Destins croisés

- Par l'auteur HDS Laetitia sapho -
Auteur femme.
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Récit libertin : Destins croisés Histoire érotique Publiée sur HDS le 08-10-2020 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Destins croisés
Voilà un récit d’adultère inspirée des histoires publiées sur ce site par PP06.

C’est l’un des auteurs de HDS dont je lis systématiquement les textes. Je les apprécie beaucoup.

J’aime sa façon de mener ses histoires, en décrivant le point de vue de chacun, généralement de manière impartiale et de proposer à ces lecteurs de prendre parti.

Je vous engage d’ailleurs à faire comme moi et aller découvrir les récits de PP06.


EMILIE
Je trompe mon mari. Ca fait quatre mois que je vois quelqu’un. Oh, je n’en suis pas fière hein ! Loin de là.

Le doute et les remords me rongent depuis plusieurs semaines.

Pourquoi est-ce que je trompe François ? C’est la question que je me pose tous les jours. Je l’aime tant.

Enfin, quand je dis « Je trompe mon mari », je devrais dire « j’ai trompé mon mari ».

Parce qu’aujourd’hui, nous sommes samedi, je dois voir Sébastien cet après-midi et je vais lui annoncer que c’est terminé.

Il a d’ailleurs été surpris que je lui propose ce rendez-vous un samedi après-midi. Nous nous voyons d’habitude le jeudi après le travail, avant que je rentre à la maison. Je ne me suis pas étendue, mais il a eu cette réflexion : « C’est super Emilie, on va enfin pouvoir prendre notre temps et ne pas faire ça rapidement comme d’habitude ».

Le pauvre, s’il se doutait ! En fait Seb, tu as mis le doigt exactement là où ça fait mal : « Comme d’habitude ». C’était devenu juste une habitude pour moi. Une mauvaise habitude …
Mais revenons au début de cette histoire.

Je m’appelle Emilie, j’ai 32 ans. Avec François on s’est connus à la fac, on s’est mis ensemble en première année. Dès le début ça a débuté sur les chapeaux de roues. On a très vite vu qu’on était amoureux l’un de l’autre. Mais c’était nos années étudiantes, celle de la fête. Puis vint rapidement le temps de la vie commune, de l’insouciance d’un jeune couple qui démarre dans la vie, de l’amour fou, des plaisirs, des amis, de nos quelques voyages, du début de la vie professionnelle. La vraie vie quoi ! Nous nous sommes mariés il y a 6 ans, une fois que nous avons eu la certitude que notre amour fou c’était transformé en amour profond. Il ne pouvait plus en être autrement. Il était l’homme de ma vie, j’étais la femme de sa vie. Nous en étions surs. C’était juste une évidence.

Je suis heureuse avec lui. Il a toujours été à l’écoute. Quelques disputes, comme pour tous les couples, rien de grave. Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi cette liaison ? J’y viens.

Je vous le disais, je suis heureuse dans mon couple. Nous avons une vie équilibrée, des loisirs en commun, des amis en commun et chacun nos propres loisirs et amis de notre côté. Nous ne nous cachons rien. Enfin, je ne lui cachais rien avant ça.

Sexuellement, je suis épanouie avec François. Le ridicule de cette liaison en est encore plus grand. Alors, bien sûr, ce n’est plus la folie de nos années étudiantes. A l’époque nous faisions l’amour, sans arrêt, partout. Avec le temps, nous nous sommes calmés, mais pour atteindre une sorte de plénitude. Il n’y a jamais eu de temps mort dans notre sexualité. Hormis les périodes de trop grande fatigue ou de stress, nous faisons l’amour plusieurs fois par semaine, presque tous les jours même. Le plaisir que j’y prends et que je lui donne est intact. L’envie est toujours là, et plus que là.

Nous voulons un enfant. On en parle très souvent, enfin moins depuis quatre mois, de mon fait, je dois bien l’avouer. Quand il aborde le sujet, je ne me sens plus trop à l’aise. Il y a peu encore, c’était un sujet récurent entre nous. Nous choisissions des prénoms de fille et des prénoms de garçon, que nous changions tous les quatre matins. S’en est devenu une « private joke » entre nous.

Nous n’avons pas d’enfant après six avant de mariage et près de dix de vie commune, parce que je lui ai demandé un délai. Je suis cadre dans une société d’assurance. Je lui ai demandé avant d’être enceinte de pouvoir mettre ma carrière sur les rails. C’est chose faite depuis un an et demi. Je suis l’adjointe au chef d’un des plus gros services de la boîte. Ma carrière est aujourd’hui tracée. A terme, on me proposera un poste de cheffe de service.

Nous avons programmé de faire de notre enfant pour 2021. Je dois arrêter la pilule en fin d’année. Ca serait formidable de concevoir notre enfant la nuit de la Saint Sylvestre.

Le couple, parfait en quelque sorte, que nos connaissances doivent citer en exemple. S’ils savaient !

Et puis, il y a eu Sébastien. Il travaille dans la même boite que moi, dans un autre service. Il n’y a donc aucun lien hiérarchique entre nous.

Je le croisais régulièrement au restaurant d’entreprise, lorsque j’y déjeunais. Nous avions également de temps en temps des conversations près de la fameuse machine à café. Toujours des conversations sur le boulot. Après quelques temps, il m’a demandé la permission de s’installer à ma table pour déjeuner. Pourquoi pas ! Il était plutôt sympathique. En général, je déjeunais rapidement et je remontais au bureau. Plutôt que de manger seule devant mon plateau, un peu de compagnie pouvait être la bienvenue.

Nos sujets de conversation ont évolué au fil des jours. Des sujets plus personnels ont été abordés : famille, loisirs, goûts …
Du vouvoiement, nous sommes passés assez naturellement au tutoiement.

Un matin à la machine à café, il m’a demandé si je voulais déjeuner à l’extérieur avec lui. J’avais peu de temps ce midi-là, un travail urgent à finir, mais j’ai accepté pour le lendemain. Ça a été pour lui l’occasion de me faire sa déclaration. Je lui plaisais, il était bien avec moi, il voulait aller plus loin.

Je l’ai gentiment éconduit. Je lui ai expliqué qu’Il était hors de question que j’ai une aventure extra-conjugale, j’étais mariée, j’aimais mon mari. Je n’étais pas en colère. Je ne lui en voulais pas de sa démarche. Il avait tenté sa chance, avec tact, c’était non pour ma part, ça s’arrêtait là. Nous allions continuer de déjeuner ensemble de temps en temps, mais qu’il ne me relance plus. Voilà en gros la teneur de ma réponse.

Il a semblé désolé, c’est excusé platement, il comprenait mon choix, m’a promis qu’il n’aborderait plus le sujet.

Pour être complètement honnête, j’ai été surprise certes, mais aussi amusée par cette sollicitation. Et puis, ça me flattait aussi quelque part. Je plaisais. Sébastien était plutôt bel homme, c’était flatteur. Mon égo était satisfait.

Dans les semaines suivantes, j’ai continué nos conversations à la machine à café et nos déjeuners de temps en temps au self avec Sébastien, moins souvent peut-être. Il a semblé gêné au début, mais le ton anodin que j’employais a dû le rassurer. Nos relations sont redevenues normales, au fil des jours. Enfin, dans un coin de ma tête, c’était encore présent. Je n’avais pas l’intention de quoi que ce soit, mais j’étais toujours flattée, voir satisfaite de plaire.

Et tout a basculé ! Ça s’est passé à l’occasion d’un pot pour un départ dans le service de Sébastien. En tant qu’adjointe du service voisin, j’ai été invitée. Je connaissais bien la personne qui quittait l’entreprise.

J’avais bu quelques verres, d’accord. L’alcool me monte vite à la tête, c’est certain. Est-ce que ce sont des excuses ? Au cours de la soirée, Sébastien m’a relancée, j’ai cédé.

Ça s’est passé dans un bureau désert à cette à heure avancée de la soirée. Nous nous sommes isolés, il m’a embrassée, j’ai répondu à son baiser. Je n’étais plus complétement là, je me suis laissée embarquer par le tourbillon des sensations. Je me suis baissée pour lui faire une fellation. Il m’a tendu un préservatif, que j’ai positionné. Ça m’a fait bizarre, je n’en avais plus utilisé depuis le tout début de ma relation avec François. J’étais gauche au début. Excitée certes, mais pas à l’aise du tout. Il m’a assise sur le coin d’un bureau pour me pénétrer, après avoir relevé ma jupe sur mes hanches. En termes de plaisir, c’est compliqué à décrire. J’en ai ressenti, certes, mais pas tant que ça. Il y avait cette anxiété d’être surprise dans cette situation. Il y avait surtout ce sentiment de trahir François, bien présent entre les vapeurs d’alcool. Soyons honnêtes jusqu’au bout, ce sentiment s’est un peu éloigné au fur et à mesure de nos ébats. Il y avait aussi le fait de braver l’interdit, l’attrait de la nouveauté. J’ai joui assez rapidement. L’excitation était bien présente, m’entrainant vers le plaisir, atténuant les doutes. Il a voulu jouir dans ma bouche, j’ai refusé. Il a éjaculé dans son préservatif encore en moi.

J’ai regretté très rapidement, aussitôt même ! J’ai réajusté mes vêtements et j’ai dit à Sébastien que c’était une folie, qu’il ne fallait pas recommencer, qu’il soit discret là-dessus. J’étais mariée bien sûr et même au niveau professionnel, il ne fallait pas que ça se sache. Il a semblé déçu par ma réaction, mais il m’a promis de n’en parler à personne. De toute façon, lui-même était marié avec deux enfants. Il n’avait pas envie non plus que ça se sache. Il aimait sa femme et ne voulait pas faire exploser son couple. Une fois revenue à l’endroit de la petite fête, j’ai pris mes affaires et je me suis éclipsée, un peu comme une voleuse.

La gêne et les regrets que j’avais ressentis sur le moment se sont transformés en honte. C’est le sentiment qui m’habitait en rentrant à la maison, j’avais un peu honte. Je dis « un peu » parce que même si j’avais retrouvé une partie de ma lucidité, les effets de l’alcool étaient encore là, atténuant encore ma perception des choses. Je me suis douchée en rentrant, surtout pour me nettoyer, je me sentais sale. Cette douche a eu pour effet aussi de me remettre les idées en place. Cette fois, je regrettais complètement mon moment d’égarement. Des regrets certes, mais surtout des remords. L’interdit, la nouveauté, retrouver le goût de la folie de ma jeunesse, quand avant François je multipliais les conquêtes, des foutaises tout ça …
Je me suis couchée en étant la plus discrète possible. Je ne voulais pas réveiller François. Surtout, ne pas affronter son regard ce soir. Il s’est juste retourné en me demandant d’une voix endormie :
- Tu es rentrée ? Ça c’est bien passé ?
- Très bien chéri, dors …
Je l’ai embrassé, je me suis couchée dans son dos. Le sommeil a eu du mal à venir, malgré l’heure tardive, la fatigue et l’alcool. Je ressassais, la honte de mon acte me tenaillait. Je me suis tournée et retournée une partie de la nuit. Vers trois heures du matin, je me suis enfin endormie un peu apaisée. Progressivement, je m’étais persuadée que ce n’était pas si grave que ça. Que c’était un tout petit coup de canif à notre contrat. Que de toute façon, ça serait la seule fois. Il n’y aurait pas de suite. J’aimais François, ça c’était une certitude absolue. Je ne ressentais aucun sentiment amoureux pour Sébastien. C’était juste une erreur. Pourvu que ça ne se sache pas au boulot. Que personne ne se soit aperçu de notre absence pendant la soirée. Je regrettais. Je ne le dirais pas à François, je l’aimais et je n’avais pas envie de lui faire du mal. Je n’avais pas l’intention de recommencer. Ca tournait dans ma tête. Je savais bien que ma mauvaise conscience me faisait tenter d’atténuer ma faute.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Sauf que Sébastien n’a pas tenu sa parole. Certes, il a été discret sur notre coup de folie. Mais il m’a à nouveau poursuivi de ses assiduités. Il ne m’a pas demandé frontalement de poursuivre notre relation, bien sûr. Il m’a fait la cour.

Je n’étais évidemment pas dupe. Mais là encore, j’étais flattée de ses attentions. Mon égo encore ! C’était ridicule, j’en avais bien conscience. Je n’avais aucunement l’intention de lui accorder quoi que ce soit, mais je l’ai laissé faire.

Il a eu la finesse d’agir par petite touche, de distiller dans mon esprit l’idée d’une liaison. Même si je ne le souhaitais pas, j’ai fini par ne plus trouver l’idée incongrue. J’y avais pris un certain plaisir la première fois. Foutu égo ! Les graines qu’il a semées en moi ont fini par germer et je lui ai cédé …
Nous nous sommes vus dans un hôtel. J’étais gênée de devoir me montrer auprès du réceptionniste. Il m’a proposé d’aller réserver la chambre pendant que je l’attendais dans la voiture. J’ai juste eu a baisser la tête en traversant la réception lorsqu’il est revenu me rechercher.

Ce fut plutôt agréable, j’ai ressenti grosso modo, les mêmes sentiments que la première fois : braver l’interdit, l’attrait du changement, le flashback sur mes jeunes années, la folie du moment présent, l’impression de plaire. Sauf que cette fois, je n’avais plus l’excuse de l’alcool. J’étais pleinement consciente de ce que je faisais.

Ça dure depuis quatre mois. Des remords, bien évidemment que j’en ai. J’ai du mal à regarder François en face. Je n’aime pas Sébastien, mon amour pour François est toujours aussi fort. Pourquoi je continuais ? Je n’ai pas vraiment de réponse, hormis que mes parties de jambes en l’air me plaisent finalement. Moi, une femme infidèle, on me l’aurait dit il y a encore quelques mois, j’aurais éclaté de rire ! Mais j’y suis retourné à chaque fois.

J’ai instauré des règles sur nos pratiques assez rapidement, face aux demandes de Sébastien. Il ne jouissait pas dans ma bouche, je n’acceptais pas la sodomie. Ça c’était réservé à mon mari. La sodomie notamment doit être une pratique rare que l’on accorde qu’à celui qu’on aime. Pour moi, c’est le don complet de sa personne. On ne peut l’offrir aussi facilement. Le plaisir est beaucoup plus cérébral que physique. J’ai lu l’interview d’une réalisatrice de films X engagée et féministe (si ça existe) qui disait que le porno avait banalisé la sodomie et que ce n’était pas une bonne chose. J’étais complétement en accord avec ça.

Nos rendez-vous ont lieu le jeudi en fin d’après-midi, toujours à l’hôtel. J’ai dit à François, pour justifier mes retards ces jours-là, que mon chef m’avait demandé de rester le jeudi au boulot, parce qu’il pratiquait une activité sportive. Je rentrais donc vers 20 heures à la maison, au lieu des 18h30 habituels, tous les jeudis. Des 5 à 7 ! Un peu pitoyable non ?

Pitoyable, c’est le mot qui s’est insinué au fur et à mesure dans mon esprit au sujet de cette relation. Je ne supportais plus de mentir à mon mari déjà, c’est la cause principale. Le plaisir que j’en tirais ne compensait pas ces mensonges répétés. Le lieu ensuite ! Nous faisions ça dans un hôtel de chaine lambda. Ce n’était pas miteux, c’était plutôt propre, enfin pas sale plutôt, mais sans charme, froid, impersonnel.

Progressivement, le plaisir pris dans cette aventure s’est étiolé. Je me sentais mal. Je me suis ouverte ma meilleure amie Sarah. Effarée d’abord, elle n’y croyait pas (« Non, pas toi Emilie ! Qu’est ce qui t’as pris ? »). Elle m’a conseillé de mettre fin le plus rapidement possible à cette liaison, qui allait finir par me ronger complètement. C’est ce que je voulais faire de toute façon. Ça ne m’apportait quasiment plus rien. Et puis, il y avait ce sentiment d’habitude qui avait pris forme dans mon esprit, en seulement quatre mois. Ce sentiment que finalement, malgré les années, je n’avais jamais ressenti avec mon mari. Tout ça me paraissait fade, indécent même. Elle a fini de me convaincre en insistant sur le fait que les tromperies, ça se savait toujours. Un jour, on fait l’erreur fatale et le mari trompé s’en aperçoit. J’avais fermement l’intention de tout arrêter, mais j’aurais trainé, repoussant l’échéance. Sarah m’a ouvert les yeux.

Je ne pouvais pas continuer à trahir François, j’étais au bout. Quand il me proposait de faire l’amour, j’étais gênée. Mon impression de trahison décuplait. J’essayais de faire bonne figure, mais ça devenait de plus en plus compliqué. L’autre soir, j’ai même éteint la lumière ne pouvant affronter son regard alors qu’il était sur moi.

Ma décision était prise. J’ai proposé ce rendez-vous le samedi suivant à Sébastien, en annulant celui du jeudi soir. Déjà, le jeudi précédent, j’avais cédé à l’insistance de Sébastien et j’avais accepté de le voir plus tôt, dans l’après-midi, pour passer plus, de temps ensemble. J’avais pris mon après-midi au boulot. Je lui ai envoyé un mail pour lui ai proposé de ne pas nous retrouver sur le parking de l’hôtel, comme d’habitude (quand je parlais de sordide tout à l’heure !), mais à la terrasse d’un café. Il a eu l’air content. Pour lui, nous allions prendre notre temps, du bon temps, boire un verre avant.

J’ai dit à François, que j’allais faire les magasins avec Sarah le samedi prochain. Le dernier mensonge que j’allais lui faire. Je me sentais déjà soulagée. Je ne supportais plus de lui mentir sans arrêt.



FRANCOIS
Emilie me trompe. Je le sais. Ma femme bordel ! Celle à qui j’ai tout donné. Emilie ! Pourquoi a-t-elle fait ça ? Pourquoi m’a-t-elle fait ça ?

Je suis cocu ! Jamais je n’aurais pensé en arriver là … Et pourtant …
Oh, au début, il y a deux mois, c’était juste des doutes. Son habitude a changé. Pas fondamentalement, c’était juste des petites détails. Mais mis bout à bout, le doute s’en insinué en moi, jusqu’à ce que j’en ai la preuve sous les yeux.

Elle était plus distante déjà, semblait préoccupée, souriait moins qu’avant. J’ai supposé des problèmes à son boulot. Je savais comme elle prenait les choses à cœur à ce sujet. Je l’ai questionné, elle m’a assuré que tout allait bien. Nous faisions l’amour toujours aussi souvent, mais je me suis aussi rendu compte que c’était moi qui sollicitait systématiquement. Elle ne refusait jamais, ou pas plus qu’avant du moins, mais elle n’était plus demandeuse et moins active pendant. L’autre soir, j’ai été surpris lorsqu’elle a éteint la lumière pour nos ébats. Jamais, elle ne l’avait fait auparavant.

Son portable aussi ! Avant, elle le laissait trainer partout dans la maison, elle me demandait même parfois de répondre pour elle, quand il sonnait et qu’elle n’était pas à côté. Là elle l’avait constamment avec elle, dans la poche arrière de son pantalon par exemple. Elle s’enfermait même dans les WC avec.

Je m’inquiétais, je me faisais des idées. Je ne réussissais pas à me convaincre de fouiller dans sa vie plus en avant. Je trouvais ça ridicule. Indigne. Je voulais croire à sa fidélité, à, son amour.

Et puis, il y eu cette conversation téléphonique que j’ai surpris. Un mardi ! Oh, rien d’important à priori. Elle était dans la cuisine, j’étais dans l’entrée en train de changer une prise de courant défectueuse. C’était son chef. Il rentrait de quelques jours de vacances et il voulait prendre la température avant de reprendre le travail deux jours après. Ils le faisaient régulièrement, elle et lui, pour que tout ne leur tombe pas sur le coin du nez le matin en même temps, en débarquant au bureau. Des relations professionnelles normales entre un chef de service et son adjointe en quelque sorte. Pourtant une phrase prononcée par Emilie a attiré mon attention :
- Non, ne programme pas cette réunion, jeudi, j’ai pris mon après-midi, oui une RTT qui traine. Oui, Vendredi, c’est mieux ! A l’heure que tu veux …
Elle a pris son après-midi ? Jeudi ? Elle ne m’en a pas parlé ! Qu’est-ce que ça signifiait au juste ? J’ai cogité toute la soirée et une partie de la nuit. J’ai eu beaucoup de mal à m’endormir. Ca commençait à faire beaucoup. Qu’est ce qui se passait ?

Le matin, avant de partir au boulot, je lui ai dit :
- Emilie, on en a déjà parlé, mais je te trouve de plus en plus fatiguée. Et si tu prenais une journée de congés pour t’occuper de toi en fin de semaine, je ne sais pas, jeudi ou vendredi ?
- C’est gentil de te préoccuper de moi, mon Chéri, mais c’est de la folie au boulot ! impossible pour moi de m’absenter. Et puis Pierre va rentrer de congés, il va y avoir plein de trucs à faire. Je t’assure, ça va. je suis un peu crevée en ce moment, mais ça va aller, avec le retour de Pierre. Ça va me soulager. Je verrais ça plus tard …
J’ai accusé le coup. Mais je n’ai pas insisté. Je devais partir travailler.

Par contre, cette fois, j’étais décidé à fouiller.

Toute la journée, je n’ai pas eu la tête à ce que je faisais. Tout le monde me demandait si j’étais préoccupé, si j’avais des soucis.

Elle prenait ce congé le jeudi , sans me le dire !! Le jour où elle rentrait plus tard depuis quelques mois. Pierre son chef qui allait au sport. Ca ne pouvait pas être un hasard. En plus, quand je lui en ai parlé, j’ai eu droit à une réponse bidon. A un mensonge.

Son portable ! Là je trouverai peut être quelque chose. Le souci, c’est que maintenant, elle l’avait tout le temps avec elle.

Oh, n’est pas très glorieux, mais j’allais attendre qu’elle dorme, pour le récupérer sur sa table de nuit. C’est là qu’elle le mettait le soir, éteint, alors qu’avant, il trainait partout dans la maison allumé.

J’ai attendu de pouvoir entendre sa respiration s’approfondir et se réguler. Je suis approché de son visage. Elle dormait. Je me suis levé, j’ai fait le tour du lit pour récupérer le portable. J’ai fait le moins de bruit possible, même si je savais qu’elle avait le sommeil assez profond en général. Je suis allée m’enfermer dans la salle de bain.

Son code de déblocage ? Je le connaissais … Celui d’une femme mariée honnête et aimante : mon jour de naissance, le sien et la date de notre mariage, le 17232405 … a moins, qu’elle en l’ai changé. Bon, c’est toujours le même. Son code pin : 0000, elle ne l’avait jamais changé.

Je suis allée sur ses SMS. Rien. Je fus rassurée au moins dans un premier temps. Finalement, j’ai trouvé ça louche, aucun SMS. Avant, elle laissait ses messages plusieurs semaines trainer dans son historique. Un historique vide, ça pouvait aussi être l’habitude prise par quelqu’un qui n’avait pas la conscience tranquille. J’ai fouillé plus avant. Ses photos ? Rien de particulier … Moi, elle, nous, les vacances, sa famille, Sarah et elle … sa boite mail. Il n’y avait pas de code d’accès. Pas mal de pubs, comme dans toutes les boites, un message de Sarah, rien d’anormal. Un autre de sa cousine. La corbeille ? Un peu la même chose, sauf un message d’un certain Sébastien Marchand, daté de la veille. Mon cœur s’est mis à battre plus vite :
« Génial que tu aies pu te libérer tout l’après-midi, jeudi. On va enfin avoir du temps pour nous. J’imagine tout ce que l’on va pouvoir faire. J’ai hâte. On se retrouve comme d’habitude sur le parking de l’hôtel. Ca nous évitera de partir ensemble du boulot. Toi qui aime qu’on prenne des précautions.
Je t’embrasse partoutSeb »
J’avais la preuve sous le nez. Ce n’était plus des présomptions cette fois ci. Je ne pouvais plus me convaincre que je me faisais mon cinéma avec ça. Elle me trompait ! La salope …
Mon premier réflexe fut d’aller la réveiller et de lui mettre le mail sous le nez. Qu’elle s’explique.

Mais non, je voulais une vraie confrontation. Je n’aurais pas longtemps à attendre, leur rendez-vous était pour le lendemain. Nous étions mercredi. Le mail n’était pas équivoque, mais je voulais les surprendre en train de faire leurs saloperies dans leur chambre d’hôtel. Lui casser la gueule à lui surement. Lui mettre le nez dedans à elle. L’humilier devant son amant, prise sur le fait comme elle m’a humilié toutes ces semaines. Provoquer un scandale dans l’hôtel, je m’en foutais … La honte sera pour elle. Qu’ils appellent les flics … Et une ambulance pour l’autre crevure aussi.

J’ai reposé son portable silencieusement sur sa table de nuit, je me suis recouché. Je n’ai pas dormi de la nuit. Mes résolutions de confrontation se sont effritées au cours des heures d’insomnie.

J’allais divorcer. Je ne voulais pas d’un consentement mutuel, peu importe si ça durait. Je voulais qu’elle ait tous les torts. Que sa famille, que ses amis sachent. Elle a été la femme de ma vie. Elle a tout brisé. Jamais, je ne l’ai trompée. J’en ai eu l’occasion. Cette petite stagiaire très sexy qui me courait après, il y a deux ans au boulot, par exemple. Mais non, je n’imaginais même pas tromper Emilie. Ma confiance vis à vis d’elle était perdue. Même si elle mettait fin à sa liaison, si on s’expliquait et qu’on tentait de recoller les morceaux, je n’aurai plus confiance en elle. J’allais passer ma vie à être suspicieux. Je ne voulais pas de ça, pas de cette relation tronquée. Je l’ai aimé plus que tout. Je l’aime encore, c’est sûr ! Et je vais encore l’aimer longtemps. C’est sur aussi. Pardonner, je le pourrai peut être, avec du temps. Oublier jamais. Je ne voulais pas guetter chaque lapsus de sa part, chaque hésitation à une de mes questions. C’est ce qui m’attendait. Je ne voyais que la séparation et le divorce. Avec le temps, mon amour pour elle s’atténuerait. Et peut-être un jour disparaitrait. En attendant, je devrais serrer les dents.

D’abord la coincer. Rassembler des preuves.

- Tu pars déjà chéri ?
- Oui, je commence plus tôt, un boulot urgent, je pars en déplacement pour la journée.
- A ce soir mon amour !
- A ce soir …
Comment pouvait-elle me servir des « mon chéri » et des « mon amour », alors qu’elle allait de faire sauter cet après-midi dans cette chambre d’hôtel ! Respecte-moi au moins … Et respecte toi aussi …
J’ai pris ma journée moi aussi. Oh, je n’avais plus l’intention d’aller défoncer la porte de la chambre d’hôtel, de casser la gueule à son amant. La nuit avait portée conseil. Juste rassembler des preuves. J’avais le mail évidemment, j’en voulais plus. Le mail, je l’avais photographié. Je ne pouvais pas me le faire suivre. Elle s’en serait aperçue. Je ne savais pas la valeur que ce genre de preuve pouvait avoir.

Le matin, j’ai pris rendez-vous avec une avocate. Elle pouvait me recevoir dès le lendemain. Je verrai avec elle ce qui pouvait être utile ou pas.

Vers midi, je me suis garé devant l’immeuble où travaille Emilie. J’ai emprunté à un copain, son utilitaire blanc passe-partout. Il était donc impossible qu’elle me repère. J’ai pris mon appareil photo avec moi.

Vers 13h30, je l’ai vu sortir. Enfin je l’ai reconnue au volant de sa voiture, qui sortait du sous-sol. Elle était seule. Je l’ai suivie jusqu’à la sortie de la ville dans une zone commerciale. Au fond, il y avait quelques hôtels de chaine. Elle s’est garée à côté de la seule voiture présente sur un parking. Je me suis mis à l’autre bout, ma voiture partiellement masquée par un bosquet. La photographie est un de mes hobbies. J’ai donc un bon appareil, munie d’un zoom suffisamment puissant pour prendre des gros plans de l’autre côté du parking.

Il est descendu de sa voiture, elle aussi. J’ai zoomé, photographié, cliché sur cliché. Ils se sont embrassés et dirigés vers l’entrée de l’hôtel. Il la tenait pas la taille. Elle conservait ses bras croisés devant elle.

Eh, mais je le connais ce salaud ! Elle me l’a présenté, il y a plus d’un an, à l’occasion de la fête de fin d’année à son boulot. Les conjoints étaient invités. Je ne suis pas resté longtemps, je m’ennuyais, ne connaissant personne. Elle m’avait présenté à ses collègues. A l’époque amoureuse, d’abord à ses collègues féminines, pour faire genre « Regardez comment mon mari est bien ! », son petit sourire en coin ne trompait pas. Ça m’avait fait marrer à l’époque. Puis à son chef, à quelques collègues masculins, dont lui. J’ai la mémoire des noms : le mail était signé Seb … Sébastien … Marchand ! Oui voilà ! Sébastien Marchand. Je pourrai passer l’info à mon avocate. J’avais le nom de son amant. Un élément de plus.

A l’époque de cette fête, ils ne devaient pas encore coucher ensemble. Je me souviens qu’elle était rentrée vers minuit, un peu pompette, il lui en faut peu faut dire. Je l’avais emmenée au lit directement. Elle pouffait quand je l’ai déshabillée. Elle avait été particulièrement vicieuse ce soir-là, se laissant aller complètement. Je la connaissais tellement. J’avais la certitude ce soir-là qu’elle était amoureuse de moi comme jamais. Rien à voir avec son habitude les jeudis soirs quand elle rentre de ses rendez-vous, où elle évite la conversation, ne me regarde pas en face. C’était le temps du bonheur encore intact. Tout cela est terminé maintenant. J’ai un peu craqué à ce moment-là. J’ai eu une crise de larmes.

Je n’avais plus rien à faire sur ce parking. J’avais une trentaine de photos qui ne laissaient aucun doute sur leur relation, prises en gros plan. Aucun doute sur leur identité non plus, on voyait parfaitement les visages. Attendre qu’ils sortent ne m’apporterait rien de plus.

J’ai cherché l’adresse de ce Marchand sur internet. J’ai trouvé. Il n’était pas sur liste rouge. J’y suis allée par curiosité, je n’avais aucune idée particulière en tête.

C’était un pavillon en périphérie de la ville. Sous la sonnette, il y avait une étiquette « Julie & Sébastien Marchand ». Dans le jardin, j’ai entendu des rires d’enfants. J’ai aperçu une jolie brune qui jouait avec deux petites filles. Un bon père de famille ce Marchand. Pourriture ! J’avais envie de sonner et de tout dire à Julie, sa femme, de lui montrer le mail qu’il avait envoyé à Emilie, de lui montrer les photos dans l’appareil. Mais non, c’était cruel. Quel intérêt de faire du mal à cette femme. Elle était dans le même cas que moi, je n’allais pas lui imposer ça, je savais très bien ce que peut ressentir un conjoint trompé. J’étais bien placé pour ça. Et puis c’était à l’autre connard de gérer ça. Pas à moi. J’en avais assez à gérer avec ma propre situation.

Je suis rentré chez moi, tourner en rond. C’était ça ou tourner en rond dans la rue.

Emilie est rentrée vers 18 heures. Comme d’habitude le jeudi, le regard fuyant :
- Tiens, tu es déjà rentrée ? Tu ne rentres pas à 20 heures, comme tous les jeudis ?
- Euh … Non … mon chef était disponible ce soir, il m’a dit de rentrer. Me voilà donc !
- Ah, ça tombe bien, j’avais envie de toi ce soir ! Ca fait quelques jours qu’on n’a pas fait l’amour, ça me manque …- Ecoute, je ne suis pas bien ce soir, crevée … un peu malade aussi. Si ça ne te dérange pas …- Non, ma Chérie, ne t’inquiète pas, je ne suis pas une bête … J’aime le sexe, mais je peux me retenir. Je ne suis pas comme certains …
Ma réflexion l’a laissée perplexe. J’ai vu son regard se perdre sur le mur de la cuisine. Des remords ?

Trop tard :
- De toute façon, je plaisantais, je dois partir.
- Ah bon, où ça ?
- Mon frère a fait appel à moi, il a besoin d’aide pour déménager des trucs dans son garage. Je vais l’aider. Je vais rester diner avec eux. Ça fait un moment que je n’ai pas profité de mes nièces. Ca me fera l’occasion. C’est bête tu aurais pu venir avec moi, mais tu es fatiguée et malade, va te coucher, ne m’attends pas, repose toi ma Chérie.

Sans lui laisser le temps de répondre, j’ai pris mon blouson, je l’ai embrassée sur la joue et je suis partit.

Je n’allais pas chez mon frère bien sûr. Mais je ne voulais pas passer la soirée avec elle. Pas après ce qu’elle avait fait deux heures avant. Pour moi, elle était sale. Impossible de la toucher. L’embrasser sur la joue m’avait déjà demandé un effort. Comme de l’appeler « Ma Chérie » d’ailleurs.

Elle n’était plus ma Chérie.

J’ai trainé dans un bar, buvant un peu plus que de raison. Je n’étais pas saoul, mais l’alcool m’a un peu calmé les nerfs. Je suis rentré vers minuit, je me suis couché. Elle ne dormait pas :
- Ca va mon Chéri, ça c’est bien passé ?
- Tu ne dors pas ? Plus malade ?
- Non, ça va mieux …
Elle a posé sa main sur mon épaule et s’est collée à moi. Je lui ai tourné le dos :
- Excuse-moi Emilie, je crois que je me suis un peu fait mal au dos en soulevant ces cartons chez mon frère. Je suis crevé en plus.

Rien que le fait qu’elle pose sa main sur mon épaule ou de sentir son corps contre le mien, m’a hérissé. J’ai préféré coupé court, éviter la discussion et tous contacts.

Par contre, craignant ‘être trop brutal et d’éveiller trop son attention et ses doutes, j’ai ajouté :
- Bonne nuit ma Chérie.

J’ai fait semblant de dormir au bout de cinq minutes. Elle ne dormait pas. Je la sentais se tourner à sa place. L’alcool ingurgité aidant, je me suis endormi au bout d’un quart d’heure.

Le lendemain matin, j’ai quitté la maison avant qu’elle ne sorte de la salle de bain, une fois de plus pour limiter nos contacts au maximum. J’avais rendez-vous chez l’avocate dans la matinée. J’avais pris une journée de congé supplémentaire. J’ai argué de problèmes familiaux auprès de mon patron. Là-dessus, je ne mentais pas.

Le rendez-vous avec l’avocate s’est bien passé. Elle m’a confirmé que je pourrais divorcer sans problème. Tous les torts seraient pour Emilie. Les preuves étaient suffisantes. C’est symbolique, mais c’est ce que je voulais pour enfoncer le clou complètement. La procédure serait plus longue que pour un consentement mutuel, mais comme nous n’avions pas d’enfants, de ce côté-là, ça simplifiait …
Elle allait adresser une requête auprès du juge aux affaires familiales et envoyer une lettre à Emilie, pour lui annoncer officiellement mon intention et lui demander de prendre aussi un avocat. Je ne lui ai pas précisé, que de mon côté, je n’avais rien dit à Emilie.

Le soir, je suis rentré à la maison. J’ai eu un petit pincement au cœur en me disant que bientôt ça ne serai plus ma maison. Je devais faire bonne figure encore quelques jours auprès d’Emilie, même si ça devenait de plus en plus dur. Je voulais qu’elle découvre le divorce en lisant la lettre de l’avocate. Moi, je serai déjà partit à ce moment-là. Non pas par lâcheté, je n’avais pas peur de l’affronter. Plutôt, je n’avais pas envie d’avoir de discussion avec elle sur ce sujet là. Pas envie de l’entendre me donner des arguments et des excuses bidon. Peut-être pas envie de l’entendre me dire aussi, que c’est elle qui me quittait, qu’elle avait choisi l’autre. C’était un peu puéril, certes, juste une question d’égo, mais c’est moi qui la quittait, pas elle. Je devais marquer le coup. Et là, je marquais bien le coup.

Je rentrais du boulot plus tôt qu’elle, c’est moi qui ramassais le courrier dans la boite aux lettres, je récupèrerai la lettre de l’avocate, et je la lui laisserai quand je serai prêt à quitter la maison. Il me fallait un peu de temps. J’avais regardé les annonces immobilières et repéré un petit deux pièces qui conviendrait, au moins au début. En attendant, je pourrais passer quelques nuits dans un hôtel. Enfin pas dans celui où elle se faisait baiser, c’est sûr.

Il fallait que je fasse aussi des démarches à la banque. Ouvrir un autre compte à mon nom, faire virer ma paye dessus. Pour le reste, on s’arrangerait plus tard, au moment du divorce.

- Chéri ! Samedi après-midi, je vais faire les magasins avec Sarah !
- Ben voyons !
- Quoi ?
- Non, rien … - Mais si, dis-moi, je vois bien que ça ne te plais pas …- Une fois de plus, tu ne seras pas à la maison quoi …- Je vais annuler …- Non, vas-y … de toute façon …
J’ai fait la gueule une partie de la soirée. Elle m’a rejoint sur le canapé au bout d’un moment, s’est collée à moi, m’a embrassé dans le cou :
- Je vais annuler, je t’assure, ça ne me dérange pas.
- Non, vas-y, excuse-moi de m’être emporté. C’est idiot.
Sa main, s’est posée sur ma braguette :
- Excuse-moi chérie, c’est moi qui suis fatigué ce soir, je vais me coucher.

Je n’avais pas envie de faire l’amour avec elle, surtout pas. Je ne pouvais plus la toucher, impossible. Par contre, je devais me méfier, faire semblant encore quelques jours. Elle ne devait pas se douter. Mais la toucher, ça non !

Quand elle m’a rejoint dans le lit, j’ai fait semblant de dormir. Elle a eu du mal à trouver le sommeil, mais au bout d’un moment, j’ai entendu son souffle régulier. J’ai une nouvelle fois joué aux espions avec son portable. Je n’aurais pas dû, je n’en avais plus besoin, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. C’est un peu malsain, je sais.

J’ai trouvé son dernier échange de mails avec l’autre pourri. Lui, il faudra que je lui casse la tête un jour. Après le divorce !

« Jeudi, je ne pourrai pas. Par contre, on se verra samedi après-midi. »« Ça me va ! Je vais trouver une excuse pour Julie. Sur le parking comme d’habitude, 15 heures »« Non, 14 heures, à la terrasse du bar sur la place de l’Hôtel de Ville»« OK, ça changera des habitudes ! Je suis impatient ! C’est super Emilie, on va enfin pouvoir prendre notre temps et ne pas faire ça rapidement comme d’habitude. C’est dommage pour jeudi quand même ! Je t’embrasse »
La salope ! Ma décision était prise. Samedi après-midi, j’allais la quitter.

Le samedi, juste après son départ, j’ai rassemblé mes vêtements, mon ordinateur, quelques livres et autres bricoles, que j’ai chargé dans ma voiture. Je reviendrai chercher le reste de mes affaires plus tard. En journée, quand elle ne sera pas là.

Je suis revenu dans la maison. J’ai posé la lettre de l’avocate qui était arrivée deux jours plus tôt, sur la table de salon. J’ai eu un dernier doute. Est-ce que je prenais la bonne décision ? Il était encore temps de faire machine arrière. Au moins s’expliquer, peut-être que … Je l’aimais, bon sang … malgré tout ça ! Peut-être que ça valait le coup de … Essayer de … Faire cet enfant …
e me suis assis sur le canapé. J’ai cogité au moins dix minutes. Et puis, je me suis imaginé Emilie, en ce moment, en train d’écarter les cuisses pour son amant. J’ai posé la lettre et j’ai quitté ma maison.



EMILIE
« Et voilà ! C’est terminé ». J’ai poussé un énorme soupir.

Seb vient de partir. Il a été sidéré par ce que je lui ai annoncé :
- Je suis désolée, Seb, mais je ne peux plus vivre avec cette culpabilité. J’aime tellement mon mari. Ne m’en veux pas, ce n’est pas toi, c’est moi. Et pour toi aussi, c’est mieux, crois-moi. Je vois bien que tu es en train de t’attacher à moi. Je me trompe ? Ce n’est pas bien. Tu as une femme et des enfants. Ne brise pas ça, pour une histoire qui n’a aucun avenir.

A part des « oui » et des « non », le pauvre a été incapable de me sortir autre chose.

- Par contre, tu dois bien te douter qu’au boulot, on va aussi garder nos distances. C’est obligé. Bonjour/Au revoir, rien de plus. Je ne pourrai pas faire autrement. Et je crois que toi non plus !
- Non- Garde un bon souvenir de cette histoire et bonne chance dans ta vie Seb … Et je suis sincère. Vas retrouver ta femme et tes enfants. C’est bien plus important.
- Oui … Et toi ?
- Moi quoi ?
- Tu en garderas un bon souvenir ?
- Je ne sais pas … Elle m’a fait souffrir aussi cette histoire. Peut-être … un jour … Au revoir Seb.

Le pauvre est partit comme une âme en peine. Il s’est retourné trois fois avant de disparaitre au coin de la rue. J’ai eu peur qu’il ne fasse demi-tour. Non pas que j’avais la crainte de lui céder une fois de plus. Ca non, j’étais vaccinée. Mais, je n’avais pas envie de parlementer.

Sarah qui était trois tables plus loin est venue me rejoindre.

- Alors ?
- Alors c’est fait !
- Pas trop dur ?
- Non, ça va … Enfin ! C’est terminé. Je n’en pouvais plus de vivre avec ça. De ne plus pouvoir regarder François dans les yeux. De lui mentir. Je n’ai jamais cessé de l’aimer, jamais … Je l’aime encore plus fort aujourd’hui, j’en suis certaine …- Tiens, me dit-elle en me tendant un mouchoir en papier- Si tu savais comme j’ai honte. Honte de l’avoir trompé, honte de la distance que j’ai mise avec lui. Mais c’est terminé. Je vais redevenir moi. C’est ça qui est important ! Moi ! Son épouse aimante … Et dès ce soir …
Nous avons marché un moment au hasard dans les rues :
- Il était devenu bougon ces derniers temps, faisait la gueule, pour rien …- Tu crois qu’il se doute de quelque chose ?
- Non, je ne crois pas. J’ai fait attention … C’est plutôt que mon mal être a déteint sur lui. Il voyait bien que je n’étais pas bien. La fatigue, le stress au boulot, ça va un temps. Je ne savais plus quoi lui dire … Enfin, c’est terminé ! J’ai un poids énorme en moins … La boule que j’avais dans le ventre en permanence vient de disparaitre du coup.
- Tu y as pris du plaisir au moins ?
- Avec Seb ? Oui, au début, oui. Le plaisir de l’interdit, la digression, tout ça. Même si j’étais mal après. Et puis au fur et à mesure, les remords étaient plus forts que le plaisir que j’en tirais. Au début, j’avais envie d’y aller, juste avant. Ensuite, j’y allais par habitude. Je prenais toujours du plaisir sur le moment, bien sûr, je jouissais, mais bon ... Puis les remords se sont transformés en mal-être. J’y allais à reculons. J’aurais dû arrêter bien avant. Voir ne pas commencer d’ailleurs ! Quelle conne … La dernière fois, il y a 10 jours, quand j’ai accepté, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, de le rejoindre pour l’après-midi, je vais te l’avouer, j’ai simulé. Pour la première fois de ma vie … Je n’y arrivais pas … Je crois qu’avec lui, je n’y serais plus jamais arrivé.
- On parle d’autre chose … On oublie ces conneries … On va faire quelques boutiques ?
- Vite fait, je veux rentrer tôt pour retrouver mon petit mari …
Nous sommes rentrées dans trois boutiques. Voyant que je n’avais envie de rien, que je regardais ma montre sans arrêt, Sarah m’a dit :
- File retrouver François, tu n’as pas la tête au shopping aujourd’hui … Dépêche-toi, vas-y … A moins que l’on fasse un magasin de lingerie, pour toi ce soir ?!
- Merci, j’y vais oui, lui ai-je dit en claquant une bise sur sa joue … Et merci de ton soutien et de m’avoir ouvert les yeux, d’avoir provoqué le déclic. J’allais le faire ! Mais ça aurait trainé encore … Et pour la lingerie, j’ai de quoi à la maison ! T’inquiète !

J’ai récupéré ma voiture et je suis rentrée :
- Chéri ? C’est moi, je suis revenue plus tôt …
Il n’est pas là ? Il a dû sortir faire un truc. Ca va me laisser le temps de me préparer pour ce que je lui réserve ce soir !

Sur la table de salon, il y avait une lettre en évidence.

- Laure Dubreuil, avocate, c’est qui ça ?

J’ai ouvert l’enveloppe :
- Oh non … Pas ça … François … Mon amour … Mon Dieu, Noonnnn …

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