Drone de drame

- Par l'auteur HDS Laetitia sapho -
Auteur femme.
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Récit libertin : Drone de drame Histoire érotique Publiée sur HDS le 16-05-2022 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Note attribuée à cette histoire érotique par les lecteurs :
(9.3 / 10)
Note attribuée à cette histoire érotique par HDS :
(10.0 / 10)

Couleur du fond :
Drone de drame
Je les ai mis au défi…
Ah Ah Ah ! (rire sardonique)
Je les ai challengés !

Un défi littéraire, enfin littéraire est un grand mot, pour un petit jeu bien connu… J’ai proposé le début d’une histoire, puis chacun écrit à tour de rôle, le papier passe de main en main, et à la fin, on a un charabia sans queue ni tête.

Là, on a posé quelques règles, pour que ça tienne la route.

Il fallait bien qu’ils se mettent à deux pour relever ce défi et pour affronter la Graaande Lætitia.

J’ai lancé un drone, Patrick-PP06 et Briard, auteurs bien connus (et reconnus d’ailleurs), l’ont attrapé au vol. Qu’est-ce qu’ils allaient encore m’inventer ?! …
J’ai quand même dû reprendre la main à la fin pour récupérer mes jeunes héros.

A vous de juger. Mais surtout, à vous de deviner qui a écrit quoi.
C’est le jeu…
Ah juste une chose, c’est le troisième petit défi du genre. Si vous voulez mesurer le passif, amis lecteurs, allez lire ou relire nos précédents défis.

Le premier, c’était chez Briard, ça s’appelait « Rira bien qui rira le dernier ».
Le deuxième, c’était chez PP06, ça s’appelait « Variations amoureuses 2 »Voilà le troisième. Il s’appelle “Drone de drame”. J’espère qu’il vous plaira.

Bonne lecture.

---oOo---

Le livreur venait tout juste de déposer le colis chez Lucas.
Il l'ouvrit fébrilement et découvrit sa commande, le drone qu'il s'est acheté sur un site de vente par correspondance sur internet.

Il a aussitôt procédé à des essais dans le jardin de ses parents.
Lucas s'est habitué assez vite au pilotage du drone, à le diriger et à utiliser la caméra et l'appareil photo intégrés.
Certes, l'écran n'est pas très grand, mais il lui permet de voir assez distinctement les images renvoyées par l'appareil, surtout s'il active la fonction zoom.

Il a pensé bien sûr à la voisine, qui parfois, l'été bronze en maillot sur un transat dans son jardin. Avec les épaisses haies de laurier, impossible de voir quoi que ce soit, même de l'étage de la maison. Malgré ses 40 ans passés, Laure Beauchamp, la voisine, l'émoustillait plutôt. La voir en maillot avait été le grand fantasme de son adolescence, jamais réalisé.

Il a failli téléphoner à Clara, sa copine, pour lui annoncer la nouvelle.
Il y a renoncé aussitôt.
Si lui, en cette fin d'année universitaire, avait terminé ses partiels depuis deux semaines, Clara, quant à elle, travaillait d'arrache-pied pour préparer le concours d'entrée dans une école de commerce bien connue.
Ils se voyaient peu ces derniers temps.

Ils étaient ensemble depuis leurs 17 ans. Ils avaient passé le bac ensemble, leurs chemins s’étaient séparés, lui la fac, elle la prépa commerciale. Ils avaient même prévu de se mettre en couple après leurs études, voire de se marier.

Il décida donc de faire une surprise à Clara et d'aller la voir à l'improviste. Ça sera l'occasion de lui montrer son nouveau jouet.

Arrivé devant la maison des parents de Clara, il constata que la fenêtre de la chambre de sa copine était ouverte à l'étage. Elle devait être là en train de réviser. Il ne restera pas longtemps, pour ne pas la déconcentrer dans son travail.

Il lui vint l'idée de lui faire une petite blague. Il fit décoller son drone et le guida vers la fenêtre ouverte.

Qui fut le plus surpris ? Lucas ou le type nu couché sur Clara, nue aussi, et en train de s'activer sur elle dans la position dite du missionnaire.
Type qui d'ailleurs au bruit émis par les hélices et le petit moteur du drone a sauté du lit et est resté debout interdit les deux mains sur ses parties.


Abasourdi, Lucas est resté sans réaction, figé sur le trottoir. Il a émergé et est sorti de sa léthargie en apercevant Clara qui, ayant passé un peignoir, s'est approchée de la fenêtre pour la fermer et peut-être aussi vilipender le voyeur qu'elle pensait surprendre.

Elle aussi a été plus que surprise quand son regard s'est fixé dans celui de Lucas sur le trottoir :
- Lucas, attends !

Clara dévala quatre à quatre les marches de l’escalier et descendit les deux étages à la vitesse de l’éclair.
Elle se retrouva sur le trottoir au moment où Lucas avait récupéré son drone et s’apprêtait à partir.

Elle le rattrapa et s’agrippa à sa manche.
- Attends mon Lulu, ce n’est pas ce que tu crois.

Le jeune homme se retourna, le regard faussement étonné.
- Ah bon, ce n’est pas ce que je crois ? Mais je ne crois rien, sinon que tu avais la chatte qui te démangeait et que ce mec a utilisé sa queue pour te gratter.
- Non, ce mec, c’est mon prof de sociologie.
- Ah, ça change tout alors. Ça me rassure ! C’est censé me rassurer, n’est-ce pas ? Au lieu d’étudier la pluralité des méthodes sociologiques, il t’apprend la pluralité des rapports humains et des rapports sexuels, c’est ça ?

Elle lâcha son bras et prit l’air désolé :- Il me donne des cours de rattrapage depuis deux semaines. Tu sais bien que je suis nulle en sociologie.
- Vraiment ? Eh bien, tu as dû en faire des progrès en deux semaines !
- Non, mais c’est de ma faute. Je lui ai parlé de ma crainte de ne pas être à la hauteur avec toi, de ne pas totalement te satisfaire, tu sais, comme on en avait parlé.
- Tu lui as parlé de notre intimité ?
- Non, je lui ai juste dit que toi et moi n’avions jamais couché avec personne quand on s’est rencontré et que je pensais que nous n’étions pas nécessairement très doués.
- Et alors, il t’a proposé des travaux pratiques, de te faire voir comment on mettait papa dans maman, c’est ça ?
- Mais non, tu déformes tout. Il m’a dit qu’il fallait parfois avoir eu plusieurs partenaires pour mieux se connaître, mieux savoir ce qui nous fait jouir et savoir aussi ce qu’attend l’autre.
- Et c’était ta combientième leçon aujourd’hui ?
- Mais la première, qu’est-ce que tu vas imaginer.
- Tu te fous de moi, comme par hasard, c’était la première fois, pas de chance non ? Et tu aurais recommencé tous les jours jusqu’au concours, c’est ça ?
- Non voyons ! C’est la vérité, répondit Clara un trémolo dans la voix.
- Et alors ? Il a tenu ses promesses, il t’a bien fait jouir ?

Elle baissa la tête, comme un enfant pris en faute.
- Oui, je ne pensais pas que ça pouvait être aussi fort.

Le garçon se pinça les lèvres, serra les dents et ses poings :- Formidable ! Je suis super content pour toi et heureux d’apprendre que tu jouis bien plus fort avec ce mec que tu n’as jamais joui avec moi. Tu l’aimes ?
- Non, ça n’a été que physique. Je n’éprouve rien pour lui.
- Ah, tu me rassures. Et en combien de leçons, il devrait faire de toi une amante experte ?
- Je ne sais pas, il ne m’a rien dit. C’est moi qui ai été conne de me laisser faire quand il m’a dit qu’il allait m’aider à être une bonne amante, pour toi.
- Écoute, voilà ce qu’on va faire. Tu continues à baiser avec lui, et, quand tu auras terminé ta formation, tu reviendras me chercher, si tu en as encore envie. Et si j’en ai encore envie de mon côté.

Sa remarque la laissa sans voix et sans réaction. Il fit demi-tour et commença à marcher en s’éloignant d’elle.
Elle réagit enfin, alors qu’il était près de sa moto et avait déjà accroché son drone au porte-bagage.

Elle courut jusqu’à lui et s’agrippa de nouveau à son bras.
- Non, ne pars pas. J’ai fait une énorme connerie, je le reconnais et je te demande de me pardonner. Je n’aurais pas dû lui parler de nous.

Il mit le moteur en marche, enfila son casque et releva la visière.
- Ton erreur n’est pas de lui avoir parlé de notre intimité. Ça, je m’en fous. Ton erreur, c’est d’avoir baisé avec lui, d’avoir joui avec lui et, surtout, de ne m’en avoir jamais parlé. Tu m’as trompé et trahi.

Il enclencha une vitesse. Elle se crispa sur son bras.
- Non, ne pars pas, j’ai déconné grave, mais je t’aime. C’est avec toi que je veux apprendre.
- C’est trop tard ; il fallait y penser avant. Retourne voir ton prof de socio et d’éducation sexuelle.

Il donna un coup d’accélérateur, la moto fit un bond en avant et elle dû lui lâcher le bras.
Elle le regarda s’éloigner dans la rue et sentit les larmes couler abondamment sur ses joues.
Elle se retourna et se trouva face à son prof qui avait l’air embarrassé.

Il lui tendit les bras, mais elle le repoussa vivement.
- Tout ça, c’est de votre faute. Vous avez profité de ma faiblesse, vous êtes un vrai salop.
- Eh doucement ma jolie. Je n’ai fait que te donner ce que tu demandais.
- Mais je ne demandais rien. Je m’interrogeais, et vous, vous en avez profité, c’est dégueulasse.
- Mais je n’ai profité de rien. J’ajouterai que c’est plutôt toi qui en as profité.

Elle le gifla.
- Espèce de pervers. Vous êtes un ignoble et arrogant pauvre mec. Vous avez profité de votre situation, et vous avez abusé de moi.
- Mais tu étais consentante.
- Je me demande ce que votre femme et le rectorat penseront de ce que je ne vais pas manquer de leur raconter.

Il la saisit aux épaules.
- Ça, ma petite, ça n’arrivera pas, car tu vas la fermer.

Un voisin de la jeune fille s’interposa.
- Tu vas la lâcher connard, où je te fous mon poing sur la gueule.

L’homme, un géant à côté du mètre soixante-dix du prof, l’avait saisi par le cou et le menaçait avec un bras semblable à un impressionnant gourdin.
Le prof lâcha la jeune fille et détala à toutes jambes.

Clara resta quelques instants sur le trottoir, l’air hagard ; ses oreilles bourdonnaient, sa tête lui tournait, elle avait mal au cœur.

Se reprenant, elle remonta chez elle, se précipita aux toilettes et vomit plusieurs fois.
Elle se redressa et se dirigea droit dans la salle de bain. Elle ouvrit les robinets et se glissa sous l’eau tiède. Elle se savonna vigoureusement comme pour nettoyer son corps des traces de sa forfaiture.

Elle se sécha rageusement et alla dans sa chambre. Elle enfila un jeans et un tee-shirt par-dessus ses sous-vêtements.

Sans même se sécher les cheveux, elle se chaussa et descendit à la cave sortir son scooter. Elle démarra et prit la direction du pavillon des parents de Lucas.
En arrivant, elle ne vit pas la moto, habituellement garée devant le perron. Elle monta les quelques marches et sonna.

La mère de Lucas vint lui ouvrir l’air embarrassé.
- Ah, c’est toi Clara !
- Bonjour madame. Il est là ?
- Il est passé tout à l’heure. Il était comme fou. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais il avait pleuré.
- Où est-il ?
- Je n’en sais rien. Il a pris son grand sac de voyage, y a jeté des affaires, et il est parti sans même m’embrasser, ni me dire où il allait.
- Oh non, qu’est-ce que je vais faire !.
- Mais que s’est-il passé pour qu’il soit dans cet état ?
- J’ai fait une grosse bêtise madame.
- Nous faisons tous des bêtises ma chérie… Tu verras, il va revenir.

Clara rentra chez elle espérant voir la moto devant sa porte. Lucas n’était pas là ; elle espérait tellement qu’il lui aurait pardonné.
Aucune nouvelle de lui dans les jours qui suivirent. Il ne répondait pas à ses messages, que faisait-il ? Où était-il ?

« Le retour en cours est ma hantise, je vais croiser ce salaud qui a abusé de ma naïveté. Enfin de ma naïveté, je n’ai pas dit non, non plus. Je savais à quoi m’en tenir quand il a commencé à me déshabiller, je ne suis plus une gamine tout de même. J’avoue que ça me plaisait de connaître un homme, un vrai, juste une fois. Mon Lulu je l’aime, mais au moins une fois avec un homme d’expérience, et de l’expérience, il en avait, j’ai joui comme jamais. Dommage que Lucas soit arrivé avec son drone, je n’avais pas tout à fait terminé ma formation. »
Elle se faufila dans la classe pour ne pas croiser son regard, essayant de se cacher derrière un grand, mais il la repéra. Elle sentait son regard chaque fois qu’il tournait la tête vers elle. Il avait l’air en colère, qu’est-ce qu’elle devrait dire ?

A la fin du cours, il demanda à sept étudiants de rester quelques instants. Clara en faisait partie, elle s’en doutait. Ce n’était pas pour les féliciter, quel savon il leur passa ! Leur dernier devoir était nul, ils ne faisaient aucun effort, jamais ils ne réussiraient au concours si ça continuait comme ça, il faudrait peut-être envisager autre chose l’an prochain. Que des gentillesses !

« Je le sens tendu, j’ai l’impression qu’il ne parle qu’à moi, qu’il m’en veut. Mais de quoi bon sang ? »Enfin, il les libéra. Sans rien dire, ils s’apprêtaient à quitter la salle, la tête basse. A la dernière seconde, il interpella Clara :
- Clara, Viens me voir.

Aïe, cette fois, elle n’y coupait pas. Une fois les autres étudiants sortis, il la fusilla du regard :- Tu te fous de moi. A quoi tu joues ?

Elle resta interloquée, qu’avait-il encore inventé ? Devant son air ahuri, il lui tendit son smartphone, pour lui montrer une photo d’eux, nus sur son lit, aucun doute sur leur activité.
- Oh ! D’où sort cette photo ? Que faites-vous avec ça ? dit-elle outrée.
- J’allais justement te le demander.
- …- Ne fais pas l’innocente. Pourquoi m’avoir envoyé ça ? C’est une menace ? Qu’espères-tu avec ton copain ?

Elle comprit. C’était Lucas. Il était gonflé. Elle ne put s’empêcher de sourire.
- Et en plus, tu te fous de moi.
- Non, je vous assure, je n’y suis pour rien.
- Arrête ce petit jeu... Et fais attention à tes prochains devoirs, le dernier était nul.

Elle le regarda en lui faisant les yeux doux, avec un sourire enjôleur, pas si innocent.
- Mais je suis certaine d’avoir une bonne note, n’est-ce pas monsieur ?
- Quoi ?
- Et je réussirai le concours de fin d’année… Dans quelle école me conseillez-vous d’aller ? lui dit-elle de façon ingénue.

Il resta interdit tandis qu’elle lui tournait le dos, pour filer avant qu’il n’explose.
« J’aimerais que Lucas m’explique ce qu’il a fait. D’abord le retrouver. »
---oOo---
La photo, celle que son prof venait de lui montrer, apparut dès le lendemain dans la plupart des réseaux sociaux et tout l’établissement sembla l’avoir regardé. Clara se sentit observée, jugée, moquée et un grand malaise l’envahit.
Ses parents avaient vu la photo, eux aussi. Ils la questionnèrent et elle dût avouer ses agissements. Par bonheur, au lieu de la blâmer, ils se montrèrent compréhensifs, compatissants et altruistes, prêts à tout faire pour aider leur fille.

Son père, silencieux jusque-là, posa son couvert et leva les yeux sur sa fille.
- Tu sais, un homme est toujours plus blessé dans sa fierté et son orgueil quand il pense que la femme qu’il aime lui en préfère un autre, surtout sur le plan sexuel.
- Mais papa, je ne lui préfère personne sur le plan sexuel. Avoir éprouvé du plaisir physique avec un autre homme ne signifie en rien que je préfère coucher avec lui. Ce n’était qu’une expérience. Ce que j’aime, c’est faire l’amour avec Lucas, qu’on avance ensemble dans la vie et dans notre amour.
- Le lui as-tu dit ?
- Non, il ne m’en a pas laissé le temps.
- Tu vois, on dit qu’une femme rêve d’être la dernière amante d’un homme, alors que lui, il rêve d’être son premier amant. Tu comprends pourquoi ?
- Non, je ne vois pas.
- Pour n’être comparé à personne, d’une part, et, d’autre part, pour que la femme qu’il aime garde en lui l’image de la pureté, l’image d’une princesse.

---oOo---
Clara passait ses soirées à pleurer dans sa chambre et à se maudire.

Elle passa son temps libre à contacter les copains et copines de Lucas pour savoir s’ils l’avaient vu depuis l’incident, ou s’ils savaient où le trouver.

Un soir, sa mère évoqua la situation à table.
- Tu as pensé à aller voir chez son ex ?

Clara faillit s’étouffer avec sa cuillère de potage.
- Humpf ! De quoi maman ?
- Ben oui, il pourrait très bien être allé voir son ex, pour se faire consoler et pour trouver une oreille compatissante.
- Mais ils se sont quittés fâchés et il m’a juré ne jamais vouloir lui reparler un jour.
- Ah, tu ne nous en avais jamais parlé. Et pourquoi ?
- Mais parce qu’elle l’avait trompé cette sal…- Clara, je t’en prie.
- Excusez-moi.
- Je te trouve bien sévère avec cette fille qui n’a jamais fait plus de mal à ce garçon que tu ne viens de lui en faire.

Clara baissa la tête et renifla.
- Tu as raison maman.

Elle éclata en sanglots.
- C’est fini, il ne m’aimera plus jamais.

Sa mère se leva et vient la prendre dans ses bras.
- Non ma chérie, il est trop tard pour pleurer sur ce qu’il s’est passé et trop tôt pour pleurer sur ton sort.

Elle sécha ses larmes et regarda sa mère l’air perdu.
- Oui ma fille, il faut te battre pour lui. S’il est vraiment l’homme de ta vie, alors il faut que tu le retrouves, que tu lui dises à quel point tu regrettes ton erreur et à quel point tu n’aimes que lui et, surtout, que tu feras tout pour qu’il oublie, te redonne sa confiance et soit le plus heureux des hommes. Bas-toi, pour vous deux, pour votre couple, pour votre amour.

Elle se leva, embrassa ses parents et partit à la cave sortir son scooter.

Quinze minutes plus tard, elle sonnait à la porte d’un appartement du centre-ville.
Une jeune fille brune, très jolie, avec un visage interrogateur vint lui ouvrir.
- Oui ?
- Bonjour, est-ce que Lucas est ici ? Demanda Clara timidement.
- Lucas ? Pourquoi voudrais-tu qu’il soit là ?
- Ben…- Tu me l’as piqué, t’en as fait quoi ? … Il t’a laissé tomber, c’est ça ?
- Il est parti… C’est moi qui…- Ah Ah Ah ! Tu me comprends maintenant, tu es allée voir ailleurs, et il n’aime pas. Tu as bien eu raison, amuse-toi.
- Je pensais qu’il serait peut-être venu te voir.
- Pour pleurnicher ? Mais je n’en veux plus de ce mec. C’est un con, il ne comprend rien aux filles. Laisse-le, il n’en vaut pas la peine.
- …- Entre quelques minutes, tu as l’air fatiguée.
- J’ai passé une sale nuit, et depuis ce matin, je fais le tour de ses amis.
- Tu as été voir Marc, ils s’entendent bien.
- Oui bien sûr. Il ne l’a pas vu. Il ne me reste plus que Franck et Didier, j’espère qu’il vont savoir où il est.
- Et Muriel ?
- C’est qui celle-là ?
- Ils sont dans la même classe, je crois qu’ils ont préparé les partiels ensemble.
- Ah ! … Bon, j’y vais. Au revoir.
- Salut ! Passe me voir de temps en temps, lui dit Rosa d’un ton ironique. Tiens moi au courant de la suite des événements.

Clara est honteuse, Rosa c’est bien moqué d’elle. Tant pis, que ne ferait-elle pas pour retrouver son Lulu. Elle l’aime, elle ne veut pas le perdre.
Sur son scooter, elle repense à ce que lui a dit Rosa …C’est qui cette Muriel ?

Quelle nuit épouvantable !

Clara tremble encore en se souvenant de son rêve. Lancinantes, des images lui reviennent par bribes. Tout se bousculait dans sa tête quand elle s’est endormie, elle ne savait plus où elle en était :

« En revenant du lycée, après l’entrevue avec mon prof, je me suis couchée sans manger. Je ne voulais pas affronter le regard de mes parents.
Je ne comprends pas ce que Lucas manigance, que veut-il faire ? Il s’en va, il envoie une photo à mon prof. Sur le coup, ça m’a bien amusée, il n’en menait pas large le prof. Mais maintenant j’ai peur, où tout ça va-t-il nous mener ? Quelle idée de lui faire du chantage. Ce n’est pas moi ça. N’ai-je pas compromis mes études ? Si je veux avoir une chance de réussir mon concours, je devrais être en train de réviser, plutôt que de courir après Lucas.

Quel rêve idiot ! Lucas aurait diffusé sur les réseaux sociaux une photo de moi, nue, la bite de mon prof à la main. Moi une fille sérieuse. Il n’est pas aussi fou, une photo qui prouve que je l’ai trompé. La honte pour tous les deux, devant tout le lycée… Et mon père tout sourire qui me console, m’explique… ma mère, compréhensive… Comme si j’allais me confier à eux chaque fois que je couche avec un garçon. Je les aurais plutôt vus me faire la morale, ou m’enfermer dans ma chambre pour m’interdire de sortir.

Je pleure, je ne pleure pas, je ne sais plus… c’est à ce moment que tout s’est brouillé, j’entends du bruit au loin, en bas au salon. Mon père vient de rentrer. Il n’est pas seul. Ils parlent fort mais je ne comprends rien à ce qu’ils disent. Ma mère affolée entre en trombe dans ma chambre, elle a sa tête des mauvais jours :
- Clara vient vite, ton père veut te parler. Il n’a pas l’air content.
- Il est avec qui ? C’est quoi ces uniformes ?
- Des gendarmes. Quand tu es sortie, ton père était hors de lui. Il est allé porter plainte pour harcèlement. Ils veulent te poser quelques questions. Après, ils iront voir ton prof.
- Nooon, il n’avait pas le droit. Je suis majeure, je fais ce que je veux… Pourquoi avoir fait ça ?
- Pour te protéger ma chérie.
- Je ne veux pas les voir.
- Sois raisonnable. Viens vite, descend. Ils t’attendent.

Non… Je dois fuir… Où ? Seule solution, la fenêtre. En l’ouvrant, un vent froid me fouette le visage. Sans réfléchir, je me jette dans le vide. J’ai l’impression de flotter, tout est flou autour de moi… je me sens bien… je vole dans les nuages…mais d’un coup, je tombe, comme dans un puits sans fond… je tooombe… ma chute ne s’arrête pas… J’atterris enfin au milieu d’une foule. Qui sont ces gens, je ne reconnais personne. Où suis-je ?

Je vois des visages haineux, des têtes qui se tendent vers moi, des bouches qui s’ouvrent, qui crient. Je ne comprends pas ce qu’elles disent… Un léger murmure qui enfle jusqu’à devenir une clameur assourdissante me vrille les tympans : - Salope… Pute… Honte à toi… Salope…
Pour ne plus les entendre, je plaque mes mains sur mes oreilles :
- Non, non…dis-je en secouant la tête.

Les cris continuent de plus belle. Quand soudain, une voix grave caverneuse me glace le sang :
- CLARA !

Levant les yeux, un homme immense, les bras croisés me regarde, moi si petite devant lui. Je rapetisse encore et encore… J’ai l’impression qu’il pourrait m’écraser sous son pied. Le principal du lycée me fixe d’un regard glacial. Je réalise enfin que je suis dans la cour du lycée, mes camarades que je ne reconnais pas, continuent « Salope … Pute… ».

Les yeux rivés sur moi, le principal les fait taire d’un geste de la main. Tendant le bras, le doigt pointé vers l’infini, sa voix retentit de façon magistrale :- Clara ! Tu as déshonoré notre lycée, je te chasse petite dévergondée.
- Mais … Je ne voulais, pas… Non… Non… Ce n’est pas moi.
- Ton séducteur a été banni ce matin. Tu ne le reverras plus. Il a quitté la ville.
- …- VA !

Affolée, sous les huées, je cours à perdre haleine, droit devant moi, sans savoir où je vais. La bouche grande ouverte, aucun son ne sort, j’ai pourtant envie de crier :
- Lucas… Lucas, aide-moi. »
Elle se réveille en sueur, « Lucas… Lucas ».
Elle est dans mon lit, premier réflexe, elle se cache en boule sous ma couverture, ses oreilles bourdonnent encore de la voix du directeur. Elle a peur… de quoi ? Ce n’est qu’un mauvais rêve ! Pas de réseaux sociaux, pas de gendarmes.

Vite dans la salle de bain, un coup d’eau sur la figure. Elle tremble encore. Lucas, elle le maudit d’avoir envoyé cette photo à mon prof. Quelle idée !

Un peu apaisée, elle se rendort. Heureusement, les rêves ne se ressemblent pas. Quand au petit matin elle ouvre les yeux, elle est encore en sueur, pas pour la même raison.

Elle a dû faire un rêve érotique dont elle ne se souviens pas, la main entre les cuisses, elle est toute humide. Elle aimerait que Lucas soit près d’elle, qu’il la cajole, qu’il la berce dans ses bras comme il le fait si bien le matin.

Encore à moitié endormie, Elle se caresse en pensant à lui.


Clara est excitée par ce dernier souvenir, mais quel Cauchemar !

Absorbée par son rêve, Clara n’a pas vu passer la route. Elle a oublié Franck et Didier, elle ira les voir plus tard. Devant sa maison où elle espérait pouvoir garer son scooter à côté de la moto de Lucas, elle reprend ses esprits pour affronter ses parents. Avant d’entrer, elle lui envoie un nouveau message, pourquoi ne répond-il pas ?

Sa mère l’accueille aussi anxieuse qu’elle :- Alors ?

A sa tête, sa mère comprend que l’entrevue avec Rosa n’a rien donné.
- Secoue-toi ma fille. Tu as un concours dans quelques jours, ne l’oublies pas…
Au fait, ton prof a téléphoné.
- Qui ? sursaute Clara en rougissant.
- Ton prof de sociologie. Il a beaucoup de travail en ce moment, il ne pourra plus te donner de cours particuliers.

Clara est soulagée, sa mère continue :
- Il est charmant cet homme. Il a confiance en toi, il m’a dit que tu étais prête pour ton concours. D’ailleurs, il m’a confié que ton dernier devoir était excellent, tu as eu une très bonne note. Ses cours particuliers t’ont été bénéfiques. Tu aurais pu m’en parler.
- …- Bravo ma fille, je savais que je pouvais compter sur toi, tu es sérieuse. Ton père sera fier de toi quand tu intégreras ton école de commerce.

Clara était dubitative. Dubitative et inquiète. Plus qu’inquiète, elle était même au bord de la paniqueIl fallait absolument qu’elle retrouve Lucas et qu’elle lui parle.
Il refusait de lui répondre au téléphone. Sûrement, qu’il l’avait bloquée. Elle avait utilisé le téléphone d’une copine, espérant qu’il répondrait. Là encore, méfiant, il ne devait pas répondre aux numéros inconnus. C'était bien la preuve qu'il n'était pas encore prêt à pardonner.
Elle lui avait laissé des tonnes de messages, lui demandant de lui pardonner. Rien.
Bien entendu, elle avait fait une énorme bêtise, elle en avait pleinement conscience. Lucas ne lui pardonnait pas, c’était évident, mais elle refusait de passer à autre chose. S’il ne voulait plus la voir, ce qui était probable, elle voulait qu’il lui dise les yeux dans les yeux. Elle voulait surtout pouvoir lui dire tout ce qu’elle ressentait.
Elle l’aimait bon sang ! Ça, elle en était certaine. Lui écrire sur un SMS, ça n’avait évidemment pas le même poids, ni le même impact que dit en le regardant droit dans les yeux. Là, il verrait le malaise qu'elle ressentait, sa sincérité surtout, et tous les sentiments qu'elle avait pour lui.
S'excuser n'est pas suffisant, il faut qu'il lui pardonne.
Il comprendrait. Elle en était sûre.
Pardonner ? Peut-être pas, mais comprendre oui. Ce serait un premier pas. En tout cas, elle était décidée à se battre pour récupérer son Lulu. Il n'était pas retourné chez son ex, c'était déjà ça ! Il y avait bien cette autre fille, dont Rosa lui avait parlé, mais non, elle lui avait parlé au téléphone la veille au soir, c'était juste une copine de classe, et puis elle était partie en vacances à l'autre bout du pays.
Son silence était la preuve du mal qu’il ressentait. C’était évident. Elle-même, comment aurait-elle réagi si ça avait été l’inverse, sûrement de la même manière. Le pardon est un long chemin, une longue démarche. Ça ne se décrète pas en claquant des doigts. S’expliquer en face à face était indispensable.
Des arguments ? Elle n’en avait pas beaucoup. Hormis le fait qu’elle avait agi comme une conne. Et puis un autre, l’amour qu’elle lui portait. La seule façon de le lui prouver était de le lui dire en face.
Où était-il ? Comment le retrouver ?
Soudain, elle eut l'illumination. C’était pourtant évident ! Même si elle ne savait pas où il était, elle savait comment le retrouver et le rejoindre. Bien sûr !
Ses parents bien entendu ! Quand elle avait vu sa mère, elle n’avait pas eu l’air affolée. Une mère qui n’a pas de nouvelles de son fils pendant plusieurs jours, si elle ne sait pas où il est, n’est pas aussi décontractée.
Ses parents savent. Il leur a sûrement demandé de ne pas le lui dire.

Clara a appelé la mère de Lucas. Elle est restée sur la même position. Clara a insisté, elle lui a tout dit, elle a parlé de ses regrets, de sa honte. La mère de Lucas a dû peser le pour et le contre, et la balance a penché du bon côté. Clara a réussi à la convaincre de sa bonne foi, elle lui a dit où se trouvait son fils.
Lucas a pris quelques affaires et est parti dans une maison que ses parents possèdent près de la Rochelle, au bord de la mer.

Clara a remercié la mère de Lucas et lui a demandé de ne pas lui parler de son appel.
Problème, comment aller là-bas ? Il y a environ 200 km. Avec son petit scooter, pas forcément taillé pour la route et les longs trajets, ce n’est pas possible.
Clara a rassemblé ses quelques économies et son argent de poche, et a acheté un billet de train.
Sur place, il y a trois kilomètres jusqu’à la maison des parents de Lucas, d’après Google Maps. Elle les fera à pied.

C’est les pieds en compote, tirant le sac de voyage où elle avait entassé quelques affaires, que Clara arriva devant la maison des parents de Lucas.
Les volets étaient ouverts, signe que quelqu’un était là. De plus, en regardant par-dessus le portail, elle vit la moto de Lucas garée dans l’allée menant à la maison.

Lucas était là ! Enfin, elle l’avait retrouvé. Elle allait pouvoir s’expliquer. Bien sûr, ce n’était pas certain qu’il lui pardonne, mais au moins, elle pourrait lui parler.
Et s’il ne voulait pas lui pardonner ? Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Il était tard dans l’après-midi. Elle ne pourrait pas retourner chez elle ce soir. On verrait bien !

Clara s’approcha de la maison. La porte-fenêtre sur le côté était ouverte.
Elle regarda à l’intérieur. Lucas était assis sur le canapé, le regard fixé sur l’écran de son portable.
- Lucas ? dit-elle doucement.

Lucas sursauta :- Clara ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- Il faut vraiment que l’on se parle mon Lulu ! Il faut qu’on mette les choses à plat. Je suis venue pour ça. Je te dois une explication.
- Je ne suis pas sûr d’avoir envie d'entendre ton explication. Et puis, arrête de m’appeler Lulu, je ne suis plus un gamin.
- Oh ! mon Lulu, dit-elle désappointée, de la petite voix qui d’habitude le fait craquer.

Et elle se mit à pleurer. Toute la tension accumulée depuis plusieurs jours sortait. Elle s’assit près de Lucas sur le canapé :- Je suis tellement malheureuse depuis l’autre jour. Si tu savais. J’ai été idiote. Idiote et naïve. Tu sais que tu es le premier garçon avec qui j’ai couché. Je n’ai pas d’expérience. On n’en parle pas beaucoup, je ne sais pas si je te satisfais ou pas. J’en ai parlé avec ce prof. En fait, non, c’est lui qui m’a posé des questions. Je ne me suis pas rendu compte que c’était un manipulateur, il m’a tiré les vers du nez, il avait une idée derrière la tête, je suis tombée la tête la première dans son piège.
- C’est un peu court comme explication, tu ne crois pas ? Et puis, tu n’étais pas obligée de coucher avec lui, tu pouvais dire non !
- Oui, je sais… Mais crois-moi, c’est la vérité. C’est toi que j’aime. Maintenant que c’est fait, je m’aperçois que c’est n’importe quoi, que c’est nul. Est-ce que tu vas me pardonner ? C’est mon vœu le plus cher…- Je ne sais pas ! Il y a tant d'images qui me passent par la tête. Il t’a fait jouir !
- Oui bien sûr ! Mais pas plus que toi ! Avec lui c’était seulement mécanique. Avec toi, c’est tellement mieux.
- Je ne sais plus…
Clara s’approcha encore plus et posa sa tête sur l’épaule de son Lulu, enfin de Lucas.

Son regard se porta sur l’écran de son portable :- Tu lisais les SMS que je t’ai envoyé ?
- Oui, je les lis en boucle. J’ai été déçu de ce que tu as fait, mais je n’arrive pas à te sortir de ma tête.
- Oh mon Lul… !

Lucas se leva soudain et la regarda gravement.
- Ce que tu as fait, ce que tu m’as fait, m’a complètement détruit. Je n’arrête pas d’y penser, j’ai mal.

Elle se leva et l’encercla de ses bras.
- On peut surmonter cette épreuve ensemble. Notre amour est assez fort pour nous y aider.
- Pour l’instant, je ne suis pas capable de réfléchir à nous, à notre avenir. J’ai l’impression que je ne serai plus jamais heureux avec toi.
- Ne dis pas ça. Tu as mal, je le comprends. Si c’était toi qui avais couché avec une femme de l’âge de mon prof, je souffrirais certainement autant que toi.

Il se défit de son étreinte et alla au frigo prendre une bière. Clara continua :- On est assez fort pour surmonter ça. Je t’aime, et je sais que toi aussi, tu m’aimes. Quand on s’aime, rien n’est impossible.

Il la regarda l’air triste et abattu.
- Je vois des images en boucle dans ma tête, toi, nue, sur le dos, les cuisses écartées, lui qui te ramone à grands coups de reins et toi qui prends ton pied…- Non, ça ne s’est pas passé comme ça.
- Dis-moi, je veux savoir, j’ai besoin de savoir.

Elle s’approcha de lui et lui saisit les mains.
- Cela s’est passé assez vite finalement. Je me suis déshabillée, il est venu sur moi très vite. Je pense que j’ai plus joui du fait de la situation que du fait que c’était lui qui me baisait.
- Mais tu as vraiment joui !
- Oui, mais tu sais, le plaisir féminin est avant tout psychologique. J’étais avec un autre homme que toi, avec un corps que je ne connaissais pas et, surtout, il y avait l’interdit, la peur d’être surprise. Je crois que c’est avant tout ça qui m’a fait jouir.

Il eut de nouveau cet air triste.
- Il n’y avait pas de sentiment, et surtout aucun amour. Tout n’a été que dans ma tête, un rapport interdit, rien de plus.

Sans l’interrompre, il leva les yeux vers elle.
- Avec toi, il y a beaucoup d’autres choses. La tendresse, les caresses, l’amour, la passion. Il n’y a rien eu de tout ça avec lui.

Elle lui serra les deux mains.
- Je vais te dire, j’ai déjà tout oublié. Oui, crois-moi. J’ai déjà oublié son corps, ses mains, sa tête, sa voix. Il n’y a rien eu qui ait la moindre importance pour moi.
- C’est facile à dire. Je ne sais pas si je pourrais te pardonner un jour.

Elle le poussa à s’asseoir sur le canapé et se posa sur ses genoux.
- Comment te faire comprendre que tout ça n’a aucune espèce d’importance pour moi. Lucas, je t’aime, de tout mon cœur, de toute mon âme. J'ai vécu l’enfer, et uniquement par ma faute. L’enfer de croire que j’allais te perdre, à tout jamais. L’enfer que tu ne veuilles plus de moi. C’est pour ça que je suis là, pour te le dire.

Elle lui prit le visage entre ses mains.
- Je suis prête à tout faire pour te faire oublier cette connerie, prête à tout pour garder ton amour, prête à tout pour passer ma vie à tes côtés.

Il réfléchissait, elle le sentait encore très perturbé, mais plus aussi inflexible. Elle sentait que cette conversation avait renoué le fil de leur amour et que l’espoir était bien réel. Elle sentait qu’il l’aimait encore, même s’il souffrait et, certainement, souffrirait encore longtemps.

- Jamais je ne te ferai subir ce que j’ai vécu. Jamais je ne te ferai souffrir comme j’ai souffert. Mais nous ne sommes plus sur un pied d’égalité dans notre relation. Tu seras toujours celle qui m’a trompé, celle qui a couché avec un autre, celle qui n’est plus celle qu’elle a été par le passé.

Les larmes recommencèrent à couler le long des joues de la jeune fille. Elle sentait que quelque chose s’était cassé en lui, que le regard qu’il porterait désormais sur elle ne serait plus jamais le même. Pourtant, elle sentait que tout n’était pas perdu, qu’il existait sans doute un moyen de remettre les pendules à l’heure, un moyen de les remettre sur un pied d’égalité et d’effacer définitivement cet épisode tragique de leur amour.

Mais avant, elle voulait éclaircir un point qui lui trottait dans la tête :- Au fait, c’est toi qui as envoyé cette photo à mon prof ?
- Amusant non ? répondit Lucas, un sourire ironique aux lèvres. Alors, il a eu peur ?
- Il m’a surtout bien engueulée, mais j’ai eu une bonne note à mon devoir.
- Ah Ah ! Il tremble le vieux.
- Ouais ! Enfin, fais plus ça… j’en ai rêvé, un vrai cauchemar.

Carla raconta alors l’entrevue avec son prof, entrevue qui déclencha son mauvais rêve, sa peur que tout le lycée soit mis au courant, et que cela nuise à la suite de ses études.

Lucas voulut la rassurer :- C’est la seule photo que j’ai envoyée, je ne pense pas qu’il va aller se vanter. Il est marié, et séduire une élève, c’est pas bien vu.
- J’espère… dit Clara en prenant le téléphone des mains de Lucas- …- Fais voir ce que tu as filmé.

Lucas n’eut pas le temps de réagir. Déjà, Clara visionnait la partie de jambes en l’air que Lucas avait malencontreusement surpris.
En revoyant ces images, Clara prit conscience qu’elle avait un peu minimisé sa participation aux ébats avec son prof. Mais ce n’était pas le moment de publier un rectificatif. Le souvenir encore présent dans sa mémoire n’était pas pour lui déplaire. Loin de la faire fuir, elle sentait des picotements le long de son corps, et aurait bien aimé que Lucas prenne les choses en main.

Bien loin d’imaginer ce qui passait dans la tête de sa bien-aimée, Lucas n’osa pas intervenir. Ces images, il les avait vues 100 fois. Il avait eu le temps d’apprécier en toute impartialité les compétences de son prof, et de les étudier pour savoir comment s’y prendre. Maintenant il n’avait qu’une envie, prendre Clara dans ses bras. Mais de là à pardonner…
Clara faisait défiler les photos. Elle tomba soudain en arrêt :- C’est qui celle-là ?

Lucas rougit. Clara lui mit sous le nez la photo de Laure sa voisine, nue sur un transat dans son jardin, prise avec son drone.
- Humm ! Elle te plaît ta voisine ?
- Euh ! Je voulais juste tester le drone, je ne savais pas.
- Et après, tu t’es dit, allons voir Clara dormir, elle est peut-être à poil elle aussi.
- Ben …
La honte changea de camp. D’une façon machiavélique, bien féminine, Clara venait de réussir l’exploit de retourner la situation à son profit. Pris en faute, Lucas culpabilisait d’avoir espionné sa voisine. Cela pouvait-il compenser de s’être fait sauter par son prof, Clara en doutait. Voulant garder l’avantage, son idée était toujours d’actualité.

Son idée prenait forme. Elle lui avait traversé l’esprit, mais jusque-là, elle ne lui avait pas prêté trop attention. Voyant l’intérêt de son Lulu pour les formes de sa voisine, elle réalisa que ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée.

La persistance de son état dépressif, la vision d’un avenir à jamais troublé par les réminiscences d’une trahison et le sentiment d’être à jamais La Fautive, lui laissent croire que cette solution pourrait bien être une rédemption radicale et définitive.

Venant de lui, l’idée lui aurait parue folle, risquée et malsaine.
Venant d’elle, elle lui semblait sage, fondée et justifiée.

Ne voulant pas y réfléchir plus qu’il n’en était nécessaire, et voulant battre le fer tant qu’il était encore chaud, elle se lança.
- Et si tu faisais la même chose ?

Lucas, encore troublé par les images qu’il venait de voir, ne comprit pas le sens de sa question. Clara l’invitait-elle à mettre en pratique la leçon donnée par son prof de sociologie, un homme d’expérience comme Lucas avait pu le constater de visu.

Il se lança. Sans trop comprendre ce qui lui arrivait, Clara se retrouva dans les bras de son Lulu qui commençait à lui déboutonner son chemisier. Agréablement surprise, elle le laissa faire, et se trouva rapidement nue allongée sur le canapé du salon.

Se demandant comment Lucas avait interprété ses paroles, elle ne dit rien. Les yeux mi-clos, elle le regarda se déshabiller, et constata avec plaisir qu’il n’avait rien à envier à son prof. Elle ne l’avait sûrement pas bien regardé avant, comme quoi l’expérience a du bon.

Lucas avait oublié momentanément ses griefs. Il s’allongea sur Clara, qui comprit ce qu’elle avait souvent lu dans la presse féminine, « à partir d’un certain moment, les hommes ne pensent plus qu’avec leur bite ».
Elle retrouva immédiatement la douceur et la tendresse de son Lulu, mêlées à un je-ne-sais-quoi qu’elle avait connu avec son prof. C’était nouveau. La vigueur et l’ardeur que Lucas développait n’étaient pas pour lui déplaire.

Lucas était un élève appliqué, il apprenait vite. La leçon avait dû être correctement assimilée. 28 minutes après, le cri que poussa Clara aurait pu réveiller tous les occupants des maisons voisines, qui heureusement étaient vides en cette période de l’année.

Clara rayonnait. Devant le sourire béat de Lucas, elle comprit qu’elle n’aurait pas à chercher un hôtel pour passer la nuit. Cette épreuve avait transformé son Lulu, c’était devenu un homme, un vrai, son homme. Elle se jura de tout faire pour le garder.

Cette épreuve avait aussi transformé Clara, c’était devenue une femme, une vraie, qui venait de comprendre qu’il n’y a pas que la bouffe pour retenir un homme à la maison.

Lucas aurait bien voulu pardonner, mais son ego lui a soufflé de ne pas capituler trop vite. Il préféra ne plus rien dire.

Sans savoir ce que l’avenir leur réservait, Clara et Lucas s’endormirent dans les bras l’un de l’autre.
Leur nuit ne fut pas de tout repos, non pas que Clara fît de nouveau un cauchemar, mais chaque fois que Lucas ouvrait un œil, il ne pouvait se rendormir sans avoir à nouveau chevauché sa belle. Elle ne s’en plaignit pas.

Le réveil fut des plus romantiques, même si Clara avait du sommeil à rattraper.

La décision fut prise dans l’après-midi, après que les tourtereaux eurent passé toute la journée au lit.
Ils allaient partir en vacances. Clara avait la tête posée sur l’épaule de Lucas et ils regardaient la carte étalée sur la table :
- On va où alors, mon Lulu ?
- Je ne sais pas à l’aventure. Vers l’Espagne ? Ça te dit ? On verra bien où ma vieille moto nous mène.
- Ou jusqu’où elle nous amène !
- Oui aussi…- Pas trop longtemps tout de même. N’oublie pas que j’ai un concours, va falloir que je rentre.

Ils avaient fait l’inventaire de leur fortune, comptes, livret A, fonds de poches. Sans tout dépenser, ils avaient de quoi partir quelques jours. Lucas exhuma du garage, la tente deux places dans laquelle il dormait parfois, gamin, dans le jardin, avec son cousin et deux duvets. Ils passeraient chez le fameux cousin avant de partir, prendre un casque et un blouson de cuir pour Clara, puis dans un magasin, pour acheter deux maillots de bain, toujours pour Clara, qui était partie avec le strict minimum.

Leurs parents respectifs, qu’ils avaient appelés pour les prévenir, leur avaient gentiment fait à chacun un petit virement. Ça allait leur permettre de se payer un petit resto de temps en temps et de ne pas trop attaquer leur pécule.

- De toute façon, on emmène le minimum de trucs. On bourre les deux sacoches de la moto et un sac à dos. C’est tout ce qu’on peut prendre.
- Oui, c’est l’aventure, on lavera nos fringues au fur et à mesure, mon Lulu.
- J’emmène aussi mon drone, ça pourrait être amusant ? répondit-il un sourire en coin- Oh, mon Lulu ! Tu ne changeras pas.

Ils passèrent leur première nuit après Bordeaux, dans un camping en bord de mer. Soirée romantique à regarder le clair de lune sur la plage, à s’embrasser et à se caresser. Ils commençaient à vouloir aller plus loin, quand ils furent dérangés par un groupe de touristes qui s’est installé non loin d’eux.

Ils retournèrent dans leur tente. Leurs ébats furent bruyants cette nuit-là.

- Chuuuut, fit Lucas, à un moment. Les voisins ! On entend tout dans les tentes…- Oui… T’as raison, lui répondit Clara en pouffant de rire.

Tard dans la soirée, sa tête sur l’épaule de Lucas, elle lui dit :- La honte quand même. Demain on se lève tôt et on part de là avant que les voisins ne se lèvent. Je ne veux pas passer pour une exhibitionniste.

C’est après un gros fou rire, qu’ils s’endormirent pour leur première nuit de vacances.

Le lendemain, après la Gironde, ils traversèrent les Landes. Sur les longues lignes droites au milieu de la forêt de pins, et avant d’attaquer les routes plus sinueuses du Pays-Basque. Lucas pouvait laisser vagabonder son esprit.

Cette histoire l’avait bien fait souffrir. Mais il avait récupéré la fille qu’il aimait. Il lui faudrait du temps pour passer à autre chose. Leur complicité était revenue depuis hier, il en était heureux. Le fait qu’elle lui ait dit préférer et de loin, sa tendresse et son amour, le rassurait et estompait ses interrogations sur le plaisir qu’il pouvait lui apporter. Pourtant, il savait que le doute resterait en lui. Même s’il était sûr de l’amour de Clara pour lui, là-dessus, elle était sincère, c’était une certitude, elle l’avait fait. Qu’est-ce qui l’empêcherait de recommencer à une autre occasion ? C’est la première fois, le premier pas qui compte.

Il chassa cette pensée de son esprit et se promit de profiter de l’instant présent.

Clara, quant à elle, se sentait bien. Elle colla son corps encore plus près de celui de son Lulu à l’arrière de la moto et serra ses bras encore plus fort autour de son torse. Elle l’avait échappé belle. Sa naïveté, son absence de réflexion avait failli lui faire perdre celui qu’elle aimait. Tout ça pour une bêtise sans importance. Elle avait retenu la leçon. Le dialogue ! Il n’y a que ça de vrai dans un couple ! On ne règle pas les problèmes, on ne lève pas les doutes sans en parler franchement, à deux. En plus, le fait qu’ils en discutent enfin, avait mis en lumière que Lucas avait les mêmes doutes qu’elle. Mais n’avait-elle pas ouvert la boîte de Pandore. Même si Lucas lui avait dit que lui n’avait pas envie d’aller voir ailleurs, un jour, si l’occasion se présentait, ce qui venait de se passer, est-ce que ça ne ferait pas tomber les barrières et est-ce que Lucas ne sauterait pas le pas, à son tour ? Elle repensa aussi aux photos de la voisine sur son portable, lui montrant une autre facette de son amoureux.

Elle chassa cette pensée de son esprit et se promit de profiter de l’instant présent.

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