Histoire des libertines (122) : La Barucci, « première putain de Paris ».
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire des libertines (122) : La Barucci, « première putain de Paris ».
Giulia Beneni (1837-1871), qui se faisait appeler la Barucci, est certainement la plus scandaleuse et la plus sulfureuse des « grandes horizontales du Second Empire. Elle est pourtant peu connue, au point de ne pas avoir de fiche Wikipédia !
***
Née Giulia Beneni à Rome, cette beauté italienne aux origines obscures devint une courtisane très populaire en France grâce à sa « chevelure noire luxuriante, son teint doré » et sa spontanéité. Quelques mois après son arrivée à Paris, Giulia avait trouvé suffisamment de riches mécènes pour s'installer dans un luxueux appartement sur les Champs-Élysées.
En tant que courtisane, La Barucci est certainement l’une des plus populaires et recherchées de l’époque, aussi parce qu’elle aime profondément son « travail »
Le comte Charles-Albert de Maugny, ex-officier de l’armée sarde, familier de l’entourage de Napoléon III, chroniqueur mondain, publia en 1892, sous le pseudonyme de « ZED », un livre de souvenirs intitulé « Le demi-monde sous le Second Empire ». Maugny fréquentait le Café Anglais où la Barucci tenait salon. Selon lui, elle aimait à cultiver son accent italien, se comparant à la vénus de Milo, tout en se revendiquant comme « la première putain de Paris » ! Cultivant son aspect italien comme une marque de fabrique, elle est décrite comme charmante spontanée et était connue pour choisir et courtiser ses clients par elle-même.
Enrichie par la ruine de ses amants, elle possède un appartement somptueux au 102 Avenue des Champs Élysées. La Barucci montrait fièrement son armoire à bijoux à son visiteur, dont le contenu valait des millions, et elle a gardé ses cartes de visite dans un bol de porcelaine près de sa cheminée, des cartes qui portaient les noms de presque tous les noms de la haute société à l’époque
La Barucci est célèbre dans l’histoire de la galanterie à cause de l’épisode suivant : à un jeune officier qui la courtisait, elle répondit qu’elle serait à lui, mais à une condition : qu’il vienne à cheval, nu, parader devant son hôtel ! Deux jours plus tard, le jeune homme vint défiler sur les champs Élysées, enveloppé dans un grand manteau qu’il ouvrit de façon théâtrale lorsqu’il passa sous les fenêtres de la courtisane ! Et celle-ci tint sa parole !
Giulia connait son heure de gloire alors qu’elle devint, en 1863, la maitresse affichée du journaliste Aurélien Scholl (1833-1902) qui lui fait rencontrer les frères Goncourt, Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870).
Les Goncourt décriront, dans leur Journal, à la date du 8 novembre 1863, la résidence de la Barucci, qui respire « le luxe et les fastes », mais aussi le mauvais goût. Beaucoup d'éléments de décoration et de mobilier démontrent l'ancienne liaison avec l'empereur des lettres N gravées sur des coupes d'argent, des velours avec la même marque et sur une pièce d'argenterie de Froment-Meurice, la mention Napoléon III.
Les Goncourt décrivent la Barucci, la qualifiant de « femmes assez grande, mince et svelte. » Ils ajoutent qu’elle a « de grands yeux noirs, les traits de la petite beauté italienne, ce joli parler d’une étrangère qui estropie le français. »
Maugny, dans son ouvrage, ne tarit pas d’éloges, la qualifiant de « brune plantureuse aux traits réguliers rehaussés par un teint mat et qu’encadre une luxuriante chevelure d’un noir ébène. » Lui aussi insiste sur ses yeux, « pénétrants, durs par instants et langoureux. » Il insiste sur « une bouche lascive, une poitrine bombée, une gorge haut plantée et vigoureuse, un corps moulé, une taille élancée, un port de reine. »
Grand libertin, « Bertie », le prince de Galles, futur Edouard VII (1841-1910), la convoite avidement. Le diplomate Agénor de Gramont (1819-1880), futur ministre des Affaires étrangères de Napoléon III, servit d’intermédiaire et organisa un premier rendez-vous, en marge de l’exposition universelle de 1867.
La Barucci arrive avec près d’une heure de retard. Pour se faire pardonner, elle laissa immédiatement sa robe tomber par terre, puis se tenait nue. Quand elle reçut une réprimande de la part du Duc, elle répondit : « Quoi, ne m'avez-vous pas demandé de me comporter correctement devant son Altesse royale ? Je lui ai montré le meilleur que j’avais, et c’était gratuit ! »
La Barucci mourut de phtisie, comme beaucoup de ses consœurs
Son frère, Piro Beneni, s'empressa de faire chanter ses nombreux clients car Giulia avait conservé une véritable mine d'or de lettres, dont une vingtaine de Bertie. Bien qu'il ait pris soin de ne pas les signer, il était évident qu'elles étaient de lui et contenaient des messages grivois ainsi que des photographies.
Piro exigea une somme exorbitante de la famille royale, menaçant de les vendre aux enchères si elle ne payait pas sa rançon. Les conseillers royaux convinrent qu'il valait mieux ne pas payer et mirent en place une opération secrète pour récupérer les lettres.
Piro, qui avait déjà organisé une vente aux enchères informelle, accepta de les vendre pour 240 livres sterling à ces conseillers incognito. Toutes les preuves furent ensuite rapidement détruites.
***
REFERENCES
Cette chronique a essentiellement été écrite à partir d’informations glanées sur internet et sur base du chapitre que Marc Lemonier consacre à la Barucci dans son livre « La petite histoire des courtisanes » (Éditions Jourdan, 2018)
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Née Giulia Beneni à Rome, cette beauté italienne aux origines obscures devint une courtisane très populaire en France grâce à sa « chevelure noire luxuriante, son teint doré » et sa spontanéité. Quelques mois après son arrivée à Paris, Giulia avait trouvé suffisamment de riches mécènes pour s'installer dans un luxueux appartement sur les Champs-Élysées.
En tant que courtisane, La Barucci est certainement l’une des plus populaires et recherchées de l’époque, aussi parce qu’elle aime profondément son « travail »
Le comte Charles-Albert de Maugny, ex-officier de l’armée sarde, familier de l’entourage de Napoléon III, chroniqueur mondain, publia en 1892, sous le pseudonyme de « ZED », un livre de souvenirs intitulé « Le demi-monde sous le Second Empire ». Maugny fréquentait le Café Anglais où la Barucci tenait salon. Selon lui, elle aimait à cultiver son accent italien, se comparant à la vénus de Milo, tout en se revendiquant comme « la première putain de Paris » ! Cultivant son aspect italien comme une marque de fabrique, elle est décrite comme charmante spontanée et était connue pour choisir et courtiser ses clients par elle-même.
Enrichie par la ruine de ses amants, elle possède un appartement somptueux au 102 Avenue des Champs Élysées. La Barucci montrait fièrement son armoire à bijoux à son visiteur, dont le contenu valait des millions, et elle a gardé ses cartes de visite dans un bol de porcelaine près de sa cheminée, des cartes qui portaient les noms de presque tous les noms de la haute société à l’époque
La Barucci est célèbre dans l’histoire de la galanterie à cause de l’épisode suivant : à un jeune officier qui la courtisait, elle répondit qu’elle serait à lui, mais à une condition : qu’il vienne à cheval, nu, parader devant son hôtel ! Deux jours plus tard, le jeune homme vint défiler sur les champs Élysées, enveloppé dans un grand manteau qu’il ouvrit de façon théâtrale lorsqu’il passa sous les fenêtres de la courtisane ! Et celle-ci tint sa parole !
Giulia connait son heure de gloire alors qu’elle devint, en 1863, la maitresse affichée du journaliste Aurélien Scholl (1833-1902) qui lui fait rencontrer les frères Goncourt, Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870).
Les Goncourt décriront, dans leur Journal, à la date du 8 novembre 1863, la résidence de la Barucci, qui respire « le luxe et les fastes », mais aussi le mauvais goût. Beaucoup d'éléments de décoration et de mobilier démontrent l'ancienne liaison avec l'empereur des lettres N gravées sur des coupes d'argent, des velours avec la même marque et sur une pièce d'argenterie de Froment-Meurice, la mention Napoléon III.
Les Goncourt décrivent la Barucci, la qualifiant de « femmes assez grande, mince et svelte. » Ils ajoutent qu’elle a « de grands yeux noirs, les traits de la petite beauté italienne, ce joli parler d’une étrangère qui estropie le français. »
Maugny, dans son ouvrage, ne tarit pas d’éloges, la qualifiant de « brune plantureuse aux traits réguliers rehaussés par un teint mat et qu’encadre une luxuriante chevelure d’un noir ébène. » Lui aussi insiste sur ses yeux, « pénétrants, durs par instants et langoureux. » Il insiste sur « une bouche lascive, une poitrine bombée, une gorge haut plantée et vigoureuse, un corps moulé, une taille élancée, un port de reine. »
Grand libertin, « Bertie », le prince de Galles, futur Edouard VII (1841-1910), la convoite avidement. Le diplomate Agénor de Gramont (1819-1880), futur ministre des Affaires étrangères de Napoléon III, servit d’intermédiaire et organisa un premier rendez-vous, en marge de l’exposition universelle de 1867.
La Barucci arrive avec près d’une heure de retard. Pour se faire pardonner, elle laissa immédiatement sa robe tomber par terre, puis se tenait nue. Quand elle reçut une réprimande de la part du Duc, elle répondit : « Quoi, ne m'avez-vous pas demandé de me comporter correctement devant son Altesse royale ? Je lui ai montré le meilleur que j’avais, et c’était gratuit ! »
La Barucci mourut de phtisie, comme beaucoup de ses consœurs
Son frère, Piro Beneni, s'empressa de faire chanter ses nombreux clients car Giulia avait conservé une véritable mine d'or de lettres, dont une vingtaine de Bertie. Bien qu'il ait pris soin de ne pas les signer, il était évident qu'elles étaient de lui et contenaient des messages grivois ainsi que des photographies.
Piro exigea une somme exorbitante de la famille royale, menaçant de les vendre aux enchères si elle ne payait pas sa rançon. Les conseillers royaux convinrent qu'il valait mieux ne pas payer et mirent en place une opération secrète pour récupérer les lettres.
Piro, qui avait déjà organisé une vente aux enchères informelle, accepta de les vendre pour 240 livres sterling à ces conseillers incognito. Toutes les preuves furent ensuite rapidement détruites.
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REFERENCES
Cette chronique a essentiellement été écrite à partir d’informations glanées sur internet et sur base du chapitre que Marc Lemonier consacre à la Barucci dans son livre « La petite histoire des courtisanes » (Éditions Jourdan, 2018)
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4 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
La phtisie a frappé en effet beaucoup des courtisanes de cette époque. je pense à la dame aux camélias.
Maurice
Maurice
@ Julie, merci!
@ Didier, c'est en effet un paradoxe. car même sur internet on trouve peu d'informations. Il est vrai en effet que le frère de la Barucci, Piro a voulu faire chanter l'héritier de la couronne d'Angleterre, Bertie, le futur Édouard VII.
@ Didier, c'est en effet un paradoxe. car même sur internet on trouve peu d'informations. Il est vrai en effet que le frère de la Barucci, Piro a voulu faire chanter l'héritier de la couronne d'Angleterre, Bertie, le futur Édouard VII.
Toujours instructif
Julie
Julie
Olga,
C'est une courte mais bonne chronique, sur une "grande horizontale" du second empire que tu nous sors une nouvelle fois encore de cette escarcelle, qui semble inépuisable.
Oui avec la présentation de Giulia Beneni, cette courtisane tout autant scandaleuse que sulfureuse qui, comme tu l'as si bien écrit, est toujours très peu connue alors qu'elle fût pourtant à son époque, à la lecture de ton propos, très proches des élites au pouvoir. Chose étrange en effet, qui amène à s’interroger si cela ne serait-il pas tout bonnement dû à l'odieux chantage de son frère Piro, qui incita ainsi toute la bonne société, la haute société, à la faire oublier grandement.
Didier
C'est une courte mais bonne chronique, sur une "grande horizontale" du second empire que tu nous sors une nouvelle fois encore de cette escarcelle, qui semble inépuisable.
Oui avec la présentation de Giulia Beneni, cette courtisane tout autant scandaleuse que sulfureuse qui, comme tu l'as si bien écrit, est toujours très peu connue alors qu'elle fût pourtant à son époque, à la lecture de ton propos, très proches des élites au pouvoir. Chose étrange en effet, qui amène à s’interroger si cela ne serait-il pas tout bonnement dû à l'odieux chantage de son frère Piro, qui incita ainsi toute la bonne société, la haute société, à la faire oublier grandement.
Didier
