VELOUR NOIR

Récit érotique écrit par Miss_Sexcret [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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VELOUR NOIR
VELOUR NOIR
Kiev, juin 2020
Après le Covid, plus rien n’était pareil. L’épicerie où je bossais avait réduit ses horaires, puis ses effectifs, et finalement, elle n’avait plus besoin de moi. Quant aux ménages, je ne supportais plus l’idée de plier des draps pour des inconnus qui me regardaient à peine. J’avais besoin d’autre chose. De quelque chose à moi. De stabilité, peut-être. Ou de pouvoir.
La solution est arrivée d’une façon presque banale : notre voisine, Irina, une grande blonde sèche et bavarde, qui fumait toujours à sa fenêtre en peignoir. Elle m’a parlé d’un poste dans une boutique de lingerie. « Je connais la gérante, une amie de jeunesse, elle cherche quelqu’un de jeune, de jolie, de vive. Toi. » Elle avait déjà pris rendez-vous pour moi, sans même me demander.
Je n’avais rien à perdre.
La boutique s’appelait Velours Noir.
Nid discret de soie et de parfums, elle se cache dans une ruelle du vieux Kiev, à deux pas de la place Bessarabska, entre un fleuriste hors de prix et un salon de thé rempli de femmes seules qui attendent on ne sait trop quoi. Derrière la vitrine tamisée, le monde bascule : murs sombres, miroirs biseautés, mannequins lascifs en guêpières et odeur de musc vanillé. L’endroit a quelque chose de sacré. Comme un confessionnal pour fantasmes.
La gérante, Aliona Pavlovna, est une apparition à elle seule : la cinquantaine arrogante, perchée sur des Louboutin trop rouges, du parfum Guerlain à outrance, et des cheveux laqués comme un casque. Elle passe parfois le matin, fait claquer ses talons sur le carrelage noir, balance un soupir dramatique et me lance d’une voix trop rauque :
— Kristina, ma chérie… Tu gères. Moi, je vais au spa.
Et je gère. Seule. Tout le temps.
Et j’adore ça.
J’aime la lingerie. Vraiment.
Pas seulement pour la porter. Pour ce qu’elle dit.
La mousseline qui effleure. La dentelle qui gratte juste assez. Le satin qui promet.
Chaque pièce est un langage. Un code secret entre corps et regards.
Quand j’ouvre une cabine d’essayage et que je tends un porte-jarretelles, je ne vends pas du tissu.
Je vends du pouvoir.
Les clientes ?
Certaines sont curieuses, émerveillées. Elles me regardent comme une prêtresse, une sorcière. D’autres, plus âgées, froncent à peine les lèvres. Elles me scrutent, sentent que je suis à l’aise. Trop à l’aise. Dans mon corps. Dans leur désir.
Et ça les dérange.
Parfois l’une me demande :
— Il n’y a pas quelqu’un d’un peu plus expérimenté ? Vous êtes… jeune.
Je souris. Toujours.
Mais dans ma tête, je la vois nue, gênée, ridicule, pendant que son mari me regarde en silence, hypnotisé par ma nuque que j’incline en rangeant un cintre.
Les hommes ?
Ah, les hommes…
Certains entrent comme on entre dans une église, la honte dans les poches et le vice dans les yeux. D’autres, arrogants, commandent pour leur femme, leur maîtresse, leur assistante — toujours une « surprise ».
Mais lui…
Il est arrivé un mercredi après-midi.
Costume bleu nuit. Épaules taillées au scalpel. Cheveux poivre et sel, peau mate, une montre qui coûtait plus que ma voiture. Il ne regardait pas les vitrines. Il me regardait, moi. Avec calme. Avec précision.
Un collectionneur.
— Je cherche un ensemble pour ma secrétaire. Elle est fine. Je crois qu’elle fait à peu près votre taille.
Il avait une voix basse, lente.
Pas de vulgarité. Juste… une attente.
Je me suis approchée, sans ciller.
— Vous cherchez quelque chose de… classique ? Ou un peu plus suggestif ?
Il ne répondait pas. Il me suivait des yeux.
Je lui ai tendu trois ensembles : un noir profond, presque austère. Un rouge vif, insolent. Un nude transparent, à peine là.
Il les effleure à peine, puis désigne le rouge :
— Celui-là. Mais j’aimerais le voir porté.
J’ai marqué un temps d’arrêt.
Mon cœur a sauté un battement. Puis j’ai levé le menton.
— Je peux l’essayer, si vous voulez. Pour que vous voyiez le tombé.
Dans la cabine, je me suis déshabillée lentement.
Chaque geste avait un goût d’interdit.
Le soutien-gorge rouge dessinait mes seins comme une offrande.
La culotte haute moulait mon ventre, mes hanches.
Le porte-jarretelles claquait contre mes cuisses comme une promesse.
Je me suis regardée.
Et j’ai su que j’étais sublime.
Le rideau entrouvert.
Un pas. Puis deux.
Je me suis montrée. Partiellement. Assez pour capturer son regard.
Il ne bougeait pas. Mais ses yeux… ses yeux étaient des mains.
Alors j’ai tourné. Lentement.
J’ai cambré. Juste ce qu’il fallait.
Je l’ai senti respirer plus vite.
— C’est très… professionnel, n’est-ce pas ? ai-je murmuré.
Il a glissé la main dans sa poche. Sorti une liasse de billets. Posée sur le comptoir.
— Gardez la tenue. Elle vous va mieux qu’à elle.
Et il est parti.
Pas un mot de plus.
Pas un regard en arrière.
Je suis restée seule, dans le silence feutré de Velours Noir.
Mes cuisses étaient humides. Mes tétons tendus sous la dentelle.
Le désir flottait encore dans l’air, comme une fumée invisible.
J’ai réajusté la bretelle.
Et j’ai souri.
Pas pour lui.
Pour moi.
Les jours ont passé. L’homme au costume bleu n’est jamais revenu.
Il m’avait laissé une empreinte. Invisible. Électrique.
Mais la vie continue. Et Velours Noir ne manque pas de visiteurs singuliers.
Un midi d’hiver, alors que je m’apprêtais à baisser le rideau pour ma pause, la clochette a tinté doucement.
Un homme âgé venait d’entrer.
Il ne parlait pas. Pas tout de suite. Il déambulait à pas lents, presque cérémonieux, entre les rayons. Il frôlait les porte-jarretelles du bout des doigts, palpait les soutiens-gorges comme on touche les pages d’un vieux livre.
Je l’ai observé, intriguée.
Il portait une veste en laine anthracite, un pantalon de flanelle impeccable, et une écharpe beige nouée avec soin. Son visage était creusé mais lumineux, comme s’il avait connu mille vies. Une odeur subtile flottait autour de lui : cire ancienne, savon d’antan, et un fond animal, troublant.
— Je suis désolé d’interrompre votre fermeture, dit-il enfin, avec une voix douce, basse, presque chantante.
— Je m’appelle Grigori D. Professeur de piano. J’habite juste à côté, dans l’immeuble d’angle.
Il m’expliqua, avec une pudeur touchante, qu’il venait ici depuis des années, avec sa femme.
— Nous avions nos rituels… C’était notre manière d’entretenir l’amour. Du jeu. Du frisson. Un corset, un collant, un soupir… Elle aimait ça. Et moi aussi.
Ses yeux se sont voilés un instant.
— Elle est partie l’année dernière avec les premières victimes du Covid. Depuis, je viens de temps en temps. C’est idiot peut-être, mais... ça me fait du bien.
Je n’ai pas répondu. Je l’ai laissé rester.
Il ne gênait pas. Il semblait flotter.
Dès lors, Monsieur Grigori, comme je l’appelais, est revenu tous les mercredis, juste avant la fermeture. Toujours ponctuel. Toujours soigné. Toujours respectueux.
Je le laissais faire.
Toucher. Regarder. Rêver.
Je savais ce qu’il faisait.
Je l’ai surpris, une fois, le regard fiévreux, une vieille culotte froissée entre les mains. Il la portait à son visage, la reniflait, doucement, avec une ferveur douloureuse. Je n’ai rien dit. Je crois que c’était celle de sa femme.
Il ne me regardait pas comme les autres hommes.
Il me contemplait. Avec lenteur. Avec gratitude.
Comme une muse qui aurait accepté de rester.
Un mercredi, il est arrivé un peu plus tôt.
Ses yeux brillaient d’une excitation enfantine.
— J’aimerais acheter quelque chose… pour une élève, dit-il en caressant une dentelle noire du bout des ongles.
— Elle a 21 ans. Elle vient chez moi deux fois par semaine. Une perle. Timide. Et sans un sou. On a… un arrangement.
Il s’arrête. Me regarde droit dans les yeux.
— Elle joue du piano en sous-vêtements. Pour moi. C’est notre accord. Je la regarde. Je me touche. Mais on ne se touche pas. C’est très clair.
Il dit cela sans honte. Presque avec tendresse.
Un aveu tranquille. Désarmant.
— Elle est petite, fragile. Mais ce petit cul… mais une paire de seins généreux. Une merveille. J’aimerais lui offrir un ensemble. Blanc. Élégant. Pas vulgaire. Juste… ce qu’il faut pour bander sans trembler.
Il frôle un ensemble, soutien-gorge, string et porte-jarretelles ivoire suspendu devant lui. Le tissu semble s’attendrir sous ses doigts.
Je m’approche. Lentement.
Je sais ce que je fais. Et je sais ce que ça lui fait.
— Vous voulez qu’on vérifie la taille ensemble ?
— Elle fait à peu près ma taille en bas, vous dites ? Vous voulez le voir sur moi ? Pour le haut un 95D devrait aller d’après ce que vous me dite.
Ses yeux s’allument. Il hoche la tête.
— Vous seriez… parfaite.
Je prends l’ensemble. Je disparais dans la cabine.
Pas de protège culotte. Juste la peau, le tissu, le désir.
Quand j’ouvre doucement le rideau, il est là. Assis sur le petit tabouret. Les jambes serrées. Les mains posées avec soin sur ses genoux.
Il me regarde. Sa bouche s’entrouvre.
Je m’avance. Le corps habité.
— Alors, Monsieur Grigori ? Pour votre élève, ça irait ?
Il ne répond pas. Il respire fort. Il sort la vieille culotte de sa femme, l’approche de son visage, la respire profondément.
Puis… il descend sa main. Ouvre sa braguette. Son sexe surgit, veineux, étonnamment dur. Il glisse la culotte dessus. Il commence à se branler dedans. Lentement.
Je ne dis rien.
Je m’assieds, jambes croisées. Puis je les décroise. Ma chatte nue brille légèrement sous le tissu tendu et transparent.
Je le regarde. Fixement.
— Elle joue quoi ? Du Mozart ? Du Chopin ?
— Et vous, pendant ce temps ? Vous vous branlez comme ça ? Comme maintenant ?
Il halète. Ses doigts accélèrent. Je sens son regard me dévorer.
Je me lève. Je me retourne.
Je me penche en avant, les fesses vers lui. Le string s’ouvre un peu entre mes jambes.
— Vous voyez bien, n’est-ce pas ? J’imagine votre élève là, juste là, debout. Et vous sur le canapé…
Je me redresse lentement. Me retourne.
Je glisse deux doigts contre ma culotte. Mon clitoris est dur. Je suis trempée. Je veux qu’il le voie. Qu’il le sente.
Il gémit. Une plainte presque muette. Et puis il jouit.
Silencieusement. Lentement. Avec intensité.
Son sperme s’étale dans la culotte de sa femme, imbibée comme une offrande retournée.
Je m’approche. Je retire la mienne. La plie. Et je la lui tends.
— Tenez. Celle-ci est plus fraîche.
Il la prend. Il la sent. Puis il la lèche.
Ses yeux brillent de reconnaissance. D’extase.
Depuis ce jour, Monsieur Grigori revient chaque mercredi.
Parfois, on parle. Il me raconte Ania. Ou d’autres.
Parfois, je ferme la boutique. Je baisse le rideau.
Et je lui offre un moment. Un fantasme. Une scène.
Je suis sa pianiste du silence.
Et lui, mon vieil auditeur fidèle. Qui bande encore. Qui jouit encore.
Parce qu’au fond, Velours Noir, ce n’est pas une boutique.
C’est un théâtre.
Un vendredi pluvieux, le ciel suintait comme une vieille blessure. Le trottoir brillait sous les lampadaires, et les gouttes tombaient avec une régularité d’horloge. Il était un peu plus de neuf heures. Je venais à peine d’ouvrir la boutique. L’odeur du musc et des soies encore endormie.
La clochette a tinté. Faiblement. Comme si elle hésitait.
Monsieur Grigori est entré.
Il était trempé. Sa veste de laine collait à ses épaules amaigries, ses cheveux gouttaient encore, mais il ne semblait pas sentir la pluie. Son visage était blême, creusé par l’angoisse ou par quelque chose de plus profond. Ses mains tremblaient, presque imperceptiblement, comme des feuilles sous le vent.
Je tournais le dos, penchée sur la caisse que je mettais à jour. Mais je l’ai reconnu. À ses pas. Toujours feutrés. Toujours flottants. Comme un chat fatigué revenu mourir là où il a vécu.
Il s’est assis. Sans un mot. Sur le petit fauteuil en velours bordeaux près des cabines. Une silhouette absurde dans cette boutique silencieuse, dégoulinant sur le carrelage noir comme un spectre malheureux.
Je me suis retournée.
Il avait sorti une enveloppe. Épaisse. De celles qui contiennent autre chose que du papier. Fermée d’un simple trombone doré. Sa main la caressait, comme s’il hésitait à la tendre. Comme si elle brûlait.
— Eh bien, que se passe-t-il, Monsieur Grigori ? Nous ne sommes pas mercredi. Et qu’est-ce que c’est que cette enveloppe ? ai-je demandé d’une voix douce mais ferme.
Il a levé les yeux vers moi. Des yeux fatigués, mais allumés par une lueur étrange. Dérangeante.
— Je sais… que financièrement, ce n’est pas simple pour vous. Avec votre frère à charge… alors… je voudrais vous proposer quelque chose. Rien d’obligatoire. Rien que vous ne puissiez refuser.
Un silence s’est installé. Je n’ai pas bougé.
Et il a parlé. Lentement. Hésitant parfois. Mais avec une précision chirurgicale.
Il m’a dit qu’il voulait… aller plus loin avec son élève. Ania. Qu’elle, de son côté, semblait vouloir lui faire plaisir, mais qu’elle était ignorante. Nue de toute expérience. Et que lui, avec son âge et ses désirs intacts, avait pensé à moi.
— Vous avez de l’expérience, vous… une manière d’être… de bouger… de comprendre ce qu’un homme attend. Ce qu’il espère.
Il a baissé la voix. Comme s’il récitait une prière.
— Je voudrais que vous veniez chez moi. Que vous lui montriez. Comment me toucher. Comment me donner du plaisir. L’art du striptease… de la caresse… de la bouche. Juste… l’initier. Lui faire comprendre que le corps est un instrument, et le désir, une musique.
Il marqua une pause. Puis, presque honteux :
— J’ai retrouvé des jouets… ceux de ma femme. Au fond d’une armoire. Je pourrais les nettoyer. Les désinfecter. Ils pourraient servir… à l’éduquer. À l’ouvrir.
Il n’y avait aucune arrogance dans sa voix. Juste une sincérité brute. Une demande nue. Troublante.
L’enveloppe était posée sur la table basse. Lourde. Pleine. D’argent ? D’espoir ? D’un fantasme empaqueté ?
Je n’ai rien dit, d’abord.
Je l’ai regardé.
Cet homme aux doigts tremblants. Au cœur ravagé de solitude. À la queue encore capable de désirer.
Et j’ai senti quelque chose en moi frémir. Pas de l’indignation. Pas du jugement.
Une curiosité.
Une forme étrange de pouvoir.
L’appartement de Monsieur Grigori était tel que je l’avais imaginé : vaste, feutré, discret. Meubles anciens, tapis persans, un piano à queue noir lustré comme un cercueil ouvert. Une lumière dorée filtrait à travers de lourds rideaux couleur crème. L’endroit sentait la cire, le cuir et le silence.
Il m’accueillit en peignoir. Long, en soie bleu nuit, ceinturé avec soin. Il portait des chaussons noirs, rigides, presque militaires. Ses cheveux étaient encore humides, coiffés en arrière, et son regard — plus que jamais — fixait Ania.
Elle était là, debout, face à moi. Petite, nerveuse. Une jeune femme géorgienne, au visage doux, les joues encore pleines de l’adolescence, les cils longs comme des ombres. Elle évitait de croiser son regard. Et le mien. Ses bras croisés sur sa poitrine volumineuse, qu’elle cherchait à dissimuler derrière une veste trop large.
— Vous êtes très jolie, Ania, murmurai-je en m’approchant d’elle. Et ce que vous allez apprendre ce soir… ce n’est pas de la vulgarité. C’est un art. Un don.
Je lui pris doucement la main.
— Viens. On va t’habiller.
Nous avons disparu dans la salle de bains. Une pièce étroite, aux murs tapissés de carreaux blancs et de reflets de miroir. J’ai sorti l’ensemble rouge de son papier de soie : soutien-gorge à balconnet, string ajouré, porte-jarretelles satiné. Une tenue conçue pour frapper. Pour électriser.
Ania rougit en la touchant du bout des doigts.
— C’est trop…
— Non. C’est juste ce qu’il faut.
Je l’aidai à se déshabiller. Elle gardait les yeux baissés, obéissante mais tremblante. Sous sa chemise, son corps était une surprise : minuscule, presque frêle, mais avec des seins lourds, haut perchés, fermes et sensibles. Un contraste troublant. Sa peau était d’une blancheur fragile, veinée de bleu pâle.
Je lui attachai le soutien-gorge. Il contenait à peine sa poitrine. Je la vis frissonner sous mes mains. Le string, minuscule, soulignait ses fesses rondes et serrées. Le porte-jarretelles complétait l’ensemble avec une audace presque scandaleuse.
— Regarde-toi, soufflai-je en la tournant vers le miroir. Regarde ce que tu es.
Elle leva les yeux. Et se vit. Une ombre de stupeur passa sur son visage. Comme si, soudain, elle prenait conscience de son propre pouvoir.
— Viens. Il t’attend.
Nous sommes revenues dans le salon. Grigori s’était installé dans un large fauteuil en cuir, les jambes croisées, les mains jointes. Son peignoir entrouvert laissait entrevoir sa poitrine fine, glabre, et une raideur discrète entre ses cuisses.
Quand il vit Ania, il ne dit rien. Il la regarda. Comme un mélomane face à une partition vierge.
Je me plaçai derrière elle. Mes mains sur ses hanches.
— Détends-toi. Laisse-toi faire. Écoute ton corps.
Je lui glissai à l’oreille quelques mots. Puis je fis glisser une bretelle. Lentement. La droite. Puis la gauche. Le soutien-gorge tomba à ses pieds, dévoilant ses seins généreux, gonflés d’émotion et d’inconfort. Ses tétons étaient déjà durs, tendus par le froid ou l’attente.
Je me mis à genoux. Je fis glisser le string. Sa toison était fine, discrète. Elle serra les cuisses, par réflexe. Je les écartai doucement.
— Respire. Tu es belle. Il te regarde. Il t’aime déjà.
Je me relevai. Puis je m’agenouillai devant Grigori.
— Montre-lui, Ania. Approche-toi.
Elle avança. Hésitante. Tremblante.
Je dénouai lentement le peignoir de Grigori.
Son sexe était là. Épais, nu, dressé. Un sexe d’homme âgé, veiné, mais encore vivant. Prêt.
Je posai une main sur sa cuisse. L’autre sur celui d’Ania.
— Regarde. Sens. Imite.
Je le pris dans ma bouche. Une lenteur méthodique. Une tendresse. Je le suçai avec soin, avec ferveur, pendant qu’Ania, fascinée, observait mes mouvements, mes gestes, ma langue.
Puis je me décalai.
— À toi.
Elle approcha sa bouche. Hésitante. Ouvrit les lèvres. Le toucha du bout de la langue. Puis s’y engagea. Maladroite d’abord, puis un peu plus sûre. Je guidai sa main. Ses mouvements.
Grigori fermait les yeux. Son souffle s’alourdissait.
Je vins me placer derrière Ania. Je la soutenais, la caressais, l’encourageais. Ma main glissa entre ses cuisses. Elle gémit, la bouche encore pleine. Elle avait la fente en feu.
Nous étions là. Trois corps. Trois âges. Trois solitudes qui se touchaient.
Ania était à genoux entre les jambes de Grigori, ses doigts tremblants effleurant son sexe dressé. Elle respirait vite, les joues en feu, le regard embué d’un mélange de crainte et d’excitation. Elle jeta un regard vers moi, perdue.
Accroupis à ses côtés, nue sous mon manteau entrouvert, je la dirigeais avec tendresse.
— Doucement, Ania… Commence par la base. Ta langue est ton meilleur outil. Un baiser d’abord, comme s’il était en porcelaine. Puis tu le prends, petit à petit.
Je la vis obéir. Avec application. Elle embrassa la hampe chaude et tendue, puis laissa glisser sa langue sur toute sa longueur. Grigori soupira. Son corps se détendit sous l’attention.
— Voilà… maintenant tu l’engloutis. Pas trop vite. Utilise tes lèvres, ta salive. Laisse-le sentir que tu es là pour lui.
Elle ouvrit la bouche. Son geste était maladroit, mais elle s’appliquait. Je la vis fermer les yeux, se concentrer sur la sensation de puissance, de soumission volontaire. Elle s’adapta, ajusta la pression. Le sexe de Grigori brillait de salive, palpitant entre ses lèvres.
— Très bien, chuchotai-je. Maintenant, les couilles. Elles aiment qu’on s’y attarde. Tu peux les lécher. Les aspirer. Avec respect… et gourmandise.
Ania descendit lentement. Sa langue caressa les testicules pendants. Elle les prit dans sa bouche, un à un, avec douceur, pendant que sa main continuait à caresser la hampe.
Grigori laissait échapper de petits gémissements. Ses mains tremblaient sur l’accoudoir. Il était emporté. Présent. Offert.
Je m’agenouillai derrière Ania. Je la fis redresser. Son buste magnifique s’érigea dans la lumière dorée de la lampe. Sa poitrine généreuse se soulevait au rythme de son souffle.
— Serre-le entre tes seins. Voilà. Comme ça. Tu peux l’enduire de salive, ou de lubrifiant… moi, j’ai toujours préféré le naturel.
Je crachai doucement sur la verge et guidai ses seins autour. Le sexe glissa entre les deux masses tendres. Je tenais sa poitrine et l’aidai à effectuer un va-et-vient lent. Sensuel. Irrésistible.
— Tu sens ? Il adore ça. Il t’adore.
Ania laissa échapper un petit rire, gêné, mais fièrement complice. Elle prit le rythme, trouvant son mouvement, sa cadence. Grigori haletait, la tête renversée. Sa main libre serrait un coussin comme une bouée.
Je me relevai. Mon sexe était brûlant, gonflé d’un désir muet. Je m’assis sur le canapé d’en face, jambes écartées, doigts déjà à l’œuvre. Je les regardais. Fascinée.
Je me sentais étrangement apaisée. Présente. Une chaleur me gagnait, plus douce qu’à l’ordinaire. Cette scène n’était pas un jeu de domination. C’était une offrande. Une transmission. Une rencontre.
Et dans ma tête, furtivement, le visage de Viktor traversa ma mémoire. Il y a quelques mois, c’était lui qui me dirigeait, m’ordonnais. Ou que je subissais. Mais ici… ici, tout était clair. Ici, c’était pour le bien. Pour l’union de deux solitudes.
Je rouvris les yeux.
— Ania… il est prêt. C’est à toi de décider. Si tu veux aller jusqu’au bout.
Elle hocha la tête, sans un mot. Elle se leva. Sa nudité tremblait, mais son regard était assuré. Elle grimpa sur Grigori, enfourcha ses hanches. Elle guida son sexe contre elle. Un soupir échappa de ses lèvres lorsqu’il glissa en elle.
Lentement, elle commença à bouger. Un balancement doux, sensuel. Ses mains sur son torse, ses cheveux sur son visage. Grigori gémit, les mains sur ses hanches. Il la regardait comme un homme regarde un miracle.
Je me caressais plus vite. Mon clitoris battait sous mes doigts. Mon ventre se contractait de plaisir. Leurs gémissements me traversaient comme une vague.
Puis Grigori grogna. Son bassin se souleva. Il la saisit par la taille, la fit basculer en arrière, juste à temps. Son sexe jaillit entre ses seins. Une giclée chaude éclaboussa sa poitrine, son cou, sa bouche entrouverte.
Ania rit, un rire de surprise et de triomphe.
Je me levai, lentement. Je m’approchai. Je l’embrassai sur les lèvres. Nos langues se rencontrèrent, mêlées au goût salé du plaisir.
— Tu vois, soufflai-je. Tu es parfaite.
Elle ferma les yeux.
Et Grigori, haletant, murmurait des mots que nous n’écoutions plus.
Depuis cette nuit-là, Monsieur Grigori ne vient presque plus à la boutique.
Il me manque un peu, parfois. Sa silhouette flottante, ses silences pleins de soupirs, ses doigts tremblants sur la dentelle ancienne. Mais je sais où il est. Je sais pourquoi il ne franchit plus la porte de Velours Noir les mercredis.
Ania s’est installée chez lui.
Il l’a accueillie comme on installe un vase rare dans une vitrine. Elle habite désormais l’aile sud de son appartement, près du piano, là où le soleil de l’après-midi dore les rideaux. Elle joue encore, parfois, mais plus toujours en sous-vêtements. Parfois nue. Parfois couverte de sperme et de rires.
Je reçois de temps en temps un message. Une photo floue. Un remerciement implicite. Un clin d’œil numérique, comme un soupir retenu.
Et il m’a confié, dernièrement, qu’ils attendaient quelqu’un.
La petite sœur d’Ania.
Elle a dix-neuf ans. Elle arrive de Tbilissi dans une semaine. "Une perle, paraît-il", m’a-t-il soufflé avec une joie difficile à contenir. "Une autre timide. Une autre beauté."
Ses yeux brillaient.
Le vieux cochon.
Mais il bande encore.
Et au fond… il rend ces jeunes femmes heureuses, à sa manière. À sa lente, patiente, perverse manière.
Et moi, je veille de loin.
Parce que Velours Noir, ce n’est pas juste une boutique.
C’est une passerelle.
Entre les fantasmes… et la réalité.
(à suivre)
Pas là juste pour les jolies photos...
Tu l'as lue ? alors lâche un mot, un avis, un claque ou un frisson. Merci
Kiev, juin 2020
Après le Covid, plus rien n’était pareil. L’épicerie où je bossais avait réduit ses horaires, puis ses effectifs, et finalement, elle n’avait plus besoin de moi. Quant aux ménages, je ne supportais plus l’idée de plier des draps pour des inconnus qui me regardaient à peine. J’avais besoin d’autre chose. De quelque chose à moi. De stabilité, peut-être. Ou de pouvoir.
La solution est arrivée d’une façon presque banale : notre voisine, Irina, une grande blonde sèche et bavarde, qui fumait toujours à sa fenêtre en peignoir. Elle m’a parlé d’un poste dans une boutique de lingerie. « Je connais la gérante, une amie de jeunesse, elle cherche quelqu’un de jeune, de jolie, de vive. Toi. » Elle avait déjà pris rendez-vous pour moi, sans même me demander.
Je n’avais rien à perdre.
La boutique s’appelait Velours Noir.
Nid discret de soie et de parfums, elle se cache dans une ruelle du vieux Kiev, à deux pas de la place Bessarabska, entre un fleuriste hors de prix et un salon de thé rempli de femmes seules qui attendent on ne sait trop quoi. Derrière la vitrine tamisée, le monde bascule : murs sombres, miroirs biseautés, mannequins lascifs en guêpières et odeur de musc vanillé. L’endroit a quelque chose de sacré. Comme un confessionnal pour fantasmes.
La gérante, Aliona Pavlovna, est une apparition à elle seule : la cinquantaine arrogante, perchée sur des Louboutin trop rouges, du parfum Guerlain à outrance, et des cheveux laqués comme un casque. Elle passe parfois le matin, fait claquer ses talons sur le carrelage noir, balance un soupir dramatique et me lance d’une voix trop rauque :
— Kristina, ma chérie… Tu gères. Moi, je vais au spa.
Et je gère. Seule. Tout le temps.
Et j’adore ça.
J’aime la lingerie. Vraiment.
Pas seulement pour la porter. Pour ce qu’elle dit.
La mousseline qui effleure. La dentelle qui gratte juste assez. Le satin qui promet.
Chaque pièce est un langage. Un code secret entre corps et regards.
Quand j’ouvre une cabine d’essayage et que je tends un porte-jarretelles, je ne vends pas du tissu.
Je vends du pouvoir.
Les clientes ?
Certaines sont curieuses, émerveillées. Elles me regardent comme une prêtresse, une sorcière. D’autres, plus âgées, froncent à peine les lèvres. Elles me scrutent, sentent que je suis à l’aise. Trop à l’aise. Dans mon corps. Dans leur désir.
Et ça les dérange.
Parfois l’une me demande :
— Il n’y a pas quelqu’un d’un peu plus expérimenté ? Vous êtes… jeune.
Je souris. Toujours.
Mais dans ma tête, je la vois nue, gênée, ridicule, pendant que son mari me regarde en silence, hypnotisé par ma nuque que j’incline en rangeant un cintre.
Les hommes ?
Ah, les hommes…
Certains entrent comme on entre dans une église, la honte dans les poches et le vice dans les yeux. D’autres, arrogants, commandent pour leur femme, leur maîtresse, leur assistante — toujours une « surprise ».
Mais lui…
Il est arrivé un mercredi après-midi.
Costume bleu nuit. Épaules taillées au scalpel. Cheveux poivre et sel, peau mate, une montre qui coûtait plus que ma voiture. Il ne regardait pas les vitrines. Il me regardait, moi. Avec calme. Avec précision.
Un collectionneur.
— Je cherche un ensemble pour ma secrétaire. Elle est fine. Je crois qu’elle fait à peu près votre taille.
Il avait une voix basse, lente.
Pas de vulgarité. Juste… une attente.
Je me suis approchée, sans ciller.
— Vous cherchez quelque chose de… classique ? Ou un peu plus suggestif ?
Il ne répondait pas. Il me suivait des yeux.
Je lui ai tendu trois ensembles : un noir profond, presque austère. Un rouge vif, insolent. Un nude transparent, à peine là.
Il les effleure à peine, puis désigne le rouge :
— Celui-là. Mais j’aimerais le voir porté.
J’ai marqué un temps d’arrêt.
Mon cœur a sauté un battement. Puis j’ai levé le menton.
— Je peux l’essayer, si vous voulez. Pour que vous voyiez le tombé.
Dans la cabine, je me suis déshabillée lentement.
Chaque geste avait un goût d’interdit.
Le soutien-gorge rouge dessinait mes seins comme une offrande.
La culotte haute moulait mon ventre, mes hanches.
Le porte-jarretelles claquait contre mes cuisses comme une promesse.
Je me suis regardée.
Et j’ai su que j’étais sublime.
Le rideau entrouvert.
Un pas. Puis deux.
Je me suis montrée. Partiellement. Assez pour capturer son regard.
Il ne bougeait pas. Mais ses yeux… ses yeux étaient des mains.
Alors j’ai tourné. Lentement.
J’ai cambré. Juste ce qu’il fallait.
Je l’ai senti respirer plus vite.
— C’est très… professionnel, n’est-ce pas ? ai-je murmuré.
Il a glissé la main dans sa poche. Sorti une liasse de billets. Posée sur le comptoir.
— Gardez la tenue. Elle vous va mieux qu’à elle.
Et il est parti.
Pas un mot de plus.
Pas un regard en arrière.
Je suis restée seule, dans le silence feutré de Velours Noir.
Mes cuisses étaient humides. Mes tétons tendus sous la dentelle.
Le désir flottait encore dans l’air, comme une fumée invisible.
J’ai réajusté la bretelle.
Et j’ai souri.
Pas pour lui.
Pour moi.
Les jours ont passé. L’homme au costume bleu n’est jamais revenu.
Il m’avait laissé une empreinte. Invisible. Électrique.
Mais la vie continue. Et Velours Noir ne manque pas de visiteurs singuliers.
Un midi d’hiver, alors que je m’apprêtais à baisser le rideau pour ma pause, la clochette a tinté doucement.
Un homme âgé venait d’entrer.
Il ne parlait pas. Pas tout de suite. Il déambulait à pas lents, presque cérémonieux, entre les rayons. Il frôlait les porte-jarretelles du bout des doigts, palpait les soutiens-gorges comme on touche les pages d’un vieux livre.
Je l’ai observé, intriguée.
Il portait une veste en laine anthracite, un pantalon de flanelle impeccable, et une écharpe beige nouée avec soin. Son visage était creusé mais lumineux, comme s’il avait connu mille vies. Une odeur subtile flottait autour de lui : cire ancienne, savon d’antan, et un fond animal, troublant.
— Je suis désolé d’interrompre votre fermeture, dit-il enfin, avec une voix douce, basse, presque chantante.
— Je m’appelle Grigori D. Professeur de piano. J’habite juste à côté, dans l’immeuble d’angle.
Il m’expliqua, avec une pudeur touchante, qu’il venait ici depuis des années, avec sa femme.
— Nous avions nos rituels… C’était notre manière d’entretenir l’amour. Du jeu. Du frisson. Un corset, un collant, un soupir… Elle aimait ça. Et moi aussi.
Ses yeux se sont voilés un instant.
— Elle est partie l’année dernière avec les premières victimes du Covid. Depuis, je viens de temps en temps. C’est idiot peut-être, mais... ça me fait du bien.
Je n’ai pas répondu. Je l’ai laissé rester.
Il ne gênait pas. Il semblait flotter.
Dès lors, Monsieur Grigori, comme je l’appelais, est revenu tous les mercredis, juste avant la fermeture. Toujours ponctuel. Toujours soigné. Toujours respectueux.
Je le laissais faire.
Toucher. Regarder. Rêver.
Je savais ce qu’il faisait.
Je l’ai surpris, une fois, le regard fiévreux, une vieille culotte froissée entre les mains. Il la portait à son visage, la reniflait, doucement, avec une ferveur douloureuse. Je n’ai rien dit. Je crois que c’était celle de sa femme.
Il ne me regardait pas comme les autres hommes.
Il me contemplait. Avec lenteur. Avec gratitude.
Comme une muse qui aurait accepté de rester.
Un mercredi, il est arrivé un peu plus tôt.
Ses yeux brillaient d’une excitation enfantine.
— J’aimerais acheter quelque chose… pour une élève, dit-il en caressant une dentelle noire du bout des ongles.
— Elle a 21 ans. Elle vient chez moi deux fois par semaine. Une perle. Timide. Et sans un sou. On a… un arrangement.
Il s’arrête. Me regarde droit dans les yeux.
— Elle joue du piano en sous-vêtements. Pour moi. C’est notre accord. Je la regarde. Je me touche. Mais on ne se touche pas. C’est très clair.
Il dit cela sans honte. Presque avec tendresse.
Un aveu tranquille. Désarmant.
— Elle est petite, fragile. Mais ce petit cul… mais une paire de seins généreux. Une merveille. J’aimerais lui offrir un ensemble. Blanc. Élégant. Pas vulgaire. Juste… ce qu’il faut pour bander sans trembler.
Il frôle un ensemble, soutien-gorge, string et porte-jarretelles ivoire suspendu devant lui. Le tissu semble s’attendrir sous ses doigts.
Je m’approche. Lentement.
Je sais ce que je fais. Et je sais ce que ça lui fait.
— Vous voulez qu’on vérifie la taille ensemble ?
— Elle fait à peu près ma taille en bas, vous dites ? Vous voulez le voir sur moi ? Pour le haut un 95D devrait aller d’après ce que vous me dite.
Ses yeux s’allument. Il hoche la tête.
— Vous seriez… parfaite.
Je prends l’ensemble. Je disparais dans la cabine.
Pas de protège culotte. Juste la peau, le tissu, le désir.
Quand j’ouvre doucement le rideau, il est là. Assis sur le petit tabouret. Les jambes serrées. Les mains posées avec soin sur ses genoux.
Il me regarde. Sa bouche s’entrouvre.
Je m’avance. Le corps habité.
— Alors, Monsieur Grigori ? Pour votre élève, ça irait ?
Il ne répond pas. Il respire fort. Il sort la vieille culotte de sa femme, l’approche de son visage, la respire profondément.
Puis… il descend sa main. Ouvre sa braguette. Son sexe surgit, veineux, étonnamment dur. Il glisse la culotte dessus. Il commence à se branler dedans. Lentement.
Je ne dis rien.
Je m’assieds, jambes croisées. Puis je les décroise. Ma chatte nue brille légèrement sous le tissu tendu et transparent.
Je le regarde. Fixement.
— Elle joue quoi ? Du Mozart ? Du Chopin ?
— Et vous, pendant ce temps ? Vous vous branlez comme ça ? Comme maintenant ?
Il halète. Ses doigts accélèrent. Je sens son regard me dévorer.
Je me lève. Je me retourne.
Je me penche en avant, les fesses vers lui. Le string s’ouvre un peu entre mes jambes.
— Vous voyez bien, n’est-ce pas ? J’imagine votre élève là, juste là, debout. Et vous sur le canapé…
Je me redresse lentement. Me retourne.
Je glisse deux doigts contre ma culotte. Mon clitoris est dur. Je suis trempée. Je veux qu’il le voie. Qu’il le sente.
Il gémit. Une plainte presque muette. Et puis il jouit.
Silencieusement. Lentement. Avec intensité.
Son sperme s’étale dans la culotte de sa femme, imbibée comme une offrande retournée.
Je m’approche. Je retire la mienne. La plie. Et je la lui tends.
— Tenez. Celle-ci est plus fraîche.
Il la prend. Il la sent. Puis il la lèche.
Ses yeux brillent de reconnaissance. D’extase.
Depuis ce jour, Monsieur Grigori revient chaque mercredi.
Parfois, on parle. Il me raconte Ania. Ou d’autres.
Parfois, je ferme la boutique. Je baisse le rideau.
Et je lui offre un moment. Un fantasme. Une scène.
Je suis sa pianiste du silence.
Et lui, mon vieil auditeur fidèle. Qui bande encore. Qui jouit encore.
Parce qu’au fond, Velours Noir, ce n’est pas une boutique.
C’est un théâtre.
Un vendredi pluvieux, le ciel suintait comme une vieille blessure. Le trottoir brillait sous les lampadaires, et les gouttes tombaient avec une régularité d’horloge. Il était un peu plus de neuf heures. Je venais à peine d’ouvrir la boutique. L’odeur du musc et des soies encore endormie.
La clochette a tinté. Faiblement. Comme si elle hésitait.
Monsieur Grigori est entré.
Il était trempé. Sa veste de laine collait à ses épaules amaigries, ses cheveux gouttaient encore, mais il ne semblait pas sentir la pluie. Son visage était blême, creusé par l’angoisse ou par quelque chose de plus profond. Ses mains tremblaient, presque imperceptiblement, comme des feuilles sous le vent.
Je tournais le dos, penchée sur la caisse que je mettais à jour. Mais je l’ai reconnu. À ses pas. Toujours feutrés. Toujours flottants. Comme un chat fatigué revenu mourir là où il a vécu.
Il s’est assis. Sans un mot. Sur le petit fauteuil en velours bordeaux près des cabines. Une silhouette absurde dans cette boutique silencieuse, dégoulinant sur le carrelage noir comme un spectre malheureux.
Je me suis retournée.
Il avait sorti une enveloppe. Épaisse. De celles qui contiennent autre chose que du papier. Fermée d’un simple trombone doré. Sa main la caressait, comme s’il hésitait à la tendre. Comme si elle brûlait.
— Eh bien, que se passe-t-il, Monsieur Grigori ? Nous ne sommes pas mercredi. Et qu’est-ce que c’est que cette enveloppe ? ai-je demandé d’une voix douce mais ferme.
Il a levé les yeux vers moi. Des yeux fatigués, mais allumés par une lueur étrange. Dérangeante.
— Je sais… que financièrement, ce n’est pas simple pour vous. Avec votre frère à charge… alors… je voudrais vous proposer quelque chose. Rien d’obligatoire. Rien que vous ne puissiez refuser.
Un silence s’est installé. Je n’ai pas bougé.
Et il a parlé. Lentement. Hésitant parfois. Mais avec une précision chirurgicale.
Il m’a dit qu’il voulait… aller plus loin avec son élève. Ania. Qu’elle, de son côté, semblait vouloir lui faire plaisir, mais qu’elle était ignorante. Nue de toute expérience. Et que lui, avec son âge et ses désirs intacts, avait pensé à moi.
— Vous avez de l’expérience, vous… une manière d’être… de bouger… de comprendre ce qu’un homme attend. Ce qu’il espère.
Il a baissé la voix. Comme s’il récitait une prière.
— Je voudrais que vous veniez chez moi. Que vous lui montriez. Comment me toucher. Comment me donner du plaisir. L’art du striptease… de la caresse… de la bouche. Juste… l’initier. Lui faire comprendre que le corps est un instrument, et le désir, une musique.
Il marqua une pause. Puis, presque honteux :
— J’ai retrouvé des jouets… ceux de ma femme. Au fond d’une armoire. Je pourrais les nettoyer. Les désinfecter. Ils pourraient servir… à l’éduquer. À l’ouvrir.
Il n’y avait aucune arrogance dans sa voix. Juste une sincérité brute. Une demande nue. Troublante.
L’enveloppe était posée sur la table basse. Lourde. Pleine. D’argent ? D’espoir ? D’un fantasme empaqueté ?
Je n’ai rien dit, d’abord.
Je l’ai regardé.
Cet homme aux doigts tremblants. Au cœur ravagé de solitude. À la queue encore capable de désirer.
Et j’ai senti quelque chose en moi frémir. Pas de l’indignation. Pas du jugement.
Une curiosité.
Une forme étrange de pouvoir.
L’appartement de Monsieur Grigori était tel que je l’avais imaginé : vaste, feutré, discret. Meubles anciens, tapis persans, un piano à queue noir lustré comme un cercueil ouvert. Une lumière dorée filtrait à travers de lourds rideaux couleur crème. L’endroit sentait la cire, le cuir et le silence.
Il m’accueillit en peignoir. Long, en soie bleu nuit, ceinturé avec soin. Il portait des chaussons noirs, rigides, presque militaires. Ses cheveux étaient encore humides, coiffés en arrière, et son regard — plus que jamais — fixait Ania.
Elle était là, debout, face à moi. Petite, nerveuse. Une jeune femme géorgienne, au visage doux, les joues encore pleines de l’adolescence, les cils longs comme des ombres. Elle évitait de croiser son regard. Et le mien. Ses bras croisés sur sa poitrine volumineuse, qu’elle cherchait à dissimuler derrière une veste trop large.
— Vous êtes très jolie, Ania, murmurai-je en m’approchant d’elle. Et ce que vous allez apprendre ce soir… ce n’est pas de la vulgarité. C’est un art. Un don.
Je lui pris doucement la main.
— Viens. On va t’habiller.
Nous avons disparu dans la salle de bains. Une pièce étroite, aux murs tapissés de carreaux blancs et de reflets de miroir. J’ai sorti l’ensemble rouge de son papier de soie : soutien-gorge à balconnet, string ajouré, porte-jarretelles satiné. Une tenue conçue pour frapper. Pour électriser.
Ania rougit en la touchant du bout des doigts.
— C’est trop…
— Non. C’est juste ce qu’il faut.
Je l’aidai à se déshabiller. Elle gardait les yeux baissés, obéissante mais tremblante. Sous sa chemise, son corps était une surprise : minuscule, presque frêle, mais avec des seins lourds, haut perchés, fermes et sensibles. Un contraste troublant. Sa peau était d’une blancheur fragile, veinée de bleu pâle.
Je lui attachai le soutien-gorge. Il contenait à peine sa poitrine. Je la vis frissonner sous mes mains. Le string, minuscule, soulignait ses fesses rondes et serrées. Le porte-jarretelles complétait l’ensemble avec une audace presque scandaleuse.
— Regarde-toi, soufflai-je en la tournant vers le miroir. Regarde ce que tu es.
Elle leva les yeux. Et se vit. Une ombre de stupeur passa sur son visage. Comme si, soudain, elle prenait conscience de son propre pouvoir.
— Viens. Il t’attend.
Nous sommes revenues dans le salon. Grigori s’était installé dans un large fauteuil en cuir, les jambes croisées, les mains jointes. Son peignoir entrouvert laissait entrevoir sa poitrine fine, glabre, et une raideur discrète entre ses cuisses.
Quand il vit Ania, il ne dit rien. Il la regarda. Comme un mélomane face à une partition vierge.
Je me plaçai derrière elle. Mes mains sur ses hanches.
— Détends-toi. Laisse-toi faire. Écoute ton corps.
Je lui glissai à l’oreille quelques mots. Puis je fis glisser une bretelle. Lentement. La droite. Puis la gauche. Le soutien-gorge tomba à ses pieds, dévoilant ses seins généreux, gonflés d’émotion et d’inconfort. Ses tétons étaient déjà durs, tendus par le froid ou l’attente.
Je me mis à genoux. Je fis glisser le string. Sa toison était fine, discrète. Elle serra les cuisses, par réflexe. Je les écartai doucement.
— Respire. Tu es belle. Il te regarde. Il t’aime déjà.
Je me relevai. Puis je m’agenouillai devant Grigori.
— Montre-lui, Ania. Approche-toi.
Elle avança. Hésitante. Tremblante.
Je dénouai lentement le peignoir de Grigori.
Son sexe était là. Épais, nu, dressé. Un sexe d’homme âgé, veiné, mais encore vivant. Prêt.
Je posai une main sur sa cuisse. L’autre sur celui d’Ania.
— Regarde. Sens. Imite.
Je le pris dans ma bouche. Une lenteur méthodique. Une tendresse. Je le suçai avec soin, avec ferveur, pendant qu’Ania, fascinée, observait mes mouvements, mes gestes, ma langue.
Puis je me décalai.
— À toi.
Elle approcha sa bouche. Hésitante. Ouvrit les lèvres. Le toucha du bout de la langue. Puis s’y engagea. Maladroite d’abord, puis un peu plus sûre. Je guidai sa main. Ses mouvements.
Grigori fermait les yeux. Son souffle s’alourdissait.
Je vins me placer derrière Ania. Je la soutenais, la caressais, l’encourageais. Ma main glissa entre ses cuisses. Elle gémit, la bouche encore pleine. Elle avait la fente en feu.
Nous étions là. Trois corps. Trois âges. Trois solitudes qui se touchaient.
Ania était à genoux entre les jambes de Grigori, ses doigts tremblants effleurant son sexe dressé. Elle respirait vite, les joues en feu, le regard embué d’un mélange de crainte et d’excitation. Elle jeta un regard vers moi, perdue.
Accroupis à ses côtés, nue sous mon manteau entrouvert, je la dirigeais avec tendresse.
— Doucement, Ania… Commence par la base. Ta langue est ton meilleur outil. Un baiser d’abord, comme s’il était en porcelaine. Puis tu le prends, petit à petit.
Je la vis obéir. Avec application. Elle embrassa la hampe chaude et tendue, puis laissa glisser sa langue sur toute sa longueur. Grigori soupira. Son corps se détendit sous l’attention.
— Voilà… maintenant tu l’engloutis. Pas trop vite. Utilise tes lèvres, ta salive. Laisse-le sentir que tu es là pour lui.
Elle ouvrit la bouche. Son geste était maladroit, mais elle s’appliquait. Je la vis fermer les yeux, se concentrer sur la sensation de puissance, de soumission volontaire. Elle s’adapta, ajusta la pression. Le sexe de Grigori brillait de salive, palpitant entre ses lèvres.
— Très bien, chuchotai-je. Maintenant, les couilles. Elles aiment qu’on s’y attarde. Tu peux les lécher. Les aspirer. Avec respect… et gourmandise.
Ania descendit lentement. Sa langue caressa les testicules pendants. Elle les prit dans sa bouche, un à un, avec douceur, pendant que sa main continuait à caresser la hampe.
Grigori laissait échapper de petits gémissements. Ses mains tremblaient sur l’accoudoir. Il était emporté. Présent. Offert.
Je m’agenouillai derrière Ania. Je la fis redresser. Son buste magnifique s’érigea dans la lumière dorée de la lampe. Sa poitrine généreuse se soulevait au rythme de son souffle.
— Serre-le entre tes seins. Voilà. Comme ça. Tu peux l’enduire de salive, ou de lubrifiant… moi, j’ai toujours préféré le naturel.
Je crachai doucement sur la verge et guidai ses seins autour. Le sexe glissa entre les deux masses tendres. Je tenais sa poitrine et l’aidai à effectuer un va-et-vient lent. Sensuel. Irrésistible.
— Tu sens ? Il adore ça. Il t’adore.
Ania laissa échapper un petit rire, gêné, mais fièrement complice. Elle prit le rythme, trouvant son mouvement, sa cadence. Grigori haletait, la tête renversée. Sa main libre serrait un coussin comme une bouée.
Je me relevai. Mon sexe était brûlant, gonflé d’un désir muet. Je m’assis sur le canapé d’en face, jambes écartées, doigts déjà à l’œuvre. Je les regardais. Fascinée.
Je me sentais étrangement apaisée. Présente. Une chaleur me gagnait, plus douce qu’à l’ordinaire. Cette scène n’était pas un jeu de domination. C’était une offrande. Une transmission. Une rencontre.
Et dans ma tête, furtivement, le visage de Viktor traversa ma mémoire. Il y a quelques mois, c’était lui qui me dirigeait, m’ordonnais. Ou que je subissais. Mais ici… ici, tout était clair. Ici, c’était pour le bien. Pour l’union de deux solitudes.
Je rouvris les yeux.
— Ania… il est prêt. C’est à toi de décider. Si tu veux aller jusqu’au bout.
Elle hocha la tête, sans un mot. Elle se leva. Sa nudité tremblait, mais son regard était assuré. Elle grimpa sur Grigori, enfourcha ses hanches. Elle guida son sexe contre elle. Un soupir échappa de ses lèvres lorsqu’il glissa en elle.
Lentement, elle commença à bouger. Un balancement doux, sensuel. Ses mains sur son torse, ses cheveux sur son visage. Grigori gémit, les mains sur ses hanches. Il la regardait comme un homme regarde un miracle.
Je me caressais plus vite. Mon clitoris battait sous mes doigts. Mon ventre se contractait de plaisir. Leurs gémissements me traversaient comme une vague.
Puis Grigori grogna. Son bassin se souleva. Il la saisit par la taille, la fit basculer en arrière, juste à temps. Son sexe jaillit entre ses seins. Une giclée chaude éclaboussa sa poitrine, son cou, sa bouche entrouverte.
Ania rit, un rire de surprise et de triomphe.
Je me levai, lentement. Je m’approchai. Je l’embrassai sur les lèvres. Nos langues se rencontrèrent, mêlées au goût salé du plaisir.
— Tu vois, soufflai-je. Tu es parfaite.
Elle ferma les yeux.
Et Grigori, haletant, murmurait des mots que nous n’écoutions plus.
Depuis cette nuit-là, Monsieur Grigori ne vient presque plus à la boutique.
Il me manque un peu, parfois. Sa silhouette flottante, ses silences pleins de soupirs, ses doigts tremblants sur la dentelle ancienne. Mais je sais où il est. Je sais pourquoi il ne franchit plus la porte de Velours Noir les mercredis.
Ania s’est installée chez lui.
Il l’a accueillie comme on installe un vase rare dans une vitrine. Elle habite désormais l’aile sud de son appartement, près du piano, là où le soleil de l’après-midi dore les rideaux. Elle joue encore, parfois, mais plus toujours en sous-vêtements. Parfois nue. Parfois couverte de sperme et de rires.
Je reçois de temps en temps un message. Une photo floue. Un remerciement implicite. Un clin d’œil numérique, comme un soupir retenu.
Et il m’a confié, dernièrement, qu’ils attendaient quelqu’un.
La petite sœur d’Ania.
Elle a dix-neuf ans. Elle arrive de Tbilissi dans une semaine. "Une perle, paraît-il", m’a-t-il soufflé avec une joie difficile à contenir. "Une autre timide. Une autre beauté."
Ses yeux brillaient.
Le vieux cochon.
Mais il bande encore.
Et au fond… il rend ces jeunes femmes heureuses, à sa manière. À sa lente, patiente, perverse manière.
Et moi, je veille de loin.
Parce que Velours Noir, ce n’est pas juste une boutique.
C’est une passerelle.
Entre les fantasmes… et la réalité.
(à suivre)
Pas là juste pour les jolies photos...
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2 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
C'est encore une fois excellent et très bien raconté. Bravo!
Un récit fantastique, plein de sensualité et d'érotisme
Merci beaucoup Kristina
Cyrille
Merci beaucoup Kristina
Cyrille

