T'as vu ? Sans les mains (3)
Récit érotique écrit par lelivredejeremie [→ Accès à sa fiche auteur]
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-10-2023 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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T'as vu ? Sans les mains (3)
***** 5 *****
Gianfranco et Aurélie, il y a 3 mois
Le déclic a été un appel de Gianfranco, mon fidèle, et d’Aurélie, qui disaient vouloir qu’on se fasse une pizza. J’ai grogné un truc genre ‘’Un vrai repas, avec des vrais amis ? Je me rappelle plus trop, il faudra me donner le temps de me réhabituer’’. J’ai surement semblé un peu trop dépressif, deux jours plus tard, ils étaient à la sortie du bâtiment B52.
Quand je me suis approché, Gian a hurlé ‘Hello, bello, tu rayonnes’ avant qu’Aurélie lui tape un coude dans les côtes et dise ‘Non, il est pas bien, là’, et j’ai réalisé qu’elle serait toujours infiniment plus perspicace que lui…
(…)
La carte de membre du Cercle Homo Etudiant est sur la table depuis une minute, Aurélie a très vite admis, d’un clin d’œil confident, ce que Gianfranco n’a pas encore entièrement assimilé.
- Question idiote, il a dit ‘’je vois les petits point couleur rainbow, mais c’est quoi, en clair ?’’
- Le cercle homo étudiant de l’unif et des hautes écoles, normal que tu… que vous ne connaissiez pas.
- Tu… es… ? Je suis quoi pour toi, pour que tu aies attendu dix-huit longues années pour me le dire ?
- Je le sais pas depuis les maternelles, non plus.
- Quand même… Et donc, t’as un mec, là ?
- Il y a… un garçon, il… ne me fait pas trop de bien au final, et… Désolé, Aurélie, ai-je dit en pointant mon entrejambe, ‘’je ne parle pas que de… ça.’’
- J’avais compris, elle a dit, avant de murmurer ‘’Benne-le, il te rend vraiment trop triste’’
- C’est prévu, oui… ce week-end, je vais...
Aurélie est la fille la plus franche que je connaisse… Après que Gian ait annoncé devoir faire ‘pleurer le colosse’, ce qui m’avait fait sourire, et avait fait lever les yeux au ciel à sa copine, elle m’a fixé, et m’a dit très posément ‘’Vous avez ce truc, j’ai rarement vu ça entre deux mecs. Alors… ?’’
- Non, je n’ai jamais imaginé ce que tu penses peut-être, et ça n’arrivera jamais’’. Elle m’a calculé quelques instants puis a ajouté ‘’Je te crois… et c’est bien. J’espère qu’on sera amis’’
- J’aimerais beaucoup’’ avais-je conclu, sincère.
(***)
J’ai menti à maman, et pas seulement sur mes préférences, même sur un paquet de trucs, et j’ai un peu honte. Le déplacement géographique de mon job d’étudiant n’a jamais doublé mon salaire horaire, comme je l’avais laissé croire. Puis les sorties avec Tom ont plombé mon budget déjà rikiki. Parce qu’il est flamboyant, lui ! En public, je veux dire, parce que pour le reste…
A part les baises sordides dans les toilettes de bars gay, neuf fois sur dix c’est chez lui, quand ses parents sont absents, et neuf fois sur dix, je suis brimé. Quand je lui faisais l’amour, il se fait plaiz’ en quelques minutes pour bâcler le truc, et dans la configuration inverse, je dois également me finir à la main alors qu’il était déjà sous la douche…
Et il me le reproche…
Dans le bus, sur le chemin vers mon job d’étudiant, j’ai bien dû admettre que les ambitions de Tom étaient finalement très limitées : debout, au Gaypard, à me mendier – ou à beaucoup trop d’autres mecs - des verres qu’en fils de bourges, il aurait pu largement se payer… Assis, à attendre l’ouverture de nouvelles cartes dans son jeu vidéo, évidemment single-player, mais aussi, même dans la vraie vie, très vite je n’ai plus été qu’un PNJ dans son monde… Puis couché, à exiger la parité des rôles, sans arriver à m’offrir le dixième du plaisir qu’à ses réactions visuelles et sonores, j’ai pourtant bien conscience de lui donner. En résumé, un coup pas terrible, égoïste, puis surtout, je l’ai vite capté, potentiellement capable de me tromper. Je me suis demandé quelques secondes quand j’étais devenu insensible… pour vite conclure que même en m’appliquant, je le serais probablement toujours moins que lui. Puis qu’à la liste de ses défauts, je devais ajouter la manipulation, heureusement limitée en dangerosité par l’intelligence moyenne du garçon.
Pourtant, il était sage de rester prudent, un rat acculé trouve l’énergie de sauter au visage. Je devais préparer le terrain.et m’assurer de m’en sortir avec le beau rôle. J’ai ma fierté, aussi…
A peu près certain de me faire jeter, je lui avais tout de même envoyé un texto provocateur à l’abus, par sécurité < On se voit ce soir, j’ai envie de te faire couiner, à ta 3è éjac, tu vas mendier que je te mette la faciale de ta vie >. Pure bravade, naturellement. Sa réponse ne s’est pas fait attendre…
< Avec ce que tu as dans le boxer ? Pas aujourd’hui, déso-pas-déso > Attitude aussi puérile que la mienne, bien sûr, mais additionnée de mauvaise foi… Contre-attaque.
< T’es chiant. Demain, je te cloue à ton matelas l’après-midi, puis si tu peux encore marcher, le soir c’est l’anniv d’Eddy au Gaypard, on va se foutre de sa gu… Et je te paierai peut-être un verre >
< Nan, l’aprèm’, j’ai un truc, puis mes grands-parents à dîner, faich’, mais le soir, ouais, ça pourrait être marrant ! OK, 21h ? >
Tellement prévisible, aussi. Puis comme souvent, méchant. J’ai vite effacé de mon esprit le léger regret de ne pouvoir profiter une dernière fois de son corps avant de l’effacer, lui, de ma vie.
Puis j’aime bien Eddy, moi. Il est… gentil, puis pas vraiment… aussi nul que Tom ne le pense. La deuxième fois où j’étais entré au Gaypard, il avait tenté sa chance et bon… plus du double de mon poids et de mon âge, quatre fois moins de cheveux, une tête de moins que moi… Puis sans tomber dans l’élitisme sapio-sexuel, un QI inférieur à son nombre de centimètres au-dessus du mètre en taille. Mais… ouais, gentil.
Je vais même voir s’il n’y a pas des macarons soldés au magasin, je gratterai proprement le collant ‘-50%’ et cadeau ! Il aime les sucreries, Eddy. Le pari tacite – et peu charitable – entre habitués du lieu est de deviner s’il mourra d’une cirrhose ou du diabète. Je ne suis pas cruel, je me dis juste que ça lui fera plaisir, puis que j’ai besoin de lui et de ses potes dans mon plan d’extraction.
***** 6 *****
Tom, il y a 3 mois
Je suis arrivé au bar avant l’heure prévue avec Tom, sans macarons, mais avec une barquette de choux à la crème couverts de chocolat, sensiblement les mêmes bombes caloriques, mais surtout, avec la même réduction, et pour un euro quatre-vingt-neuf, je me gagnais la sympathie éternelle, sinon jusqu’à sa mort hypothétiquement lointaine – quoiqu’une soirée de survie me suffirait – du birthday boy. J’ai distribué quelques bises et sourires, pour terminer au bar.
- Ed, Edd, Eddy, ça va, les gars ? Bon anniversaire, bello, ai-je lancé, en lui tendant la barquette de plastique transparent, maintenant légèrement maculée de chocolat fondu.
Les prénoms des deux autres abrutis du dessin animé ne sont évidemment pas ceux de ses compères, que je ne me suis jamais vraiment donné la peine de retenir… Ils devaient déjà être là avant qu’on construise le bâtiment autour d’eux, cent cinquante ans à trois, que la légende locale aime imaginer dormir dans le même lit.
- Jeeey ! a gémi Eddy, ‘’Tu y as pensé, c’est trop gentil !’’ Il s’est tourné vers ses compagnons d’infortune sexuelle et a ajouté ‘’Il est top, ce garçon, il n’a qu’un défaut… il cale sur les jeunes mecs décérébrés’’, avant de me jeter un regard faussement réprobateur.
- Eddy, on a dit pas de chantage affectif, on vaut mieux que ça, tous les deux, non ?
- Soit ! Oh, si tu m’avais connu à vingt ans…
- T’étais comment ? a demandé Ed. Ou était-ce Edd ?
- Moi, je te connaissais déjà, tu n’as pas changé, a cruellement répondu le troisième compère.
Je les ai laissés à leurs chicaneries et me suis dirigé vers le fond de la salle pour la deuxième partie de mon plan rusé…
- Hey, Raph’ ! me suis-je exclamé, comme si je le remarquais seulement, avant qu’il me fasse un de ses sourires faux-cul.
Eddy n’a pas vraiment tort, je suis gentil, je déteste peu de monde, il y a juste trois noms sur ma liste de sales cons, et celui de Raphaël y apparait deux fois... La proportion de good guys / bad guys est plus qu’inversée dans ses registres personnels, il n’aime personne, et s’il avait un minimum d’honnêteté intellectuelle, il ne s’aimerait pas non plus. Mais il désire plein de mecs, particulièrement ceux qu’il n’a pas encore eus, dont Tom et moi. D’où l’idée de faire d’une pierre deux coups.
- P’tite bite ne te suit pas ?
- Sois pas méchant, Raph, c’est pas toi, tu es bien mieux que ça… Tom est… Enfin, c’est compliqué, ai-je murmuré en prenant un air faussement affligé, pour remarquer que son regard de prédateur s’allumait. J’ai pincé les lèvres en biais, je lui ai serré l’épaule d’un air faussement complice, et ai continué mon chemin vers les toilettes, en me disant qu’en quelques mots, j’avais ravivé son intérêt pour les futures pièces détachées de notre couple bancal.
En entrant dans la pièce carrelée de vert-pâle-beurk, un garçon occupait l’urinoir central. L’idée de m’exposer à ses côtés m’a effleuré l’esprit, puis j’y ai renoncé, ce soir, un maximum de mecs devraient quitter le bar brimés, Tom, Raph, puis pourquoi pas ce mec qui…
- Je n’ai pas respecté l’étiquette des toilettes, désolééé, il a dit en tournant la tête vers moi.
- Ben non, effectivement, c’est gauche ou droite, jamais au centre… Mais secoue-toi tranquille, je peux attendre quelques secondes.
- C’est con, t’aurais pu mater, puis moi... Puis t’aurais kiffé, moi aussi, je suis sûr, t’es cute, totalement mon type ! Et moi, je serais ton genre de mec ?
- Euh… il faut un peu plus que juste ça, tu vois.
- Aaah ! OK, oui. Genre câlins avant-après ? Ou parler ? Je peux tout faire ! Moi, c’est Leonardo, mes autres prénoms c’est câlin-bavard-bon-coup.
- Enchanté, moi, c’est ‘pressé’, puis j’ai un truc à faire, là. Désolé aussi.
Même d’où j’étais, je comprenais qu’il faisait trop lentement, trop longtemps, glisser ses doigts sur son sexe. ‘’Les dernières gouttes…’’, il a dit. J’ai grogné que le mec qu’il lèverait lui en serait reconnaissant.
Il s’est retourné la bite toujours à l’air, appétissante, si je suis honnête, puis a reboutonné son jeans, et est sorti avec un sourire flottant.
En retournant dans le bar, j’ai repéré Thomas dans l’embrasure de la porte. J’ai hâté le pas et, pour rameuter mon public, j’ai soufflé à Raphaël ‘’tu m’offres un verre ?’’ en glissant lentement le bout de l’index sur sa joue jusqu’à la commissure de ses lèvres, puis j’ai rejoint les trois petits cochons, sachant trop bien que Mr Sale Con me collerait de près. Suivi peu après par mon futur ex. ‘’Oh ! Tu es venu’’ lui ai-je dit.
- Le programme était intéressant, il a grimacé.
- Le… programme ? Tu te doutes de… ce que je… je voulais te dire ? ai-je bafouillé, certain d’avoir capté l’attention de Raph. ‘’Nous… ça le fait pas, c’est peut-être de ma faute, je sais pas…’’
Ed, Edd et Eddy se sont retournés. ‘’Je ne suis pas un mec pour toi, Tom. Tu… mérites mieux’’
Le silence s’étend sur deux mètres. ‘’Tu mérites d’être heureux, je te rends ta liberté…’’
Un peu théâtral sans doute, mais toujours moins qu’il ne le serait lui-même. Ses yeux lancent juste des éclairs, et je sens tellement bien qu’il crève d’envie de me dire que c’est lui qui me benne, mais ça lui est désormais impossible, les langues de pute – à commencer par Raph - vont vite répandre l’info dans la petite communauté… Mais quoi ? Là, Tom est de retour sur le marché des culs à prendre, les désespérés peuvent recommencer à rêver, et je me taille la réputation d’avoir été le premier à le jarter tout en étant resté correct et franc avec lui, tout le monde est gagnant, non ?
J’ai quitté le bar avec un masque d’humilité et de tristesse… pour croiser sur la terrasse le mec des toilettes.
- C’est ton… Enfin, c’était ton mec, lui ? Oh merde…
- Merci de compatir, mais faut pas.
- Non, c’est pas… Euh… Laisse tomber. En tout cas…
Il a calé sa clope au coin de ses lèvres, a lentement applaudi puis a murmuré ‘’L’Oscar du meilleur acteur est attribué à…’’
- Que veux-tu dire ?
- Rien, belle performance, mais là, je te demande juste ton prénom.
- Ben, Oscar, forcément, ai-je dit avant de m’éloigner, l’air cette fois aussi insouciant que possible.
Gianfranco et Aurélie, il y a 3 mois
Le déclic a été un appel de Gianfranco, mon fidèle, et d’Aurélie, qui disaient vouloir qu’on se fasse une pizza. J’ai grogné un truc genre ‘’Un vrai repas, avec des vrais amis ? Je me rappelle plus trop, il faudra me donner le temps de me réhabituer’’. J’ai surement semblé un peu trop dépressif, deux jours plus tard, ils étaient à la sortie du bâtiment B52.
Quand je me suis approché, Gian a hurlé ‘Hello, bello, tu rayonnes’ avant qu’Aurélie lui tape un coude dans les côtes et dise ‘Non, il est pas bien, là’, et j’ai réalisé qu’elle serait toujours infiniment plus perspicace que lui…
(…)
La carte de membre du Cercle Homo Etudiant est sur la table depuis une minute, Aurélie a très vite admis, d’un clin d’œil confident, ce que Gianfranco n’a pas encore entièrement assimilé.
- Question idiote, il a dit ‘’je vois les petits point couleur rainbow, mais c’est quoi, en clair ?’’
- Le cercle homo étudiant de l’unif et des hautes écoles, normal que tu… que vous ne connaissiez pas.
- Tu… es… ? Je suis quoi pour toi, pour que tu aies attendu dix-huit longues années pour me le dire ?
- Je le sais pas depuis les maternelles, non plus.
- Quand même… Et donc, t’as un mec, là ?
- Il y a… un garçon, il… ne me fait pas trop de bien au final, et… Désolé, Aurélie, ai-je dit en pointant mon entrejambe, ‘’je ne parle pas que de… ça.’’
- J’avais compris, elle a dit, avant de murmurer ‘’Benne-le, il te rend vraiment trop triste’’
- C’est prévu, oui… ce week-end, je vais...
Aurélie est la fille la plus franche que je connaisse… Après que Gian ait annoncé devoir faire ‘pleurer le colosse’, ce qui m’avait fait sourire, et avait fait lever les yeux au ciel à sa copine, elle m’a fixé, et m’a dit très posément ‘’Vous avez ce truc, j’ai rarement vu ça entre deux mecs. Alors… ?’’
- Non, je n’ai jamais imaginé ce que tu penses peut-être, et ça n’arrivera jamais’’. Elle m’a calculé quelques instants puis a ajouté ‘’Je te crois… et c’est bien. J’espère qu’on sera amis’’
- J’aimerais beaucoup’’ avais-je conclu, sincère.
(***)
J’ai menti à maman, et pas seulement sur mes préférences, même sur un paquet de trucs, et j’ai un peu honte. Le déplacement géographique de mon job d’étudiant n’a jamais doublé mon salaire horaire, comme je l’avais laissé croire. Puis les sorties avec Tom ont plombé mon budget déjà rikiki. Parce qu’il est flamboyant, lui ! En public, je veux dire, parce que pour le reste…
A part les baises sordides dans les toilettes de bars gay, neuf fois sur dix c’est chez lui, quand ses parents sont absents, et neuf fois sur dix, je suis brimé. Quand je lui faisais l’amour, il se fait plaiz’ en quelques minutes pour bâcler le truc, et dans la configuration inverse, je dois également me finir à la main alors qu’il était déjà sous la douche…
Et il me le reproche…
Dans le bus, sur le chemin vers mon job d’étudiant, j’ai bien dû admettre que les ambitions de Tom étaient finalement très limitées : debout, au Gaypard, à me mendier – ou à beaucoup trop d’autres mecs - des verres qu’en fils de bourges, il aurait pu largement se payer… Assis, à attendre l’ouverture de nouvelles cartes dans son jeu vidéo, évidemment single-player, mais aussi, même dans la vraie vie, très vite je n’ai plus été qu’un PNJ dans son monde… Puis couché, à exiger la parité des rôles, sans arriver à m’offrir le dixième du plaisir qu’à ses réactions visuelles et sonores, j’ai pourtant bien conscience de lui donner. En résumé, un coup pas terrible, égoïste, puis surtout, je l’ai vite capté, potentiellement capable de me tromper. Je me suis demandé quelques secondes quand j’étais devenu insensible… pour vite conclure que même en m’appliquant, je le serais probablement toujours moins que lui. Puis qu’à la liste de ses défauts, je devais ajouter la manipulation, heureusement limitée en dangerosité par l’intelligence moyenne du garçon.
Pourtant, il était sage de rester prudent, un rat acculé trouve l’énergie de sauter au visage. Je devais préparer le terrain.et m’assurer de m’en sortir avec le beau rôle. J’ai ma fierté, aussi…
A peu près certain de me faire jeter, je lui avais tout de même envoyé un texto provocateur à l’abus, par sécurité < On se voit ce soir, j’ai envie de te faire couiner, à ta 3è éjac, tu vas mendier que je te mette la faciale de ta vie >. Pure bravade, naturellement. Sa réponse ne s’est pas fait attendre…
< Avec ce que tu as dans le boxer ? Pas aujourd’hui, déso-pas-déso > Attitude aussi puérile que la mienne, bien sûr, mais additionnée de mauvaise foi… Contre-attaque.
< T’es chiant. Demain, je te cloue à ton matelas l’après-midi, puis si tu peux encore marcher, le soir c’est l’anniv d’Eddy au Gaypard, on va se foutre de sa gu… Et je te paierai peut-être un verre >
< Nan, l’aprèm’, j’ai un truc, puis mes grands-parents à dîner, faich’, mais le soir, ouais, ça pourrait être marrant ! OK, 21h ? >
Tellement prévisible, aussi. Puis comme souvent, méchant. J’ai vite effacé de mon esprit le léger regret de ne pouvoir profiter une dernière fois de son corps avant de l’effacer, lui, de ma vie.
Puis j’aime bien Eddy, moi. Il est… gentil, puis pas vraiment… aussi nul que Tom ne le pense. La deuxième fois où j’étais entré au Gaypard, il avait tenté sa chance et bon… plus du double de mon poids et de mon âge, quatre fois moins de cheveux, une tête de moins que moi… Puis sans tomber dans l’élitisme sapio-sexuel, un QI inférieur à son nombre de centimètres au-dessus du mètre en taille. Mais… ouais, gentil.
Je vais même voir s’il n’y a pas des macarons soldés au magasin, je gratterai proprement le collant ‘-50%’ et cadeau ! Il aime les sucreries, Eddy. Le pari tacite – et peu charitable – entre habitués du lieu est de deviner s’il mourra d’une cirrhose ou du diabète. Je ne suis pas cruel, je me dis juste que ça lui fera plaisir, puis que j’ai besoin de lui et de ses potes dans mon plan d’extraction.
***** 6 *****
Tom, il y a 3 mois
Je suis arrivé au bar avant l’heure prévue avec Tom, sans macarons, mais avec une barquette de choux à la crème couverts de chocolat, sensiblement les mêmes bombes caloriques, mais surtout, avec la même réduction, et pour un euro quatre-vingt-neuf, je me gagnais la sympathie éternelle, sinon jusqu’à sa mort hypothétiquement lointaine – quoiqu’une soirée de survie me suffirait – du birthday boy. J’ai distribué quelques bises et sourires, pour terminer au bar.
- Ed, Edd, Eddy, ça va, les gars ? Bon anniversaire, bello, ai-je lancé, en lui tendant la barquette de plastique transparent, maintenant légèrement maculée de chocolat fondu.
Les prénoms des deux autres abrutis du dessin animé ne sont évidemment pas ceux de ses compères, que je ne me suis jamais vraiment donné la peine de retenir… Ils devaient déjà être là avant qu’on construise le bâtiment autour d’eux, cent cinquante ans à trois, que la légende locale aime imaginer dormir dans le même lit.
- Jeeey ! a gémi Eddy, ‘’Tu y as pensé, c’est trop gentil !’’ Il s’est tourné vers ses compagnons d’infortune sexuelle et a ajouté ‘’Il est top, ce garçon, il n’a qu’un défaut… il cale sur les jeunes mecs décérébrés’’, avant de me jeter un regard faussement réprobateur.
- Eddy, on a dit pas de chantage affectif, on vaut mieux que ça, tous les deux, non ?
- Soit ! Oh, si tu m’avais connu à vingt ans…
- T’étais comment ? a demandé Ed. Ou était-ce Edd ?
- Moi, je te connaissais déjà, tu n’as pas changé, a cruellement répondu le troisième compère.
Je les ai laissés à leurs chicaneries et me suis dirigé vers le fond de la salle pour la deuxième partie de mon plan rusé…
- Hey, Raph’ ! me suis-je exclamé, comme si je le remarquais seulement, avant qu’il me fasse un de ses sourires faux-cul.
Eddy n’a pas vraiment tort, je suis gentil, je déteste peu de monde, il y a juste trois noms sur ma liste de sales cons, et celui de Raphaël y apparait deux fois... La proportion de good guys / bad guys est plus qu’inversée dans ses registres personnels, il n’aime personne, et s’il avait un minimum d’honnêteté intellectuelle, il ne s’aimerait pas non plus. Mais il désire plein de mecs, particulièrement ceux qu’il n’a pas encore eus, dont Tom et moi. D’où l’idée de faire d’une pierre deux coups.
- P’tite bite ne te suit pas ?
- Sois pas méchant, Raph, c’est pas toi, tu es bien mieux que ça… Tom est… Enfin, c’est compliqué, ai-je murmuré en prenant un air faussement affligé, pour remarquer que son regard de prédateur s’allumait. J’ai pincé les lèvres en biais, je lui ai serré l’épaule d’un air faussement complice, et ai continué mon chemin vers les toilettes, en me disant qu’en quelques mots, j’avais ravivé son intérêt pour les futures pièces détachées de notre couple bancal.
En entrant dans la pièce carrelée de vert-pâle-beurk, un garçon occupait l’urinoir central. L’idée de m’exposer à ses côtés m’a effleuré l’esprit, puis j’y ai renoncé, ce soir, un maximum de mecs devraient quitter le bar brimés, Tom, Raph, puis pourquoi pas ce mec qui…
- Je n’ai pas respecté l’étiquette des toilettes, désolééé, il a dit en tournant la tête vers moi.
- Ben non, effectivement, c’est gauche ou droite, jamais au centre… Mais secoue-toi tranquille, je peux attendre quelques secondes.
- C’est con, t’aurais pu mater, puis moi... Puis t’aurais kiffé, moi aussi, je suis sûr, t’es cute, totalement mon type ! Et moi, je serais ton genre de mec ?
- Euh… il faut un peu plus que juste ça, tu vois.
- Aaah ! OK, oui. Genre câlins avant-après ? Ou parler ? Je peux tout faire ! Moi, c’est Leonardo, mes autres prénoms c’est câlin-bavard-bon-coup.
- Enchanté, moi, c’est ‘pressé’, puis j’ai un truc à faire, là. Désolé aussi.
Même d’où j’étais, je comprenais qu’il faisait trop lentement, trop longtemps, glisser ses doigts sur son sexe. ‘’Les dernières gouttes…’’, il a dit. J’ai grogné que le mec qu’il lèverait lui en serait reconnaissant.
Il s’est retourné la bite toujours à l’air, appétissante, si je suis honnête, puis a reboutonné son jeans, et est sorti avec un sourire flottant.
En retournant dans le bar, j’ai repéré Thomas dans l’embrasure de la porte. J’ai hâté le pas et, pour rameuter mon public, j’ai soufflé à Raphaël ‘’tu m’offres un verre ?’’ en glissant lentement le bout de l’index sur sa joue jusqu’à la commissure de ses lèvres, puis j’ai rejoint les trois petits cochons, sachant trop bien que Mr Sale Con me collerait de près. Suivi peu après par mon futur ex. ‘’Oh ! Tu es venu’’ lui ai-je dit.
- Le programme était intéressant, il a grimacé.
- Le… programme ? Tu te doutes de… ce que je… je voulais te dire ? ai-je bafouillé, certain d’avoir capté l’attention de Raph. ‘’Nous… ça le fait pas, c’est peut-être de ma faute, je sais pas…’’
Ed, Edd et Eddy se sont retournés. ‘’Je ne suis pas un mec pour toi, Tom. Tu… mérites mieux’’
Le silence s’étend sur deux mètres. ‘’Tu mérites d’être heureux, je te rends ta liberté…’’
Un peu théâtral sans doute, mais toujours moins qu’il ne le serait lui-même. Ses yeux lancent juste des éclairs, et je sens tellement bien qu’il crève d’envie de me dire que c’est lui qui me benne, mais ça lui est désormais impossible, les langues de pute – à commencer par Raph - vont vite répandre l’info dans la petite communauté… Mais quoi ? Là, Tom est de retour sur le marché des culs à prendre, les désespérés peuvent recommencer à rêver, et je me taille la réputation d’avoir été le premier à le jarter tout en étant resté correct et franc avec lui, tout le monde est gagnant, non ?
J’ai quitté le bar avec un masque d’humilité et de tristesse… pour croiser sur la terrasse le mec des toilettes.
- C’est ton… Enfin, c’était ton mec, lui ? Oh merde…
- Merci de compatir, mais faut pas.
- Non, c’est pas… Euh… Laisse tomber. En tout cas…
Il a calé sa clope au coin de ses lèvres, a lentement applaudi puis a murmuré ‘’L’Oscar du meilleur acteur est attribué à…’’
- Que veux-tu dire ?
- Rien, belle performance, mais là, je te demande juste ton prénom.
- Ben, Oscar, forcément, ai-je dit avant de m’éloigner, l’air cette fois aussi insouciant que possible.
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