Les limites de la force 2
Récit érotique écrit par Briard [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
- • 79 récits publiés.
- • Cote moyenne attribuée par les lecteurs : 9.2 • Cote moyenne attribuée par HDS : 10.0
- • L'ensemble des récits érotiques de Briard ont reçu un total de 217 010 visites.
Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-05-2023 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
Cette histoire de sexe a été affichée 1 415 fois depuis sa publication.
Couleur du fond :
Les limites de la force 2
Partie 2
Les parents de Lopo aménagèrent la chambre de leur fils, la salle de bain et le dressing attenants, les séparant du reste de la maison, pour qu’ils puissent s’y trouver comme chez eux. Ils installèrent même une kitchenette dans un réduit attenant à la chambre.
Ils avaient même une sortie directement sur l’extérieur via un petit hall, ce qui les rendaient totalement autonomes.
Ravie de pouvoir s’échapper de sa fratrie, Sylvaine y prit ses aises et organisa leur logement à son goût.
Elle utilisa leur argent de poche pour investir dans la décoration du logis et, Lopo, non seulement n’y trouva rien à redire, mais fut enchanté de découvrir qu’elle pouvait être bonne ménagère, décoratrice, concubine et amante à la fois à son âge.
L’année de terminale les vit se souder irrépressiblement et devenir un vrai couple.
Ils profitèrent de leurs soirées, au-delà des devoirs et de la préparation du bac, pour préparer leurs études supérieures.
Ils remplirent ensemble leur dossier d’admission en PASS (Parcours Spécifique Santé en université).
Il était impératif pour eux deux d’accéder à la même université pour faire leur première année d’études supérieures ensemble.
Les conditions étaient simples, il suffisait d’avoir au moins dix de moyenne générale.
Avec un travail sérieux et acharné et l’aide de Lopo, l’année de terminale se déroula plutôt bien pour Sylvaine. Elle obtint son bac et fut admise en PASS, tout comme Lopo qui, lui obtint la mention très bien.
La première année universitaire les vit redoubler d’effort, après les cours, pour obtenir, pour le moins, les soixante crédits ECTS leur donnant accès à un parcours MPOM (Médecine, Pharmacie, Odontologie et Maïeutique).
Seul Lopo était concerné pour l’accès à Médecine, Sylvaine visant une entrée en seconde année de la Licence Accès Santé (LAS) qui lui permettrait d’obtenir en trois ans son diplôme d’état d’infirmière et, avec entrée sur concours, l’accès à l’école de puériculture pour un an afin d’obtenir son diplôme d’état de puéricultrice.
Pour Lopo, le parcours était plus simple, mais beaucoup plus long.
Après le PASS, il entrerait en seconde année de médecine et y resterait pendant encore cinq ans avant d’entrer en internat pour cinq années au sein d’un service de chirurgie.
Ce parcours serait ensuite validé par un Diplôme d’Études Spécialisées (DES) avec, à l’appui, une thèse défendue devant ses pairs.
Lopo fut Admis Avant Choix (ADAC) avec le rang 1 et les félicitations du jury.
Sylvaine fut Admise Sous Réserve de Place (ASRP) avec le rang cinq cent soixante et onze et un accès direct au LAS.
Ils exultèrent et fêtèrent leur succès avec un groupe d’amis dans un restaurant de leur quartier.
Leurs chemins universitaires devant se séparer à la rentrée, ils passèrent leur été collés l’un à l’autre, et s’offrir même une quinzaine de jours au bord de la mer.
Ile en revinrent enchantés et leur amour s’en trouva renforcé.
Lopo continua tout au long des trois années de LAS de Sylvaine à l’aider et à lui prodiguer les meilleurs conseils.
Il était capable de lui apporter son soutien dans les matières de la majeure disciplinaire hors santé, telles que, économie, histoire, gestion ou lettre, mais aussi et surtout dans la mineure santé.
Elle enviait la facilité avec laquelle il ingurgitait les informations et restait toujours aussi surprise devant les résultats qu’il obtenait sur ses propres épreuves.
Après ses trois années en école d’infirmière, elle réussit son examen et fut diplômée.
Ils fêtèrent l’événement tout en sachant que, dès le lendemain, elle devrait se remettre au travail pour préparer le concours d’entrée à l’école de puériculture de la région.
De son côté, Lopo entrait en quatrième année de médecine et réussissait facilement tous ses partiels ce qui l’assurait d’un passage confortable en dernière année.
Le concours se révéla âpre et difficile, mais elle obtint le vingt-septième rang, lui assurant une place dans la fameuse école de puériculture.
- C’est formidable mon Lopo, tu as encore deux ans en médecine, puis tu rentreras en internat en école de chirurgie. À ce moment-là, je serai, je l’espère, diplômée infirmière-puéricultrice. Nous aurons tous les deux un salaire et nous pourrons nous établir dans un chez-nous, rien qu’à nous.
- Oui, ce sera vraiment génial si j’obtiens une place dans un hôpital proche d’ici.
- Il n’y a pas de raison, tu es l’un des meilleurs, tu devrais avoir l’embarras du choix.
Les prédictions de Sylvaine s’avérèrent justes.
Elle réussit sa dernière année universitaire et obtint le classement très honorable de douzième sur trente, ce qui lui permit d’être recrutée dans le service de puériculture de l’hôpital de leur quartier.
Économe, elle mettait une grosse partie de son salaire de côté en prévision de leur installation dans leur foyer.
Deux années passèrent pendant lesquelles Sylvaine appris son métier et réfléchit, toujours avec l’aide de Lopo, à son avenir, pendant que, de son côté, le jeune homme termina ses six années de médecine et obtint le troisième rang national aux Épreuves Classantes Nationales (ECN).
Son rang lui permit de postuler dans le CHU le plus proche de leur domicile où officiait l’un des plus grands professeurs en chirurgie cardio-vasculaires de France.
Ils étaient désormais dans le même CHU et avaient négocié de faire les mêmes astreintes et gardes, ce qui arrondissait considérablement leurs fins de mois.
Sylvaine recevait un salaire de deux mille cinq-cents €uros et Lopo deux mille.
Au niveau des gardes, ils faisaient une nuit par semaine entre le lundi et le vendredi, une nuit de samedi à dimanche, une autre du dimanche au lundi et enfin une garde tout un week-end par mois.
Cela faisait un sursalaire de cinq cents euros environs pour elle et entre huit et neuf cents euros pour lui.
À eux deux, ils cumulaient un revenu dépassant les cinq milles euros par mois.
Dès leur deuxième mois salarié, elle prit l’initiative de leur trouver une maison en location pas trop loin de l’hôpital.
Elle écuma les annonces des agences immobilières, fit quelques visites et tomba sur la perle rare.
Elle mit enfin Lopo au courant et lui proposa de visiter ce petit nid d’amour.
Il ne fut pas étonné qu’elle ait tout organisé et quasiment tout décidé seule.
Il ne l’en aimait que plus encore, sachant et acceptant son besoin de prendre les rênes du couple et, par voie de conséquence, du foyer.
C’était un petit pavillon avec trois chambres, deux salles de bain, une grande pièce de vie avec la cuisine d’un côté et un immense salon de l’autre.
Un sous-sol total comprenant un garage pouvant contenir deux voitures et quelques pièces pouvant servir de buanderie, d’épicerie et de rangement.
Une fois de plus, le jeune homme fut ravi du choix de sa Sylvaine et il l’invita au restaurant pour fêter leur premier logement.
Quelques temps plus tard, allongés sur leurs transats, alors qu’ils profitaient, sur leur terrasse des premiers rayons du soleil d’un printemps un peu tardif, Sylvaine prit de nouveau une initiative.
Elle lui prit la main et y déposa un baiser.
- Mon amour, et si on se mariait ?
Il la regarda amoureusement, se pencha vers elle, lui donna un baiser sur la bouche, puis la regarda l’air sévère.
- Tu sais que j’apprécie chaque fois que tu devances mes pensées. Mais là, il faut que nous prenions notre temps.
Elle se redressa vivement l’air surpris.
- Pourquoi, tu ne veux pas ?
- Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. Mais, un mariage, ça se prépare. Je veux ce qu’il y a de mieux pour ma princesse. Une église, un maire, un vin d’honneur, et une fête inoubliable.
Elle sourit, tout attendrie.
- Mais moi aussi je veux tout ça mon Lopinou d’amour.
Il se leva, alla au salon et revint avec un bloc et un stylo.
Il s’assit à la table de jardin et commença à rédiger tout en énumérant.
- Tout d’abord il nous faut un ou deux témoins.
- Ça c’est facile. Pour toi, ton collègue et pote Jérôme, et ton frère Reynald.
- Et pour toi ?
- J’y ai pensé figure-toi. D’abord Marjorie ma collègue.
- Oui, et ?
- Ben et Darius.
- Qui ?
Elle eut l’air embarrassé.
- Darius. Tu dois te souvenir de lui quand même.
- Oui, je me souviens de cette brute épaisse qui voulait me casser la gueule.
Il se tapa le front du plat de la main.
- Moi vivant, cet abruti ne sera jamais à mon mariage.
Elle se leva, s’assit sur la chaise à côté de la sienne, lui prit le visage dans ses mains et l’embrassa profondément.
Elle recula la tête et lui susurra :
- Eh bien figure-toi qu’il est devenu ambulancier et qu’il fait les urgences pédiatriques. Je ne te l’ai pas dit car je sais que tu n’en as pas gardé un bon souvenir, mais il n’est plus le même. On se voit souvent à l’hôpital. Il a complétement changé. Il a abandonné l’idée de succéder à son père à la tête de ses salles de sport. J’ai parlé pas mal de fois avec lui. Il est devenu gentil, doux comme un agneau et on a sympathisé.
Lopo était effaré et ses yeux semblaient vouloir sortir de leur orbite.
- Non mais tu plaisantes ? Ce mec a été mon pire cauchemard pendant toute ma scolarité et tu veux me faire croire, et qu’il s’est transformé en mouton, et qu’en plus il est devenu ton ami ?
- Mon ami, n’exagère pas. Mais c’est un bon camarade.
- Mais pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ?
Elle se recula dans sa chaise.
- Mais parce que ça n’a aucune importance. J’ai revu un gars qu’on a connu au collège, il s’est passé une échauffourée avec lui ; il a compris qu’il avait agi en parfait imbécile et il s’est assagi. Tu sais, il m’a plusieurs fois dit qu’il regrettait son comportement et qu’il aimerait bien te rencontrer pour te faire ses excuses.
- Bof …
- Maintenant, si tu trouves que j’ai eu tort, on en parle plus. Je n’aurai qu’à me trouver un second témoin.
Elle prit son air renfrogné et il ne mit pas longtemps à la prendre dans ses bras.
- Mais non ma Sissi, je sais que tu as voulu bien faire. Et nous ne sommes plus des gosses. Allez-va, je veux bien le rencontrer et revoir ce mec.
Elle sourit et lui fit un bisou sur la bouche.
- Je savais que tu étais toujours le gentleman dont je suis tombée amoureuse.
- Par contre, à l’avenir, j’aimerais bien que tu me dises quand tu l’as vu, hein ?
Lopo rencontra Darius qui lui fut envoyé par Sylvaine.
En dépit du fait qu’il faisait bien plus d’une tête de plus que lui et qu’il avait toujours des épaules de déménageur, il ne chercha pas à s’imposer physiquement et leur explication fut des plus amicales.
Finalement, après l’avoir quitté, Lopo pensa qu’il était donc possible qu’un homme change et qu’un crétin écervelé puisse devenir quelqu’un de sympa et fréquentable.
Au CHU, Lopo avait choisi, pour son internat, la chirurgie cardio-vasculaire. Il se passionnait pour les multiples innovations technologiques et, notamment, les interventions vidéo et robot-assistées.
Il put, à sa guise, effectuer les stages dans l’ordre qu’il avait choisi.
Il commença par la chirurgie cardiaque adulte pendant sa première année.
Un semestre en chirurgie cardiaque pédiatrique et une second en chirurgie thoracique pour la seconde.
En troisième année, il fit de la chirurgie vasculaire.
En quatrième année il fit successivement de la réanimation cardio-vasculaire puis de l’endo-vasculaire.
En dernière année, il revint à la chirurgie cardiaque adulte.
Le quotidien de Sylvaine, depuis qu’elle travaillait en pédiatrie au CHU était invariablement le même.
Les soins aux tous petits le matin.
Ces soins pouvaient aller de donner des médicaments sur prescription des médecins, jusqu’à l’administration d’injections.
En complément, elle exécutait divers actes médicaux tels la pose de pansements, les prises de sang, la pose de goute – goute.
En milieu de matinée, elle visitait les prématurés, relevant leur poids, leur taille, leur tension, leur pouls.
Elle procédait également à la détection des retards psychomoteur et toutes sortes de troubles.
L’après-midi, elle recevait les mamans pour leur prodiguer des conseils en matière d’allaitement, de soins à l’endroit de leur bébé comme les gestes d’urgence.
En fin d’après-midi, elle recevait les agents de crèche et les assistantes maternelles pour les conseillers dans l’accomplissement des tâches élémentaires en matière de soins aux tous petits, en matière d’alimentation et d’hygiène.
Un jour par semaine, elle visitait les familles pour la continuité des soins, les enseignants en maternelle pour relever les troubles du comportement.
Les mardis et jeudis, elle déjeunait avec les ambulanciers venus aux urgences pédiatriques.
Assez régulièrement, Darius s’arrangeait pour avoir une course ces jours-là et pour se trouver au CHU vers midi et avoir l’occasion de partager la table de Sylvaine.
Il s’asseyait à côté d’elle, et son binôme, Élizabeth, en face.
Il avait profité d’un passage aux toilettes de cette dernière, pour préciser à Sylvaine que sa collègue était homo et que, finalement, ils s’entendaient plutôt bien.
Il avait révélé à sa consœur les sentiments plus qu’amicaux qu’il éprouvait pour la jeune infirmière-puéricultrice, aussi l’ambulancière avalait son repas à la vitesse de l’éclair pour les laisser tranquilles.
- Ça va tous les deux avec Lopo ?
Il lui posait assez régulièrement cette question, prémices à un échange sur les relations de couple.
- Tu sais que je ne supporterais pas que tu sois malheureuse.
- Mais qu’est-ce que tu vas chercher Darius ? Je suis très heureuse avec lui. Il me donne tout ce dont j’ai besoin et même au-delà.
Elle n’était pas naïve au point de ne pas avoir remarqué à quel point le jeune homme s’était attaché à elle.
- Tu peux parler toi. Y en a pas une que tu gardes.
- Mais c’est parce qu’il n’y en a pas une qui, comme tu dis, m’apporte ce dont j’ai besoin.
- Et, de quoi as-tu besoin ?
- J’ai besoin d’une femme aimante, douce, bien sûr, mais aussi forte. Capable de me résister, capable de diriger un foyer, de prendre les bonnes décisions. Je ne veux pas d’une amoureuse transie, qui ne m’aime que pour mon physique.
- Wah, comme tu y vas ! Qui ne t’aimerais que pour ton physique ?
Elle le regarda l’air ironique.
- Tu crois qu’une fille aime un homme pour son physique en faisant abstraction du reste ?
- Ben oui, j’en côtoie tous les jours.
Elle éclata de rire.
- Ça alors ! Ma parole, tu as le don d’attirer les nunuches.
Le garçon se renfrogna sur sa chaise.
- Ne te moque pas de moi Sylvaine. Je n’ai pas la chance de rencontrer des filles comme toi tous les jours.
- Allons Darius, sois patient, tu vas la rencontrer.
Elle prit un air sérieux.
- Et puis tu sais, je ne suis pas aussi parfaite que tu veux bien le croire. Allons, reprend-toi. Cette fille est certainement là, quelque part. Il suffit que tu sois un peu plus attentif à ce que les filles ont dans le crâne, plutôt que de te focaliser sur leur apparence.
Il osa lui prendre la main.
- Des comme toi, il n’y en a pas deux. Je vais finir vieux garçon, c’est mon lot.
Elle reparti d’un grand éclat de rire, se leva, signifiant la fin de leur échange.
C’est au cours de l’été de la troisième année en internat de chirurgie pour Lopo et de la cinquième année au CHU de Sylvaine qu’ils se marièrent.
Les préparatifs avaient pris plus d’une année.
Ils avaient trouvé une grande salle dans un château réputé qui leur avait loué une dizaine de chambres.
La veille, tradition oblige, ils avaient enterré leur vie de célibataire chacun de leur côté.
Ils l’avaient préparée ensemble et le sujet fut l’occasion de leur première dispute.
- Non, non, et non ! Je ne veux pas que Darius vous accompagne.
- Mais pourquoi à la fin.
- Parce que vous allez boire et que je ne tiens pas, mais pas du tout, à ce qu’il puisse en profiter.
Elle le pointa du doigt.
- Qu’est-ce que tu entends par « en profiter » ?
- J’entends que tu ne tiens pas du tout l’alcool et que je sais trop bien ce qu’il serait capable de faire si tu te retrouvais saoule au milieu de la nuit.
Elle ronchonna.
- Alors ça veut dire que tu n’as pas confiance en moi.
- Non, c’est en lui que je n’ai pas confiance.
- Mais moi, je sais qu’il ne se passera jamais rien avec lui. C’est toi que j’aime et lui n’est rien d’autre qu’un copain.
- Ouais, un copain que tu as vu quasiment tous les jours, avec qui tu as déjeuné deux fois par semaine en tête à tête …
- Non, y avait toujours son binôme …
- Faux !
- De quoi ?
- Tu mens. La secrétaire vous a vu plusieurs fois tous les deux à table.
- Oui, bon et alors ?
- Alors ? Tu me l’as caché.
- Je ne t’ai rien caché. Je ne t’en ai pas parlé parce que ça n’a aucune importance.
- Je t’avais dit que je voulais que tu me dises quand tu le voyais.
- Mais tu voulais que je te le dise tous les jours ?
- Ah, tu vois ! Tu le vois tous les jours, je n’ai pas rêvé et la secrétaire n’a pas menti.
Une larme coula sur la joue de Sylvaine.
- Tu es injuste. Je n’ai rien fait de mal. Darius est juste un copain et le mardi et le jeudi je déjeune avec les ambulanciers. Ce n’est pas ma faute s’il est souvent au CHU.
Lopo restait en colère.
- Qu’il soit au CHU, j’en ai rien à foutre ! Ce que je ne veux pas c’est qu’il déjeune en tête à tête avec toi. Qu’est-ce que tu dirais si je déjeunais deux fois par semaine avec la secrétaire, qui est une superbe jeune femme soit-dit en passant ?
Elle redressa la tête d’un coup.
- Tu déjeunes avec elle ?
- Ce n’est pas ce que je te demande. Je t’ai demandé qu’elle serait ta réaction si tu apprenais que je déjeune avec elle et que je ne t’en parle pas ?
Elle cessa de renifler et posa ses mains sur ses épaules.
- Mais tu ne ferais jamais ça mon Lopinou d’amour.
- Pourquoi, si je ne fais rien de mal ?
- Ça, il n’en est pas question.
Il retira ses mains d’un geste brusque.
- Ah, tu vois ? Si c’est moi, là ça te dérange. Tu comprends maintenant ?
Elle prit l’air innocent, se rapprocha de lui et le prit dans ses bras.
- Oui, je comprends. Je te promets que ça n’arrivera plus.
Elle l’embrassa tendrement puis se recula légèrement.
- Je vais dire à Darius qu’on restera entre filles ce soir.
La soirée se déroula sans heurt et les futurs époux furent au meilleur de leur forme pour le jour J.
La fête fut réussie pour les mariés et tous les invités, à l’exception du second témoin du marié qui passa une grande partie de la soirée, renfrogné sur sa chaise.
Sylvaine, désolée pour lui, vint juste après le dessert lui présenter Marjorie, son amie, collègue et témoin.
Celle-ci, célibataire depuis peu, sembla intéressée par le personnage et s’installa à côté de lui.
Ils engagèrent une conversation sur leurs métiers respectifs.
Elle découvrit un véritable athlète à la carrure impressionnante et aux yeux fascinants, dont la couleur caeruleum l’envoûtaient littéralement.
Ils burent, parlèrent, dansèrent, toujours collés l’un à l’autre.
Sylvaine ne manqua pas de constater le rapprochement entre ses deux amis et, à l’occasion d’un passage aux toilettes, en profita pour questionner la jeune fille.
- Dis-donc ma chérie, on dirait que notre joli ambulancier t’a tapé dans l’œil.
Marjorie, tout en se repoudrant le nez, ne put s’empêcher de soutire.
- C’est vrai qu’il est beau et balancé comme un dieu.
- Fais attention ma belle, c’est un bourreau des cœurs.
- Quoi, tu es jalouse ?
- Pas du tout, qu’est-ce que tu vas chercher. Non, je veux juste te prévenir qu’il a un cœur d’artichaud et que je ne veux pas que tu le découvres à tes dépends.
- Écoute, je suis une grande fille, il se passera ce qu’il se passera.
- Ah, ben si c’est comme ça, y a pas de problème. Tu me raconteras, hein ?
- Promis.
Les mariés s’éclipsèrent de la noce vers trois heures du matin, suivis, peu de temps après, par les deux témoins.
Les chambres étaient contiguës et les époux entendirent les deux jeunes gens tenter maladroitement d’ouvrir leur porte tout en pouffant de rire.
Lopo regarda son épouse et lui trouva l’air rigolard.
- C’est la chambre de Marjorie ? Qui est avec elle ?
Sylvaine mit son doigt sur sa bouche.
- C’est Darius.
Complice des murmures de sa femme, il chuchota.
- Comment le sais-tu ?
- Je l’ai croisée aux toilettes et elle m’a dit qu’ils avaient flashé l’un sur l’autre.
Ils entendirent distinctement le bruit de baisers mouillés et sonores.
Ils se regardèrent et éclatèrent de rire en silence.
Lopo la prit dans ses bras et la porta jusqu’au lit où il la déposa délicatement.
Ils s’embrassèrent passionnément.
Sylvaine retira son nœud papillon et déboutonna sa chemise, pendant qu’il dézippait sa robe de mariée.
Ils plongèrent dans les draps et se lovèrent l’un contre l’autre.
- Je t’aime ma Sissy, c’est le plus beau jour de ma vie.
- Je t’aime mon Lopinou de mari. Je suis la femme la plus heureuse du monde.
- Je veux faire de toi une femme épanouie, accomplie et comblée.
Il prit un air solennel.
- Si quelque chose te contrarie, te tracasse, te bouleverse, vis à vis de moi, je veux que tu n’hésites jamais et que tu me le dises. Je ne veux jamais, tu entends, jamais, que tu doutes de moi. Je vais être un mari disponible, aimant et fidèle, j’en fais le serment solennel devant toi.
Elle opina du chef et prit, elle aussi, un air grave quand il poursuivit son propos.
- Je veux qu’on se dise tout, même ce qui ne va pas. Je ne te cacherai jamais quoi que ce soit. Tu sauras tout de moi comme je saurai tout de toi.
Lopo l’embrassa et reprit.
- Tu es celle dont j’ai toujours rêvé.
Il l’embrassa.
Tout à coup, ils entendirent des soupirs venant de la chambre d’à côté. Ils ouvrirent les yeux tout en continuant à s’embrasser.
- Ah oui, avec ton autre doigt, oui.
Ils écarquillèrent les yeux, toujours bouche contre bouche.
- Viens maintenant, prend-moi fort mon étalon…
Le lit d’à côté grinçait légèrement et une sorte de couinement continu s’éleva.
- Ah, comme tu es fort mon taureau. Oui, encore, plus fort, plus vite...
- Han … Han … Tu aimes ?
- Oui, c’est bon …
- Tu me sens bien ?
- Ouiiiiiiii je viens …
- Arf …
Ils rirent de bon cœur et reprirent leur baiser. Ils s’aimèrent, mais plus silencieusement, le reste de la nuit.
Les parents de Lopo aménagèrent la chambre de leur fils, la salle de bain et le dressing attenants, les séparant du reste de la maison, pour qu’ils puissent s’y trouver comme chez eux. Ils installèrent même une kitchenette dans un réduit attenant à la chambre.
Ils avaient même une sortie directement sur l’extérieur via un petit hall, ce qui les rendaient totalement autonomes.
Ravie de pouvoir s’échapper de sa fratrie, Sylvaine y prit ses aises et organisa leur logement à son goût.
Elle utilisa leur argent de poche pour investir dans la décoration du logis et, Lopo, non seulement n’y trouva rien à redire, mais fut enchanté de découvrir qu’elle pouvait être bonne ménagère, décoratrice, concubine et amante à la fois à son âge.
L’année de terminale les vit se souder irrépressiblement et devenir un vrai couple.
Ils profitèrent de leurs soirées, au-delà des devoirs et de la préparation du bac, pour préparer leurs études supérieures.
Ils remplirent ensemble leur dossier d’admission en PASS (Parcours Spécifique Santé en université).
Il était impératif pour eux deux d’accéder à la même université pour faire leur première année d’études supérieures ensemble.
Les conditions étaient simples, il suffisait d’avoir au moins dix de moyenne générale.
Avec un travail sérieux et acharné et l’aide de Lopo, l’année de terminale se déroula plutôt bien pour Sylvaine. Elle obtint son bac et fut admise en PASS, tout comme Lopo qui, lui obtint la mention très bien.
La première année universitaire les vit redoubler d’effort, après les cours, pour obtenir, pour le moins, les soixante crédits ECTS leur donnant accès à un parcours MPOM (Médecine, Pharmacie, Odontologie et Maïeutique).
Seul Lopo était concerné pour l’accès à Médecine, Sylvaine visant une entrée en seconde année de la Licence Accès Santé (LAS) qui lui permettrait d’obtenir en trois ans son diplôme d’état d’infirmière et, avec entrée sur concours, l’accès à l’école de puériculture pour un an afin d’obtenir son diplôme d’état de puéricultrice.
Pour Lopo, le parcours était plus simple, mais beaucoup plus long.
Après le PASS, il entrerait en seconde année de médecine et y resterait pendant encore cinq ans avant d’entrer en internat pour cinq années au sein d’un service de chirurgie.
Ce parcours serait ensuite validé par un Diplôme d’Études Spécialisées (DES) avec, à l’appui, une thèse défendue devant ses pairs.
Lopo fut Admis Avant Choix (ADAC) avec le rang 1 et les félicitations du jury.
Sylvaine fut Admise Sous Réserve de Place (ASRP) avec le rang cinq cent soixante et onze et un accès direct au LAS.
Ils exultèrent et fêtèrent leur succès avec un groupe d’amis dans un restaurant de leur quartier.
Leurs chemins universitaires devant se séparer à la rentrée, ils passèrent leur été collés l’un à l’autre, et s’offrir même une quinzaine de jours au bord de la mer.
Ile en revinrent enchantés et leur amour s’en trouva renforcé.
Lopo continua tout au long des trois années de LAS de Sylvaine à l’aider et à lui prodiguer les meilleurs conseils.
Il était capable de lui apporter son soutien dans les matières de la majeure disciplinaire hors santé, telles que, économie, histoire, gestion ou lettre, mais aussi et surtout dans la mineure santé.
Elle enviait la facilité avec laquelle il ingurgitait les informations et restait toujours aussi surprise devant les résultats qu’il obtenait sur ses propres épreuves.
Après ses trois années en école d’infirmière, elle réussit son examen et fut diplômée.
Ils fêtèrent l’événement tout en sachant que, dès le lendemain, elle devrait se remettre au travail pour préparer le concours d’entrée à l’école de puériculture de la région.
De son côté, Lopo entrait en quatrième année de médecine et réussissait facilement tous ses partiels ce qui l’assurait d’un passage confortable en dernière année.
Le concours se révéla âpre et difficile, mais elle obtint le vingt-septième rang, lui assurant une place dans la fameuse école de puériculture.
- C’est formidable mon Lopo, tu as encore deux ans en médecine, puis tu rentreras en internat en école de chirurgie. À ce moment-là, je serai, je l’espère, diplômée infirmière-puéricultrice. Nous aurons tous les deux un salaire et nous pourrons nous établir dans un chez-nous, rien qu’à nous.
- Oui, ce sera vraiment génial si j’obtiens une place dans un hôpital proche d’ici.
- Il n’y a pas de raison, tu es l’un des meilleurs, tu devrais avoir l’embarras du choix.
Les prédictions de Sylvaine s’avérèrent justes.
Elle réussit sa dernière année universitaire et obtint le classement très honorable de douzième sur trente, ce qui lui permit d’être recrutée dans le service de puériculture de l’hôpital de leur quartier.
Économe, elle mettait une grosse partie de son salaire de côté en prévision de leur installation dans leur foyer.
Deux années passèrent pendant lesquelles Sylvaine appris son métier et réfléchit, toujours avec l’aide de Lopo, à son avenir, pendant que, de son côté, le jeune homme termina ses six années de médecine et obtint le troisième rang national aux Épreuves Classantes Nationales (ECN).
Son rang lui permit de postuler dans le CHU le plus proche de leur domicile où officiait l’un des plus grands professeurs en chirurgie cardio-vasculaires de France.
Ils étaient désormais dans le même CHU et avaient négocié de faire les mêmes astreintes et gardes, ce qui arrondissait considérablement leurs fins de mois.
Sylvaine recevait un salaire de deux mille cinq-cents €uros et Lopo deux mille.
Au niveau des gardes, ils faisaient une nuit par semaine entre le lundi et le vendredi, une nuit de samedi à dimanche, une autre du dimanche au lundi et enfin une garde tout un week-end par mois.
Cela faisait un sursalaire de cinq cents euros environs pour elle et entre huit et neuf cents euros pour lui.
À eux deux, ils cumulaient un revenu dépassant les cinq milles euros par mois.
Dès leur deuxième mois salarié, elle prit l’initiative de leur trouver une maison en location pas trop loin de l’hôpital.
Elle écuma les annonces des agences immobilières, fit quelques visites et tomba sur la perle rare.
Elle mit enfin Lopo au courant et lui proposa de visiter ce petit nid d’amour.
Il ne fut pas étonné qu’elle ait tout organisé et quasiment tout décidé seule.
Il ne l’en aimait que plus encore, sachant et acceptant son besoin de prendre les rênes du couple et, par voie de conséquence, du foyer.
C’était un petit pavillon avec trois chambres, deux salles de bain, une grande pièce de vie avec la cuisine d’un côté et un immense salon de l’autre.
Un sous-sol total comprenant un garage pouvant contenir deux voitures et quelques pièces pouvant servir de buanderie, d’épicerie et de rangement.
Une fois de plus, le jeune homme fut ravi du choix de sa Sylvaine et il l’invita au restaurant pour fêter leur premier logement.
Quelques temps plus tard, allongés sur leurs transats, alors qu’ils profitaient, sur leur terrasse des premiers rayons du soleil d’un printemps un peu tardif, Sylvaine prit de nouveau une initiative.
Elle lui prit la main et y déposa un baiser.
- Mon amour, et si on se mariait ?
Il la regarda amoureusement, se pencha vers elle, lui donna un baiser sur la bouche, puis la regarda l’air sévère.
- Tu sais que j’apprécie chaque fois que tu devances mes pensées. Mais là, il faut que nous prenions notre temps.
Elle se redressa vivement l’air surpris.
- Pourquoi, tu ne veux pas ?
- Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. Mais, un mariage, ça se prépare. Je veux ce qu’il y a de mieux pour ma princesse. Une église, un maire, un vin d’honneur, et une fête inoubliable.
Elle sourit, tout attendrie.
- Mais moi aussi je veux tout ça mon Lopinou d’amour.
Il se leva, alla au salon et revint avec un bloc et un stylo.
Il s’assit à la table de jardin et commença à rédiger tout en énumérant.
- Tout d’abord il nous faut un ou deux témoins.
- Ça c’est facile. Pour toi, ton collègue et pote Jérôme, et ton frère Reynald.
- Et pour toi ?
- J’y ai pensé figure-toi. D’abord Marjorie ma collègue.
- Oui, et ?
- Ben et Darius.
- Qui ?
Elle eut l’air embarrassé.
- Darius. Tu dois te souvenir de lui quand même.
- Oui, je me souviens de cette brute épaisse qui voulait me casser la gueule.
Il se tapa le front du plat de la main.
- Moi vivant, cet abruti ne sera jamais à mon mariage.
Elle se leva, s’assit sur la chaise à côté de la sienne, lui prit le visage dans ses mains et l’embrassa profondément.
Elle recula la tête et lui susurra :
- Eh bien figure-toi qu’il est devenu ambulancier et qu’il fait les urgences pédiatriques. Je ne te l’ai pas dit car je sais que tu n’en as pas gardé un bon souvenir, mais il n’est plus le même. On se voit souvent à l’hôpital. Il a complétement changé. Il a abandonné l’idée de succéder à son père à la tête de ses salles de sport. J’ai parlé pas mal de fois avec lui. Il est devenu gentil, doux comme un agneau et on a sympathisé.
Lopo était effaré et ses yeux semblaient vouloir sortir de leur orbite.
- Non mais tu plaisantes ? Ce mec a été mon pire cauchemard pendant toute ma scolarité et tu veux me faire croire, et qu’il s’est transformé en mouton, et qu’en plus il est devenu ton ami ?
- Mon ami, n’exagère pas. Mais c’est un bon camarade.
- Mais pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ?
Elle se recula dans sa chaise.
- Mais parce que ça n’a aucune importance. J’ai revu un gars qu’on a connu au collège, il s’est passé une échauffourée avec lui ; il a compris qu’il avait agi en parfait imbécile et il s’est assagi. Tu sais, il m’a plusieurs fois dit qu’il regrettait son comportement et qu’il aimerait bien te rencontrer pour te faire ses excuses.
- Bof …
- Maintenant, si tu trouves que j’ai eu tort, on en parle plus. Je n’aurai qu’à me trouver un second témoin.
Elle prit son air renfrogné et il ne mit pas longtemps à la prendre dans ses bras.
- Mais non ma Sissi, je sais que tu as voulu bien faire. Et nous ne sommes plus des gosses. Allez-va, je veux bien le rencontrer et revoir ce mec.
Elle sourit et lui fit un bisou sur la bouche.
- Je savais que tu étais toujours le gentleman dont je suis tombée amoureuse.
- Par contre, à l’avenir, j’aimerais bien que tu me dises quand tu l’as vu, hein ?
Lopo rencontra Darius qui lui fut envoyé par Sylvaine.
En dépit du fait qu’il faisait bien plus d’une tête de plus que lui et qu’il avait toujours des épaules de déménageur, il ne chercha pas à s’imposer physiquement et leur explication fut des plus amicales.
Finalement, après l’avoir quitté, Lopo pensa qu’il était donc possible qu’un homme change et qu’un crétin écervelé puisse devenir quelqu’un de sympa et fréquentable.
Au CHU, Lopo avait choisi, pour son internat, la chirurgie cardio-vasculaire. Il se passionnait pour les multiples innovations technologiques et, notamment, les interventions vidéo et robot-assistées.
Il put, à sa guise, effectuer les stages dans l’ordre qu’il avait choisi.
Il commença par la chirurgie cardiaque adulte pendant sa première année.
Un semestre en chirurgie cardiaque pédiatrique et une second en chirurgie thoracique pour la seconde.
En troisième année, il fit de la chirurgie vasculaire.
En quatrième année il fit successivement de la réanimation cardio-vasculaire puis de l’endo-vasculaire.
En dernière année, il revint à la chirurgie cardiaque adulte.
Le quotidien de Sylvaine, depuis qu’elle travaillait en pédiatrie au CHU était invariablement le même.
Les soins aux tous petits le matin.
Ces soins pouvaient aller de donner des médicaments sur prescription des médecins, jusqu’à l’administration d’injections.
En complément, elle exécutait divers actes médicaux tels la pose de pansements, les prises de sang, la pose de goute – goute.
En milieu de matinée, elle visitait les prématurés, relevant leur poids, leur taille, leur tension, leur pouls.
Elle procédait également à la détection des retards psychomoteur et toutes sortes de troubles.
L’après-midi, elle recevait les mamans pour leur prodiguer des conseils en matière d’allaitement, de soins à l’endroit de leur bébé comme les gestes d’urgence.
En fin d’après-midi, elle recevait les agents de crèche et les assistantes maternelles pour les conseillers dans l’accomplissement des tâches élémentaires en matière de soins aux tous petits, en matière d’alimentation et d’hygiène.
Un jour par semaine, elle visitait les familles pour la continuité des soins, les enseignants en maternelle pour relever les troubles du comportement.
Les mardis et jeudis, elle déjeunait avec les ambulanciers venus aux urgences pédiatriques.
Assez régulièrement, Darius s’arrangeait pour avoir une course ces jours-là et pour se trouver au CHU vers midi et avoir l’occasion de partager la table de Sylvaine.
Il s’asseyait à côté d’elle, et son binôme, Élizabeth, en face.
Il avait profité d’un passage aux toilettes de cette dernière, pour préciser à Sylvaine que sa collègue était homo et que, finalement, ils s’entendaient plutôt bien.
Il avait révélé à sa consœur les sentiments plus qu’amicaux qu’il éprouvait pour la jeune infirmière-puéricultrice, aussi l’ambulancière avalait son repas à la vitesse de l’éclair pour les laisser tranquilles.
- Ça va tous les deux avec Lopo ?
Il lui posait assez régulièrement cette question, prémices à un échange sur les relations de couple.
- Tu sais que je ne supporterais pas que tu sois malheureuse.
- Mais qu’est-ce que tu vas chercher Darius ? Je suis très heureuse avec lui. Il me donne tout ce dont j’ai besoin et même au-delà.
Elle n’était pas naïve au point de ne pas avoir remarqué à quel point le jeune homme s’était attaché à elle.
- Tu peux parler toi. Y en a pas une que tu gardes.
- Mais c’est parce qu’il n’y en a pas une qui, comme tu dis, m’apporte ce dont j’ai besoin.
- Et, de quoi as-tu besoin ?
- J’ai besoin d’une femme aimante, douce, bien sûr, mais aussi forte. Capable de me résister, capable de diriger un foyer, de prendre les bonnes décisions. Je ne veux pas d’une amoureuse transie, qui ne m’aime que pour mon physique.
- Wah, comme tu y vas ! Qui ne t’aimerais que pour ton physique ?
Elle le regarda l’air ironique.
- Tu crois qu’une fille aime un homme pour son physique en faisant abstraction du reste ?
- Ben oui, j’en côtoie tous les jours.
Elle éclata de rire.
- Ça alors ! Ma parole, tu as le don d’attirer les nunuches.
Le garçon se renfrogna sur sa chaise.
- Ne te moque pas de moi Sylvaine. Je n’ai pas la chance de rencontrer des filles comme toi tous les jours.
- Allons Darius, sois patient, tu vas la rencontrer.
Elle prit un air sérieux.
- Et puis tu sais, je ne suis pas aussi parfaite que tu veux bien le croire. Allons, reprend-toi. Cette fille est certainement là, quelque part. Il suffit que tu sois un peu plus attentif à ce que les filles ont dans le crâne, plutôt que de te focaliser sur leur apparence.
Il osa lui prendre la main.
- Des comme toi, il n’y en a pas deux. Je vais finir vieux garçon, c’est mon lot.
Elle reparti d’un grand éclat de rire, se leva, signifiant la fin de leur échange.
C’est au cours de l’été de la troisième année en internat de chirurgie pour Lopo et de la cinquième année au CHU de Sylvaine qu’ils se marièrent.
Les préparatifs avaient pris plus d’une année.
Ils avaient trouvé une grande salle dans un château réputé qui leur avait loué une dizaine de chambres.
La veille, tradition oblige, ils avaient enterré leur vie de célibataire chacun de leur côté.
Ils l’avaient préparée ensemble et le sujet fut l’occasion de leur première dispute.
- Non, non, et non ! Je ne veux pas que Darius vous accompagne.
- Mais pourquoi à la fin.
- Parce que vous allez boire et que je ne tiens pas, mais pas du tout, à ce qu’il puisse en profiter.
Elle le pointa du doigt.
- Qu’est-ce que tu entends par « en profiter » ?
- J’entends que tu ne tiens pas du tout l’alcool et que je sais trop bien ce qu’il serait capable de faire si tu te retrouvais saoule au milieu de la nuit.
Elle ronchonna.
- Alors ça veut dire que tu n’as pas confiance en moi.
- Non, c’est en lui que je n’ai pas confiance.
- Mais moi, je sais qu’il ne se passera jamais rien avec lui. C’est toi que j’aime et lui n’est rien d’autre qu’un copain.
- Ouais, un copain que tu as vu quasiment tous les jours, avec qui tu as déjeuné deux fois par semaine en tête à tête …
- Non, y avait toujours son binôme …
- Faux !
- De quoi ?
- Tu mens. La secrétaire vous a vu plusieurs fois tous les deux à table.
- Oui, bon et alors ?
- Alors ? Tu me l’as caché.
- Je ne t’ai rien caché. Je ne t’en ai pas parlé parce que ça n’a aucune importance.
- Je t’avais dit que je voulais que tu me dises quand tu le voyais.
- Mais tu voulais que je te le dise tous les jours ?
- Ah, tu vois ! Tu le vois tous les jours, je n’ai pas rêvé et la secrétaire n’a pas menti.
Une larme coula sur la joue de Sylvaine.
- Tu es injuste. Je n’ai rien fait de mal. Darius est juste un copain et le mardi et le jeudi je déjeune avec les ambulanciers. Ce n’est pas ma faute s’il est souvent au CHU.
Lopo restait en colère.
- Qu’il soit au CHU, j’en ai rien à foutre ! Ce que je ne veux pas c’est qu’il déjeune en tête à tête avec toi. Qu’est-ce que tu dirais si je déjeunais deux fois par semaine avec la secrétaire, qui est une superbe jeune femme soit-dit en passant ?
Elle redressa la tête d’un coup.
- Tu déjeunes avec elle ?
- Ce n’est pas ce que je te demande. Je t’ai demandé qu’elle serait ta réaction si tu apprenais que je déjeune avec elle et que je ne t’en parle pas ?
Elle cessa de renifler et posa ses mains sur ses épaules.
- Mais tu ne ferais jamais ça mon Lopinou d’amour.
- Pourquoi, si je ne fais rien de mal ?
- Ça, il n’en est pas question.
Il retira ses mains d’un geste brusque.
- Ah, tu vois ? Si c’est moi, là ça te dérange. Tu comprends maintenant ?
Elle prit l’air innocent, se rapprocha de lui et le prit dans ses bras.
- Oui, je comprends. Je te promets que ça n’arrivera plus.
Elle l’embrassa tendrement puis se recula légèrement.
- Je vais dire à Darius qu’on restera entre filles ce soir.
La soirée se déroula sans heurt et les futurs époux furent au meilleur de leur forme pour le jour J.
La fête fut réussie pour les mariés et tous les invités, à l’exception du second témoin du marié qui passa une grande partie de la soirée, renfrogné sur sa chaise.
Sylvaine, désolée pour lui, vint juste après le dessert lui présenter Marjorie, son amie, collègue et témoin.
Celle-ci, célibataire depuis peu, sembla intéressée par le personnage et s’installa à côté de lui.
Ils engagèrent une conversation sur leurs métiers respectifs.
Elle découvrit un véritable athlète à la carrure impressionnante et aux yeux fascinants, dont la couleur caeruleum l’envoûtaient littéralement.
Ils burent, parlèrent, dansèrent, toujours collés l’un à l’autre.
Sylvaine ne manqua pas de constater le rapprochement entre ses deux amis et, à l’occasion d’un passage aux toilettes, en profita pour questionner la jeune fille.
- Dis-donc ma chérie, on dirait que notre joli ambulancier t’a tapé dans l’œil.
Marjorie, tout en se repoudrant le nez, ne put s’empêcher de soutire.
- C’est vrai qu’il est beau et balancé comme un dieu.
- Fais attention ma belle, c’est un bourreau des cœurs.
- Quoi, tu es jalouse ?
- Pas du tout, qu’est-ce que tu vas chercher. Non, je veux juste te prévenir qu’il a un cœur d’artichaud et que je ne veux pas que tu le découvres à tes dépends.
- Écoute, je suis une grande fille, il se passera ce qu’il se passera.
- Ah, ben si c’est comme ça, y a pas de problème. Tu me raconteras, hein ?
- Promis.
Les mariés s’éclipsèrent de la noce vers trois heures du matin, suivis, peu de temps après, par les deux témoins.
Les chambres étaient contiguës et les époux entendirent les deux jeunes gens tenter maladroitement d’ouvrir leur porte tout en pouffant de rire.
Lopo regarda son épouse et lui trouva l’air rigolard.
- C’est la chambre de Marjorie ? Qui est avec elle ?
Sylvaine mit son doigt sur sa bouche.
- C’est Darius.
Complice des murmures de sa femme, il chuchota.
- Comment le sais-tu ?
- Je l’ai croisée aux toilettes et elle m’a dit qu’ils avaient flashé l’un sur l’autre.
Ils entendirent distinctement le bruit de baisers mouillés et sonores.
Ils se regardèrent et éclatèrent de rire en silence.
Lopo la prit dans ses bras et la porta jusqu’au lit où il la déposa délicatement.
Ils s’embrassèrent passionnément.
Sylvaine retira son nœud papillon et déboutonna sa chemise, pendant qu’il dézippait sa robe de mariée.
Ils plongèrent dans les draps et se lovèrent l’un contre l’autre.
- Je t’aime ma Sissy, c’est le plus beau jour de ma vie.
- Je t’aime mon Lopinou de mari. Je suis la femme la plus heureuse du monde.
- Je veux faire de toi une femme épanouie, accomplie et comblée.
Il prit un air solennel.
- Si quelque chose te contrarie, te tracasse, te bouleverse, vis à vis de moi, je veux que tu n’hésites jamais et que tu me le dises. Je ne veux jamais, tu entends, jamais, que tu doutes de moi. Je vais être un mari disponible, aimant et fidèle, j’en fais le serment solennel devant toi.
Elle opina du chef et prit, elle aussi, un air grave quand il poursuivit son propos.
- Je veux qu’on se dise tout, même ce qui ne va pas. Je ne te cacherai jamais quoi que ce soit. Tu sauras tout de moi comme je saurai tout de toi.
Lopo l’embrassa et reprit.
- Tu es celle dont j’ai toujours rêvé.
Il l’embrassa.
Tout à coup, ils entendirent des soupirs venant de la chambre d’à côté. Ils ouvrirent les yeux tout en continuant à s’embrasser.
- Ah oui, avec ton autre doigt, oui.
Ils écarquillèrent les yeux, toujours bouche contre bouche.
- Viens maintenant, prend-moi fort mon étalon…
Le lit d’à côté grinçait légèrement et une sorte de couinement continu s’éleva.
- Ah, comme tu es fort mon taureau. Oui, encore, plus fort, plus vite...
- Han … Han … Tu aimes ?
- Oui, c’est bon …
- Tu me sens bien ?
- Ouiiiiiiii je viens …
- Arf …
Ils rirent de bon cœur et reprirent leur baiser. Ils s’aimèrent, mais plus silencieusement, le reste de la nuit.
→ Qu'avez-vous pensé de cette histoire ??? Donnez votre avis...
→ Autres histoires érotiques publiées par Briard
6 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Le ver est dans le fruit.
Rien n'est arrivé, tout peut arriver.
Superbe suite.
Rien n'est arrivé, tout peut arriver.
Superbe suite.
Merci Briard. La lecture de tes textes est un vrai plaisir!
Un merci particulier Olga T et PP06 pour vos compliments. Venant de plumes comme les vôtres, cela me touche vraiment. J'espère que la suite et la fin vous plairont tout autant. Bien à vous, Briard
Un récit très bien écrit avec les informations et spécifications nécessaires.
$5000 euros par mois ça vaudrait peut-être la peine de regarder la rémunération des travaillants et spécialistes du domaine médical et de la santé ici au Québec!
Darius au mariage, c’est un peu tiré par les cheveux. Ça veut dire que même les plus intelligents on des problèmes dans le ciboulot.
Comment ça la chambre à côté de la leur? Comment est-ce arrivé? Lopo n’a pas posé la question?
Je trouve qu’il y a anguille sous roche.
J’attends la suite.
$5000 euros par mois ça vaudrait peut-être la peine de regarder la rémunération des travaillants et spécialistes du domaine médical et de la santé ici au Québec!
Darius au mariage, c’est un peu tiré par les cheveux. Ça veut dire que même les plus intelligents on des problèmes dans le ciboulot.
Comment ça la chambre à côté de la leur? Comment est-ce arrivé? Lopo n’a pas posé la question?
Je trouve qu’il y a anguille sous roche.
J’attends la suite.
Que dire de plus qu'Olga.
Histoire parfaite, on voit poindre le drame. Sylvaine ne se méfit pas. On a envie de la mettre en garde...
Moi aussi, j'aurais aussi mis 20.
Histoire parfaite, on voit poindre le drame. Sylvaine ne se méfit pas. On a envie de la mettre en garde...
Moi aussi, j'aurais aussi mis 20.
Merci Briard. C'est si bien écrit, si bien documenté, qu'on a l'impression d'être temoins du bonheur de Lopo et de Sylvaine. Et comme j'aime les histoires d'amour, j'espère que rien ne viendra assombrir leur belle relation. J'avoue que je ne sens pas Darius....
Un seul regret, celui de ne plus pouvoir noter dans cette nouvelle version de HDS. Sinon ce serait 20+ :-)
Un seul regret, celui de ne plus pouvoir noter dans cette nouvelle version de HDS. Sinon ce serait 20+ :-)