le jour où tu m’as jarté, si tu savais pas encore…
- Je sais, oui, Leo me l’avait dit, puis que t’es pas un très bon coup, je le savais déjà. Et alors ? Lui et moi, on n’est plus ensemble t’façon. Puis tu vas lui dire quoi ? Que, quelques fois, tu as essayé péniblement de me baiser ou que tu as agité ton cul sur ma… jolie petite queue, comme tu dis élégamment, mais que tu es aussi mou de la prostate et de la bite que Pierre ? Il a remarqué. Et autant que je te le dise, on s’est quittés en bon termes, nous.

J’ai vu de l’étonnement dans ses yeux, qu’il a vite effacé pour afficher un sourire faux-cul.

- On calme le jeu, balle au centre. J’ai… peut-être pas toujours été… très… attentif à ton plaisir, mais avoue que t’étais aussi réactif qu’une bûche. Là, on dirait que tu as affiné ta technique, puis… tu me plaisais, il y a des trucs qui ne changent pas.
- Clair ! Comme je suis persuadé que tu n’as pas trop changé toi-même, ni ta… technique, Tom. Et j’imagine bien que je te plaisais, tu bandais dès que je te touchais, même si ça ne durait jamais très longtemps. Mais là, c’est quoi ton trip ? Me récupérer ? Tu rêves, mec.
- Je crois que je pourrais retrouver ta maison sur google maps, puis l’itinéraire… J’aurais des trucs à raconter à ta mère.
- Tu délires, mon pauvre Tom, mais je t’en prie, fais ça… Après ta performance de… conseiller en tourisme chez nous, elle m’avait demandé ce que je te trouvais, j’ai décidé de faire mon CO, ai-je bluffé. ‘’Pas le truc le plus marrant du monde pour elle ni pour moi, mais ça devenait ridicule de me cacher. Et pour ce que tu sous-entends depuis tout à l’heure, mais tu noteras que je ne confirme rien clairement, elle n’a jamais rencontré Leo, puis il y a longtemps que ma mère ne me donne plus mon bain, tu t’es assez moqué de ce que sois trop pudique, ça fait des années qu’elle n’a plus qu’une idée assez vague de ma physionomie sans vêtement, hein… Mais surtout, je sais qu’elle m’aime, peut-être bien plus que la tienne, que tu as trop déçue. Elle t’a dit que je l’ai croisée il y a deux mois ? J’imagine que oui, on a surtout parlé de toi, elle a été charmante, on dirait qu’elle me regrette encore plus que toi, s’il faut te croire, surtout ma… euh… ah oui, ma bonne influence, elle a dit. Je n’ai pas pu me résoudre à encore charger sur la déception qu’elle ressent déjà, mais je pourrais aussi m’abaisser à ton niveau et m’assurer qu’elle ajoute misérable maître-chanteur à la liste de tes défauts. Alors connecte tes trente neurones encore actifs et demande-toi ce que tu aurais à gagner à te compliquer la vie’’.

Il a tapé du talon comme un enfant gâté et est parti.

Je m’étais débarrassé d’un problème immédiat, mais le souci principal persistait. Maman…

Je lui ai donné – totale transparence – l’identifiant de mon profil-étudiant sur l’intranet de la fac, avec le mdp, et je la soupçonne de s’y connecter au moins une fois par semaine, et que ce soit pour mes résultats aux évaluations régulières ou aux partiels, je reçois immanquablement un texto sobre ‘’C’est bien, j’ai toujours su que tu es brillant, je suis si fière de toi’’. Et à chaque fois, je me dis qu’il y a ce qu’elle ne sait pas encore, et qui va profondément la décevoir.

D’un autre côté, il y a Nicolas. Que… je commence peut-être à… apprécier ?

J’ai décidément une petite mise au point à faire, et pas dans dix ans.

Même avec le masque, cet abruti de Tom m’a reconnu, puis évidemment avec Leo sur l’écran… La probabilité que Gian soit tombé par accident sur les vidéos était évidemment moins que marginale, mais le monde est petit, et le monde gay, plus encore, avec cet abruti de Tom, l’info aurait au moins fuité dans le microcosme rainbow de la ville… De là à ce que Pierre l’ait appris, que leur rencontre ait réveillé son intérêt envers moi, et par ricochet, pour d’autres anciens du lycée… Puis Gian est sur le campus, et il a rencontré Leo...

J’ai décidément bien fait de mettre le truc au point avec lui.

J’avais bien conscience de peut-être un peu trop psychoter, mais également des réalités parfois cruelles que sont l’effet papillon et les enchainements de malchances. Tôt ou tard…

Le principe numéro un de maman, c’est la franchise. Les idées brillantes de mon meilleur, dans lesquelles je le suivais évidemment, ne l’étaient pas toujours trop, et sous réserve qu’elle n’en parle pas aux parents de Gian, je les lui ai toujours avoués spontanément, quitte à parfois me prendre seul la punition, heureusement souvent différée grâce à mon respect dudit principe.

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