Orion
Récit érotique écrit par Laetitia sapho [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 13-09-2020 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Orion
Après mon histoire « Voyeuse », publiée ici, je continue dans la série des histoires vraie et vécues.
Mes lectrices et lecteurs sont habitués à mes pochades érotiques habituelles, un peu beaucoup sorties de mon imagination, résultats des vagabondages de mon esprit.
Aujourd’hui, je vais me livrer bien plus. Ce texte est très personnel. Je l’ai écrit depuis un moment déjà, mais j’ai longuement hésité avant de le publier. Désolée de décevoir certains, il n’y a pas d’érotisme dans ce texte.
La constellation d’Orion est une des plus belles visibles de notre ciel. Elle se trouve à près de 1500 année-lumière de nous, une distance inimaginable pour l’humain, une paille à l’échelle de l’univers.
Au sein la constellation se trouve la nébuleuse d’Orion. De milliers d’étoiles y sont en train de naître ou grandir. Certaines ont déjà commencé à briller, tandis que d’autres sont encore embryonnaires.
Une couveuse d’étoiles en quelques sortes.
Celui dont je vais vous parler, venait peut-être de là-bas finalement.
A l’époque, j’ai environ 20 ans. L’histoire se passe donc il y a donc une petite quinzaine d’année.
J’étais étudiante. C’était une période un peu floue de ma vie. Je me remettais de ma première vraie déception amoureuse (Estelle) et je n’avais pas encore rencontrée celle qui allait devenir ma compagne pendant plus d’une décennie.
On va dire que c’était une période de libertinage, de coups d’un soir pour être plus précise. Je n’avais plus envie de m’attacher, comme après toute déception. J’étais revenue de tout et ne voulais plus entendre parler d’amour. Je voulais vivre. Born to Be alive.
Pour draguer à l’époque, quand une fille cherchait une fille, c’était un peu plus compliqué qu'aujourd’hui. La société et le regard qu’on porte sur les mœurs de chacun, a évolué en un peu depuis une décennie et demi, certes, mais c’est surtout que les moyens à notre disposition étaient moindre à l’époque.
Internet existait bien sûr, mais n’était pas aussi évolué et omniprésent dans chaque moment de notre vie qu’aujourd’hui.
Il n’y avait pas vraiment de site de rencontres, du moins pas aussi développés. Ils étaient chers surtout pour une étudiante. Pareil, les réseaux sociaux n’existaient pas encore. Du moins, pas sous la forme actuelle. Non, nous à l’époque, nous avions quelque chose qui a quasiment disparu aujourd’hui, les salles de tchat et Messenger.
Je fréquentais bien sur les salons de tchat dit « entre filles ». Il n’empêche que nous étions abordés très régulièrement par des mecs en chaleur. Les tchats à l’époque, c’était un peu une jungle, où on croisait de tout. Je ne me montrais pas vraiment sur ce qu’on appelait « le général », une sorte d’espace d’échange collectif, qui était squatté par des lesbiennes hargneuses et souvent haineuses, qui déversaient leur fiel sur la gente masculine à longueur de temps. Je n’étais pas vraiment dans cette optique. Je me contentais des « PV » ou des « MP », soit des conversations en privé. Une fois écartés les « Bogoss19 », « Beletalon25 » et Cie, on trouvait parfois, une fille sympa avec qui discuter un peu et avec qui on pouvait s’échanger nos adresses « Messenger », si affinités.
Je venais juste de rembarrer de manière un peu violente, « 25cmbiendur » (splendide pseudo quand même !), quand s’ouvrit une nouvelle fenêtre, signe d’une demande de dialogue. Le pseudo était Orion.
« Lui tu vas voir, ça va être vite fait. Marre des cons ce soir !! Orion, quel pseudo ridicule en plus. Pourquoi pas Uranus, pendant qu’on y est !
- Bonsoir, on peut discuter un peu ?
- Qu’est-ce que tu veux ? j’en ai marre des boulets ce soir, je vais déco !!
PS : boulets, c’est le mot pour désigner les trolls de l’époque – déco, signifie déconnecter, partir.
- Ouah, quel accueil ! Pas de panique, je veux juste passer un peu de temps à échanger.
- C’est ça et dans 5 minutes, tu me demanderas mes mensurations et si je suce ! J’en ai marre là.
- Pas du tout. Je suis un homme qui vient discuter sur un salon entre filles, mais saches aussi que j’ai surement le double de ton âge aussi. Confirme moi, tu as 20 ans à peu près ?
- Oui …- Moi, plus de 40. Si je t’ai choisi, c’est justement parce que tout nous oppose. L’orientation sexuelle, notre différence d’âge. Je veux juste qu’on échange sincèrement, sans aucune ambiguïté, ni arrière-pensées. Nous ne coucherons jamais ensemble, c’est sûr. Je n’en veux pas à tes fesses, juste à ton intellect.
Pas complètement dupe, malgré tout cette introduction m’a plu. Déjà, elle était atypique et je lui ai lassé sa chance. Il s’exprimait bien, normalement du moins, faisant des vraies phrases (sujet-verbe-complément), loin de ce que l’on appelle aujourd’hui le langage SMS qui fleurissait déjà sur les tchats à l’époque. Ca changeait.
De fil en en aiguille, et avec un peu de temps, nous sommes devenus de vrais amis virtuels. Nous discutions une ou deux fois par semaine sur internet, en général plusieurs heures d’affilée. Nous parlions de tout, de rien. Philosophie, musique, littérature, vie de tous les jours, petites contrariété, joies … Je m’enrichissais de sa culture, il s’enrichissait de ma jeunesse et de ma spontanéité, de ma propre culture en décalage avec la sienne (c’est ce qu’il me disait !). Il m’a notamment fait partager son goût de l’astronomie (d’où le pseudo d’Orion).
Un jour, comme nous étions tous les deux parisiens, il m’a proposé que l’on se rencontre vraiment. Nous habitions tous les deux à Paris. J’ai longuement hésité, inventant des excuses pour différer et ne pas lui dire non.
Pourtant, j’ai fini par accepter. Qu’est-ce que je risquais après tout ? Une vraie confiance s’était instaurée entre nous. Après tout ce temps, il n’allait pas me sauter dessus, m’enlever, me séquestrer et me violer. J’acceptais des rendez-vous pour des plans-cul avec des personnes rencontrées au même endroit, qui étaient de parfaites inconnues. Je pouvais tomber suer n’importe qui Pourquoi lui refuser ça ? A lui …
Il m’a donné rendez-vous à la terrasse d’un café, où il avait ses habitudes me dit-il.
J’ai passé un excellent après-midi. Nos rendez-vous virtuels, se sont transformés en rendez-vous réels, toujours sur cette terrasse. Nous nous sommes vus pendant plusieurs mois, un peu de façon irrégulière, souvent le lundi après-midi, quand il était disponible et moi aussi. Il m’envoyait un message pour m’inviter. Après quelques semaines, quand le temps n’a plus permis que nous nous voyons en terrasse, nous nous sommes rabattus sur la salle du café.
J’avais pris l’habitude d’arriver en avance et de réviser mes partiels en l’attendant.
Je savais qu’il était divorcé, jamais remarié, toujours un peu cassé par sa séparation. Par pudeur, je n’avais pas cherché à connaitre les détails de l’affaire.
Un jour, il m’a dit comment c’est arrivé.
C’est l’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui. Désolée pour cette longue introduction.
Il fallait bien remettre les choses dans leur contexte.
Je laisse la parole à Orion :
- D’abord Laetitia, sache que cet épisode m’a marqué à vie. J’ai eu du mal à m’en remettre. Près de 15 ans après, je ne suis toujours pas complétement guéri et m’engager avec les femmes reste compliqué.
Aujourd’hui, j’ai quand même pris du recul, et le cocasse de la situation me permet d’en parler plus facilement. Ça en devient presque une anecdote rigolote. Les conséquences par contre, restent difficiles à assumer.
« A l’époque, j’avais 25 ans. Je m’étais marié, 6 mois plus tôt. Nous habitions une petite maison dans un village à la campagne que nous venions tout juste d’acheter. Nous n’avions pas encore pendu la crémaillère. C’est pour dire. Tout roulait, nous nous aimions, elle me l’assurait, nous nous entendions bien, dans la vie de tous les jours et au lit aussi. Nous faisions l’amour tous les jours ou presque.
Ma mère a été hospitalisée. Elle attendait une greffe d’un rein, et un donneur potentiel compatible avait été identifié. Avec mon frère, nous alternions les visites, un jour lui, un jour moi.
C’était un samedi, le jour de mon tour de passer à l’hôpital. Je suis parti de chez moi vers 13h30, après avoir embrassé mon épouse, comptant passer deux heures avec ma mère.
L’hôpital était à 15 minutes en voiture de chez moi. En arrivant sur le parking, j’ai vu mon frère qui attendait. Il m’a dit qu’il avait un problème à régler le lendemain, est ce que je voulais changer mon tour de visite avec lui ? Il restait aujourd’hui et je viendrais demain. A l’époque, il n’y avait pas encore de portables, Voilà pourquoi, il n’avait pas pu me prévenir au préalable, voilà pourquoi il m’attendait sur le parking. Il a préféré venir m’attendre et m’avertir, plutôt que de m’appeler sur le fixe à la maison, alors qu’il présumait que j’étais déjà en chemin.
J’ai bien entendu accepté et je suis retourné chez moi.
En arrivant, je me suis garé devant la maison. Je suis entré dans le jardin, mais au lieu de rentrer directement par la porte, j’ai fait le tour de la maison. Nous avions un chat et je l’ai vu sur l’arrière de la maison tourner comme un fou autour d’un buisson. Le chat avait l’habitude de chasser dans les champs aux alentours et il ramenait dans le jardin ses proies, des souris, parfois des lapereaux, qu’il dépiautait allègrement sur la pelouse, laissant des boyaux partout. J’en avais marre de passer derrière lui pour nettoyer et j’ai décidé de voir ce qu’avait le chat.
Je suis passé sur la terrasse arrière pour le rejoindre et en longeant la baie vitrée, j’ai tourné la tête vers le salon, ayant aperçu un mouvement. Je me suis pétrifié d’un seul coup. Dans le salon, sur le canapé, ma femme me tournant le dos, mais était en train de se faire prendre en levrette par un type.
Réagissant enfin au bout d’une trentaine de secondes, la colère m’a envahie. J’ai fait le tour de la maison dans l’autre sens et j’ai ouvert discrètement la porte d’entrée. Je voulais la surprendre.
- Qu’est- ce que c’est que ce bordel ?
Mon cri a stoppé net leur action. Ils se sont figés comme des statues de sel.
Détail idiot, mais je me souviens encore bien fixer le sexe du type qui débandait à vue d’œil. Il y a parfois de drôle de choses qui nous traversent l’esprit en situation de stress intense. Enfin voir passer en quelques secondes son phallus fièrement dressé à l’état de zizi de piscine était quand même cossasse. Me dire, par contre, que c’est ça qui pénétrait ma femme juste avant, l’était beaucoup moins.
La colère m’a à nouveau emportée. J’ai choppé le mec et je l’ai tiré vers la baie vitrée. Je l’ai ouverte et je l’ai poussé fortement sur la terrasse. Aussitôt fait, j’ai eu peur. Je voyais le type reculer sans maîtriser le mouvement. J’ai cru qu’il allait tomber sur la terrasse en arrière et se fracasser le crâne. Mais non, il a reculé à moitié en équilibre et est tombé sur la pelouse, le cul dans les rosiers. Là encore le cocasse de la situation m’a amusé.
Je suis revenu en arrière vers ma femme. Je ne sais pas ce que j’avais comme intention vis-à-vis d’elle. Je voulais dégager ce type de chez moi, c’était chose faite. Avec elle, surement que je voulais entendre une explication. Elle était assise sur le canapé, se tenant la tête, en sanglot.
Elle a eu cette phrase malheureuse (et ridicule) qui a à nouveau amplifié ma colère :- Ce n’est pas ce que tu crois chéri !
- Et je suis sensé croire quoi, espèce de salope, J’ai crié en l’attrapant à son tour par le bras et en l’entrainant vers la baie vitrée.
- Vas rejoindre ton mec, tu me dégoûte.
Je l’ai poussée sur la terrasse aussi. Moins fort que son amant, c’est sûr, mais elle s’est retrouvée au milieu.
J’ai fermé la baie vitrée. Elle pleurait, en tapant sur la vitre. Elle criait pour que j’ouvre. Le type derrière était en train de se relever.
Ma femme a fait le tour de la maison pour passer par la porte d’entrée.
Nous avion à l’époque des volets roulants électriques. C’était les débuts de la domotique. Tout dans la maison n’était ne se commandait depuis un smartphone, il ‘y avait pas de smartphone d’ailleurs à l’époque. Par contre, il y avait un bouton qui permettait de fermer l’ensemble des volets simultanément. Je l’ai utilisé avant de courir verrouiller la porte d’entrée. Je n’avais plus envie d’entendre ses putains d’explication. Je voulais m’isoler. Ne plus penser à rien.
Je me suis écroulé ensuite sur le canapé, en larmes. Mes nerfs me lâchaient. Je me suis aperçu que ce canapé est justement l’endroit où ma femme venait de se faire baiser, je me suis levé. Je l’entendais taper sur le volet, contre la porte, me suppliant de lui ouvrir.
Mes larmes d’un seul coup se sont transformé en fou rire. Certes mes nerfs continuaient à lâcher, mais je me suis aussi rendu compte qu’elle était avec son amant, dehors, à poil sans rien. Habits, papiers, clés de voiture, tout était restés à l’intérieur, pour elle, comme pour lui.
- Démerdez vous, me suis-je dis, ne pouvant m’arrêter de rire.
Je me suis assis dans un fauteuil face au canapé. J’ai arrêté de rire. Au fur et à mesure, je reprenais mes esprits. Ils avaient cessés de frapper aux volets. Le grotesque de la situation s’estompa de mon esprit. Restait une grande tristesse.
Mon esprit vagabondait, j’ai oublié ma femme et son amant. Je ne sais pas trop combien de temps s’est écoulé au moment où la sonnette de l’entrée a retentit.
Je me suis levé. J’avais décidé de lui ouvrir. Qu’elle prenne ses affaires et qu’elle dégage. La blague avait assez duré. Qu’on en finisse.
En fait c’était ma belle-sœur, la sœur de ma femme. Elle était allée se réfugier chez sa sœur qui habitait à l’autre bout du village. Elle avait traversé, surement avec son amant, le village complètement nue, ou couverte avec je ne sais quoi, puisqu’elle n’avait rien.
J’ai dit à sa sœur de prendre leurs affaires qui traînaient dans le séjour, je lui ai désigné le sac à main de ma femme.
Je lui ai dit que ça serait bien qu’elle et son mari accompagnent ma femme quand elle viendrait chercher le reste de ses affaires. QU’ils me préviennent avant, je n’avais pas l’intention d’être présent. Je la reverrais pour le divorce. En attendant, qu’elle prenne ce qu’elle voulait, je n’en avais rien à foutre.
Ma belle-sœur, m’a pris par le bras, l’a serré et m’a dit, un sourire triste aux lèvres :- Si ce n’était pas aussi tragique, je rirais de la situation. Quand je l’ai vu débarquer comme ça chez moi … Et l’autre derrière les mains sur son sexe …Elle a ajouté :- Elle ne te méritait pas.
Nous avons divorcé, la maison a été vendue, à peine un an après son achat.
J’ai changé de région, je suis venue à Paris, j’ai trouvé un nouveau boulot. J’ai changé de vie. C’était, il y a 15 ans. Je n’ai plus jamais entendu parler de mon ex depuis.
Cette histoire, m’a fait sourire. Pas rire, mais juste sourire. L’affaire était cocasse, certes, digne d’un mauvais vaudeville, mais j’ai vu que ça le faisait encore souffrir, 15 ans après. C’était manifeste.
Je me suis rendu compte des conséquences que pouvait prendre une infidélité sur la vie des gens. Ce que pouvait représenter pour certains la trahison d’un amour. Aujourd’hui encore, j’ai une opinion très arrêtée sur la tromperie et l’infidélité (ce n’est pas forcément tout à fait la même chose).
Je peux comprendre certaines choses, d’autres, pas.
J’ai pourtant été une fois infidèle dans ma vie par la suite. Je l’ai très mal vécu. J’étais malheureuse après. Au bout de deux jours, j’ai tout lâché à la personne que j’aimais. J’ai réussi à sauver mon couple, surement grâce à la sincérité qui m’animait sur le moment. Elle m’a pardonné, je le sais, Je sais aussi qu’elle n’a jamais oublié. Je ne souhaitais d’ailleurs pas qu’elle oublie. Je voulais qu’elle sache que j’étais là, amoureuse comme jamais, que mon coup de canif n’était rien.
Un jour, je n’ai plus eu de ses nouvelles d’Orion. D’un seul coup. J’allais régulièrement dans le bar où nous nous donnions rendez-vous, dans l’espoir de le revoir. Je me demandais, si je n’avais pas commis un impair lors de nos discussions à bâtons rompu. Il me semblait que non, rien ne le laissait présager du moins. Avait-il eu un accident ? Qu’était-il devenu ?
Après quelques semaines, n’y tenant plus j’ai demandé au patron du bar, qui me connaissait et me considérait maintenant comme une cliente fidèle :
- La personne avec qui je discutais en terrasse ne vient plus ?
- Vous ne savez pas ?
- Quoi ?
- Il est décédé ! Cancer du poumon. Il habitait un appartement dans l’immeuble au-dessus. C’est moi qui lui louais. Son calvaire est terminé. Il a tellement souffert de sa maladie. Physiquement, ça ne se voyait pas. Il était même mieux depuis plusieurs mois. Il a rechuté. Il est parti en quelques semaines. A la fin, il n’était plus que l’ombre de lui-même. Il ne sortait plus du tout. Ma femme et moi, lui montions ses courses. Mais oui, ça correspond au moment où je ne vous voyais plus ensemble sur la terrasse.
Au début, j’ai cru que malgré votre différence d’âge, vous étiez sa maîtresse, ou quelque chose comme ça. Après un membre de sa famille, sa fille peut-être. Mais il m’a dit que non, vous étiez juste une amie chère.
Dommage, un gars bien ! C’est toujours eux qui partent !
On développe parfois des amitiés insolites, improbables même. Rien n’aurait du rapprocher ce quadra cassé par la vie, et cette étudiante un peu fofolle et pas complètement bien dans sa peau à l’époque.
Et pourtant … Internet nous a fait nous rencontrer, là où la vraie vie ne l’aurait surement pas permis.
Aujourd’hui, je publie des histoires légères sur internet. Parfois, des lecteurs me contactent par mail, désirant échanger avec moi. C’est avec grand plaisir que je réponds, une fois écartés les gugusses qui veulent un plan-cul (Putain les mecs, je suis lesbienne déclarée et assumée, vous espérez quoi !!!).
C’est surement grâce à la relation que nous avons mis en place avec Orion, que j’engage aujourd’hui la conversation de bon cœur.
A l’époque, j’ai cherché à connaitre l’endroit où il était enterré. Le patron du bar n’a pas pu m’aider à ce sujet. Son frère est venu récupérer ses affaires à l’époque. Il est quelque part en province.
Ce qui est sûr, c’est que si j’avais pu savoir où il était, je fleurirais encore sa tombe aujourd’hui.
Je pense encore à lui très souvent. J’ai les larmes aux yeux en écrivant ce texte. Je pleure à chaudes larmes même, soyons honnête. Il aura toujours une place de choix dans mon cœur, malgré le fait que notre relation aura été brève. Il m’a beaucoup apporté. J’ai perdu mon père quand je n’étais qu’une enfant. J’ai bien évidemment des souvenirs de mon papa, mais tellement lointain. A ce moment de ma vie et pendant quelques mois, cet homme aura été, non pas un père de substitution, mais un repère pour moi.
RIP Vincent.
Mes lectrices et lecteurs sont habitués à mes pochades érotiques habituelles, un peu beaucoup sorties de mon imagination, résultats des vagabondages de mon esprit.
Aujourd’hui, je vais me livrer bien plus. Ce texte est très personnel. Je l’ai écrit depuis un moment déjà, mais j’ai longuement hésité avant de le publier. Désolée de décevoir certains, il n’y a pas d’érotisme dans ce texte.
La constellation d’Orion est une des plus belles visibles de notre ciel. Elle se trouve à près de 1500 année-lumière de nous, une distance inimaginable pour l’humain, une paille à l’échelle de l’univers.
Au sein la constellation se trouve la nébuleuse d’Orion. De milliers d’étoiles y sont en train de naître ou grandir. Certaines ont déjà commencé à briller, tandis que d’autres sont encore embryonnaires.
Une couveuse d’étoiles en quelques sortes.
Celui dont je vais vous parler, venait peut-être de là-bas finalement.
A l’époque, j’ai environ 20 ans. L’histoire se passe donc il y a donc une petite quinzaine d’année.
J’étais étudiante. C’était une période un peu floue de ma vie. Je me remettais de ma première vraie déception amoureuse (Estelle) et je n’avais pas encore rencontrée celle qui allait devenir ma compagne pendant plus d’une décennie.
On va dire que c’était une période de libertinage, de coups d’un soir pour être plus précise. Je n’avais plus envie de m’attacher, comme après toute déception. J’étais revenue de tout et ne voulais plus entendre parler d’amour. Je voulais vivre. Born to Be alive.
Pour draguer à l’époque, quand une fille cherchait une fille, c’était un peu plus compliqué qu'aujourd’hui. La société et le regard qu’on porte sur les mœurs de chacun, a évolué en un peu depuis une décennie et demi, certes, mais c’est surtout que les moyens à notre disposition étaient moindre à l’époque.
Internet existait bien sûr, mais n’était pas aussi évolué et omniprésent dans chaque moment de notre vie qu’aujourd’hui.
Il n’y avait pas vraiment de site de rencontres, du moins pas aussi développés. Ils étaient chers surtout pour une étudiante. Pareil, les réseaux sociaux n’existaient pas encore. Du moins, pas sous la forme actuelle. Non, nous à l’époque, nous avions quelque chose qui a quasiment disparu aujourd’hui, les salles de tchat et Messenger.
Je fréquentais bien sur les salons de tchat dit « entre filles ». Il n’empêche que nous étions abordés très régulièrement par des mecs en chaleur. Les tchats à l’époque, c’était un peu une jungle, où on croisait de tout. Je ne me montrais pas vraiment sur ce qu’on appelait « le général », une sorte d’espace d’échange collectif, qui était squatté par des lesbiennes hargneuses et souvent haineuses, qui déversaient leur fiel sur la gente masculine à longueur de temps. Je n’étais pas vraiment dans cette optique. Je me contentais des « PV » ou des « MP », soit des conversations en privé. Une fois écartés les « Bogoss19 », « Beletalon25 » et Cie, on trouvait parfois, une fille sympa avec qui discuter un peu et avec qui on pouvait s’échanger nos adresses « Messenger », si affinités.
Je venais juste de rembarrer de manière un peu violente, « 25cmbiendur » (splendide pseudo quand même !), quand s’ouvrit une nouvelle fenêtre, signe d’une demande de dialogue. Le pseudo était Orion.
« Lui tu vas voir, ça va être vite fait. Marre des cons ce soir !! Orion, quel pseudo ridicule en plus. Pourquoi pas Uranus, pendant qu’on y est !
- Bonsoir, on peut discuter un peu ?
- Qu’est-ce que tu veux ? j’en ai marre des boulets ce soir, je vais déco !!
PS : boulets, c’est le mot pour désigner les trolls de l’époque – déco, signifie déconnecter, partir.
- Ouah, quel accueil ! Pas de panique, je veux juste passer un peu de temps à échanger.
- C’est ça et dans 5 minutes, tu me demanderas mes mensurations et si je suce ! J’en ai marre là.
- Pas du tout. Je suis un homme qui vient discuter sur un salon entre filles, mais saches aussi que j’ai surement le double de ton âge aussi. Confirme moi, tu as 20 ans à peu près ?
- Oui …- Moi, plus de 40. Si je t’ai choisi, c’est justement parce que tout nous oppose. L’orientation sexuelle, notre différence d’âge. Je veux juste qu’on échange sincèrement, sans aucune ambiguïté, ni arrière-pensées. Nous ne coucherons jamais ensemble, c’est sûr. Je n’en veux pas à tes fesses, juste à ton intellect.
Pas complètement dupe, malgré tout cette introduction m’a plu. Déjà, elle était atypique et je lui ai lassé sa chance. Il s’exprimait bien, normalement du moins, faisant des vraies phrases (sujet-verbe-complément), loin de ce que l’on appelle aujourd’hui le langage SMS qui fleurissait déjà sur les tchats à l’époque. Ca changeait.
De fil en en aiguille, et avec un peu de temps, nous sommes devenus de vrais amis virtuels. Nous discutions une ou deux fois par semaine sur internet, en général plusieurs heures d’affilée. Nous parlions de tout, de rien. Philosophie, musique, littérature, vie de tous les jours, petites contrariété, joies … Je m’enrichissais de sa culture, il s’enrichissait de ma jeunesse et de ma spontanéité, de ma propre culture en décalage avec la sienne (c’est ce qu’il me disait !). Il m’a notamment fait partager son goût de l’astronomie (d’où le pseudo d’Orion).
Un jour, comme nous étions tous les deux parisiens, il m’a proposé que l’on se rencontre vraiment. Nous habitions tous les deux à Paris. J’ai longuement hésité, inventant des excuses pour différer et ne pas lui dire non.
Pourtant, j’ai fini par accepter. Qu’est-ce que je risquais après tout ? Une vraie confiance s’était instaurée entre nous. Après tout ce temps, il n’allait pas me sauter dessus, m’enlever, me séquestrer et me violer. J’acceptais des rendez-vous pour des plans-cul avec des personnes rencontrées au même endroit, qui étaient de parfaites inconnues. Je pouvais tomber suer n’importe qui Pourquoi lui refuser ça ? A lui …
Il m’a donné rendez-vous à la terrasse d’un café, où il avait ses habitudes me dit-il.
J’ai passé un excellent après-midi. Nos rendez-vous virtuels, se sont transformés en rendez-vous réels, toujours sur cette terrasse. Nous nous sommes vus pendant plusieurs mois, un peu de façon irrégulière, souvent le lundi après-midi, quand il était disponible et moi aussi. Il m’envoyait un message pour m’inviter. Après quelques semaines, quand le temps n’a plus permis que nous nous voyons en terrasse, nous nous sommes rabattus sur la salle du café.
J’avais pris l’habitude d’arriver en avance et de réviser mes partiels en l’attendant.
Je savais qu’il était divorcé, jamais remarié, toujours un peu cassé par sa séparation. Par pudeur, je n’avais pas cherché à connaitre les détails de l’affaire.
Un jour, il m’a dit comment c’est arrivé.
C’est l’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui. Désolée pour cette longue introduction.
Il fallait bien remettre les choses dans leur contexte.
Je laisse la parole à Orion :
- D’abord Laetitia, sache que cet épisode m’a marqué à vie. J’ai eu du mal à m’en remettre. Près de 15 ans après, je ne suis toujours pas complétement guéri et m’engager avec les femmes reste compliqué.
Aujourd’hui, j’ai quand même pris du recul, et le cocasse de la situation me permet d’en parler plus facilement. Ça en devient presque une anecdote rigolote. Les conséquences par contre, restent difficiles à assumer.
« A l’époque, j’avais 25 ans. Je m’étais marié, 6 mois plus tôt. Nous habitions une petite maison dans un village à la campagne que nous venions tout juste d’acheter. Nous n’avions pas encore pendu la crémaillère. C’est pour dire. Tout roulait, nous nous aimions, elle me l’assurait, nous nous entendions bien, dans la vie de tous les jours et au lit aussi. Nous faisions l’amour tous les jours ou presque.
Ma mère a été hospitalisée. Elle attendait une greffe d’un rein, et un donneur potentiel compatible avait été identifié. Avec mon frère, nous alternions les visites, un jour lui, un jour moi.
C’était un samedi, le jour de mon tour de passer à l’hôpital. Je suis parti de chez moi vers 13h30, après avoir embrassé mon épouse, comptant passer deux heures avec ma mère.
L’hôpital était à 15 minutes en voiture de chez moi. En arrivant sur le parking, j’ai vu mon frère qui attendait. Il m’a dit qu’il avait un problème à régler le lendemain, est ce que je voulais changer mon tour de visite avec lui ? Il restait aujourd’hui et je viendrais demain. A l’époque, il n’y avait pas encore de portables, Voilà pourquoi, il n’avait pas pu me prévenir au préalable, voilà pourquoi il m’attendait sur le parking. Il a préféré venir m’attendre et m’avertir, plutôt que de m’appeler sur le fixe à la maison, alors qu’il présumait que j’étais déjà en chemin.
J’ai bien entendu accepté et je suis retourné chez moi.
En arrivant, je me suis garé devant la maison. Je suis entré dans le jardin, mais au lieu de rentrer directement par la porte, j’ai fait le tour de la maison. Nous avions un chat et je l’ai vu sur l’arrière de la maison tourner comme un fou autour d’un buisson. Le chat avait l’habitude de chasser dans les champs aux alentours et il ramenait dans le jardin ses proies, des souris, parfois des lapereaux, qu’il dépiautait allègrement sur la pelouse, laissant des boyaux partout. J’en avais marre de passer derrière lui pour nettoyer et j’ai décidé de voir ce qu’avait le chat.
Je suis passé sur la terrasse arrière pour le rejoindre et en longeant la baie vitrée, j’ai tourné la tête vers le salon, ayant aperçu un mouvement. Je me suis pétrifié d’un seul coup. Dans le salon, sur le canapé, ma femme me tournant le dos, mais était en train de se faire prendre en levrette par un type.
Réagissant enfin au bout d’une trentaine de secondes, la colère m’a envahie. J’ai fait le tour de la maison dans l’autre sens et j’ai ouvert discrètement la porte d’entrée. Je voulais la surprendre.
- Qu’est- ce que c’est que ce bordel ?
Mon cri a stoppé net leur action. Ils se sont figés comme des statues de sel.
Détail idiot, mais je me souviens encore bien fixer le sexe du type qui débandait à vue d’œil. Il y a parfois de drôle de choses qui nous traversent l’esprit en situation de stress intense. Enfin voir passer en quelques secondes son phallus fièrement dressé à l’état de zizi de piscine était quand même cossasse. Me dire, par contre, que c’est ça qui pénétrait ma femme juste avant, l’était beaucoup moins.
La colère m’a à nouveau emportée. J’ai choppé le mec et je l’ai tiré vers la baie vitrée. Je l’ai ouverte et je l’ai poussé fortement sur la terrasse. Aussitôt fait, j’ai eu peur. Je voyais le type reculer sans maîtriser le mouvement. J’ai cru qu’il allait tomber sur la terrasse en arrière et se fracasser le crâne. Mais non, il a reculé à moitié en équilibre et est tombé sur la pelouse, le cul dans les rosiers. Là encore le cocasse de la situation m’a amusé.
Je suis revenu en arrière vers ma femme. Je ne sais pas ce que j’avais comme intention vis-à-vis d’elle. Je voulais dégager ce type de chez moi, c’était chose faite. Avec elle, surement que je voulais entendre une explication. Elle était assise sur le canapé, se tenant la tête, en sanglot.
Elle a eu cette phrase malheureuse (et ridicule) qui a à nouveau amplifié ma colère :- Ce n’est pas ce que tu crois chéri !
- Et je suis sensé croire quoi, espèce de salope, J’ai crié en l’attrapant à son tour par le bras et en l’entrainant vers la baie vitrée.
- Vas rejoindre ton mec, tu me dégoûte.
Je l’ai poussée sur la terrasse aussi. Moins fort que son amant, c’est sûr, mais elle s’est retrouvée au milieu.
J’ai fermé la baie vitrée. Elle pleurait, en tapant sur la vitre. Elle criait pour que j’ouvre. Le type derrière était en train de se relever.
Ma femme a fait le tour de la maison pour passer par la porte d’entrée.
Nous avion à l’époque des volets roulants électriques. C’était les débuts de la domotique. Tout dans la maison n’était ne se commandait depuis un smartphone, il ‘y avait pas de smartphone d’ailleurs à l’époque. Par contre, il y avait un bouton qui permettait de fermer l’ensemble des volets simultanément. Je l’ai utilisé avant de courir verrouiller la porte d’entrée. Je n’avais plus envie d’entendre ses putains d’explication. Je voulais m’isoler. Ne plus penser à rien.
Je me suis écroulé ensuite sur le canapé, en larmes. Mes nerfs me lâchaient. Je me suis aperçu que ce canapé est justement l’endroit où ma femme venait de se faire baiser, je me suis levé. Je l’entendais taper sur le volet, contre la porte, me suppliant de lui ouvrir.
Mes larmes d’un seul coup se sont transformé en fou rire. Certes mes nerfs continuaient à lâcher, mais je me suis aussi rendu compte qu’elle était avec son amant, dehors, à poil sans rien. Habits, papiers, clés de voiture, tout était restés à l’intérieur, pour elle, comme pour lui.
- Démerdez vous, me suis-je dis, ne pouvant m’arrêter de rire.
Je me suis assis dans un fauteuil face au canapé. J’ai arrêté de rire. Au fur et à mesure, je reprenais mes esprits. Ils avaient cessés de frapper aux volets. Le grotesque de la situation s’estompa de mon esprit. Restait une grande tristesse.
Mon esprit vagabondait, j’ai oublié ma femme et son amant. Je ne sais pas trop combien de temps s’est écoulé au moment où la sonnette de l’entrée a retentit.
Je me suis levé. J’avais décidé de lui ouvrir. Qu’elle prenne ses affaires et qu’elle dégage. La blague avait assez duré. Qu’on en finisse.
En fait c’était ma belle-sœur, la sœur de ma femme. Elle était allée se réfugier chez sa sœur qui habitait à l’autre bout du village. Elle avait traversé, surement avec son amant, le village complètement nue, ou couverte avec je ne sais quoi, puisqu’elle n’avait rien.
J’ai dit à sa sœur de prendre leurs affaires qui traînaient dans le séjour, je lui ai désigné le sac à main de ma femme.
Je lui ai dit que ça serait bien qu’elle et son mari accompagnent ma femme quand elle viendrait chercher le reste de ses affaires. QU’ils me préviennent avant, je n’avais pas l’intention d’être présent. Je la reverrais pour le divorce. En attendant, qu’elle prenne ce qu’elle voulait, je n’en avais rien à foutre.
Ma belle-sœur, m’a pris par le bras, l’a serré et m’a dit, un sourire triste aux lèvres :- Si ce n’était pas aussi tragique, je rirais de la situation. Quand je l’ai vu débarquer comme ça chez moi … Et l’autre derrière les mains sur son sexe …Elle a ajouté :- Elle ne te méritait pas.
Nous avons divorcé, la maison a été vendue, à peine un an après son achat.
J’ai changé de région, je suis venue à Paris, j’ai trouvé un nouveau boulot. J’ai changé de vie. C’était, il y a 15 ans. Je n’ai plus jamais entendu parler de mon ex depuis.
Cette histoire, m’a fait sourire. Pas rire, mais juste sourire. L’affaire était cocasse, certes, digne d’un mauvais vaudeville, mais j’ai vu que ça le faisait encore souffrir, 15 ans après. C’était manifeste.
Je me suis rendu compte des conséquences que pouvait prendre une infidélité sur la vie des gens. Ce que pouvait représenter pour certains la trahison d’un amour. Aujourd’hui encore, j’ai une opinion très arrêtée sur la tromperie et l’infidélité (ce n’est pas forcément tout à fait la même chose).
Je peux comprendre certaines choses, d’autres, pas.
J’ai pourtant été une fois infidèle dans ma vie par la suite. Je l’ai très mal vécu. J’étais malheureuse après. Au bout de deux jours, j’ai tout lâché à la personne que j’aimais. J’ai réussi à sauver mon couple, surement grâce à la sincérité qui m’animait sur le moment. Elle m’a pardonné, je le sais, Je sais aussi qu’elle n’a jamais oublié. Je ne souhaitais d’ailleurs pas qu’elle oublie. Je voulais qu’elle sache que j’étais là, amoureuse comme jamais, que mon coup de canif n’était rien.
Un jour, je n’ai plus eu de ses nouvelles d’Orion. D’un seul coup. J’allais régulièrement dans le bar où nous nous donnions rendez-vous, dans l’espoir de le revoir. Je me demandais, si je n’avais pas commis un impair lors de nos discussions à bâtons rompu. Il me semblait que non, rien ne le laissait présager du moins. Avait-il eu un accident ? Qu’était-il devenu ?
Après quelques semaines, n’y tenant plus j’ai demandé au patron du bar, qui me connaissait et me considérait maintenant comme une cliente fidèle :
- La personne avec qui je discutais en terrasse ne vient plus ?
- Vous ne savez pas ?
- Quoi ?
- Il est décédé ! Cancer du poumon. Il habitait un appartement dans l’immeuble au-dessus. C’est moi qui lui louais. Son calvaire est terminé. Il a tellement souffert de sa maladie. Physiquement, ça ne se voyait pas. Il était même mieux depuis plusieurs mois. Il a rechuté. Il est parti en quelques semaines. A la fin, il n’était plus que l’ombre de lui-même. Il ne sortait plus du tout. Ma femme et moi, lui montions ses courses. Mais oui, ça correspond au moment où je ne vous voyais plus ensemble sur la terrasse.
Au début, j’ai cru que malgré votre différence d’âge, vous étiez sa maîtresse, ou quelque chose comme ça. Après un membre de sa famille, sa fille peut-être. Mais il m’a dit que non, vous étiez juste une amie chère.
Dommage, un gars bien ! C’est toujours eux qui partent !
On développe parfois des amitiés insolites, improbables même. Rien n’aurait du rapprocher ce quadra cassé par la vie, et cette étudiante un peu fofolle et pas complètement bien dans sa peau à l’époque.
Et pourtant … Internet nous a fait nous rencontrer, là où la vraie vie ne l’aurait surement pas permis.
Aujourd’hui, je publie des histoires légères sur internet. Parfois, des lecteurs me contactent par mail, désirant échanger avec moi. C’est avec grand plaisir que je réponds, une fois écartés les gugusses qui veulent un plan-cul (Putain les mecs, je suis lesbienne déclarée et assumée, vous espérez quoi !!!).
C’est surement grâce à la relation que nous avons mis en place avec Orion, que j’engage aujourd’hui la conversation de bon cœur.
A l’époque, j’ai cherché à connaitre l’endroit où il était enterré. Le patron du bar n’a pas pu m’aider à ce sujet. Son frère est venu récupérer ses affaires à l’époque. Il est quelque part en province.
Ce qui est sûr, c’est que si j’avais pu savoir où il était, je fleurirais encore sa tombe aujourd’hui.
Je pense encore à lui très souvent. J’ai les larmes aux yeux en écrivant ce texte. Je pleure à chaudes larmes même, soyons honnête. Il aura toujours une place de choix dans mon cœur, malgré le fait que notre relation aura été brève. Il m’a beaucoup apporté. J’ai perdu mon père quand je n’étais qu’une enfant. J’ai bien évidemment des souvenirs de mon papa, mais tellement lointain. A ce moment de ma vie et pendant quelques mois, cet homme aura été, non pas un père de substitution, mais un repère pour moi.
RIP Vincent.
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