« Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (23) : Tullia e
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 27-05-2022 dans la catégorie Dominants et dominés
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« Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (23) : Tullia e
AVERTISSEMENTS
Cette histoire est construite autour de l’hypersexualité de Tullia et contient forcément des scènes de sexe, quelquefois très « hard », voir brutales et qui correspondent à la psychologie des personnages et aux mœurs de l’époque. Au fur et à mesure de la rédaction des chapitres, j’ai voulu également situer ces personnages dans le contexte et les mœurs de la Rome impériale. Je remercie donc les lecteurs et lectrices qui ne viennent pas ici que pour les passages de sexe, mais qui partagent ce besoin de connaissance.
En ce qui concerne le personnage d’Agrippine, je renvoie aux références suivantes :
• Virginie Girod : « Agrippine, sexe, crimes et pouvoir dans la Rome impériale » (Taillandier 2015)
• Pierre Grimal : « Mémoires d’Agrippine » (Editions de Fallois, 1992). Agrippine a vraiment écrit ses mémoires, qui ont hélas disparu. Mais l’œuvre de Pierre Grimal est si vraisemblable !
Je rappelle aussi ma publication, faite le 26 septembre 2017 sur HDS, « Histoire des libertines (6) : Agrippine la terrible. »
Pour bien connaître « la meilleure des mères », il faut aussi s’intéresser à Néron :
• Joël Schmidt : Néron, monstre sanguinaire ou empereur visionnaire ? (Larousse, 2010)
• Catherine Salles : Néron (éditions Perrin, 2019)
Comme l’aurait dit Agrippine, en réaction à une prophétie : « Qu’il me tue, pourvu qu’il règne ! »
***
RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS
La mort de Messaline et de la plupart de ses proches, à l’issue du complot de Silius, est un tournant pour la jeune patricienne Tullia. Elle est délivrée des menaces que faisaient peser sur elle « l’Augusta Meretrix » et son mari, le pervers Lurco, qui fut parmi les victimes de la répression. Dans ces événements, Tullia a aussi perdu son grand amour, Vettius Valens, médecin personnel de Messaline et de l’empereur Claude. Malgré sa proximité avec Messaline, Tullia, qui a indirectement contribué à la chute de l’impératrice, est épargnée. Elle est assignée à résidence dans sa luxueuse villa de Baïes, mais hérite en même temps de l’immense fortune de Lurco.
A Baïes, Tullia retrouve son amante Lucia, proche d’elle depuis l’enfance. Elle y vit également avec son autre amour, l’eunuque Parsam. Elle vient de donner naissance à son second enfant, une fille, conçue avec Valens.
Tullia entend donner libre cours à sa libido. Elle le fait dans un premier temps avec les esclaves hérités de Lurco, en particulier Adherbal, véritable étalon africain. Connaissant la réputation de Baïes, cité des plaisirs, Tullia est convaincue que la cité balnéaire est le lieu idéal pour que s’exprime pleinement son hypersexualité. Pourtant, la première invitation qu’elle lance est un fiasco. Fausta, une autre matrone, veuve d’un glorieux général conquérant de la Bretagne, offre à Tullia son amitié et ses conseils. Fausta connait bien Baïes, où elle vit depuis le décès de son époux. Fausta donne l’apparence d’une honorable matrone, qui, pourtant, collectionne les amants. Elle va devenir le mentor de Tullia.
***
Le diner en tête à tête entre Tullia et Fausta sera décisif. Le premier conseil que lui donne la veuve du général Caius Hosidius Geta est, pour faire oublier qu’elle a été très proche de Messaline, de diversifier ses appuis au plus sommet de l’empire. Tullia fait état du soutien du puissant affranchi Narcisse et du fait qu’elle est une amie intime de Nymphidia, la fille d’un autre puissant affranchi, Calliste. Fausta lui répond que c’est bien mais l’invite à chercher le maximum d’appuis, car sa conduite fait planer sur sa tête la menace permanente de poursuites pour stuprum.
• Je compte bien suivre ton conseil. Et pour changer mon image à Baïes ?
• Je veux davantage. Je veux que tu deviennes la reine de Baïes. Et pour cela, outre ta beauté et ta sensualité, tu as un autre atout : la fortune illimitée dont tu as héritée de Lurco. Et une méthode : l’évergétisme.
L'évergétisme est chez les Grecs et les Romains la pratique de libéralités de la part d'un riche notable (appelé évergète) en faveur de la cité. Ce terme provient d’un verbe grec « euergetéô » signifiant « faire du bien ». L’évergétisme consiste, pour les notables, à faire profiter la collectivité de leurs richesses, par l'embellissement de leur ville, par la construction de monuments, l’érection de statues, des divertissements offerts, comme l’organisation de spectacles et jeux, les distributions d'argent, de cadeaux, de terres ou encore d’aliments.
• Je compte bien que tout l’argent qui a été volé par les ancêtres de Lurco lors des proscriptions et des guerres civiles serve à faire le bien. Que proposes-tu exactement ?
• Baïes doit son succès à la douceur de son climat et à la présence de sources thermales, ces sources chaudes, sulfureuses ou salines, qui sont vantées comme les plus curatives et les plus abondantes d'Italie. Baïes attire toujours plus de monde, pendant la période estivale, mais aussi de plus en plus de résidents permanents. En conséquence, les Thermes de Baïes font l’objet de modifications structurales et fonctionnelles : les terrasses ont été réaménagées et enrichies avec de nouvelles parties et de nouveaux bâtiments. Les thermes actuels, appelés thermes de Mercure, qui datent du début du règne d'Auguste, ne suffisent plus. Il y a un projet de nouveaux thermes, à proximité du temple d'Aphrodite Sosandra. C’est un projet grandiose. Trois niveaux sont prévus : en haut, une cour cernée de portiques sur trois côtés ; une terrasse intermédiaire, bordée d'une structure en arc de cercle devant un bassin rond ; en bas, une vaste piscine rectangulaire.
• Tu me suggères de proposer ma contribution. Il n’y a pas de séparation des hommes et des femmes aux thermes de Baïes ?
• Il y a des accès séparés. Les tarifs sont plus élevés pour les femmes. Mais les tentatives d’imposer des horaires séparés ont toujours échoué. Seul l’apodyterium (le vestiaire) n’est pas mixte. Donc les thermes sont un excellent terrain de chasse pour toi !
• En échange de mon « évergétisme », que puis-je demander ? Je suis prête à être très généreuse.
• Je n’en doute pas ! Tu pourras demander à disposer d’une ou plusieurs pièces qui te seraient réservées sur certaines périodes au moins, dans les bâtiments annexes aux thermes. Ces espaces dédiés au sport et à la culture offrent la possibilité de prolonger le bain par un moment de détente pour le corps et l'esprit. Je ne doute pas que tu en feras bon usage !
Tullia suivit l’idée de Fausta et fit une proposition très généreuse aux édiles de Baïes, tant pour contribuer à la construction des nouveaux thermes que pour le fonctionnement des actuels thermes de Mercure. Les notables de Baïes oublient soudainement leurs griefs contre la « putain de Messaline » et acceptent avec enthousiasme sa proposition, qui va faciliter la réalisation du projet des thermes de Sosandra. En contrepartie, Tullia aura sa disposition une grande pièce entre la bibliothèque et le gymnase et pourra, quand elle en a besoin utiliser à des fins privatives les jardins, le palestre ou d’autres pièces.
***
En étant loin de Rome, Tullia pense se tenir à distance de la politique et de ses dangers, qu’elle a pu voir de près sous Messaline et dont elle s’était sortie de justesse, mais au prix de la perte de Valens, l’homme qu’elle aimait. La politique va la rattraper à Baïes, au sujet du remariage de Claude.
Lors de la terrible soirée, qui s’était terminée par l’exécution de Silius, de Messaline et de nombre de ses amants, Claude s’était rendu au camp des prétoriens, qui l‘avaient assuré de leur soutien et l’avaient poussé à se montrer impitoyable. Dans l’allocution prononcée devant les prétoriens, Claude leur avait dit que le mariage ne lui réussissait décidément pas et avait promis de ne pas se remarier, faute de quoi les prétoriens seraient en droit de le tailler en pièces ! Moins de trois mois après, il avait changé d’avis. Connaissant la faiblesse de Claude envers les femmes, ses puissants affranchis s’affrontent en proposant leurs candidates, comptant bien régner à travers l’impératrice.
Calliste, qui gère le service administratif traitant les causes évoquées en appel à l'empereur (a cognitibus) et les requêtes (ab libellis), est convaincu d’avoir trouvé la bonne candidate : Lollia Paulina, âgée de 33 ans. Paulina est très riche, après avoir hérité de biens d'un aïeul M. Lollius, fruits de concussions en Germanie. Son premier mari, Publius Memmius Regulus, est consul suffect en 31, et par la suite gouverneur en Mésie. Peu de temps après la mort de sa sœur et amante Drusilla, en 38, Caligula force Memmius à divorcer d'avec sa femme. Il avait entendu parler de la beauté remarquable de Lollia Paulina. Il ne lui faut pas plus de six mois pour qu'il se sépare d'elle parce qu'elle ne pouvait avoir d'enfants. Il lui interdit même de coucher avec un autre homme, voire de s'en approcher. Calliste la voit d'un bon œil, parce qu'elle est belle, expérimentée à tout point de vue et qu’elle n'a pas d'enfants et ne peut en avoir, évitant ainsi toute concurrence avec Britannicus, le fils de Claude.
Pallas, secrétaire aux finances de la maison impériale (a rationibus), défend la candidature de sa maîtresse Agrippine, fille de Germanicus et d’Agrippine l’ancienne, sœur de Caligula et donc nièce de Claude. Agrippine a le même âge que Lollia Paulina. Elle est, elle aussi, très belle, très intelligente et a une filiation prestigieuse, en tant que descendante directe d’Auguste. Elle a une réputation sulfureuse du fait de ses relations incestueuses avec Caligula et de liaisons multiples. Elle a eu aussi, de son premier mariage avec Ahénobarbus, un fils, Lucius, le futur Néron, âgé alors de 11 ans. Agrippine, qui s’était prudemment tenue à distance de Messaline, rend visite assidument à son bon oncle Claude et il se dit qu’elle a su trouvé les bons arguments pour être proche de lui. Il y a contre elle le fait qu’un tel mariage est un inceste, ce qui est très mal vu à Rome. Pallas fait valoir qu’un autre remariage d’Agrippine, veuve depuis peu de son second mari, créerait un rival pour Claude.
Narcisse, le praepositus ab epistulis (responsable de la correspondance) est l’homme de confiance de l'empereur et celui qui a provoqué la chute de Messaline. Pourtant avisé, il ne s’attendait pas au revirement si rapide de Claude et il est pris de court. En privé, il évoque avec l’empereur une candidate inattendue : Tullia ! Elle est jeune et belle, capable de donner des enfants à l’empereur et, ce qui compte beaucoup pour l’empereur, très érudite. Narcisse ajoute qu’elle est issue d’une des plus anciennes familles patriciennes de Rome. Claude est manifestement tenté :
• J’ai apprécié l’immense culture de la fille de mon ami Marcus Tullius Longus. Et pour être franc avec toi, j’ai adoré la baiser. Même avec Messaline, je n’avais jamais eu autant de plaisir. Mais justement, elle est comme Messaline !
• Nous saurons la contrôler. Elle sait comment a fini Messaline. Si tu es d’accord, je vais lui en parler. Je vais prochainement dans ma villa de Stabies (près de Pompéi). Je passerai la voir à Baïes.
***
Tullia ne s’attendait pas à la visite de Narcisse, qu’elle n’avait pas revu depuis la terrible journée où il était venu lui annoncer la mort de Valens et son exil pour Baïes.
Après avoir félicité Tullia pour la naissance de sa fille, Narcisse lui annonce que Claude veut se remarier et qu’elle est une candidate sérieuse. Tullia ne cache pas sa surprise :
• Il y a 3 mois, César me condamne à l’exil et maintenant il envisage de faire de moi une impératrice !
• Claude aime les jolies femmes. Il a très envie de te baiser à nouveau !
• Une question : serai-je obligée d’être fidèle ?
• La réponse officielle est oui. Mais, à condition d’être discrète, tu pourras avoir quelques amants.
• Je n’ai pas oublié que Claude a divorcé de Plautia Urgulanilla pour adultère et surtout comment a fini Messaline.
• L’une et l’autre avaient exagéré. Tu es bien plus intelligente que ces femmes.
Tullia hésite, car ce serait pour elle une formidable revanche, y compris envers son père Marcus. Narcisse accepte de la laisser réfléchir quelques jours.
Les murs du palais impérial ont des oreilles et la visite de Narcisse n’a pas échappé à Pallas et à Agrippine. Lucius Agermus sera l’intermédiaire d’Agrippine auprès de Tullia.
***
Lucius Agermus était né libre dans une famille ruinée par les usuriers, dont les dettes avaient été éteintes par le terrible Cnaeus Domitius Ahenobarbus, le mari d’Agrippine la jeune et père du futur Néron. En échange, le jeune Lucius était devenu l’esclave d’Ahenobarbus.
Ahenobarbus était cruel et débauché et il avait fait du beau Lucius son mignon, devenant, dès l’adolescence d’Agermus, son « fututor ». Agermus avait connu le sort de nombre d’esclaves à Rome, à la disposition du maître, y compris sur le plan sexuel. Et en effet Ahenobarbus ne se gênait pas, à chaque fois qu’il en avait envie de la bouche et du cul du jeune esclave.
Agermus était alors un bel éphèbe, cela n’avait pas échappé à Agrippine, l’épouse délaissée de « barbe d’airain ». Agermus avait été attirée par la beauté de la fille de Germanicus et était devenu son amant, en toute discrétion, pour éviter les foudres d’Ahenobarbus. Agermus se partageait donc entre le mari, qui le sodomisait chaque soir, et l’épouse, qu’il baisait. Dès ce moment, Agermus, amoureux sans espoir de la Domina, la sert aveuglément.
Après la mort d’Ahenobarbus en janvier 40 et le retour d’exil d’Agrippine, qui suit l’assassinat de Caligula et l’avènement de Claude, Agermus retrouve le service d’Agrippine, qui l’affranchit, tout en continuant à coucher avec lui, y compris après son remariage avec le riche sénateur Caius Sallustius Crispus Passienus. Au décès de celui-ci, en 47, Agrippine nomme son fidèle Agermus intendant de son domaine de Baules, à proximité de Baïes, qui devient son lieu de villégiature préféré.
Quand Agrippine apprend, par Pallas, que Narcisse envisage la candidature de Tullia pour épouser Claude, elle convoque Agermus. Celui-ci a rarement vu sa maitresse dans une telle colère :
• Lucius, tu sais qui est Tullia, la fille de Marcus Tullius Longus ?
• Bien sûr, exilée de Rome sur décision de César, elle vit désormais à Baïes, dans la villa de son défunt mari, Lurco.
• Comment est-elle perçue à Baïes ?
• Elle est ostracisée par la bonne société, du fait de sa réputation et de sa proximité de Messaline. Baïes n’est pas prude, mais elle choque car elle vit en concubinage avec un eunuque arménien. On dit aussi qu’elle est tribade et qu’elle baise avec ses esclaves.
• Tu es bien placé, Agermus, sourit Agrippine, pour savoir que les esclaves sont à la disposition du plaisir des maîtres. Mais c’est vrai qu’à côté d’elle, Messaline était presqu’une vierge !
• Qu’attends-tu de moi, Domina ?
• Tu vas te rendre chez elle et lui dire que je veux la voir à Baules. Et, très important, tu vas la baiser, pour vérifier si elle est capable de résister à la tentation.
Deux jours après, Tullia reçoit la visite de Lucius Agermus.
***Tullia est au bord de sa piscine, profitant de la douceur de l’automne à Baïes, vêtue d’une simple tunique, lorsque Marcia, devenue la responsable des servantes, l’informe que Lucius Agermus demande à être reçu. Tullia s’est soigneusement renseignée sur la société de Baïes et sait donc qui est Agermus. Il est la première personnalité à rompre l’ostracisme qui pèse sur Tullia depuis qu’elle s’est installée à Baïes.
Tullia est immédiatement attirée par son visiteur. Lucius Agermus est une force de la nature. Ses muscles témoignent de sa virilité et de la pratique régulière de l’exercice physique.
Il est le type de mâle qu’elle affectionne et, immédiatement, elle sent en elle les signes de son excitation, avec sa chatte qui devient humide et ses tétons qui se durcissent.
• Avé, Lucius Agermus. C’est un plaisir que de recevoir une personnalité de Baïes et surtout un proche d’Agrippine, fille du grand Germanicus et nièce de César. Que me vaut l’honneur ?
• Je ne voulais pas me contenter de ce qui se colporte sur toi dans tout Baïes et que ton défunt mari, Lurco avait tant fait circuler.
• Et alors ? Que dit-on ? Et qu’en penses-tu ?
• Ce qu’on dit, tu le sais. Quant à moi, je trouve ça intéressant et excitant, surtout en te voyant !
Le regard de Lucius Agermus est sans ambiguïtés, celui d’un chasseur qui sait que la proie va être à lui. Il veut Tullia et celle-ci désire aussi ce mâle.
• Si nous poursuivons cette conversation à l’intérieur de la Domus, Lucius Agermus. Nous y serons plus tranquilles pour ce que nous avons à faire.
• C’est comme tu le souhaites Domina !
Il ajoute, en la dévorant des yeux :
• J’étais prêt à te baiser ici, au bord de la piscine. Il parait que tu aimes faire ça devant des témoins
• J’adore ça. Ce sera pour une autre fois !
Tullia s’approche d’Agermus et lui offre ses lèvres. Il serre la jeune femme contre lui pour lui faire sentir son désir, alors que ses mains sont sur les fesses de Tullia et commencent à explorer sa chatte, déjà béante et trempée. Tullia, gouvernée par ses pulsions, ne se rend même pas compte qu’à quelques mètres, Lucia et Parsam observent la scène :
• Elle n’a désormais plus aucune limite, dit Parsam, avec un sourire triste.
• Nous devons nous en accommoder, Parsam. Tullia t’aime, elle m’aime mais Tullia aime aussi prendre l’initiative en amour. Elle choisit de se donner à qui veut d’elle et quand elle le désire.
Parsam sait que, parce qu’il aime Tullia, il ne peut rien faire contre sa nature. Lucia et lui s’éloignent discrètement, pour ne pas croiser le regard de Lucius Agermus.
Une fois dans la grande chambre, Tullia s’allonge sur le lit.
• Si tu persistes à t’allonger vêtue, tu feras l’expérience de mes mains qui déchireront ton vêtement !
L’homme demande à Tullia de dénouer ses cheveux pour le plus grand plaisir de ses yeux. Le fait de dénouer sa chevelure est à Rome la marque de la disponibilité de la femme pour l’acte sexuel. La beauté de Tullia retient l’attention de Lucius : son regard se concentre sur ses seins, ses jambes et ses lèvres.
Tullia n’a pas honte d’enlever sa tunique, de placer sa cuisse sous celle de son amant, de recevoir une langue entre ses lèvres pourpres et d’inventer mille postures amoureuses.
Agermus, comme ses autres amants, se met au service de sa partenaire, Il met tout en œuvre pour que la femme puisse obtenir sa jouissance. Tullia se montre fière de braver les interdits sociaux pour assouvir sa passion et revendique sa totale liberté sexuelle et la jouissance physique.
Agermus et Tullia adoptent la position de « l’Equus eroticus », position où l’homme est vu comme le cheval et la femme comme le cavalier. La position du cheval est adaptée aux relations extraconjugales, qui se nouent pour le seul plaisir des deux partenaires.
Lucius Agermus ne s’embarrasse ni de préliminaires ni de tendresse avec Tullia. Il désire cette femme pour laquelle il n’a que mépris. Pour lui, elle est une Meretrix, une putain, pire que Messaline. Il sait par Agrippine qu’elle a accompagné Messaline à Suburre et s’est vendue dans des lupanars. Avec Agrippine, c’est autre chose. Agermus la craint et la révère. Il n’a jamais osé lui dire qu’il l’aimait. Il sait que la fille du grand Germanicus n’accepterait pas cela d’un ancien esclave. Agermus aime Agrippine au point de donner sa vie pour elle et c’est d’ailleurs ce qu’il fera, dix ans plus tard. Tout simplement parce qu’elle lui a redonné sa dignité d’homme, alors qu’il était devenu le mignon du terrible Ahenobarbus, qui avait fait de lui sa femelle.
Avec cette Tullia, rien de tout cela. Elle n’est qu’une femelle, il est un fututor. Il la baise. Elle est à lui. Traumatisé par les relations homosexuelles que lui avait imposées dans son adolescence Ahenobarbus, Agermus n’a cessé, depuis le décès de ce monstre, de se prouver sa virilité. Pas avec Agrippine, qu’il est fier de faire jouir, mais qui l’impressionne et le domine. Avec les nombreuses esclaves de la villa de Baules qui occupent sa couche et avec lesquelles il a pu développer sa virilité et son endurance. C’est la première fois qu’il a l’occasion d’exercer ses talents avec une patricienne, mais il ne fait pas la différence. Il traite cette Tullia comme il le fait avec les esclaves. Pour lui c’est une putain qu’il traite comme telle, d’autant qu’il comprend que c’est ce qu’elle veut et qu’elle aime.
Les cris de plaisir de Tullia doivent s’entendre hors de la villa et il continue à la pilonner, alors qu’elle enchaine les orgasmes :
• Tu aimes ça, chienne ?
• Oh oui, que c’est bon, baise-moi !
• Que tu es bonne ! Mets-toi à quatre pattes, je vais te prendre en levrette.
Tullia tend sa croupe et appelle la saillie du mâle. Agermus s’enfonce d’un coup et commence à pilonner Tullia, ses couilles lourdes tapant contre les fesses de la patricienne. Même si elle a déjà une intense expérience d’hypersexuelle, Tullia doit admettre que l’intendant d’Agrippine est un baiseur hors pair. Elle enchaine les orgasmes, qui vont crescendo, sans qu’Agermus ne cède. Il lui impose son rythme, sa puissance. Il la démonte, la tenant par les cheveux.
Tullia passe des gémissements aux cris, puis aux hurlements. Ses larmes coulent tellement son plaisir est violent :
• Oh tu me tues ! Vas-y, n’arrête pas, n’arrête pas ! Baise-moi !!!! Encore !!!! Oui, comme ça !
• Tu aimes ça, hein, petite garce ? Dis-moi ce que tu es ?
• Une putain !
• C’est évident ! Prends-ça ! Tu es une salope !
• Oh j’aime quand on me parle ainsi pendant qu’on me baise ! Continue !
• Chienne, cochonne ! Dis à qui tu es, maintenant ?
• Je suis à toi ! Uhhh, tu pourras me prendre à chaque fois que tu en auras envie.
A l’extérieur, les cris de la Domina sont tellement forts que les esclaves qui s’affairent à nettoyer l’atrium et les abords de la piscine s’interrompent, abasourdis.
Certains n’hésitent pas à faire des commentaires, exprimant leurs sentiments, leur manque de respect pour une Domina qui se laisse aller à ce point :
• Par Mercure, qu’est-ce qu’il lui met !
• Haec mulier maxima umquam meretrix est! (« Cette femme est la plus grande putain que je n'ai jamais vue » !)
Parsam ne dit rien, figé. Il a en lui l’envie de fuir, mais il ne le fera pas. Il aime Tullia et veut, dans la mesure du possible, la protéger, d’abord contre elle-même. Et puis il y a ce bébé, la fille de Valens. Il a promis à Valens d’en prendre soin. A ses côtés, Lucia comprend et prend la main de Parsam, la serre, dans une infinie tendresse. Leur rapprochement donne de la force à Parsam comme à Lucia
Dans la chambre, Agermus baise Tullia sans interruption depuis plus d’une demi-heure. Il atteint enfin les limites de sa formidable résistance :
• Je vais venir. Je vais te remplir. Je vais te féconder !
• Ouiiiiii je veux ta semence ! Viens !!!!!
Le visage de Tullia est baigné de sueur, ses traits sont déformés par le plaisir. Agermus va lui laisser un temps de récupération, toujours sans marquer la moindre tendresse. Puis il lui impose de réveiller sa virilité avec ses talents de fellatrice, avant de la prendre à nouveau.
Ce n’est qu’après qu’ils aient baisé pendant deux heures qu’Agermus annonce à Tullia l’autre motif de sa visite : elle est « invitée » à rencontrer Agrippine, le lendemain, à sa villa de Baules. Il rassure Tullia en lui disant qu’il est aussi venu pour la connaitre dans tous les sens du terme. Et en effet, Agermus fut la première des nombreuses personnalités de Baïes à partager la couche de la jeune patricienne. Il reste au service d’Agrippine, mais sera désormais un des amants réguliers de Tullia. Il viendra très souvent à la Villa, exigeant que Tullia soit toujours disponible pour lui, trouvant un plaisir tout particulier à la posséder devant ses esclaves, mais aussi devant Parsam et Lucia. Tullia ne peut rien refuser à cet étalon qui lui donne tant de plaisir.
Quand Agermus est parti, Tullia ressent de la honte vis-à-vis de Parsam et de Lucia. Comment s’expliquer, leur dire que c’est eux qu’elle aime et que ce qui s’est passé n’est que du sexe ? Elle n’a pas besoin de leur expliquer, ils savent parce qu’ils la connaissent et qu’ils l’aiment, telle qu’elle est. C’est entre leurs bras et grâce à leur tendresse que Tullia s’apaise et retrouve force et sérénité.
***
Dans la soirée, Tullia s’empresse de se rendre chez Fausta pour lui raconter sa journée. Tullia est très heureuse d’avoir fait d’Agermus son amant, convaincue qu’il sera le premier d’une longue série. Puis elle parle de l’invitation d’Agrippine et des raisons de cette « convocation ».
Fausta rappelle qu’Agermus est entièrement soumis à Agrippine et donc que son rôle sera de surveiller Tullia pour le compte de sa maitresse. Et surtout elle met en garde Tullia au sujet d’Agrippine, « plus dangereuse encore que Messaline ». Fausta, comme épouse de Caius Hosidius Geta, a bien connu la fille de Germanicus et d’Agrippine l’ancienne et s’en méfie beaucoup.
Fausta raconte à Tullia le parcours d’Agrippine, belle et intelligente, mais surtout avide de pouvoirs, ambitieuse et sans scrupules. Elle n’occulte rien, ni le mariage avec Ahenobarbus, une brute débauchée et sanguinaire, ni les relations incestueuses avec son frère, l’empereur Caligula. Le même Caligula avait jeté Agrippine et sa sœur, Julia Livilla dans les bras de ses favoris et notamment de Lepidus, l’époux de leur autre sœur Drusilla, que l’empereur-fou aimait passionnément.
• Je sais tout cela. Il y a eu ensuite ce complot avec le même Lepidus et qui valut à Agrippine et sa sœur un exil dans les iles Pontines, jusqu’à l’avènement de Claude.
• Alors tu sais aussi que, veuve d’Ahenobarbus, elle a cherché à se remarier. Elle a d’abord tenté de séduire le général Servius Sulpicius Galba, qui commandait alors les légions en Germanie, alors qu’il était marié.
• Galba l’a repoussé et elle a alors jeté son dévolu sur Passienus, le faisant divorcer de Domitia Lepida Major, sa propre belle-sœur. Passienus est mort opportunément il y a un an, lui léguant son immense fortune.
• Je sais qu’on a dit qu’elle l’aurait empoisonné.
• Et je te passe la liste des amants qu’elle a eus ou qu’on lui prête : outre Agermus, on cite le philosophe Sénèque, qui est en exil en Corse pour avoir été l’amant de Livilla
• Messaline en profita pour exiler et faire assassiner Livilla, en qui elle voyait une rivale, en l’accusant d’adultère. Un comble !
• Et Agrippine a d’autres amants parmi des hommes nouveaux, des chevaliers, comme Lucius Faenius Rufus ou encore Sextus Afranius Burrus. Il y a eu aussi Caius Ofonius Tigellinus, né en Sicile, fils d’un citoyen romain d’origine grecque, homme d’ascendance obscure.
• J’ai entendu parler de lui. Tigellin est un bel homme, à ce qu’on dit. Il est souvent à Baïes quand ses affaires le lui permettent.
Fausta comprend que Tullia songe sérieusement à accrocher Tigellin à son tableau de chasse.
• Comme Messaline, Agrippine est parfaitement amorale. Elle est, je le répète, plus intelligente et donc plus contrôlée. Ses charmes sont d’abord au service de son ambition. Et cette ambition est de placer un jour son fils, Lucius Domitius Ahenobarbus, sur le trône des Césars, en tant que petit-fils de Germanicus. A la naissance de son fils, elle a consulté des mages chaldéens qui lui ont prédit que son fils régnerait mais qu'il tuerait sa mère. Elle leur aurait répondu : « Qu'il me tue, pourvu qu'il règne » ! C’est pour cela qu’elle veut épouser son bon oncle Claude !
• Mais Claude a un fils, le petit Britannicus !
• La mort de Messaline a affaibli la position de cet enfant de 7 ans, dont la santé est fragile.
• Agrippine est la nièce de Claude ! Les Romains n’accepteront pas un inceste.
• Les appuis d’Agrippine, Pallas et Vitellius régleront le problème en faisant changer les lois. Crois-moi, Tullia, méfie-toi et ne te mets pas sur le chemin de cette femme dangereuse !
A son retour à la villa, Tullia a droit également aux avertissements de Parsam, qui, de par sa proximité avec Messaline, avait pu observer la nièce de Claude. Il insiste sur le portrait psychologique d’Agrippine :
• Agrippine est une femme fière, très intelligente, forte, dure et froide. Elle est observatrice, froide, patiente et prudente, méfiante, ce qui lui a permis, contrairement à sa sœur Livilla, de survivre sous le règne de Messaline. Quand il le faut, elle sait aussi se montrer audacieuse, enjôleuse et manipulatrice. Mais elle peut être cruelle et violente si on est un obstacle pour ses ambitions. Ne te mets pas en travers de son chemin.
***
C’est en ayant en tête ces mises en garde que, le lendemain, Tullia se rend à la villa d’Agrippine à Baules.
Cette fois, Tullia ne cherche nullement à séduire. Elle se présente, vêtue d’une stola blanche très classique, avec de longues manches, ceinte par des rubans et recouverte par un manteau, la palla, ce grand châle rectangulaire. Tullia, qui d’habitude, porte des couleurs vives, marques des femmes légères et des courtisanes, a, cette fois, choisi une stola blanche. C’est une matrone qui rend visite à une autre matrone, l’une et l’autre récemment veuves.
Agrippine accueille chaleureusement Tullia et lui fait les honneurs de sa villa de Baules, joyau de son immense fortune, héritage de ses deux mariages. Tullia en profite pour observer soigneusement Agrippine.
A 33 ans, Agrippine est toujours une belle femme. La forme carrée de son visage rappelle à Tullia les statues du grand Germanicus. Agrippine joue sur cette ressemblance qui lui attire la sympathie. La ligne des sourcils est basse, surlignant de grands yeux au-dessus de pommettes un peu larges. Le nez est droit et un peu fort, encore une fois plus proche de Germanicus que de celui d’Agrippine l’ainée. La bouche, finement ourlée, est plutôt petite, le maxillaire un peu large. La poitrine est moyenne, la taille est marquée, les hanches larges, les membres ronds. Plus que Tullia, Agrippine, femme mure, est une beauté romaine classique. Consciente de ses atouts, elle sait se mettre en valeur et attirer les regards tant par sa beauté, son charisme, son intelligence.
Bisexuelle, Tullia est naturellement attirée par une telle femme, à qui elle aimerait s’offrir. Mais elle sait par Fausta qu’Agrippine déteste les tribades et, de toute façon, Agrippine l’impressionne. Jamais Tullia n’oserait, sauf si Agrippine prenait l’initiative.
Agrippine a, elle aussi, jaugé sa rivale potentielle. Il émane de la jeune Tullia une sensualité exacerbée. Agrippine comprend que les hommes puissent être attirés. Elle sait aussi que Tullia a bénéficié d’une solide éducation classique, qu’elle aime la poésie et l’histoire. C’est pourquoi Agrippine a pris soin de terminer la visite par une grande pièce où figurent de nombreux rouleaux et parchemins. Tullia est fascinée par cette bibliothèque :
• Tu es ici chez toi, Tullia et tu pourras emprunter tous les ouvrages que tu souhaites. Agermus se fera un plaisir d’y veiller, en plus de tout l’intérêt qu’il te porte.
L’allusion était transparente. Son instinct dit à Tullia que, non seulement Agrippine sait tout, mais que ça s’est fait parce qu’elle l’avait voulu.
• Je te remercie pour ta générosité, Agrippine, y compris pour la visite de Lucius Agermus. J’ai beaucoup apprécié.
• Lui aussi. Il m’a tout raconté !
Tullia baisse les yeux et rougit. Agrippine lance alors un coup de griffe :
• J’ai récemment rendu visite à ton père, Marcus Tullius Longus, récemment revenu de son exil à Tomes. Longus est un homme respecté au Sénat et je compte m’appuyer sur lui.
• Tu sais alors que mon père refuse de me revoir.
• Oui, il m’a dit qu’il n’avait plus de fille depuis qu’elle est devenue une putain. La seule chose bien que tu aies faite, m’a-t-il dit, est ton fils CaIus, qui va perpétrer la gens Tullii et qu’il va élever.
Tullia tente de masquer son émotion, alors qu’elle a les larmes aux yeux. Agrippine pousse son avantage :
• On va parler franchement, ma fille. Je sais que Narcisse veut pousser ta candidature comme nouvelle épouse de Claude. Mon bon oncle est fasciné par ta culture et surtout par ton joli cul. Je ne permettrai jamais que Claude épouse une putain et surtout je veux devenir Augusta. Depuis la mort de Messaline, j’ai revu Claude et nous sommes devenus amants. Ne te mets pas en travers de mon chemin !
• Je n’ai pas encore donné ma réponse à Narcisse. J’ai avec César des passions communes et, malgré notre différence d’âge, j’ai eu du plaisir avec lui. Mais je sais aussi quel a été le sort de Plautia Urgulanilla et surtout de Messaline.
• Claude a presque 60 ans et tu as prouvé que tu ne peux pas te passer d’amants et en nombre. Tu es pire que Messaline !
Tullia sait qu’Agrippine a raison, mais, à son tour, réagit :
• Depuis ton mariage avec Passienus, tu as recouvert ta dignité de matrone, chaste, pudique et vertueuse. Cela est l’image officielle, mais, puisque nous sommes seules, tu ne peux mentir et me dire que tu n’aimes pas le plaisir et la volupté.
Agrippine n’apprécie guère cette remarque mais se maîtrise. Elle doit obtenir le désistement de Tullia, qui est pour elle, malgré sa réputation sulfureuse, une rivale dangereuse. Sa réponse confirme ce que Fausta avait dit d’Agrippine, qui se sert de son corps pour parvenir à ses fins et qui sait se maîtriser :
• Dans le plaisir que me donne un amant, je ne me sens jamais engagée toute entière. Les bras qui m’entourent ne sont pas des liens qui m’asservissent. C’est moi qui tiens l’autre sous ma dépendance, même au plus fort de nos étreintes. Lorsque, revenu à lui, mon amant m’appelle Domina, c’est lui le serviteur, c’est moi la maîtresse. Mon corps est pour moi le moyen d’établir ma domination, avant d’être celui de mon plaisir. Au-delà de la défaillance passagère de mes sens, ma volonté reste intacte.
• Et si je dis à Narcisse que je suis prête à épouser Claude, que feras-tu ?
• Tu seras alors mon ennemie mortelle, même si, en présence de l’empereur, je montrerai beaucoup de déférence pour ma nouvelle tante. Claude ne saura pas te protéger, crois-moi. Je prendrai le temps, mais tu périras, comme tous ceux et celles qui barrent la route de l’empire à moi et à mon fils.
Tullia comprend qu’Agrippine ne plaisante pas. Même au temps de Messaline, elle n’a jamais été aussi en danger.
• Et que me proposes-tu, si je décline la proposition de Narcisse ?
• Je vois que tu es intelligente ! Je te propose d’abord mon amitié et ma protection, celle de l’Augusta, qui va effectivement diriger l’empire à travers mon mari et oncle. Je ferai davantage. Je ferai savoir que tu es mon amie et ma protégée, que tu es reçue ici à Baules à ce titre. Comme cela, ce tout Baïes, qui te boude actuellement, sera à tes pieds. Tu seras la reine de Baïes. Bien entendu, ta présence à Rome est toujours interdite, sauf accord de ma part. Qu’en penses-tu ? Je veux ta réponse maintenant, car demain je rentre à Rome
Tullia réfléchit rapidement. Agrippine a la réputation d’être impitoyable mais aussi de faire ce qu’elle dit. Son offre est donc sérieuse et correspond à ce que recherche Tullia : être loin des dangers de la politique et jouir sans limites des plaisirs de la vie. Vouloir devenir l’épouse de Claude est tentant, parce que c’est approcher le pouvoir, mais c’est un mirage, à cause duquel elle se créerait des ennemis, la pire étant Agrippine. Claude est âgé et surtout versatile et faible. Outre que Tullia devait, après l’épisode Messaline, renoncer à sa vie de plaisirs, que deviendrait-elle, une fois l’empereur disparu, menacée par la vengeance de ses ennemis?
• Je suis ta servante, Augusta, dit Tullia en inclinant la tête
• Je ne le suis pas encore, mais quand je serai Augusta, je n’oublierai jamais ton soutien à un moment décisif. Tu es intelligente et sage, Domina !
***
Parsam, soulagé que Tullia ait choisi la voie de la sagesse, est chargé d’aller faire connaitre à Narcisse la réponse de Tullia. Le puissant affranchi cache difficilement sa colère et sa déception :
• Tullia a choisi. Elle préfère donc le plaisir au pouvoir. Les Dieux fassent que Rome ne paie pas le prix de ce choix.
Narcisse fit une dernière tentative pour barrer la route à Agrippine. Il proposa que Claude se remarie avec Ælia Pætina, âgée de 40 ans et mère de sa fille Antonia. Les époux avaient divorcé après l’exécution du Préfet Séjan, Ælia Pætina étant de la famille de l’ancien favori de l’empereur Tibère. L’argument de Narcisse est qu’Ælia Pætina ferait une excellente mère de substitution pour Britannicus et Octavie, les enfants en bas âge de Claude. L’intention de Narcisse était d'entraîner Claude à choisir Faustus Cornelius Sulla Felix (22-62), demi-frère de Messaline et mari de Claudia Antonia, la fille qu'il avait eue avec Ælia, comme son successeur plutôt que Britannicus qui lui était hostile, vu le rôle de Narcisse dans la chute de Messaline. Claude aurait eu ainsi un héritier adulte, ce qui aurait renforcé la position de Narcisse.
On sait comment Pallas emporta la décision de Claude en faveur d’Agrippine. Le rôle décisif fut joué par le sénateur et ancien consul Lucius Vitellius. Toujours aussi courtisan, il sera aussi obséquieux avec Agrippine qu’il l’avait été avec Messaline. Il a la totale confiance de Claude, lequel lui a exceptionnellement abandonné sa fonction de Censeur, magistrat tout puissant qui tient le registre des personnes admises au Sénat. La fonction amène également à surveiller les mœurs. À cet effet, le censeur déteint la « cura morum » qui permet de rayer de l’album sénatorial les sénateurs indignes, mais aussi de flétrir publiquement la réputation d’une personne par la « nota censoria ».
Vitellius fait voter une motion par le Sénat obligeant l’empereur à se remarier. Puis Vitellius obtient le vote par le sénat d’une loi qui permet à un oncle d’épouser sa nièce: Claude n'est plus ainsi en situation d’inceste. Même l’austère Marcus Tullius Longus, sensible aux visites et démonstrations d’amitié d’Agrippine, a soutenu son collègue Vitellius. Aussitôt, Claude se hâte de se conformer à la demande pressante du Sénat et du peuple romain, en épousant, en janvier 49 de notre ère, l’ambitieuse Agrippine.
Tullia, instruite par ses turpitudes avec Messaline, a renoncé à régner à Rome et s’est placée sous la protection de la redoutable Agrippine. Très bonne décision, quand on sait comment par la suite, Agrippine, de par son influence et ses manœuvres élimina ses rivales passées, comme Lollia Paulina ou futures, celles-ci par rapport à l’influence sur son fils, Néron, à l’instar en 53 de Domitia Lepida, la tante du futur empereur. Sans oublier la virulence de la « meilleure des mères » envers les maitresses de son fils, Acté, puis Poppée. Mais ceci une autre histoire !
(A suivre 24 « La reine de Baïes »)
Cette histoire est construite autour de l’hypersexualité de Tullia et contient forcément des scènes de sexe, quelquefois très « hard », voir brutales et qui correspondent à la psychologie des personnages et aux mœurs de l’époque. Au fur et à mesure de la rédaction des chapitres, j’ai voulu également situer ces personnages dans le contexte et les mœurs de la Rome impériale. Je remercie donc les lecteurs et lectrices qui ne viennent pas ici que pour les passages de sexe, mais qui partagent ce besoin de connaissance.
En ce qui concerne le personnage d’Agrippine, je renvoie aux références suivantes :
• Virginie Girod : « Agrippine, sexe, crimes et pouvoir dans la Rome impériale » (Taillandier 2015)
• Pierre Grimal : « Mémoires d’Agrippine » (Editions de Fallois, 1992). Agrippine a vraiment écrit ses mémoires, qui ont hélas disparu. Mais l’œuvre de Pierre Grimal est si vraisemblable !
Je rappelle aussi ma publication, faite le 26 septembre 2017 sur HDS, « Histoire des libertines (6) : Agrippine la terrible. »
Pour bien connaître « la meilleure des mères », il faut aussi s’intéresser à Néron :
• Joël Schmidt : Néron, monstre sanguinaire ou empereur visionnaire ? (Larousse, 2010)
• Catherine Salles : Néron (éditions Perrin, 2019)
Comme l’aurait dit Agrippine, en réaction à une prophétie : « Qu’il me tue, pourvu qu’il règne ! »
***
RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS
La mort de Messaline et de la plupart de ses proches, à l’issue du complot de Silius, est un tournant pour la jeune patricienne Tullia. Elle est délivrée des menaces que faisaient peser sur elle « l’Augusta Meretrix » et son mari, le pervers Lurco, qui fut parmi les victimes de la répression. Dans ces événements, Tullia a aussi perdu son grand amour, Vettius Valens, médecin personnel de Messaline et de l’empereur Claude. Malgré sa proximité avec Messaline, Tullia, qui a indirectement contribué à la chute de l’impératrice, est épargnée. Elle est assignée à résidence dans sa luxueuse villa de Baïes, mais hérite en même temps de l’immense fortune de Lurco.
A Baïes, Tullia retrouve son amante Lucia, proche d’elle depuis l’enfance. Elle y vit également avec son autre amour, l’eunuque Parsam. Elle vient de donner naissance à son second enfant, une fille, conçue avec Valens.
Tullia entend donner libre cours à sa libido. Elle le fait dans un premier temps avec les esclaves hérités de Lurco, en particulier Adherbal, véritable étalon africain. Connaissant la réputation de Baïes, cité des plaisirs, Tullia est convaincue que la cité balnéaire est le lieu idéal pour que s’exprime pleinement son hypersexualité. Pourtant, la première invitation qu’elle lance est un fiasco. Fausta, une autre matrone, veuve d’un glorieux général conquérant de la Bretagne, offre à Tullia son amitié et ses conseils. Fausta connait bien Baïes, où elle vit depuis le décès de son époux. Fausta donne l’apparence d’une honorable matrone, qui, pourtant, collectionne les amants. Elle va devenir le mentor de Tullia.
***
Le diner en tête à tête entre Tullia et Fausta sera décisif. Le premier conseil que lui donne la veuve du général Caius Hosidius Geta est, pour faire oublier qu’elle a été très proche de Messaline, de diversifier ses appuis au plus sommet de l’empire. Tullia fait état du soutien du puissant affranchi Narcisse et du fait qu’elle est une amie intime de Nymphidia, la fille d’un autre puissant affranchi, Calliste. Fausta lui répond que c’est bien mais l’invite à chercher le maximum d’appuis, car sa conduite fait planer sur sa tête la menace permanente de poursuites pour stuprum.
• Je compte bien suivre ton conseil. Et pour changer mon image à Baïes ?
• Je veux davantage. Je veux que tu deviennes la reine de Baïes. Et pour cela, outre ta beauté et ta sensualité, tu as un autre atout : la fortune illimitée dont tu as héritée de Lurco. Et une méthode : l’évergétisme.
L'évergétisme est chez les Grecs et les Romains la pratique de libéralités de la part d'un riche notable (appelé évergète) en faveur de la cité. Ce terme provient d’un verbe grec « euergetéô » signifiant « faire du bien ». L’évergétisme consiste, pour les notables, à faire profiter la collectivité de leurs richesses, par l'embellissement de leur ville, par la construction de monuments, l’érection de statues, des divertissements offerts, comme l’organisation de spectacles et jeux, les distributions d'argent, de cadeaux, de terres ou encore d’aliments.
• Je compte bien que tout l’argent qui a été volé par les ancêtres de Lurco lors des proscriptions et des guerres civiles serve à faire le bien. Que proposes-tu exactement ?
• Baïes doit son succès à la douceur de son climat et à la présence de sources thermales, ces sources chaudes, sulfureuses ou salines, qui sont vantées comme les plus curatives et les plus abondantes d'Italie. Baïes attire toujours plus de monde, pendant la période estivale, mais aussi de plus en plus de résidents permanents. En conséquence, les Thermes de Baïes font l’objet de modifications structurales et fonctionnelles : les terrasses ont été réaménagées et enrichies avec de nouvelles parties et de nouveaux bâtiments. Les thermes actuels, appelés thermes de Mercure, qui datent du début du règne d'Auguste, ne suffisent plus. Il y a un projet de nouveaux thermes, à proximité du temple d'Aphrodite Sosandra. C’est un projet grandiose. Trois niveaux sont prévus : en haut, une cour cernée de portiques sur trois côtés ; une terrasse intermédiaire, bordée d'une structure en arc de cercle devant un bassin rond ; en bas, une vaste piscine rectangulaire.
• Tu me suggères de proposer ma contribution. Il n’y a pas de séparation des hommes et des femmes aux thermes de Baïes ?
• Il y a des accès séparés. Les tarifs sont plus élevés pour les femmes. Mais les tentatives d’imposer des horaires séparés ont toujours échoué. Seul l’apodyterium (le vestiaire) n’est pas mixte. Donc les thermes sont un excellent terrain de chasse pour toi !
• En échange de mon « évergétisme », que puis-je demander ? Je suis prête à être très généreuse.
• Je n’en doute pas ! Tu pourras demander à disposer d’une ou plusieurs pièces qui te seraient réservées sur certaines périodes au moins, dans les bâtiments annexes aux thermes. Ces espaces dédiés au sport et à la culture offrent la possibilité de prolonger le bain par un moment de détente pour le corps et l'esprit. Je ne doute pas que tu en feras bon usage !
Tullia suivit l’idée de Fausta et fit une proposition très généreuse aux édiles de Baïes, tant pour contribuer à la construction des nouveaux thermes que pour le fonctionnement des actuels thermes de Mercure. Les notables de Baïes oublient soudainement leurs griefs contre la « putain de Messaline » et acceptent avec enthousiasme sa proposition, qui va faciliter la réalisation du projet des thermes de Sosandra. En contrepartie, Tullia aura sa disposition une grande pièce entre la bibliothèque et le gymnase et pourra, quand elle en a besoin utiliser à des fins privatives les jardins, le palestre ou d’autres pièces.
***
En étant loin de Rome, Tullia pense se tenir à distance de la politique et de ses dangers, qu’elle a pu voir de près sous Messaline et dont elle s’était sortie de justesse, mais au prix de la perte de Valens, l’homme qu’elle aimait. La politique va la rattraper à Baïes, au sujet du remariage de Claude.
Lors de la terrible soirée, qui s’était terminée par l’exécution de Silius, de Messaline et de nombre de ses amants, Claude s’était rendu au camp des prétoriens, qui l‘avaient assuré de leur soutien et l’avaient poussé à se montrer impitoyable. Dans l’allocution prononcée devant les prétoriens, Claude leur avait dit que le mariage ne lui réussissait décidément pas et avait promis de ne pas se remarier, faute de quoi les prétoriens seraient en droit de le tailler en pièces ! Moins de trois mois après, il avait changé d’avis. Connaissant la faiblesse de Claude envers les femmes, ses puissants affranchis s’affrontent en proposant leurs candidates, comptant bien régner à travers l’impératrice.
Calliste, qui gère le service administratif traitant les causes évoquées en appel à l'empereur (a cognitibus) et les requêtes (ab libellis), est convaincu d’avoir trouvé la bonne candidate : Lollia Paulina, âgée de 33 ans. Paulina est très riche, après avoir hérité de biens d'un aïeul M. Lollius, fruits de concussions en Germanie. Son premier mari, Publius Memmius Regulus, est consul suffect en 31, et par la suite gouverneur en Mésie. Peu de temps après la mort de sa sœur et amante Drusilla, en 38, Caligula force Memmius à divorcer d'avec sa femme. Il avait entendu parler de la beauté remarquable de Lollia Paulina. Il ne lui faut pas plus de six mois pour qu'il se sépare d'elle parce qu'elle ne pouvait avoir d'enfants. Il lui interdit même de coucher avec un autre homme, voire de s'en approcher. Calliste la voit d'un bon œil, parce qu'elle est belle, expérimentée à tout point de vue et qu’elle n'a pas d'enfants et ne peut en avoir, évitant ainsi toute concurrence avec Britannicus, le fils de Claude.
Pallas, secrétaire aux finances de la maison impériale (a rationibus), défend la candidature de sa maîtresse Agrippine, fille de Germanicus et d’Agrippine l’ancienne, sœur de Caligula et donc nièce de Claude. Agrippine a le même âge que Lollia Paulina. Elle est, elle aussi, très belle, très intelligente et a une filiation prestigieuse, en tant que descendante directe d’Auguste. Elle a une réputation sulfureuse du fait de ses relations incestueuses avec Caligula et de liaisons multiples. Elle a eu aussi, de son premier mariage avec Ahénobarbus, un fils, Lucius, le futur Néron, âgé alors de 11 ans. Agrippine, qui s’était prudemment tenue à distance de Messaline, rend visite assidument à son bon oncle Claude et il se dit qu’elle a su trouvé les bons arguments pour être proche de lui. Il y a contre elle le fait qu’un tel mariage est un inceste, ce qui est très mal vu à Rome. Pallas fait valoir qu’un autre remariage d’Agrippine, veuve depuis peu de son second mari, créerait un rival pour Claude.
Narcisse, le praepositus ab epistulis (responsable de la correspondance) est l’homme de confiance de l'empereur et celui qui a provoqué la chute de Messaline. Pourtant avisé, il ne s’attendait pas au revirement si rapide de Claude et il est pris de court. En privé, il évoque avec l’empereur une candidate inattendue : Tullia ! Elle est jeune et belle, capable de donner des enfants à l’empereur et, ce qui compte beaucoup pour l’empereur, très érudite. Narcisse ajoute qu’elle est issue d’une des plus anciennes familles patriciennes de Rome. Claude est manifestement tenté :
• J’ai apprécié l’immense culture de la fille de mon ami Marcus Tullius Longus. Et pour être franc avec toi, j’ai adoré la baiser. Même avec Messaline, je n’avais jamais eu autant de plaisir. Mais justement, elle est comme Messaline !
• Nous saurons la contrôler. Elle sait comment a fini Messaline. Si tu es d’accord, je vais lui en parler. Je vais prochainement dans ma villa de Stabies (près de Pompéi). Je passerai la voir à Baïes.
***
Tullia ne s’attendait pas à la visite de Narcisse, qu’elle n’avait pas revu depuis la terrible journée où il était venu lui annoncer la mort de Valens et son exil pour Baïes.
Après avoir félicité Tullia pour la naissance de sa fille, Narcisse lui annonce que Claude veut se remarier et qu’elle est une candidate sérieuse. Tullia ne cache pas sa surprise :
• Il y a 3 mois, César me condamne à l’exil et maintenant il envisage de faire de moi une impératrice !
• Claude aime les jolies femmes. Il a très envie de te baiser à nouveau !
• Une question : serai-je obligée d’être fidèle ?
• La réponse officielle est oui. Mais, à condition d’être discrète, tu pourras avoir quelques amants.
• Je n’ai pas oublié que Claude a divorcé de Plautia Urgulanilla pour adultère et surtout comment a fini Messaline.
• L’une et l’autre avaient exagéré. Tu es bien plus intelligente que ces femmes.
Tullia hésite, car ce serait pour elle une formidable revanche, y compris envers son père Marcus. Narcisse accepte de la laisser réfléchir quelques jours.
Les murs du palais impérial ont des oreilles et la visite de Narcisse n’a pas échappé à Pallas et à Agrippine. Lucius Agermus sera l’intermédiaire d’Agrippine auprès de Tullia.
***
Lucius Agermus était né libre dans une famille ruinée par les usuriers, dont les dettes avaient été éteintes par le terrible Cnaeus Domitius Ahenobarbus, le mari d’Agrippine la jeune et père du futur Néron. En échange, le jeune Lucius était devenu l’esclave d’Ahenobarbus.
Ahenobarbus était cruel et débauché et il avait fait du beau Lucius son mignon, devenant, dès l’adolescence d’Agermus, son « fututor ». Agermus avait connu le sort de nombre d’esclaves à Rome, à la disposition du maître, y compris sur le plan sexuel. Et en effet Ahenobarbus ne se gênait pas, à chaque fois qu’il en avait envie de la bouche et du cul du jeune esclave.
Agermus était alors un bel éphèbe, cela n’avait pas échappé à Agrippine, l’épouse délaissée de « barbe d’airain ». Agermus avait été attirée par la beauté de la fille de Germanicus et était devenu son amant, en toute discrétion, pour éviter les foudres d’Ahenobarbus. Agermus se partageait donc entre le mari, qui le sodomisait chaque soir, et l’épouse, qu’il baisait. Dès ce moment, Agermus, amoureux sans espoir de la Domina, la sert aveuglément.
Après la mort d’Ahenobarbus en janvier 40 et le retour d’exil d’Agrippine, qui suit l’assassinat de Caligula et l’avènement de Claude, Agermus retrouve le service d’Agrippine, qui l’affranchit, tout en continuant à coucher avec lui, y compris après son remariage avec le riche sénateur Caius Sallustius Crispus Passienus. Au décès de celui-ci, en 47, Agrippine nomme son fidèle Agermus intendant de son domaine de Baules, à proximité de Baïes, qui devient son lieu de villégiature préféré.
Quand Agrippine apprend, par Pallas, que Narcisse envisage la candidature de Tullia pour épouser Claude, elle convoque Agermus. Celui-ci a rarement vu sa maitresse dans une telle colère :
• Lucius, tu sais qui est Tullia, la fille de Marcus Tullius Longus ?
• Bien sûr, exilée de Rome sur décision de César, elle vit désormais à Baïes, dans la villa de son défunt mari, Lurco.
• Comment est-elle perçue à Baïes ?
• Elle est ostracisée par la bonne société, du fait de sa réputation et de sa proximité de Messaline. Baïes n’est pas prude, mais elle choque car elle vit en concubinage avec un eunuque arménien. On dit aussi qu’elle est tribade et qu’elle baise avec ses esclaves.
• Tu es bien placé, Agermus, sourit Agrippine, pour savoir que les esclaves sont à la disposition du plaisir des maîtres. Mais c’est vrai qu’à côté d’elle, Messaline était presqu’une vierge !
• Qu’attends-tu de moi, Domina ?
• Tu vas te rendre chez elle et lui dire que je veux la voir à Baules. Et, très important, tu vas la baiser, pour vérifier si elle est capable de résister à la tentation.
Deux jours après, Tullia reçoit la visite de Lucius Agermus.
***Tullia est au bord de sa piscine, profitant de la douceur de l’automne à Baïes, vêtue d’une simple tunique, lorsque Marcia, devenue la responsable des servantes, l’informe que Lucius Agermus demande à être reçu. Tullia s’est soigneusement renseignée sur la société de Baïes et sait donc qui est Agermus. Il est la première personnalité à rompre l’ostracisme qui pèse sur Tullia depuis qu’elle s’est installée à Baïes.
Tullia est immédiatement attirée par son visiteur. Lucius Agermus est une force de la nature. Ses muscles témoignent de sa virilité et de la pratique régulière de l’exercice physique.
Il est le type de mâle qu’elle affectionne et, immédiatement, elle sent en elle les signes de son excitation, avec sa chatte qui devient humide et ses tétons qui se durcissent.
• Avé, Lucius Agermus. C’est un plaisir que de recevoir une personnalité de Baïes et surtout un proche d’Agrippine, fille du grand Germanicus et nièce de César. Que me vaut l’honneur ?
• Je ne voulais pas me contenter de ce qui se colporte sur toi dans tout Baïes et que ton défunt mari, Lurco avait tant fait circuler.
• Et alors ? Que dit-on ? Et qu’en penses-tu ?
• Ce qu’on dit, tu le sais. Quant à moi, je trouve ça intéressant et excitant, surtout en te voyant !
Le regard de Lucius Agermus est sans ambiguïtés, celui d’un chasseur qui sait que la proie va être à lui. Il veut Tullia et celle-ci désire aussi ce mâle.
• Si nous poursuivons cette conversation à l’intérieur de la Domus, Lucius Agermus. Nous y serons plus tranquilles pour ce que nous avons à faire.
• C’est comme tu le souhaites Domina !
Il ajoute, en la dévorant des yeux :
• J’étais prêt à te baiser ici, au bord de la piscine. Il parait que tu aimes faire ça devant des témoins
• J’adore ça. Ce sera pour une autre fois !
Tullia s’approche d’Agermus et lui offre ses lèvres. Il serre la jeune femme contre lui pour lui faire sentir son désir, alors que ses mains sont sur les fesses de Tullia et commencent à explorer sa chatte, déjà béante et trempée. Tullia, gouvernée par ses pulsions, ne se rend même pas compte qu’à quelques mètres, Lucia et Parsam observent la scène :
• Elle n’a désormais plus aucune limite, dit Parsam, avec un sourire triste.
• Nous devons nous en accommoder, Parsam. Tullia t’aime, elle m’aime mais Tullia aime aussi prendre l’initiative en amour. Elle choisit de se donner à qui veut d’elle et quand elle le désire.
Parsam sait que, parce qu’il aime Tullia, il ne peut rien faire contre sa nature. Lucia et lui s’éloignent discrètement, pour ne pas croiser le regard de Lucius Agermus.
Une fois dans la grande chambre, Tullia s’allonge sur le lit.
• Si tu persistes à t’allonger vêtue, tu feras l’expérience de mes mains qui déchireront ton vêtement !
L’homme demande à Tullia de dénouer ses cheveux pour le plus grand plaisir de ses yeux. Le fait de dénouer sa chevelure est à Rome la marque de la disponibilité de la femme pour l’acte sexuel. La beauté de Tullia retient l’attention de Lucius : son regard se concentre sur ses seins, ses jambes et ses lèvres.
Tullia n’a pas honte d’enlever sa tunique, de placer sa cuisse sous celle de son amant, de recevoir une langue entre ses lèvres pourpres et d’inventer mille postures amoureuses.
Agermus, comme ses autres amants, se met au service de sa partenaire, Il met tout en œuvre pour que la femme puisse obtenir sa jouissance. Tullia se montre fière de braver les interdits sociaux pour assouvir sa passion et revendique sa totale liberté sexuelle et la jouissance physique.
Agermus et Tullia adoptent la position de « l’Equus eroticus », position où l’homme est vu comme le cheval et la femme comme le cavalier. La position du cheval est adaptée aux relations extraconjugales, qui se nouent pour le seul plaisir des deux partenaires.
Lucius Agermus ne s’embarrasse ni de préliminaires ni de tendresse avec Tullia. Il désire cette femme pour laquelle il n’a que mépris. Pour lui, elle est une Meretrix, une putain, pire que Messaline. Il sait par Agrippine qu’elle a accompagné Messaline à Suburre et s’est vendue dans des lupanars. Avec Agrippine, c’est autre chose. Agermus la craint et la révère. Il n’a jamais osé lui dire qu’il l’aimait. Il sait que la fille du grand Germanicus n’accepterait pas cela d’un ancien esclave. Agermus aime Agrippine au point de donner sa vie pour elle et c’est d’ailleurs ce qu’il fera, dix ans plus tard. Tout simplement parce qu’elle lui a redonné sa dignité d’homme, alors qu’il était devenu le mignon du terrible Ahenobarbus, qui avait fait de lui sa femelle.
Avec cette Tullia, rien de tout cela. Elle n’est qu’une femelle, il est un fututor. Il la baise. Elle est à lui. Traumatisé par les relations homosexuelles que lui avait imposées dans son adolescence Ahenobarbus, Agermus n’a cessé, depuis le décès de ce monstre, de se prouver sa virilité. Pas avec Agrippine, qu’il est fier de faire jouir, mais qui l’impressionne et le domine. Avec les nombreuses esclaves de la villa de Baules qui occupent sa couche et avec lesquelles il a pu développer sa virilité et son endurance. C’est la première fois qu’il a l’occasion d’exercer ses talents avec une patricienne, mais il ne fait pas la différence. Il traite cette Tullia comme il le fait avec les esclaves. Pour lui c’est une putain qu’il traite comme telle, d’autant qu’il comprend que c’est ce qu’elle veut et qu’elle aime.
Les cris de plaisir de Tullia doivent s’entendre hors de la villa et il continue à la pilonner, alors qu’elle enchaine les orgasmes :
• Tu aimes ça, chienne ?
• Oh oui, que c’est bon, baise-moi !
• Que tu es bonne ! Mets-toi à quatre pattes, je vais te prendre en levrette.
Tullia tend sa croupe et appelle la saillie du mâle. Agermus s’enfonce d’un coup et commence à pilonner Tullia, ses couilles lourdes tapant contre les fesses de la patricienne. Même si elle a déjà une intense expérience d’hypersexuelle, Tullia doit admettre que l’intendant d’Agrippine est un baiseur hors pair. Elle enchaine les orgasmes, qui vont crescendo, sans qu’Agermus ne cède. Il lui impose son rythme, sa puissance. Il la démonte, la tenant par les cheveux.
Tullia passe des gémissements aux cris, puis aux hurlements. Ses larmes coulent tellement son plaisir est violent :
• Oh tu me tues ! Vas-y, n’arrête pas, n’arrête pas ! Baise-moi !!!! Encore !!!! Oui, comme ça !
• Tu aimes ça, hein, petite garce ? Dis-moi ce que tu es ?
• Une putain !
• C’est évident ! Prends-ça ! Tu es une salope !
• Oh j’aime quand on me parle ainsi pendant qu’on me baise ! Continue !
• Chienne, cochonne ! Dis à qui tu es, maintenant ?
• Je suis à toi ! Uhhh, tu pourras me prendre à chaque fois que tu en auras envie.
A l’extérieur, les cris de la Domina sont tellement forts que les esclaves qui s’affairent à nettoyer l’atrium et les abords de la piscine s’interrompent, abasourdis.
Certains n’hésitent pas à faire des commentaires, exprimant leurs sentiments, leur manque de respect pour une Domina qui se laisse aller à ce point :
• Par Mercure, qu’est-ce qu’il lui met !
• Haec mulier maxima umquam meretrix est! (« Cette femme est la plus grande putain que je n'ai jamais vue » !)
Parsam ne dit rien, figé. Il a en lui l’envie de fuir, mais il ne le fera pas. Il aime Tullia et veut, dans la mesure du possible, la protéger, d’abord contre elle-même. Et puis il y a ce bébé, la fille de Valens. Il a promis à Valens d’en prendre soin. A ses côtés, Lucia comprend et prend la main de Parsam, la serre, dans une infinie tendresse. Leur rapprochement donne de la force à Parsam comme à Lucia
Dans la chambre, Agermus baise Tullia sans interruption depuis plus d’une demi-heure. Il atteint enfin les limites de sa formidable résistance :
• Je vais venir. Je vais te remplir. Je vais te féconder !
• Ouiiiiii je veux ta semence ! Viens !!!!!
Le visage de Tullia est baigné de sueur, ses traits sont déformés par le plaisir. Agermus va lui laisser un temps de récupération, toujours sans marquer la moindre tendresse. Puis il lui impose de réveiller sa virilité avec ses talents de fellatrice, avant de la prendre à nouveau.
Ce n’est qu’après qu’ils aient baisé pendant deux heures qu’Agermus annonce à Tullia l’autre motif de sa visite : elle est « invitée » à rencontrer Agrippine, le lendemain, à sa villa de Baules. Il rassure Tullia en lui disant qu’il est aussi venu pour la connaitre dans tous les sens du terme. Et en effet, Agermus fut la première des nombreuses personnalités de Baïes à partager la couche de la jeune patricienne. Il reste au service d’Agrippine, mais sera désormais un des amants réguliers de Tullia. Il viendra très souvent à la Villa, exigeant que Tullia soit toujours disponible pour lui, trouvant un plaisir tout particulier à la posséder devant ses esclaves, mais aussi devant Parsam et Lucia. Tullia ne peut rien refuser à cet étalon qui lui donne tant de plaisir.
Quand Agermus est parti, Tullia ressent de la honte vis-à-vis de Parsam et de Lucia. Comment s’expliquer, leur dire que c’est eux qu’elle aime et que ce qui s’est passé n’est que du sexe ? Elle n’a pas besoin de leur expliquer, ils savent parce qu’ils la connaissent et qu’ils l’aiment, telle qu’elle est. C’est entre leurs bras et grâce à leur tendresse que Tullia s’apaise et retrouve force et sérénité.
***
Dans la soirée, Tullia s’empresse de se rendre chez Fausta pour lui raconter sa journée. Tullia est très heureuse d’avoir fait d’Agermus son amant, convaincue qu’il sera le premier d’une longue série. Puis elle parle de l’invitation d’Agrippine et des raisons de cette « convocation ».
Fausta rappelle qu’Agermus est entièrement soumis à Agrippine et donc que son rôle sera de surveiller Tullia pour le compte de sa maitresse. Et surtout elle met en garde Tullia au sujet d’Agrippine, « plus dangereuse encore que Messaline ». Fausta, comme épouse de Caius Hosidius Geta, a bien connu la fille de Germanicus et d’Agrippine l’ancienne et s’en méfie beaucoup.
Fausta raconte à Tullia le parcours d’Agrippine, belle et intelligente, mais surtout avide de pouvoirs, ambitieuse et sans scrupules. Elle n’occulte rien, ni le mariage avec Ahenobarbus, une brute débauchée et sanguinaire, ni les relations incestueuses avec son frère, l’empereur Caligula. Le même Caligula avait jeté Agrippine et sa sœur, Julia Livilla dans les bras de ses favoris et notamment de Lepidus, l’époux de leur autre sœur Drusilla, que l’empereur-fou aimait passionnément.
• Je sais tout cela. Il y a eu ensuite ce complot avec le même Lepidus et qui valut à Agrippine et sa sœur un exil dans les iles Pontines, jusqu’à l’avènement de Claude.
• Alors tu sais aussi que, veuve d’Ahenobarbus, elle a cherché à se remarier. Elle a d’abord tenté de séduire le général Servius Sulpicius Galba, qui commandait alors les légions en Germanie, alors qu’il était marié.
• Galba l’a repoussé et elle a alors jeté son dévolu sur Passienus, le faisant divorcer de Domitia Lepida Major, sa propre belle-sœur. Passienus est mort opportunément il y a un an, lui léguant son immense fortune.
• Je sais qu’on a dit qu’elle l’aurait empoisonné.
• Et je te passe la liste des amants qu’elle a eus ou qu’on lui prête : outre Agermus, on cite le philosophe Sénèque, qui est en exil en Corse pour avoir été l’amant de Livilla
• Messaline en profita pour exiler et faire assassiner Livilla, en qui elle voyait une rivale, en l’accusant d’adultère. Un comble !
• Et Agrippine a d’autres amants parmi des hommes nouveaux, des chevaliers, comme Lucius Faenius Rufus ou encore Sextus Afranius Burrus. Il y a eu aussi Caius Ofonius Tigellinus, né en Sicile, fils d’un citoyen romain d’origine grecque, homme d’ascendance obscure.
• J’ai entendu parler de lui. Tigellin est un bel homme, à ce qu’on dit. Il est souvent à Baïes quand ses affaires le lui permettent.
Fausta comprend que Tullia songe sérieusement à accrocher Tigellin à son tableau de chasse.
• Comme Messaline, Agrippine est parfaitement amorale. Elle est, je le répète, plus intelligente et donc plus contrôlée. Ses charmes sont d’abord au service de son ambition. Et cette ambition est de placer un jour son fils, Lucius Domitius Ahenobarbus, sur le trône des Césars, en tant que petit-fils de Germanicus. A la naissance de son fils, elle a consulté des mages chaldéens qui lui ont prédit que son fils régnerait mais qu'il tuerait sa mère. Elle leur aurait répondu : « Qu'il me tue, pourvu qu'il règne » ! C’est pour cela qu’elle veut épouser son bon oncle Claude !
• Mais Claude a un fils, le petit Britannicus !
• La mort de Messaline a affaibli la position de cet enfant de 7 ans, dont la santé est fragile.
• Agrippine est la nièce de Claude ! Les Romains n’accepteront pas un inceste.
• Les appuis d’Agrippine, Pallas et Vitellius régleront le problème en faisant changer les lois. Crois-moi, Tullia, méfie-toi et ne te mets pas sur le chemin de cette femme dangereuse !
A son retour à la villa, Tullia a droit également aux avertissements de Parsam, qui, de par sa proximité avec Messaline, avait pu observer la nièce de Claude. Il insiste sur le portrait psychologique d’Agrippine :
• Agrippine est une femme fière, très intelligente, forte, dure et froide. Elle est observatrice, froide, patiente et prudente, méfiante, ce qui lui a permis, contrairement à sa sœur Livilla, de survivre sous le règne de Messaline. Quand il le faut, elle sait aussi se montrer audacieuse, enjôleuse et manipulatrice. Mais elle peut être cruelle et violente si on est un obstacle pour ses ambitions. Ne te mets pas en travers de son chemin.
***
C’est en ayant en tête ces mises en garde que, le lendemain, Tullia se rend à la villa d’Agrippine à Baules.
Cette fois, Tullia ne cherche nullement à séduire. Elle se présente, vêtue d’une stola blanche très classique, avec de longues manches, ceinte par des rubans et recouverte par un manteau, la palla, ce grand châle rectangulaire. Tullia, qui d’habitude, porte des couleurs vives, marques des femmes légères et des courtisanes, a, cette fois, choisi une stola blanche. C’est une matrone qui rend visite à une autre matrone, l’une et l’autre récemment veuves.
Agrippine accueille chaleureusement Tullia et lui fait les honneurs de sa villa de Baules, joyau de son immense fortune, héritage de ses deux mariages. Tullia en profite pour observer soigneusement Agrippine.
A 33 ans, Agrippine est toujours une belle femme. La forme carrée de son visage rappelle à Tullia les statues du grand Germanicus. Agrippine joue sur cette ressemblance qui lui attire la sympathie. La ligne des sourcils est basse, surlignant de grands yeux au-dessus de pommettes un peu larges. Le nez est droit et un peu fort, encore une fois plus proche de Germanicus que de celui d’Agrippine l’ainée. La bouche, finement ourlée, est plutôt petite, le maxillaire un peu large. La poitrine est moyenne, la taille est marquée, les hanches larges, les membres ronds. Plus que Tullia, Agrippine, femme mure, est une beauté romaine classique. Consciente de ses atouts, elle sait se mettre en valeur et attirer les regards tant par sa beauté, son charisme, son intelligence.
Bisexuelle, Tullia est naturellement attirée par une telle femme, à qui elle aimerait s’offrir. Mais elle sait par Fausta qu’Agrippine déteste les tribades et, de toute façon, Agrippine l’impressionne. Jamais Tullia n’oserait, sauf si Agrippine prenait l’initiative.
Agrippine a, elle aussi, jaugé sa rivale potentielle. Il émane de la jeune Tullia une sensualité exacerbée. Agrippine comprend que les hommes puissent être attirés. Elle sait aussi que Tullia a bénéficié d’une solide éducation classique, qu’elle aime la poésie et l’histoire. C’est pourquoi Agrippine a pris soin de terminer la visite par une grande pièce où figurent de nombreux rouleaux et parchemins. Tullia est fascinée par cette bibliothèque :
• Tu es ici chez toi, Tullia et tu pourras emprunter tous les ouvrages que tu souhaites. Agermus se fera un plaisir d’y veiller, en plus de tout l’intérêt qu’il te porte.
L’allusion était transparente. Son instinct dit à Tullia que, non seulement Agrippine sait tout, mais que ça s’est fait parce qu’elle l’avait voulu.
• Je te remercie pour ta générosité, Agrippine, y compris pour la visite de Lucius Agermus. J’ai beaucoup apprécié.
• Lui aussi. Il m’a tout raconté !
Tullia baisse les yeux et rougit. Agrippine lance alors un coup de griffe :
• J’ai récemment rendu visite à ton père, Marcus Tullius Longus, récemment revenu de son exil à Tomes. Longus est un homme respecté au Sénat et je compte m’appuyer sur lui.
• Tu sais alors que mon père refuse de me revoir.
• Oui, il m’a dit qu’il n’avait plus de fille depuis qu’elle est devenue une putain. La seule chose bien que tu aies faite, m’a-t-il dit, est ton fils CaIus, qui va perpétrer la gens Tullii et qu’il va élever.
Tullia tente de masquer son émotion, alors qu’elle a les larmes aux yeux. Agrippine pousse son avantage :
• On va parler franchement, ma fille. Je sais que Narcisse veut pousser ta candidature comme nouvelle épouse de Claude. Mon bon oncle est fasciné par ta culture et surtout par ton joli cul. Je ne permettrai jamais que Claude épouse une putain et surtout je veux devenir Augusta. Depuis la mort de Messaline, j’ai revu Claude et nous sommes devenus amants. Ne te mets pas en travers de mon chemin !
• Je n’ai pas encore donné ma réponse à Narcisse. J’ai avec César des passions communes et, malgré notre différence d’âge, j’ai eu du plaisir avec lui. Mais je sais aussi quel a été le sort de Plautia Urgulanilla et surtout de Messaline.
• Claude a presque 60 ans et tu as prouvé que tu ne peux pas te passer d’amants et en nombre. Tu es pire que Messaline !
Tullia sait qu’Agrippine a raison, mais, à son tour, réagit :
• Depuis ton mariage avec Passienus, tu as recouvert ta dignité de matrone, chaste, pudique et vertueuse. Cela est l’image officielle, mais, puisque nous sommes seules, tu ne peux mentir et me dire que tu n’aimes pas le plaisir et la volupté.
Agrippine n’apprécie guère cette remarque mais se maîtrise. Elle doit obtenir le désistement de Tullia, qui est pour elle, malgré sa réputation sulfureuse, une rivale dangereuse. Sa réponse confirme ce que Fausta avait dit d’Agrippine, qui se sert de son corps pour parvenir à ses fins et qui sait se maîtriser :
• Dans le plaisir que me donne un amant, je ne me sens jamais engagée toute entière. Les bras qui m’entourent ne sont pas des liens qui m’asservissent. C’est moi qui tiens l’autre sous ma dépendance, même au plus fort de nos étreintes. Lorsque, revenu à lui, mon amant m’appelle Domina, c’est lui le serviteur, c’est moi la maîtresse. Mon corps est pour moi le moyen d’établir ma domination, avant d’être celui de mon plaisir. Au-delà de la défaillance passagère de mes sens, ma volonté reste intacte.
• Et si je dis à Narcisse que je suis prête à épouser Claude, que feras-tu ?
• Tu seras alors mon ennemie mortelle, même si, en présence de l’empereur, je montrerai beaucoup de déférence pour ma nouvelle tante. Claude ne saura pas te protéger, crois-moi. Je prendrai le temps, mais tu périras, comme tous ceux et celles qui barrent la route de l’empire à moi et à mon fils.
Tullia comprend qu’Agrippine ne plaisante pas. Même au temps de Messaline, elle n’a jamais été aussi en danger.
• Et que me proposes-tu, si je décline la proposition de Narcisse ?
• Je vois que tu es intelligente ! Je te propose d’abord mon amitié et ma protection, celle de l’Augusta, qui va effectivement diriger l’empire à travers mon mari et oncle. Je ferai davantage. Je ferai savoir que tu es mon amie et ma protégée, que tu es reçue ici à Baules à ce titre. Comme cela, ce tout Baïes, qui te boude actuellement, sera à tes pieds. Tu seras la reine de Baïes. Bien entendu, ta présence à Rome est toujours interdite, sauf accord de ma part. Qu’en penses-tu ? Je veux ta réponse maintenant, car demain je rentre à Rome
Tullia réfléchit rapidement. Agrippine a la réputation d’être impitoyable mais aussi de faire ce qu’elle dit. Son offre est donc sérieuse et correspond à ce que recherche Tullia : être loin des dangers de la politique et jouir sans limites des plaisirs de la vie. Vouloir devenir l’épouse de Claude est tentant, parce que c’est approcher le pouvoir, mais c’est un mirage, à cause duquel elle se créerait des ennemis, la pire étant Agrippine. Claude est âgé et surtout versatile et faible. Outre que Tullia devait, après l’épisode Messaline, renoncer à sa vie de plaisirs, que deviendrait-elle, une fois l’empereur disparu, menacée par la vengeance de ses ennemis?
• Je suis ta servante, Augusta, dit Tullia en inclinant la tête
• Je ne le suis pas encore, mais quand je serai Augusta, je n’oublierai jamais ton soutien à un moment décisif. Tu es intelligente et sage, Domina !
***
Parsam, soulagé que Tullia ait choisi la voie de la sagesse, est chargé d’aller faire connaitre à Narcisse la réponse de Tullia. Le puissant affranchi cache difficilement sa colère et sa déception :
• Tullia a choisi. Elle préfère donc le plaisir au pouvoir. Les Dieux fassent que Rome ne paie pas le prix de ce choix.
Narcisse fit une dernière tentative pour barrer la route à Agrippine. Il proposa que Claude se remarie avec Ælia Pætina, âgée de 40 ans et mère de sa fille Antonia. Les époux avaient divorcé après l’exécution du Préfet Séjan, Ælia Pætina étant de la famille de l’ancien favori de l’empereur Tibère. L’argument de Narcisse est qu’Ælia Pætina ferait une excellente mère de substitution pour Britannicus et Octavie, les enfants en bas âge de Claude. L’intention de Narcisse était d'entraîner Claude à choisir Faustus Cornelius Sulla Felix (22-62), demi-frère de Messaline et mari de Claudia Antonia, la fille qu'il avait eue avec Ælia, comme son successeur plutôt que Britannicus qui lui était hostile, vu le rôle de Narcisse dans la chute de Messaline. Claude aurait eu ainsi un héritier adulte, ce qui aurait renforcé la position de Narcisse.
On sait comment Pallas emporta la décision de Claude en faveur d’Agrippine. Le rôle décisif fut joué par le sénateur et ancien consul Lucius Vitellius. Toujours aussi courtisan, il sera aussi obséquieux avec Agrippine qu’il l’avait été avec Messaline. Il a la totale confiance de Claude, lequel lui a exceptionnellement abandonné sa fonction de Censeur, magistrat tout puissant qui tient le registre des personnes admises au Sénat. La fonction amène également à surveiller les mœurs. À cet effet, le censeur déteint la « cura morum » qui permet de rayer de l’album sénatorial les sénateurs indignes, mais aussi de flétrir publiquement la réputation d’une personne par la « nota censoria ».
Vitellius fait voter une motion par le Sénat obligeant l’empereur à se remarier. Puis Vitellius obtient le vote par le sénat d’une loi qui permet à un oncle d’épouser sa nièce: Claude n'est plus ainsi en situation d’inceste. Même l’austère Marcus Tullius Longus, sensible aux visites et démonstrations d’amitié d’Agrippine, a soutenu son collègue Vitellius. Aussitôt, Claude se hâte de se conformer à la demande pressante du Sénat et du peuple romain, en épousant, en janvier 49 de notre ère, l’ambitieuse Agrippine.
Tullia, instruite par ses turpitudes avec Messaline, a renoncé à régner à Rome et s’est placée sous la protection de la redoutable Agrippine. Très bonne décision, quand on sait comment par la suite, Agrippine, de par son influence et ses manœuvres élimina ses rivales passées, comme Lollia Paulina ou futures, celles-ci par rapport à l’influence sur son fils, Néron, à l’instar en 53 de Domitia Lepida, la tante du futur empereur. Sans oublier la virulence de la « meilleure des mères » envers les maitresses de son fils, Acté, puis Poppée. Mais ceci une autre histoire !
(A suivre 24 « La reine de Baïes »)
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4 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
@ Didier, en effet l'évergétisme (on dirait aujourd’hui le mécénat, était très important dans les villes romaines. J'ai donc imaginé que c'est ainsi que Tullia, qui dispose d'une immense fortune, devient la véritable "reine de Baies" et dispose d'espaces qu'elle peut occuper de façon privative aux thermes.
Les 20 premiers chapitres ont été marqués par la personnalité de Messaline, les prochains le seront par celle d'Agrippine la jeune, nièce et dernière épouse de Claude. Agrippine, belle et ambitieuse, prête à tout pour que son fils, le futur Néron, règne sur le trône des césars
Les 20 premiers chapitres ont été marqués par la personnalité de Messaline, les prochains le seront par celle d'Agrippine la jeune, nièce et dernière épouse de Claude. Agrippine, belle et ambitieuse, prête à tout pour que son fils, le futur Néron, règne sur le trône des césars
Olga,
je te remercie pour ce retour, si instructif dans ta méthodologie, qui ne fait que confirmer tout le bien que je porte à ton travail et tes écrits.
En ce qui me concerne de plus, ce chapitre "Tullia et Agrippine" tient toutes ses promesses.
Il est hautement historique, avec une pointe de culture, et du sexe évidemment.
Question culture, j'ai bien apprécié cette évocation de de la notion d'évergétisme, qui pourrait être assimiler actuellement à du mécénat.
De plus, tu nous fais une belle présentation de ce que pouvait être les thermes de Baïes.
Historiquement, très bien cette complète évocation de cette véritable « guerre de succession » qui se déroula pour trouver une nouvelle épouse pour Claude.
Tu nous décris bien tous les protagonistes ainsi que les tenants et aboutissants.
De plus tu nous y fais une bonne description très détaillée d'Agrippine, sa vie, son ambition, son état d'esprit et ses méthodes expéditives.
C'est très bien vu d'avoir imaginé Tullia comme une des prétendantes potentielles à un mariage avec Claude.
C'est cohérent en soi, car Claude apprécie bien celle qu'il avait déjà rencontré enfant lorsque celui-ci sénateur se rendait chez son ami et père de Tullia, le sénateur Marcus Tullius Longus.
De plus, cela va bien dans la continuité de leur relation établie au fil de divers précédents chapitres, le 13 où Tullia adulte rencontre Claude pour la première fois, le 15 où elle devient sa maîtresse et enfin le 20 où Claude l'a gracié.
Question sexe, tu illustre bien encore une fois, au travers du personnage d'Argemus, la conception de ce que pouvait être la sexualité à l'époque romaine.
Ce chapitre démontre une fois de plus l'anticipation, la réflexion menée, le travail préparatoire, réalisés en amont pour que ton récit soit bien élaboré, cohérent et crédible.
Félicitations, et continue à nous faire rêver par tes écrits.
Didier
je te remercie pour ce retour, si instructif dans ta méthodologie, qui ne fait que confirmer tout le bien que je porte à ton travail et tes écrits.
En ce qui me concerne de plus, ce chapitre "Tullia et Agrippine" tient toutes ses promesses.
Il est hautement historique, avec une pointe de culture, et du sexe évidemment.
Question culture, j'ai bien apprécié cette évocation de de la notion d'évergétisme, qui pourrait être assimiler actuellement à du mécénat.
De plus, tu nous fais une belle présentation de ce que pouvait être les thermes de Baïes.
Historiquement, très bien cette complète évocation de cette véritable « guerre de succession » qui se déroula pour trouver une nouvelle épouse pour Claude.
Tu nous décris bien tous les protagonistes ainsi que les tenants et aboutissants.
De plus tu nous y fais une bonne description très détaillée d'Agrippine, sa vie, son ambition, son état d'esprit et ses méthodes expéditives.
C'est très bien vu d'avoir imaginé Tullia comme une des prétendantes potentielles à un mariage avec Claude.
C'est cohérent en soi, car Claude apprécie bien celle qu'il avait déjà rencontré enfant lorsque celui-ci sénateur se rendait chez son ami et père de Tullia, le sénateur Marcus Tullius Longus.
De plus, cela va bien dans la continuité de leur relation établie au fil de divers précédents chapitres, le 13 où Tullia adulte rencontre Claude pour la première fois, le 15 où elle devient sa maîtresse et enfin le 20 où Claude l'a gracié.
Question sexe, tu illustre bien encore une fois, au travers du personnage d'Argemus, la conception de ce que pouvait être la sexualité à l'époque romaine.
Ce chapitre démontre une fois de plus l'anticipation, la réflexion menée, le travail préparatoire, réalisés en amont pour que ton récit soit bien élaboré, cohérent et crédible.
Félicitations, et continue à nous faire rêver par tes écrits.
Didier
@ Didier, le personnage de Lucius Agermus a existé. Il fut l'intendant de la Villa qu'Agrippine possédait à Baules, à proximité de Baïes. Il fut surtout très fidèle à la " meilleure des mères" et le paiera de sa vie. Pour le reste, j'ai imaginé son comportement et son caractère, ainsi que son histoire.
Quant à Agrippine, qui, elle aussi était belle et sensuelle, elle était totalement différente de Messaline. Comme la précédente impératrice, elle était impitoyable, mais savait protéger ses fidèles, comme l'Affranchi Pallas, qui était probablement son amant.
Ceci rend crédible le " pacte" avec Tullia et la protection qu'elle va lui assurer pendant près de dix ans.
Quant à Agrippine, qui, elle aussi était belle et sensuelle, elle était totalement différente de Messaline. Comme la précédente impératrice, elle était impitoyable, mais savait protéger ses fidèles, comme l'Affranchi Pallas, qui était probablement son amant.
Ceci rend crédible le " pacte" avec Tullia et la protection qu'elle va lui assurer pendant près de dix ans.
Dans ce chapitre hautement historique, Tullia, fidèle à sa philosophie, continue à oeuvrer pour conquérir la ville de Baïes.
Dans un premier temps, en suivant le conseil judicieux de sa nouvelle amie Fausta, notre belle héroïne réussit, de par son évergétisme pour les thermes, à se concilier les édiles et notables de Baïes.
Dans un second temps, Tullia rencontre et obtient la protection d'Agrippine, nièce de l'empereur Claude.
En effet, Claude désirant se remarier, ses affranchis lui proposent chacun leurs candidates, Paulina, Agrippine et surtout Tullia.
Notre belle matrone, passant du statut d'exilée à celui de potentielle Augusta, se montre prudente à l'annonce de cette proposition.
De son côté, la redoutable Agrippine, très ambitieuse mais surtout machiavélique, souhaitant rencontrer sa potentielle rivale, lui envoie son fidèle serviteur Lucius Agermus pour la convier à sa villa, mais aussi pour la tenter, la tester.
Pour le grand déplaisir de Lucia et Parsam, dorénavant très proches l'un de l'autre, Tullia, ne pouvant résister à la tentation, se donne à Agermus sans aucune retenue, tombant ainsi sous l'emprise de ce mâle, ce "macho dominateur", ravi de trouver là un jouet sexuel dont il pourra disposer à loisir.
Avertie préalablement par Fausta et Parsam de la dangerosité de sa rivale, notre belle matrone se présente chez Agrippine.
Faisant preuve de bon sens en ayant retenu les leçons d'un proche passé, Tullia renonce finalement à ce mariage en échange de la protection et de l'amitié de la future Augusta.
Malgré ce titre « La reine de Baïes », Tullia arrivera-t-elle vraiment dans le prochain chapitre à conquérir Baïes?
Agrippine tiendra-t-elle parole? Adoubera-t-elle Tullia auprès de la haute société de Baïes?
Agermus profitera-t-il encore de la "faiblesse" de Tullia? Sera-t-il l'amant exclusif de Tullia?
Et qu'en est-il d'Epicharis? Va-t-elle enfin connaitre celle qui l'a libérée de sa condition?
Didier
Dans un premier temps, en suivant le conseil judicieux de sa nouvelle amie Fausta, notre belle héroïne réussit, de par son évergétisme pour les thermes, à se concilier les édiles et notables de Baïes.
Dans un second temps, Tullia rencontre et obtient la protection d'Agrippine, nièce de l'empereur Claude.
En effet, Claude désirant se remarier, ses affranchis lui proposent chacun leurs candidates, Paulina, Agrippine et surtout Tullia.
Notre belle matrone, passant du statut d'exilée à celui de potentielle Augusta, se montre prudente à l'annonce de cette proposition.
De son côté, la redoutable Agrippine, très ambitieuse mais surtout machiavélique, souhaitant rencontrer sa potentielle rivale, lui envoie son fidèle serviteur Lucius Agermus pour la convier à sa villa, mais aussi pour la tenter, la tester.
Pour le grand déplaisir de Lucia et Parsam, dorénavant très proches l'un de l'autre, Tullia, ne pouvant résister à la tentation, se donne à Agermus sans aucune retenue, tombant ainsi sous l'emprise de ce mâle, ce "macho dominateur", ravi de trouver là un jouet sexuel dont il pourra disposer à loisir.
Avertie préalablement par Fausta et Parsam de la dangerosité de sa rivale, notre belle matrone se présente chez Agrippine.
Faisant preuve de bon sens en ayant retenu les leçons d'un proche passé, Tullia renonce finalement à ce mariage en échange de la protection et de l'amitié de la future Augusta.
Malgré ce titre « La reine de Baïes », Tullia arrivera-t-elle vraiment dans le prochain chapitre à conquérir Baïes?
Agrippine tiendra-t-elle parole? Adoubera-t-elle Tullia auprès de la haute société de Baïes?
Agermus profitera-t-il encore de la "faiblesse" de Tullia? Sera-t-il l'amant exclusif de Tullia?
Et qu'en est-il d'Epicharis? Va-t-elle enfin connaitre celle qui l'a libérée de sa condition?
Didier