COMMENT JE SUIS PASSÉE DE L’OMBRE A LA LUMIÈRE

Récit érotique écrit par Miss_Sexcret [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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COMMENT JE SUIS PASSÉE DE L’OMBRE A LA LUMIÈRE
COMMENT JE SUIS PASSÉE DE L’OMBRE A LA LUMIÈRE
Kiev, avril 2020.
J’ai 20 ans
Le monde entier semblait en pause, suspendu dans une torpeur étrange que seuls quelques lettres et deux chiffres expliquaient : COVID-19.
Depuis le 10 avril, toute la ville était confinée. Les rues vides du centre, autrefois animées, résonnaient d’un silence anormal. Ma boutique de lingerie, nichée près de la station Khreshchatyk, avait fermé ses portes. Plus de clientes, plus de vitrine à réarranger, plus de soie à effleurer. Le temps s’était figé.
Chez moi, l'appartement était trop calme. Ma grand-mère, hospitalisée, me manquait terriblement. Mon frère Sasha, soldat, était confiné dans sa caserne à 200 kilomètres. Et Yuri, mon petit ami, était bloqué en Russie chez son père, sans aucune certitude de retour.
Je me retrouvais seule, terriblement seule.
Les journées se succédaient, interchangeables. J’avais commencé par faire des gâteaux, mais bientôt je n’avais plus de farine, plus d’œufs, plus d’envie. Je regardais des films, jouais à Fortnite, traînais en ligne… Et, peu à peu, mes pensées dérivaient. Vers lui. Vers nous. Vers le manque.
Nos appels se faisaient plus sensuels. On s’envoyait des messages explicites, des audios, des fantasmes déguisés en mots. Mais cela ne suffisait pas. J’avais faim. Pas seulement de sexe, mais de regard, de tension, de frissons.
Un jour, un peu par ennui, beaucoup par curiosité, je suis tombée sur un site… disons réservé aux adultes. Le genre de plateforme où l’on peut explorer, regarder, discuter, se montrer. Le logo – un petit rongeur poilu précédé d’un X – m’a fait sourire. C’était enfantin et provocant à la fois. D’abord, je suis restée simple spectatrice. J’étais fascinée par certaines vidéos, en particulier celles filmées à la maison, entre vraies personnes, sans artifices. J’aimais observer les échanges sincères, la chaleur entre deux corps, la vérité d’un désir brut.
Je découvris aussi mes préférences, mes zones d’ombre. L’éjaculation, par exemple. Je ne savais pas pourquoi, mais il y avait quelque chose de profondément hypnotique dans ce moment-là, ce lâcher-prise. Peut-être parce que Yuri n’en avait jamais eu de vraiment impressionnante. Peut-être parce que j'avais besoin d'une forme de violence douce, de générosité crue.
Peu à peu, mon quotidien s’est réorganisé autour de ce monde parallèle. Je traînais en culotte toute la journée, les rideaux à moitié tirés, le soleil effleurant mes cuisses. Je me laissais aller, sans honte, à découvrir mon corps, mes envies, ce que mon regard cherchait vraiment. Et un matin, j’ai franchi un cap. J’ai créé un profil.
Le jour où j’ai créé mon profil, il faisait gris à Kiev. Le genre de gris plat, uniforme, qui ne promet ni pluie ni soleil. Mon miroir renvoyait une image fatiguée mais encore vive, désireuse de s’échapper.
Je voulais rester anonyme, mais provoquer. Trouver cette ligne fine entre la retenue et l’excitation. J’ai fouillé mes photos jusqu’à tomber sur celle-ci : moi, de dos, en string noir, lumière dorée sur ma peau, les hanches légèrement tournées. Mon dos cambré laissait deviner les courbes sans tout révéler. C’était mon secret, mon appât.
Pseudo choisi, Miss_Sexcret, photo mise en ligne, quelques mots tapés à la hâte dans ma bio
– "bored Ukrainian girl stuck in quarantine, speaks 3 languages, likes silk, chocolate... and secrets."
Et j’ai cliqué sur “publier”.
L’effet fut immédiat. Une avalanche de messages. Des "hi", des "hello sexy", des "wanna chat?", en anglais approximatif, souvent maladroit, parfois attendrissant. J’ai souri. Je n’étais plus seule. Du moins pas tout à fait.
Parmi ces centaines de messages, j’ai créé des lien affectif et amicaux même si tous ce masturbaient devant mes photos.
Celui de Dmitri s’est démarqué. Pas par sa photo – un selfie flou sur un balcon – mais par ses mots.
"I don’t want to see you naked yet. Tell me what you smell like after a hot shower."
Il n’y avait ni vulgarité, ni urgence. Juste une curiosité calme, presque poétique. Il avait la quarantaine, médecin à Thessalonique, marié, amoureux, mais un peu triste en couple, deux enfants et un ton direct mais élégant. Il me parlait de son café du matin, du soleil sur les pierres blanches de sa terrasse, des orangers en fleurs. Je lui parlais de mes nuits blanches, de mes envies de toucher, de mon amour pour les tissus légers qui collent à la peau.
Rapidement, nos échanges sont devenus plus intimes. Il m’envoyait des photos de son torse bronzé, couvert de poils noirs, avec des textes pleins d’images : “Si tu étais là, je te lècherais entre les omoplates pendant que tu t’appuies contre le marbre froid de ma douche.”
Je répondais avec des vidéos brèves, ma main qui glisse lentement sous la ceinture, mes lèvres entrouvertes sans un mot.
Avec lui, je ne jouais pas un rôle. J’étais simplement une femme, regardée avec attention, désirée avec lenteur. Il me disait que je lui faisais du bien. Je crois que lui aussi m’en faisait.
Et puis il y eut David.
Son message était poli, presque victorien.
“Hello, miss. I hope it’s not inappropriate, but I find you utterly charming. Would you indulge an old man’s fantasy of having a mischievous granddaughter?”
Cela aurait pu me mettre mal à l’aise. Mais il y avait une douceur dans ses mots, une pudeur pleine d’ironie. Il avait 87 ans, veuf, vivait dans le Sussex, et adorait le thé à 17h. Il m’appelait "my darling troublemaker". Je l’appelais "Grandpa Davy".
Notre jeu était théâtral, tendre et grivois à la fois. Je portais des chaussettes blanches et un chemisier entrouvert, je me filmais en train de “voler” une friandise dans ma cuisine avant de me pencher trop bas.
Il voulait que je sois espiègle, malpolie, un peu vilaine.
Je jouais à la perfection. Je lui faisais la lecture en français, je suçais une glace à l’eau comme si c’était interdit, je murmurais “Tu veux que je sois sage, Grand-père ? Alors regarde bien ce que je fais quand tu n’es pas là…”
Il ne demandait jamais de nudité complète. Il voulait de la suggestion, de l’allusion, du plaisir intellectuel. Il jouissait, me disait-il, par l’esprit d’abord. Et moi, je découvrais que l’excitation pouvait naître d’une voix, d’une phrase bien tournée, d’un rire contenu.
Il y avait aussi des femmes seules comme moi cherchant une compagnie.
Ellen par exemple, n’était pas comme les autres. Elle ne m’a pas abordée avec des promesses ou des compliments creux. Juste une phrase, dans un français précis et soigné, mais chargé d’une tension douce :
« Tu as un corps qui mérite plus que des captures d’écran. Tu veux écrire une histoire avec moi ? »
Elle était photographe, basée à Lyon, confinée comme tout le monde, avec son Leica, ses pellicules, et des envies de contact humain qu’aucun objectif ne pouvait rassasier.
Elle avait découvert mon profil par hasard, disait-elle, en suivant une boucle de hashtags, comme on tombe sur un visage dans une foule et qu’on ne l’oublie plus.
Nous avons commencé à écrire, comme un jeu d’attirance lente. Elle lançait une scène – souvent inspirée d’une de ses prises de vue – et je la prolongeais. Un vestiaire désert après une séance photo. Une pause-café dans un studio où la tension monte. Une nuit moite à Paris, sous un velux, le corps collant de chaleur et de désir retenu.
Chaque phrase était un déshabillage, chaque mot une caresse indirecte.
Mais Ellen ne s’arrêtait pas à l’écriture. Très vite, elle m’a proposé des portraits croisés : elle me photographierait, virtuellement. Je devais lui envoyer des images de moi, mais pas des images de sexe. Non. Des morceaux de peau. Une ombre. Mon dos. Ma cheville posée contre le mur. Mon regard dans la glace, flou, fatigué.
Et en retour, elle m’envoyait des photos d’elle. Jamais frontales. Toujours fragmentées. Sa bouche, souvent. Sa nuque. Son ventre, éclairé par la lumière crue d’un matin froid.
Un soir, elle a voulu que je lise notre dernière scène à voix haute, en m’enregistrant. J’ai hésité, puis j’ai cédé. Ma voix tremblait un peu. Elle me répondit par un murmure audio, avec cette sensualité grave qui n’appartient qu’aux femmes sûres de ce qu’elles donnent. Elle disait :
« Quand tu lis, je te déshabille par la pensée. Tes mots me touchent plus que tes doigts ne le pourraient. Continue. »
Ce soir-là, je me suis caressée en écoutant notre propre histoire. Une scène inventée… mais vécue à travers nous deux. Le fantasme d’un regard photographique posé sur ma nudité invisible. Le désir écrit, feutré, libre.
Avec Ellen, il n’y avait pas de mise en scène. Pas de caméra. Juste le noir, la peau, la langue, la suggestion. Et c’est peut-être ce qui a rendu nos échanges les plus puissants de tous.
Ou encore, Martina,
Martina était une Estonienne au corps sculpté par le froid, aux yeux glacés et à la bouche faite pour provoquer. Mariée à un marin qui passait plus de temps sur un chalutier qu’à la maison, elle n’était pas du genre à attendre sagement.
Elle m’avait écrit en message privé, sans aucun préambule :
« Moi, ce que je veux, c’est une queue noire. Une vraie. Une énorme. Une queue d’Africain comme dans les vidéos. »
Pas de chichi, pas de romantisme. Elle voulait du sexe. Brutal, obscène, animal. Et elle en parlait comme une gourmande décrit un festin interdit.
« J’veux qu’on me prenne sans ménagement. Qu’on me tire les cheveux, qu’on m’écarte les cuisses de force et qu’on me remplisse. Une bouche, un cul, une chatte, tout en même temps s’il le faut. J’veux plus penser, j’veux juste jouir comme une salope. »
Elle s’était filmée une première fois pour moi : allongée sur son canapé, en bas résille, tee-shirt remonté sur ses seins, jambes ouvertes. Pas de mise en scène. Juste son excitation à vif.
Sa main plongeait entre ses cuisses, rapide, affamée, et elle me murmurait :
« Tu regardes ? Tu m’imagines là, à quatre pattes, avec deux mecs noirs qui m’enculent pendant que je te regarde dans les yeux ? J’ai envie d’avoir mal. D’être baisée à m’en faire trembler les os. »
Je n’avais jamais reçu de message aussi cru, aussi vrai. Ce n’était pas du porno : c’était un cri de désir, un manifeste.
On discutait souvent de ses fantasmes : gangbangs en cave, double pénétration, humiliation douce. Elle voulait des hommes puissants, qui prennent sans demander, qui la couvrent de foutre, la laissent trempée, salie, heureuse.
« J’veux que ça dégouline de moi. Qu’on me foute à genoux, nue, les fesses pleines et la bouche ouverte. J’veux qu’on me traite comme une pute de rêve. Pas pour me manquer de respect, mais pour me faire jouir à genoux, là où j’ai envie d’être. »
Elle me proposait parfois de participer. Pas physiquement – pas encore – mais à distance. On mettait la webcam, elle me montrait ses jouets, des godes noirs massifs qu’elle s’enfonçait dans tous les sens. Elle me demandait de commenter.
« Dis-moi que je suis bonne. Dis-moi que t’as envie de me regarder me faire défoncer par trois Africains bien montés pendant que tu te touches. »
Je jouais le jeu. Et j’aimais ça. Parce qu’elle allait jusqu’au bout. Pas de tabou, pas de gêne. Elle transformait ses fantasmes en scénarios vivants, vivants jusque dans la sueur, les cris étouffés, la jouissance sale.
Elle disait souvent :
« Ce n’est pas du sexe. C’est une façon d’exister. »
Et moi, je la croyais.
Et puis un jour, je reçus une vidéo. Mon premier “Tribute”. Un homme, quelque part dans le monde, s'était filmé, nu, se caressant devant une image de moi affichée sur son écran. Et soudain, ce fut l’explosion. Un jet puissant, inattendu, qui m’a laissée bouche bée. Pendant des jours, je n’ai pensé qu’à ça. J’avais provoqué ça. Moi, seule, enfermée dans mon appartement de Kiev, j'avais réveillé quelque chose chez lui. Une tempête. Une offrande.
Ce moment m’a changée.
J’ai commencé à proposer mes propres vidéos, discrètement. Des caresses, d’abord. Puis des danses. Des regards. Des murmures. Je mettais de la lumière, des draps froissés, un peu de musique parfois. Certains voulaient que je parle, mais je préférais écrire. Mon corps s’exprimait bien mieux que ma voix.
Petit à petit, je suis allée plus loin. Par jeu. Par défi. Par plaisir, aussi. Je répondais aux commandes : un strip-tease doux, une masturbation intense, une mise en scène plus osée. Toujours avec une certaine esthétique, une distance, un contrôle. Même dans l’abandon, je gardais la main.
Et parfois, j’invitais mon compagnon à distance – via appel, ou à travers des vidéos de nous tournées avant son départ. Parfois même, une amie se joignait à moi. Toujours dans le respect, dans le consentement, dans l’envie partagée de transgresser un peu.
Aujourd’hui, je ne suis plus seulement la vendeuse de dentelle qui faisait des paquets avec soin et conseillait des tailles. Je suis devenue une autre version de moi-même. Une femme qui connaît son pouvoir. Qui sait ce qu’elle donne, ce qu’elle reçoit, ce qu’elle fait naître chez les autres.
Une femme libre.
Et dans ce monde figé, c’était peut-être la chose la plus vivante que j’avais ressenti depuis longtemps.
Mais tout cela appartient à une époque qui paraît déjà lointaine.
Depuis, le monde a encore changé.
La guerre a éclaté. Les frontières se sont fermées autrement. Les plateformes ont restreint, censuré, surveillé. Il ne s’agissait plus seulement de désir, mais de sécurité, d’exil, de survie.
Je m’expose encore un peu mais plus de lives. Plus de “Miss_Sexcret” sur fond doré, plus de webcam à la lumière tamisée. L’élan s’est figé, comme la ville à ses débuts.
J’ai quitté l’Ukraine. Je suis arrivée en France. Un autre décor, une autre langue, une autre vie.
Mais je ne suis plus tout à fait la même.
J’ai continué d’explorer. À ma manière. Moins virtuelle, plus charnelle.
J’ai retrouvé Jérôme et Nathalie, le couple de Saint-Raphaël qui m’a doucement initiée à un monde parallèle, discret mais brûlant, fait de codes, de regards et de silences lourds : le libertinage. Grâce à eux, j’ai découvert d’autres plaisirs, d’autres corps, d’autres façons d’exister.
Mais ceci…
C’est une autre histoire.
Et peut-être que je te la raconterai un jour.
Kiev, avril 2020.
J’ai 20 ans
Le monde entier semblait en pause, suspendu dans une torpeur étrange que seuls quelques lettres et deux chiffres expliquaient : COVID-19.
Depuis le 10 avril, toute la ville était confinée. Les rues vides du centre, autrefois animées, résonnaient d’un silence anormal. Ma boutique de lingerie, nichée près de la station Khreshchatyk, avait fermé ses portes. Plus de clientes, plus de vitrine à réarranger, plus de soie à effleurer. Le temps s’était figé.
Chez moi, l'appartement était trop calme. Ma grand-mère, hospitalisée, me manquait terriblement. Mon frère Sasha, soldat, était confiné dans sa caserne à 200 kilomètres. Et Yuri, mon petit ami, était bloqué en Russie chez son père, sans aucune certitude de retour.
Je me retrouvais seule, terriblement seule.
Les journées se succédaient, interchangeables. J’avais commencé par faire des gâteaux, mais bientôt je n’avais plus de farine, plus d’œufs, plus d’envie. Je regardais des films, jouais à Fortnite, traînais en ligne… Et, peu à peu, mes pensées dérivaient. Vers lui. Vers nous. Vers le manque.
Nos appels se faisaient plus sensuels. On s’envoyait des messages explicites, des audios, des fantasmes déguisés en mots. Mais cela ne suffisait pas. J’avais faim. Pas seulement de sexe, mais de regard, de tension, de frissons.
Un jour, un peu par ennui, beaucoup par curiosité, je suis tombée sur un site… disons réservé aux adultes. Le genre de plateforme où l’on peut explorer, regarder, discuter, se montrer. Le logo – un petit rongeur poilu précédé d’un X – m’a fait sourire. C’était enfantin et provocant à la fois. D’abord, je suis restée simple spectatrice. J’étais fascinée par certaines vidéos, en particulier celles filmées à la maison, entre vraies personnes, sans artifices. J’aimais observer les échanges sincères, la chaleur entre deux corps, la vérité d’un désir brut.
Je découvris aussi mes préférences, mes zones d’ombre. L’éjaculation, par exemple. Je ne savais pas pourquoi, mais il y avait quelque chose de profondément hypnotique dans ce moment-là, ce lâcher-prise. Peut-être parce que Yuri n’en avait jamais eu de vraiment impressionnante. Peut-être parce que j'avais besoin d'une forme de violence douce, de générosité crue.
Peu à peu, mon quotidien s’est réorganisé autour de ce monde parallèle. Je traînais en culotte toute la journée, les rideaux à moitié tirés, le soleil effleurant mes cuisses. Je me laissais aller, sans honte, à découvrir mon corps, mes envies, ce que mon regard cherchait vraiment. Et un matin, j’ai franchi un cap. J’ai créé un profil.
Le jour où j’ai créé mon profil, il faisait gris à Kiev. Le genre de gris plat, uniforme, qui ne promet ni pluie ni soleil. Mon miroir renvoyait une image fatiguée mais encore vive, désireuse de s’échapper.
Je voulais rester anonyme, mais provoquer. Trouver cette ligne fine entre la retenue et l’excitation. J’ai fouillé mes photos jusqu’à tomber sur celle-ci : moi, de dos, en string noir, lumière dorée sur ma peau, les hanches légèrement tournées. Mon dos cambré laissait deviner les courbes sans tout révéler. C’était mon secret, mon appât.
Pseudo choisi, Miss_Sexcret, photo mise en ligne, quelques mots tapés à la hâte dans ma bio
– "bored Ukrainian girl stuck in quarantine, speaks 3 languages, likes silk, chocolate... and secrets."
Et j’ai cliqué sur “publier”.
L’effet fut immédiat. Une avalanche de messages. Des "hi", des "hello sexy", des "wanna chat?", en anglais approximatif, souvent maladroit, parfois attendrissant. J’ai souri. Je n’étais plus seule. Du moins pas tout à fait.
Parmi ces centaines de messages, j’ai créé des lien affectif et amicaux même si tous ce masturbaient devant mes photos.
Celui de Dmitri s’est démarqué. Pas par sa photo – un selfie flou sur un balcon – mais par ses mots.
"I don’t want to see you naked yet. Tell me what you smell like after a hot shower."
Il n’y avait ni vulgarité, ni urgence. Juste une curiosité calme, presque poétique. Il avait la quarantaine, médecin à Thessalonique, marié, amoureux, mais un peu triste en couple, deux enfants et un ton direct mais élégant. Il me parlait de son café du matin, du soleil sur les pierres blanches de sa terrasse, des orangers en fleurs. Je lui parlais de mes nuits blanches, de mes envies de toucher, de mon amour pour les tissus légers qui collent à la peau.
Rapidement, nos échanges sont devenus plus intimes. Il m’envoyait des photos de son torse bronzé, couvert de poils noirs, avec des textes pleins d’images : “Si tu étais là, je te lècherais entre les omoplates pendant que tu t’appuies contre le marbre froid de ma douche.”
Je répondais avec des vidéos brèves, ma main qui glisse lentement sous la ceinture, mes lèvres entrouvertes sans un mot.
Avec lui, je ne jouais pas un rôle. J’étais simplement une femme, regardée avec attention, désirée avec lenteur. Il me disait que je lui faisais du bien. Je crois que lui aussi m’en faisait.
Et puis il y eut David.
Son message était poli, presque victorien.
“Hello, miss. I hope it’s not inappropriate, but I find you utterly charming. Would you indulge an old man’s fantasy of having a mischievous granddaughter?”
Cela aurait pu me mettre mal à l’aise. Mais il y avait une douceur dans ses mots, une pudeur pleine d’ironie. Il avait 87 ans, veuf, vivait dans le Sussex, et adorait le thé à 17h. Il m’appelait "my darling troublemaker". Je l’appelais "Grandpa Davy".
Notre jeu était théâtral, tendre et grivois à la fois. Je portais des chaussettes blanches et un chemisier entrouvert, je me filmais en train de “voler” une friandise dans ma cuisine avant de me pencher trop bas.
Il voulait que je sois espiègle, malpolie, un peu vilaine.
Je jouais à la perfection. Je lui faisais la lecture en français, je suçais une glace à l’eau comme si c’était interdit, je murmurais “Tu veux que je sois sage, Grand-père ? Alors regarde bien ce que je fais quand tu n’es pas là…”
Il ne demandait jamais de nudité complète. Il voulait de la suggestion, de l’allusion, du plaisir intellectuel. Il jouissait, me disait-il, par l’esprit d’abord. Et moi, je découvrais que l’excitation pouvait naître d’une voix, d’une phrase bien tournée, d’un rire contenu.
Il y avait aussi des femmes seules comme moi cherchant une compagnie.
Ellen par exemple, n’était pas comme les autres. Elle ne m’a pas abordée avec des promesses ou des compliments creux. Juste une phrase, dans un français précis et soigné, mais chargé d’une tension douce :
« Tu as un corps qui mérite plus que des captures d’écran. Tu veux écrire une histoire avec moi ? »
Elle était photographe, basée à Lyon, confinée comme tout le monde, avec son Leica, ses pellicules, et des envies de contact humain qu’aucun objectif ne pouvait rassasier.
Elle avait découvert mon profil par hasard, disait-elle, en suivant une boucle de hashtags, comme on tombe sur un visage dans une foule et qu’on ne l’oublie plus.
Nous avons commencé à écrire, comme un jeu d’attirance lente. Elle lançait une scène – souvent inspirée d’une de ses prises de vue – et je la prolongeais. Un vestiaire désert après une séance photo. Une pause-café dans un studio où la tension monte. Une nuit moite à Paris, sous un velux, le corps collant de chaleur et de désir retenu.
Chaque phrase était un déshabillage, chaque mot une caresse indirecte.
Mais Ellen ne s’arrêtait pas à l’écriture. Très vite, elle m’a proposé des portraits croisés : elle me photographierait, virtuellement. Je devais lui envoyer des images de moi, mais pas des images de sexe. Non. Des morceaux de peau. Une ombre. Mon dos. Ma cheville posée contre le mur. Mon regard dans la glace, flou, fatigué.
Et en retour, elle m’envoyait des photos d’elle. Jamais frontales. Toujours fragmentées. Sa bouche, souvent. Sa nuque. Son ventre, éclairé par la lumière crue d’un matin froid.
Un soir, elle a voulu que je lise notre dernière scène à voix haute, en m’enregistrant. J’ai hésité, puis j’ai cédé. Ma voix tremblait un peu. Elle me répondit par un murmure audio, avec cette sensualité grave qui n’appartient qu’aux femmes sûres de ce qu’elles donnent. Elle disait :
« Quand tu lis, je te déshabille par la pensée. Tes mots me touchent plus que tes doigts ne le pourraient. Continue. »
Ce soir-là, je me suis caressée en écoutant notre propre histoire. Une scène inventée… mais vécue à travers nous deux. Le fantasme d’un regard photographique posé sur ma nudité invisible. Le désir écrit, feutré, libre.
Avec Ellen, il n’y avait pas de mise en scène. Pas de caméra. Juste le noir, la peau, la langue, la suggestion. Et c’est peut-être ce qui a rendu nos échanges les plus puissants de tous.
Ou encore, Martina,
Martina était une Estonienne au corps sculpté par le froid, aux yeux glacés et à la bouche faite pour provoquer. Mariée à un marin qui passait plus de temps sur un chalutier qu’à la maison, elle n’était pas du genre à attendre sagement.
Elle m’avait écrit en message privé, sans aucun préambule :
« Moi, ce que je veux, c’est une queue noire. Une vraie. Une énorme. Une queue d’Africain comme dans les vidéos. »
Pas de chichi, pas de romantisme. Elle voulait du sexe. Brutal, obscène, animal. Et elle en parlait comme une gourmande décrit un festin interdit.
« J’veux qu’on me prenne sans ménagement. Qu’on me tire les cheveux, qu’on m’écarte les cuisses de force et qu’on me remplisse. Une bouche, un cul, une chatte, tout en même temps s’il le faut. J’veux plus penser, j’veux juste jouir comme une salope. »
Elle s’était filmée une première fois pour moi : allongée sur son canapé, en bas résille, tee-shirt remonté sur ses seins, jambes ouvertes. Pas de mise en scène. Juste son excitation à vif.
Sa main plongeait entre ses cuisses, rapide, affamée, et elle me murmurait :
« Tu regardes ? Tu m’imagines là, à quatre pattes, avec deux mecs noirs qui m’enculent pendant que je te regarde dans les yeux ? J’ai envie d’avoir mal. D’être baisée à m’en faire trembler les os. »
Je n’avais jamais reçu de message aussi cru, aussi vrai. Ce n’était pas du porno : c’était un cri de désir, un manifeste.
On discutait souvent de ses fantasmes : gangbangs en cave, double pénétration, humiliation douce. Elle voulait des hommes puissants, qui prennent sans demander, qui la couvrent de foutre, la laissent trempée, salie, heureuse.
« J’veux que ça dégouline de moi. Qu’on me foute à genoux, nue, les fesses pleines et la bouche ouverte. J’veux qu’on me traite comme une pute de rêve. Pas pour me manquer de respect, mais pour me faire jouir à genoux, là où j’ai envie d’être. »
Elle me proposait parfois de participer. Pas physiquement – pas encore – mais à distance. On mettait la webcam, elle me montrait ses jouets, des godes noirs massifs qu’elle s’enfonçait dans tous les sens. Elle me demandait de commenter.
« Dis-moi que je suis bonne. Dis-moi que t’as envie de me regarder me faire défoncer par trois Africains bien montés pendant que tu te touches. »
Je jouais le jeu. Et j’aimais ça. Parce qu’elle allait jusqu’au bout. Pas de tabou, pas de gêne. Elle transformait ses fantasmes en scénarios vivants, vivants jusque dans la sueur, les cris étouffés, la jouissance sale.
Elle disait souvent :
« Ce n’est pas du sexe. C’est une façon d’exister. »
Et moi, je la croyais.
Et puis un jour, je reçus une vidéo. Mon premier “Tribute”. Un homme, quelque part dans le monde, s'était filmé, nu, se caressant devant une image de moi affichée sur son écran. Et soudain, ce fut l’explosion. Un jet puissant, inattendu, qui m’a laissée bouche bée. Pendant des jours, je n’ai pensé qu’à ça. J’avais provoqué ça. Moi, seule, enfermée dans mon appartement de Kiev, j'avais réveillé quelque chose chez lui. Une tempête. Une offrande.
Ce moment m’a changée.
J’ai commencé à proposer mes propres vidéos, discrètement. Des caresses, d’abord. Puis des danses. Des regards. Des murmures. Je mettais de la lumière, des draps froissés, un peu de musique parfois. Certains voulaient que je parle, mais je préférais écrire. Mon corps s’exprimait bien mieux que ma voix.
Petit à petit, je suis allée plus loin. Par jeu. Par défi. Par plaisir, aussi. Je répondais aux commandes : un strip-tease doux, une masturbation intense, une mise en scène plus osée. Toujours avec une certaine esthétique, une distance, un contrôle. Même dans l’abandon, je gardais la main.
Et parfois, j’invitais mon compagnon à distance – via appel, ou à travers des vidéos de nous tournées avant son départ. Parfois même, une amie se joignait à moi. Toujours dans le respect, dans le consentement, dans l’envie partagée de transgresser un peu.
Aujourd’hui, je ne suis plus seulement la vendeuse de dentelle qui faisait des paquets avec soin et conseillait des tailles. Je suis devenue une autre version de moi-même. Une femme qui connaît son pouvoir. Qui sait ce qu’elle donne, ce qu’elle reçoit, ce qu’elle fait naître chez les autres.
Une femme libre.
Et dans ce monde figé, c’était peut-être la chose la plus vivante que j’avais ressenti depuis longtemps.
Mais tout cela appartient à une époque qui paraît déjà lointaine.
Depuis, le monde a encore changé.
La guerre a éclaté. Les frontières se sont fermées autrement. Les plateformes ont restreint, censuré, surveillé. Il ne s’agissait plus seulement de désir, mais de sécurité, d’exil, de survie.
Je m’expose encore un peu mais plus de lives. Plus de “Miss_Sexcret” sur fond doré, plus de webcam à la lumière tamisée. L’élan s’est figé, comme la ville à ses débuts.
J’ai quitté l’Ukraine. Je suis arrivée en France. Un autre décor, une autre langue, une autre vie.
Mais je ne suis plus tout à fait la même.
J’ai continué d’explorer. À ma manière. Moins virtuelle, plus charnelle.
J’ai retrouvé Jérôme et Nathalie, le couple de Saint-Raphaël qui m’a doucement initiée à un monde parallèle, discret mais brûlant, fait de codes, de regards et de silences lourds : le libertinage. Grâce à eux, j’ai découvert d’autres plaisirs, d’autres corps, d’autres façons d’exister.
Mais ceci…
C’est une autre histoire.
Et peut-être que je te la raconterai un jour.
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2 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Toutes tes histoires sont vraiment excitantes. Et c'est tellement bien écrit, j'adore!
Merci!
Merci!
Magnifique recit !!! Très bien ecrit ; très sensuel ; très bandant !!!
Encore !!!
Yass
Encore !!!
Yass

