Crise de la quarantaine (04)
Récit érotique écrit par Sylvainerotic [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Crise de la quarantaine (04)
Suite des aventures de Guillaume. Pas de sexe, mais des éléments importants pour l’histoire.
N’hésitez pas à me contacter si vous avez aimé ou si vous avez des questions, ou si vous souhaitez des photos des personnages ; je reponds toujours
==
Inutile de dire que je vois arriver les vacances de Noel avec soulagement. Ca me fera une distraction bienvenue. Avec Arthur les choses se sont calmées. Il n’est pas rancunier et moi non plus. Mario sera en congé pendant une semaine. Et je dois dire que j’ai toujours aimé l’esprit de Noel. A tout age. Etant enfant, puis adulte. Maintenant il y a la magie à partager avec les enfants bien sur. Même s’ils grandissent.
Gérer Noel n’a jamais été facile car il faut faire avec nos deux familles. Mais très vite, nous avons établi des règles simples. Nous passons toujours le 24 et le 25 avec les parents de Mario. Il est fils unique… difficile pour ses parents de concevoir un Noel sans lui. Et puis nous nous rendons chez mes parents quelques jours après en général pour un repas de famille.
Cette année nous accueillons les parents de Mario chez nous. Plus pratique, un peu plus grand. Sans pour autant avoir 4 chambres. On leur laisse donc la notre et on partage le canapé lit avec Mario.
Je me laisse emporter par le tourbillon des fêtes. Tant mieux. Ca me change les idées. Les achats de cadeaux. La préparation des repas. On passe un très bon moment en famille. C’est un peu malheureux à dire mais je me sens maintenant mieux avec la famille de Mario qu’avec la mienne. Il y a plus de chaleur, de tolérance, de spontanéité. Antonio et Manuela sont bien pour les enfants. Ils savent s’y prendre. Les conversations sont intéressantes et prennent en compte les adultes et les enfants.
Il y a aussi toujours un peu de magie àvoir les enfants déballer leurs cadeaux. Voir leurs yeux briller. Cette année encore, notamment pour Arthur, on a appliqué la même logique : pour tout cadeau électronique genre jeu video, il y a aussi un cadeau plus traditionel, notamment un livre. Histoire de compenser et de faire passer les messages.
Quelques jours après Noel, il est temps de célébrer avec ma famille, sans le même enthousiasme. Avec le déménagement, on habite un peu plus loin, et mon père, qui vit maintenant seul en appartement ne peut pas nous héberger. On fait donc plus de deux heures de route pour aller déjeuner avec mon père et mon frère, et on fera le retour en fin de journée. Mon père nous invite au restaurant. Un endroit chic. Tout cela est formel, et manque cruellement de convivialité et d’affection.
Sur la route, les enfants font un peu la grimace, peu enthousiastes. Arthur glisse :
- Vous allez encore parler de politique et vous engueuler avec Papy ?
- Pas cette fois, promis
Mario et moi échangeons un regard plein de sous-entendus…
On se retrouve donc à déjeuner. Mon frère est là aussi. Mais sans sa femme et sa fille, car il vient de divorcer. Ca me fait de la peine de le voir comme ça seul pour Noel. Même si nous ne sommes pas proches. Avant le décès de ma mère, il y avait au moins un certain équilibre dans les conversations. C’était ma mère et moi d’un côté, et mon père et mon frère de l’autre. Maintenant l’équilibre est rompu.
Je suis en face de mon père, avec Lea à ma droite et mon frère à ma gauche. Mon père a Arthur à sa gauche et Mario à sa droite.
Le déjeuner se passe bien. On évite les sujets qui fachent. Entre deux bobos homos et deux mecs plutôt coincés. Tout est un peu froid et formel. Le déjeuner est très bon, mais trop chic. Les enfants s’ennuient à mourir. Je ne leur en veux pas. On a du se battre avec Arthur pour qu’il garde son portable dans sa poche au moins jusqu’au dessert. En attendant, il fait un peu la moue, le coude sur la table, le poing collé à sa joue.
Mon père essaie de lui poser des questions. Le genre qui énerve un ado : « qu’est ce que tu veux faire plus tard, etc. ». Arthur comme d’habitude répond juste « oui » « nan » « j’sais pas encore ». Ce qui énerve mon père, qui lache même : « regarde moi quand je te pose une question ». Au moment du dessert, j’autorise les enfants à quitter la table et Arthur à utiliser son portable. Ce qui irrite mon père : « pas tres bien élevé ce jeune homme ». Ce qui m’énerve encore plus. Je réponds juste sèchement : « il devient ado, c’est l’age… ».
On fait une promenade en famille après. Des conversations convenues. Mon père parle de son club de bridge, et de son prochain voyage organisé. Ce sont ses principaux passe temps depuis qu’il est veuf. Mon frère parle de son boulot. Des impôts. Et se plaint des consequences financières de son divorce. On me pose des questions sur mes recherches d’emploi. Et on me donne des conseils. Inutiles pour la plupart. En fin d’apres midi, mon père donne une enveloppe à Arthur et une autre à Lea. Avec beaucoup d’argent liquide dedans. Ils remercient sans vraiment sourire.
On se dit au revoir… Dans la voiture, je suis lâchement soulagé que la journée soit finie. J’éprouve une certaine affection pour mon père et mon frère. Mais nous sommes tellement différents. Je ne parviens pas vraiment à m’entendre avec eux. Je m’en veux toujours un peu. Mais à 40 ans, je n’ai toujours pas trouvé la solution…
Je redoute un peu la reprise et le mois de janvier. Le temps est gris. Je vais me remettre à chercher du boulot mais j’appréhende toutes ces journées seul à la maison qui m’attendent.
Mais le dimanche après midi, mon portable sonne. C’est mon frère au telephone. Sa voix est cassée
- Salut
- Salut… il est arrivé quelque chose… c’est Papa
- Quoi ?
- Il est mort
- Quoi ??
Je suis sous le choc. Je ne pleure pas
- Une crise cardiaque. Il n’est pas venu à son club de bridge et ne répondait pas à son portable. Des amis se sont inquiétés, et ont donc appelé la gardienne de l’immeuble qui l’a trouvé sur le sol ce matin, dans sa chambre. Il a du mourir hier
Je suis complètement choqué. Je l’avais vu il y a une semaine à peine. Il avait l’air en bonne santé. Je repose le téléphone et commence à pleurer doucement. Juste des larmes. Pas de sanglots. Malgré moi. Je n’étais pas vraiment proche de mon père. Est-ce que je l’aimais ? Un peu oui. Est-ce cela qui me fait pleurer ? Ou bien la réalisation que je ne l’ai peut être pas assez aimé et que maintenant c’est trop tard ? Est-ce le décès de ma mère qui resurgit ? Est-ce toute la déprime de ces derniers mois qui ressort ?
Toujours est il que je ne me contrôle pas vraiment. Les yeux encore humides, je l’annonce à Mario et aux enfants. Ces derniers sont assez grands pour comprendre, mais pas assez pour faire preuve d’empathie. Puis je pars me cacher dans ma chambre pour pleurer. Je ne sais toujours pas pourquoi je pleure.Tout est confus dans ma tête. J’ai l’impression que c’est juste la goûte d’eau qui fait déborder le vase.
Au bout d’une heure, Mario vient dans la chambre et me touche doucement
- Comment tu te sens ?
- Pas terrible...évidemment
- Il va falloir que tu t’occupes de l’enterrement et du reste maintenant. Je vais annuler mes déplacements pour garder les enfants
Je rappelle mon frère en fin de journée. Car il faut déjà gérer tous les aspects pratiques, comme l’enterrement et la succession. Mon frère me glisse d’ailleurs :
- J’espere que tu pourras m’aider cette fois. A la mort de maman, j’ai du m’occuper de tout
Je suis vexé, mais ne répond pas. Je sais qu’il a raison. J’avais souffert de la mort de ma mère, mais j’étais tres occupé, Arthur avait 2 ans, et Lea allait bientôt naitre. Entre mon chagrin, et m’occuper des enfants, je n’avais pas vraiment aidé… Je sais que cette fois-ci je dois être à la hauteur.
Je me rends donc chez mon père avec mon frère pour organiser l’enterrement. Il faut prendre contact avec de la famille, des amis, des anciens collègues. Pris dans les tourments de l’organisation, je n’ai pas trop le temps de cogiter. Cela me fait drôle d’être dans l’appartement de mon père. Entouré de ses objets personnels.
Le jour de l’enterrement, je ne me sens pas bien. Je suis triste. Triste pour mon père. Triste de ne pas l’avoir assez aimé. Triste qu’il ne m’ait pas assez aimé. Triste qu’il ait trompé ma mère. J’essuie quelques larmes. J’ai honte de pleurer devant mes enfants. Ces derniers semblent perdus. Mais cela fait partie de l’apprentissage de la vie. Comprendre le deuil. La mort. Mario s’occupe bien d’eux. Pendant l’enterrement, je regarde le haut plafond de l’église. C’est froid et triste. Mais il y a quelque chose de solennel. De mystique. Qui m’a toujours intrigué. Quelque chose d’apaisant aussi. Je ne suis pas croyant. Et mon père m’en a toujours voulu de ne pas avoir fait baptiser mes enfants. C’est mon choix. Pas le sien.
Pendant le service, alors que les mots du prêtre rebondissent sur moi comme autant de concepts inintéressants et sans fondement, je me sens observé. Je me retourne plusieurs fois et finit par repérer un homme seul, la cinquantaine, qui ne nous quitte pas des yeux, Mario, les enfants et moi. Je ne sais pas qui c’est. Je ne l’ai jamais vu. Ça arrive parfois. Quand des gens voient une famille homoparentale pour la première fois. Ils nous prennent pour des bêtes curieuses. J’ai l’habitude et n’y pense plus.
Pourtant, au cimetière, ça continue. Le même homme nous regarde en permanence. Il essuie quelques larmes. A la fin de la mise en terre, alors tout le monde s’éloigne, je le montre du doigt à mon frère, et lui demande par curiosité de qui il s’agit, il me dit qu’il n’en sait rien. Sûrement un ancien collègue ou un partenaire de bridge du coup. Je finis par ne plus y penser.
Dans les jours qui suivent, je m’occupe de toutes les paperasseries avec mon frère. On vide l’appartement, se partage quelques souvenirs, puis on décide de mettre en vente l’appartement.
On se retrouve chez le notaire. La succession est importante. Je vais recevoir pas mal d’argent. Je pense déjà à tout économiser et à placer. Je pense au futur des enfants. Je ne suis pas dépensier de toutes les façons. Et je n’ai pas du tout la tête à ça.
Il y a juste un dernier détail : que faire de la maison de mes parents à la mer? Mon frère y est attaché. Moi j’ai des sentiments mitigés. J’en garde des bons et des mauvais souvenirs. C’est dans cette maison que notre mère a terminé sa vie. J’y passé des étés mornes, mais aussi de de découverte, étant adolscent. On y a passé pas mal d’etes avec les enfants mais toujours en coup de vent, en s’évitant avec le reste de la famille. Mon premier réflexe serait donc de la vendre. Et puis je n’ai pas trop envie de payer les charges et les impôts, même en partageant avec mon frère. Ce dernier m’incite à réfléchir. De toutes les façons, il faudra d’abord aller nettoyer, se débarrasser de quelques objets, puis la mettre en vente. Nous sommes au mois de janvier, et on decide donc de remettre notre decision à plus tard.
Le retour à la normale… n’est pas normal. Les semaines qui suivent sont très difficiles. Il fait gris et froid. Je suis seul l’après-midi à la maison. Je porte le deuil de mes parents. Je ne les ai plus. Le prochain sur la liste, c’est moi. Surtout le deuil de ma mère, refoulé longtemps… je me rends compte que je ne l’ai jamais fait. Parce que j’étais trop heureux à ce stade de ma vie. Et je n’ai pas pris le temps de la réflexion.
La masturbation et le porno deviennent mon seul échappatoire pendant mes moments de solitude et de tristesse. Pendant plusieurs semaines, Mario et moi ne faisons pas l’amour. Nous n’avons pas le désir pour ça.
En février, dans l’espoir de faire davantage mon deuil, je me decide de me rendre sur la tombe de mes parents. Je pars tôt, aussitôt après avoir déposé les enfants à l’école, histoire d’être rentré à temps pour les récupérer. Ca parait bête de faire un aller retour sur la journée comme ça, mais je cherche des solutions à mes problèmes…
Quand je m’approche de la sepulture, je suis surpris de constater que quelqu’un est là, devant. C’est l’homme qui m’avait observé à l’enterrement. Il a l’air de se recueillir. Il ne m’a pas vu venir et il sursaute presque quand il me voit. Il a l’air gêné et ses yeux sont rouges
- Je vous ai vu a l’enterrement, je crois
- Oui.. je suis… un ancien collègue de votre père.. je vais vous laisser
Un peu trop ému pour un ancien collegue. Il ment c’est sur. Mais il s’eloigne. Et je n’ai pas envie de lui courir après. Je ne suis pas venu pour ça. Mais je suis vraiment intrigué.
Je passe un moment à regarder la tombe. Deux noms cote à cote. Deux dates de naissance. Deux dates de décès. Deux vies. Plutôt brèves. Est-ce cela qui m’attend ? Mourir jeune. Et mes enfants ?
Quelque part, aller sur cette tombe m’apaise. Cela met des choses, des mots sur ma douleur. Sur mes souvenirs. Je suis content d’être venu.
Quelques jours après, je reçois un email. Je ne reconnais pas l’expediteur. Un certain Arnaud.
=
Bonjour Guillaume,
Je suis vraiment désolé de vous envoyer cet email, qui doit vous paraitre venu de nulle part.
Nous ne nous connaissons pas, mais je suis celui que vous avez croisé au cimetière, sur la tombe de vos parents l’autre jour.
Maintenant que votre père est décédé, je crois qu’il est temps pour moi de partager avec vous certains éléments de sa vie privée. Je pense qu’il est important que vous sachiez certaines choses.
Je pense qu’il est plus simple de faire ça de vive voix, plutôt que par téléphone.
Je peux me déplacer chez vous quand ça vous arrange. Ou bien nous pouvons convenir d’un autre endroit, comme vous préférez.
Je comprends tout à fait que ce message puisse suciter de l’incompréhension et du rejet de votre part. Je ne souhaite pas vous imposer quoi que ce soit. Et sachez que je ne suis en aucun cas motivé par des histoires d’argent ou d’héritage dans ce cas précis.
Arnaud D.
PS : je n’ai pas pris contact avec votre frère, je pense qu’il est préférable de vous parler d’abord.
Je suis complètement surpris. De quoi s’agit il ? Que me veut ce type ? Je tire une conclusion : le type est plus âgé que mon frère et moi, mais pourrait être un fils caché de mon père. Comme il trompait maman, ça me paraît tout à fait possible. Je ne vois pas d’autre explication. J’hésite avant de répondre. Est-ce un piège ? L’email est toutefois bien écrit. Le Arnaud en question a l’air courtois.
J’en parle évidemment à Mario qui est tout aussi choqué que moi. Mais il me conseille de répondre. Je décide de rencontrer le fameux Arnaud dans les jours qui suivent. En terrain neutre. Je n’ai pas envie qu’il vienne chez moi. On ne se connait pas assez. On se rencontre donc à mi chemin, dans un restaurant banal.
Il est déjà là quand j’arrive. Il est assez élégant. Raffiné même. Environ 50 ans je dirais. L’ambiance est étrange. Je ne sais pas quoi dire. Ce n’est pas à moi de débuter. Lui n’est pas forcément plus à l’aise. Il se racle un peu la gorge
- Merci d’être venu. Je sais bien que mon email a du te surprendre… pardon vous surprendre
Je romps la glace
- On peut se tutoyer… j’ai l’impression qu’on a des histoires en commun
Je lui tends ainsi une perche
- Merci, c’est gentil. Je te prie de m’excuser pour le mensonge au cimetière. Je ne suis pas un ancien collègue de ton père
- Je m’en doutais un peu… son fils illégitime alors ?
Arnaud se fige. Choqué. Il ne s’attendait pas a ca. Puis il baisse légèrement les yeux et d’une voix basse ajoute :
- Non, son ancien amant
A suivre…
N’hésitez pas à me contacter si vous avez aimé ou si vous avez des questions, ou si vous souhaitez des photos des personnages ; je reponds toujours
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Inutile de dire que je vois arriver les vacances de Noel avec soulagement. Ca me fera une distraction bienvenue. Avec Arthur les choses se sont calmées. Il n’est pas rancunier et moi non plus. Mario sera en congé pendant une semaine. Et je dois dire que j’ai toujours aimé l’esprit de Noel. A tout age. Etant enfant, puis adulte. Maintenant il y a la magie à partager avec les enfants bien sur. Même s’ils grandissent.
Gérer Noel n’a jamais été facile car il faut faire avec nos deux familles. Mais très vite, nous avons établi des règles simples. Nous passons toujours le 24 et le 25 avec les parents de Mario. Il est fils unique… difficile pour ses parents de concevoir un Noel sans lui. Et puis nous nous rendons chez mes parents quelques jours après en général pour un repas de famille.
Cette année nous accueillons les parents de Mario chez nous. Plus pratique, un peu plus grand. Sans pour autant avoir 4 chambres. On leur laisse donc la notre et on partage le canapé lit avec Mario.
Je me laisse emporter par le tourbillon des fêtes. Tant mieux. Ca me change les idées. Les achats de cadeaux. La préparation des repas. On passe un très bon moment en famille. C’est un peu malheureux à dire mais je me sens maintenant mieux avec la famille de Mario qu’avec la mienne. Il y a plus de chaleur, de tolérance, de spontanéité. Antonio et Manuela sont bien pour les enfants. Ils savent s’y prendre. Les conversations sont intéressantes et prennent en compte les adultes et les enfants.
Il y a aussi toujours un peu de magie àvoir les enfants déballer leurs cadeaux. Voir leurs yeux briller. Cette année encore, notamment pour Arthur, on a appliqué la même logique : pour tout cadeau électronique genre jeu video, il y a aussi un cadeau plus traditionel, notamment un livre. Histoire de compenser et de faire passer les messages.
Quelques jours après Noel, il est temps de célébrer avec ma famille, sans le même enthousiasme. Avec le déménagement, on habite un peu plus loin, et mon père, qui vit maintenant seul en appartement ne peut pas nous héberger. On fait donc plus de deux heures de route pour aller déjeuner avec mon père et mon frère, et on fera le retour en fin de journée. Mon père nous invite au restaurant. Un endroit chic. Tout cela est formel, et manque cruellement de convivialité et d’affection.
Sur la route, les enfants font un peu la grimace, peu enthousiastes. Arthur glisse :
- Vous allez encore parler de politique et vous engueuler avec Papy ?
- Pas cette fois, promis
Mario et moi échangeons un regard plein de sous-entendus…
On se retrouve donc à déjeuner. Mon frère est là aussi. Mais sans sa femme et sa fille, car il vient de divorcer. Ca me fait de la peine de le voir comme ça seul pour Noel. Même si nous ne sommes pas proches. Avant le décès de ma mère, il y avait au moins un certain équilibre dans les conversations. C’était ma mère et moi d’un côté, et mon père et mon frère de l’autre. Maintenant l’équilibre est rompu.
Je suis en face de mon père, avec Lea à ma droite et mon frère à ma gauche. Mon père a Arthur à sa gauche et Mario à sa droite.
Le déjeuner se passe bien. On évite les sujets qui fachent. Entre deux bobos homos et deux mecs plutôt coincés. Tout est un peu froid et formel. Le déjeuner est très bon, mais trop chic. Les enfants s’ennuient à mourir. Je ne leur en veux pas. On a du se battre avec Arthur pour qu’il garde son portable dans sa poche au moins jusqu’au dessert. En attendant, il fait un peu la moue, le coude sur la table, le poing collé à sa joue.
Mon père essaie de lui poser des questions. Le genre qui énerve un ado : « qu’est ce que tu veux faire plus tard, etc. ». Arthur comme d’habitude répond juste « oui » « nan » « j’sais pas encore ». Ce qui énerve mon père, qui lache même : « regarde moi quand je te pose une question ». Au moment du dessert, j’autorise les enfants à quitter la table et Arthur à utiliser son portable. Ce qui irrite mon père : « pas tres bien élevé ce jeune homme ». Ce qui m’énerve encore plus. Je réponds juste sèchement : « il devient ado, c’est l’age… ».
On fait une promenade en famille après. Des conversations convenues. Mon père parle de son club de bridge, et de son prochain voyage organisé. Ce sont ses principaux passe temps depuis qu’il est veuf. Mon frère parle de son boulot. Des impôts. Et se plaint des consequences financières de son divorce. On me pose des questions sur mes recherches d’emploi. Et on me donne des conseils. Inutiles pour la plupart. En fin d’apres midi, mon père donne une enveloppe à Arthur et une autre à Lea. Avec beaucoup d’argent liquide dedans. Ils remercient sans vraiment sourire.
On se dit au revoir… Dans la voiture, je suis lâchement soulagé que la journée soit finie. J’éprouve une certaine affection pour mon père et mon frère. Mais nous sommes tellement différents. Je ne parviens pas vraiment à m’entendre avec eux. Je m’en veux toujours un peu. Mais à 40 ans, je n’ai toujours pas trouvé la solution…
Je redoute un peu la reprise et le mois de janvier. Le temps est gris. Je vais me remettre à chercher du boulot mais j’appréhende toutes ces journées seul à la maison qui m’attendent.
Mais le dimanche après midi, mon portable sonne. C’est mon frère au telephone. Sa voix est cassée
- Salut
- Salut… il est arrivé quelque chose… c’est Papa
- Quoi ?
- Il est mort
- Quoi ??
Je suis sous le choc. Je ne pleure pas
- Une crise cardiaque. Il n’est pas venu à son club de bridge et ne répondait pas à son portable. Des amis se sont inquiétés, et ont donc appelé la gardienne de l’immeuble qui l’a trouvé sur le sol ce matin, dans sa chambre. Il a du mourir hier
Je suis complètement choqué. Je l’avais vu il y a une semaine à peine. Il avait l’air en bonne santé. Je repose le téléphone et commence à pleurer doucement. Juste des larmes. Pas de sanglots. Malgré moi. Je n’étais pas vraiment proche de mon père. Est-ce que je l’aimais ? Un peu oui. Est-ce cela qui me fait pleurer ? Ou bien la réalisation que je ne l’ai peut être pas assez aimé et que maintenant c’est trop tard ? Est-ce le décès de ma mère qui resurgit ? Est-ce toute la déprime de ces derniers mois qui ressort ?
Toujours est il que je ne me contrôle pas vraiment. Les yeux encore humides, je l’annonce à Mario et aux enfants. Ces derniers sont assez grands pour comprendre, mais pas assez pour faire preuve d’empathie. Puis je pars me cacher dans ma chambre pour pleurer. Je ne sais toujours pas pourquoi je pleure.Tout est confus dans ma tête. J’ai l’impression que c’est juste la goûte d’eau qui fait déborder le vase.
Au bout d’une heure, Mario vient dans la chambre et me touche doucement
- Comment tu te sens ?
- Pas terrible...évidemment
- Il va falloir que tu t’occupes de l’enterrement et du reste maintenant. Je vais annuler mes déplacements pour garder les enfants
Je rappelle mon frère en fin de journée. Car il faut déjà gérer tous les aspects pratiques, comme l’enterrement et la succession. Mon frère me glisse d’ailleurs :
- J’espere que tu pourras m’aider cette fois. A la mort de maman, j’ai du m’occuper de tout
Je suis vexé, mais ne répond pas. Je sais qu’il a raison. J’avais souffert de la mort de ma mère, mais j’étais tres occupé, Arthur avait 2 ans, et Lea allait bientôt naitre. Entre mon chagrin, et m’occuper des enfants, je n’avais pas vraiment aidé… Je sais que cette fois-ci je dois être à la hauteur.
Je me rends donc chez mon père avec mon frère pour organiser l’enterrement. Il faut prendre contact avec de la famille, des amis, des anciens collègues. Pris dans les tourments de l’organisation, je n’ai pas trop le temps de cogiter. Cela me fait drôle d’être dans l’appartement de mon père. Entouré de ses objets personnels.
Le jour de l’enterrement, je ne me sens pas bien. Je suis triste. Triste pour mon père. Triste de ne pas l’avoir assez aimé. Triste qu’il ne m’ait pas assez aimé. Triste qu’il ait trompé ma mère. J’essuie quelques larmes. J’ai honte de pleurer devant mes enfants. Ces derniers semblent perdus. Mais cela fait partie de l’apprentissage de la vie. Comprendre le deuil. La mort. Mario s’occupe bien d’eux. Pendant l’enterrement, je regarde le haut plafond de l’église. C’est froid et triste. Mais il y a quelque chose de solennel. De mystique. Qui m’a toujours intrigué. Quelque chose d’apaisant aussi. Je ne suis pas croyant. Et mon père m’en a toujours voulu de ne pas avoir fait baptiser mes enfants. C’est mon choix. Pas le sien.
Pendant le service, alors que les mots du prêtre rebondissent sur moi comme autant de concepts inintéressants et sans fondement, je me sens observé. Je me retourne plusieurs fois et finit par repérer un homme seul, la cinquantaine, qui ne nous quitte pas des yeux, Mario, les enfants et moi. Je ne sais pas qui c’est. Je ne l’ai jamais vu. Ça arrive parfois. Quand des gens voient une famille homoparentale pour la première fois. Ils nous prennent pour des bêtes curieuses. J’ai l’habitude et n’y pense plus.
Pourtant, au cimetière, ça continue. Le même homme nous regarde en permanence. Il essuie quelques larmes. A la fin de la mise en terre, alors tout le monde s’éloigne, je le montre du doigt à mon frère, et lui demande par curiosité de qui il s’agit, il me dit qu’il n’en sait rien. Sûrement un ancien collègue ou un partenaire de bridge du coup. Je finis par ne plus y penser.
Dans les jours qui suivent, je m’occupe de toutes les paperasseries avec mon frère. On vide l’appartement, se partage quelques souvenirs, puis on décide de mettre en vente l’appartement.
On se retrouve chez le notaire. La succession est importante. Je vais recevoir pas mal d’argent. Je pense déjà à tout économiser et à placer. Je pense au futur des enfants. Je ne suis pas dépensier de toutes les façons. Et je n’ai pas du tout la tête à ça.
Il y a juste un dernier détail : que faire de la maison de mes parents à la mer? Mon frère y est attaché. Moi j’ai des sentiments mitigés. J’en garde des bons et des mauvais souvenirs. C’est dans cette maison que notre mère a terminé sa vie. J’y passé des étés mornes, mais aussi de de découverte, étant adolscent. On y a passé pas mal d’etes avec les enfants mais toujours en coup de vent, en s’évitant avec le reste de la famille. Mon premier réflexe serait donc de la vendre. Et puis je n’ai pas trop envie de payer les charges et les impôts, même en partageant avec mon frère. Ce dernier m’incite à réfléchir. De toutes les façons, il faudra d’abord aller nettoyer, se débarrasser de quelques objets, puis la mettre en vente. Nous sommes au mois de janvier, et on decide donc de remettre notre decision à plus tard.
Le retour à la normale… n’est pas normal. Les semaines qui suivent sont très difficiles. Il fait gris et froid. Je suis seul l’après-midi à la maison. Je porte le deuil de mes parents. Je ne les ai plus. Le prochain sur la liste, c’est moi. Surtout le deuil de ma mère, refoulé longtemps… je me rends compte que je ne l’ai jamais fait. Parce que j’étais trop heureux à ce stade de ma vie. Et je n’ai pas pris le temps de la réflexion.
La masturbation et le porno deviennent mon seul échappatoire pendant mes moments de solitude et de tristesse. Pendant plusieurs semaines, Mario et moi ne faisons pas l’amour. Nous n’avons pas le désir pour ça.
En février, dans l’espoir de faire davantage mon deuil, je me decide de me rendre sur la tombe de mes parents. Je pars tôt, aussitôt après avoir déposé les enfants à l’école, histoire d’être rentré à temps pour les récupérer. Ca parait bête de faire un aller retour sur la journée comme ça, mais je cherche des solutions à mes problèmes…
Quand je m’approche de la sepulture, je suis surpris de constater que quelqu’un est là, devant. C’est l’homme qui m’avait observé à l’enterrement. Il a l’air de se recueillir. Il ne m’a pas vu venir et il sursaute presque quand il me voit. Il a l’air gêné et ses yeux sont rouges
- Je vous ai vu a l’enterrement, je crois
- Oui.. je suis… un ancien collègue de votre père.. je vais vous laisser
Un peu trop ému pour un ancien collegue. Il ment c’est sur. Mais il s’eloigne. Et je n’ai pas envie de lui courir après. Je ne suis pas venu pour ça. Mais je suis vraiment intrigué.
Je passe un moment à regarder la tombe. Deux noms cote à cote. Deux dates de naissance. Deux dates de décès. Deux vies. Plutôt brèves. Est-ce cela qui m’attend ? Mourir jeune. Et mes enfants ?
Quelque part, aller sur cette tombe m’apaise. Cela met des choses, des mots sur ma douleur. Sur mes souvenirs. Je suis content d’être venu.
Quelques jours après, je reçois un email. Je ne reconnais pas l’expediteur. Un certain Arnaud.
=
Bonjour Guillaume,
Je suis vraiment désolé de vous envoyer cet email, qui doit vous paraitre venu de nulle part.
Nous ne nous connaissons pas, mais je suis celui que vous avez croisé au cimetière, sur la tombe de vos parents l’autre jour.
Maintenant que votre père est décédé, je crois qu’il est temps pour moi de partager avec vous certains éléments de sa vie privée. Je pense qu’il est important que vous sachiez certaines choses.
Je pense qu’il est plus simple de faire ça de vive voix, plutôt que par téléphone.
Je peux me déplacer chez vous quand ça vous arrange. Ou bien nous pouvons convenir d’un autre endroit, comme vous préférez.
Je comprends tout à fait que ce message puisse suciter de l’incompréhension et du rejet de votre part. Je ne souhaite pas vous imposer quoi que ce soit. Et sachez que je ne suis en aucun cas motivé par des histoires d’argent ou d’héritage dans ce cas précis.
Arnaud D.
PS : je n’ai pas pris contact avec votre frère, je pense qu’il est préférable de vous parler d’abord.
Je suis complètement surpris. De quoi s’agit il ? Que me veut ce type ? Je tire une conclusion : le type est plus âgé que mon frère et moi, mais pourrait être un fils caché de mon père. Comme il trompait maman, ça me paraît tout à fait possible. Je ne vois pas d’autre explication. J’hésite avant de répondre. Est-ce un piège ? L’email est toutefois bien écrit. Le Arnaud en question a l’air courtois.
J’en parle évidemment à Mario qui est tout aussi choqué que moi. Mais il me conseille de répondre. Je décide de rencontrer le fameux Arnaud dans les jours qui suivent. En terrain neutre. Je n’ai pas envie qu’il vienne chez moi. On ne se connait pas assez. On se rencontre donc à mi chemin, dans un restaurant banal.
Il est déjà là quand j’arrive. Il est assez élégant. Raffiné même. Environ 50 ans je dirais. L’ambiance est étrange. Je ne sais pas quoi dire. Ce n’est pas à moi de débuter. Lui n’est pas forcément plus à l’aise. Il se racle un peu la gorge
- Merci d’être venu. Je sais bien que mon email a du te surprendre… pardon vous surprendre
Je romps la glace
- On peut se tutoyer… j’ai l’impression qu’on a des histoires en commun
Je lui tends ainsi une perche
- Merci, c’est gentil. Je te prie de m’excuser pour le mensonge au cimetière. Je ne suis pas un ancien collègue de ton père
- Je m’en doutais un peu… son fils illégitime alors ?
Arnaud se fige. Choqué. Il ne s’attendait pas a ca. Puis il baisse légèrement les yeux et d’une voix basse ajoute :
- Non, son ancien amant
A suivre…
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