Députée dépitée
Récit érotique écrit par Briard [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 27-04-2023 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Députée dépitée
Cette histoire est la première nouvelle d’une série que j’intitulerai « La lassitude du couple ».
Ce sont souvent les mêmes raisons qui vous ont attiré chez quelqu’un qui vous feront vous séparer.
Cette histoire est une pure fiction, aucune ressemblance avec …
Partie 1
Agathe Delaroche reposa son stylo Mont Blanc et regarda tour à tour les trois conseillés.
- Alors là, je ne sais plus. Que faudrait-il que je fasse ?
Agathe était une très belle femme. A trente-neuf ans, elle s’apprêtait, après déjà deux mandats de députée, à se voir proposer un Marocain ministériel dans le prochain gouvernement. Son parti, le mouvement des citoyens démocrates, le MCD, avait tellement progressé aux dernières législatives, que la majorité présidentielle s’en retrouvait chancelante et forcée de s’allier avec la seconde force politique du pays. Brillante oratrice, son parcours d’élue de la République l’avait vue devenir à dix-huit ans une adjointe au Maire de sa commune, une ville qui avait son poids dans l’une des dix plus importantes métropoles de France. Encore étudiante, elle parvint à conjuguer son emploi du temps pour préparer le concours d’entrée à Science Po et à gérer ses charges d’élue municipale. Elle réussit brillamment, non seulement son entrée dans la prestigieuse université, mais remplaça, sur proposition du Maire, la première adjointe, élue au Sénat et ayant décidé de ne plus se consacrer qu’à ce seul mandat.
A science po, elle rencontra Lionel Joffre, étudiant en première année, comme elle, et qui, matin et soir, suivait le même parcours en transport urbain qu’elle. L’ayant déjà croisé à la fac, elle vint naturellement le trouver à l’arrêt de bus un matin.
- Salut. Je crois qu’on va au même endroit.
Il ne lui répondit pas suffisamment vite pour qu’elle cesse de parler.
- Je t’ai vu dans l’amphi hier, tu étais deux places plus loin que moi.
- Ah.
Elle lui tendit la main.
- Moi c’est Agathe.
Il lui serra la main.
- Heu, et toi ?
- Pardon, Lionel.
- Enchanté Lionel. Quelles options as-tu prises ?
Ils parlèrent, elle surtout, pendant le trajet et découvrirent qu’ils allaient se fréquenter tout au long de leurs années d’études.
A partir de ce matin-là, durant les trajets, mais aussi pendant les cours, il fut son confident, son soutien dans les matières où elle brillait moins, et, surtout, son ami.
Assez curieusement, tout les opposait. Elle était extravertie, lui timide et réservé. Elle était une infatigable bavarde, lui un taiseux. Elle savait briller en société, lui restait dans son coin. Elle avait de longues phrases avec souvent des envolées lyriques, lui allait toujours à l’essentiel. Elle fonçait, lui rattrapait les pots cassés.
Ils devinrent vite inséparables et, comme tous leurs camarades l’auraient parié, c’est elle qui fit les premiers pas, un soir au café après les cours, pour l’embrasser sur la bouche. Un baiser passionné, car il y avait plusieurs semaines déjà qu’elle savait qu’elle était tombée follement amoureuse.
On les voyait partout ensemble : A Science Po où ils devinrent des icones, en raison de la facilité avec laquelle ils réussissaient leurs partiels, en ville, où, au bar des étudiants le propriétaire leur avait carrément attribué une table, en famille, que ce soit dans celle d’Agathe, ou dans celle de Lionel, où ils étaient les têtes pensantes et où plus rien ne se décidait sans avoir, au préalable, prit leur avis.
Ils négocièrent une chambre en internat et l’obtinrent sans difficulté. Ils emménagèrent avec peu de meubles, mais se satisfirent de l’essentiel, un lit.
Le premier jour où ils emménagèrent, Lionel la porta pour en franchir le seuil. Il traversa le petit studio, qui en fait était un véritable deux pièces avec un salon et une chambre séparés, pour la déposer délicatement sur le lit grande taille qu’ils avaient déniché, d’occasion, sur un site internet de vente entre particuliers.
Il l’embrassa un peu partout pendant qu’elle prenait l’initiative de le déshabiller. Une fois qu’il fut nu, elle le poussa à s’allonger sur le dos.
Elle lui fit un striptease lent et savant, histoire de le faire baver et languir.
Enfin nue, elle s’allongea sur lui.
Elle sentit rapidement son désir se dresser contre son ventre.
Elle se colla à lui de tout son corps, l’enserrant dans ses bras.
- Dites-moi monsieur, vous savez que ça fait longtemps que j’attends ce moment ?
- Muh !?
- Oui, monsieur, ne faites pas l’innocent. Vous m’avez allumée, séduite, puis, plus rien.
- Muh !?
- Heureusement que j’ai de la suite dans les idées et que je ne vous ai pas perdu de vue. Vous avez cru vous débarrasser de moi ? Et bien non, que nenni. Je vous veux, à moi, et rien qu’à moi.
- Muh !?
- Monsieur, voulez-vous bien me faire l’amour, ici, maintenant, tout de suite, et que ça saute !
Elle l’embrassa et se plaqua contre lui, se collant de la tête au pied à son corps, épousant toutes ses formes.
Elle glissa une main entre leurs deux ventres et saisi son sexe raide comme un bâton.
- Mais qu’est-ce que je tiens là, monsieur ?
- Muh !?
- C’est un bâton de dynamite, j’en ai bien l’impression. Voulez-vous bien me faire exploser avec ?
Elle écarta les jambes et l’inséra dans son vagin sans difficulté tellement elle était prête.
Une fois qu’il fut fiché totalement en elle, elle serra les cuisses.
- Tu sens comme je t’enserre ?
- Muh !?
- Bouge un peu, ça me fait du bien.
Il lui saisit les fesses à deux mains et commença un lent va et vient, la sentant tout autour de lui.
Sa respiration se syncopa.
- Oui, pas plus vite. Ah ! Je te sens bien.
Il fit une dernière poussée et resta figé.
Il la bascula sur le dos, toujours enfoncé en elle, et posa ses mains de part et d’autre de ses épaules.
Il commença de nouveau à entrer et sortir avec des mouvements plus amples.
Elle se mit à haleter. Elle l’encercla de ses bras et noua ses jambes autour de ses reins, accompagnant ses mouvements.
- Oh, oui, c’est bon. Va … encore … Oui …
Il accéléra et se mit à la marteler à grands coup de hanche.
- Oh oui, maintenant, va, fort, je vais venir. Ouiiiii …
Elle cria sans discontinuer jusqu’à ce qu’il s’immobilise au fond d’elle et lâche sa semence en brèves saccades qui la firent gémir de nouveau de plaisir.
Il retomba sur le côté et elle resta, les jambes écartées, les bras en croix, de longues minutes la respiration haletante.
Lorsque son souffle se fut apaisé, elle se tourna vers lui, la tête en appui sur une main.
- Eh bien monsieur, vous m’aviez caché certaines de vos compétentes !
- Muh !?
Elle lui caressa la joue tendrement.
- Monsieur, je crois bien que je vous aime.
Première adjointe, elle fut ainsi propulsée à la Métropole, où on lui proposa de prendre la présidence de la commission sociale, ce qu’elle accepta avec plaisir et appétit.
Le temps avançant, elle sortit de Science Po, courtisée, un temps, par les adversaires politiques de son parti, ayant flairé une possible personnalité de choix.
Elle rejeta toutes les propositions qui lui furent faites, et posa sa candidature en tant que tête de liste aux municipales suivantes, le Maire n’ayant pas d’autre choix que de céder la place à plus jeune et plus brillante que lui.
Dans le même élan, son parti, lui proposa de devenir une de ses porte-parole, ce qu’elle accepta.
Le président de la métropole lui proposa d’être son adjointe aux finances, ce qui lui permit, une fois de plus, de prendre du galon.
C’est au début de son second mandat de Maire que son partit lui demanda d’être candidate à la députation.
Lionel, au sortir de Science Po fut recruté dans le cabinet du président de la région.
Là, il fit ses classes, au sein d’une équipe qui apprécia tout autant sa culture que sa discrétion.
Il fut chargé de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, d’une part, mais aussi de la Gestion des Programmes Européens.
Il fut vite respecté et le président prit régulièrement conseil auprès de lui.
Un soir, il rentra assez tôt et trouva Agathe assise à la salle à manger de leur appartement qu’ils avaient acheté, à crédit, dès leur sortie des études.
- Tiens, tu es là ?
- Oui, je suis rentrée tôt, il fallait que je te parle.
Il prit le temp de se défaire de sa veste et de son attaché case avant de s’asseoir en face d’elle, le regard interrogateur.
- Tissot vient de me proposer la députation.
- Oula, rien que ça !
- Oui. Je sais que ça peut surprendre, car je n’ai pas encore beaucoup d’expérience. Mais, je suis maire et vice-présidente de la métropole …
- Tiens, ça c’est nouveau !
- Oui, c’est Tissot qui voulait me mettre en avant pour que ma candidature à la députation soit justifiée.
- Je vois. Il croit en toi celui-là.
Elle ne comprit pas réellement le sens de sa remarque, mais passa outre.
- Je sais que l’occasion ne se représentera pas de sitôt.
Il se recula dans sa chaise et la regarda intensément.
- Je vois. Bon, mais qu’est-ce que tu attends de moi ? mon approbation ? Tu l’as.
Elle lui prit les mains par-dessus la table.
- Non, je ne veux pas ton approbation, je sais que je l’ai. Ce que je veux, c’est que tu t’engages avec moi.
- Comment ça ?
- Je veux que tu sois mon attaché parlementaire.
Il lâcha ses mains et se recula de nouveau.
- Tu veux que j’abandonne mon poste pour te suivre ?
Elle lui saisit de nouveau les mains.
- C’est exactement ça.
- Mais tu te rends compte de ce que tu me demandes ?
Elle embrassa ses deux mains, l’une après l’autre.
- Oui, mon amour, j’en ai conscience. Mais avec toi à mes côtés, je n’ai peur de rien, je sais que la victoire est au bout du chemin.
- Tu sais mon poste de conseiller est très convoité. Nous avons intérêt à ne pas nous planter, car si je lâche Dorsant, le Dircab, il ne me donnera jamais une deuxième chance.
- Je sais tout cela mon amour. Mais, nous deux, on vaut tellement mieux que ça. Avec toi, je sens que je vais gagner le siège. Après, la route s’ouvrira d’elle-même, et pour chacun de nous deux.
- Il va me déposer dès qu’il va savoir que je m’engage à tes côtés.
Elle se leva avec un air de surprise sur le visage.
- Parce que tu es d’accord ?
Il se leva, contourna la table et vint la prendre dans ses bras.
- Mais cela va sans dire ma chérie. Tu as besoin de moi ; je t’aime ; pas question que je ne sois à la hauteur de ce que tu attends de moi.
Elle entoura son cou de ses bras.
- Oh mon amour, tu as dit les mots que j’attendais de toi. Si tu savais comme je t’aime.
Ils firent campagne main dans la main et remportèrent sans coup férir l’élection.
Elle abandonna son siège à la métropole, mais resta maire de sa commune.
Députée-maire, elle entra triomphalement à l’Assemblée nationale.
Son parti lui proposa de prendre la présidence de son groupe, ce qu’elle accepta immédiatement.
Lionel était de tous les coups, et elle s’appuyait sur lui pour tout le côté administration des dossiers et du personnel. Ils avaient embauché un chauffeur, un garde du corps et une secrétaire, Doris, une camarade du parti, amie personnelle d’Agate et qui leur était dévouée corps et âme.
Le premier mandat achevé elle candidata pour un second et fut élue dès le premier tour. Aux municipales suivantes, là aussi, elle fut réélue au premier tour.
Dans son parti, dans la métropole, dans sa région, elle était devenue l’étoile montante, ce qui, bien entendu lui attirait pas mal d’inimitiés, mais lui donnait le droit au plus grand respect.
De son côté, Lionnel avait gardé la confiance du Président de Région qui l’avait promu conseiller spécial auprès de lui, ce qui ne nuisait en rien à ses fonctions d’attaché parlementaire.
Les élections législatives avaient mis le président en difficulté et il ne disposait plus que d’une courte majorité.
Désormais, le jeu des alliances était le maître mot, si bien qu’un soir elle annonça à Lionel :
- Chéri, je viens d’être convoquée par Trévant.
- Trévant ? Qu’est-ce qu’il te veut ?
- Je pense qu’il songe à me proposer un poste de secrétaire d’état ou de ministre.
- Tu crois ?
- J’en ai parlé en réunion de groupe politique aujourd’hui. Deux autres députés ont été également approchés.
- Mais c’est génial mon amour.
Il s’assit et la regarda déambuler dans la pièce.
- Heu, et moi ?
- Quoi toi ?
- Eh bien, qu’est-ce que je deviens ?
- Si je suis ministre, tu entres à mon cabinet.
- Comme quoi ?
Elle sembla agacée.
- Mais je n’sais pas moi. Tu entres à mon cabinet, point barre. Ce ne sera pas discutable. Tu fais partie de la négo.
Sans se départir de son calme habituel, il reprit.
- Oui, je comprends ça. Mais, dans un cabinet ministériel, les postes sont très variés.
- Écoute, on ne va pas mégoter pour le moment. Tu entres au cabinet, et, ensuite, tu prendras le poste que tu veux.
Il sembla rassuré.
- Comme ça, ça me va.
La semaine suivante, le ministre Trévant dépêcha trois de ses conseillers auprès d’Agathe pour qu’elle monte un groupe de réflexion en vue de produire une étude sur l’évolution de la décentralisation et du poids des régions dans le pays et en Europe.
Il visait le poste de Premier Ministre et avait trois dossiers importants à boucler avant de rencontrer le Président pour défendre sa candidature.
Agathe chargea Lionel de recevoir les trois conseillers et de les installer dans un grand espace proche de son bureau. Elle voulait qu’ils aient leurs aises avant de commencer à se mettre au travail.
Lionel les reçut donc un après-midi dans son bureau.
Le premier, Ernest, avait une soixantaine d’années, un collier de barbe blanche le faisant ressembler à un professeur de physique de lycée.
Le second, Stéphane, sortait visiblement de Science Po, ne devait avoir guère plus de vingt-cinq ans et semblait assez timide.
Le troisième, Gauthier, avait une quarantaine d’année, beau gosse, l’air sûr de lui et, visiblement, le chef de la bande, le tutoya d’entrée et n’arrêta pas de ponctuer ses phrases par « on se comprend », ce qui, à la longue, agaça un peu Lionel.
Le soir, il fit le compte-rendu de cette première entrevue à Agathe qui l’écouta très attentivement.
- Je me demande pourquoi ils ont un profil aussi différent. Je me demande aussi si l’un d’entre eux n’est pas missionné pour me jauger. Tu en penses quoi toi ?
- Je t’avouerai que je ne sens pas trop le troisième, ce Gauthier, il m’est apparu, vaniteux, sûr de lui, et d’une prétention à toute épreuve.
- Tu as bien fait de m’en parler à ta façon. Je vais m’en méfier de celui-là.
Elle bailla bruyamment et se leva.
- Bon, allons-nous coucher. Demain sera une longue journée.
La salle de réunion du quatrième étage les attendait dès le lendemain matin.
Elle avait été réservée pour dix jours par Lionel.
Il avait fait préparer un solide petit-déjeuner qui fut apprécié par les invités.
Agathe se contenta d’un café et s’assit en bout de table.
- Bon, messieurs, et si nous nous mettions au travail.
Gauthier, se précipita pour s’asseoir à sa droite. Un seul côté de la table étant équipé de chaises, les deux autres conseillers prirent place à côté de leur collègue si bien que Lionel se retrouva en face d’Agathe, à l’autre bout de la longue table. Derrière Agathe et Lionel, de grandes baies vitrées offraient une luminosité parfaite dans la pièce.
L’immeuble était un immense carré creux sur quatre étages, avec une grande place au centre, au rez de chaussée. A chaque étage, un long couloir vitré faisait le tour des quatre côtés. Les baies vitrées étaient disposées sur les côtés contigus, ce qui faisait que, depuis chaque pièce, on avait vue, soit sur l’extérieur, soit sur l’intérieur des autres pièces. Chaque étage était identique aux autres et comprenait une salle de réunion et des salles de travail où les utilisateurs trouvaient des bureaux dans des espaces ouverts.
Dans la salle de réunion, le mur qui faisait face aux personnes assises servait d’écran de projection pour les documents d’appoint et de présentation.
Trévant avait posé les bases de la réflexion et ce fut Gauthier qui les présenta.
Il avait le verbe facile et, visiblement, connaissait bien les tenants et aboutissants du dossier.
Dès qu’Agathe posait une question de compréhension, c’est lui qui répondait.
Lionel remarqua qu’après chaque intervention, Gauthier le regardait, un air narquois sur le visage.
Il n’avait pas eu à intervenir jusque-là, car, somme toute, les débats n’en étaient qu’aux généralités.
Agathe gérait le temps. Une heure trente de travail, puis pause d’une demi-heure, pour se dégourdir les jambes, boire un café puis deux longues heures de travail.
Les réunions commençaient à neuf heures précises et se terminaient pour la matinée à treize heures.
De temps en temps, elle faisait livrer des repas préparés par le traiteur du quartier. Sinon, ils déjeunaient à la cantine de la Région, un immeuble tout proche où les repas étaient d’excellente qualité.
Pour toutes ses pauses, Gauthier avait désormais sa place réservée à côté de la députée et personne ne semblait s’en offusquer, elle en premier.
Lionel se sentait mis à l’écart et commençait à vivre mal l’omniprésence de cet homme, beau de surcroit, aux côtés de son épouse.
Plusieurs fois il l’avait vu la prendre par le coude pour la laisser passer devant lui, ou lui mettre la main autour de la taille pour passer de l’autre côté d’elle en marchant.
Il faisait comme si le mari n’existait pas ou, pire encore, était quantité négligeable.
Il s’en était ouvert à elle un soir. Elle lui avait répliqué qu’il voyait le mal partout, que Gauthier était un « tactile » et un exubérant, et qu’il ne fallait pas voir de mal là où il n’y en avait pas.
Vint le temps de la réflexion et de la construction d’idées pour nourrir le dossier.
D’entrée, Gauthier imposa son point de vue qui parut, immédiatement à Lionel, totalement opposé aux idées défendues par le parti d’Agathe.
- Agathe, tu penses qu’on est dans la ligne du parti sur cette question ?
Gauthier sembla interloqué par cette réflexion et regarda vers elle, l’air interrogateur.
Elle regarda son mari, ébaucha un sourire, puis se tourna vers l’écran.
- Nous sommes en train de réfléchir Lionel, on peut se laisser aller, nous verrons les fondamentaux plus tard.
Elle se tourna vers Gauthier, lui sourit et fit un geste de la main l’invitant à poursuivre.
- Continue, c’est très intéressant.
Le conseiller, inspira un grand coup, se tourna vers Lionel, puis reprit son propos en levant régulièrement les sourcils, avec un léger sourire ironique.
- La Région a besoin qu’un cadre soit fixé par une instance centralisatrice. Qu’elle puisse disposer de marges de manœuvres assez larges, il n’y a pas de problème, mais l’encadrement doit être imposé par le ministère.
Voyant qu’Agathe opinait du chef, il se sentit en confiance et développa longuement ses idées.
Les demi-journées se succédaient. Gauthier avançait les idées, Ernest et Stéphane prenaient des notes, Lionnel entrait le tout sur son PC et Agathe validait les avancées.
Au cinquième jour, en fin d’après-midi, on frappa à la porte et Agathe invita à entrer.
La secrétaire entra timidement.
- Oui Doris ?
- C’est pour Lionel, quelqu’un au téléphone.
- Ça ne peut pas attendre, on est occupés là, comme tu vois.
- Je crains que ça soit une urgence.
Agathe se tourna vers son mari.
- Tu peux aller voir qui a un tel besoin de toi à cette heure-ci ?
Les trois conseillers rirent franchement et Lionel fronça les sourcils. Vexé, il sortit en renversant sa chaise de mécontentement.
Avant de refermer la porte, il entendit son épouse :
- Bon, après cet intermède pour le moins surprenant, reprenons. Tu en étais où Gauthier ?
Lionel suivit la secrétaire qui l’amena au rez de chaussée. Elle le précéda dans la cour et lui tendit son mobile.
Surprit par la manœuvre, il le mit à l’oreille.
- Allo ?
- Joffre ? C’est Trévant.
- Heu, monsieur le ministre ?
- Est-ce que vous êtes isolé ?
- Heu, oui, je suis seul.
- Bon ! Écoutez-moi attentivement …
Ce sont souvent les mêmes raisons qui vous ont attiré chez quelqu’un qui vous feront vous séparer.
Cette histoire est une pure fiction, aucune ressemblance avec …
Partie 1
Agathe Delaroche reposa son stylo Mont Blanc et regarda tour à tour les trois conseillés.
- Alors là, je ne sais plus. Que faudrait-il que je fasse ?
Agathe était une très belle femme. A trente-neuf ans, elle s’apprêtait, après déjà deux mandats de députée, à se voir proposer un Marocain ministériel dans le prochain gouvernement. Son parti, le mouvement des citoyens démocrates, le MCD, avait tellement progressé aux dernières législatives, que la majorité présidentielle s’en retrouvait chancelante et forcée de s’allier avec la seconde force politique du pays. Brillante oratrice, son parcours d’élue de la République l’avait vue devenir à dix-huit ans une adjointe au Maire de sa commune, une ville qui avait son poids dans l’une des dix plus importantes métropoles de France. Encore étudiante, elle parvint à conjuguer son emploi du temps pour préparer le concours d’entrée à Science Po et à gérer ses charges d’élue municipale. Elle réussit brillamment, non seulement son entrée dans la prestigieuse université, mais remplaça, sur proposition du Maire, la première adjointe, élue au Sénat et ayant décidé de ne plus se consacrer qu’à ce seul mandat.
A science po, elle rencontra Lionel Joffre, étudiant en première année, comme elle, et qui, matin et soir, suivait le même parcours en transport urbain qu’elle. L’ayant déjà croisé à la fac, elle vint naturellement le trouver à l’arrêt de bus un matin.
- Salut. Je crois qu’on va au même endroit.
Il ne lui répondit pas suffisamment vite pour qu’elle cesse de parler.
- Je t’ai vu dans l’amphi hier, tu étais deux places plus loin que moi.
- Ah.
Elle lui tendit la main.
- Moi c’est Agathe.
Il lui serra la main.
- Heu, et toi ?
- Pardon, Lionel.
- Enchanté Lionel. Quelles options as-tu prises ?
Ils parlèrent, elle surtout, pendant le trajet et découvrirent qu’ils allaient se fréquenter tout au long de leurs années d’études.
A partir de ce matin-là, durant les trajets, mais aussi pendant les cours, il fut son confident, son soutien dans les matières où elle brillait moins, et, surtout, son ami.
Assez curieusement, tout les opposait. Elle était extravertie, lui timide et réservé. Elle était une infatigable bavarde, lui un taiseux. Elle savait briller en société, lui restait dans son coin. Elle avait de longues phrases avec souvent des envolées lyriques, lui allait toujours à l’essentiel. Elle fonçait, lui rattrapait les pots cassés.
Ils devinrent vite inséparables et, comme tous leurs camarades l’auraient parié, c’est elle qui fit les premiers pas, un soir au café après les cours, pour l’embrasser sur la bouche. Un baiser passionné, car il y avait plusieurs semaines déjà qu’elle savait qu’elle était tombée follement amoureuse.
On les voyait partout ensemble : A Science Po où ils devinrent des icones, en raison de la facilité avec laquelle ils réussissaient leurs partiels, en ville, où, au bar des étudiants le propriétaire leur avait carrément attribué une table, en famille, que ce soit dans celle d’Agathe, ou dans celle de Lionel, où ils étaient les têtes pensantes et où plus rien ne se décidait sans avoir, au préalable, prit leur avis.
Ils négocièrent une chambre en internat et l’obtinrent sans difficulté. Ils emménagèrent avec peu de meubles, mais se satisfirent de l’essentiel, un lit.
Le premier jour où ils emménagèrent, Lionel la porta pour en franchir le seuil. Il traversa le petit studio, qui en fait était un véritable deux pièces avec un salon et une chambre séparés, pour la déposer délicatement sur le lit grande taille qu’ils avaient déniché, d’occasion, sur un site internet de vente entre particuliers.
Il l’embrassa un peu partout pendant qu’elle prenait l’initiative de le déshabiller. Une fois qu’il fut nu, elle le poussa à s’allonger sur le dos.
Elle lui fit un striptease lent et savant, histoire de le faire baver et languir.
Enfin nue, elle s’allongea sur lui.
Elle sentit rapidement son désir se dresser contre son ventre.
Elle se colla à lui de tout son corps, l’enserrant dans ses bras.
- Dites-moi monsieur, vous savez que ça fait longtemps que j’attends ce moment ?
- Muh !?
- Oui, monsieur, ne faites pas l’innocent. Vous m’avez allumée, séduite, puis, plus rien.
- Muh !?
- Heureusement que j’ai de la suite dans les idées et que je ne vous ai pas perdu de vue. Vous avez cru vous débarrasser de moi ? Et bien non, que nenni. Je vous veux, à moi, et rien qu’à moi.
- Muh !?
- Monsieur, voulez-vous bien me faire l’amour, ici, maintenant, tout de suite, et que ça saute !
Elle l’embrassa et se plaqua contre lui, se collant de la tête au pied à son corps, épousant toutes ses formes.
Elle glissa une main entre leurs deux ventres et saisi son sexe raide comme un bâton.
- Mais qu’est-ce que je tiens là, monsieur ?
- Muh !?
- C’est un bâton de dynamite, j’en ai bien l’impression. Voulez-vous bien me faire exploser avec ?
Elle écarta les jambes et l’inséra dans son vagin sans difficulté tellement elle était prête.
Une fois qu’il fut fiché totalement en elle, elle serra les cuisses.
- Tu sens comme je t’enserre ?
- Muh !?
- Bouge un peu, ça me fait du bien.
Il lui saisit les fesses à deux mains et commença un lent va et vient, la sentant tout autour de lui.
Sa respiration se syncopa.
- Oui, pas plus vite. Ah ! Je te sens bien.
Il fit une dernière poussée et resta figé.
Il la bascula sur le dos, toujours enfoncé en elle, et posa ses mains de part et d’autre de ses épaules.
Il commença de nouveau à entrer et sortir avec des mouvements plus amples.
Elle se mit à haleter. Elle l’encercla de ses bras et noua ses jambes autour de ses reins, accompagnant ses mouvements.
- Oh, oui, c’est bon. Va … encore … Oui …
Il accéléra et se mit à la marteler à grands coup de hanche.
- Oh oui, maintenant, va, fort, je vais venir. Ouiiiii …
Elle cria sans discontinuer jusqu’à ce qu’il s’immobilise au fond d’elle et lâche sa semence en brèves saccades qui la firent gémir de nouveau de plaisir.
Il retomba sur le côté et elle resta, les jambes écartées, les bras en croix, de longues minutes la respiration haletante.
Lorsque son souffle se fut apaisé, elle se tourna vers lui, la tête en appui sur une main.
- Eh bien monsieur, vous m’aviez caché certaines de vos compétentes !
- Muh !?
Elle lui caressa la joue tendrement.
- Monsieur, je crois bien que je vous aime.
Première adjointe, elle fut ainsi propulsée à la Métropole, où on lui proposa de prendre la présidence de la commission sociale, ce qu’elle accepta avec plaisir et appétit.
Le temps avançant, elle sortit de Science Po, courtisée, un temps, par les adversaires politiques de son parti, ayant flairé une possible personnalité de choix.
Elle rejeta toutes les propositions qui lui furent faites, et posa sa candidature en tant que tête de liste aux municipales suivantes, le Maire n’ayant pas d’autre choix que de céder la place à plus jeune et plus brillante que lui.
Dans le même élan, son parti, lui proposa de devenir une de ses porte-parole, ce qu’elle accepta.
Le président de la métropole lui proposa d’être son adjointe aux finances, ce qui lui permit, une fois de plus, de prendre du galon.
C’est au début de son second mandat de Maire que son partit lui demanda d’être candidate à la députation.
Lionel, au sortir de Science Po fut recruté dans le cabinet du président de la région.
Là, il fit ses classes, au sein d’une équipe qui apprécia tout autant sa culture que sa discrétion.
Il fut chargé de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, d’une part, mais aussi de la Gestion des Programmes Européens.
Il fut vite respecté et le président prit régulièrement conseil auprès de lui.
Un soir, il rentra assez tôt et trouva Agathe assise à la salle à manger de leur appartement qu’ils avaient acheté, à crédit, dès leur sortie des études.
- Tiens, tu es là ?
- Oui, je suis rentrée tôt, il fallait que je te parle.
Il prit le temp de se défaire de sa veste et de son attaché case avant de s’asseoir en face d’elle, le regard interrogateur.
- Tissot vient de me proposer la députation.
- Oula, rien que ça !
- Oui. Je sais que ça peut surprendre, car je n’ai pas encore beaucoup d’expérience. Mais, je suis maire et vice-présidente de la métropole …
- Tiens, ça c’est nouveau !
- Oui, c’est Tissot qui voulait me mettre en avant pour que ma candidature à la députation soit justifiée.
- Je vois. Il croit en toi celui-là.
Elle ne comprit pas réellement le sens de sa remarque, mais passa outre.
- Je sais que l’occasion ne se représentera pas de sitôt.
Il se recula dans sa chaise et la regarda intensément.
- Je vois. Bon, mais qu’est-ce que tu attends de moi ? mon approbation ? Tu l’as.
Elle lui prit les mains par-dessus la table.
- Non, je ne veux pas ton approbation, je sais que je l’ai. Ce que je veux, c’est que tu t’engages avec moi.
- Comment ça ?
- Je veux que tu sois mon attaché parlementaire.
Il lâcha ses mains et se recula de nouveau.
- Tu veux que j’abandonne mon poste pour te suivre ?
Elle lui saisit de nouveau les mains.
- C’est exactement ça.
- Mais tu te rends compte de ce que tu me demandes ?
Elle embrassa ses deux mains, l’une après l’autre.
- Oui, mon amour, j’en ai conscience. Mais avec toi à mes côtés, je n’ai peur de rien, je sais que la victoire est au bout du chemin.
- Tu sais mon poste de conseiller est très convoité. Nous avons intérêt à ne pas nous planter, car si je lâche Dorsant, le Dircab, il ne me donnera jamais une deuxième chance.
- Je sais tout cela mon amour. Mais, nous deux, on vaut tellement mieux que ça. Avec toi, je sens que je vais gagner le siège. Après, la route s’ouvrira d’elle-même, et pour chacun de nous deux.
- Il va me déposer dès qu’il va savoir que je m’engage à tes côtés.
Elle se leva avec un air de surprise sur le visage.
- Parce que tu es d’accord ?
Il se leva, contourna la table et vint la prendre dans ses bras.
- Mais cela va sans dire ma chérie. Tu as besoin de moi ; je t’aime ; pas question que je ne sois à la hauteur de ce que tu attends de moi.
Elle entoura son cou de ses bras.
- Oh mon amour, tu as dit les mots que j’attendais de toi. Si tu savais comme je t’aime.
Ils firent campagne main dans la main et remportèrent sans coup férir l’élection.
Elle abandonna son siège à la métropole, mais resta maire de sa commune.
Députée-maire, elle entra triomphalement à l’Assemblée nationale.
Son parti lui proposa de prendre la présidence de son groupe, ce qu’elle accepta immédiatement.
Lionel était de tous les coups, et elle s’appuyait sur lui pour tout le côté administration des dossiers et du personnel. Ils avaient embauché un chauffeur, un garde du corps et une secrétaire, Doris, une camarade du parti, amie personnelle d’Agate et qui leur était dévouée corps et âme.
Le premier mandat achevé elle candidata pour un second et fut élue dès le premier tour. Aux municipales suivantes, là aussi, elle fut réélue au premier tour.
Dans son parti, dans la métropole, dans sa région, elle était devenue l’étoile montante, ce qui, bien entendu lui attirait pas mal d’inimitiés, mais lui donnait le droit au plus grand respect.
De son côté, Lionnel avait gardé la confiance du Président de Région qui l’avait promu conseiller spécial auprès de lui, ce qui ne nuisait en rien à ses fonctions d’attaché parlementaire.
Les élections législatives avaient mis le président en difficulté et il ne disposait plus que d’une courte majorité.
Désormais, le jeu des alliances était le maître mot, si bien qu’un soir elle annonça à Lionel :
- Chéri, je viens d’être convoquée par Trévant.
- Trévant ? Qu’est-ce qu’il te veut ?
- Je pense qu’il songe à me proposer un poste de secrétaire d’état ou de ministre.
- Tu crois ?
- J’en ai parlé en réunion de groupe politique aujourd’hui. Deux autres députés ont été également approchés.
- Mais c’est génial mon amour.
Il s’assit et la regarda déambuler dans la pièce.
- Heu, et moi ?
- Quoi toi ?
- Eh bien, qu’est-ce que je deviens ?
- Si je suis ministre, tu entres à mon cabinet.
- Comme quoi ?
Elle sembla agacée.
- Mais je n’sais pas moi. Tu entres à mon cabinet, point barre. Ce ne sera pas discutable. Tu fais partie de la négo.
Sans se départir de son calme habituel, il reprit.
- Oui, je comprends ça. Mais, dans un cabinet ministériel, les postes sont très variés.
- Écoute, on ne va pas mégoter pour le moment. Tu entres au cabinet, et, ensuite, tu prendras le poste que tu veux.
Il sembla rassuré.
- Comme ça, ça me va.
La semaine suivante, le ministre Trévant dépêcha trois de ses conseillers auprès d’Agathe pour qu’elle monte un groupe de réflexion en vue de produire une étude sur l’évolution de la décentralisation et du poids des régions dans le pays et en Europe.
Il visait le poste de Premier Ministre et avait trois dossiers importants à boucler avant de rencontrer le Président pour défendre sa candidature.
Agathe chargea Lionel de recevoir les trois conseillers et de les installer dans un grand espace proche de son bureau. Elle voulait qu’ils aient leurs aises avant de commencer à se mettre au travail.
Lionel les reçut donc un après-midi dans son bureau.
Le premier, Ernest, avait une soixantaine d’années, un collier de barbe blanche le faisant ressembler à un professeur de physique de lycée.
Le second, Stéphane, sortait visiblement de Science Po, ne devait avoir guère plus de vingt-cinq ans et semblait assez timide.
Le troisième, Gauthier, avait une quarantaine d’année, beau gosse, l’air sûr de lui et, visiblement, le chef de la bande, le tutoya d’entrée et n’arrêta pas de ponctuer ses phrases par « on se comprend », ce qui, à la longue, agaça un peu Lionel.
Le soir, il fit le compte-rendu de cette première entrevue à Agathe qui l’écouta très attentivement.
- Je me demande pourquoi ils ont un profil aussi différent. Je me demande aussi si l’un d’entre eux n’est pas missionné pour me jauger. Tu en penses quoi toi ?
- Je t’avouerai que je ne sens pas trop le troisième, ce Gauthier, il m’est apparu, vaniteux, sûr de lui, et d’une prétention à toute épreuve.
- Tu as bien fait de m’en parler à ta façon. Je vais m’en méfier de celui-là.
Elle bailla bruyamment et se leva.
- Bon, allons-nous coucher. Demain sera une longue journée.
La salle de réunion du quatrième étage les attendait dès le lendemain matin.
Elle avait été réservée pour dix jours par Lionel.
Il avait fait préparer un solide petit-déjeuner qui fut apprécié par les invités.
Agathe se contenta d’un café et s’assit en bout de table.
- Bon, messieurs, et si nous nous mettions au travail.
Gauthier, se précipita pour s’asseoir à sa droite. Un seul côté de la table étant équipé de chaises, les deux autres conseillers prirent place à côté de leur collègue si bien que Lionel se retrouva en face d’Agathe, à l’autre bout de la longue table. Derrière Agathe et Lionel, de grandes baies vitrées offraient une luminosité parfaite dans la pièce.
L’immeuble était un immense carré creux sur quatre étages, avec une grande place au centre, au rez de chaussée. A chaque étage, un long couloir vitré faisait le tour des quatre côtés. Les baies vitrées étaient disposées sur les côtés contigus, ce qui faisait que, depuis chaque pièce, on avait vue, soit sur l’extérieur, soit sur l’intérieur des autres pièces. Chaque étage était identique aux autres et comprenait une salle de réunion et des salles de travail où les utilisateurs trouvaient des bureaux dans des espaces ouverts.
Dans la salle de réunion, le mur qui faisait face aux personnes assises servait d’écran de projection pour les documents d’appoint et de présentation.
Trévant avait posé les bases de la réflexion et ce fut Gauthier qui les présenta.
Il avait le verbe facile et, visiblement, connaissait bien les tenants et aboutissants du dossier.
Dès qu’Agathe posait une question de compréhension, c’est lui qui répondait.
Lionel remarqua qu’après chaque intervention, Gauthier le regardait, un air narquois sur le visage.
Il n’avait pas eu à intervenir jusque-là, car, somme toute, les débats n’en étaient qu’aux généralités.
Agathe gérait le temps. Une heure trente de travail, puis pause d’une demi-heure, pour se dégourdir les jambes, boire un café puis deux longues heures de travail.
Les réunions commençaient à neuf heures précises et se terminaient pour la matinée à treize heures.
De temps en temps, elle faisait livrer des repas préparés par le traiteur du quartier. Sinon, ils déjeunaient à la cantine de la Région, un immeuble tout proche où les repas étaient d’excellente qualité.
Pour toutes ses pauses, Gauthier avait désormais sa place réservée à côté de la députée et personne ne semblait s’en offusquer, elle en premier.
Lionel se sentait mis à l’écart et commençait à vivre mal l’omniprésence de cet homme, beau de surcroit, aux côtés de son épouse.
Plusieurs fois il l’avait vu la prendre par le coude pour la laisser passer devant lui, ou lui mettre la main autour de la taille pour passer de l’autre côté d’elle en marchant.
Il faisait comme si le mari n’existait pas ou, pire encore, était quantité négligeable.
Il s’en était ouvert à elle un soir. Elle lui avait répliqué qu’il voyait le mal partout, que Gauthier était un « tactile » et un exubérant, et qu’il ne fallait pas voir de mal là où il n’y en avait pas.
Vint le temps de la réflexion et de la construction d’idées pour nourrir le dossier.
D’entrée, Gauthier imposa son point de vue qui parut, immédiatement à Lionel, totalement opposé aux idées défendues par le parti d’Agathe.
- Agathe, tu penses qu’on est dans la ligne du parti sur cette question ?
Gauthier sembla interloqué par cette réflexion et regarda vers elle, l’air interrogateur.
Elle regarda son mari, ébaucha un sourire, puis se tourna vers l’écran.
- Nous sommes en train de réfléchir Lionel, on peut se laisser aller, nous verrons les fondamentaux plus tard.
Elle se tourna vers Gauthier, lui sourit et fit un geste de la main l’invitant à poursuivre.
- Continue, c’est très intéressant.
Le conseiller, inspira un grand coup, se tourna vers Lionel, puis reprit son propos en levant régulièrement les sourcils, avec un léger sourire ironique.
- La Région a besoin qu’un cadre soit fixé par une instance centralisatrice. Qu’elle puisse disposer de marges de manœuvres assez larges, il n’y a pas de problème, mais l’encadrement doit être imposé par le ministère.
Voyant qu’Agathe opinait du chef, il se sentit en confiance et développa longuement ses idées.
Les demi-journées se succédaient. Gauthier avançait les idées, Ernest et Stéphane prenaient des notes, Lionnel entrait le tout sur son PC et Agathe validait les avancées.
Au cinquième jour, en fin d’après-midi, on frappa à la porte et Agathe invita à entrer.
La secrétaire entra timidement.
- Oui Doris ?
- C’est pour Lionel, quelqu’un au téléphone.
- Ça ne peut pas attendre, on est occupés là, comme tu vois.
- Je crains que ça soit une urgence.
Agathe se tourna vers son mari.
- Tu peux aller voir qui a un tel besoin de toi à cette heure-ci ?
Les trois conseillers rirent franchement et Lionel fronça les sourcils. Vexé, il sortit en renversant sa chaise de mécontentement.
Avant de refermer la porte, il entendit son épouse :
- Bon, après cet intermède pour le moins surprenant, reprenons. Tu en étais où Gauthier ?
Lionel suivit la secrétaire qui l’amena au rez de chaussée. Elle le précéda dans la cour et lui tendit son mobile.
Surprit par la manœuvre, il le mit à l’oreille.
- Allo ?
- Joffre ? C’est Trévant.
- Heu, monsieur le ministre ?
- Est-ce que vous êtes isolé ?
- Heu, oui, je suis seul.
- Bon ! Écoutez-moi attentivement …
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10 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Bon début de récit j'aime beaucoup, mais je sens poindre les problèmes et ça me stresse car je déteste attendre.
Toujours cette qualité d'écriture et le sens de l'intrigue....on attend la suite avec impatience ;))
Merci à vous, c'est agréable de vous retrouver; J'espère que la suite vous plaira tout autant. Bien à vous, Briard
Un très bon début qui promet beaucoup. J’attends la suite avec impatience.
Briard de retour aux affaires.
Présentation des intervenants, décor planté, le tout de manière efficace. On attend la suite !
Présentation des intervenants, décor planté, le tout de manière efficace. On attend la suite !
Bravo pour ce préambule. C'est prometteur pour la suite.
A vrai dire, je ne suis pas étonné de la part de Briard.
Bichou
A vrai dire, je ne suis pas étonné de la part de Briard.
Bichou
Belle histoire tellement bien raconté...
Vite la suite
Vite la suite
Genial
Génial décors bien posé
C'est excellent et plein de suspens! J'attends la suite avec impatience!