Témoignage d’une corde (Chapitre 4)
Récit érotique écrit par Artman [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 06-05-2012 dans la catégorie Dominants et dominés
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Témoignage d’une corde (Chapitre 4)
Témoignage d’une corde (Chapitre 4)
De profundis
Comment vous restituer cette rencontre ? J’en ai la capacité étant bien supérieure en de nombreux points à une simple corde vocale. Les maux ne me manquent pas davantage. J’ai pourtant été déroutée comme eux l’ont été de leur destin initial.
Au gré de leurs rencontres, ils s’étaient découverts, ils s’étaient apprivoisés. De leur intimité est née une force qui les a mieux armés contre les vilaines facéties dont la vie a le sinistre secret.
On avançait dans une amusante histoire de domination et voilà que nous chavirons dans la tragédie froide et banale du quotidien. Nous étions dans le confort impersonnel d’une chambre avec salon quand ce renversement s’est produit.
Un mobilier néo-empire jurait avec une décoration propre mais dépourvue d’originalité. Le soleil d’un avril ambitieux perçait les tentures, criant la fougue d’un printemps vindicatif. Assis l’un près de l’autre sur ce canapé sans âme, je l’ai entendue lui expliquer d’une voix contenue combien elle avait besoin de lui, à quel point il était devenu pour elle le Maître de la dernière chance. Les déboires de ses dernières rencontres avec des dominants de pacotille n’avaient, malheureusement, rien de surprenant. La domination par l’avilissement de la soumise ne grandit personne et une fois le fond de l’impasse rapidement atteint, la rupture est la seule issue. Lui, incarnait la négation de ses échecs antérieurs. Elle avait aimé sa patience à son égard. Il avait su prendre le temps de l’écouter et de la comprendre avant de lui proposer de progresser ensemble. Elle avait conscience d’être devenue une équipière. Elle avait son rôle dans la trajectoire qu’ils décrivaient – et que je vous décris de mon mieux – ensemble. Non, vraiment, elle trouvait qu’il s’était présenté à elle au bon moment, celui où elle allait rendre les armes autant que les larmes car persuadée que les rencontres ne pouvaient lui amener que déconvenues (je n’aurais pas la grossièreté de l’écrire autrement) et remords. Pourtant, elle souffrait.
Situation qui aurait dû la satisfaire, en regard de son tempérament quelque peu masochiste, mais qui la bouleversait profondément. À son corps défendant, elle avait fait une autre rencontre indésirable, potentiellement bien plus dangereuse. Elle, dont la soumission ne pouvait être niée, ne pouvait se résoudre à être dominée par la maladie. Elle pensait avoir vaincu ce cancer sournois lorsqu’une prise de sang improvisée signala la récidive du mal. La lutte s’annonçait inégale, l’effet de surprise n’était pas en sa faveur et elle savait ce qu’il pouvait advenir d’elle dans cet ultime combat. Ce cancer, dont elle avait fêté le trépas quelques mois auparavant, redonnait signe de mort plus que de vie.
La maladie reprenait ses droits sur son corps, lui confisquant injustement les siens, la menaçant d’une déchéance soudaine, lui octroyant de ne vivre les plaisirs qu’au gré de l’humeur despotique du mal. Les perspectives données par les traitements n’offraient pas d’embellie, au moins dans l’immédiat car le remède devait être à la hauteur de la maladie et son corps subissait maintenant la double agression du mal et de son traitement. L’un et l’autre faisaient fi de son bien-être qu’elle ne croyait pas si précaire.
Elle en était là de ses confidences, de l’aveu de ses peurs et de son amour aussi fort que vain pour lui, ce Maître inespéré et ô combien réconfortant. Les mains posées sur ses épaules et son regard dans le sien embué, il lui proposa de continuer d’être pour elle le dominant dont elle avait viscéralement besoin. Même si la fragilité actuelle de son corps méritait quelques aménagements. La pire des attitudes serait une compassion mièvre qui bannirait la pratique de leurs jeux anticonformistes. Il l’invita à faire un pied de nez à la morosité, à faire la nique au crabe destructeur en lui interdisant au moins de gagner par anticipation, en ne démissionnant pas dès la manifestation des premiers symptômes ; l’heure fatidique arriverait toujours suffisamment tôt. Ces paroles la libérèrent et elle ne ressentit pas comme moi, quel effort il dut accomplir sur lui-même pour reprendre l’initiative dans un combat pour lequel il se sentait absolument désarmé. Il occulta son regard avec le loup aveugle et l’entraîna dans la salle d’eau en la guidant avec attention.
Il se chargea de la dévêtir lentement avant de l’asseoir sur une chaise. Avec une fine cordelette que je ne connaissais pas, il lui attacha les poignets dans le dos. Puis, deux sangles de cuir vinrent fixer ses chevilles aux pieds de la chaise, ce qui est somme toute, assez commun, la proximité des chevilles et des pieds n’étant plus à démontrer.
Il lui murmura son plaisir de la voir ainsi offerte à sa contemplation alors qu’il prendrait sa douche. Un doux sourire lui répondit montrant une confiance entière. Quelques instants plus tard, finissant de se vêtir pour libérer sa soumise, il promena lentement son pénis en érection sur les seins et le visage de la captive. Le geste était lent et doux et, elle comme moi, ressentions un bien-être comparable à celui perçu par un skieur matinal traçant ses méandres harmonieuses sur des pistes vierges couvertes d’une fine poudreuse.
À voir les mains prisonnières se contorsionner et le rythme de la respiration s’accélérer, il était certain que cette initiation réveillait une envie encore préservée des aléas de la maladie. Le passage sur la bouche fut furtif, le pénis refusant d’être ainsi prématurément avalé. Déçue, la prisonnière menaça avec humour de mordre si une nouvelle tentative survenait. Face à des menaces aussi lourdes, que pour ma part j’aurais sévèrement punies, il décida de la détacher pour la guider sous la douche où il entreprit de la laver consciencieusement en la laissant dans sa cécité artificielle. Les mains promenaient le savon au gré de ses courbes. Elles effectuèrent un parcours systématique ne négligeant aucun recoin ou zone prétendument interdite. Sa peau demeurait lisse et soyeuse même si quelques poils naissants reprenaient possession de son pubis. Son dos et ses épaules lui plurent tout particulièrement. Il retrouvait la forme apaisante des collines que l’on veut gravir. La texture de la peau paraissait plus fine à l’aplomb des omoplates dont on devinait la forme. Les cheveux étaient plus secs, traduisant l’impact de la nocivité des traitements. Il rinçait ce corps qu’il lui semblait découvrir lorsqu’elle lui fit part de son vertige. Le mieux aurait été de l’attacher et j’aurais pu m’y employer derechef au risque de me mouiller mais il préféra l’aider à sortir de la douche. Il la fit asseoir pour la sécher vigoureusement. Elle lui demanda la permission d’ôter son masque, ce qui lui fut accordé en même temps qu’il lui servit un verre d’eau. Rassuré sur son état, il la laissa achever sa préparation seule dans la salle d’eau tandis qu’il arrangeait la pièce principale à sa convenance.
Elle le rejoignit en se blottissant dans ses bras. Ils restèrent immobiles, à savourer l’instant, à se respirer en voulant se souvenir longtemps du bien-être simple qui pouvait les envahir ainsi. La calinothérapie reste à redécouvrir : nos habitudes dites civilisées ont effacé de nos mœurs ce besoin que nous avons tous de littéralement nous embrasser. Mon désespoir de corde est d’être dépourvue de bras. Pourquoi ne suis-je pas une déclinaison du mille pattes dans la famille des cordes ? Ni l’un, ni l’autre ne prêtèrent la moindre attention à ma question laissée en suspens car il avait décidé qu’il était désormais temps de renouer avec nous, les cordes.
Il lui appliqua de nouveau le masque puis la fit s’agenouiller sur le coussin déposé à même le sol. Ses mains furent ensuite ligotées dans le dos avec la cordelette. A cet instant, il aurait aimé qu’elle fût capable de prononcer un serment d’allégeance digne de leurs engagements mais il ne se sentit pas le droit de marquer son exigence par une autorité appuyée d’une bonne fessée. Nouvelle faiblesse qui le détrônera de son rôle pensais-je avec mépris. Il approcha la chaise et lui fit basculer le torse sur l’assise, épousée copieusement par ses seins. Le dos apparu dans sa blancheur fragile. La tête inclinée sur le côté la disposait en une position de sacrifice qui ne pouvait qu’émouvoir.
De ses doigts longs et fins, il la caressa pour la réconforter. Mais elle ne partageait pas ses funestes pensées. Elle s’en remettait à lui et, curieusement, un vide apaisant l’emplissait. Sa demande d’écarter les cuisses fut satisfaite et nous pouvions découvrir une intimité déjà marquée par l’envie.
Il accru l’ouverture de son sillon fessier et laissa glisser sa main rassurante. Au passage sur sa vulve exposée, ses doigts rencontrèrent la cyprine qui émergeait déjà telle une source au milieu du désert. Il appliqua le rosebud sur le clitoris qui, bien que ferme, ne pouvait rivaliser avec la dureté de l’acier massif. Quelques passages en glissade et déjà la bouche traduisait les difficultés à contenir un plaisir croissant. Le bijou intime méritait d’être réchauffé aussi le mit-il au four en l’introduisant aisément dans le vagin. Enfoncé dans son intégralité à lui et dans son intimité à elle, l’objet ne se laissait remarquer que par la chainette émergeant des petites lèvres.
En référence à une conversation antérieure inaboutie, il l’interrogea sur sa perception de la sodomie. Ses idées ne trouvaient pas les mots pour les contenir et sa réponse évasive s’est évanouie dans un profond gémissement dépourvu d’ambigüité tandis que l’index masculin lui aussi s’évanouissait dans une nature profonde, chaude et accueillante. Il joua peu de son intrusion et remplaça rapidement son doigt par le bouton de rose très satisfait d’être logé à si bonne enseigne.
Il s’absenta le temps de se laver les mains pour ensuite la ligoter selon un cérémonial désormais connu de tous et pour lequel j’emportai le rôle principal. Il compléta son œuvre en liant fermement les cuisses entre-elles avec la vieille corde adoucie par ses expériences. Elle vint rejoindre les mains déjà liées qui furent alors privées de toute liberté.
Lui ayant demandé de se présenter avec un bouquet d’orties fraîchement cueillies, il l’interrogea sur l’emplacement de la fourniture requise. Sur les indications timorées de la prisonnière, il sortit du sac de voyage deux pauvres orties impubères, flétries et dépourvues du moindre piquant. Comment proposer une flagellation sérieuse avec de tels accessoires ? Il contint son courroux dans un nouvel élan de mansuétude déplacé mais elle, sentant bien qu’elle abusait, l’invita à découvrir un sac cadeau de couleur grise.
Son ouverture lui révéla la présence d’un splendide martinet noir et rose pourvu de ses quarante fines lanières de cuir souple qu’il lui fallait expérimenter sans délai. Les fesses furent mises les premières à contribution. Les cuisses ne restèrent pas épargnées longtemps et, venant devant elle, les épaules, les bras et les seins, qu’elle lui avait indiqués comme douloureux en ce moment, découvrirent vite la sensation particulière du passage hâtif des lanières. Les sensations éprouvées pouvaient varier selon l’amplitude du geste appliqué. Une frappe molle et un déplacement glissé sur le corps provoquant une excitation langoureuse alors qu’un mouvement plus sec, marqué par la rotation du poignet, avivait une douleur initiée cérébralement.
Elle connaissait mieux que lui ce qu’elle aimait endurer. Encore une fois, il voulait être progressif alors qu’elle attendait impatiemment de retrouver des sensations plus vives qui soient les résurgences d’un passé lointain qui la hantait toujours. Ces derniers temps, elle avait été dominée mais surtout par le regret de ne plus être corrigée comme elle avait pu l’être avec son premier Maître. Elle aurait aimé lui dire mais elle ne savait comment exprimer son attente.
Désormais, il devenait plus strict car il voulait voir dans l’expression de sa bouche s’il atteignait sans le dépasser le niveau qu’elle attendait. Ce coup sur la partie inférieure du sein gauche lui arracha un cri involontaire mais particulièrement expressif. Elle aurait voulu crier, se libérer du mal qu’elle portait, s’affranchir de ses peurs et qu’il continue de la frapper avec vigueur mais il s’arrêta. La fréquentation de l’hôtel n’étant pas compatible avec ce genre d’incantations, il dut se résoudre à différer cette pratique alternative à la fessée ou la cravache. J’aurai tant voulu lui dire qu’il se trompait, qu’ils en étaient aux prémices et qu’il fallait me saisir et m’utiliser comme un fouet. Je me serai mise en quatre pour eux…
En l’examinant, il s’aperçut de la fatigue qui la submergeait une nouvelle fois. Il la libéra à regret et lui proposa une pause afin qu’elle se ménage dans la durée de leur rendez-vous clandestin.
En forme de réciprocité, elle lui proposa de le masser. Il lui était plus facile de s’exprimer manuellement, à l’abris de son regard. Ses mains huilées parcouraient son dos dévêtu. Elles inspectaient discrètement le trajet des muscles, leurs insertions, l’alignement du squelette et décelaient immanquablement des points douloureux qu’il n’aurait su localiser précisément auparavant. Les nœuds sont le chapelet de notre existence : celui-ci traduit la crainte exagérée de l’échec, cet autre son besoin de reconnaissance et celui-là plus simplement son asymétrie de droitier. Ses secrets auraient été écrits en braille sur son épiderme qu’elle ne les aurait pas mieux lus. Elle lui démontra, s’il en était encore besoin, une sensibilité fine et sincère. Elle voyait en lui par ses mains mais avait l’intelligence de rester discrète. Il sentait qu’elle savait mais qu’elle n’avait pas besoin de tout exprimer pour autant. Appréciant sa retenue, il l’accrut en la plaçant subitement sous lui et en attachant ses membres au lit avec la corde de sisal.
Il entreprit alors un massage de son clitoris et de sa vulve qui appelèrent sans retenue une pénétration forte et autoritaire. Ils se livraient ainsi à un hymne à la vie, leurs corps se livrant à un véritable exorcisme voulant chasser l’ensorcèlement de la maladie et de ses affres. Son pénis ressentait la présence mitoyenne du rosebud et elle, littéralement comblée, parvint dans un ultime effort à lui demander le droit de jouir. L’autorisation accordée, les vagues du plaisir les submergèrent immédiatement.
Elle revenait de la salle d’eau quand elle fut surprise de le voir habillé de nouveau. Elle pensait se blottir contre lui, laissant leurs épidermes en contact et se livrer à quelques confidences d’amants exténués mais, manifestement, il avait d’autres intentions. La nuit tombait, l’air frais pénétrait la pièce.
Il lui demanda d’attendre ainsi la fin de ses travaux préparatoires. Nue, elle le regardait placer des sangles aux quatre coins de la porte de la salle d’eau qu’il referma. Quatre boucles apparurent, formant les attaches d’une croix de Saint-André improvisée. Il enduisit alors la boule respectable du crochet de gel et lui demanda de s’introduire le crochet devant lui. Écartant les jambes et en légère flexion, elle s’exécuta ; il put constater l’aisance avec laquelle elle apprivoisait ce crochet si redoutable en apparence. Il me noua à l’extrémité visible du crochet par un nœud de tête d’alouette et chacun de mes deux brins vinrent sur ses épaules. Il la plaça ensuite dos à la porte et entreprit de nouer ses membres aux sangles dépassant de l’embrasure. Il me fit entourer ses seins généreux par l’extérieur et repassant chaque brin dessous ma partie descendant ses épaules. Jaugeant le serrage afin que sa poitrine fut mise en exergue sans causer d’inconfort insupportable, il fit aller chaque brin dans le dos afin qu’ils se croisent avant de revenir ceindre son abdowoman (c’est presque le même que pour hommes) et de les laisser glisser entre ses cuisses et son sexe. Il attacha les extrémités à ses membres inférieurs avant de revenir vers elle avec une bougie allumée. Elle cherchait à rencontrer son regard alors qu’il faisait tomber les premières gouttes sur ses seins proéminents. Elle pinça ses lèvres, ses yeux se fermèrent et sa tête partie lentement à l’arrière droite. Elle appréciait cette sensation forte et douce à la fois où la cire trop chaude heurtait ses mamelons puis, avec le refroidissement, la délicate encapsulation de la cire et l’appréhension de la nouvelle goute qui pointait déjà. Simultanément, son autre main prit soin de son clitoris exposé. Elle aurait voulu pouvoir resserrer ses cuisses, elle aurait aimé que la pression des doigts soit plus forte mais ses liens l’en empêchèrent. Elle subissait son offrande et ma présence gênait sa jouissance physique tout en accroissant le plaisir ressenti.
Il poursuivit en jouant de son corps comme d’un instrument. La combinaison de la cire et de ses caresses faisait vibrer une corde sensible en elle. Ses gémissements mélodieux emplissaient la pièce au gré des voluptueux allers et retours entre le sommet de son clitoris, l’entrée de son vagin et le crochet auquel je m’accrochais. Elle se contorsionnait. Elle voulait ses mains larges, sa bouche aimante, son souffle puissant, ses bras vigoureux mais elle était condamnée par ses liens à devoir composer entre ses envies et le traitement qu’il lui prodiguait. Elle se glissa dans l’offrande de son corps et s’évanouit une fois encore dans un plaisir raffiné. A ce moment là, la maladie était oubliée.
Artman
Récit déposé ne pouvant faire l’objet d’une utilisation ou d’une reprise, partielle ou totale, pour une utilisation lucrative ou gracieuse, sans l’accord express de l’auteur référencé ici sous le pseudonyme d’Artman.
De profundis
Comment vous restituer cette rencontre ? J’en ai la capacité étant bien supérieure en de nombreux points à une simple corde vocale. Les maux ne me manquent pas davantage. J’ai pourtant été déroutée comme eux l’ont été de leur destin initial.
Au gré de leurs rencontres, ils s’étaient découverts, ils s’étaient apprivoisés. De leur intimité est née une force qui les a mieux armés contre les vilaines facéties dont la vie a le sinistre secret.
On avançait dans une amusante histoire de domination et voilà que nous chavirons dans la tragédie froide et banale du quotidien. Nous étions dans le confort impersonnel d’une chambre avec salon quand ce renversement s’est produit.
Un mobilier néo-empire jurait avec une décoration propre mais dépourvue d’originalité. Le soleil d’un avril ambitieux perçait les tentures, criant la fougue d’un printemps vindicatif. Assis l’un près de l’autre sur ce canapé sans âme, je l’ai entendue lui expliquer d’une voix contenue combien elle avait besoin de lui, à quel point il était devenu pour elle le Maître de la dernière chance. Les déboires de ses dernières rencontres avec des dominants de pacotille n’avaient, malheureusement, rien de surprenant. La domination par l’avilissement de la soumise ne grandit personne et une fois le fond de l’impasse rapidement atteint, la rupture est la seule issue. Lui, incarnait la négation de ses échecs antérieurs. Elle avait aimé sa patience à son égard. Il avait su prendre le temps de l’écouter et de la comprendre avant de lui proposer de progresser ensemble. Elle avait conscience d’être devenue une équipière. Elle avait son rôle dans la trajectoire qu’ils décrivaient – et que je vous décris de mon mieux – ensemble. Non, vraiment, elle trouvait qu’il s’était présenté à elle au bon moment, celui où elle allait rendre les armes autant que les larmes car persuadée que les rencontres ne pouvaient lui amener que déconvenues (je n’aurais pas la grossièreté de l’écrire autrement) et remords. Pourtant, elle souffrait.
Situation qui aurait dû la satisfaire, en regard de son tempérament quelque peu masochiste, mais qui la bouleversait profondément. À son corps défendant, elle avait fait une autre rencontre indésirable, potentiellement bien plus dangereuse. Elle, dont la soumission ne pouvait être niée, ne pouvait se résoudre à être dominée par la maladie. Elle pensait avoir vaincu ce cancer sournois lorsqu’une prise de sang improvisée signala la récidive du mal. La lutte s’annonçait inégale, l’effet de surprise n’était pas en sa faveur et elle savait ce qu’il pouvait advenir d’elle dans cet ultime combat. Ce cancer, dont elle avait fêté le trépas quelques mois auparavant, redonnait signe de mort plus que de vie.
La maladie reprenait ses droits sur son corps, lui confisquant injustement les siens, la menaçant d’une déchéance soudaine, lui octroyant de ne vivre les plaisirs qu’au gré de l’humeur despotique du mal. Les perspectives données par les traitements n’offraient pas d’embellie, au moins dans l’immédiat car le remède devait être à la hauteur de la maladie et son corps subissait maintenant la double agression du mal et de son traitement. L’un et l’autre faisaient fi de son bien-être qu’elle ne croyait pas si précaire.
Elle en était là de ses confidences, de l’aveu de ses peurs et de son amour aussi fort que vain pour lui, ce Maître inespéré et ô combien réconfortant. Les mains posées sur ses épaules et son regard dans le sien embué, il lui proposa de continuer d’être pour elle le dominant dont elle avait viscéralement besoin. Même si la fragilité actuelle de son corps méritait quelques aménagements. La pire des attitudes serait une compassion mièvre qui bannirait la pratique de leurs jeux anticonformistes. Il l’invita à faire un pied de nez à la morosité, à faire la nique au crabe destructeur en lui interdisant au moins de gagner par anticipation, en ne démissionnant pas dès la manifestation des premiers symptômes ; l’heure fatidique arriverait toujours suffisamment tôt. Ces paroles la libérèrent et elle ne ressentit pas comme moi, quel effort il dut accomplir sur lui-même pour reprendre l’initiative dans un combat pour lequel il se sentait absolument désarmé. Il occulta son regard avec le loup aveugle et l’entraîna dans la salle d’eau en la guidant avec attention.
Il se chargea de la dévêtir lentement avant de l’asseoir sur une chaise. Avec une fine cordelette que je ne connaissais pas, il lui attacha les poignets dans le dos. Puis, deux sangles de cuir vinrent fixer ses chevilles aux pieds de la chaise, ce qui est somme toute, assez commun, la proximité des chevilles et des pieds n’étant plus à démontrer.
Il lui murmura son plaisir de la voir ainsi offerte à sa contemplation alors qu’il prendrait sa douche. Un doux sourire lui répondit montrant une confiance entière. Quelques instants plus tard, finissant de se vêtir pour libérer sa soumise, il promena lentement son pénis en érection sur les seins et le visage de la captive. Le geste était lent et doux et, elle comme moi, ressentions un bien-être comparable à celui perçu par un skieur matinal traçant ses méandres harmonieuses sur des pistes vierges couvertes d’une fine poudreuse.
À voir les mains prisonnières se contorsionner et le rythme de la respiration s’accélérer, il était certain que cette initiation réveillait une envie encore préservée des aléas de la maladie. Le passage sur la bouche fut furtif, le pénis refusant d’être ainsi prématurément avalé. Déçue, la prisonnière menaça avec humour de mordre si une nouvelle tentative survenait. Face à des menaces aussi lourdes, que pour ma part j’aurais sévèrement punies, il décida de la détacher pour la guider sous la douche où il entreprit de la laver consciencieusement en la laissant dans sa cécité artificielle. Les mains promenaient le savon au gré de ses courbes. Elles effectuèrent un parcours systématique ne négligeant aucun recoin ou zone prétendument interdite. Sa peau demeurait lisse et soyeuse même si quelques poils naissants reprenaient possession de son pubis. Son dos et ses épaules lui plurent tout particulièrement. Il retrouvait la forme apaisante des collines que l’on veut gravir. La texture de la peau paraissait plus fine à l’aplomb des omoplates dont on devinait la forme. Les cheveux étaient plus secs, traduisant l’impact de la nocivité des traitements. Il rinçait ce corps qu’il lui semblait découvrir lorsqu’elle lui fit part de son vertige. Le mieux aurait été de l’attacher et j’aurais pu m’y employer derechef au risque de me mouiller mais il préféra l’aider à sortir de la douche. Il la fit asseoir pour la sécher vigoureusement. Elle lui demanda la permission d’ôter son masque, ce qui lui fut accordé en même temps qu’il lui servit un verre d’eau. Rassuré sur son état, il la laissa achever sa préparation seule dans la salle d’eau tandis qu’il arrangeait la pièce principale à sa convenance.
Elle le rejoignit en se blottissant dans ses bras. Ils restèrent immobiles, à savourer l’instant, à se respirer en voulant se souvenir longtemps du bien-être simple qui pouvait les envahir ainsi. La calinothérapie reste à redécouvrir : nos habitudes dites civilisées ont effacé de nos mœurs ce besoin que nous avons tous de littéralement nous embrasser. Mon désespoir de corde est d’être dépourvue de bras. Pourquoi ne suis-je pas une déclinaison du mille pattes dans la famille des cordes ? Ni l’un, ni l’autre ne prêtèrent la moindre attention à ma question laissée en suspens car il avait décidé qu’il était désormais temps de renouer avec nous, les cordes.
Il lui appliqua de nouveau le masque puis la fit s’agenouiller sur le coussin déposé à même le sol. Ses mains furent ensuite ligotées dans le dos avec la cordelette. A cet instant, il aurait aimé qu’elle fût capable de prononcer un serment d’allégeance digne de leurs engagements mais il ne se sentit pas le droit de marquer son exigence par une autorité appuyée d’une bonne fessée. Nouvelle faiblesse qui le détrônera de son rôle pensais-je avec mépris. Il approcha la chaise et lui fit basculer le torse sur l’assise, épousée copieusement par ses seins. Le dos apparu dans sa blancheur fragile. La tête inclinée sur le côté la disposait en une position de sacrifice qui ne pouvait qu’émouvoir.
De ses doigts longs et fins, il la caressa pour la réconforter. Mais elle ne partageait pas ses funestes pensées. Elle s’en remettait à lui et, curieusement, un vide apaisant l’emplissait. Sa demande d’écarter les cuisses fut satisfaite et nous pouvions découvrir une intimité déjà marquée par l’envie.
Il accru l’ouverture de son sillon fessier et laissa glisser sa main rassurante. Au passage sur sa vulve exposée, ses doigts rencontrèrent la cyprine qui émergeait déjà telle une source au milieu du désert. Il appliqua le rosebud sur le clitoris qui, bien que ferme, ne pouvait rivaliser avec la dureté de l’acier massif. Quelques passages en glissade et déjà la bouche traduisait les difficultés à contenir un plaisir croissant. Le bijou intime méritait d’être réchauffé aussi le mit-il au four en l’introduisant aisément dans le vagin. Enfoncé dans son intégralité à lui et dans son intimité à elle, l’objet ne se laissait remarquer que par la chainette émergeant des petites lèvres.
En référence à une conversation antérieure inaboutie, il l’interrogea sur sa perception de la sodomie. Ses idées ne trouvaient pas les mots pour les contenir et sa réponse évasive s’est évanouie dans un profond gémissement dépourvu d’ambigüité tandis que l’index masculin lui aussi s’évanouissait dans une nature profonde, chaude et accueillante. Il joua peu de son intrusion et remplaça rapidement son doigt par le bouton de rose très satisfait d’être logé à si bonne enseigne.
Il s’absenta le temps de se laver les mains pour ensuite la ligoter selon un cérémonial désormais connu de tous et pour lequel j’emportai le rôle principal. Il compléta son œuvre en liant fermement les cuisses entre-elles avec la vieille corde adoucie par ses expériences. Elle vint rejoindre les mains déjà liées qui furent alors privées de toute liberté.
Lui ayant demandé de se présenter avec un bouquet d’orties fraîchement cueillies, il l’interrogea sur l’emplacement de la fourniture requise. Sur les indications timorées de la prisonnière, il sortit du sac de voyage deux pauvres orties impubères, flétries et dépourvues du moindre piquant. Comment proposer une flagellation sérieuse avec de tels accessoires ? Il contint son courroux dans un nouvel élan de mansuétude déplacé mais elle, sentant bien qu’elle abusait, l’invita à découvrir un sac cadeau de couleur grise.
Son ouverture lui révéla la présence d’un splendide martinet noir et rose pourvu de ses quarante fines lanières de cuir souple qu’il lui fallait expérimenter sans délai. Les fesses furent mises les premières à contribution. Les cuisses ne restèrent pas épargnées longtemps et, venant devant elle, les épaules, les bras et les seins, qu’elle lui avait indiqués comme douloureux en ce moment, découvrirent vite la sensation particulière du passage hâtif des lanières. Les sensations éprouvées pouvaient varier selon l’amplitude du geste appliqué. Une frappe molle et un déplacement glissé sur le corps provoquant une excitation langoureuse alors qu’un mouvement plus sec, marqué par la rotation du poignet, avivait une douleur initiée cérébralement.
Elle connaissait mieux que lui ce qu’elle aimait endurer. Encore une fois, il voulait être progressif alors qu’elle attendait impatiemment de retrouver des sensations plus vives qui soient les résurgences d’un passé lointain qui la hantait toujours. Ces derniers temps, elle avait été dominée mais surtout par le regret de ne plus être corrigée comme elle avait pu l’être avec son premier Maître. Elle aurait aimé lui dire mais elle ne savait comment exprimer son attente.
Désormais, il devenait plus strict car il voulait voir dans l’expression de sa bouche s’il atteignait sans le dépasser le niveau qu’elle attendait. Ce coup sur la partie inférieure du sein gauche lui arracha un cri involontaire mais particulièrement expressif. Elle aurait voulu crier, se libérer du mal qu’elle portait, s’affranchir de ses peurs et qu’il continue de la frapper avec vigueur mais il s’arrêta. La fréquentation de l’hôtel n’étant pas compatible avec ce genre d’incantations, il dut se résoudre à différer cette pratique alternative à la fessée ou la cravache. J’aurai tant voulu lui dire qu’il se trompait, qu’ils en étaient aux prémices et qu’il fallait me saisir et m’utiliser comme un fouet. Je me serai mise en quatre pour eux…
En l’examinant, il s’aperçut de la fatigue qui la submergeait une nouvelle fois. Il la libéra à regret et lui proposa une pause afin qu’elle se ménage dans la durée de leur rendez-vous clandestin.
En forme de réciprocité, elle lui proposa de le masser. Il lui était plus facile de s’exprimer manuellement, à l’abris de son regard. Ses mains huilées parcouraient son dos dévêtu. Elles inspectaient discrètement le trajet des muscles, leurs insertions, l’alignement du squelette et décelaient immanquablement des points douloureux qu’il n’aurait su localiser précisément auparavant. Les nœuds sont le chapelet de notre existence : celui-ci traduit la crainte exagérée de l’échec, cet autre son besoin de reconnaissance et celui-là plus simplement son asymétrie de droitier. Ses secrets auraient été écrits en braille sur son épiderme qu’elle ne les aurait pas mieux lus. Elle lui démontra, s’il en était encore besoin, une sensibilité fine et sincère. Elle voyait en lui par ses mains mais avait l’intelligence de rester discrète. Il sentait qu’elle savait mais qu’elle n’avait pas besoin de tout exprimer pour autant. Appréciant sa retenue, il l’accrut en la plaçant subitement sous lui et en attachant ses membres au lit avec la corde de sisal.
Il entreprit alors un massage de son clitoris et de sa vulve qui appelèrent sans retenue une pénétration forte et autoritaire. Ils se livraient ainsi à un hymne à la vie, leurs corps se livrant à un véritable exorcisme voulant chasser l’ensorcèlement de la maladie et de ses affres. Son pénis ressentait la présence mitoyenne du rosebud et elle, littéralement comblée, parvint dans un ultime effort à lui demander le droit de jouir. L’autorisation accordée, les vagues du plaisir les submergèrent immédiatement.
Elle revenait de la salle d’eau quand elle fut surprise de le voir habillé de nouveau. Elle pensait se blottir contre lui, laissant leurs épidermes en contact et se livrer à quelques confidences d’amants exténués mais, manifestement, il avait d’autres intentions. La nuit tombait, l’air frais pénétrait la pièce.
Il lui demanda d’attendre ainsi la fin de ses travaux préparatoires. Nue, elle le regardait placer des sangles aux quatre coins de la porte de la salle d’eau qu’il referma. Quatre boucles apparurent, formant les attaches d’une croix de Saint-André improvisée. Il enduisit alors la boule respectable du crochet de gel et lui demanda de s’introduire le crochet devant lui. Écartant les jambes et en légère flexion, elle s’exécuta ; il put constater l’aisance avec laquelle elle apprivoisait ce crochet si redoutable en apparence. Il me noua à l’extrémité visible du crochet par un nœud de tête d’alouette et chacun de mes deux brins vinrent sur ses épaules. Il la plaça ensuite dos à la porte et entreprit de nouer ses membres aux sangles dépassant de l’embrasure. Il me fit entourer ses seins généreux par l’extérieur et repassant chaque brin dessous ma partie descendant ses épaules. Jaugeant le serrage afin que sa poitrine fut mise en exergue sans causer d’inconfort insupportable, il fit aller chaque brin dans le dos afin qu’ils se croisent avant de revenir ceindre son abdowoman (c’est presque le même que pour hommes) et de les laisser glisser entre ses cuisses et son sexe. Il attacha les extrémités à ses membres inférieurs avant de revenir vers elle avec une bougie allumée. Elle cherchait à rencontrer son regard alors qu’il faisait tomber les premières gouttes sur ses seins proéminents. Elle pinça ses lèvres, ses yeux se fermèrent et sa tête partie lentement à l’arrière droite. Elle appréciait cette sensation forte et douce à la fois où la cire trop chaude heurtait ses mamelons puis, avec le refroidissement, la délicate encapsulation de la cire et l’appréhension de la nouvelle goute qui pointait déjà. Simultanément, son autre main prit soin de son clitoris exposé. Elle aurait voulu pouvoir resserrer ses cuisses, elle aurait aimé que la pression des doigts soit plus forte mais ses liens l’en empêchèrent. Elle subissait son offrande et ma présence gênait sa jouissance physique tout en accroissant le plaisir ressenti.
Il poursuivit en jouant de son corps comme d’un instrument. La combinaison de la cire et de ses caresses faisait vibrer une corde sensible en elle. Ses gémissements mélodieux emplissaient la pièce au gré des voluptueux allers et retours entre le sommet de son clitoris, l’entrée de son vagin et le crochet auquel je m’accrochais. Elle se contorsionnait. Elle voulait ses mains larges, sa bouche aimante, son souffle puissant, ses bras vigoureux mais elle était condamnée par ses liens à devoir composer entre ses envies et le traitement qu’il lui prodiguait. Elle se glissa dans l’offrande de son corps et s’évanouit une fois encore dans un plaisir raffiné. A ce moment là, la maladie était oubliée.
Artman
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