« Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (30) : le Mulio»
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 11-01-2023 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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« Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (30) : le Mulio»
RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS
Obligée de quitter Rome après la mort de Messaline, mais riche et libre, la jeune patricienne Tullia gagne Baïes, la cité des plaisirs, où elle donne libre cours à son hypersexualité.
Un grand banquet organisé à l’occasion des Saturnales de l’an 55, la fête la plus débridée du calendrier romain, qui tourne en orgie, donne l’occasion à Tullia de rencontrer Titus, fils du général Vespasien et futur empereur. Leur coup de foudre réciproque conduit le jeune Titus à s’installer chez Tullia. Ensemble, ils vivent une grande passion. Titus obtient de Tullia qu’elle change radicalement son mode de vie. S’il est un amant hors pair, il se montre particulièrement dominateur.
***
Du jour au lendemain, Tullia est passée de l’hypersexualité la plus débridée à une relation exclusive, avec un seul homme. Les ébats aux thermes, dans les locaux mis à sa disposition en tant qu’évergète, sont terminés. Il en est de même des banquets licencieux. Cela surprend à Baïes, autant que son comportement avait choqué lors de son arrivée. Ses nombreux anciens amants se demandent comme a fait ce Titus pour mettre en cage la volcanique Tullia.
Au regard du niveau de son addiction sexuelle, il s’agit d’une véritable souffrance pour Tullia, mais elle accepte tout de la part de Titus. Elle attire juste l’attention de Titus sur la situation particulière de ses protecteurs à Rome, auprès de l’empereur, le Préfet des Vigiles, Tigellin, âme damnée de Néron et le philosophe Sénèque, mentor de l’empereur.
Titus s’est rendu à Rome pour les rencontrer et ils ont accepté de s’effacer. Tigellin s’y résout, de très mauvaise grâce et seulement parce que Titus est un proche de Néron. Mais il est convaincu que Titus se lassera et qu’il pourra ensuite récupérer Tullia. Quant à Sénèque, la crainte du scandale fait qu’il se résigne, même si, profondément amoureux de Tullia, il est particulièrement meurtri.
Au moment où Titus s’est installé chez Tullia, l’éloignement de Vespasien, installé à Carthage en tant que Proconsul, laisse carte blanche au jeune homme. Et l’immense fortune de Tullia, héritée de son défunt mari Lurco, pourvoit au train de vie fastueux du couple.
Ayant exigé de Tullia l’hypersexuelle qu’il soit son seul amant, Titus se doit d’assumer. Ancien compagnon de Néron et de son entourage dans leurs escapades nocturnes, Titus, pourtant encore très jeune, a dès cette époque une réputation de débauché et de noceur, qui le poursuivra jusqu’à son avènement à l’empire, plus de 20 après, moment où il changera radicalement.
Pendant 15 mois, Titus va témoigner d’une endurance et d’une virilité hors du commun. D’autres, plus expérimentés, n’auraient pas tenu le rythme que lui impose Tullia, qui a besoin de faire l’amour plusieurs fois par jour et qui n’est jamais rassasiée. Les journées du couple se partagent entre leurs ébats ou encore leurs passages quotidiens aux thermes de Mercure, où les pièces réservées à la riche évergète ne servent désormais plus qu’au couple. Il y aussi les banquets qu’ils organisent ou où ils sont invités, mais désormais Tullia se réserve pour le seul Titus. C’est un autre mode de vie pour Tullia, qui surprend ceux et celles qui ont côtoyé la patricienne depuis son arrivée à Baïes et notamment ses nombreux amants.
Pour leur vie inimitable, Titus veille à offrir à Tullia un cadre variable. Il va en particulier se servir des plages à proximité de Baïes et des rives du lac Lucrin. Les Romains sont plus terriens que marins, et on les imagine plus volontiers barbotant dans les piscines des thermes que profitant du soleil sur la plage. Baïes, véritable Saint-Tropez de la Rome antique, ou Herculanum, avant l’éruption du Vésuve qui la détruisit en 79 en même temps que Pompéi, sont de véritables et agréables stations balnéaires. De riches Romains, qui y possèdent leur résidence secondaire, viennent y passer l’été, fuyant la chaleur de Rome. Ils en apprécient les rivages, les cures thermales et une certaine forme de thalassothérapie.
Dans les heures chaudes des climats méditerranéens, un bain rafraîchissant est toujours bienvenu. Les Romains enseignent la natation aux enfants et s’immergent aux thermes pour le plaisir. À Rome, ne disait-on pas d’un homme manquant de culture qu’il « ne savait ni lire ni nager » ? Tullia et Titus sont quant à eux d’excellents nageurs qui raffolent de ces plages peu fréquentées, entre la pointe Castello et la pointe Epitaffio, où ils peuvent se baigner nus, se reposer, avant de faire encore et encore l’amour.
Comme nous l’avons vu, même aux Thermes, Tullia aime se baigner nue, consentant, lorsqu’elle se déplace dans les couloirs, à attacher une serviette à la taille. Sur les plages de Baïes, ce n’est pas nécessaire, à l’exception de celles qui sont le plus proches de la cité balnéaire. Ainsi Tullia assume-t-elle pleinement son exhibitionnisme, car elle aime exposer son corps et susciter le désir des mâles. Même si Titus lui interdit désormais d’autres amants, Tullia a toujours autant de plaisir à faire bander les mâles et à lire le désir dans leurs yeux. En outre, comme dans d’autres domaines, Tullia diffère des matrones romaines qui craignent les brulures du soleil et pour lesquelles la blancheur de peau est un canon de beauté, au même titre qu’une petite poitrine. Tullia, elle, assume ses seins opulents, comme son teint hâlé, qui est pourtant le propre des femmes exposées au soleil, comme les esclaves.
Et, enfin, cela permet aussi à Tullia de constater le désir de Titus pour elle et de ne pas différer leurs ébats lorsqu’elle a envie, c’est-à-dire souvent.
Ce jour-là, Tullia et Titus ont, comme chaque jour, déjà fait l’amour plusieurs fois depuis leur réveil, dans leur chambre conjugale, puis aux Thermes, et, enfin, après un léger déjeuner, lors d’une sieste crapuleuse. Et ils sont ici, sur cette plage, déserte en cette période de l’année, parce qu’ils ont encore et toujours envie. Après une longue séance de natation, interrompue par les baisers et les caresses, le couple, épuisé, s’est endormi.
L’automne approchant, la fraicheur de la fin d’après-midi a poussé Tullia à remettre sa tunique. Celle-ci, très translucide, ne cache guère les charmes de la jeune patricienne. Alors que Tullia est profondément endormie, un léger vent lève sa tunique, de façon à ce que sa chatte soit totalement offerte au regard de son compagnon. Titus devrait pourtant être habitué à cette vision, car il n’ignore plus rien du corps de son amante. Pourtant elle lui fait toujours le même effet : elle le fascine, elle le rend fou de désir. Il se souvient : c’est Néron le premier qui lui a parlé de Tullia, lui vantant les charmes de celle qui avait fait du futur empereur un homme (voir « (25) : Les Aphrodisies», publié le 19 juin 2021). Néron était furieux que sa mère l’empêche de revoir celle dont il rêvait. Et c’est Fausta, la veuve d’Hosidius Geta, ami de son père Vespasien, qui a permis leur rencontre.
Aujourd’hui, Tullia appartient corps et âme à Titus.
Titus aime Tullia, sincèrement, certes, mais à sa façon, en mâle Romain dominateur et macho, qui considère que la jeune patricienne est à lui et seulement à lui. Tullia est la première grande passion amoureuse du jeune Titus, aussi forte que celle qu’il connaîtra bien plus tard avec la princesse juive Bérénice (Voir « Histoire des libertines (93) Bérénice, aimée de Titus », texte paru le 9 février 2022).
Titus est très fier d’avoir imposé à cette femme hypersexuelle de n’avoir désormais de relations qu’avec lui. Aucun homme, même Vettius Valens, le précédent grand amour de Tullia, n’y était parvenu avant lui. Il est vrai que Valens était candauliste.
Titus en ressent un véritable orgueil, qui l’oblige en contrepartie d’être toujours disponible pour elle et à la hauteur de ses besoins pour la satisfaire. Il essaie de ne pas penser à l’avenir, à son père et à sa mère qu’il faudra convaincre d’accepter Tullia, dont la réputation, il le sait bien, est épouvantable.
Titus observe avec amour, tendresse et désir Tullia qui dort profondément. La tentation est la plus forte : elle est sa femelle, il a tout le temps envie de la baiser. Aujourd’hui, il veut lui faire un enfant.
Le jeune homme dépose un baiser sur les lèvres de la femme. De ses mains, il commence à caresser ce corps toujours désiré. Ses doigts fouillent la chatte encore humide du fait des bains de mer, mais aussi à cause de la libido volcanique de la jeune femme. Les doigts de Titus excitent le clito et pénètrent la chatte béante. Un doigt de sa main gauche pénètre l’anus de Tullia, alors que, de sa langue, il excite les tétons si sensibles de la patricienne.
A ce régime, la montée de son excitation ne peut que réveiller Tullia. Son jeune amant l’impressionne par sa virilité et le désir permanent qu’il a d’elle. Elle est à lui et tout son corps appelle le mâle. Elle gémit, laissant les yeux fermés, ronronnant de bonheur.
Tullia sent son corps moite de désir. Elle ferme les paupières et attire entre ses cuisses ouvertes la main qui l’a caressé au moment de son réveil. Elle se laisse tomber sur le dos en gémissant sous l’ardeur de ces attouchements et elle abandonne sa bouche et sa gorge à son compagnon. La volupté envahit son corps et son esprit. Elle implore presque :
• Mon amour, baise-moi ! J’en ai terriblement envie !
C’est à peine si elle se sent pénétrée alors que la submerge une vague de plaisir qu’elle voudrait prolonger à l’infini, car elle se poursuit alors qu’elle se sent possédée une seconde fois. Le mouvement régulier des vagues la plonge dans la torpeur.
Alors que Titus la remplit, convaincu de l’avoir cette fois fécondée, Tullia s’abandonne à un ultime orgasme, un véritable tsunami qui la submerge. Elle est comblée. Heureuse de ce bonheur, de cette plénitude, comme elle ne l’a jamais été de sa vie. En apparence en tout cas.
***
« La vie inimitable » que Titus offre à Tullia la comble-t-elle ? En apparence oui, Titus veillant à satisfaire la libido insatiable de la jeune patricienne.
Tullia a accordé à Titus ce qu’elle n’avait jamais consenti à aucun autre homme, y compris à son grand amour Vettius Valens, qu’elle a perdue au soir du fatal mariage de Messaline et de Caius Silius : elle a renoncé, par amour pour Titus, à la pluralité masculine que lui impose son hypersexualité. Le sacrifice est pour elle immense, d’autant plus que, depuis qu’elle séjourne à Baïes, Tullia avait donné libre cours à ses pulsions. Elle-même ne savait pas combien d’amants elle avait eus au cours de toutes ces années. Seuls comptaient à ses yeux son fidèle Parsam et ceux de ses amants avec qui elle entretenait des relations répétées, comme Lucius Agermus, l’intendant d’Agrippine et ses protecteurs Tigellin et Sénèque.
Pour Titus, elle a, du jour au lendemain, renoncé à ses excès, après l’orgie des Saturnales de l’an 55. C’est une véritable souffrance pour Tullia, que ne compensent pas les relations saphiques avec Lucia, Epicharis et Julia, ce qu’acceptait Titus, car, pour le macho romain qu’il est, cela était sans importance, car hors du schéma habituel fututor/fututa.
Titus, par vice, avait d’ailleurs exigé que cela se passe en sa présence. Au départ, il se gardait d’intervenir, se contentant de se masturber. Bien souvent, il venait se vider dans la bouche de Tullia ou éjaculer sur son visage. Il avait aussi de plus en plus envie des jolies amantes de sa compagne.
A La tendresse qui caractérisait les relations intimes entre Tullia, d’une part, et Lucia et Epicharis, Titus préférait les ébats torrides entre la jeune Julia et Tullia, car la jeune fille se montrait dominatrice envers Tullia, utilisant systématiquement un gode-ceinture pour posséder sans ménagement Tullia, laquelle réclamait cela de sa jeune maîtresse, afin d’apaiser un peu ses sens. Julia, bien qu’ayant épousé le sénateur Bibulus, trompait celui-ci sans vergogne et passait le plus clair de son temps à Baïes, où elle avait très vite occupé le terrain laissé libre par Tullia.
La relation entre Titus et Tullia est déséquilibrée. Titus est le produit d’une éducation romaine classique, selon laquelle la fidélité de l’épouse doit être absolue, pour garantir la lignée, alors que l’homme, lui, est libre de suivre ses envies. Habitué très jeune aux débauches dans l’entourage de Néron, Titus ne se prive pas, alors qu’il doit pourtant répondre aux exigences de la libido de Tullia.
Titus ne sont pas mariés, même si Tullia espère que cela se fera. Titus se comporte comme s’ils étaient époux, considérant Tullia comme sa femme, sa propriété, exigeant d’elle une totale fidélité, tout en se dispensant d’un devoir similaire. Au contraire, il affiche ses droits sans se cacher de Tullia et il lui montre ainsi qu’il est le Dominus.
Oui, Titus est le maître et s’impose comme tel dans la Domus de Tullia. C’est lui désormais qui gère la maison, la propriété et les esclaves, envers lesquels il se montre inflexible et pour lesquels la rupture est totale par rapport à la bienveillance de Tullia. Tullia avait toujours affirmé son indépendance et son esprit libre. Désormais, elle est soumise à l’autorité du seigneur et maître, qu’elle ne contrarie jamais et devant lequel elle baisse les yeux. Elle sait qu’elle sera récompensée par les saillies de son homme, qui lui donnent ce plaisir dont elle a tant besoin.
Cette soumission désespère Parsam, Lucia et Epicharis, qui ne parviennent pas à raisonner Tullia. La seule qui reste rebelle dans la Domus est la fille de Tullia et de Valens, Tertullia, qui ne cache pas son hostilité au compagnon de sa mère.
L’attitude de Tullia étonne ses proches, comme elle nous surprend. Pourquoi fait-elle tous ces sacrifices pour Titus ? Tullia a alors 26 ans, un âge déjà avancé pour l’espérance de vie de l’époque, qui était de 30 à 35 ans. Elle pense que sa rencontre avec Titus est pour elle une occasion unique de se stabiliser, après une décennie où elle a multiplié les frasques. Elle est surtout profondément et sincèrement amoureuse de Titus, c'est une passion comparable à celle que lui avait inspirée huit ans auparavant Valens. Pour donner toutes ses chances à cette relation et cette union, elle tolère tout, concède tout, donne tout, corps et âme...
Devenu le maitre absolu de la villa, Titus dispose comme il l’entend des esclaves, y compris pour son plaisir sexuel. À Rome, les relations ancillaires sont considérées comme normales. Tullia avait connu l’exemple de la liaison de son père Marcus avec leur servante Valeria, alors que Marcus était veuf. Le maître peut user de sa domesticité féminine comme bon lui semble. Il n’en n’éprouve aucune honte et n’est l’objet d’aucun opprobre. Donc Tullia n’est pas affectée par le fait que Titus baise ses servantes, du moins les plus jolies d’entre elles. Titus ne se limite d’ailleurs pas aux servantes, car, à l’image de son compagnon de débauche Néron, Titus entretient un certain goût pour les jeunes garçons.
Titus va entretenir une relation suivie avec Sylvia, l’ancienne âme damnée de Messaline, que Tullia a sauvée en l’accueillant chez elle, mais qui déteste sa nouvelle maîtresse puisque celle-ci ne lui a pas accordé la relation saphique exclusive dont elle rêvait. La perverse Sylvia a un plaisir tout particulier à partager la couche du Dominus, qu’elle pousse à toujours plus dominer Tullia et à la tromper sans vergogne.
Tullia s’accommode des relations ancillaires de Titus, même si l’influence de Sylvia lui déplait. Elle est davantage affectée quand elle comprend que Titus est l’un des nombreux amants de Julia. Là non plus, Titus ne se cache pas. S’il interdit toute pluralité masculine à Tullia, le débauché qu’il est ne se prive pas des soirées orgiaques qu’il affectionne. Quand elle verra Julia dans les bras de Titus, Tullia aura d’abord envie de sauter sur celle qui fut son élève. Et puis finalement l’excitation l’emporte, Tullia se caressant, nue, encourageant son homme à baiser la jeune femme. Désormais, Julia fréquente régulièrement la Villa de Tullia, pour des trios torrides avec Titus et Tullia, mais aussi pour retrouver seule son amant. Ingrate Julia, qui a oublié que c’est Tullia qui lui a révélé son hypersexualité et lui a permis de l’assumer !
Tullia ira encore plus loin, en acceptant tout ce que veut Titus. Elle va pousser Epicharis, puis Lucia, dans ses bras. Si Epicharis suit en tout ce que veut Tullia, Lucia tente d’abord de refuser, mais Tullia impose cette relation, faute de quoi Lucia et Parsam ne reverront plus celle qu’ils continuent à aimer, malgré tout.
Tullia est heureuse d’annoncer à Titus qu’elle est enfin enceinte de lui. Tullia a voulu cette grossesse pour forcer le destin et attend la suite logique de ces mois de vie commune, à savoir son mariage avec Titus. Depuis décembre 55, elle est sa femme, elle veut désormais être son épouse. Pour respecter les convenances et lois romaines, Titus doit obtenir le consentement de son père, le général Vespasien. Titus, depuis le début de sa relation, avec Tullia, a repoussé ce moment de vérité qu’il redoute tant. Il n’a plus le choix désormais.
***
Depuis plusieurs mois en effet, Vespasien est revenu à Rome, après la fin d’un impérium de cinq ans comme proconsul dans la province d’Afrique. Il réclame, avec de plus en plus en plus d’insistance, que Titus quitte Baïes et revienne auprès de lui à Rome. Père et fils ne sont pas vus depuis la fin du mandat de consul de Vespasien en l’an 51. Titus et Tullia, en ce début d’année 57, se mettent en route pour Rome, après que Titus ait obtenu par l’intermédiaire de Sénèque que l’interdiction de séjour, qui frappait à nouveau Tullia depuis le scandale de la Bona Dea, soit définitivement levée (voir « (27) : Les amants de Baïes»)
La fin du mandat de Vespasien en Afrique a été assombrie par un scandale. Il a été accusé d’avoir extorqué deux cent mille sesterces à un jeune homme pour lequel il avait obtenu le laticlave, insigne honorifique réservé aux membres de l'ordre sénatorial. Vespasien est donc accusé de prévarication. Son crédit politique en pâtit, il revient appauvri à Rome. Pour faire face à ses difficultés financières, il a été contraint d’hypothéquer ses biens à son frère et de se lancer dans l'élevage et le commerce de mules, ce qui va lui permettra de relancer sa fortune, mais lui vaudra le surnom de mulio, ou muletier.
Titus et Tullia espèrent que les difficultés financières de Vespasien le pousseront à être conciliant envers Tullia, compte tenu de l’immense fortune que la jeune patricienne a héritée de son défunt mari Lurco.
Ils ont enfin un atout supplémentaire. A la demande de Tullia, son amie Fausta a envoyé une lettre à Vespasien pour recommander chaleureusement Tullia. Fausta est la veuve du général Hosidius Geta, compagnon d’armes de Vespasien lors de la campagne de Bretagne. Pendant cette campagne, Fausta a été la maîtresse de Vespasien.
La cause de Tullia et Titus est en fait entendue d’avance et vient de se décider avant leur réception. Depuis son retour de Carthage, Vespasien a eu de nombreux échos sur les frasques de Titus à Baïes. Il a chargé sa chère Caenis de se renseigner sur cette Tullia. Antonia Caenis, la maîtresse de Vespasien, est une affranchie d’Antonia Minor, la mère de l’empereur Claude. Proche de Claude, Caenis a facilité la carrière de son amant Vespasien et permis que le jeune Titus soit élevé à la Cour, aux côtés de Britannicus et de Néron. Femme d’une grande intelligence, réputée pour ses réseaux et sa mémoire, Caenis a une très grande influence sur Vespasien.
Caenis a activé ses nombreux réseaux, à Rome et à Baïes, où elle s’est beaucoup appuyée sur Sylvia, qui y a vu l’occasion de faire à Tullia tout le mal possible. C’est un long rapport à charge que Caenis remet à l’ambitieux général et qui va sceller le sort du couple de Titus et de Tullia. Ce document aurait, par la suite, été récupéré par le poète Martial, puis remis par celui-ci à son ami Juvenal pour servir de base à sa « vie de Tullia ». Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Vespasien prend, juste avant de recevoir Titus et Tullia, connaissance du parchemin de Caenis. A la fin de la lecture, il ne cache pas son indignation. Son visage exprime sa colère.
Caenis résume son enquête par un jugement lapidaire :
• Cette Tullia est issue de la plus ancienne noblesse de Rome. Elle est belle et très riche, sans oublier qu’elle a une culture immense. Mais c’est une putain, pire que ne l’était Messaline, l’Augusta Meretrix. Son fils ainé a été conçu par un esclave et sa fille par le docteur Valens, exécuté lors du complot de Silius. Elle couche avec ses esclaves et avec tous ceux et celles qui veulent d’elle ou dont elle a envie. Il est impossible d’établir la liste de ses amants.
• Ton enquête est édifiante, qu’il s’agisse de ce qu’elle a fait avec Messaline, où elle a été une lupa à Suburre, puis ensuite à Baïes.
• Oui, elle a transformé les thermes de Mercure en véritable lupanar, ou en multipliant les orgies et les scandales, comme lors de la fête de la Bona Dea
• Du temps d’Auguste, cette femme aurait été convaincue de stuprum et exilée sur l’ile de Pandateria !
Quand il sera empereur, Vespasien durcira les lois concernant les femmes libres qui entretiennent une liaison avec un esclave. Celles-ci tomberont désormais en esclavage pour « avoir souillé leur sang par les miasmes de la servitude », selon les termes de son édit. Il faudra toute l’influence de Titus pour empêcher que Tullia ne tombe sous le coup de cette législation.
Caenis approuve la sévérité de son amant.
• Quant à la recommandation de Fausta, veuve de ton ami Hosidius Geta ! Celle-ci est également une débauchée, comme d’ailleurs sa nièce Julia, l’épouse adultère de ce pauvre sénateur Bibulus.
Vespasien ne répond pas immédiatement. Il pense à la relation qu’il a eue avec la belle Fausta pendant la campagne de Bretagne. Ce n’était pas un véritable adultère, car Hosidius Geta, faute de pouvoir donner à sa jeune et belle épouse tout le plaisir dont elle avait besoin, encourageait celle-ci à prendre des amants. Il avait poussé Fausta dans les bras de son ami Vespasien, connaissant sa réputation de séducteur. Fausta le rejoignait souvent sous sa tente.
Vespasien avait été surpris et assez choqué quand Geta était venu assister aux ébats des amants et encourager Vespasien à faire jouir sa jeune épouse. Vespasien avait été follement amoureux de Fausta, mais n’avait pas osé briser son ménage et celui de son ami. Depuis son retour de Bretagne, il y a dix ans, Vespasien n’avait plus revu Fausta, devenue veuve. Dans sa lettre, Fausta appelait Vespasien par son prénom, Titus. Elle lui demandait, au nom de ce qu’ils avaient vécu ensemble, de ne pas faire obstacle au bonheur de son fils et de Tullia. Et Fausta, qui faisait dans ce courrier l’éloge de son amie, de sa beauté, de sa culture, de son intelligence, se proposait de rencontrer Vespasien pour lui en parler.
Revoir Fausta, tant d’années après ? Vespasien n’ose pas et ne répondra pas à Fausta, pour préserver son couple et son image. Il se dit que ce que lui n’a pas osé faire alors, il ne l’accordera pas à son fils, alors qu’il devrait le comprendre.
• Cela m’attriste en effet pour la mémoire de mon ami Geta. Mon grand-père était un simple centurion. Lui, mon père et moi avons beaucoup travaillé pour nous élever. Ma résolution est ferme, Caenis : je ne laisserai mon fils aîné ternir la réputation de la gens Flavii par un tel mariage. Titus a un immense potentiel. Je ne lui laisserai pas le gâcher, même si l’influence de la Cour a fait de lui un jouisseur. Je ferai de lui un soldat !
***
Titus et Tullia sont reçus par Vespasien, en présence de l’épouse de celui-ci, Domitilla et le jeune frère de Titus, Domitien, alors âgé de 6 ans. Une autre femme mure, encore belle, est présente. Tullia ne sait pas qu’il s’agit de Caenis, la maitresse de Vespasien, qui vient de remettre à celui-ci l’enquête qu’il lui avait confiée.
Titus est accueilli avec tous les honneurs par Vespasien et Domitilla. Il est à la fois le fils prodigue et prodige. Vespasien, qui a connaissance de la prophétie rapportée à l’affranchi Narcisse, selon laquelle Titus serait un jour empereur, a pour son héritier les plus hautes ambitions, même s’il connait ses travers. Par contre, l’attitude de Vespasien est très hostile envers Tullia, qui reçoit, elle, un accueil glacial. Titus lui a recommandé de se taire, de se montrer en retrait, respectueuse, de baisser les yeux devant le Pater Familias.
Vespasien impressionne Tullia. Le général est alors âgé de 57 ans. Ses profondes rides d’expression lui confèrent une expression sévère. Il dégage une impression d’autorité qui plaira aux Romains les plus conservateurs. Il semble incarner physiquement le magistrat romain. C’est cet idéal, cher à Marcus, le père de Tullia, que Vespasien incarnera quand il sera au pouvoir. Contrairement à son fils Titus, Vespasien affiche des mœurs austères, même s’il entretient de longue date une liaison avec Caénis et qu’il a été l’amant de Fausta.
Vespasien est d’origine plébéienne. Il est un provincial, originaire de Rete, le pays des Sabins. Son grand-père, Titus Flavius Petro, a servi comme centurion sous les ordres de Pompée durant la guerre civile contre Jules César. Petro a assuré son avenir en épousant la très riche Tertulla dont la fortune permet un début de carrière rapide à leur fils Titus Flavius Sabinus, le père de Vespasien. Sabinus a encore agrandi encore la fortune de la famille et atteint le rang équestre en devenant collecteur des taxes de la province d'Asie puis banquier en Helvétie. En épousant Vespasia Polla, il s'allie à la prestigieuse famille patricienne des Vespasiens (gens Vespasia), garantissant ainsi l'accès au rang sénatorial à ses Sabinus et Vespasien.
Vespasien a fait une brillante carrière militaire et politique sous Caligula et Claude. Il est un ennemi d’Agrippine. Alors qu’il était Préteur, il avait réclamé un alourdissement de la peine d’Agrippine et de Livilla après la découverte de leur complot avec leur amant Lepidus contre Caligula, en 39. Outre sa gloire militaire en Germanie, puis en Bretagne, aux côtés de ses amis Hosidius Geta et Aulus Plautius, il a réussi son cursus honorum, en devenant successivement questeur, édile, préteur, puis consul en 51. Les accusations qui ont terni la fin de son mandat de proconsul en Afrique marquent une rupture dans un parcours jusqu’alors sans faute.
Titus tente le tout pour le tout :
• Père, je suis venu avec Tullia, la fille du sénateur Marcus Tullius Longus. Tullia est la femme que j’aime. Elle porte mon enfant et je veux l’épouser !
• Il n’en n’est pas question, Titus ! Tu n’épouseras pas cette putain qui a eu autant d’amants qu’il y a de soldats dans la garde prétorienne ou dans une légion. Sa seule présence ici est une souillure pour cette maison.
Vespasien sait bien qu’il exagère avec sa comparaison, les prétoriens étant alors 4.500 ! Tullia blêmit sous l’insulte mais se tait.
• Père, il ne s’agit pas du passé de Tullia. Je me porte garant de sa fidélité depuis que nous en sommes ensemble.
• Comment peux-tu en être certain ? C’est dans la nature de cette femme, qui est encore pire que la défunte Augusta Meretrix. Tu as ma réponse, ferme et définitive, Titus : c’est non !
• Et si je me passe de ton consentement ?
• Tu connais nos lois. Auguste a permis de se passer de l’autorisation du Pater Familias, en ayant recours à l’autorité publique. Mais tu sais que, même si ta putain a des appuis, j’en ai également, y compris dans l’entourage de l’empereur et au Sénat. D’ailleurs l’empereur, qui voulait les faveurs de cette femme, est furieux de votre liaison et m’a garanti son appui. Tu ne gagneras que la rupture avec ta gens et la fin de ton cursus honorum, avant même qu’il ait commencé. Veux-tu entièrement dépendre d’elle ? Oublies-tu que j’ai un autre fils ?
Titus connait son père et comprend à ses menaces qu’il ne cédera pas et que la cause est perdue. Il lui va donc devoir choisir entre sa famille et celle qu’il aime, entre sa carrière et sa passion. Il va sacrifier Tullia, comme plus tard il sacrifiera la princesse Bérénice. Titus sait aussi que, sans le consentement de Vespasien et malgré la fortune de Tullia, ils risquent un exil que peut décider l’empereur. Fuir hors de l’empire romain serait une folie que Titus n’envisage même pas.
• J’en suis meurtri, père, mais je me soumettrai à ta volonté. Pardonne-moi si tu le peux, Tullia. Je t’ai aimé et je t’aime sincèrement, mais je suis un Romain et je ne peux me révolter contre mon père.
• Je te retrouve enfin mon fils. Il est temps que tu commences ton cursus, d’abord dans la légion, loin de cette créature. Tu vas partir pour la Germanie, comme Tribun militaire. Je t’ai recommandé à mon ami Caius Plinius (Pline l’ancien), un chevalier et tribun expérimenté, qui a déjà fait plusieurs campagnes en Germanie sous les généraux Cnaeus Domitius Corbulo (Corbulon) et Publius Pomponius Secundus. Pline est un érudit avec qui tu apprendras beaucoup.
Tullia est blême. La patricienne, humiliée, reste digne. Elle comprend que Titus a cédé sans combattre devant la toute-puissance du Pater Familias. Elle explose d’une colère froide :
• Depuis que nous sommes là, tu m’as beaucoup insultée, général et ça ne te grandit pas. J’aime ton fils et j’ai tout donné pour lui. Pour lui, j’ai réprimé ma nature. Je ne veux pas qu’il rompe avec sa famille et renonce à sa carrière pour moi. Sache seulement que je porte l’enfant de Titus, ton petit-fils ou ta petite-fille, que je lui donnerai naissance et l’élèverai.
• Bien entendu Titus, si tu rentres dans l’obéissance que tu dois à ton père, il n’est pas question que tu t’encombres d’un bâtard !
• Cet enfant aura deux lignées, l’une, les Tullii, qui remonte aux origines de Rome, l’autre, les Flavii, d’une obscure famille de Sabine. Et, avec mes autres enfants, il ou elle n’aura pas besoin de vendre des mules pour assurer son train de vie !
• Je ne parle pas à une putain, qui se permet de m’insulter. Sors d’ici, créature du diable ! Je regrette nos anciennes lois qui auraient su te châtier comme tu le mériterais. J’ai lu que les lois des Hébreux savent ce qu’il convient de faire avec des femmes telles que toi. Comme je comprends ton père, Marcus, qui, lorsque j’ai voulu lui parler de toi, m’a répondu qu’il n’avait plus de fille.
Alors que sa vie lui semble s’effondrer, qu’elle est lâchée par l’homme qui disait l’aimer, Tullia, livide, se refuse à afficher ses larmes et sort, en digne matrone, sans un regard pour Titus, se contentant d’un « Ave, Mulio » (« Muletier, surnom donné à Vespasien par dérision, car, en difficultés financières, il s’était lancé dans l’élevage et le commerce des mules).
Vespasien est blême devant l’injure :
• Elle mériterait d’être fouettée ! Sa place est dans un lupanar à Suburre !
***
Quelques jours après cette terrible scène, Titus va quitter Rome, en l’an 57, pour une première expérience militaire de 4 ans, en Germanie, puis en Bretagne.
Titus ne revoit pas Tullia avant son départ. En guise d’adieux, il lui envoie cette épigramme de Sénèque :
« Poussé par je ne sais quel mal, j’ai rompu mes pieux engagements.
Mes seules forces ne sont pas capables de si graves forfaits.
Celui qui m’a pressé de le faire et m’y a poussé avec des aiguillons ardents,
c’était soit le destin soit un dieu.
Pourquoi adresser aux dieux de vains reproches ? Veux-tu la vérité, Délie ?
Le même amour qui m’avait donné à toi m’a aussi soustrait à toi. »
Ce billet de Titus fera beaucoup pleurer Tullia. Avec notre regard, nous jugeons très sévèrement Titus, qui a abandonné celle qu’il aimait et qui porte son enfant. Nous sommes choqués par ce que nous qualifierons de lâcheté.
Son amour pour Tullia était pourtant sincère, il voulait vraiment en faire son épouse et fonder une famille avec elle. Mais il n’a pas voulu en payer le prix, devant le refus intransigeant de Vespasien. Titus est en fait le produit d’une société, où domine le Pater Familias, et d’une éducation romaine traditionnelle, très stricte, qui l’amène à obéir à cette autorité absolue, à ne pas oser s’y opposer, comme Tullia avait osé le faire envers son père Marcus. Titus a sacrifié l’amour à sa carrière. Ce ne sera pas la dernière fois. C’est peut-être en pensant au traitement subi par Tullia, puis par Bérénice, que Titus, pendant son court règne, changera du tout au tout et laissera le souvenir d’un prince bienveillant, que l’historien Suétone appellera « les délices du genre humain ».
Quant à Tullia, elle est meurtrie, car son amour pour Titus était, de son côté, sans calcul ni limites. Elle continuera à l’aimer. Il est et reste son homme, celui qu’elle a dans la peau. Leurs routes se croiseront à nouveau, des années plus tard.
Dans l’immédiat, Tullia revient, effondrée, à la Domus Spurii, où ses proches, Parsam, Lucia, Epicharis, la récupèrent dans un état de désespoir pire que celui qui fut le sien lors de la mort de Vettius Valens, 9 ans auparavant (voir « (21) : Baïes, deuil et retrouvailles », paru le 2 mai 2022).
Une autre que Tullia ne s’en serait pas relevée. Sa force de caractère et l’amour de Parsam, Lucia et Epicharis lui permettent de surmonter cette terrible épreuve.
Tullia va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie, celle de Pomponia Graecina, amie de Fausta et épouse du glorieux général Aulus Plautius, le conquérant de la Bretagne, avec Vespasien et Hosidius Geta. La patricienne épicurienne va découvrir une autre spiritualité et un nouvel amour.
(A suivre 31 : « Pomponia»)
Obligée de quitter Rome après la mort de Messaline, mais riche et libre, la jeune patricienne Tullia gagne Baïes, la cité des plaisirs, où elle donne libre cours à son hypersexualité.
Un grand banquet organisé à l’occasion des Saturnales de l’an 55, la fête la plus débridée du calendrier romain, qui tourne en orgie, donne l’occasion à Tullia de rencontrer Titus, fils du général Vespasien et futur empereur. Leur coup de foudre réciproque conduit le jeune Titus à s’installer chez Tullia. Ensemble, ils vivent une grande passion. Titus obtient de Tullia qu’elle change radicalement son mode de vie. S’il est un amant hors pair, il se montre particulièrement dominateur.
***
Du jour au lendemain, Tullia est passée de l’hypersexualité la plus débridée à une relation exclusive, avec un seul homme. Les ébats aux thermes, dans les locaux mis à sa disposition en tant qu’évergète, sont terminés. Il en est de même des banquets licencieux. Cela surprend à Baïes, autant que son comportement avait choqué lors de son arrivée. Ses nombreux anciens amants se demandent comme a fait ce Titus pour mettre en cage la volcanique Tullia.
Au regard du niveau de son addiction sexuelle, il s’agit d’une véritable souffrance pour Tullia, mais elle accepte tout de la part de Titus. Elle attire juste l’attention de Titus sur la situation particulière de ses protecteurs à Rome, auprès de l’empereur, le Préfet des Vigiles, Tigellin, âme damnée de Néron et le philosophe Sénèque, mentor de l’empereur.
Titus s’est rendu à Rome pour les rencontrer et ils ont accepté de s’effacer. Tigellin s’y résout, de très mauvaise grâce et seulement parce que Titus est un proche de Néron. Mais il est convaincu que Titus se lassera et qu’il pourra ensuite récupérer Tullia. Quant à Sénèque, la crainte du scandale fait qu’il se résigne, même si, profondément amoureux de Tullia, il est particulièrement meurtri.
Au moment où Titus s’est installé chez Tullia, l’éloignement de Vespasien, installé à Carthage en tant que Proconsul, laisse carte blanche au jeune homme. Et l’immense fortune de Tullia, héritée de son défunt mari Lurco, pourvoit au train de vie fastueux du couple.
Ayant exigé de Tullia l’hypersexuelle qu’il soit son seul amant, Titus se doit d’assumer. Ancien compagnon de Néron et de son entourage dans leurs escapades nocturnes, Titus, pourtant encore très jeune, a dès cette époque une réputation de débauché et de noceur, qui le poursuivra jusqu’à son avènement à l’empire, plus de 20 après, moment où il changera radicalement.
Pendant 15 mois, Titus va témoigner d’une endurance et d’une virilité hors du commun. D’autres, plus expérimentés, n’auraient pas tenu le rythme que lui impose Tullia, qui a besoin de faire l’amour plusieurs fois par jour et qui n’est jamais rassasiée. Les journées du couple se partagent entre leurs ébats ou encore leurs passages quotidiens aux thermes de Mercure, où les pièces réservées à la riche évergète ne servent désormais plus qu’au couple. Il y aussi les banquets qu’ils organisent ou où ils sont invités, mais désormais Tullia se réserve pour le seul Titus. C’est un autre mode de vie pour Tullia, qui surprend ceux et celles qui ont côtoyé la patricienne depuis son arrivée à Baïes et notamment ses nombreux amants.
Pour leur vie inimitable, Titus veille à offrir à Tullia un cadre variable. Il va en particulier se servir des plages à proximité de Baïes et des rives du lac Lucrin. Les Romains sont plus terriens que marins, et on les imagine plus volontiers barbotant dans les piscines des thermes que profitant du soleil sur la plage. Baïes, véritable Saint-Tropez de la Rome antique, ou Herculanum, avant l’éruption du Vésuve qui la détruisit en 79 en même temps que Pompéi, sont de véritables et agréables stations balnéaires. De riches Romains, qui y possèdent leur résidence secondaire, viennent y passer l’été, fuyant la chaleur de Rome. Ils en apprécient les rivages, les cures thermales et une certaine forme de thalassothérapie.
Dans les heures chaudes des climats méditerranéens, un bain rafraîchissant est toujours bienvenu. Les Romains enseignent la natation aux enfants et s’immergent aux thermes pour le plaisir. À Rome, ne disait-on pas d’un homme manquant de culture qu’il « ne savait ni lire ni nager » ? Tullia et Titus sont quant à eux d’excellents nageurs qui raffolent de ces plages peu fréquentées, entre la pointe Castello et la pointe Epitaffio, où ils peuvent se baigner nus, se reposer, avant de faire encore et encore l’amour.
Comme nous l’avons vu, même aux Thermes, Tullia aime se baigner nue, consentant, lorsqu’elle se déplace dans les couloirs, à attacher une serviette à la taille. Sur les plages de Baïes, ce n’est pas nécessaire, à l’exception de celles qui sont le plus proches de la cité balnéaire. Ainsi Tullia assume-t-elle pleinement son exhibitionnisme, car elle aime exposer son corps et susciter le désir des mâles. Même si Titus lui interdit désormais d’autres amants, Tullia a toujours autant de plaisir à faire bander les mâles et à lire le désir dans leurs yeux. En outre, comme dans d’autres domaines, Tullia diffère des matrones romaines qui craignent les brulures du soleil et pour lesquelles la blancheur de peau est un canon de beauté, au même titre qu’une petite poitrine. Tullia, elle, assume ses seins opulents, comme son teint hâlé, qui est pourtant le propre des femmes exposées au soleil, comme les esclaves.
Et, enfin, cela permet aussi à Tullia de constater le désir de Titus pour elle et de ne pas différer leurs ébats lorsqu’elle a envie, c’est-à-dire souvent.
Ce jour-là, Tullia et Titus ont, comme chaque jour, déjà fait l’amour plusieurs fois depuis leur réveil, dans leur chambre conjugale, puis aux Thermes, et, enfin, après un léger déjeuner, lors d’une sieste crapuleuse. Et ils sont ici, sur cette plage, déserte en cette période de l’année, parce qu’ils ont encore et toujours envie. Après une longue séance de natation, interrompue par les baisers et les caresses, le couple, épuisé, s’est endormi.
L’automne approchant, la fraicheur de la fin d’après-midi a poussé Tullia à remettre sa tunique. Celle-ci, très translucide, ne cache guère les charmes de la jeune patricienne. Alors que Tullia est profondément endormie, un léger vent lève sa tunique, de façon à ce que sa chatte soit totalement offerte au regard de son compagnon. Titus devrait pourtant être habitué à cette vision, car il n’ignore plus rien du corps de son amante. Pourtant elle lui fait toujours le même effet : elle le fascine, elle le rend fou de désir. Il se souvient : c’est Néron le premier qui lui a parlé de Tullia, lui vantant les charmes de celle qui avait fait du futur empereur un homme (voir « (25) : Les Aphrodisies», publié le 19 juin 2021). Néron était furieux que sa mère l’empêche de revoir celle dont il rêvait. Et c’est Fausta, la veuve d’Hosidius Geta, ami de son père Vespasien, qui a permis leur rencontre.
Aujourd’hui, Tullia appartient corps et âme à Titus.
Titus aime Tullia, sincèrement, certes, mais à sa façon, en mâle Romain dominateur et macho, qui considère que la jeune patricienne est à lui et seulement à lui. Tullia est la première grande passion amoureuse du jeune Titus, aussi forte que celle qu’il connaîtra bien plus tard avec la princesse juive Bérénice (Voir « Histoire des libertines (93) Bérénice, aimée de Titus », texte paru le 9 février 2022).
Titus est très fier d’avoir imposé à cette femme hypersexuelle de n’avoir désormais de relations qu’avec lui. Aucun homme, même Vettius Valens, le précédent grand amour de Tullia, n’y était parvenu avant lui. Il est vrai que Valens était candauliste.
Titus en ressent un véritable orgueil, qui l’oblige en contrepartie d’être toujours disponible pour elle et à la hauteur de ses besoins pour la satisfaire. Il essaie de ne pas penser à l’avenir, à son père et à sa mère qu’il faudra convaincre d’accepter Tullia, dont la réputation, il le sait bien, est épouvantable.
Titus observe avec amour, tendresse et désir Tullia qui dort profondément. La tentation est la plus forte : elle est sa femelle, il a tout le temps envie de la baiser. Aujourd’hui, il veut lui faire un enfant.
Le jeune homme dépose un baiser sur les lèvres de la femme. De ses mains, il commence à caresser ce corps toujours désiré. Ses doigts fouillent la chatte encore humide du fait des bains de mer, mais aussi à cause de la libido volcanique de la jeune femme. Les doigts de Titus excitent le clito et pénètrent la chatte béante. Un doigt de sa main gauche pénètre l’anus de Tullia, alors que, de sa langue, il excite les tétons si sensibles de la patricienne.
A ce régime, la montée de son excitation ne peut que réveiller Tullia. Son jeune amant l’impressionne par sa virilité et le désir permanent qu’il a d’elle. Elle est à lui et tout son corps appelle le mâle. Elle gémit, laissant les yeux fermés, ronronnant de bonheur.
Tullia sent son corps moite de désir. Elle ferme les paupières et attire entre ses cuisses ouvertes la main qui l’a caressé au moment de son réveil. Elle se laisse tomber sur le dos en gémissant sous l’ardeur de ces attouchements et elle abandonne sa bouche et sa gorge à son compagnon. La volupté envahit son corps et son esprit. Elle implore presque :
• Mon amour, baise-moi ! J’en ai terriblement envie !
C’est à peine si elle se sent pénétrée alors que la submerge une vague de plaisir qu’elle voudrait prolonger à l’infini, car elle se poursuit alors qu’elle se sent possédée une seconde fois. Le mouvement régulier des vagues la plonge dans la torpeur.
Alors que Titus la remplit, convaincu de l’avoir cette fois fécondée, Tullia s’abandonne à un ultime orgasme, un véritable tsunami qui la submerge. Elle est comblée. Heureuse de ce bonheur, de cette plénitude, comme elle ne l’a jamais été de sa vie. En apparence en tout cas.
***
« La vie inimitable » que Titus offre à Tullia la comble-t-elle ? En apparence oui, Titus veillant à satisfaire la libido insatiable de la jeune patricienne.
Tullia a accordé à Titus ce qu’elle n’avait jamais consenti à aucun autre homme, y compris à son grand amour Vettius Valens, qu’elle a perdue au soir du fatal mariage de Messaline et de Caius Silius : elle a renoncé, par amour pour Titus, à la pluralité masculine que lui impose son hypersexualité. Le sacrifice est pour elle immense, d’autant plus que, depuis qu’elle séjourne à Baïes, Tullia avait donné libre cours à ses pulsions. Elle-même ne savait pas combien d’amants elle avait eus au cours de toutes ces années. Seuls comptaient à ses yeux son fidèle Parsam et ceux de ses amants avec qui elle entretenait des relations répétées, comme Lucius Agermus, l’intendant d’Agrippine et ses protecteurs Tigellin et Sénèque.
Pour Titus, elle a, du jour au lendemain, renoncé à ses excès, après l’orgie des Saturnales de l’an 55. C’est une véritable souffrance pour Tullia, que ne compensent pas les relations saphiques avec Lucia, Epicharis et Julia, ce qu’acceptait Titus, car, pour le macho romain qu’il est, cela était sans importance, car hors du schéma habituel fututor/fututa.
Titus, par vice, avait d’ailleurs exigé que cela se passe en sa présence. Au départ, il se gardait d’intervenir, se contentant de se masturber. Bien souvent, il venait se vider dans la bouche de Tullia ou éjaculer sur son visage. Il avait aussi de plus en plus envie des jolies amantes de sa compagne.
A La tendresse qui caractérisait les relations intimes entre Tullia, d’une part, et Lucia et Epicharis, Titus préférait les ébats torrides entre la jeune Julia et Tullia, car la jeune fille se montrait dominatrice envers Tullia, utilisant systématiquement un gode-ceinture pour posséder sans ménagement Tullia, laquelle réclamait cela de sa jeune maîtresse, afin d’apaiser un peu ses sens. Julia, bien qu’ayant épousé le sénateur Bibulus, trompait celui-ci sans vergogne et passait le plus clair de son temps à Baïes, où elle avait très vite occupé le terrain laissé libre par Tullia.
La relation entre Titus et Tullia est déséquilibrée. Titus est le produit d’une éducation romaine classique, selon laquelle la fidélité de l’épouse doit être absolue, pour garantir la lignée, alors que l’homme, lui, est libre de suivre ses envies. Habitué très jeune aux débauches dans l’entourage de Néron, Titus ne se prive pas, alors qu’il doit pourtant répondre aux exigences de la libido de Tullia.
Titus ne sont pas mariés, même si Tullia espère que cela se fera. Titus se comporte comme s’ils étaient époux, considérant Tullia comme sa femme, sa propriété, exigeant d’elle une totale fidélité, tout en se dispensant d’un devoir similaire. Au contraire, il affiche ses droits sans se cacher de Tullia et il lui montre ainsi qu’il est le Dominus.
Oui, Titus est le maître et s’impose comme tel dans la Domus de Tullia. C’est lui désormais qui gère la maison, la propriété et les esclaves, envers lesquels il se montre inflexible et pour lesquels la rupture est totale par rapport à la bienveillance de Tullia. Tullia avait toujours affirmé son indépendance et son esprit libre. Désormais, elle est soumise à l’autorité du seigneur et maître, qu’elle ne contrarie jamais et devant lequel elle baisse les yeux. Elle sait qu’elle sera récompensée par les saillies de son homme, qui lui donnent ce plaisir dont elle a tant besoin.
Cette soumission désespère Parsam, Lucia et Epicharis, qui ne parviennent pas à raisonner Tullia. La seule qui reste rebelle dans la Domus est la fille de Tullia et de Valens, Tertullia, qui ne cache pas son hostilité au compagnon de sa mère.
L’attitude de Tullia étonne ses proches, comme elle nous surprend. Pourquoi fait-elle tous ces sacrifices pour Titus ? Tullia a alors 26 ans, un âge déjà avancé pour l’espérance de vie de l’époque, qui était de 30 à 35 ans. Elle pense que sa rencontre avec Titus est pour elle une occasion unique de se stabiliser, après une décennie où elle a multiplié les frasques. Elle est surtout profondément et sincèrement amoureuse de Titus, c'est une passion comparable à celle que lui avait inspirée huit ans auparavant Valens. Pour donner toutes ses chances à cette relation et cette union, elle tolère tout, concède tout, donne tout, corps et âme...
Devenu le maitre absolu de la villa, Titus dispose comme il l’entend des esclaves, y compris pour son plaisir sexuel. À Rome, les relations ancillaires sont considérées comme normales. Tullia avait connu l’exemple de la liaison de son père Marcus avec leur servante Valeria, alors que Marcus était veuf. Le maître peut user de sa domesticité féminine comme bon lui semble. Il n’en n’éprouve aucune honte et n’est l’objet d’aucun opprobre. Donc Tullia n’est pas affectée par le fait que Titus baise ses servantes, du moins les plus jolies d’entre elles. Titus ne se limite d’ailleurs pas aux servantes, car, à l’image de son compagnon de débauche Néron, Titus entretient un certain goût pour les jeunes garçons.
Titus va entretenir une relation suivie avec Sylvia, l’ancienne âme damnée de Messaline, que Tullia a sauvée en l’accueillant chez elle, mais qui déteste sa nouvelle maîtresse puisque celle-ci ne lui a pas accordé la relation saphique exclusive dont elle rêvait. La perverse Sylvia a un plaisir tout particulier à partager la couche du Dominus, qu’elle pousse à toujours plus dominer Tullia et à la tromper sans vergogne.
Tullia s’accommode des relations ancillaires de Titus, même si l’influence de Sylvia lui déplait. Elle est davantage affectée quand elle comprend que Titus est l’un des nombreux amants de Julia. Là non plus, Titus ne se cache pas. S’il interdit toute pluralité masculine à Tullia, le débauché qu’il est ne se prive pas des soirées orgiaques qu’il affectionne. Quand elle verra Julia dans les bras de Titus, Tullia aura d’abord envie de sauter sur celle qui fut son élève. Et puis finalement l’excitation l’emporte, Tullia se caressant, nue, encourageant son homme à baiser la jeune femme. Désormais, Julia fréquente régulièrement la Villa de Tullia, pour des trios torrides avec Titus et Tullia, mais aussi pour retrouver seule son amant. Ingrate Julia, qui a oublié que c’est Tullia qui lui a révélé son hypersexualité et lui a permis de l’assumer !
Tullia ira encore plus loin, en acceptant tout ce que veut Titus. Elle va pousser Epicharis, puis Lucia, dans ses bras. Si Epicharis suit en tout ce que veut Tullia, Lucia tente d’abord de refuser, mais Tullia impose cette relation, faute de quoi Lucia et Parsam ne reverront plus celle qu’ils continuent à aimer, malgré tout.
Tullia est heureuse d’annoncer à Titus qu’elle est enfin enceinte de lui. Tullia a voulu cette grossesse pour forcer le destin et attend la suite logique de ces mois de vie commune, à savoir son mariage avec Titus. Depuis décembre 55, elle est sa femme, elle veut désormais être son épouse. Pour respecter les convenances et lois romaines, Titus doit obtenir le consentement de son père, le général Vespasien. Titus, depuis le début de sa relation, avec Tullia, a repoussé ce moment de vérité qu’il redoute tant. Il n’a plus le choix désormais.
***
Depuis plusieurs mois en effet, Vespasien est revenu à Rome, après la fin d’un impérium de cinq ans comme proconsul dans la province d’Afrique. Il réclame, avec de plus en plus en plus d’insistance, que Titus quitte Baïes et revienne auprès de lui à Rome. Père et fils ne sont pas vus depuis la fin du mandat de consul de Vespasien en l’an 51. Titus et Tullia, en ce début d’année 57, se mettent en route pour Rome, après que Titus ait obtenu par l’intermédiaire de Sénèque que l’interdiction de séjour, qui frappait à nouveau Tullia depuis le scandale de la Bona Dea, soit définitivement levée (voir « (27) : Les amants de Baïes»)
La fin du mandat de Vespasien en Afrique a été assombrie par un scandale. Il a été accusé d’avoir extorqué deux cent mille sesterces à un jeune homme pour lequel il avait obtenu le laticlave, insigne honorifique réservé aux membres de l'ordre sénatorial. Vespasien est donc accusé de prévarication. Son crédit politique en pâtit, il revient appauvri à Rome. Pour faire face à ses difficultés financières, il a été contraint d’hypothéquer ses biens à son frère et de se lancer dans l'élevage et le commerce de mules, ce qui va lui permettra de relancer sa fortune, mais lui vaudra le surnom de mulio, ou muletier.
Titus et Tullia espèrent que les difficultés financières de Vespasien le pousseront à être conciliant envers Tullia, compte tenu de l’immense fortune que la jeune patricienne a héritée de son défunt mari Lurco.
Ils ont enfin un atout supplémentaire. A la demande de Tullia, son amie Fausta a envoyé une lettre à Vespasien pour recommander chaleureusement Tullia. Fausta est la veuve du général Hosidius Geta, compagnon d’armes de Vespasien lors de la campagne de Bretagne. Pendant cette campagne, Fausta a été la maîtresse de Vespasien.
La cause de Tullia et Titus est en fait entendue d’avance et vient de se décider avant leur réception. Depuis son retour de Carthage, Vespasien a eu de nombreux échos sur les frasques de Titus à Baïes. Il a chargé sa chère Caenis de se renseigner sur cette Tullia. Antonia Caenis, la maîtresse de Vespasien, est une affranchie d’Antonia Minor, la mère de l’empereur Claude. Proche de Claude, Caenis a facilité la carrière de son amant Vespasien et permis que le jeune Titus soit élevé à la Cour, aux côtés de Britannicus et de Néron. Femme d’une grande intelligence, réputée pour ses réseaux et sa mémoire, Caenis a une très grande influence sur Vespasien.
Caenis a activé ses nombreux réseaux, à Rome et à Baïes, où elle s’est beaucoup appuyée sur Sylvia, qui y a vu l’occasion de faire à Tullia tout le mal possible. C’est un long rapport à charge que Caenis remet à l’ambitieux général et qui va sceller le sort du couple de Titus et de Tullia. Ce document aurait, par la suite, été récupéré par le poète Martial, puis remis par celui-ci à son ami Juvenal pour servir de base à sa « vie de Tullia ». Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Vespasien prend, juste avant de recevoir Titus et Tullia, connaissance du parchemin de Caenis. A la fin de la lecture, il ne cache pas son indignation. Son visage exprime sa colère.
Caenis résume son enquête par un jugement lapidaire :
• Cette Tullia est issue de la plus ancienne noblesse de Rome. Elle est belle et très riche, sans oublier qu’elle a une culture immense. Mais c’est une putain, pire que ne l’était Messaline, l’Augusta Meretrix. Son fils ainé a été conçu par un esclave et sa fille par le docteur Valens, exécuté lors du complot de Silius. Elle couche avec ses esclaves et avec tous ceux et celles qui veulent d’elle ou dont elle a envie. Il est impossible d’établir la liste de ses amants.
• Ton enquête est édifiante, qu’il s’agisse de ce qu’elle a fait avec Messaline, où elle a été une lupa à Suburre, puis ensuite à Baïes.
• Oui, elle a transformé les thermes de Mercure en véritable lupanar, ou en multipliant les orgies et les scandales, comme lors de la fête de la Bona Dea
• Du temps d’Auguste, cette femme aurait été convaincue de stuprum et exilée sur l’ile de Pandateria !
Quand il sera empereur, Vespasien durcira les lois concernant les femmes libres qui entretiennent une liaison avec un esclave. Celles-ci tomberont désormais en esclavage pour « avoir souillé leur sang par les miasmes de la servitude », selon les termes de son édit. Il faudra toute l’influence de Titus pour empêcher que Tullia ne tombe sous le coup de cette législation.
Caenis approuve la sévérité de son amant.
• Quant à la recommandation de Fausta, veuve de ton ami Hosidius Geta ! Celle-ci est également une débauchée, comme d’ailleurs sa nièce Julia, l’épouse adultère de ce pauvre sénateur Bibulus.
Vespasien ne répond pas immédiatement. Il pense à la relation qu’il a eue avec la belle Fausta pendant la campagne de Bretagne. Ce n’était pas un véritable adultère, car Hosidius Geta, faute de pouvoir donner à sa jeune et belle épouse tout le plaisir dont elle avait besoin, encourageait celle-ci à prendre des amants. Il avait poussé Fausta dans les bras de son ami Vespasien, connaissant sa réputation de séducteur. Fausta le rejoignait souvent sous sa tente.
Vespasien avait été surpris et assez choqué quand Geta était venu assister aux ébats des amants et encourager Vespasien à faire jouir sa jeune épouse. Vespasien avait été follement amoureux de Fausta, mais n’avait pas osé briser son ménage et celui de son ami. Depuis son retour de Bretagne, il y a dix ans, Vespasien n’avait plus revu Fausta, devenue veuve. Dans sa lettre, Fausta appelait Vespasien par son prénom, Titus. Elle lui demandait, au nom de ce qu’ils avaient vécu ensemble, de ne pas faire obstacle au bonheur de son fils et de Tullia. Et Fausta, qui faisait dans ce courrier l’éloge de son amie, de sa beauté, de sa culture, de son intelligence, se proposait de rencontrer Vespasien pour lui en parler.
Revoir Fausta, tant d’années après ? Vespasien n’ose pas et ne répondra pas à Fausta, pour préserver son couple et son image. Il se dit que ce que lui n’a pas osé faire alors, il ne l’accordera pas à son fils, alors qu’il devrait le comprendre.
• Cela m’attriste en effet pour la mémoire de mon ami Geta. Mon grand-père était un simple centurion. Lui, mon père et moi avons beaucoup travaillé pour nous élever. Ma résolution est ferme, Caenis : je ne laisserai mon fils aîné ternir la réputation de la gens Flavii par un tel mariage. Titus a un immense potentiel. Je ne lui laisserai pas le gâcher, même si l’influence de la Cour a fait de lui un jouisseur. Je ferai de lui un soldat !
***
Titus et Tullia sont reçus par Vespasien, en présence de l’épouse de celui-ci, Domitilla et le jeune frère de Titus, Domitien, alors âgé de 6 ans. Une autre femme mure, encore belle, est présente. Tullia ne sait pas qu’il s’agit de Caenis, la maitresse de Vespasien, qui vient de remettre à celui-ci l’enquête qu’il lui avait confiée.
Titus est accueilli avec tous les honneurs par Vespasien et Domitilla. Il est à la fois le fils prodigue et prodige. Vespasien, qui a connaissance de la prophétie rapportée à l’affranchi Narcisse, selon laquelle Titus serait un jour empereur, a pour son héritier les plus hautes ambitions, même s’il connait ses travers. Par contre, l’attitude de Vespasien est très hostile envers Tullia, qui reçoit, elle, un accueil glacial. Titus lui a recommandé de se taire, de se montrer en retrait, respectueuse, de baisser les yeux devant le Pater Familias.
Vespasien impressionne Tullia. Le général est alors âgé de 57 ans. Ses profondes rides d’expression lui confèrent une expression sévère. Il dégage une impression d’autorité qui plaira aux Romains les plus conservateurs. Il semble incarner physiquement le magistrat romain. C’est cet idéal, cher à Marcus, le père de Tullia, que Vespasien incarnera quand il sera au pouvoir. Contrairement à son fils Titus, Vespasien affiche des mœurs austères, même s’il entretient de longue date une liaison avec Caénis et qu’il a été l’amant de Fausta.
Vespasien est d’origine plébéienne. Il est un provincial, originaire de Rete, le pays des Sabins. Son grand-père, Titus Flavius Petro, a servi comme centurion sous les ordres de Pompée durant la guerre civile contre Jules César. Petro a assuré son avenir en épousant la très riche Tertulla dont la fortune permet un début de carrière rapide à leur fils Titus Flavius Sabinus, le père de Vespasien. Sabinus a encore agrandi encore la fortune de la famille et atteint le rang équestre en devenant collecteur des taxes de la province d'Asie puis banquier en Helvétie. En épousant Vespasia Polla, il s'allie à la prestigieuse famille patricienne des Vespasiens (gens Vespasia), garantissant ainsi l'accès au rang sénatorial à ses Sabinus et Vespasien.
Vespasien a fait une brillante carrière militaire et politique sous Caligula et Claude. Il est un ennemi d’Agrippine. Alors qu’il était Préteur, il avait réclamé un alourdissement de la peine d’Agrippine et de Livilla après la découverte de leur complot avec leur amant Lepidus contre Caligula, en 39. Outre sa gloire militaire en Germanie, puis en Bretagne, aux côtés de ses amis Hosidius Geta et Aulus Plautius, il a réussi son cursus honorum, en devenant successivement questeur, édile, préteur, puis consul en 51. Les accusations qui ont terni la fin de son mandat de proconsul en Afrique marquent une rupture dans un parcours jusqu’alors sans faute.
Titus tente le tout pour le tout :
• Père, je suis venu avec Tullia, la fille du sénateur Marcus Tullius Longus. Tullia est la femme que j’aime. Elle porte mon enfant et je veux l’épouser !
• Il n’en n’est pas question, Titus ! Tu n’épouseras pas cette putain qui a eu autant d’amants qu’il y a de soldats dans la garde prétorienne ou dans une légion. Sa seule présence ici est une souillure pour cette maison.
Vespasien sait bien qu’il exagère avec sa comparaison, les prétoriens étant alors 4.500 ! Tullia blêmit sous l’insulte mais se tait.
• Père, il ne s’agit pas du passé de Tullia. Je me porte garant de sa fidélité depuis que nous en sommes ensemble.
• Comment peux-tu en être certain ? C’est dans la nature de cette femme, qui est encore pire que la défunte Augusta Meretrix. Tu as ma réponse, ferme et définitive, Titus : c’est non !
• Et si je me passe de ton consentement ?
• Tu connais nos lois. Auguste a permis de se passer de l’autorisation du Pater Familias, en ayant recours à l’autorité publique. Mais tu sais que, même si ta putain a des appuis, j’en ai également, y compris dans l’entourage de l’empereur et au Sénat. D’ailleurs l’empereur, qui voulait les faveurs de cette femme, est furieux de votre liaison et m’a garanti son appui. Tu ne gagneras que la rupture avec ta gens et la fin de ton cursus honorum, avant même qu’il ait commencé. Veux-tu entièrement dépendre d’elle ? Oublies-tu que j’ai un autre fils ?
Titus connait son père et comprend à ses menaces qu’il ne cédera pas et que la cause est perdue. Il lui va donc devoir choisir entre sa famille et celle qu’il aime, entre sa carrière et sa passion. Il va sacrifier Tullia, comme plus tard il sacrifiera la princesse Bérénice. Titus sait aussi que, sans le consentement de Vespasien et malgré la fortune de Tullia, ils risquent un exil que peut décider l’empereur. Fuir hors de l’empire romain serait une folie que Titus n’envisage même pas.
• J’en suis meurtri, père, mais je me soumettrai à ta volonté. Pardonne-moi si tu le peux, Tullia. Je t’ai aimé et je t’aime sincèrement, mais je suis un Romain et je ne peux me révolter contre mon père.
• Je te retrouve enfin mon fils. Il est temps que tu commences ton cursus, d’abord dans la légion, loin de cette créature. Tu vas partir pour la Germanie, comme Tribun militaire. Je t’ai recommandé à mon ami Caius Plinius (Pline l’ancien), un chevalier et tribun expérimenté, qui a déjà fait plusieurs campagnes en Germanie sous les généraux Cnaeus Domitius Corbulo (Corbulon) et Publius Pomponius Secundus. Pline est un érudit avec qui tu apprendras beaucoup.
Tullia est blême. La patricienne, humiliée, reste digne. Elle comprend que Titus a cédé sans combattre devant la toute-puissance du Pater Familias. Elle explose d’une colère froide :
• Depuis que nous sommes là, tu m’as beaucoup insultée, général et ça ne te grandit pas. J’aime ton fils et j’ai tout donné pour lui. Pour lui, j’ai réprimé ma nature. Je ne veux pas qu’il rompe avec sa famille et renonce à sa carrière pour moi. Sache seulement que je porte l’enfant de Titus, ton petit-fils ou ta petite-fille, que je lui donnerai naissance et l’élèverai.
• Bien entendu Titus, si tu rentres dans l’obéissance que tu dois à ton père, il n’est pas question que tu t’encombres d’un bâtard !
• Cet enfant aura deux lignées, l’une, les Tullii, qui remonte aux origines de Rome, l’autre, les Flavii, d’une obscure famille de Sabine. Et, avec mes autres enfants, il ou elle n’aura pas besoin de vendre des mules pour assurer son train de vie !
• Je ne parle pas à une putain, qui se permet de m’insulter. Sors d’ici, créature du diable ! Je regrette nos anciennes lois qui auraient su te châtier comme tu le mériterais. J’ai lu que les lois des Hébreux savent ce qu’il convient de faire avec des femmes telles que toi. Comme je comprends ton père, Marcus, qui, lorsque j’ai voulu lui parler de toi, m’a répondu qu’il n’avait plus de fille.
Alors que sa vie lui semble s’effondrer, qu’elle est lâchée par l’homme qui disait l’aimer, Tullia, livide, se refuse à afficher ses larmes et sort, en digne matrone, sans un regard pour Titus, se contentant d’un « Ave, Mulio » (« Muletier, surnom donné à Vespasien par dérision, car, en difficultés financières, il s’était lancé dans l’élevage et le commerce des mules).
Vespasien est blême devant l’injure :
• Elle mériterait d’être fouettée ! Sa place est dans un lupanar à Suburre !
***
Quelques jours après cette terrible scène, Titus va quitter Rome, en l’an 57, pour une première expérience militaire de 4 ans, en Germanie, puis en Bretagne.
Titus ne revoit pas Tullia avant son départ. En guise d’adieux, il lui envoie cette épigramme de Sénèque :
« Poussé par je ne sais quel mal, j’ai rompu mes pieux engagements.
Mes seules forces ne sont pas capables de si graves forfaits.
Celui qui m’a pressé de le faire et m’y a poussé avec des aiguillons ardents,
c’était soit le destin soit un dieu.
Pourquoi adresser aux dieux de vains reproches ? Veux-tu la vérité, Délie ?
Le même amour qui m’avait donné à toi m’a aussi soustrait à toi. »
Ce billet de Titus fera beaucoup pleurer Tullia. Avec notre regard, nous jugeons très sévèrement Titus, qui a abandonné celle qu’il aimait et qui porte son enfant. Nous sommes choqués par ce que nous qualifierons de lâcheté.
Son amour pour Tullia était pourtant sincère, il voulait vraiment en faire son épouse et fonder une famille avec elle. Mais il n’a pas voulu en payer le prix, devant le refus intransigeant de Vespasien. Titus est en fait le produit d’une société, où domine le Pater Familias, et d’une éducation romaine traditionnelle, très stricte, qui l’amène à obéir à cette autorité absolue, à ne pas oser s’y opposer, comme Tullia avait osé le faire envers son père Marcus. Titus a sacrifié l’amour à sa carrière. Ce ne sera pas la dernière fois. C’est peut-être en pensant au traitement subi par Tullia, puis par Bérénice, que Titus, pendant son court règne, changera du tout au tout et laissera le souvenir d’un prince bienveillant, que l’historien Suétone appellera « les délices du genre humain ».
Quant à Tullia, elle est meurtrie, car son amour pour Titus était, de son côté, sans calcul ni limites. Elle continuera à l’aimer. Il est et reste son homme, celui qu’elle a dans la peau. Leurs routes se croiseront à nouveau, des années plus tard.
Dans l’immédiat, Tullia revient, effondrée, à la Domus Spurii, où ses proches, Parsam, Lucia, Epicharis, la récupèrent dans un état de désespoir pire que celui qui fut le sien lors de la mort de Vettius Valens, 9 ans auparavant (voir « (21) : Baïes, deuil et retrouvailles », paru le 2 mai 2022).
Une autre que Tullia ne s’en serait pas relevée. Sa force de caractère et l’amour de Parsam, Lucia et Epicharis lui permettent de surmonter cette terrible épreuve.
Tullia va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie, celle de Pomponia Graecina, amie de Fausta et épouse du glorieux général Aulus Plautius, le conquérant de la Bretagne, avec Vespasien et Hosidius Geta. La patricienne épicurienne va découvrir une autre spiritualité et un nouvel amour.
(A suivre 31 : « Pomponia»)
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17 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
@ Julie, on connait l'influence des affranchis sur l'empereur Claude, mais on connait moins l'influence des affranchies femmes sur les empereurs. Il y eut Caenis. On pourrait aussi mentionner Lysistrata, auprès de l'empereur Antonin le Pieux, au siècle suivant.
A nouveau un excellent mélange entre fiction et histoire. Je salue la belle description du personnage de Vespasien, de son parcours, de son caractère et de son entourage, avec la mise en avant de l'affranchie Caenis, qui a joué un grand rôle auprès de lui après le décès de son épouse, peu après l'avènement de Vespasien à l'empire
Julie
Julie
@ Luc, c'est exact
@ Didier, si le terme est anachronique, il décrit en effet bien la politique et la mentalité du fondateur de la dynastie flavienne.
@ Didier, si le terme est anachronique, il décrit en effet bien la politique et la mentalité du fondateur de la dynastie flavienne.
@ Didier, en ce qui concerne la personnalité de Vespasien et sa politique, il y a consensus sur ce point entre les écrits des historiens romains et les spécialistes de l'histoire romaine
Luc
Luc
@ Luc, merci d'avoir partagé mon analyse sur l'ultra conservatisme de cet illustre chef militaire qui marquera l'Histoire romaine par un règne de réforme mais aussi de stabilité.
@ Olga, je l’admets mon terme est en soi anachronique pour cette époque, mais c’est le seul assez parlant qui m’est venu immédiatement à l’esprit, à la lecture de ton excellente et réaliste présentation de Vespasien.
Merci encore.
Didier
@ Olga, je l’admets mon terme est en soi anachronique pour cette époque, mais c’est le seul assez parlant qui m’est venu immédiatement à l’esprit, à la lecture de ton excellente et réaliste présentation de Vespasien.
Merci encore.
Didier
@ Luc, "reac" est un terme anachronique dans ce contexte, mais je trouve qu'il va bien à Vespasien!
Didier a raison, la description de Vespasien et de son parcours est très intéressante. Elle annonce l'empereur qu'il sera: excellent administrateur, mais profondément conservateur, sinon "reac" comme on dirait aujourd'hui. sans oublier une avarice qui est passée à la postérité.
Luc
Luc
Un grand merci cher Divinmarkiz pour ce commentaire. Je vais suivre également avec plaisir votre série et vos publications. S'agissant de "Matrone et Domina", son écriture est terminée mais il reste 13 chapitres à publier
Chère Olga, lecture(s) délicieuses . Merci pour votre gentil commentaire sur mon histoire "Patricien...3
@ Laetitia, Vespasien est resté célèbre grâce à cette petite phrase!
L’argent n’a pas d’odeur ! Tu le l’enlèves Olga
:-)
:-)
@ Micky, en effet on se souvient de Vespasien pour son impôt sur les latrines et cette sentence: " l'argent n'a pas d'odeur"!
J'ai bien aimé le focus sur Vespasien, l'homme des vespasiennes, selon la légende. Mêler la grande et la petite histoire, voilà bien l'art d'Olga.
@ Didier, tu dis les choses de façon " cash" mais plutôt pertinente, concernant Titus et Vespasien.
mérite en effet d'être qualifié de réactionnaire. Sa politique, quand il fut empereur, près de dix ans, jusqu'à sa mort en 79, à été qualifiée de " conservatrice". L'homme et sa politique convenaient bien à l'aristocratie sénatoriale. C'était une vraie rupture par rapport à Néron et même à Claude. Il a affirmé le pouvoir de l'empereur, mais veillait à ses relations avec le Sénat. Il a rétabli la discipline dans l'armée. Il valorise chevaliers et sénateurs, tout en concentrant les pouvoirs entre les mains du prince.
Quant à Titus, son portrait est plus nuancé. Prototype du macho romain à l'évidence, mais qui a de vrais sentiments envers Tullia. Dans ce chapitre, il l'a sacrifié à son cursus.
mérite en effet d'être qualifié de réactionnaire. Sa politique, quand il fut empereur, près de dix ans, jusqu'à sa mort en 79, à été qualifiée de " conservatrice". L'homme et sa politique convenaient bien à l'aristocratie sénatoriale. C'était une vraie rupture par rapport à Néron et même à Claude. Il a affirmé le pouvoir de l'empereur, mais veillait à ses relations avec le Sénat. Il a rétabli la discipline dans l'armée. Il valorise chevaliers et sénateurs, tout en concentrant les pouvoirs entre les mains du prince.
Quant à Titus, son portrait est plus nuancé. Prototype du macho romain à l'évidence, mais qui a de vrais sentiments envers Tullia. Dans ce chapitre, il l'a sacrifié à son cursus.
Olga,
Je me permets de rebondir sur ton commentaire, en te confirmant que tu nous as fait ici une très belle présentation, démonstration de ce que pouvait être le romain classique dans son éducation, Dominateur, Macho et surtout Réac...
Pour cela, il est vrai que tu as bien insisté sur la mentalité de Titus en tant que Dominus, puis sur celle de Vespasien en tant que Paters Familias. C’est très bien vu de ta part et je t’en remercie.
A notre époque, ces deux la auraient vraiment l’image de vrais « connards », excuses moi de l’expression.
Heureusement pour les épouses, les femmes, qu’avec le temps, cette mentalité a bien changé, évolué…
Sinon, ce chapitre est bien dans la continuité du précédent, il est très sexe…
Historiquement, tu évoques bien aussi le début de parcours du prestigieux Vespasien, qui là rentre d’Afrique ruiné et vend des mules...
Mais surtout tu présentes bien le dilemme auquel est confronté Titus, tiraillé entre, d’un côté sa carrière, le pouvoir, et de l’autre l’amour porté pour une femme.
Là aussi, tu as su habilement transposer avec Tullia, ce que plus tard, historiquement parlant, il fera subir à Bérenice.
Je reconnais, là encore, tout le très bon travail fourni afin de d’adapter ta saga à l’Histoire et à la culture romaine.
Félicitations,
Didier
Je me permets de rebondir sur ton commentaire, en te confirmant que tu nous as fait ici une très belle présentation, démonstration de ce que pouvait être le romain classique dans son éducation, Dominateur, Macho et surtout Réac...
Pour cela, il est vrai que tu as bien insisté sur la mentalité de Titus en tant que Dominus, puis sur celle de Vespasien en tant que Paters Familias. C’est très bien vu de ta part et je t’en remercie.
A notre époque, ces deux la auraient vraiment l’image de vrais « connards », excuses moi de l’expression.
Heureusement pour les épouses, les femmes, qu’avec le temps, cette mentalité a bien changé, évolué…
Sinon, ce chapitre est bien dans la continuité du précédent, il est très sexe…
Historiquement, tu évoques bien aussi le début de parcours du prestigieux Vespasien, qui là rentre d’Afrique ruiné et vend des mules...
Mais surtout tu présentes bien le dilemme auquel est confronté Titus, tiraillé entre, d’un côté sa carrière, le pouvoir, et de l’autre l’amour porté pour une femme.
Là aussi, tu as su habilement transposer avec Tullia, ce que plus tard, historiquement parlant, il fera subir à Bérenice.
Je reconnais, là encore, tout le très bon travail fourni afin de d’adapter ta saga à l’Histoire et à la culture romaine.
Félicitations,
Didier
Merci Didier pour ce long commentaire, fruit d'une lecture attentive de cet épisode, mais aussi des précédents.
Oui, Titus est décrit ici comme le prototype du mâle Romain, dominateur et macho. De ce point de vue, il est celui qui canalise la libido incontrôlable de Tullia. Je me suis appuyée sur la réputation de Titus, tel qu'il fut jusqu'à son avénement à l'empire, quand il changera radicalement. Jusque là, il avait l'image d'un noceur, d'un débauché. Proche de Britannicus, il avait aussi participé aux frasques du jeune Néron.
Dans cette fiction, Tullia connait le sort qui, 22 ans plus tard, sera celui de la reine Bérénice, sacrifiée au nom de la raison d'Etat. Racine en a fait le sujet de sa pièce. Dans notre histoire, il n'est pas encore question d'empire, seulement d'ambition et de carrière, Tullia paraissant être un obstacle.
J'ajoute que je me suis appuyé sur un fait confirmé: en 57, Vespasien envoie son fils poursuivre une carrière militaire en Germanie, Pline l'ancien devenant le mentor du jeune homme. Il s'agissait bien d'éloigner Titus de sa vie de débauches et de m'endurcir.
De même, Vespasien est décrit comme la caricature du Pater Familias. Vespasien sera un grand empereur, surtout après les excès de Néron et les troubles de l'année des 4 empereurs. Il se montrera très conservateur, proche du Sénat, contrairement à ses prédécesseurs julio- claudiens. Et enfin ce portrait prend en compte sa légendaire pingrerie, qui sera illustrée par l'impôt qu'il instaurera sur les " foulons" ( " l'argent n'a pas d'odeur")
Sans dévoiler la suite, je peux dire que les routes de Tullia et Titus se croiseront de nouveau.
Enfin le personnage de Pomponia, qui a réllement existé, sera notamment l'occasion de parler des débuts du christianisme à Rome
Oui, Titus est décrit ici comme le prototype du mâle Romain, dominateur et macho. De ce point de vue, il est celui qui canalise la libido incontrôlable de Tullia. Je me suis appuyée sur la réputation de Titus, tel qu'il fut jusqu'à son avénement à l'empire, quand il changera radicalement. Jusque là, il avait l'image d'un noceur, d'un débauché. Proche de Britannicus, il avait aussi participé aux frasques du jeune Néron.
Dans cette fiction, Tullia connait le sort qui, 22 ans plus tard, sera celui de la reine Bérénice, sacrifiée au nom de la raison d'Etat. Racine en a fait le sujet de sa pièce. Dans notre histoire, il n'est pas encore question d'empire, seulement d'ambition et de carrière, Tullia paraissant être un obstacle.
J'ajoute que je me suis appuyé sur un fait confirmé: en 57, Vespasien envoie son fils poursuivre une carrière militaire en Germanie, Pline l'ancien devenant le mentor du jeune homme. Il s'agissait bien d'éloigner Titus de sa vie de débauches et de m'endurcir.
De même, Vespasien est décrit comme la caricature du Pater Familias. Vespasien sera un grand empereur, surtout après les excès de Néron et les troubles de l'année des 4 empereurs. Il se montrera très conservateur, proche du Sénat, contrairement à ses prédécesseurs julio- claudiens. Et enfin ce portrait prend en compte sa légendaire pingrerie, qui sera illustrée par l'impôt qu'il instaurera sur les " foulons" ( " l'argent n'a pas d'odeur")
Sans dévoiler la suite, je peux dire que les routes de Tullia et Titus se croiseront de nouveau.
Enfin le personnage de Pomponia, qui a réllement existé, sera notamment l'occasion de parler des débuts du christianisme à Rome
Tullia, notre belle héroïne vit désormais en couple avec son nouvel homme, son mâle, Titus.
D’une éducation romaine traditionnelle, celui-ci pour s’assurer pleinement d’une fidélité absolue de Tullia, demande à ses anciens amants et protecteurs, Tigellin et Sénèque, de s’éclipser.
Notre belle matrone, malgré cette grande frustration, s’assagit et doit se contenter, en sus d’ébats saphiques auxquels son homme assiste, des seuls plaisirs, jouissances, procurés désormais par son unique amant, Titus.
A l’inverse devenu le Dominus celui-ci, pourtant amoureux fou de Tullia, ne se prive pas de «tromper» ouvertement sa bien-aimée, tout d’abord avec les esclaves de la domus, dont une Sylvia revancharde, puis aussi et surtout avec Julia, l’ancienne «protégée» de notre belle héroïne.
Enfin, pour satisfaire totalement les envies de son mâle, notre belle matrone incite même ses fidèles proches Lucia et Epicharis à avoir des relations avec Titus.
Tullia, pieds et poings liés par l’amour porté à son homme, a donc perdu toute son indépendance, son autorité, son franc parler et est complètement soumise à son mâle.
Toutefois pour consolider leur relation, notre belle héroïne espérant, rêvant de mariage, tombe enceinte.
Grâce à cela, cette étrange relation déséquilibrée aurait pu ainsi perdurer si la rencontre avec Vespasien, de retour à Rome, n’en avait décidé autrement.
En effet, malgré d’excellentes recommandations de son ancien amour, Fausta, mais renseigné, conseillé, à décharge par sa maitresse Caenis, le glorieux général ruiné, en romain très conservateur, exige de Titus, son «fils prodigue», de rompre avec cette Tullia, une «vulgaire putain».
Après avoir tenté de défendre son couple, Titus, tiraillé entre l’amour et son devoir d’obéissance, cède finalement au Paters Familias, sacrifiant ainsi son amour infini pour la belle Tullia, pour une carrière...
Notre héroïne, blessée et effondrée par cette décision, reste toutefois profondément éprise de son mâle, Titus.
Titus et Tullia se retrouveront-t-ils un jour pour vivre leur amour infini? Que va devenir leur enfant à naitre ?
Quels impacts cette douloureuse séparation aura-t-elle sur la vie prochaine de notre belle matrone ?
Tullia restera-t-elle sage ou ne risque-t-elle pas de retomber à excès dans ses anciens travers ?
Dans quelle mesure, cette rencontre annoncée avec Pomponia, la «Chrétienne», sera-t-elle bénéfique pour Tullia ?
Didier
D’une éducation romaine traditionnelle, celui-ci pour s’assurer pleinement d’une fidélité absolue de Tullia, demande à ses anciens amants et protecteurs, Tigellin et Sénèque, de s’éclipser.
Notre belle matrone, malgré cette grande frustration, s’assagit et doit se contenter, en sus d’ébats saphiques auxquels son homme assiste, des seuls plaisirs, jouissances, procurés désormais par son unique amant, Titus.
A l’inverse devenu le Dominus celui-ci, pourtant amoureux fou de Tullia, ne se prive pas de «tromper» ouvertement sa bien-aimée, tout d’abord avec les esclaves de la domus, dont une Sylvia revancharde, puis aussi et surtout avec Julia, l’ancienne «protégée» de notre belle héroïne.
Enfin, pour satisfaire totalement les envies de son mâle, notre belle matrone incite même ses fidèles proches Lucia et Epicharis à avoir des relations avec Titus.
Tullia, pieds et poings liés par l’amour porté à son homme, a donc perdu toute son indépendance, son autorité, son franc parler et est complètement soumise à son mâle.
Toutefois pour consolider leur relation, notre belle héroïne espérant, rêvant de mariage, tombe enceinte.
Grâce à cela, cette étrange relation déséquilibrée aurait pu ainsi perdurer si la rencontre avec Vespasien, de retour à Rome, n’en avait décidé autrement.
En effet, malgré d’excellentes recommandations de son ancien amour, Fausta, mais renseigné, conseillé, à décharge par sa maitresse Caenis, le glorieux général ruiné, en romain très conservateur, exige de Titus, son «fils prodigue», de rompre avec cette Tullia, une «vulgaire putain».
Après avoir tenté de défendre son couple, Titus, tiraillé entre l’amour et son devoir d’obéissance, cède finalement au Paters Familias, sacrifiant ainsi son amour infini pour la belle Tullia, pour une carrière...
Notre héroïne, blessée et effondrée par cette décision, reste toutefois profondément éprise de son mâle, Titus.
Titus et Tullia se retrouveront-t-ils un jour pour vivre leur amour infini? Que va devenir leur enfant à naitre ?
Quels impacts cette douloureuse séparation aura-t-elle sur la vie prochaine de notre belle matrone ?
Tullia restera-t-elle sage ou ne risque-t-elle pas de retomber à excès dans ses anciens travers ?
Dans quelle mesure, cette rencontre annoncée avec Pomponia, la «Chrétienne», sera-t-elle bénéfique pour Tullia ?
Didier