JENNY & BELLA ou L'initiation d'une Geek - Chapitre I

Récit érotique écrit par Miss_Sexcret [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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JENNY & BELLA ou L'initiation d'une Geek - Chapitre I
JENNY ET BELLA
Je m'appelle Jenny.
J’ai dix-neuf ans. L2 de sociologie à la fac de Nanterre. Jusqu’à il y a peu, j’étais le cliché de la bonne élève : sérieuse, studieuse, discrète. Le genre qu’on ne remarque pas, ou alors seulement quand il s’agit de lever la main pour répondre à une question.
Je bosse à la bibliothèque pendant que les autres vont boire des shooters fluorescents dans un bar crade du centre-ville. Je passe mes week-ends à ficher Foucault, Bourdieu et Elias plutôt qu’à sucer des verres de vodka à la chaîne.
Physiquement, je n’ai rien de la bombe qu’on croise dans les couloirs et qui fait tourner toutes les têtes. Je suis petite — un mètre soixante les bons jours — avec une silhouette encore un peu adolescente : taille fine, hanches discrètes, poitrine modeste mais ferme. Des bras fins, des jambes pâles.
Mon visage est mon atout le plus visible : un ovale doux, des pommettes claires, et surtout mes yeux, bleu clair, presque transparents dans certaines lumières. Ils paraissent plus grands à cause de mes lunettes : une monture fine en métal argenté, discrète, presque scolaire, que je pousse souvent du bout de l’index. Mes cheveux sont blonds, coupés droits aux épaules, souvent attachés à la va-vite avec un élastique noir.
Je vis encore chez ma mère, dans une maison de banlieue un peu trop grande pour nous deux. Elle s’appelle Léa. Belle femme, active, moderne, toujours entre deux stages de yoga et trois rendez-vous Tinder. Une quarantaine d’années qu’elle porte comme on porte un jean parfaitement ajusté : sans effort apparent, avec un côté insolent.
Depuis six mois, elle est en couple avec Alexandre. Un type plutôt cool, divorcé, père de deux garçons. L’un d’eux est plus âgé, et il fout un bordel silencieux dans ma tête. Mais ça, on en reparlera. Le plus jeune, Mathieu, seize ans, vit chez sa mère et ne passe que certains week-ends.
Ma chambre, c’est mon territoire. Quatre murs blanchis, un lit une place avec une couette à licornes que j’ai eue pour mes quatorze ans et que je n’ai jamais osé remplacer. Un bureau recouvert de livres ouverts, de post-its fluo et de câbles qui s’entortillent. Mon ordi reste allumé presque en permanence ; j’y écris mes cours, je regarde des séries, je joue parfois, tard le soir. Des écouteurs traînent sur l’oreiller, emmêlés.
Je ne suis pas vierge. Mais disons… pas loin.
J’ai été “déniaisée” en troisième, un soir où j’avais bu plus que je n’aurais dû. Le coupable ? Un geek du club d’échecs. Quentin, peut-être. Ou Thibault. Je ne sais même plus.
Je me souviens de son t-shirt Pikachu, de ses mains qui tremblaient, de l’odeur de transpiration et de lessive bon marché. Ça a duré cinq minutes. Pas douloureux, juste… chiant. Pas un regard, pas un mot, pas de plaisir. J’ai passé le temps à fixer le plafond en attendant la fin. Je suis rentrée chez moi avec une culotte humide et un goût amer. Fin de l’histoire.
Depuis, j’ai testé deux ou trois choses. Surtout seule. Les vidéos, les caresses furtives, parfois en pensant à quelqu’un, parfois juste pour m’endormir. Mais je suis restée la Jenny sérieuse. La bonne copine. La fille sage qu’on oublie au fond du groupe WhatsApp.
Et puis il y a Bella.
Isabella, de son vrai prénom.
Vingt ans. Brune incendiaire. Une bouche à faire éclater la couture d’un jean trop serré, des yeux verts qui te fixent comme si elle te scannait pour savoir exactement où appuyer. Sa peau est dorée, lisse, et son corps… un chef-d’œuvre. Des seins pleins, ronds, toujours mis en valeur, un cul ferme et haut qui attire les regards comme un aimant. Des jambes fuselées, toujours épilées, toujours prêtes à s’exposer sous une jupe courte ou un short moulant.
On se connaît depuis qu’on a dix ans. École primaire, même rangée, même goûter sur le banc. Très vite, elle est devenue ma meilleure amie, ma sœur de cœur, mon opposée parfaite. Là où je restais assise à lire, elle escaladait les portails pour aller fumer derrière le gymnase. Là où je rougissais si un garçon me parlait, elle avait déjà embrassé la moitié des beaux gosses du collège.
Bella a toujours su que j’étais… différente. Pas coincée, mais prudente. Observatrice. Elle m’a toujours protégée, encouragée, mais aussi testée.
Elle a cette obsession : me “décoincer”.
— Tu vas finir vieille vierge avec ton bac+8, me dit-elle souvent, un sourire en coin. T’as besoin d’un corps contre le tien, d’une bouche, d’une main, d’une queue. Et pas en théorie, Jenny. En pratique.
Elle dit ça en s’asseyant n’importe comment, jambes croisées haut, décolleté en avant, comme si tout son corps était une invitation permanente.
Avec elle, je me sens à la fois en sécurité et en danger. Elle me trouble. Elle m’excite, même si je fais semblant de ne pas m’en rendre compte. Et elle le sait. Ses regards, ses sourires, ses petites touches “innocentes” : un bras qui frôle le mien, sa main qui s’attarde dans le bas de mon dos, ses doigts qui jouent avec mes cheveux.
Bella vit seule, dans un petit deux-pièces qu’elle a décoré façon Instagram : murs blancs, plantes vertes, coussins colorés, guirlandes lumineuses. Elle travaille à mi-temps dans une boutique de fringues et enchaîne les histoires plus ou moins sérieuses. Les mecs, les meufs, parfois les deux en même temps. Elle parle de sexe avec une aisance désarmante, me racontant les détails comme on raconterait une recette de cuisine.
Elle me taquine :
— Un jour, tu te rendras compte que t’as un corps, Jenny. Et ce jour-là, je serai là pour te montrer quoi en faire.
Moi, je ris. Je baisse les yeux. Et parfois, je mouille rien qu’en l’écoutant.
Alors ce que je vais te raconter, ce n’est pas une fiction. C’est mon journal.
Celui de Jenny la sage, la geek, l’étudiante trop sérieuse… celle que Bella a décidé de transformer.
Pas du jour au lendemain. Mais étape par étape.
Elle m’a dit un soir, allongée en travers de mon lit comme si c’était le sien :
— Demain, on sort. Pas un truc de folles, pas de shots de tequila. Juste toi, moi, et un terrain d’entraînement.
Je me suis entendue rire, un peu nerveusement.
— Un terrain d’entraînement ?
— Oui. Un bar. Du bruit, de la lumière, des corps. On va te mettre en situation. Observer, choisir, tester. Comme une expérience de socio, mais appliquée.
Je n’ai pas osé dire non. Je crois que je n’en avais pas envie.
PREMIERS EXERCICES
Le lendemain, je l’ai vue débarquer chez moi, jean noir moulant, bottines à talon, veste courte. Un parfum qui mélangeait le sucré et quelque chose de plus animal. Elle m’a détaillée d’un regard qui disait « je valide » et m’a juste lancé :
— Prends ton sac. Et oublie tes bouquins.
Dans la rue, elle parlait peu. Sa main dans mon dos donnait le tempo, comme si elle me poussait vers une version plus audacieuse de moi-même. On a marché, j’ai senti l’air tiède sur ma nuque, le parfum de Bella se mêler à celui de la ville.
Et puis on est arrivées.
Je pousse la porte du bar derrière Bella et je me laisse avaler par le bourdonnement tiède des conversations. Ça sent la bière froide, le sucre brûlé des cocktails et un peu le cuir des tabourets. Les tables sont serrées, les lumières basses, et je sens déjà la pression douce de sa main dans mon dos, comme un gouvernail invisible. Elle ne dit rien d’abord, elle scrute, puis se penche vers moi — ses cheveux frôlent ma joue.
— Règle numéro un : tu repères. Pas trop longtemps, pas trop vite. Regarde-les vivre, m’entends-je répéter en silence pour mémoriser sa voix.
Je balaie la salle, j’essaie d’appliquer. Un garçon au comptoir, t‑shirt blanc, cheveux bruns mal coiffés, avant-bras nerveux. Il écoute un ami mais son regard court parfois vers la porte. Il voudrait partir ou qu’autre chose arrive. Je sens mon cœur accélérer sans rien faire. Bella sourit, devine.
— Bien. Fixe-le, trois secondes. Détourne. Reviens. Laisse-le se demander si c’est un hasard.
Je m’exécute. Première seconde : j’ai l’impression d’être une voleuse. Deuxième : il me voit. Troisième : mon ventre se serre et j’abandonne d’un coup, un peu trop brusque. Je fixe mon verre d’eau comme si je le connaissais depuis toujours. Bella étouffe un rire.
— Encore. Et quand il te sourit, tu vas au bar. Trouve un prétexte minable, ça marchera.
Je prends mon courage — et mon sac — et je me lève. Mes jambes font semblant d’être naturelles. Au niveau du comptoir, j’entends ma voix plus aiguë que prévu.
— Salut… vous avez du… gingembre frais ?
Le barman hausse les sourcils, le garçon tourne la tête vers moi, sourire en coin.
— Pas ce soir, dit le barman. Mais je peux te râper un zeste de citron vert.
— Ça ira, dis-je sans réfléchir. Je… je prendrai juste une eau gazeuse.
Le garçon glisse une phrase légère, comme si on s’était déjà parlé.
— C’est ambitieux, l’eau gazeuse.
— Et toi, c’est ambitieux, le t‑shirt blanc, je réponds. (Puis je me traite d’idiote dans ma tête.)
Il rit, me demande si je suis du coin. Je réponds trop vite oui, puis je me rattrape d’un sourire. Ma main sur le comptoir tremble un peu. Je sens Bella dans mon dos — pas physiquement, mais comme une présence. Elle a dû se décaler de quelques pas pour observer. Le garçon me propose de trinquer « à l’ambition ». Je lève mon verre ridicule, et le tintement m’ancre. On parle de deux choses simples, j’écoute vraiment, je regarde la façon dont il bouge ses lèvres sur certains mots. Et quand je repars vers notre table, je sens son regard me suivre. Bella m’accueille avec un sourire qui dit « je te l’avais dit » et une phrase qui claque doucement :
— Tu vois ? Tu crées la météo. On rentre. Demain, tu apprends à embrasser.
Je ris, secouée et fière, déjà nue dans le regard de sa pédagogie.
Le lendemain, elle me mène vers un parc où les bancs s’alignent comme des vieilles habitudes. Max est là, s’appuie contre une grille, jean noir, blouson bleu nuit, sourire de garçon qui sait mettre à l’aise sans s’excuser. Il me serre la main, dit mon prénom comme s’il l’avait déjà dit dans des souvenirs à venir. Bella se tient un peu à l’écart, téléphone en métal dans la main, regard clignotant. Elle prend un appel qu’elle n’a pas passé, juste pour me laisser faussement seule.
— Tu stresses ? demande Max.
— Un peu.
— Ça va aller. On va y aller doucement. C’est toi qui décides quand.
On s’assoit. Je m’entends respirer. Le monde se met à niveau : un vélo passe, deux enfants rient plus loin, une femme marche vite, eau dans une gourde. Max se tourne vers moi, rapproche ses genoux des miens. Sa main touche la mienne, pas comme on touche une poignée de porte mais comme on remet en place une mèche. Il me regarde vraiment, comme s’il essayait de lire si je suis prête.
— On essaye ? souffle-t-il.
Je hoche la tête. Il s’approche, ses lèvres trouvent les miennes sans insister, juste un contact. Je découvre à quel point un simple baiser peut être un territoire : la chaleur, la douceur, le moment où d’un coup je ferme les yeux et mes épaules se détendent. Sa langue effleure, timide, puis recule. La mienne suit, encore plus timide. On se sourit dans le baiser. Il se recule de quelques millimètres, reprend, offre un rythme que je comprends. On respire en cadence, et le parc se floute. Pas de feu d’artifice, pas de cinéma, juste une évidence calme qui se met au présent.
Quand il s’éloigne, je découvre que j’ai serré sa manche comme une bouée. Je m’excuse, il rit.
— Parfait, dit-il.
Je jette un coup d’œil vers Bella : son pouce levé est un clap de fin. Elle revient, nous regarde comme un prof satisfait du brouillon d’un élève.
— Ça va ? demande-t-elle.
Je dis oui avec le corps, je dis oui avec les joues en feu, je dis oui avec ce calme neuf dans ma poitrine. Elle me tape doucement sur l’épaule, puis me prend par le bras comme on prend par la taille sans le dire. Le trajet de retour est simple, presque silencieux. Elle ne commente pas. Elle sait que ça infuse.
Chez nous, elle se plante dans ma chambre, s’appuie au chambranle, bras croisés.
— Ce soir, tu t’entraînes seule. Je te laisse trois jouets. Tu prends ton temps. Tu notes ce que tu sens, ce que tu ne sens pas. Tu n’as pas besoin de prouver. (Elle pose une trousse noire sur mon lit.) Le stimulateur, le godemichet, et le plug. Tu n’es pas obligée de tout utiliser. Mais si tu veux, je veux que tu saches quoi en faire.
Elle ouvre la trousse, expose les choses sobrement, sans théâtre : un petit stimulateur clitoridien blanc aux bords doux, un godemichet en silicone lisse, pas trop grand, et un plug anal court, en forme de goutte inversée, avec une base. Elle les nomme sans rien sexualiser, comme on nomme des gestes. Elle vérifie qu’il y a du lubrifiant.
— Si t’as besoin, je suis dans chez moi, tu m'appelles. Mais l’idée, c’est que tu trouves ta voie seule.
Elle part.
Le soir arrivé, je ferme la porte, pas à clé, par réflexe. Les jouets me regardent — non, je les regarde, et je m’entends sourire nerveusement. Je fais glisser mes doigts sur le stimulateur. Il vibre à peine quand j’appuie. Mes cuisses se serrent comme pour dire « on verra ». Je tourne autour de la trousse, j’ouvre la fenêtre d’un cran, l’air de la soirée caresse ma nuque. Je pose le téléphone sur le bureau, par habitude, et là je vois la conversation avec Bella. Une idée jaillit, absurde et logique : et si je demandais à une professionnelle ? Pas pour remplacer Bella, pas pour défier, juste pour franchir une marche sans tomber.
Je tape, je cherche, je tombe sur un site propre, presque clinique, qui propose des sessions privées. Les profils ressemblent à des pages de profs particuliers : présentation, spécialités, avis, créneaux. Mon ventre fait un pli de culpabilité et d’excitation. Je sors la carte d’Alexandre de ma trousse de cours, je la tiens deux secondes comme une pierre chaude. Il me l'avait prêter pour payer mon déjeuner. J’entre les chiffres. Mes doigts tremblent. C’est illégal ? immoral ? Je n’explore pas les réponses. Je clique.
La session se lance plus vite que je ne le croyais. L’écran s’ouvre sur une femme brune, la trentaine, traits nets, une bouche qui sait sourire sans approuver ni juger. Elle porte un haut simple, un col en V qui laisse deviner un soutien-gorge noir. Elle me salue par mon pseudo "Belle", me demande si la connexion est bonne, si je m’entends respirer.
— On va faire simple, dit-elle. Tu m’entends et tu te laisses guider. Si tu veux, tu coupes ton propre retour, que tu ne te vois pas. Tu n’as pas besoin de te regarder. Tu as besoin de te sentir.
Je coupe ma petite fenêtre. Ma tête devient plus légère. Elle me demande où je suis.
— Dans ma chambre, dis-je.
— Tu te sens en sécurité ?
— Oui.
— Bien. Alors on installe un terrain. Pose les jouets sur le lit, en ligne devant toi. Le lubrifiant à gauche, une serviette à portée.
Je m’exécute. Je suis ses instructions avec la docilité d’une élève qui veut bien faire. Bizarrement, je ne me sens pas observée comme à travers un trou de serrure. Je me sens tenue par la voix, comme si elle me mettait une main dans le dos, là où Bella la met d’habitude.
— On commence sans rien. Allonge-toi. Respire. Laisse tes épaules tomber dans le lit. Encore. Voilà. Pose ta main sur ton ventre. Inspire en gonflant, expire en laissant sortir l’air par la bouche. Encore.
Je respire, je dégonfle, je répète, et d’un coup mes jambes cessent de se plaindre. La tension dans la nuque se dénoue. Je ferme les yeux. Elle me demande d’ouvrir la bouche un peu, d’humidifier mes lèvres. C’est étrange et ça me ramène à ma langue, à ma salive.
— Maintenant, glisse ta main sous ton top. Effleure ta peau, pas avec des doigts qui cherchent, avec des doigts qui saluent.
Je souris malgré moi, et je sens la chaleur sous mon nombril se réveiller comme une lampe. Je caresse mon ventre, je contourne mes seins, je frôle les aréoles, je sens mes tétons réagir. Ma respiration se cale sur sa voix.
— Bien. Déboutonne ton jean. Pas parce que c’est l’étape, parce que ça tire.
Je défais le bouton, je fais glisser la fermeture. L’air sur ma peau me fait l’effet d’une réponse. Elle ne se presse pas. Elle m’interdit de me presser. Elle me demande d’écarter un peu les cuisses, d’observer si j’ai déjà envie de presser le bassin contre ma main. C’est oui, timidement.
— Tu vas prendre le petit. Le stimulateur. Allume-le au plus bas. Pose-le dans ta paume sans le coller. Laisse-le vibrer contre ta main, pas encore contre toi.
Je le fais. La vibration court de ma paume à mon poignet. C’est comme apprivoiser un chaton invisible. Elle me dit de le rapprocher de ma cuisse, de sentir la vibration à travers le coton de ma culotte. Je frémis. La pudeur me mord et me quitte dans le même mouvement.
— Si tu veux, enlève ton jean. Si tu veux, garde ta culotte une minute.
Je choisis. Le jean tombe. Je garde la culotte pour l’instant, comme une barrière souple. Je pose le stimulateur sur mon pubis, au-dessus du tissu. La vibration me traverse différemment, plus sourde. Mes hanches veulent bouger. Elle se tait une seconde, écoute mon souffle.
— Tu vas glisser l’autre main sous le tissu et juste écarter un peu. Pas pour toucher, pour respirer là-bas.
Je glisse ma main, je m’offre de l’air, la vibration devient plus précise. Je commence à sentir ce fil électrique qui court du clitoris à mes reins, ce fil autoritaire qui sait me faire perdre le fil de mes pensées.
— Maintenant, enlève la culotte. Doucement, comme si c’était la peau d’une pêche.
Je ris silencieusement et obéis. La pièce se resserre, ou c’est moi qui m’agrandis. Le stimulateur approche, je le pose à côté de mon clitoris, pas dessus. Elle insiste.
— À côté, oui. Tu fais des cercles qui se rapprochent. Tu souffles par la bouche. Tu laisses la mâchoire molle. Tu changes l’angle jusqu’à ce que ton corps dise « là ».
Je cherche, je trouve. « Là ». Ma cuisse gauche tressaille, je le remarque à peine. La vibration devient un langage. Je monte d’un cran en intensité, elle m’arrête.
— Pas encore. Tu es plus proche que tu ne crois. Ralentis pendant dix secondes, puis remonte à peine.
Je compte dans ma tête. Je remonte. La vague prend. Je sens mon ventre se creuser et se tendre. Ma main libre agrippe le drap. Elle me demande si je peux me retenir deux secondes de plus au moment où ça bascule. Je réponds que je ne sais pas. La vibration glisse pile où il faut, et je dis oui en secouant la tête alors que je voulais dire non. L’orgasme me prend en deux injections, l’une qui m’arrache, l’autre qui m’apaise. Je respire fort, je murmure un « oh » qui sonne comme un merci. Je reste immobile, le stimulateur éloigné, posée à côté de moi comme une bête fidèle.
— Bien, souffle-t-elle après un temps. Bois un peu d’eau. Puis, si tu en as envie, on explore la pénétration. Pas pour remplacer ce que tu viens de sentir, pour lui répondre. Tu connaitras cette sensation lors d'un cunnilingus.
Je bois. Mes mains tremblent moins. Le monde a pris une teinte douce. Je saisis le godemichet avec la précaution d’une chose délicate et puissante. Elle me fait ouvrir le lubrifiant, en déposer sur la longueur, en chauffer la matière entre mes doigts.
— Tu ne vas pas chercher profond. Tu vas d’abord te présenter. Juste à l’entrée. Tu respires comme tout à l’heure. Si ton corps dit « attends », tu attends. Si ton corps ouvre, tu avances d’un centimètre.
J’approche. La tête du godemichet rencontre mon sexe encore sensible. Je soupire. Je ne pousse pas. J’autorise. Ça glisse, un peu, un pas. Une micro-résistance se défait. J’entre à peine, mais j’ai l’impression d’avoir trouvé une autre pièce de la maison. Elle me demande ce que je sens. Je cherche des mots : chaud, plein, doux. Elle dit d’écouter si mon périnée veut se contracter ou s’ouvrir. Je découvre que je peux choisir. J’avance encore, un ou deux centimètres. Mon clitoris vibre encore en fantôme. Je fais un léger va-et-vient, j’apprends le tempo. Ma respiration guide le rythme, je lâche ma gorge, et je me surprends à gémir doucement, un son qui me vient de très bas.
— Si tu veux, murmure-t-elle, tu peux reprendre le stimulateur et le poser sur le haut. Très léger. Tu restes à bas niveau.
Je tends la main, je cale le godemichet dans mes doigts, je pose le stimulateur au-dessus. Mon corps répond comme s’il attendait cette double phrase. Ça s’ouvre, ça ondule. Je ne cherche pas l’orgasme, mais il me cherche. Il me rattrape. Moins violent que le premier, plus rond, il se déploie comme un grand cercle qui se referme lentement. Je le laisse me prendre, je souffle, je laisse ma nuque tomber sur l’oreiller.
Je m’accorde un silence. Elle me laisse dans ce silence, pas envahissant, un silence qui respecte. Quand je reviens, elle propose, sans forcer :
— On peut explorer l’autre jouet si tu en as envie. On n’est pas obligées aujourd’hui. Mais si tu veux savoir, on le fera en douceur.
Je regarde le plug. Il ne m’effraie pas vraiment ; il me convoque. J’hésite, je dis « oui », puis je ris de mon « oui » trop rapide. Elle m’explique d’une voix basse, clinique et rassurante : lubrifier bien, encore plus que je crois nécessaire ; commencer par caresser autour, jamais de force ; écouter le moment où le muscle cède par consentement, pas par capitulation. Je m’allonge sur le côté, elle me guide. Je glisse du lubrifiant sur le plug, sur l’entrée de mon petit trou. Je respire. Mes doigts explorent le pourtour, je sens des battements inconnus, une pudeur différente. Je presse un peu, j’arrête, je reviens. Le corps parle en minuscules. Et puis d’un coup, le ton change : ça s’ouvre, simple, et la petite goutte glisse dedans comme un secret qu’on confie. Je reste immobile, le cœur plus fort, une étonnante sensation de « tenir de l’intérieur ».
— Ne bouge pas. Juste accueille. Si tu veux, reprends le godemichet, très peu. Ou pose ta main sur ton ventre. Observe comment ça se répond.
Je pose ma main sur mon ventre d’abord. Le plug devient un point d’ancrage. Je sens mon vagin autrement, comme si le plancher s’épaississait. Je reprends le godemichet, je l’insère tout doucement — je ris presque de la première impression, comme si tout était plus plein, plus à sa place. La moindre pression devient intense, je n’ai pas besoin de beaucoup. Le stimulateur, je le rallume une seconde, je l’effleure, et c’est comme si mon corps disait « merci » en plusieurs langues. La troisième montée est différente : plus profonde, plus lente, plus écrasante, un peu. Je m’abandonne à elle, je la laisse me mouvoir, je ne commande plus.
Quand j’atteins l’orgasme, c’est un plateau qui se fracture en mille morceaux nets. Je m’entends gémir plus fort, je n’ai pas honte, le son me traverse et m’allège. Je sens mes muscles danser, puis se relâcher. Je retire le godemichet avec précaution, je caresse le bas de mon ventre, je respire. Le plug reste en place un moment, comme pour dire au revoir. Je le retire doucement aussi, et la sensation de vide est presque tendre. Je souris, essoufflée, surprise par mes propres larmes — pas de tristesse, de décompression.
— Parfait, dit la voix. Tu as très bien écouté. Bois, respire, et reste allongée quelques minutes. N’écris rien maintenant. Tu raconteras plus tard, si tu veux.
Je hoche la tête. Elle me demande si je veux parler. Je dis non d’un signe, pas encore, mais merci. Elle m’offre un dernier conseil : ne pas juger les prochaines heures, ne pas me brusquer, dormir si je peux, manger quelque chose de simple. Sa voix demeure dans la chambre quand l’écran s’éteint, une douceur de ligne claire.
Je reste là, bras ouverts, comme une nageuse sur le dos. Les jouets posés autour de moi, sages. Je me sens un peu coupable pour la carte d’Alexandre, puis la culpabilité se dissout dans la reconnaissance : je viens d’apprendre une langue que je parlais mal. La fenêtre laisse entrer un courant tiède. Je me redresse, je bois, je range avec soin — je lave, j’essuie, je remets tout dans la trousse de Bella, avec une précision presque cérémonielle.
Ma chambre est silencieuse. Je sais que Bella voudra tout savoir. Je remets ma culotte, un t‑shirt, je passe une main dans mes cheveux.
Mon regard tombe sur la banane oubliée sur le bureau, jaune presque doré dans la lumière qui finit. " Il faudrat que tu t'entraînes à sucer la banane". Je souris, malgré moi. Mes lèvres se souviennent du rythme de Max, mes mains, de la voix de la professionnelle, et mon ventre des sextoys. Je ne touche pas la banane. Pas encore. Je garde cette pensée dans ma bouche comme un bonbon qui fond lentement. Ce soir, je garde le secret au chaud. Demain, j’écrirai à Bella. Demain, je m’entraînerai encore, peut-être avec une banane, peut-être avec quelqu'un. Ce soir, je sais juste que quelque chose a changé, pas à pas, regard par regard, baiser par baiser, vibration par vibration. Je souffle, je ferme la lampe, je m’allonge sur le lit frais, et je laisse mon corps parler seul dans l’obscurité.
Je m'appelle Jenny.
J’ai dix-neuf ans. L2 de sociologie à la fac de Nanterre. Jusqu’à il y a peu, j’étais le cliché de la bonne élève : sérieuse, studieuse, discrète. Le genre qu’on ne remarque pas, ou alors seulement quand il s’agit de lever la main pour répondre à une question.
Je bosse à la bibliothèque pendant que les autres vont boire des shooters fluorescents dans un bar crade du centre-ville. Je passe mes week-ends à ficher Foucault, Bourdieu et Elias plutôt qu’à sucer des verres de vodka à la chaîne.
Physiquement, je n’ai rien de la bombe qu’on croise dans les couloirs et qui fait tourner toutes les têtes. Je suis petite — un mètre soixante les bons jours — avec une silhouette encore un peu adolescente : taille fine, hanches discrètes, poitrine modeste mais ferme. Des bras fins, des jambes pâles.
Mon visage est mon atout le plus visible : un ovale doux, des pommettes claires, et surtout mes yeux, bleu clair, presque transparents dans certaines lumières. Ils paraissent plus grands à cause de mes lunettes : une monture fine en métal argenté, discrète, presque scolaire, que je pousse souvent du bout de l’index. Mes cheveux sont blonds, coupés droits aux épaules, souvent attachés à la va-vite avec un élastique noir.
Je vis encore chez ma mère, dans une maison de banlieue un peu trop grande pour nous deux. Elle s’appelle Léa. Belle femme, active, moderne, toujours entre deux stages de yoga et trois rendez-vous Tinder. Une quarantaine d’années qu’elle porte comme on porte un jean parfaitement ajusté : sans effort apparent, avec un côté insolent.
Depuis six mois, elle est en couple avec Alexandre. Un type plutôt cool, divorcé, père de deux garçons. L’un d’eux est plus âgé, et il fout un bordel silencieux dans ma tête. Mais ça, on en reparlera. Le plus jeune, Mathieu, seize ans, vit chez sa mère et ne passe que certains week-ends.
Ma chambre, c’est mon territoire. Quatre murs blanchis, un lit une place avec une couette à licornes que j’ai eue pour mes quatorze ans et que je n’ai jamais osé remplacer. Un bureau recouvert de livres ouverts, de post-its fluo et de câbles qui s’entortillent. Mon ordi reste allumé presque en permanence ; j’y écris mes cours, je regarde des séries, je joue parfois, tard le soir. Des écouteurs traînent sur l’oreiller, emmêlés.
Je ne suis pas vierge. Mais disons… pas loin.
J’ai été “déniaisée” en troisième, un soir où j’avais bu plus que je n’aurais dû. Le coupable ? Un geek du club d’échecs. Quentin, peut-être. Ou Thibault. Je ne sais même plus.
Je me souviens de son t-shirt Pikachu, de ses mains qui tremblaient, de l’odeur de transpiration et de lessive bon marché. Ça a duré cinq minutes. Pas douloureux, juste… chiant. Pas un regard, pas un mot, pas de plaisir. J’ai passé le temps à fixer le plafond en attendant la fin. Je suis rentrée chez moi avec une culotte humide et un goût amer. Fin de l’histoire.
Depuis, j’ai testé deux ou trois choses. Surtout seule. Les vidéos, les caresses furtives, parfois en pensant à quelqu’un, parfois juste pour m’endormir. Mais je suis restée la Jenny sérieuse. La bonne copine. La fille sage qu’on oublie au fond du groupe WhatsApp.
Et puis il y a Bella.
Isabella, de son vrai prénom.
Vingt ans. Brune incendiaire. Une bouche à faire éclater la couture d’un jean trop serré, des yeux verts qui te fixent comme si elle te scannait pour savoir exactement où appuyer. Sa peau est dorée, lisse, et son corps… un chef-d’œuvre. Des seins pleins, ronds, toujours mis en valeur, un cul ferme et haut qui attire les regards comme un aimant. Des jambes fuselées, toujours épilées, toujours prêtes à s’exposer sous une jupe courte ou un short moulant.
On se connaît depuis qu’on a dix ans. École primaire, même rangée, même goûter sur le banc. Très vite, elle est devenue ma meilleure amie, ma sœur de cœur, mon opposée parfaite. Là où je restais assise à lire, elle escaladait les portails pour aller fumer derrière le gymnase. Là où je rougissais si un garçon me parlait, elle avait déjà embrassé la moitié des beaux gosses du collège.
Bella a toujours su que j’étais… différente. Pas coincée, mais prudente. Observatrice. Elle m’a toujours protégée, encouragée, mais aussi testée.
Elle a cette obsession : me “décoincer”.
— Tu vas finir vieille vierge avec ton bac+8, me dit-elle souvent, un sourire en coin. T’as besoin d’un corps contre le tien, d’une bouche, d’une main, d’une queue. Et pas en théorie, Jenny. En pratique.
Elle dit ça en s’asseyant n’importe comment, jambes croisées haut, décolleté en avant, comme si tout son corps était une invitation permanente.
Avec elle, je me sens à la fois en sécurité et en danger. Elle me trouble. Elle m’excite, même si je fais semblant de ne pas m’en rendre compte. Et elle le sait. Ses regards, ses sourires, ses petites touches “innocentes” : un bras qui frôle le mien, sa main qui s’attarde dans le bas de mon dos, ses doigts qui jouent avec mes cheveux.
Bella vit seule, dans un petit deux-pièces qu’elle a décoré façon Instagram : murs blancs, plantes vertes, coussins colorés, guirlandes lumineuses. Elle travaille à mi-temps dans une boutique de fringues et enchaîne les histoires plus ou moins sérieuses. Les mecs, les meufs, parfois les deux en même temps. Elle parle de sexe avec une aisance désarmante, me racontant les détails comme on raconterait une recette de cuisine.
Elle me taquine :
— Un jour, tu te rendras compte que t’as un corps, Jenny. Et ce jour-là, je serai là pour te montrer quoi en faire.
Moi, je ris. Je baisse les yeux. Et parfois, je mouille rien qu’en l’écoutant.
Alors ce que je vais te raconter, ce n’est pas une fiction. C’est mon journal.
Celui de Jenny la sage, la geek, l’étudiante trop sérieuse… celle que Bella a décidé de transformer.
Pas du jour au lendemain. Mais étape par étape.
Elle m’a dit un soir, allongée en travers de mon lit comme si c’était le sien :
— Demain, on sort. Pas un truc de folles, pas de shots de tequila. Juste toi, moi, et un terrain d’entraînement.
Je me suis entendue rire, un peu nerveusement.
— Un terrain d’entraînement ?
— Oui. Un bar. Du bruit, de la lumière, des corps. On va te mettre en situation. Observer, choisir, tester. Comme une expérience de socio, mais appliquée.
Je n’ai pas osé dire non. Je crois que je n’en avais pas envie.
PREMIERS EXERCICES
Le lendemain, je l’ai vue débarquer chez moi, jean noir moulant, bottines à talon, veste courte. Un parfum qui mélangeait le sucré et quelque chose de plus animal. Elle m’a détaillée d’un regard qui disait « je valide » et m’a juste lancé :
— Prends ton sac. Et oublie tes bouquins.
Dans la rue, elle parlait peu. Sa main dans mon dos donnait le tempo, comme si elle me poussait vers une version plus audacieuse de moi-même. On a marché, j’ai senti l’air tiède sur ma nuque, le parfum de Bella se mêler à celui de la ville.
Et puis on est arrivées.
Je pousse la porte du bar derrière Bella et je me laisse avaler par le bourdonnement tiède des conversations. Ça sent la bière froide, le sucre brûlé des cocktails et un peu le cuir des tabourets. Les tables sont serrées, les lumières basses, et je sens déjà la pression douce de sa main dans mon dos, comme un gouvernail invisible. Elle ne dit rien d’abord, elle scrute, puis se penche vers moi — ses cheveux frôlent ma joue.
— Règle numéro un : tu repères. Pas trop longtemps, pas trop vite. Regarde-les vivre, m’entends-je répéter en silence pour mémoriser sa voix.
Je balaie la salle, j’essaie d’appliquer. Un garçon au comptoir, t‑shirt blanc, cheveux bruns mal coiffés, avant-bras nerveux. Il écoute un ami mais son regard court parfois vers la porte. Il voudrait partir ou qu’autre chose arrive. Je sens mon cœur accélérer sans rien faire. Bella sourit, devine.
— Bien. Fixe-le, trois secondes. Détourne. Reviens. Laisse-le se demander si c’est un hasard.
Je m’exécute. Première seconde : j’ai l’impression d’être une voleuse. Deuxième : il me voit. Troisième : mon ventre se serre et j’abandonne d’un coup, un peu trop brusque. Je fixe mon verre d’eau comme si je le connaissais depuis toujours. Bella étouffe un rire.
— Encore. Et quand il te sourit, tu vas au bar. Trouve un prétexte minable, ça marchera.
Je prends mon courage — et mon sac — et je me lève. Mes jambes font semblant d’être naturelles. Au niveau du comptoir, j’entends ma voix plus aiguë que prévu.
— Salut… vous avez du… gingembre frais ?
Le barman hausse les sourcils, le garçon tourne la tête vers moi, sourire en coin.
— Pas ce soir, dit le barman. Mais je peux te râper un zeste de citron vert.
— Ça ira, dis-je sans réfléchir. Je… je prendrai juste une eau gazeuse.
Le garçon glisse une phrase légère, comme si on s’était déjà parlé.
— C’est ambitieux, l’eau gazeuse.
— Et toi, c’est ambitieux, le t‑shirt blanc, je réponds. (Puis je me traite d’idiote dans ma tête.)
Il rit, me demande si je suis du coin. Je réponds trop vite oui, puis je me rattrape d’un sourire. Ma main sur le comptoir tremble un peu. Je sens Bella dans mon dos — pas physiquement, mais comme une présence. Elle a dû se décaler de quelques pas pour observer. Le garçon me propose de trinquer « à l’ambition ». Je lève mon verre ridicule, et le tintement m’ancre. On parle de deux choses simples, j’écoute vraiment, je regarde la façon dont il bouge ses lèvres sur certains mots. Et quand je repars vers notre table, je sens son regard me suivre. Bella m’accueille avec un sourire qui dit « je te l’avais dit » et une phrase qui claque doucement :
— Tu vois ? Tu crées la météo. On rentre. Demain, tu apprends à embrasser.
Je ris, secouée et fière, déjà nue dans le regard de sa pédagogie.
Le lendemain, elle me mène vers un parc où les bancs s’alignent comme des vieilles habitudes. Max est là, s’appuie contre une grille, jean noir, blouson bleu nuit, sourire de garçon qui sait mettre à l’aise sans s’excuser. Il me serre la main, dit mon prénom comme s’il l’avait déjà dit dans des souvenirs à venir. Bella se tient un peu à l’écart, téléphone en métal dans la main, regard clignotant. Elle prend un appel qu’elle n’a pas passé, juste pour me laisser faussement seule.
— Tu stresses ? demande Max.
— Un peu.
— Ça va aller. On va y aller doucement. C’est toi qui décides quand.
On s’assoit. Je m’entends respirer. Le monde se met à niveau : un vélo passe, deux enfants rient plus loin, une femme marche vite, eau dans une gourde. Max se tourne vers moi, rapproche ses genoux des miens. Sa main touche la mienne, pas comme on touche une poignée de porte mais comme on remet en place une mèche. Il me regarde vraiment, comme s’il essayait de lire si je suis prête.
— On essaye ? souffle-t-il.
Je hoche la tête. Il s’approche, ses lèvres trouvent les miennes sans insister, juste un contact. Je découvre à quel point un simple baiser peut être un territoire : la chaleur, la douceur, le moment où d’un coup je ferme les yeux et mes épaules se détendent. Sa langue effleure, timide, puis recule. La mienne suit, encore plus timide. On se sourit dans le baiser. Il se recule de quelques millimètres, reprend, offre un rythme que je comprends. On respire en cadence, et le parc se floute. Pas de feu d’artifice, pas de cinéma, juste une évidence calme qui se met au présent.
Quand il s’éloigne, je découvre que j’ai serré sa manche comme une bouée. Je m’excuse, il rit.
— Parfait, dit-il.
Je jette un coup d’œil vers Bella : son pouce levé est un clap de fin. Elle revient, nous regarde comme un prof satisfait du brouillon d’un élève.
— Ça va ? demande-t-elle.
Je dis oui avec le corps, je dis oui avec les joues en feu, je dis oui avec ce calme neuf dans ma poitrine. Elle me tape doucement sur l’épaule, puis me prend par le bras comme on prend par la taille sans le dire. Le trajet de retour est simple, presque silencieux. Elle ne commente pas. Elle sait que ça infuse.
Chez nous, elle se plante dans ma chambre, s’appuie au chambranle, bras croisés.
— Ce soir, tu t’entraînes seule. Je te laisse trois jouets. Tu prends ton temps. Tu notes ce que tu sens, ce que tu ne sens pas. Tu n’as pas besoin de prouver. (Elle pose une trousse noire sur mon lit.) Le stimulateur, le godemichet, et le plug. Tu n’es pas obligée de tout utiliser. Mais si tu veux, je veux que tu saches quoi en faire.
Elle ouvre la trousse, expose les choses sobrement, sans théâtre : un petit stimulateur clitoridien blanc aux bords doux, un godemichet en silicone lisse, pas trop grand, et un plug anal court, en forme de goutte inversée, avec une base. Elle les nomme sans rien sexualiser, comme on nomme des gestes. Elle vérifie qu’il y a du lubrifiant.
— Si t’as besoin, je suis dans chez moi, tu m'appelles. Mais l’idée, c’est que tu trouves ta voie seule.
Elle part.
Le soir arrivé, je ferme la porte, pas à clé, par réflexe. Les jouets me regardent — non, je les regarde, et je m’entends sourire nerveusement. Je fais glisser mes doigts sur le stimulateur. Il vibre à peine quand j’appuie. Mes cuisses se serrent comme pour dire « on verra ». Je tourne autour de la trousse, j’ouvre la fenêtre d’un cran, l’air de la soirée caresse ma nuque. Je pose le téléphone sur le bureau, par habitude, et là je vois la conversation avec Bella. Une idée jaillit, absurde et logique : et si je demandais à une professionnelle ? Pas pour remplacer Bella, pas pour défier, juste pour franchir une marche sans tomber.
Je tape, je cherche, je tombe sur un site propre, presque clinique, qui propose des sessions privées. Les profils ressemblent à des pages de profs particuliers : présentation, spécialités, avis, créneaux. Mon ventre fait un pli de culpabilité et d’excitation. Je sors la carte d’Alexandre de ma trousse de cours, je la tiens deux secondes comme une pierre chaude. Il me l'avait prêter pour payer mon déjeuner. J’entre les chiffres. Mes doigts tremblent. C’est illégal ? immoral ? Je n’explore pas les réponses. Je clique.
La session se lance plus vite que je ne le croyais. L’écran s’ouvre sur une femme brune, la trentaine, traits nets, une bouche qui sait sourire sans approuver ni juger. Elle porte un haut simple, un col en V qui laisse deviner un soutien-gorge noir. Elle me salue par mon pseudo "Belle", me demande si la connexion est bonne, si je m’entends respirer.
— On va faire simple, dit-elle. Tu m’entends et tu te laisses guider. Si tu veux, tu coupes ton propre retour, que tu ne te vois pas. Tu n’as pas besoin de te regarder. Tu as besoin de te sentir.
Je coupe ma petite fenêtre. Ma tête devient plus légère. Elle me demande où je suis.
— Dans ma chambre, dis-je.
— Tu te sens en sécurité ?
— Oui.
— Bien. Alors on installe un terrain. Pose les jouets sur le lit, en ligne devant toi. Le lubrifiant à gauche, une serviette à portée.
Je m’exécute. Je suis ses instructions avec la docilité d’une élève qui veut bien faire. Bizarrement, je ne me sens pas observée comme à travers un trou de serrure. Je me sens tenue par la voix, comme si elle me mettait une main dans le dos, là où Bella la met d’habitude.
— On commence sans rien. Allonge-toi. Respire. Laisse tes épaules tomber dans le lit. Encore. Voilà. Pose ta main sur ton ventre. Inspire en gonflant, expire en laissant sortir l’air par la bouche. Encore.
Je respire, je dégonfle, je répète, et d’un coup mes jambes cessent de se plaindre. La tension dans la nuque se dénoue. Je ferme les yeux. Elle me demande d’ouvrir la bouche un peu, d’humidifier mes lèvres. C’est étrange et ça me ramène à ma langue, à ma salive.
— Maintenant, glisse ta main sous ton top. Effleure ta peau, pas avec des doigts qui cherchent, avec des doigts qui saluent.
Je souris malgré moi, et je sens la chaleur sous mon nombril se réveiller comme une lampe. Je caresse mon ventre, je contourne mes seins, je frôle les aréoles, je sens mes tétons réagir. Ma respiration se cale sur sa voix.
— Bien. Déboutonne ton jean. Pas parce que c’est l’étape, parce que ça tire.
Je défais le bouton, je fais glisser la fermeture. L’air sur ma peau me fait l’effet d’une réponse. Elle ne se presse pas. Elle m’interdit de me presser. Elle me demande d’écarter un peu les cuisses, d’observer si j’ai déjà envie de presser le bassin contre ma main. C’est oui, timidement.
— Tu vas prendre le petit. Le stimulateur. Allume-le au plus bas. Pose-le dans ta paume sans le coller. Laisse-le vibrer contre ta main, pas encore contre toi.
Je le fais. La vibration court de ma paume à mon poignet. C’est comme apprivoiser un chaton invisible. Elle me dit de le rapprocher de ma cuisse, de sentir la vibration à travers le coton de ma culotte. Je frémis. La pudeur me mord et me quitte dans le même mouvement.
— Si tu veux, enlève ton jean. Si tu veux, garde ta culotte une minute.
Je choisis. Le jean tombe. Je garde la culotte pour l’instant, comme une barrière souple. Je pose le stimulateur sur mon pubis, au-dessus du tissu. La vibration me traverse différemment, plus sourde. Mes hanches veulent bouger. Elle se tait une seconde, écoute mon souffle.
— Tu vas glisser l’autre main sous le tissu et juste écarter un peu. Pas pour toucher, pour respirer là-bas.
Je glisse ma main, je m’offre de l’air, la vibration devient plus précise. Je commence à sentir ce fil électrique qui court du clitoris à mes reins, ce fil autoritaire qui sait me faire perdre le fil de mes pensées.
— Maintenant, enlève la culotte. Doucement, comme si c’était la peau d’une pêche.
Je ris silencieusement et obéis. La pièce se resserre, ou c’est moi qui m’agrandis. Le stimulateur approche, je le pose à côté de mon clitoris, pas dessus. Elle insiste.
— À côté, oui. Tu fais des cercles qui se rapprochent. Tu souffles par la bouche. Tu laisses la mâchoire molle. Tu changes l’angle jusqu’à ce que ton corps dise « là ».
Je cherche, je trouve. « Là ». Ma cuisse gauche tressaille, je le remarque à peine. La vibration devient un langage. Je monte d’un cran en intensité, elle m’arrête.
— Pas encore. Tu es plus proche que tu ne crois. Ralentis pendant dix secondes, puis remonte à peine.
Je compte dans ma tête. Je remonte. La vague prend. Je sens mon ventre se creuser et se tendre. Ma main libre agrippe le drap. Elle me demande si je peux me retenir deux secondes de plus au moment où ça bascule. Je réponds que je ne sais pas. La vibration glisse pile où il faut, et je dis oui en secouant la tête alors que je voulais dire non. L’orgasme me prend en deux injections, l’une qui m’arrache, l’autre qui m’apaise. Je respire fort, je murmure un « oh » qui sonne comme un merci. Je reste immobile, le stimulateur éloigné, posée à côté de moi comme une bête fidèle.
— Bien, souffle-t-elle après un temps. Bois un peu d’eau. Puis, si tu en as envie, on explore la pénétration. Pas pour remplacer ce que tu viens de sentir, pour lui répondre. Tu connaitras cette sensation lors d'un cunnilingus.
Je bois. Mes mains tremblent moins. Le monde a pris une teinte douce. Je saisis le godemichet avec la précaution d’une chose délicate et puissante. Elle me fait ouvrir le lubrifiant, en déposer sur la longueur, en chauffer la matière entre mes doigts.
— Tu ne vas pas chercher profond. Tu vas d’abord te présenter. Juste à l’entrée. Tu respires comme tout à l’heure. Si ton corps dit « attends », tu attends. Si ton corps ouvre, tu avances d’un centimètre.
J’approche. La tête du godemichet rencontre mon sexe encore sensible. Je soupire. Je ne pousse pas. J’autorise. Ça glisse, un peu, un pas. Une micro-résistance se défait. J’entre à peine, mais j’ai l’impression d’avoir trouvé une autre pièce de la maison. Elle me demande ce que je sens. Je cherche des mots : chaud, plein, doux. Elle dit d’écouter si mon périnée veut se contracter ou s’ouvrir. Je découvre que je peux choisir. J’avance encore, un ou deux centimètres. Mon clitoris vibre encore en fantôme. Je fais un léger va-et-vient, j’apprends le tempo. Ma respiration guide le rythme, je lâche ma gorge, et je me surprends à gémir doucement, un son qui me vient de très bas.
— Si tu veux, murmure-t-elle, tu peux reprendre le stimulateur et le poser sur le haut. Très léger. Tu restes à bas niveau.
Je tends la main, je cale le godemichet dans mes doigts, je pose le stimulateur au-dessus. Mon corps répond comme s’il attendait cette double phrase. Ça s’ouvre, ça ondule. Je ne cherche pas l’orgasme, mais il me cherche. Il me rattrape. Moins violent que le premier, plus rond, il se déploie comme un grand cercle qui se referme lentement. Je le laisse me prendre, je souffle, je laisse ma nuque tomber sur l’oreiller.
Je m’accorde un silence. Elle me laisse dans ce silence, pas envahissant, un silence qui respecte. Quand je reviens, elle propose, sans forcer :
— On peut explorer l’autre jouet si tu en as envie. On n’est pas obligées aujourd’hui. Mais si tu veux savoir, on le fera en douceur.
Je regarde le plug. Il ne m’effraie pas vraiment ; il me convoque. J’hésite, je dis « oui », puis je ris de mon « oui » trop rapide. Elle m’explique d’une voix basse, clinique et rassurante : lubrifier bien, encore plus que je crois nécessaire ; commencer par caresser autour, jamais de force ; écouter le moment où le muscle cède par consentement, pas par capitulation. Je m’allonge sur le côté, elle me guide. Je glisse du lubrifiant sur le plug, sur l’entrée de mon petit trou. Je respire. Mes doigts explorent le pourtour, je sens des battements inconnus, une pudeur différente. Je presse un peu, j’arrête, je reviens. Le corps parle en minuscules. Et puis d’un coup, le ton change : ça s’ouvre, simple, et la petite goutte glisse dedans comme un secret qu’on confie. Je reste immobile, le cœur plus fort, une étonnante sensation de « tenir de l’intérieur ».
— Ne bouge pas. Juste accueille. Si tu veux, reprends le godemichet, très peu. Ou pose ta main sur ton ventre. Observe comment ça se répond.
Je pose ma main sur mon ventre d’abord. Le plug devient un point d’ancrage. Je sens mon vagin autrement, comme si le plancher s’épaississait. Je reprends le godemichet, je l’insère tout doucement — je ris presque de la première impression, comme si tout était plus plein, plus à sa place. La moindre pression devient intense, je n’ai pas besoin de beaucoup. Le stimulateur, je le rallume une seconde, je l’effleure, et c’est comme si mon corps disait « merci » en plusieurs langues. La troisième montée est différente : plus profonde, plus lente, plus écrasante, un peu. Je m’abandonne à elle, je la laisse me mouvoir, je ne commande plus.
Quand j’atteins l’orgasme, c’est un plateau qui se fracture en mille morceaux nets. Je m’entends gémir plus fort, je n’ai pas honte, le son me traverse et m’allège. Je sens mes muscles danser, puis se relâcher. Je retire le godemichet avec précaution, je caresse le bas de mon ventre, je respire. Le plug reste en place un moment, comme pour dire au revoir. Je le retire doucement aussi, et la sensation de vide est presque tendre. Je souris, essoufflée, surprise par mes propres larmes — pas de tristesse, de décompression.
— Parfait, dit la voix. Tu as très bien écouté. Bois, respire, et reste allongée quelques minutes. N’écris rien maintenant. Tu raconteras plus tard, si tu veux.
Je hoche la tête. Elle me demande si je veux parler. Je dis non d’un signe, pas encore, mais merci. Elle m’offre un dernier conseil : ne pas juger les prochaines heures, ne pas me brusquer, dormir si je peux, manger quelque chose de simple. Sa voix demeure dans la chambre quand l’écran s’éteint, une douceur de ligne claire.
Je reste là, bras ouverts, comme une nageuse sur le dos. Les jouets posés autour de moi, sages. Je me sens un peu coupable pour la carte d’Alexandre, puis la culpabilité se dissout dans la reconnaissance : je viens d’apprendre une langue que je parlais mal. La fenêtre laisse entrer un courant tiède. Je me redresse, je bois, je range avec soin — je lave, j’essuie, je remets tout dans la trousse de Bella, avec une précision presque cérémonielle.
Ma chambre est silencieuse. Je sais que Bella voudra tout savoir. Je remets ma culotte, un t‑shirt, je passe une main dans mes cheveux.
Mon regard tombe sur la banane oubliée sur le bureau, jaune presque doré dans la lumière qui finit. " Il faudrat que tu t'entraînes à sucer la banane". Je souris, malgré moi. Mes lèvres se souviennent du rythme de Max, mes mains, de la voix de la professionnelle, et mon ventre des sextoys. Je ne touche pas la banane. Pas encore. Je garde cette pensée dans ma bouche comme un bonbon qui fond lentement. Ce soir, je garde le secret au chaud. Demain, j’écrirai à Bella. Demain, je m’entraînerai encore, peut-être avec une banane, peut-être avec quelqu'un. Ce soir, je sais juste que quelque chose a changé, pas à pas, regard par regard, baiser par baiser, vibration par vibration. Je souffle, je ferme la lampe, je m’allonge sur le lit frais, et je laisse mon corps parler seul dans l’obscurité.
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