A peindre ensemble ! (Partie II)
Récit érotique écrit par Karim_et_Nadia [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur couple.
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A peindre ensemble ! (Partie II)
Chapitre 7. Le deal absurde
Le lendemain de la terrible découverte, un silence de cathédrale vide régnait dans la demeure. Kamelia, assise dans le jardin d'hiver, observait les gouttes de pluie tracer des chemins capricieux sur les vitraux. Ses doigts effleuraient machinalement les pétales d'un camélia fané - la fleur que Chakib aimait tant. Mais aujourd'hui, même ce geste rituel semblait dépourvu de sa douleur habituelle.
Nazim fit son entrée avec l'assurance tranquille d'un propriétaire. Il portait un costume sombre qui accentuait sa carrure imposante. Dans ses mains, il tenait deux verres de cristal où scintillait un ambré doré.
« Un armagnac, » annonça-t-il en déposant un verre devant elle. « Ton préféré, si je me souviens bien. »
Kamelia ne sourcilla pas. « Que veux-tu, Nazim ? »
Il s'assit en face d'elle, croisant les jambes avec une désinvolture étudiée.
« J'ai une proposition. Une sorte de... marché. »
Son regard parcourut le corps de Kamelia avec une insistance qui la fit frissonner.
« Salma est une femme maintenant, » poursuivit-il. « Mais elle reste ta fille. Je peux lui offrir le monde, ou le lui reprendre. »
Kamelia serra le verre, ses jointures blanchissant.
« Où veux-tu en venir ? »
Nazim se pencha en avant, son regard devenant intense.
« Passe une nuit avec nous. Une seule. Montre à ta fille ce que signifie vraiment être une femme. Et en échange... »
Il fit une pause dramatique, savourant son pouvoir.
« En échange, je libère Salma. Elle choisira sa vie, avec ou sans moi. Je ne retiendrai aucune des promesses que je lui ai faites. »
Kamelia sentit son cœur s'emballer. L'audace de la proposition la laissa sans voix. Elle voulut protester, s'indigner, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Son regard se porta vers la fenêtre, où la pluie dessinait maintenant des larmes sur le verre.
« Tu es un monstre, » murmura-t-elle enfin.
Nazim sourit, un rictus qui n'atteignit pas ses yeux.
« Je suis réaliste. Tu as vu Salma hier soir. Elle est à moi, corps et âme. Mais toi... » Sa main effleura la sienne. « Toi, tu peux encore la sauver. »
Kamelia ferma les yeux. Elle revit le visage extatique de sa fille, son corps offert, sa transformation en étrangère. Elle revit aussi ses propres années passées dans l'ombre d'un mort, son refus de vivre, son incapacité à protéger sa propre enfant.
Quand elle rouvrit les yeux, son regard avait changé. Une détermination nouvelle y brillait.
« D'accord, » dit-elle, sa voix étrangement calme. « J'accepte. Mais à mes conditions. »
Nazim leva un sourcil intéressé.
« Je t'écoute. »
Kamelia se leva et marcha jusqu'à la fenêtre. Son reflet dans la vitre lui renvoya l'image d'une femme qu'elle ne reconnaissait qu'à peine.
« Premièrement, ce sera dans ma chambre. Le lit de Chakib. »
Nazim eut un ricanement approbateur.
« Deuxièmement, » poursuivit-elle en se retournant, « Salma devra répéter devant moi les promesses que tu lui as faites. Je veux entendre chaque mot. »
Cette fois, Nazim parut légèrement décontenancé.
« Et troisièmement, » conclut-elle en s'approchant de lui, « à la fin de la nuit, quel que soit son choix, tu signeras l'acte de donation que j'ai fait préparer. La maison reviendra à Salma. »
Le sourire de Nazim s'effaça. Il étudia le visage de Kamelia, cherchant la ruse ou le désespoir. Mais il n'y vit qu'une résolution froide, presque métallique.
« Tu joues un jeu dangereux, Kamelia. »
« Non, » rétorqua-t-elle. « J'apprends simplement à jouer selon tes règles. »
Elle termina son verre d'un trait, l'alcool lui brûlant la gorge.
« Ce soir, à minuit. Dans ma chambre. N'oublie pas le contrat. »
Nazim se leva à son tour, une lueur admirative dans le regard.
« Je commence à comprendre pourquoi Chakib tenait tant à toi. »
Kamelia eut un sourire triste.
« Moi aussi, Nazim. Moi aussi. »
Quand il fut parti, elle s'effondra sur le siège, tremblant de tous ses membres. Son cœur battait la chamade, mais son esprit était étrangement clair. Elle avait passé sa vie à fuir la réalité, à se cacher derrière des souvenirs. Ce soir, elle affronterait les démons qu'elle avait elle-même laissé entrer dans sa maison.
En montant l'escalier qui menait à sa chambre, elle s'arrêta devant la porte de Salma. Un bruit de douche lui parvenait de l'autre côté. Elle ferma les yeux, essayant de retrouver dans sa mémoire l'image de la petite fille aux nattes désordonnées qui courait dans le jardin. Mais cette image s'était effacée, remplacée par celle de la jeune femme provocante du night précédent.
« Je te sauverai, ma fille, » murmura-t-elle. « Même si pour cela je dois me perdre. »
Dans sa chambre, elle s'approcha du grand lit où elle avait aimé Chakib. Ses doigts effleurèrent le bois du chevet, cherchant les marques laissées par leur amour passé. Puis, avec une détermination nouvelle, elle commença à préparer le théâtre de leur étrange nuit à trois.
La Kamelia qui pleurait son mari était morte cette nuit. Une autre venait de naître, prête à tout pour reconquérir sa fille. Même à pactiser avec le diable.
Minuit sonna à la vieille horloge du couloir lorsque Nazim poussa la porte de la chambre conjugale. Il était vêtu d'un peignoir de soie noire entrouvert sur son torse, et ses yeux brillaient d'une lueur triomphale. Derrière lui, Salma apparaissait, enveloppée dans un paréo de soie rouge qui accentuait la pâleur de sa peau. Son regard était un mélange de défi et de curiosité malsaine.
La chambre avait été transformée. Des bougies parfumées à la vanille brûlaient sur toutes les surfaces, projetant des ombres dansantes sur les murs. Le lit monumental, témoin des ébats passés de Kamelia et Chakib, était recouvert de draps de soie noire. Kamelia les attendait, assise sur le bord de la couche, vêtue d'une simple chemise de nuit en soie ivoire qui moulait ses formes avec une pudeur provocante.
« Tu as tenu parole, » constata Nazim en refermant la porte derrière eux.
Kamelia leva les yeux vers eux. Son visage était étrangement serein.
« Asseyez-vous, » dit-elle en désignant deux fauteuils placés face au lit. « Nous avons un contrat à honorer avant toute chose. »
Nazim eut un rictus amusé mais obtempéra. Salma se laissa tomber dans l'autre fauteuil, ses yeux ne quittant pas le visage de sa mère.
« Je veux entendre les promesses, » déclara Kamelia, son regard fixant sa fille. « Toutes les promesses qu'il t'a faites. »
Salma hésita, un flush rose montant à ses joues.
« Vas-y, » encouragea Nazim, caressant la nuque de la jeune fille. « Dis à ta mère comment je compte prendre soin de toi. »
Salma prit une profonde inspiration et commença à énumérer, d'une voix d'abord hésitante puis de plus en plus assurée :
« Il m'a promis un appartement rue du Faubourg-Saint-Honoré. Des bijoux de chez Cartier. Un compte en banque à mon nom. Il m'a dit qu'il quitterait maman pour m'épouser quand j'aurai dix-huit ans. »
Chaque mot tombait dans le silence de la pièce comme une pierre dans un puits. Kamelia écoutait, son visage restant impassible.
« Il t'a aussi promis de te présenter à son cercle de jeu, n'est-ce pas ? » questionna-t-elle doucement. « De t'initier à ses affaires. »
Salma baissa les yeux, soudain mal à l'aise.
« Oui, » murmura-t-elle.
Nazim se leva, impatient.
« Assez parlé. Le contrat est signé, Kamelia. Maintenant, honorons notre marché. »
La chambre était baignée d'une lumière dorée qui enveloppait les trois corps d'une aura presque sacrée. Kamelia, débarrassée de sa robe de chambre, se tenait devant le lit avec une assurance nouvelle. Sa peau, longtemps cachée, luisait doucement à la lueur des bougies.
"Regarde-moi, Salma," dit-elle en prenant la main de sa fille. "Regarde une femme qui se souvient de son corps."
Nazim, allongé sur les draps de soie, observait la scène avec un intérêt accru. Lorsque Kamelia s'approcha de lui, ce fut avec une grâce sensuelle qui le surprit. Ses mains, autrefois hésitantes, parcoururent son torse avec une autorité tranquille.
"Tu as voulu me briser," murmura-t-elle en se penchant vers lui. "Mais tu m'as appris à renaître."
Son baiser fut profond, passionné, chargé de toutes les années de désir refoulé. Sa langue chercha la sienne avec une ardeur qui le fit frémir. Nazim, habitué à la soumission, se retrouva déconcerté par cette prise de pouvoir sensuelle.
Quand elle l'enjamba, ce fut avec la fierté d'une femme réconciliée avec sa sensualité. Son corps épousait le sien dans un mouvement fluide, naturel. Ses hanches dessinaient une danse ancienne, chaque poussée plus assurée que la précédente.
"Voilà ce que tu as manqué, Nazim," soupira-t-elle en accélérant son rythme. "Une femme qui ose prendre son plaisir."
Salma, fascinée, regardait sa mère non plus comme une victime, mais comme une initiée. Les gémissements qui s'échappaient des lèvres de Kamelia n'étaient pas feints - ils racontaient l'histoire d'une sensualité libérée.
"Viens," invita Kamelia en tendant la main vers sa fille.
Quand Salma se joignit à eux, Kamelia guida ses gestes avec une tendre expertise. Ses mains apprirent à Salma de nouveaux chemins vers le plaisir, ses lèvres montrèrent à Nazim des territoires inexplorés.
"Plus fort," ordonna-t-elle à Nazim, ses ongles s'enfonçant dans ses épaules.
Son corps répondait à chaque caresse avec une franchise déconcertante. Elle n'était plus spectatrice, mais architecte de son propre plaisir. Quand elle sentit l'orgasme approcher, ce fut avec un cri triomphant qui résonna dans la pièce.
Plus tard, allongée entre eux, la peau encore moite de sueur, Kamelia sourit.
"Maintenant tu sais, Salma. Le véritable pouvoir n'est pas dans la résistance, mais dans l'abandon conscient."
Nazim, silencieux, contemplait cette femme transformée. Il avait cru posséder une victime, mais il venait de rencontrer une partenaire. Et cette révélation était à la fois enivrante et dérangeante.
La nuit était jeune, et Kamelia comptait bien explorer chaque facette de sa sensualité retrouvée.
Chapitre 8. La fissure
Le cercle de jeu « L'Éden » ressemblait à un rêve de démiurge décadent. Des cristaux étincelaient sous les lustres en verre de Murano, éclairant des tables de jeu où l'on risquait des fortunes en un seul coup de dé. Salma, vêtue d'une robe de soirée émeraude qui moulait ses formes avec une précision obscène, se sentait comme la reine de ce monde souterrain.
Nazim l'avait présentée à ses associés comme « sa plus précieuse confidente ». Les mains des hommes, moites et insistantes, avaient pressé la sienne avec une convoitise à peine voilée. Salma avait cru voir de l'admiration dans leurs regards.
« Tu es magnifique ce soir, » avait murmuré Nazim en l'installant à la table de poker. « Tous me l'envient. »
La partie commença dans un cliquetis de jetons d'ivoire. Nazim, d'abord vainqueur, accumulait les piles devant lui. Salma le regardait, fascinée par son assurance. Puis la chance tourna. Une mauvaise main, puis une autre. Les piles diminuaient.
« Je mise cinquante mille, » annonça un des joueurs, un homme au visage de bulldog nommé Kostas.
Nazim jeta un coup d'œil à ses cartes. « Suivi. »
La dernière carte tomba. Nazim blêmit légèrement. Kostas sourit, dévoilant des dents dorées.
« Je mise tout, » dit-il en poussant ses jetons au centre de la table.
Nazim compta ses propres jetons. « Je ne couvre pas. »
Kostas le regarda, puis ses yeux se posèrent sur Salma.
« La jeune fille alors. Une nuit. »
Un silence glacé s'installa. Salma crut avoir mal entendu. Elle se tourna vers Nazim, s'attendant à le voir s'indigner. Mais il souriait, un sourire crispé.
« Chérie, » dit-il en lui caressant la joue, « tu veux bien m'aider ? Ce n'est qu'une formalité. »
Salma sentit son estomac se nouer. « Tu... tu me joues ? »
« N'aie pas peur, tu seras entre de bonnes mains. » Sa voix était douce, persuasive. « Tu sais que je t'aime. J'ai toujours été de ton soutien, aujourd'hui, j'ai besoin de toi. »
Kostas se leva, rejoint par un autre homme, plus jeune, aux épaules de déménageur. Ils l'encadrèrent.
« La chambre est prête, » dit Kostas en lui prenant le bras.
Dans la suite du premier étage, les deux hommes se déshabillèrent avec une efficacité brutale. Salma, paralysée, les regardait. Le corps de Kostas était massif, couvert de poils gris, son sexe déjà dressé. Le plus jeune, athlétique, avait des cicatrices sur le torse.
« Allongez-vous, » ordonna Kostas.
Quand ils la pénétrèrent, ce fut avec une violence méthodique qui la fit crier. Kostas prenait sa bouche, l'autre son sexe. Les mains la maintenaient, les odeurs de cigare et de sueur l'étouffaient. Elle ferma les yeux, cherchant à fuir dans son esprit.
Puis, insidieusement, son corps trahit son esprit. La stimulation intense, l'adrénaline, la soumission forcée... Son bas-ventre s'embrasa malgré elle. Un gémissement lui échappa, mêlé de honte et de plaisir.
« Elle aime ça, la salope, » ricana le plus jeune en accélérant son mouvement.
Ses doigts s'enfoncèrent dans les hanches de Salma, la maintenant impitoyablement. Elle sentit un orgasme monter, monter... et l'explosion fut à la fois humiliante et intense. Son corps vibrait, trahissant son âme.
Chapitre 9 : La Chair Marchandée
La fumée de cigare formait des volutes bleutées qui estompaient les visages autour de la table de poker. Salma, irradiante dans sa robe de soie vert émeraude, sentait les regards masculins se poser sur sa peau comme des mains impatientes. Nazim lui avait offert cette tenue quelques heures plus tôt, l'encourageant à « montrer sa valeur ».
« Ma perle rare », avait-il murmuré en l'introduisant dans le cercle privé. Ses doigts s'étaient attardés sur sa hanche, un geste de possession qui l'avait fait frissonner de fierté.
Mais la soirée prit une tournure sinistre lorsque les jetons commencèrent à changer de camp. Nazim, d'abord vainqueur, voyait maintenant ses piles diminuer. Une sueur fine perla sur sa tempe.
« La dernière main », annonça Kostas, un homme trapu aux mains couvertes de bagues. Son regard glissa vers Salma avec une intensité qui la fit se recroqueviller.
Les cartes tombèrent. Nazim pâlit.
« Je mise deux cent mille », dit Kostas en poussant ses jetons.
Nazim compta nerveusement ses propres jetons. « Je ne peux pas couvrir. »
Le silence s'installa. Kostas sourit, dévoilant une dentition dorée.
« Alors jouons autre chose. La jeune fille. Une nuit. »
Salma crut avoir mal entendu. Elle se tourna vers Nazim, s'attendant à une protestation véhémente. Mais il caressa sa joue avec une douceur trompeuse.
« Ma chérie, tu veux bien m'aider ? C'est une simple formalité entre gentlemen. »
Son sang se glaça. « Tu me... vends ? »
« Ne sois pas dramatique. » Sa main se fit plus ferme sur sa nuque. « Kostas et Dimitri sont des hommes raffinés. Tu seras entre de bonnes mains. »
Dimitri, un colosse au torse moulé dans un costume trop étroit, s'approcha. Son parfum musqué envahit les narines de Salma.
« Elle est tendre », commenta-t-il en lui pinçant le bras avec une familiarité obscène.
Nazim sourit, un rictus qui ne toucha pas ses yeux. « N'aie pas peur, chérie. Souviens-toi : je t'aime. Et aujourd'hui, j'ai besoin de toi. »
La suite présidentielle baignait dans une lumière dorée qui trahissait le luxe obscène des lieux. Salma, encore vêtue de sa robe émeraude, sentait le regard des deux hommes la déshabiter avec une intensité brutale.
« Alors, la petite princesse de Nazim ? » ricana Kostas en approchant son verre de whisky de ses lèvres. « Tu sais comment divertir des hommes importants ? »
Dimitri, plus silencieux, se contentait de défaire son nœud de cravate avec des gestes méthodiques. Ses yeux pâles scrutaient Salma comme un fauque examine sa proie.
« Nazim m'a dit que tu étais... coopérative », poursuivit Kostas en lui caressant la joue avec une familiarité glaçante.
Salma, la gorge serrée, tenta de protester : « Je pense qu'il y a un malentendu... »
Kostas éclata d'un rire gras. « Le seul malentendu, ma belle, c'est que tu crois encore avoir ton mot à dire. »
Il attrapa sa nuque avec une force qui la fit tressaillir. « À genoux. Maintenant. »
Tremblante, Salma obéit. Le tapis d'Orient était rêche sous ses genoux. Dimitri s'approcha, débouclant sa ceinture.
« Ouvre la bouche », ordonna-t-il simplement.
Quand son sexe émergea du tissu, Salma retint un mouvement de recul. L'organe, déjà en érection, semblait démesuré. Une veine bleutée pulsait le long de la tige, qui dégageait une odeur musquée, animale.
« Plus large », exigea Kostas en lui maintenant la tête.
La première contact de ses lèvres avec la chair masculine la fit frémir. Le goût salé, la texture de la peau, tout en elle se rebellait. Mais quand Dimitri commença à bouger ses hanches, une étrange torpeur s'empara d'elle.
« Elle a la bouche chaude, la salope », commenta Kostas en déboutonnant son pantalon à son tour. « Déshabille-toi », ordonna-t-il en défaisant sa cravate.
Salma, tremblante, fit glisser la robe. La soie glissa sur sa peau comme un dernier adieu à l'innocence.
Dimitri s'approcha, nu maintenant, son sexe déjà dressé, imposant. Il la poussa sur le lit.
« On va s'occuper de toi, ma belle. »
Ce fut une invasion méthodique. Kostas prit sa bouche, lui mordillant les lèvres jusqu'au sang pendant que Dimitri écartait ses cuisses. La pénétration fut brutale, arrachante. Salma hurla, mais Kostas couvrit sa bouche de sa main poilue.
« Plus fort », grogna Dimitri en accélérant son mouvement.
Ses mains massives maintenaient ses hanches, ses doigts s'enfonçant dans sa chair. La douleur était vive, mais peu à peu, son corps trahit son âme. Une chaleur perverse se mit à couler dans ses veines. Malgré elle, un gémissement lui échappa.
« La salope aime ça », ricana Kostas en lui mordant le sein.
Dimitri changea de position, la soulevant à genoux. « Regarde-toi dans le miroir. Regarde comment tu te donnes. »
Dans le reflet, Salma vit son propre visage déformé par le plaisir honteux. Son corps répondait aux assauts avec une ardeur qu'elle ne se connaissait pas. Quand l'orgasme la submergea, ce fut avec une violence qui la fit crier, son corps secoué de spasmes incontrôlables.
Salma sentit une deuxième présence derrière elle. Des mains brutales relevèrent sa robe, déchirèrent ses sous-vêtements.
« Relaxe-toi, ma belle », murmura Kostas contre son oreille tandis que ses doigts écartaient ses fesses. « On va te montrer ce que c'est qu'une vraie baise. »
La double pénétration fut une onde de choc. Sa bouche étouffa un cri tandis que son corps était traversé de part en part. Les deux hommes trouvèrent rapidement leur rythme, l'utilisant comme un objet vivant, leurs mouvements synchronisés créant une terrible mécanique du plaisir.
« Regarde-moi », ordonna Dimitri en lui saisissant le menton.
Ses yeux noirs la transperçaient tandis qu'il accélérait son va-et-vient dans sa bouche. Salma, prise dans cet étau de chair, sentit son propre corps répondre avec une trahison physiologique. Un liquide chaud coulait entre ses cuisses, son ventre se contractait de spasmes incontrôlables.
« Elle mouille », ricana Kostas en accentuant ses poussées. « La petite aime se faire défoncer comme une pute. »
Les insultes, au lieu de la révolter, semblaient attiser son excitation honteuse. Son corps archait, répondant à chaque invasion avec une ardeur croissante. Les mains de Kostas se refermèrent sur ses hanches, l'empalant plus profondément.
« Jouis, salope », gronda-t-il tandis que son propre rythme devenait saccadé.
L'orgasme la submergea comme une vague scélérate, un mélange de douleur et d'extase si violent qu'elle mordit la chair de Dimitri. Un goût de cuivre emplit sa bouche au moment où les deux hommes explosaient simultanément en elle.
Quand ils se retirèrent, laissant son corps meurtri et couvert de leurs fluides, Kostas lui tapota les fesses :
« Dis à Nazim qu'il a une belle petite traînée. On efface sa dette et on fera encore affaire. »
Salma, effondrée sur le tapis, regarda fixement les motifs orientaux. Chaque fibre de son être hurlait de honte, mais son sexe palpitait encore des séquelles du plaisir. La fissure était désormais un gouffre, et au fond, elle commençait à entrevoir l'effroyable vérité : son initiation n'était que le premier acte de sa propre damnation.
Quand Nazim vint la chercher au petit matin, il la serra contre lui.
« Ma brave fille. Tu vois ? Tout s'est bien passé. »
Dans la voiture, elle se souvint des mots de Kamelia : « Il t'a promis de t'initier à ses affaires. » Elle comprenait maintenant. Les affaires de Nazim étaient faites de chair et de sang, et elle n'était qu'une monnaie d'échange d'un jeu où les femmes étaient la devise la plus courante.
Quand ses doigts voulurent caresser sa joue, elle se recroquevilla contre la portière. Salma le regarda, et pour la première fois, vit non pas un amant, mais un proxénète. La fissure était là, béante. Elle avait été sacrifiée sur l'autel de son jeu, et pire encore, son corps avait trouvé du plaisir dans cette trahison et dans l'humiliation.
« Emmène-moi à la maison, » murmura-t-elle, sentant son âme se déchirer.
Chapitre 9. L'éveil de Salma
Le jour se levait à peine lorsque Salma franchit le seuil de la maison familiale. Ses talons hauts claquaient irrégulièrement sur le marbre de l'entrée, son corps n'étant plus qu'un tremblement continu. La robe émeraude, froissée et tachée, collait à sa peau comme un suaire. Lorsqu'elle aperçut Kamelia assise dans le salon, un thé à la main, les dernières forces l'abandonnèrent.
« Maman... »
Le mot jaillit dans un sanglot rauque. Elle s'effondra aux pieds de sa mère, ses mains étreignant les plis de sa robe de chambre comme une noyée.
Kamelia déposa sa tasse avec un calme terrible. Ses doigts se posèrent sur les cheveux ébouriffés de sa fille, caressant avec une douceur qui fit redoubler les larmes.
« Il m'a... vendue... » hoqueta Salma contre ses genoux. « Comme une prostituée... À deux hommes... »
Les mots sortaient entrecoupés, racontant l'horreur de la nuit - les mains brutales, les pénétration simultanées, les insultes qui s'étaient mêlées à son propre plaisir honteux.
Kamelia l'attira contre sa poitrine, berçant ce corps meurtri.
« Je t'avais prévenu, ma chérie. Nazim est un lâche. Un homme qui croit que la valeur d'une femme se mesure à ce qu'elle peut rapporter. »
Salma leva vers elle un visage ravagé. « Pourquoi ne m'as-tu pas forcée à comprendre ? »
« Parce que certaines vérités doivent être découvertes par soi-même », murmura Kamelia en essuyant ses larmes avec le bord de sa manche. « Mais maintenant que tu sais, il faut te libérer. Nous devons nous libérer de lui. »
Elle aida Salma à se relever et la conduisit jusqu'au canapé, l'enveloppant d'une couverture comme pour protéger ce qui restait de son innocence.
« Pour l'instant, jouons son jeu », reprit Kamelia, son regard devenant stratège. « Souris-lui, fais-lui croire que tu acceptes ton rôle. Mais en secret, cherchons sa faille. »
Elle prit le visage de sa fille entre ses mains. « Et toi, tu dois rencontrer un homme qui te respecte. Qui voie en toi plus qu'un corps à posséder. »
Quelques jours plus tard, Kamelia organisa une rencontre au jardin du Luxembourg. Salma s'y rendit à contrecœur, vêtue d'une robe simple qui contrastait avec ses tenues provocantes. L'étudiant en art l'attendait près de la fontaine Médicis.
« Je m'appelle Antoine », dit-il en lui offrant un bouquet de jonquilles.
Ses mains étaient fines, propres, sans bagues agressives. Ses yeux verts la regardaient avec une curiosité bienveillante, sans la déshabiter du regard.
« Salma », répondit-elle, méfiante.
Il lui parla de ses études aux Beaux-Arts, de sa passion pour la sculpture sur bois, héritée de son grand-père ébéniste. Il évoqua son atelier dans le Marais, où il travaillait jusqu'à l'aube.
« Et toi ? » questionna-t-il en lui offrant son bras pour une promenade. « Quelle est ta passion ? »
La question la déconcerta. Personne ne lui avait jamais demandé cela.
« Je... je ne sais pas », avoua-t-elle, honteuse.
Antoine sourit. « C'est une belle découverte à faire. »
Quand il l'accompagna chez elle en fin d'après-midi, il se contenta de lui effleurer la main d'un baiser.
« J'aimerais te revoir », dit-il simplement. « Si tu le souhaites. »
Cette nuit-là, Nazim la rejoignit dans sa chambre. Ses mains cherchèrent immédiatement à la dévêtir.
« Alors, ma belle ? Raconte-moi ta journée. »
Salma se laissa faire, son corps devenant docile sous ses caresses. Mais son esprit était ailleurs, encore avec Antoine, avec ce regard qui la cherchait sans la posséder.
Quand Nazim la pénétra, ce fut avec sa brutalité habituelle. Ses doigts meurtrissaient sa peau, sa bouche couvrait la sienne en étouffant ses cris. Salma ferma les yeux, imaginant les mains d'Antoine, douces et respectueuses.
Plus tard, allongée contre le torse moite de Nazim, elle murmura dans l'obscurité :
« Lui, au moins, il ne me traite pas comme une pute. »
Nazim se raidit. « De qui parles-tu ? »
Salma sourit, un sourire qu'il ne vit pas.
« D'un homme qui comprend que le plaisir partagé vaut mieux que la soumission imposée. »
Elle sentit sa colère monter, mais pour la première fois, elle n'en eut pas peur. Car dans son cœur germait une graine plantée par sa mère, arrosée par le respect d'un inconnu. La libération avait commencé, non dans la révolte ouverte, mais dans la découverte silencieuse de sa propre valeur.
Chapitre 10. La nuit du consentement
La demeure des parents d'Antoine respirait une sérénité bourgeoise qui contrastait avec l'opulence agressive de la maison de Nazim. Des livres s'empilaient sur des étagères fatiguées, des portraits de famille jaunis ornaient les murs, et l'odeur du gigot mijoté se mêlait à celle de la cire d'abeille.
« Salma, je vous présente mes parents », annonça Antoine avec une fierté non dissimulée.
Le dîner fut un ballet de politesses et de regards bienveillants. La mère d'Antoine, une femme aux cheveux argentés coiffés avec une simplicité élégante, questionna Salma sur ses goûts littéraires. Le père, un homme à la carrure robuste mais au regard doux, évoqua son amour pour la sculpture sur bois.
« Antoine nous a dit que vous aviez l'âme d'une artiste », remarqua la mère en servant le café.
Salma, habituée aux conversations émaillées de sous-entendus grivois chez Nazim, fut touchée par cette considération authentique. Pour la première fois, on s'intéressait à son esprit, pas seulement à son corps.
Plus tard, dans la chambre sous les toits, Antoine ferma la porte avec un geste presque cérémonieux.
« Je veux que tu te sentes en sécurité ici », murmura-t-il en prenant ses mains.
La pièce était spartiate mais chaleureuse. Des esquisses épinglées au mur voisinaient avec des outils de sculpteur soigneusement rangés. Par la fenêtre entrouverte, la lune dessinait des arabesques d'argent sur le parquet.
Quand leurs lèvres se rencontrèrent, ce fut une exploration patiente. Les mains d'Antoine parcoururent son corps comme on lit un poème, avec une attention sacrée à chaque syllabe de chair.
« Tu es si belle », soupira-t-il en dénouant sa robe.
La soie glissa sur sa peau avec un chuchotement complice. Salma ferma les yeux, offrant sa nudité non comme une soumission, mais comme un don.
Quand il la porta sur le lit, ses mouvements étaient d'une lenteur révérencieuse. Ses lèvres tracèrent un pèlerinage de son cou à ses seins, s'attardant à chaque découverte. Salma, habituée aux assauts brutaux de Nazim, découvrait l'érotisme de la patience.
« Je veux connaître chaque frémissement de ton corps », chuchota-t-il entre deux baisers.
Quand il l'écarta pour mieux la contempler, son regard était celui d'un artiste devant sa muse.
« Dis-moi ce que tu aimes », demanda-t-il en effleurant son intimité.
Cette question, jamais posée, la bouleversa. Sous ses doigts experts, elle découvrit des territoires inexplorés de son propre plaisir. Quand il la pénétra enfin, ce fut avec une intensité contenue qui lui arracha un gémissement de surprise.
« Plus fort », supplia-t-elle, étonnée par sa propre audace.
Antoine accéléra son rythme, ses mains maintenant ses hanches avec une fermeté tendre. Leurs souffles se mêlaient, leurs corps s'accordaient dans une symphonie sensuelle où chaque mouvement était concerté.
« Regarde-moi », implora-t-il au paroxysme de leur étreinte.
Leurs regards s'unirent au moment où l'orgasme les submergea, créant une intimité plus profonde encore que celle de leurs corps enlacés.
Au petit matin, allongée contre son torse, Salma comprit la différence fondamentale : avec Antoine, elle n'était pas possédée, mais aimée. En se rhabillant, elle surprit son reflet dans le miroir - une femme nouvelle, dont les yeux portaient désormais la certitude de sa valeur.
« À bientôt », murmura Antoine en l'embrassant une dernière fois.
Sur le chemin du retour, Salma savoura ce paradoxe délicieux : c'est en se donnant librement qu'elle avait enfin pris possession d'elle-même. Une révélation qui allait bientôt provoquer l'ultime tempête.
Chapitre 11. La chute de Nazim
Les premières lueurs de l'aube dessinaient à peine les contours de la demeure lorsque Salma en poussa la porte. Son corps vibrait encore du souvenir des heures passées dans les bras d'Antoine - cette fatigue voluptueuse, cette sensation de sérénité profonde qui suivait les étreintes partagées.
« Enfin ! »
La voix de Nazim, rauque et chargée d'ivresse, fit voler en éclats sa quiétude. Il se tenait au milieu du vestibule, vêtu seulement d'un peignoir de soie maculé de taches de whisky. Ses yeux injectés de sang la dévisagèrent avec une intensité meurtrière.
« Où étais-tu, putain ? Je t'ai cherché toute la nuit. Pourquoi tu ne répondais pas à mes appels ? »
Salma sentit son cœur s'emballer, mais une force nouvelle l'empêcha de baisser les yeux.
« Je n'ai pas à me justifier, Nazim. »
Il s'approcha, son haleine alcoolisée lui cinglant le visage.
« Quand je veux baiser, tu es là. Quand je veux vider mes couilles, tu ouvres les cuisses. C'est notre arrangement. »
Sa main se referma sur son poignet avec une brutalité familière.
« Maintenant, tu vas monter dans ma chambre et tu vas me sucer jusqu'à ce que j'oublie ton retard. »
Pour la première fois, Salma résista. Elle se dégagea de son étreinte avec une fermeté qui le surprit.
« Non. »
Le silence qui suivit fut plus lourd que tous les cris. Nazim la dévisagea, incrédule.
« Qu'est-ce que tu as dit ? »
« J'ai dit non. » Sa voix ne tremblait plus. « J'étais avec mon amant cette nuit. Et je retournerai le voir quand bon me semblera. »
Les traits de Nazim se décomposèrent. « Ton... amant ? »
« Un homme qui ne me traite pas comme une prostituée. Un homme qui respecte mon corps et mon esprit. »
La gifle la projeta contre le mur. Le choc fut si violent que des étoiles dansèrent devant ses yeux.
« Salope ! » rugit-il en lui arrachant sa robe. « Tu oses me tromper ? Tu oses donner à un autre ce qui m'appartient ? »
« Te tromper ? Ce qui t'appartient ? » s'exclama Salma, un rire moqueur aux lèvres. « Tu as pensé à ce qui t'appartient lorsque tu m'as livré à ces deux hommes ? Tu as pensé à ce qui t'appartient lorsqu'ils m'ont traité comme une salope ? Tu as pensé à ce qui t'appartient lorsqu'ils ont vidé leurs couilles dans en moi ? Tu n'es qu'un vaut rien qui pense être un homme. »
Chaque mot, égratignait l'orgueil démesuré de Nazim, faisait monter une rage de colère et de honte. Il la prit et la jeta au sol, son poids l'écrasant contre le parquet. Ses mains cherchaient à déchirer ses sous-vêtements.
« Je vais te montrer ce que ça coûte de me trahir ! »
C'est alors que Kamelia apparut, pâle mais déterminée.
« Lâche-la, Nazim. »
Il releva la tête, un rictus méprisant aux lèvres.
« Toi aussi, tu veux participer ? Tu veux regarder comment on baise une traînée ? »
Il se leva et se rua sur elle. Kamelia tenta de l'esquiver, mais il l'attrapa par les cheveux.
« Tu as toujours été à moi, Kamelia, » gronda-t-il en lui écrasant le visage contre le mur. « Même quand tu pleurais ton mort. Même quand tu faisais la morte. »
Salma se releva et se jeta sur lui.
« Laisse ma mère ! »
La lutte qui s'ensuivit fut brève et violente. Nazim, ivre de rage et d'alcool, frappait au hasard. Kamelia, dans un mouvement de panique, le poussa de toutes ses forces.
Le temps sembla se suspendre. Nazim, déséquilibré, trébucha sur le tapis et heurta le coin aigu de la table en marbre. Le craquement sec de son crâne résonna dans le silence.
Un filet de sang rouge vif s'écoula sur le parquet.
« Tu... as toujours... été... à moi... Kamelia... » murmura-t-il dans un dernier souffle.
Le silence qui suivit fut plus bruyant que tous les cris. Kamelia, tremblante, se releva et contempla le corps de l'homme qui avait hanté leur existence. Puis son regard rencontra celui de Salma, et dans les yeux de sa fille, elle ne lut pas l'horreur, mais une terrible et douloureuse libération.
« Appelle les secours, » murmura Kamelia en s'agenouillant près du corps. « Dis-leur qu'il y a eu un accident. »
Quand Salma revint, téléphone en main, elle trouva sa mère assise près de la dépouille, une étrange sérénité sur le visage.
« C'était de la légitime défense, maman, » souffla Salma en serrant la main tremblante de sa mère.
Kamelia secoua lentement la tête, ses yeux noyés de larmes et pourtant étrangement sereins.
« Non, ma chérie. C'était notre libération. »
Dehors, le soleil se levait, illuminant la pièce et chassant les dernières ombres de la nuit.
Dans le silence retrouvé, mère et fille se tenaient enlacées, libérées du monstre qui avait trop longtemps régné sur leurs vies.
Chapitre 12. L'adieu à Chakib
La terre du jardin était fraîche entre ses doigts, délicieusement humide des pluies nocturnes. Kamelia creusait un petit cercle parfait au pied du magnolia que Chakib avait planté jadis. La bague glissa de son écrin, l'or terni par les années scintillant faiblement dans la lumière dorée du crépuscule.
Je t'ai aimé, Chakib. Je t'ai aimé jusqu'à l'oubli de moi-même. J'ai laissé ton souvenir devenir un linceul qui étouffait ma vie.
La bague disparut dans la terre noire. Ses doigts tassèrent la terre avec une douceur sacrée.
Mais maintenant, je vis. Je respire. Je désire. Et tu ne seras plus jamais entre le monde et moi.
Cette nuit-là, allongée dans son lit trop vaste, elle téléchargea l'application sur son téléphone. "Désirs Partagés". Le choix du nom la fit sourire. Son profil fut sobre : "Femme de 45 ans cherche à redécouvrir le plaisir sans entraves."
La réponse vint presque immédiatement. Claire et Marc. Un couple élégant, la quarantaine, sourires sans apprêts sur leur photo. Leur message était courtois, sans sous-entendus grossiers.
Leur appartement sentait le santal et les livres anciens. Claire, une rousse aux yeux verts, lui offrit un verre de vin tandis que Marc, grand et svelte, préparait des hors-d'œuvre.
« Nous sommes honorés que vous ayez choisi de partager cela avec nous, » dit Claire en lui tendant son verre.
La chambre, baignée d'une lumière tamisée, abritait un lit immense couvert de soies orientales. Marc commença par défaire sa robe avec des gestes d'une lenteur exquise.
« Tu es magnifique, » murmura Claire en effleurant ses seins libérés.
Leurs mains sur sa peau étaient comme une révélation. Marc l'embrassait avec une ferveur respectueuse tandis que Claire explorait son corps avec la curiosité d'une archéologue découvrant un temple oublié.
« Laisse-toi aller, » chuchota Marc en la guidant vers le lit.
Ce fut une symphonie de sensations nouvelles. Les lèvres de Claire sur ses seins, les mains de Marc sur ses hanches, leurs corps encerclant le sien dans une danse parfaitement orchestrée. Quand Marc la pénétra, ce fut avec une intensité qui lui arracha un cri de surprise. Claire, se glissant entre eux, captura ce cri dans un baiser profond.
« Plus fort, » supplia Kamelia, étonnée par sa propre audace.
Ses mains s'accrochaient aux draps de soie, son corps répondant à chaque caresse avec une ardeur oubliée. Marc changea de position, la soulevant pour que Claire puisse l'embrasser plus intimement. La double stimulation la fit trembler de tout son être.
« Je... je vais... » haleta-t-elle.
Claire sourit, ses doigts accentuant leur pression. « Vas-y, Kamelia. Prends ton plaisir. »
L'orgasme la submergea comme une vague scélérate, plus violent et profond que tout ce qu'elle avait connu. Son corps fut secoué de spasmes successifs, des larmes de libération coulant sur ses joues.
Plus tard, allongée entre eux, elle regarda le plafond en souriant.
« Merci, » murmura-t-elle.
Sur le chemin du retour, les premières lueurs de l'aube teintaient Paris de rose et d'or. Kamelia marchait d'un pas léger, son corps meurtri mais son âme apaisée.
Chakib, mon amour, là où tu es, sois fier de moi. J'ai survécu au chagrin. J'ai survécu à la honte. Et maintenant, je vis. Enfin, je vis.
Le fantôme de son mari semblait s'éloigner, remplacé par le souvenir bienveillant d'un amour qui avait eu sa saison. En entrant dans la maison silencieuse, elle sourit. Pour la première fois depuis des années, le silence lui semblait amical, peuplé de promesses plutôt que de regrets.
Épilogue. Une renaissance ... à peindre ensemble
Six mois plus tard
Le vent du large caressait les oliviers centenaires du jardin provençal où Kamelia avait élu domicile. Sa nouvelle maison, une bastide ocre aux volets bleus délavés par le soleil, surplombait les calanques. Les cris des mouettes se mêlaient au parfum des herbes de garrigue, créant une symphonie sensorielle qui apaisait son âme.
Dans l'atelier aménagé sous les toits, Salma et Antoine travaillaient côte à côte. Les pinceaux dansaient entre leurs doigts, créant des formes et des couleurs qui racontaient leur renaissance. Sur un chevalet, une toile d'Antoine représentait Salma endormie, ses courbes nues enveloppées de lumière, image d'une innocence retrouvée.
« Ta mère va adorer cette série, » murmura Antoine en essuyant ses mains tachées de terre de Sienne.
Salma sourit, son regard s'attardant sur la toile. « Elle dit que mes bleus ont enfin trouvé leur profondeur. »
Leur relation avait mûri dans la douceur des jours. Antoine, d'une patience infinie, avait apprivoisé ses cicatrices. Leurs étreintes, jadis empreintes d'une urgence réparatrice, étaient devenues des dialogues sensuels où chaque caresse disait la confiance retrouvée.
À Marseille
La galerie « Éclats de Renaissance » ouvrait ses portes sur le Vieux-Port. Kamelia, vêtue d'une robe légère qui dansait autour de ses chevilles, accrochait la dernière toile. L'œuvre de Salma, intitulée « Libération », montrait une femme émergeant des vagues, son corps ruisselant de lumière et de peinture métallique.
« Madame, vos artistes sont remarquables, » commenta un collectionneur en examinant les toiles.
Kamelia sourit, son regard se perdant vers la mer. La galerie était devenue son sanctuaire, un lieu où elle pouvait aimer sa fille à distance, sans réveiller les fantômes du passé.
Le soir, elle retrouvait parfois des amis rencontrés au marché ou sur les sentiers côtiers. Des hommes et des femmes libres, comme elle, qui préféraient les rires aux confidences. Certaines nuits, elle ramenait chez elle un amant de passage, un architecte genevois ou un marin italien. Leurs étreintes étaient joyeuses, sans lendemain, comme des bains de mer qui lavent de toute empreinte.
La Toile Blanche
Un matin, en rangeant la réserve, Kamelia découvrit un chevalet recouvert d'un drap. En le soulevant, elle trouva une toile immaculée, accompagnée d'une note de Salma :
« Maman,
Cette toile est pour nous. Pour quand nos âmes auront fini de cicatriser. Pour quand nous serons prêtes à créer ensemble, sans que nos pinceaux n'évoquent les blessures.
Je t'aime.
Ta fille »
Des larmes coulèrent sur les joues de Kamelia. Elle posa la toile au centre de la galerie, avec une simple plaque : « À peindre ensemble ».
Le Dialogue des Cœurs
Au téléphone, ce soir-là, leurs voix étaient légères.
« Antoine et moi venons d'achever la nouvelle série, » annonça Salma.
« J'ai réservé la cimaise principale, » répondit Kamelia.
Un silence complice s'installa, peuplé de tout ce qui ne nécessitait plus d'être dit.
« Comment vas-tu, maman ? »
« Je vis, ma chérie. Enfin, je vis. »
De sa terrasse, Kamelia regardait les bateaux danser sur le port. Chaque vague qui venait mourir sur les rochers emportait un peu plus le souvenir de Nazim. Chaque aube la voyait renaître, plus forte, plus libre.
La séparation n'était pas un renoncement, mais le commencement d'une nouvelle manière de s'aimer. En choisissant de vivre pleinement, chacune de leur côté, elles honoraient le chemin parcouru et celui qui restait à parcourir.
Et sur son chevalet, la toile blanche attendait, promesse d'un avenir où mère et fille se retrouveraient, non plus en victimes, mais en artistes de leur propre destin.
FIN.
Le lendemain de la terrible découverte, un silence de cathédrale vide régnait dans la demeure. Kamelia, assise dans le jardin d'hiver, observait les gouttes de pluie tracer des chemins capricieux sur les vitraux. Ses doigts effleuraient machinalement les pétales d'un camélia fané - la fleur que Chakib aimait tant. Mais aujourd'hui, même ce geste rituel semblait dépourvu de sa douleur habituelle.
Nazim fit son entrée avec l'assurance tranquille d'un propriétaire. Il portait un costume sombre qui accentuait sa carrure imposante. Dans ses mains, il tenait deux verres de cristal où scintillait un ambré doré.
« Un armagnac, » annonça-t-il en déposant un verre devant elle. « Ton préféré, si je me souviens bien. »
Kamelia ne sourcilla pas. « Que veux-tu, Nazim ? »
Il s'assit en face d'elle, croisant les jambes avec une désinvolture étudiée.
« J'ai une proposition. Une sorte de... marché. »
Son regard parcourut le corps de Kamelia avec une insistance qui la fit frissonner.
« Salma est une femme maintenant, » poursuivit-il. « Mais elle reste ta fille. Je peux lui offrir le monde, ou le lui reprendre. »
Kamelia serra le verre, ses jointures blanchissant.
« Où veux-tu en venir ? »
Nazim se pencha en avant, son regard devenant intense.
« Passe une nuit avec nous. Une seule. Montre à ta fille ce que signifie vraiment être une femme. Et en échange... »
Il fit une pause dramatique, savourant son pouvoir.
« En échange, je libère Salma. Elle choisira sa vie, avec ou sans moi. Je ne retiendrai aucune des promesses que je lui ai faites. »
Kamelia sentit son cœur s'emballer. L'audace de la proposition la laissa sans voix. Elle voulut protester, s'indigner, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Son regard se porta vers la fenêtre, où la pluie dessinait maintenant des larmes sur le verre.
« Tu es un monstre, » murmura-t-elle enfin.
Nazim sourit, un rictus qui n'atteignit pas ses yeux.
« Je suis réaliste. Tu as vu Salma hier soir. Elle est à moi, corps et âme. Mais toi... » Sa main effleura la sienne. « Toi, tu peux encore la sauver. »
Kamelia ferma les yeux. Elle revit le visage extatique de sa fille, son corps offert, sa transformation en étrangère. Elle revit aussi ses propres années passées dans l'ombre d'un mort, son refus de vivre, son incapacité à protéger sa propre enfant.
Quand elle rouvrit les yeux, son regard avait changé. Une détermination nouvelle y brillait.
« D'accord, » dit-elle, sa voix étrangement calme. « J'accepte. Mais à mes conditions. »
Nazim leva un sourcil intéressé.
« Je t'écoute. »
Kamelia se leva et marcha jusqu'à la fenêtre. Son reflet dans la vitre lui renvoya l'image d'une femme qu'elle ne reconnaissait qu'à peine.
« Premièrement, ce sera dans ma chambre. Le lit de Chakib. »
Nazim eut un ricanement approbateur.
« Deuxièmement, » poursuivit-elle en se retournant, « Salma devra répéter devant moi les promesses que tu lui as faites. Je veux entendre chaque mot. »
Cette fois, Nazim parut légèrement décontenancé.
« Et troisièmement, » conclut-elle en s'approchant de lui, « à la fin de la nuit, quel que soit son choix, tu signeras l'acte de donation que j'ai fait préparer. La maison reviendra à Salma. »
Le sourire de Nazim s'effaça. Il étudia le visage de Kamelia, cherchant la ruse ou le désespoir. Mais il n'y vit qu'une résolution froide, presque métallique.
« Tu joues un jeu dangereux, Kamelia. »
« Non, » rétorqua-t-elle. « J'apprends simplement à jouer selon tes règles. »
Elle termina son verre d'un trait, l'alcool lui brûlant la gorge.
« Ce soir, à minuit. Dans ma chambre. N'oublie pas le contrat. »
Nazim se leva à son tour, une lueur admirative dans le regard.
« Je commence à comprendre pourquoi Chakib tenait tant à toi. »
Kamelia eut un sourire triste.
« Moi aussi, Nazim. Moi aussi. »
Quand il fut parti, elle s'effondra sur le siège, tremblant de tous ses membres. Son cœur battait la chamade, mais son esprit était étrangement clair. Elle avait passé sa vie à fuir la réalité, à se cacher derrière des souvenirs. Ce soir, elle affronterait les démons qu'elle avait elle-même laissé entrer dans sa maison.
En montant l'escalier qui menait à sa chambre, elle s'arrêta devant la porte de Salma. Un bruit de douche lui parvenait de l'autre côté. Elle ferma les yeux, essayant de retrouver dans sa mémoire l'image de la petite fille aux nattes désordonnées qui courait dans le jardin. Mais cette image s'était effacée, remplacée par celle de la jeune femme provocante du night précédent.
« Je te sauverai, ma fille, » murmura-t-elle. « Même si pour cela je dois me perdre. »
Dans sa chambre, elle s'approcha du grand lit où elle avait aimé Chakib. Ses doigts effleurèrent le bois du chevet, cherchant les marques laissées par leur amour passé. Puis, avec une détermination nouvelle, elle commença à préparer le théâtre de leur étrange nuit à trois.
La Kamelia qui pleurait son mari était morte cette nuit. Une autre venait de naître, prête à tout pour reconquérir sa fille. Même à pactiser avec le diable.
Minuit sonna à la vieille horloge du couloir lorsque Nazim poussa la porte de la chambre conjugale. Il était vêtu d'un peignoir de soie noire entrouvert sur son torse, et ses yeux brillaient d'une lueur triomphale. Derrière lui, Salma apparaissait, enveloppée dans un paréo de soie rouge qui accentuait la pâleur de sa peau. Son regard était un mélange de défi et de curiosité malsaine.
La chambre avait été transformée. Des bougies parfumées à la vanille brûlaient sur toutes les surfaces, projetant des ombres dansantes sur les murs. Le lit monumental, témoin des ébats passés de Kamelia et Chakib, était recouvert de draps de soie noire. Kamelia les attendait, assise sur le bord de la couche, vêtue d'une simple chemise de nuit en soie ivoire qui moulait ses formes avec une pudeur provocante.
« Tu as tenu parole, » constata Nazim en refermant la porte derrière eux.
Kamelia leva les yeux vers eux. Son visage était étrangement serein.
« Asseyez-vous, » dit-elle en désignant deux fauteuils placés face au lit. « Nous avons un contrat à honorer avant toute chose. »
Nazim eut un rictus amusé mais obtempéra. Salma se laissa tomber dans l'autre fauteuil, ses yeux ne quittant pas le visage de sa mère.
« Je veux entendre les promesses, » déclara Kamelia, son regard fixant sa fille. « Toutes les promesses qu'il t'a faites. »
Salma hésita, un flush rose montant à ses joues.
« Vas-y, » encouragea Nazim, caressant la nuque de la jeune fille. « Dis à ta mère comment je compte prendre soin de toi. »
Salma prit une profonde inspiration et commença à énumérer, d'une voix d'abord hésitante puis de plus en plus assurée :
« Il m'a promis un appartement rue du Faubourg-Saint-Honoré. Des bijoux de chez Cartier. Un compte en banque à mon nom. Il m'a dit qu'il quitterait maman pour m'épouser quand j'aurai dix-huit ans. »
Chaque mot tombait dans le silence de la pièce comme une pierre dans un puits. Kamelia écoutait, son visage restant impassible.
« Il t'a aussi promis de te présenter à son cercle de jeu, n'est-ce pas ? » questionna-t-elle doucement. « De t'initier à ses affaires. »
Salma baissa les yeux, soudain mal à l'aise.
« Oui, » murmura-t-elle.
Nazim se leva, impatient.
« Assez parlé. Le contrat est signé, Kamelia. Maintenant, honorons notre marché. »
La chambre était baignée d'une lumière dorée qui enveloppait les trois corps d'une aura presque sacrée. Kamelia, débarrassée de sa robe de chambre, se tenait devant le lit avec une assurance nouvelle. Sa peau, longtemps cachée, luisait doucement à la lueur des bougies.
"Regarde-moi, Salma," dit-elle en prenant la main de sa fille. "Regarde une femme qui se souvient de son corps."
Nazim, allongé sur les draps de soie, observait la scène avec un intérêt accru. Lorsque Kamelia s'approcha de lui, ce fut avec une grâce sensuelle qui le surprit. Ses mains, autrefois hésitantes, parcoururent son torse avec une autorité tranquille.
"Tu as voulu me briser," murmura-t-elle en se penchant vers lui. "Mais tu m'as appris à renaître."
Son baiser fut profond, passionné, chargé de toutes les années de désir refoulé. Sa langue chercha la sienne avec une ardeur qui le fit frémir. Nazim, habitué à la soumission, se retrouva déconcerté par cette prise de pouvoir sensuelle.
Quand elle l'enjamba, ce fut avec la fierté d'une femme réconciliée avec sa sensualité. Son corps épousait le sien dans un mouvement fluide, naturel. Ses hanches dessinaient une danse ancienne, chaque poussée plus assurée que la précédente.
"Voilà ce que tu as manqué, Nazim," soupira-t-elle en accélérant son rythme. "Une femme qui ose prendre son plaisir."
Salma, fascinée, regardait sa mère non plus comme une victime, mais comme une initiée. Les gémissements qui s'échappaient des lèvres de Kamelia n'étaient pas feints - ils racontaient l'histoire d'une sensualité libérée.
"Viens," invita Kamelia en tendant la main vers sa fille.
Quand Salma se joignit à eux, Kamelia guida ses gestes avec une tendre expertise. Ses mains apprirent à Salma de nouveaux chemins vers le plaisir, ses lèvres montrèrent à Nazim des territoires inexplorés.
"Plus fort," ordonna-t-elle à Nazim, ses ongles s'enfonçant dans ses épaules.
Son corps répondait à chaque caresse avec une franchise déconcertante. Elle n'était plus spectatrice, mais architecte de son propre plaisir. Quand elle sentit l'orgasme approcher, ce fut avec un cri triomphant qui résonna dans la pièce.
Plus tard, allongée entre eux, la peau encore moite de sueur, Kamelia sourit.
"Maintenant tu sais, Salma. Le véritable pouvoir n'est pas dans la résistance, mais dans l'abandon conscient."
Nazim, silencieux, contemplait cette femme transformée. Il avait cru posséder une victime, mais il venait de rencontrer une partenaire. Et cette révélation était à la fois enivrante et dérangeante.
La nuit était jeune, et Kamelia comptait bien explorer chaque facette de sa sensualité retrouvée.
Chapitre 8. La fissure
Le cercle de jeu « L'Éden » ressemblait à un rêve de démiurge décadent. Des cristaux étincelaient sous les lustres en verre de Murano, éclairant des tables de jeu où l'on risquait des fortunes en un seul coup de dé. Salma, vêtue d'une robe de soirée émeraude qui moulait ses formes avec une précision obscène, se sentait comme la reine de ce monde souterrain.
Nazim l'avait présentée à ses associés comme « sa plus précieuse confidente ». Les mains des hommes, moites et insistantes, avaient pressé la sienne avec une convoitise à peine voilée. Salma avait cru voir de l'admiration dans leurs regards.
« Tu es magnifique ce soir, » avait murmuré Nazim en l'installant à la table de poker. « Tous me l'envient. »
La partie commença dans un cliquetis de jetons d'ivoire. Nazim, d'abord vainqueur, accumulait les piles devant lui. Salma le regardait, fascinée par son assurance. Puis la chance tourna. Une mauvaise main, puis une autre. Les piles diminuaient.
« Je mise cinquante mille, » annonça un des joueurs, un homme au visage de bulldog nommé Kostas.
Nazim jeta un coup d'œil à ses cartes. « Suivi. »
La dernière carte tomba. Nazim blêmit légèrement. Kostas sourit, dévoilant des dents dorées.
« Je mise tout, » dit-il en poussant ses jetons au centre de la table.
Nazim compta ses propres jetons. « Je ne couvre pas. »
Kostas le regarda, puis ses yeux se posèrent sur Salma.
« La jeune fille alors. Une nuit. »
Un silence glacé s'installa. Salma crut avoir mal entendu. Elle se tourna vers Nazim, s'attendant à le voir s'indigner. Mais il souriait, un sourire crispé.
« Chérie, » dit-il en lui caressant la joue, « tu veux bien m'aider ? Ce n'est qu'une formalité. »
Salma sentit son estomac se nouer. « Tu... tu me joues ? »
« N'aie pas peur, tu seras entre de bonnes mains. » Sa voix était douce, persuasive. « Tu sais que je t'aime. J'ai toujours été de ton soutien, aujourd'hui, j'ai besoin de toi. »
Kostas se leva, rejoint par un autre homme, plus jeune, aux épaules de déménageur. Ils l'encadrèrent.
« La chambre est prête, » dit Kostas en lui prenant le bras.
Dans la suite du premier étage, les deux hommes se déshabillèrent avec une efficacité brutale. Salma, paralysée, les regardait. Le corps de Kostas était massif, couvert de poils gris, son sexe déjà dressé. Le plus jeune, athlétique, avait des cicatrices sur le torse.
« Allongez-vous, » ordonna Kostas.
Quand ils la pénétrèrent, ce fut avec une violence méthodique qui la fit crier. Kostas prenait sa bouche, l'autre son sexe. Les mains la maintenaient, les odeurs de cigare et de sueur l'étouffaient. Elle ferma les yeux, cherchant à fuir dans son esprit.
Puis, insidieusement, son corps trahit son esprit. La stimulation intense, l'adrénaline, la soumission forcée... Son bas-ventre s'embrasa malgré elle. Un gémissement lui échappa, mêlé de honte et de plaisir.
« Elle aime ça, la salope, » ricana le plus jeune en accélérant son mouvement.
Ses doigts s'enfoncèrent dans les hanches de Salma, la maintenant impitoyablement. Elle sentit un orgasme monter, monter... et l'explosion fut à la fois humiliante et intense. Son corps vibrait, trahissant son âme.
Chapitre 9 : La Chair Marchandée
La fumée de cigare formait des volutes bleutées qui estompaient les visages autour de la table de poker. Salma, irradiante dans sa robe de soie vert émeraude, sentait les regards masculins se poser sur sa peau comme des mains impatientes. Nazim lui avait offert cette tenue quelques heures plus tôt, l'encourageant à « montrer sa valeur ».
« Ma perle rare », avait-il murmuré en l'introduisant dans le cercle privé. Ses doigts s'étaient attardés sur sa hanche, un geste de possession qui l'avait fait frissonner de fierté.
Mais la soirée prit une tournure sinistre lorsque les jetons commencèrent à changer de camp. Nazim, d'abord vainqueur, voyait maintenant ses piles diminuer. Une sueur fine perla sur sa tempe.
« La dernière main », annonça Kostas, un homme trapu aux mains couvertes de bagues. Son regard glissa vers Salma avec une intensité qui la fit se recroqueviller.
Les cartes tombèrent. Nazim pâlit.
« Je mise deux cent mille », dit Kostas en poussant ses jetons.
Nazim compta nerveusement ses propres jetons. « Je ne peux pas couvrir. »
Le silence s'installa. Kostas sourit, dévoilant une dentition dorée.
« Alors jouons autre chose. La jeune fille. Une nuit. »
Salma crut avoir mal entendu. Elle se tourna vers Nazim, s'attendant à une protestation véhémente. Mais il caressa sa joue avec une douceur trompeuse.
« Ma chérie, tu veux bien m'aider ? C'est une simple formalité entre gentlemen. »
Son sang se glaça. « Tu me... vends ? »
« Ne sois pas dramatique. » Sa main se fit plus ferme sur sa nuque. « Kostas et Dimitri sont des hommes raffinés. Tu seras entre de bonnes mains. »
Dimitri, un colosse au torse moulé dans un costume trop étroit, s'approcha. Son parfum musqué envahit les narines de Salma.
« Elle est tendre », commenta-t-il en lui pinçant le bras avec une familiarité obscène.
Nazim sourit, un rictus qui ne toucha pas ses yeux. « N'aie pas peur, chérie. Souviens-toi : je t'aime. Et aujourd'hui, j'ai besoin de toi. »
La suite présidentielle baignait dans une lumière dorée qui trahissait le luxe obscène des lieux. Salma, encore vêtue de sa robe émeraude, sentait le regard des deux hommes la déshabiter avec une intensité brutale.
« Alors, la petite princesse de Nazim ? » ricana Kostas en approchant son verre de whisky de ses lèvres. « Tu sais comment divertir des hommes importants ? »
Dimitri, plus silencieux, se contentait de défaire son nœud de cravate avec des gestes méthodiques. Ses yeux pâles scrutaient Salma comme un fauque examine sa proie.
« Nazim m'a dit que tu étais... coopérative », poursuivit Kostas en lui caressant la joue avec une familiarité glaçante.
Salma, la gorge serrée, tenta de protester : « Je pense qu'il y a un malentendu... »
Kostas éclata d'un rire gras. « Le seul malentendu, ma belle, c'est que tu crois encore avoir ton mot à dire. »
Il attrapa sa nuque avec une force qui la fit tressaillir. « À genoux. Maintenant. »
Tremblante, Salma obéit. Le tapis d'Orient était rêche sous ses genoux. Dimitri s'approcha, débouclant sa ceinture.
« Ouvre la bouche », ordonna-t-il simplement.
Quand son sexe émergea du tissu, Salma retint un mouvement de recul. L'organe, déjà en érection, semblait démesuré. Une veine bleutée pulsait le long de la tige, qui dégageait une odeur musquée, animale.
« Plus large », exigea Kostas en lui maintenant la tête.
La première contact de ses lèvres avec la chair masculine la fit frémir. Le goût salé, la texture de la peau, tout en elle se rebellait. Mais quand Dimitri commença à bouger ses hanches, une étrange torpeur s'empara d'elle.
« Elle a la bouche chaude, la salope », commenta Kostas en déboutonnant son pantalon à son tour. « Déshabille-toi », ordonna-t-il en défaisant sa cravate.
Salma, tremblante, fit glisser la robe. La soie glissa sur sa peau comme un dernier adieu à l'innocence.
Dimitri s'approcha, nu maintenant, son sexe déjà dressé, imposant. Il la poussa sur le lit.
« On va s'occuper de toi, ma belle. »
Ce fut une invasion méthodique. Kostas prit sa bouche, lui mordillant les lèvres jusqu'au sang pendant que Dimitri écartait ses cuisses. La pénétration fut brutale, arrachante. Salma hurla, mais Kostas couvrit sa bouche de sa main poilue.
« Plus fort », grogna Dimitri en accélérant son mouvement.
Ses mains massives maintenaient ses hanches, ses doigts s'enfonçant dans sa chair. La douleur était vive, mais peu à peu, son corps trahit son âme. Une chaleur perverse se mit à couler dans ses veines. Malgré elle, un gémissement lui échappa.
« La salope aime ça », ricana Kostas en lui mordant le sein.
Dimitri changea de position, la soulevant à genoux. « Regarde-toi dans le miroir. Regarde comment tu te donnes. »
Dans le reflet, Salma vit son propre visage déformé par le plaisir honteux. Son corps répondait aux assauts avec une ardeur qu'elle ne se connaissait pas. Quand l'orgasme la submergea, ce fut avec une violence qui la fit crier, son corps secoué de spasmes incontrôlables.
Salma sentit une deuxième présence derrière elle. Des mains brutales relevèrent sa robe, déchirèrent ses sous-vêtements.
« Relaxe-toi, ma belle », murmura Kostas contre son oreille tandis que ses doigts écartaient ses fesses. « On va te montrer ce que c'est qu'une vraie baise. »
La double pénétration fut une onde de choc. Sa bouche étouffa un cri tandis que son corps était traversé de part en part. Les deux hommes trouvèrent rapidement leur rythme, l'utilisant comme un objet vivant, leurs mouvements synchronisés créant une terrible mécanique du plaisir.
« Regarde-moi », ordonna Dimitri en lui saisissant le menton.
Ses yeux noirs la transperçaient tandis qu'il accélérait son va-et-vient dans sa bouche. Salma, prise dans cet étau de chair, sentit son propre corps répondre avec une trahison physiologique. Un liquide chaud coulait entre ses cuisses, son ventre se contractait de spasmes incontrôlables.
« Elle mouille », ricana Kostas en accentuant ses poussées. « La petite aime se faire défoncer comme une pute. »
Les insultes, au lieu de la révolter, semblaient attiser son excitation honteuse. Son corps archait, répondant à chaque invasion avec une ardeur croissante. Les mains de Kostas se refermèrent sur ses hanches, l'empalant plus profondément.
« Jouis, salope », gronda-t-il tandis que son propre rythme devenait saccadé.
L'orgasme la submergea comme une vague scélérate, un mélange de douleur et d'extase si violent qu'elle mordit la chair de Dimitri. Un goût de cuivre emplit sa bouche au moment où les deux hommes explosaient simultanément en elle.
Quand ils se retirèrent, laissant son corps meurtri et couvert de leurs fluides, Kostas lui tapota les fesses :
« Dis à Nazim qu'il a une belle petite traînée. On efface sa dette et on fera encore affaire. »
Salma, effondrée sur le tapis, regarda fixement les motifs orientaux. Chaque fibre de son être hurlait de honte, mais son sexe palpitait encore des séquelles du plaisir. La fissure était désormais un gouffre, et au fond, elle commençait à entrevoir l'effroyable vérité : son initiation n'était que le premier acte de sa propre damnation.
Quand Nazim vint la chercher au petit matin, il la serra contre lui.
« Ma brave fille. Tu vois ? Tout s'est bien passé. »
Dans la voiture, elle se souvint des mots de Kamelia : « Il t'a promis de t'initier à ses affaires. » Elle comprenait maintenant. Les affaires de Nazim étaient faites de chair et de sang, et elle n'était qu'une monnaie d'échange d'un jeu où les femmes étaient la devise la plus courante.
Quand ses doigts voulurent caresser sa joue, elle se recroquevilla contre la portière. Salma le regarda, et pour la première fois, vit non pas un amant, mais un proxénète. La fissure était là, béante. Elle avait été sacrifiée sur l'autel de son jeu, et pire encore, son corps avait trouvé du plaisir dans cette trahison et dans l'humiliation.
« Emmène-moi à la maison, » murmura-t-elle, sentant son âme se déchirer.
Chapitre 9. L'éveil de Salma
Le jour se levait à peine lorsque Salma franchit le seuil de la maison familiale. Ses talons hauts claquaient irrégulièrement sur le marbre de l'entrée, son corps n'étant plus qu'un tremblement continu. La robe émeraude, froissée et tachée, collait à sa peau comme un suaire. Lorsqu'elle aperçut Kamelia assise dans le salon, un thé à la main, les dernières forces l'abandonnèrent.
« Maman... »
Le mot jaillit dans un sanglot rauque. Elle s'effondra aux pieds de sa mère, ses mains étreignant les plis de sa robe de chambre comme une noyée.
Kamelia déposa sa tasse avec un calme terrible. Ses doigts se posèrent sur les cheveux ébouriffés de sa fille, caressant avec une douceur qui fit redoubler les larmes.
« Il m'a... vendue... » hoqueta Salma contre ses genoux. « Comme une prostituée... À deux hommes... »
Les mots sortaient entrecoupés, racontant l'horreur de la nuit - les mains brutales, les pénétration simultanées, les insultes qui s'étaient mêlées à son propre plaisir honteux.
Kamelia l'attira contre sa poitrine, berçant ce corps meurtri.
« Je t'avais prévenu, ma chérie. Nazim est un lâche. Un homme qui croit que la valeur d'une femme se mesure à ce qu'elle peut rapporter. »
Salma leva vers elle un visage ravagé. « Pourquoi ne m'as-tu pas forcée à comprendre ? »
« Parce que certaines vérités doivent être découvertes par soi-même », murmura Kamelia en essuyant ses larmes avec le bord de sa manche. « Mais maintenant que tu sais, il faut te libérer. Nous devons nous libérer de lui. »
Elle aida Salma à se relever et la conduisit jusqu'au canapé, l'enveloppant d'une couverture comme pour protéger ce qui restait de son innocence.
« Pour l'instant, jouons son jeu », reprit Kamelia, son regard devenant stratège. « Souris-lui, fais-lui croire que tu acceptes ton rôle. Mais en secret, cherchons sa faille. »
Elle prit le visage de sa fille entre ses mains. « Et toi, tu dois rencontrer un homme qui te respecte. Qui voie en toi plus qu'un corps à posséder. »
Quelques jours plus tard, Kamelia organisa une rencontre au jardin du Luxembourg. Salma s'y rendit à contrecœur, vêtue d'une robe simple qui contrastait avec ses tenues provocantes. L'étudiant en art l'attendait près de la fontaine Médicis.
« Je m'appelle Antoine », dit-il en lui offrant un bouquet de jonquilles.
Ses mains étaient fines, propres, sans bagues agressives. Ses yeux verts la regardaient avec une curiosité bienveillante, sans la déshabiter du regard.
« Salma », répondit-elle, méfiante.
Il lui parla de ses études aux Beaux-Arts, de sa passion pour la sculpture sur bois, héritée de son grand-père ébéniste. Il évoqua son atelier dans le Marais, où il travaillait jusqu'à l'aube.
« Et toi ? » questionna-t-il en lui offrant son bras pour une promenade. « Quelle est ta passion ? »
La question la déconcerta. Personne ne lui avait jamais demandé cela.
« Je... je ne sais pas », avoua-t-elle, honteuse.
Antoine sourit. « C'est une belle découverte à faire. »
Quand il l'accompagna chez elle en fin d'après-midi, il se contenta de lui effleurer la main d'un baiser.
« J'aimerais te revoir », dit-il simplement. « Si tu le souhaites. »
Cette nuit-là, Nazim la rejoignit dans sa chambre. Ses mains cherchèrent immédiatement à la dévêtir.
« Alors, ma belle ? Raconte-moi ta journée. »
Salma se laissa faire, son corps devenant docile sous ses caresses. Mais son esprit était ailleurs, encore avec Antoine, avec ce regard qui la cherchait sans la posséder.
Quand Nazim la pénétra, ce fut avec sa brutalité habituelle. Ses doigts meurtrissaient sa peau, sa bouche couvrait la sienne en étouffant ses cris. Salma ferma les yeux, imaginant les mains d'Antoine, douces et respectueuses.
Plus tard, allongée contre le torse moite de Nazim, elle murmura dans l'obscurité :
« Lui, au moins, il ne me traite pas comme une pute. »
Nazim se raidit. « De qui parles-tu ? »
Salma sourit, un sourire qu'il ne vit pas.
« D'un homme qui comprend que le plaisir partagé vaut mieux que la soumission imposée. »
Elle sentit sa colère monter, mais pour la première fois, elle n'en eut pas peur. Car dans son cœur germait une graine plantée par sa mère, arrosée par le respect d'un inconnu. La libération avait commencé, non dans la révolte ouverte, mais dans la découverte silencieuse de sa propre valeur.
Chapitre 10. La nuit du consentement
La demeure des parents d'Antoine respirait une sérénité bourgeoise qui contrastait avec l'opulence agressive de la maison de Nazim. Des livres s'empilaient sur des étagères fatiguées, des portraits de famille jaunis ornaient les murs, et l'odeur du gigot mijoté se mêlait à celle de la cire d'abeille.
« Salma, je vous présente mes parents », annonça Antoine avec une fierté non dissimulée.
Le dîner fut un ballet de politesses et de regards bienveillants. La mère d'Antoine, une femme aux cheveux argentés coiffés avec une simplicité élégante, questionna Salma sur ses goûts littéraires. Le père, un homme à la carrure robuste mais au regard doux, évoqua son amour pour la sculpture sur bois.
« Antoine nous a dit que vous aviez l'âme d'une artiste », remarqua la mère en servant le café.
Salma, habituée aux conversations émaillées de sous-entendus grivois chez Nazim, fut touchée par cette considération authentique. Pour la première fois, on s'intéressait à son esprit, pas seulement à son corps.
Plus tard, dans la chambre sous les toits, Antoine ferma la porte avec un geste presque cérémonieux.
« Je veux que tu te sentes en sécurité ici », murmura-t-il en prenant ses mains.
La pièce était spartiate mais chaleureuse. Des esquisses épinglées au mur voisinaient avec des outils de sculpteur soigneusement rangés. Par la fenêtre entrouverte, la lune dessinait des arabesques d'argent sur le parquet.
Quand leurs lèvres se rencontrèrent, ce fut une exploration patiente. Les mains d'Antoine parcoururent son corps comme on lit un poème, avec une attention sacrée à chaque syllabe de chair.
« Tu es si belle », soupira-t-il en dénouant sa robe.
La soie glissa sur sa peau avec un chuchotement complice. Salma ferma les yeux, offrant sa nudité non comme une soumission, mais comme un don.
Quand il la porta sur le lit, ses mouvements étaient d'une lenteur révérencieuse. Ses lèvres tracèrent un pèlerinage de son cou à ses seins, s'attardant à chaque découverte. Salma, habituée aux assauts brutaux de Nazim, découvrait l'érotisme de la patience.
« Je veux connaître chaque frémissement de ton corps », chuchota-t-il entre deux baisers.
Quand il l'écarta pour mieux la contempler, son regard était celui d'un artiste devant sa muse.
« Dis-moi ce que tu aimes », demanda-t-il en effleurant son intimité.
Cette question, jamais posée, la bouleversa. Sous ses doigts experts, elle découvrit des territoires inexplorés de son propre plaisir. Quand il la pénétra enfin, ce fut avec une intensité contenue qui lui arracha un gémissement de surprise.
« Plus fort », supplia-t-elle, étonnée par sa propre audace.
Antoine accéléra son rythme, ses mains maintenant ses hanches avec une fermeté tendre. Leurs souffles se mêlaient, leurs corps s'accordaient dans une symphonie sensuelle où chaque mouvement était concerté.
« Regarde-moi », implora-t-il au paroxysme de leur étreinte.
Leurs regards s'unirent au moment où l'orgasme les submergea, créant une intimité plus profonde encore que celle de leurs corps enlacés.
Au petit matin, allongée contre son torse, Salma comprit la différence fondamentale : avec Antoine, elle n'était pas possédée, mais aimée. En se rhabillant, elle surprit son reflet dans le miroir - une femme nouvelle, dont les yeux portaient désormais la certitude de sa valeur.
« À bientôt », murmura Antoine en l'embrassant une dernière fois.
Sur le chemin du retour, Salma savoura ce paradoxe délicieux : c'est en se donnant librement qu'elle avait enfin pris possession d'elle-même. Une révélation qui allait bientôt provoquer l'ultime tempête.
Chapitre 11. La chute de Nazim
Les premières lueurs de l'aube dessinaient à peine les contours de la demeure lorsque Salma en poussa la porte. Son corps vibrait encore du souvenir des heures passées dans les bras d'Antoine - cette fatigue voluptueuse, cette sensation de sérénité profonde qui suivait les étreintes partagées.
« Enfin ! »
La voix de Nazim, rauque et chargée d'ivresse, fit voler en éclats sa quiétude. Il se tenait au milieu du vestibule, vêtu seulement d'un peignoir de soie maculé de taches de whisky. Ses yeux injectés de sang la dévisagèrent avec une intensité meurtrière.
« Où étais-tu, putain ? Je t'ai cherché toute la nuit. Pourquoi tu ne répondais pas à mes appels ? »
Salma sentit son cœur s'emballer, mais une force nouvelle l'empêcha de baisser les yeux.
« Je n'ai pas à me justifier, Nazim. »
Il s'approcha, son haleine alcoolisée lui cinglant le visage.
« Quand je veux baiser, tu es là. Quand je veux vider mes couilles, tu ouvres les cuisses. C'est notre arrangement. »
Sa main se referma sur son poignet avec une brutalité familière.
« Maintenant, tu vas monter dans ma chambre et tu vas me sucer jusqu'à ce que j'oublie ton retard. »
Pour la première fois, Salma résista. Elle se dégagea de son étreinte avec une fermeté qui le surprit.
« Non. »
Le silence qui suivit fut plus lourd que tous les cris. Nazim la dévisagea, incrédule.
« Qu'est-ce que tu as dit ? »
« J'ai dit non. » Sa voix ne tremblait plus. « J'étais avec mon amant cette nuit. Et je retournerai le voir quand bon me semblera. »
Les traits de Nazim se décomposèrent. « Ton... amant ? »
« Un homme qui ne me traite pas comme une prostituée. Un homme qui respecte mon corps et mon esprit. »
La gifle la projeta contre le mur. Le choc fut si violent que des étoiles dansèrent devant ses yeux.
« Salope ! » rugit-il en lui arrachant sa robe. « Tu oses me tromper ? Tu oses donner à un autre ce qui m'appartient ? »
« Te tromper ? Ce qui t'appartient ? » s'exclama Salma, un rire moqueur aux lèvres. « Tu as pensé à ce qui t'appartient lorsque tu m'as livré à ces deux hommes ? Tu as pensé à ce qui t'appartient lorsqu'ils m'ont traité comme une salope ? Tu as pensé à ce qui t'appartient lorsqu'ils ont vidé leurs couilles dans en moi ? Tu n'es qu'un vaut rien qui pense être un homme. »
Chaque mot, égratignait l'orgueil démesuré de Nazim, faisait monter une rage de colère et de honte. Il la prit et la jeta au sol, son poids l'écrasant contre le parquet. Ses mains cherchaient à déchirer ses sous-vêtements.
« Je vais te montrer ce que ça coûte de me trahir ! »
C'est alors que Kamelia apparut, pâle mais déterminée.
« Lâche-la, Nazim. »
Il releva la tête, un rictus méprisant aux lèvres.
« Toi aussi, tu veux participer ? Tu veux regarder comment on baise une traînée ? »
Il se leva et se rua sur elle. Kamelia tenta de l'esquiver, mais il l'attrapa par les cheveux.
« Tu as toujours été à moi, Kamelia, » gronda-t-il en lui écrasant le visage contre le mur. « Même quand tu pleurais ton mort. Même quand tu faisais la morte. »
Salma se releva et se jeta sur lui.
« Laisse ma mère ! »
La lutte qui s'ensuivit fut brève et violente. Nazim, ivre de rage et d'alcool, frappait au hasard. Kamelia, dans un mouvement de panique, le poussa de toutes ses forces.
Le temps sembla se suspendre. Nazim, déséquilibré, trébucha sur le tapis et heurta le coin aigu de la table en marbre. Le craquement sec de son crâne résonna dans le silence.
Un filet de sang rouge vif s'écoula sur le parquet.
« Tu... as toujours... été... à moi... Kamelia... » murmura-t-il dans un dernier souffle.
Le silence qui suivit fut plus bruyant que tous les cris. Kamelia, tremblante, se releva et contempla le corps de l'homme qui avait hanté leur existence. Puis son regard rencontra celui de Salma, et dans les yeux de sa fille, elle ne lut pas l'horreur, mais une terrible et douloureuse libération.
« Appelle les secours, » murmura Kamelia en s'agenouillant près du corps. « Dis-leur qu'il y a eu un accident. »
Quand Salma revint, téléphone en main, elle trouva sa mère assise près de la dépouille, une étrange sérénité sur le visage.
« C'était de la légitime défense, maman, » souffla Salma en serrant la main tremblante de sa mère.
Kamelia secoua lentement la tête, ses yeux noyés de larmes et pourtant étrangement sereins.
« Non, ma chérie. C'était notre libération. »
Dehors, le soleil se levait, illuminant la pièce et chassant les dernières ombres de la nuit.
Dans le silence retrouvé, mère et fille se tenaient enlacées, libérées du monstre qui avait trop longtemps régné sur leurs vies.
Chapitre 12. L'adieu à Chakib
La terre du jardin était fraîche entre ses doigts, délicieusement humide des pluies nocturnes. Kamelia creusait un petit cercle parfait au pied du magnolia que Chakib avait planté jadis. La bague glissa de son écrin, l'or terni par les années scintillant faiblement dans la lumière dorée du crépuscule.
Je t'ai aimé, Chakib. Je t'ai aimé jusqu'à l'oubli de moi-même. J'ai laissé ton souvenir devenir un linceul qui étouffait ma vie.
La bague disparut dans la terre noire. Ses doigts tassèrent la terre avec une douceur sacrée.
Mais maintenant, je vis. Je respire. Je désire. Et tu ne seras plus jamais entre le monde et moi.
Cette nuit-là, allongée dans son lit trop vaste, elle téléchargea l'application sur son téléphone. "Désirs Partagés". Le choix du nom la fit sourire. Son profil fut sobre : "Femme de 45 ans cherche à redécouvrir le plaisir sans entraves."
La réponse vint presque immédiatement. Claire et Marc. Un couple élégant, la quarantaine, sourires sans apprêts sur leur photo. Leur message était courtois, sans sous-entendus grossiers.
Leur appartement sentait le santal et les livres anciens. Claire, une rousse aux yeux verts, lui offrit un verre de vin tandis que Marc, grand et svelte, préparait des hors-d'œuvre.
« Nous sommes honorés que vous ayez choisi de partager cela avec nous, » dit Claire en lui tendant son verre.
La chambre, baignée d'une lumière tamisée, abritait un lit immense couvert de soies orientales. Marc commença par défaire sa robe avec des gestes d'une lenteur exquise.
« Tu es magnifique, » murmura Claire en effleurant ses seins libérés.
Leurs mains sur sa peau étaient comme une révélation. Marc l'embrassait avec une ferveur respectueuse tandis que Claire explorait son corps avec la curiosité d'une archéologue découvrant un temple oublié.
« Laisse-toi aller, » chuchota Marc en la guidant vers le lit.
Ce fut une symphonie de sensations nouvelles. Les lèvres de Claire sur ses seins, les mains de Marc sur ses hanches, leurs corps encerclant le sien dans une danse parfaitement orchestrée. Quand Marc la pénétra, ce fut avec une intensité qui lui arracha un cri de surprise. Claire, se glissant entre eux, captura ce cri dans un baiser profond.
« Plus fort, » supplia Kamelia, étonnée par sa propre audace.
Ses mains s'accrochaient aux draps de soie, son corps répondant à chaque caresse avec une ardeur oubliée. Marc changea de position, la soulevant pour que Claire puisse l'embrasser plus intimement. La double stimulation la fit trembler de tout son être.
« Je... je vais... » haleta-t-elle.
Claire sourit, ses doigts accentuant leur pression. « Vas-y, Kamelia. Prends ton plaisir. »
L'orgasme la submergea comme une vague scélérate, plus violent et profond que tout ce qu'elle avait connu. Son corps fut secoué de spasmes successifs, des larmes de libération coulant sur ses joues.
Plus tard, allongée entre eux, elle regarda le plafond en souriant.
« Merci, » murmura-t-elle.
Sur le chemin du retour, les premières lueurs de l'aube teintaient Paris de rose et d'or. Kamelia marchait d'un pas léger, son corps meurtri mais son âme apaisée.
Chakib, mon amour, là où tu es, sois fier de moi. J'ai survécu au chagrin. J'ai survécu à la honte. Et maintenant, je vis. Enfin, je vis.
Le fantôme de son mari semblait s'éloigner, remplacé par le souvenir bienveillant d'un amour qui avait eu sa saison. En entrant dans la maison silencieuse, elle sourit. Pour la première fois depuis des années, le silence lui semblait amical, peuplé de promesses plutôt que de regrets.
Épilogue. Une renaissance ... à peindre ensemble
Six mois plus tard
Le vent du large caressait les oliviers centenaires du jardin provençal où Kamelia avait élu domicile. Sa nouvelle maison, une bastide ocre aux volets bleus délavés par le soleil, surplombait les calanques. Les cris des mouettes se mêlaient au parfum des herbes de garrigue, créant une symphonie sensorielle qui apaisait son âme.
Dans l'atelier aménagé sous les toits, Salma et Antoine travaillaient côte à côte. Les pinceaux dansaient entre leurs doigts, créant des formes et des couleurs qui racontaient leur renaissance. Sur un chevalet, une toile d'Antoine représentait Salma endormie, ses courbes nues enveloppées de lumière, image d'une innocence retrouvée.
« Ta mère va adorer cette série, » murmura Antoine en essuyant ses mains tachées de terre de Sienne.
Salma sourit, son regard s'attardant sur la toile. « Elle dit que mes bleus ont enfin trouvé leur profondeur. »
Leur relation avait mûri dans la douceur des jours. Antoine, d'une patience infinie, avait apprivoisé ses cicatrices. Leurs étreintes, jadis empreintes d'une urgence réparatrice, étaient devenues des dialogues sensuels où chaque caresse disait la confiance retrouvée.
À Marseille
La galerie « Éclats de Renaissance » ouvrait ses portes sur le Vieux-Port. Kamelia, vêtue d'une robe légère qui dansait autour de ses chevilles, accrochait la dernière toile. L'œuvre de Salma, intitulée « Libération », montrait une femme émergeant des vagues, son corps ruisselant de lumière et de peinture métallique.
« Madame, vos artistes sont remarquables, » commenta un collectionneur en examinant les toiles.
Kamelia sourit, son regard se perdant vers la mer. La galerie était devenue son sanctuaire, un lieu où elle pouvait aimer sa fille à distance, sans réveiller les fantômes du passé.
Le soir, elle retrouvait parfois des amis rencontrés au marché ou sur les sentiers côtiers. Des hommes et des femmes libres, comme elle, qui préféraient les rires aux confidences. Certaines nuits, elle ramenait chez elle un amant de passage, un architecte genevois ou un marin italien. Leurs étreintes étaient joyeuses, sans lendemain, comme des bains de mer qui lavent de toute empreinte.
La Toile Blanche
Un matin, en rangeant la réserve, Kamelia découvrit un chevalet recouvert d'un drap. En le soulevant, elle trouva une toile immaculée, accompagnée d'une note de Salma :
« Maman,
Cette toile est pour nous. Pour quand nos âmes auront fini de cicatriser. Pour quand nous serons prêtes à créer ensemble, sans que nos pinceaux n'évoquent les blessures.
Je t'aime.
Ta fille »
Des larmes coulèrent sur les joues de Kamelia. Elle posa la toile au centre de la galerie, avec une simple plaque : « À peindre ensemble ».
Le Dialogue des Cœurs
Au téléphone, ce soir-là, leurs voix étaient légères.
« Antoine et moi venons d'achever la nouvelle série, » annonça Salma.
« J'ai réservé la cimaise principale, » répondit Kamelia.
Un silence complice s'installa, peuplé de tout ce qui ne nécessitait plus d'être dit.
« Comment vas-tu, maman ? »
« Je vis, ma chérie. Enfin, je vis. »
De sa terrasse, Kamelia regardait les bateaux danser sur le port. Chaque vague qui venait mourir sur les rochers emportait un peu plus le souvenir de Nazim. Chaque aube la voyait renaître, plus forte, plus libre.
La séparation n'était pas un renoncement, mais le commencement d'une nouvelle manière de s'aimer. En choisissant de vivre pleinement, chacune de leur côté, elles honoraient le chemin parcouru et celui qui restait à parcourir.
Et sur son chevalet, la toile blanche attendait, promesse d'un avenir où mère et fille se retrouveraient, non plus en victimes, mais en artistes de leur propre destin.
FIN.
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Une histoire de tortures, et c'est tout...
