« Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (31) : Pomponia»
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 01-02-2023 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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« Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (31) : Pomponia»
*** RECIT FICTIF POUR LECTEURS AVERTIS
RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS
Obligée de quitter Rome après la mort de Messaline, mais riche et libre, la jeune patricienne Tullia gagne Baïes, la cité des plaisirs, où elle donne depuis libre cours à son hypersexualité.
Tullia a rencontré Titus, fils du général Vespasien et futur empereur. Leur coup de foudre réciproque conduit le jeune Titus à s’installer chez Tullia. Ensemble, ils vivent une grande passion, qui va durer 15 mois. Alors que Tullia attend un enfant de Titus, l’entrevue du couple avec Vespasien est une catastrophe : le « Pater Familias » refuse que Titus épouse Tullia, compte tenu de la réputation de celle-ci. Titus se soumet à la volonté de son père et part comme légat en Germanie.
Tullia, meurtrie par cette terrible désillusion, s’efforce de reprendre sa vie antérieure, avec le soutien de ses proches, Epicharis, Lucia, Parsam et de son amie Fausta.
***
Une autre que Tullia ne se serait pas relevée de cette épreuve. Sa force de caractère et l’amour de Parsam, Lucia et Epicharis lui permettent de surmonter cette cruelle désillusion.
Ses proches conseillent en vain à Tullia de ne pas garder l’enfant, ce que celle-ci refuse, donnant naissance, en juillet 57, à une fille, qu’elle appellera Domitia. Elle informera Titus de la naissance de sa fille, mais les ordres de Vespasien sont formels : le courrier ne sera pas remis au destinataire. Tutus n’apprendra l’existence de sa fille que bien plus tard.
Parsam et Lucia vont prendre de soin de Domitia et l’élever comme leur fille, comme ils le font déjà avec Tertullia, la fille de Valens. Comme beaucoup de matrones romaines, Tullia n’a guère la fibre maternelle. Son mode de vie l’explique aussi, d’autant qu’elle a totale confiance en l’éducation que donnent à ses filles Lucia et Parsam, appuyés par les meilleurs précepteurs.
Tullia va se reconstruire et reprendre la vie antérieure à sa rencontre avec Titus, partageant désormais avec la jeune Julia le rôle symbolique de « reine de Baïes ». Il n’est plus question pour elle d’aventure sentimentale, seulement d’apaiser cette libido qu’elle avait brimée pour complaire à Titus. Tullia veut oublier en multipliant les amants éphémères. Le plaisir est, plus que jamais, sa drogue pour apaiser sa douleur d’avoir été abandonnée par l’homme à qui elle avait tout donné et surtout d’avoir cru à l’illusion de construire une autre vie avec lui.
Tullia se rappelle de ce que Sénèque avait dit de Baïes, « l’auberge de tous les vices », où aucune femme honnête ne peut se promener sur le rivage sans perdre sa vertu. Le soir venu, la côte s’anime. Tullia varie les plaisirs. Les privilèges qui sont les siens aux Thermes de Mercure, en tant qu’évergète du lieu, les banquets chez elle ou chez Fausta qui finissent en orgie ne lui suffisent plus. La belle élégante choisit d’embarquer dans un bateau richement décoré, à la proue argentée ou dorée. Les rames brillent de nacre et de lames d’argent. Les voiles de pourpre et de lin blanc régalent l’œil de quelques broderies érotiques soulignées de pensées épicuriennes. Femme galante, Tullia dine sur l’eau en compagnie de ses mignons en écoutant de la musique, puis regagne la rive, pour se perdre dans la nuit au bras d’un amant de fortune, un autre chaque soir.
Depuis son arrivée à Baïes, neuf ans auparavant, Tullia ne s’est jamais restreinte dans ses plaisirs. Mais depuis qu’elle a été brutalement abandonnée par Titus, la jeune patricienne ne met plus aucun frein à sa libido, que ce soit aux thermes, à sa Domus, dans les banquets, sur les plages à proximité de Baïes, sur les rives du lac Lucrin ou sur son bateau. Elle a besoin d’élargir constamment son terrain de chasse, aux marins de la flotte de Misène, aux pêcheurs, sans oublier ses esclaves ou encore les gladiateurs des amphithéâtres de Pouzzoles, de Capoue et de Pompéi.
En quelques mois, Tullia enchaîne les amants, au point de dépasser tous les excès de Messaline. Le plaisir est pour elle le moyen de tenter d’oublier, sans jamais être apaisée. Ses proches, Parsam et Lucia, qui prennent soin de ses enfants, Tertullia et Domitia, la douce Epicharis, son amie Fausta, s’inquiètent, sans parvenir à la contrôler. En apparence, Tullia a repris à Julia, en quelques mois, le rôle de reine de Baïes et de ses parties fines. La jeune Julia, qui trompe sans vergogne Bibulus, parvient toutefois à garder son rang, alors que la réputation de Tullia est, aux yeux de la bonne société de Baïes, épouvantable. Elle est redevenue la Meretrix dont les hommes profitent, mais pour laquelle ils ne cachent guère leur mépris.
La seule que réjouit cette déchéance est Sylvia, l’ancienne âme damnée de Messaline, parce qu’elle n’a pas obtenu auprès de la jeune patricienne la place qu’elle espérait. Sa déception s’est transformée en haine. Elle s’empresse d’informer l’abominable Tigellin de la situation. Celui-ci, qui s’était de mauvaise grâce tenu à l’écart sur l’insistance de Titus, s’empresse de se rendre à Baïes, sans être annoncé.
Tullia se repose alors au bord de la piscine de sa Domus. La veille au soir, elle était invitée à un banquet chez Publius Barbatus Opilius (voir chapitre 26 : « La Bona Dea ») qui a vite tourné en orgie. Opilius avait invité ses nombreux amis et il leur a offert Tullia. Tullia s’est étourdie de plaisir. Elle ne sait plus, au cours de cette longue nuit, combien d’hommes l’ont possédé, avant qu’Opilius ne la fasse reconduire chez elle, par ses esclaves, alors que sur elle, mais aussi de sa bouche et de ses orifices naturels coulait la semence laissée par ses amants. La dévouée Marcia et les autres servantes se sont efforcées d’effacer les traces des terribles excès de la Domina.
Quand Tigellin se présente à la Domus, Marcia tente de l’éconduire, en disant que la Domina se repose et de ne doit pas être dérangée. Mais Sylvia veille :
• Ne t’occupe pas de ça. Je vais conduire le Préfet des vigiles, le seigneur Tigellin, auprès de la putain. Il est venu pour elle.
Quand Tigellin se présente aux abords de la piscine, Tullia est réveillée. Elle sait immédiatement, à la façon dont il la regarde, pourquoi Tigellin est là. Et, malgré ses excès de la veille, ses sens se réveillent. Elle a envie de cet amant exceptionnel, qui lui a manqué.
• Tu n’as pas changé ! Il y a près de 18 mois que j’attends ce moment ! Mais avant, je veux te dire que l’empereur m’envoie. Même à Baïes, ton comportement a choqué d’honnêtes citoyens, qui ont adressé à César et aux Préteurs des plaintes envers toi pour stuprum. Tu connais nos lois en vigueur au sujet de ce crime et les sanctions qu’elle prévoit, héritées d’Auguste. Des Sénateurs se sont aussi plaints de ta conduite auprès de Néron. Parmi eux, ton père, Marcus Tullius, qui a plaidé pour la plus grande sévérité.
• Tu viens m’annoncer mon exil à Pandateria ? Pire encore ?
• Ton père est allé jusqu’à réclamer pour toi les verges. Heureusement, Tigellin est là. J’ai rappelé à Néron les bons moments qu’il a passés avec toi. Il m’a dit que c’était à moi de décider de ton sort. Et ce serait dommage, de mon point de vue, de te faire subir le sort de Julie, la fille d’Auguste.
• Je te remercie de ta sollicitude, CaIus Ofonius. Je veux te dire que tu m’as également manqué.
En quelques phrases, si besoin en était, Tigellin a rappelé combien sa protection était importante pour Tullia. Mais il n’est pas venu pour cela. Tigellin ne porte pas sa tenue militaire correspondant à sa fonction. Il est vêtu en citoyen romain. Il laisse tomber son manteau et enlève sa toge, exhibant fièrement sa virilité.
• Toi aussi tu m’as manqué, petite putain ! A poil, je ne peux plus attendre plus longtemps ! Je vais te baiser !
Tullia obéit et se lève, se dirigeant vers Tigellin. Parsam et Lucia, qui ont compris ce qui va se passer, rentrent dans la Domus pour ne pas assister à ça. Epicharis tente en vain d’intervenir :
• Allez au moins dans ta chambre. Vous n’allez pas faire ça ici, devant tes esclaves et serviteurs.
• Au contraire. Il est bon que tous sachent que cette chienne est à moi, maintenant que le petit Titus s’est lassé d’elle et a obéi à son cher père. De toute façon, elle a toujours aimé baiser en public !
Sylvia a fait en sorte que de nombreux serviteurs soient là pour assister à l’humiliation de la Domina.Tullia semble lui donner raison, en se dirigeant vers Tigellin et attendant ses ordres. Sûr de son pouvoir sur la jeune patricienne, ayant compris que, dans son état d’esprit du moment, c’est ce genre d’attitude qu’elle réclame, il ne va pas se gêner et donc il se comporte en mâle dominateur. Il ne s’embarrasse évidemment ni de tendresse, ni de préliminaires, ordonnant à Tullia de se mettre à genoux pour une brève fellation, ou plutôt une gorge profonde, avant de la prendre sans ménagement en levrette, tout en l’abreuvant d’injures. Tullia enchaîne les orgasmes, dont témoignent ses cris de plaisir. Les esclaves, témoins une fois de plus de la déchéance de la Domina, se laissent aller, pour certains d’entre eux, à la couvrir d’injures.
Quand Tigellin s’en va, il est bouffi d’orgueil d’avoir retrouvé tout son pouvoir sur sa maîtresse, son rival de jadis, Lucius Agermus, se tenant désormais à l’écart pour obéir aux ordres d’Agrippine. Le seul avantage qu’en retire Tullia, outre le plaisir que lui a donné cet amant vigoureux, est qu’il lui assure une protection sans failles, qui ne se démentira pas et qui est d’autant plus précieuse que Tigellin est l’homme qui monte auprès de Néron, celui qui, peu à peu, remplace Othon comme âme damnée et, qui, sur le plan politique, se substitue peu à peu à l’influence de Sénèque et de Burrus.
***
Pour la fidèle Epicharis, le comportement de Tullia, depuis plusieurs mois, est devenue une véritable souffrance. Tullia ne veut pas seulement oublier, s’étourdir dans les plaisirs, mais se punir, persuadée qu’elle n’a pas su se faire aimer de Titus et qu’elle paie ainsi son comportement depuis plus d’une décennie. Epicharis est effrayée quand Tullia lui dit qu’elle aspire à expier ses « fautes » et que sa place est à Suburre, en tant que Danaé. Tullia sait pourtant ce que cela peut réveiller comme souvenirs épouvantables chez Epicharis.
Epicharis appelle à l’aide Fausta pour tenter de sortir Tullia du gouffre où elle s’enfonce. Fausta commence par lui dire qu’elle a déjà essayé en vain de raisonner son amie. Devant l’insistance et le désespoir d’Epicharis, Fausta se décide à alerter Sénèque, lui aussi ancien amant de Tullia, et qui avait également accepté de se tenir loin d’elle sur l’insistance de Titus. Fausta, dont le mari Geta a exercé des fonctions civiles et militaires en Hispanie, connait bien la famille de Sénèque, originaire de Corduba (Cordoue) en Bétique, et dont le neveu Lucain est un de ses protégés.
La lettre de Fausta rouvre des plaies mal cicatrisées chez Sénèque. Après s’être longtemps tenu à l’écart de la tentation que représentait pour lui Tullia, la jeune patricienne est devenue, 4 ans auparavant (voir chapitre 26), sa maîtresse. Cette liaison est contraire à toutes les principes stoïciens que prône l’austère philosophe. Il cherche à la cacher à Néron, d’autant que celui-ci a été longtemps amoureux de Tullia, qui l’avait initié. Sénèque a honte aussi vis-à-vis de son ami Marcus, le père de Tullia, qui a totalement renié sa fille débauchée. Sénèque, qui n’en n’est pas à son premier écart de conduite, lui qui fut l’amant d’Agrippine et de sa sœur Livilla, veut aussi préserver sa réputation et son mariage avec son épouse Pompeia Paulina.
Sénèque ne l’a jamais avoué à personne, et surtout pas à la principale intéressée, mais il est profondément amoureux de Tullia. Il avait, avec la jeune femme, une proximité qui reposait sur bien autre chose que le sexe, et en particulier sur une infinie tendresse et une véritable complicité intellectuelle avec une femme férue de poésie, de philosophie et d’histoire.
Sénèque, pour Tullia, n’est pas uniquement l’un des ses nombreux amants. Il est proche par l’âge et la pensée de Marcus, le père de Tullia. Pour Tullia, reniée par ce père qu’elle adorait, Sénèque est un père de substitution, avec qui elle assume en quelque sorte ce complexe d’Electre qu’elle n’a jamais avoué à personne. Ce sont ces sentiments inavoués de par et d’autre qui font la force de ce qui unit le philosophe et la patricienne.
Sénèque va communiquer avec Tullia par le canal de Fausta. De façon inattendue, Tullia semble ne pas vouloir donner suite, alors que la démarche du philosophe la touche beaucoup. Elle craint la réaction de Tigellin, qui déteste Sénèque. Elle recommande à Sénèque la prudence, lui demande de la patience car elle ne veut pas entacher la réputation du philosophe. Celui-ci va insister, envoyant à la jeune femme cette épigramme de Properce, où, sans les avouer, transparaissent les sentiments du philosophe :
« Ô ma Lumière, pourquoi répondre à mes avances en me faisant attendre ?
Pourquoi ce long délai que tu me demandes ?
C’est là pour commencer un crime de la part d’une jeune femme trop habile ;
ensuite, il est difficile et pénible
de rester aussi longtemps en érection.
De plus, il n’est rien, jeune fille, il n’est rien
qui soit meilleur que de coucher par surprise. »
Comme lors de leurs premiers ébats, Tullia et Sénèque vont se retrouver chez Fausta. Et dans les bras de son cher philosophe, pour la première fois depuis sa rupture avec Titus, Tullia, qui a enchainé au cours des derniers mois les étreintes brutales et les amants éphémères, fait l’amour, avec douceur et tendresse, longuement.
L’un et l’autre vont se livrer à de demi-aveux. Alors que le prénom de Sénèque est Lucius, elle se laisse aller à l’appeler Marcus, prénom de son père, et à lui dire, blottie dans ses bras après l’amour « ego sum filia tua ». De son côté, Sénèque est profondément troublé. Alors que son influence diminue auprès de Néron, il a de plus en plus de mal à assumer sa double vie. Pensait-il à Tullia lorsqu’il écrivit ces mots à son ami Lucilius, gouverneur romain de Sicile :
• Ce n'est pas parce que les choses nous paraissent difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles nous paraissent difficiles.
Et oui, si Sénèque avait osé assumer ses sentiments pour Tullia, malgré leur différence d’âge considérable, leurs modes de vies opposés ! Il se satisfait d’avoir aidé Tullia à sortir de la crise aigüe qu’elle a vécue après sa rupture avec Titus. Entre Tigellin le dominateur et l’affection presque paternelle de Sénèque, Tullia a trouvé un nouvel équilibre, au grand soulagement de ses amis et de ses proches.
Sénèque va jusqu’à se montrer jaloux des écarts de la belle patricienne, quand bien même celle-ci s’assagit un peu. C’est le sens de ce texte de Properce qu’il lui envoie, alors qu’il la sait avec d’autres amants :
"Tu goûtes toutes les douceurs du séjour de Baïes ; tantôt tu côtoies ce rivage où Hercule se fraya jadis un sentier, tantôt tu admires les flots soumis à l'empire de Thesprote, ou le célèbre cap de Misène qui les domine ; mais, dis-moi, Cynthie, te rappelles-tu quelquefois ton amant au sein des nuits ? Y a-t-il encore pour lui quelque place dans ton cœur ? Ou bien, par sa feinte ardeur, un rival t'aurait-il dérobé à mes chants ? Ah ! J’aimerais mieux voir Cynthie se confiant à de faibles rames, se borner à fendre, sur une étroite nacelle, les eaux du Lucrin, ou renfermée dans les rives resserrées du Teuthras, en sillonner l'onde docile. Aujourd'hui tu peux à loisir écouter les flatteurs propos d'un autre amant. Ainsi, une amante perfide succombe loin des yeux qui veillaient sur elle, et souvent ne pense plus aux dieux, témoins des mutuels serments."
***
Fausta est heureuse que Tullia adopte enfin un comportement plus maîtrisé. Elle veut consolider ce changement, en faisant se rencontrer Tullia et une autre de ses proches, qui aura sur la jeune patricienne une influence très forte : Pomponia Graecina, depuis peu veuve du glorieux général Aulus Plautius, conquérant de la Bretagne, compagnon d’armes d’Hosidius Geta, le mari de Fausta et de Vespasien.
Pomponia a cinq ans de plus que Tullia. Pomponia est apparentée à la famille impériale : sa grand-mère, Vipsania était la fille d’Agrippa, le bras droit d’Auguste. Vipsania avait d’abord épousé le futur empereur Tibère, avant que les époux ne soient contraints par Auguste de divorcer, pour que Tibère épouse Julie, fille d’Auguste et veuve d’Agrippa. Vipsania épousa ensuite Caius Asinius Gallus. De ce mariage naquit Asinia, la mère de Pomponia. Du mariage de Pomponia avec Aulus Plautius (5-57), naquit une fille, Plautia et un fils, Aulus Plautius le jeune, dont nous reparlerons.
Pomponia a un caractère très fort. En 43, Julia Drusi, la cousine de Pomponia, fille de son oncle Drusus, le fils de l’empereur Tibère et de Vipsania, a été exécutée sur ordre de l'Empereur Claude, sur demande de l'Impératrice Messaline. Pomponia a porté son deuil publiquement pendant de nombreuses années, sans subir de sanctions.
En 57, Pomponia est victime d’une dénonciation, émanant d’une esclave et adressée au Pontifex Maximus, c’est-à-dire à l’empereur. Pomponia est accusée de passer des heures à genoux, dans une pièce obscure de sa maison, à prier devant une croix. Il s’agit de ce culte nouveau, le christianisme, qui commence à se répandre dans l’empire. On accuse aussi Pomponia de recevoir des personnages venus de Syrie et de Palestine, qui lui enseignent ce qui pour les Romains est une superstition qui les scandalise, car la croix est symbole de mort et de supplice. Pomponia vit ainsi recluse, dans la prière pour son Dieu et dans le souvenir de Julia Drusi, qu’elle aimait tant.
Conformément à la loi romaine, Néron a renvoyé l’affaire à Aulus Plautius, le mari de Pomponia, qui a convoqué un conseil composé de ses amis et de ses proches. Pomponia a comparu et a été acquittée.
Pomponia a été acquittée mais elle n’en n’est pas moins, discrètement, ralliée à la nouvelle religion. Elle a été convertie par « l’apôtre des gentils », Paul de Tarse, lors du 3ème voyage évangélique de celui-ci, sans doute à Corinthe, alors qu’elle-même et Plautius séjournaient en Grèce, en 56.
Pomponia, veuve de Plautius, se retire dans sa villa de Baïes. Dès son arrivée, Pomponia va faire du prosélytisme. Parmi les premiers convertis, figurent Lucia et Parsam.
Tullia rencontre Pomponia chez Fausta. Elles commencent par faire connaissance. Tant par Fausta que par Lucia, Pomponia sait tout de Tullia. Sénateur, son mari Aulus Plautius était un collègue et un ami de Marcus, père de Tullia. Pomponia lui parle longuement de la campagne de Bretagne, en 43. L’armée de Plautius était composée de quatre légions : la IX Hispana, commandée par Hosidius Geta, le mari de Fausta, la II Augusta, commandée par Vespasien, la XIV Gemina, et la XX Valeria Victrix, ainsi que de 20 000 troupes auxiliaires, notamment Thraces et Bataves. Après sa victoire, à son retour à Rome et à la vie civile, Plautius a reçu une ovation, au cours de laquelle l'Empereur Claude lui-même a marché à ses côtés jusqu'au Capitole.
Pomponia, Fausta et Tullia ont en commun une culture immense. Elles en viennent à parler de religion. Epicurienne dans son mode de vie, Tullia partage la conception stoïcienne et déiste de Sénèque. Elle reprend à son compte des paroles de son cher Sénèque, que celui-ci résumera plus tard dans Naturales quaestiones (Questions naturelles) : « Voulez-vous l'appeler nature ? Vous ne vous tromperiez point ; car c'est de lui que tout est né, lui dont le souffle nous fait vivre. Voulez-vous l'appeler monde ? Vous en avez le droit. Car il est le grand tout que vous voyez ; il est tout entier dans ses parties, il se soutient par sa propre force ». Avec une extraordinaire force de conviction, Pomponia parle alors du Christ, de son supplice sur la croix, de sa résurrection, de son enseignement.
A la fin de la soirée, Tullia est fascinée et séduite par ces idées qui mettent pourtant en cause le panthéon romain et l’autorité divine de l’empereur. Il est vrai que Tullia n’a jamais eu une grande piété pour la religion romaine, elle qui n’avait pas hésité à être sacrilège lors de la fête de la Bona Dea.
• Ce que je sais de ta religion, ma sœur (c’est la première fois que Tullia appelle ainsi Pomponia) est qu’elle est austère et moraliste. Une femme comme moi, avec son mode de vie, doit te faire horreur. Sans oublier que j’ai été une proche de Messaline, responsable de la mort de ta cousine Julia Drusi.
• Et qui suis-je, moi, pour te juger et te condamner ? Je sais que ton cœur est pur, que tu fais le bien autour de toi, que tu as affranchi beaucoup de tes esclaves et que tu traites ceux-ci avec humanité. S’agissant de Messaline, tu n’es pas responsable de ses crimes et tu as d’ailleurs failli être sa victime. Et en ce qui concerne tes péchés, moi qui suis aussi pécheresse, je veux t’aider par mes prières et mon amour.
Pomponia explique alors à Tullia qu’elle veut s’installer à Baïes car la ville est réputée comme lieu de perdition, donc avec beaucoup d’âmes à sauver. C’est à ce moment que Tullia apprend la conversion de Lucia et Parsam. Elle est fière d’eux. Lucia a, depuis des années, beaucoup changé et constitue un couple exemplaire avec Parsam. Ensemble, ils élèvent avec beaucoup d’amour les enfants de Tullia, devenus comme les leurs, au même titre que Vibia, la fille de Lucia.
Mais l’adhésion de ses proches à cette religion subversive fait peur à Tullia. Elle sent que cela peut les mettre en danger. Parsam et Lucia sont profondément engagés dans la nouvelle religion et, en présence de Tullia et de Pomponia, ils confirment leur mariage, récemment célébré selon les lois et coutumes de Rome, par la bénédiction d’un prêtre du nouveau culte, en conformité avec les enseignements de la première épitre de Paul aux Corinthiens. Les serviteurs et esclaves de la maison sont présents, y compris, grande imprudence, la sournoise Sylvia.
Pour subvenir aux besoins de la Communauté, Pomponia a vendu sa part d’héritage d’Aulus Plautius, y compris sa villa et cherche à se faire héberger. Spontanément, Tullia propose à Pomponia d’habiter tout le temps qu’elle le souhaitera chez elle. Elle y demeurera jusqu’à sa mort, 26 ans plus tard, en 83 de notre ère mais sera bien davantage qu’une invitée.
La présence chez elle de Pomponia change profondément la manière de vivre de Tullia. Celle-ci, plutôt de nature agnostique, est méfiante envers toutes les religions, certains préceptes du christianisme lui convenant, comme le commandement d’aimer son prochain, alors que d’autres, en particulier le rigorisme moral, est profondément contraire à ses pratiques. Par respect pour Pomponia, Tullia évite désormais les orgies chez elle et est beaucoup plus discrète dans ses amours ancillaires. Si elle a mis fin à la dérive nymphomane, qui a suivi la rupture avec Titus, elle continue à utiliser aux Thermes les locaux dont elle bénéficie en tant qu’évergète. Quant aux banquets, ils se déroulent désormais dans la luxueuse villa de Bibulus, qui, poursuivant son cursus honorum à Rome, la laisse à disposition de sa jeune et débauchée épouse Julia.
Tullia continue en même temps à être sous la coupe de Tigellin, en échange de sa protection. Cela se passe désormais chez les nombreux amis que compte le puissant Préfet des Vigiles à Baïes, qui lui offrent généreusement l’hospitalité pour abriter ses débauches. Tigellin ne manque jamais de récompenser son hôte du jour en lui livrant sa soumise. Elle est à lui, il en dispose comme il l’entend et ne s’en prive pas. Quand Tullia revient chez elle, à l’aube, elle baisse les yeux devant Pomponia qui ne lui fait aucun reproche, mais qui sait bien que sa protégée porte sur elle les traces du stupre et de la débauche.
Tullia ne renonce pas davantage à l’amour de Sénèque. Avec lui, c’est très différent : elle ne le retrouve pas tant pour leurs étreintes que pour les sentiments forts qu’ils ont l’un pour l’autre. Ils s’aiment, sans oser se l’avouer et en tirer les conséquences. Elle aimerait tant que Sénèque quitte Paulina et qu’ils puissent devenir époux, vivre ensemble, en oubliant la différence d’âge. Sénèque en rêve aussi, mais il n’ose pas. Et les adieux des deux amants sont toujours déchirants.
***
La situation sentimentale de Tullia va encore se compliquer, quand Pomponia devient plus que son invitée, que son amie, que cette sœur qu’elle n’a jamais eue, elle l’enfant unique élevée rudement par son père Marcus dont elle était « le » seul héritier.
Tullia vient de participer à un banquet chez Sextus Folius Tuscus, un amant de longue date et ami de Tigellin, présent également et ordonnateur de ce qui tournera très vite en orgie. Tigellin ne s’est pas contenté de partager Tullia avec Tuscus : il l’a livrée aux autres invités présents. Tullia eu du plaisir, beaucoup de plaisir. Mais être ainsi gouvernée par ses sens lui fait honte, d’autant que les esclaves de Tuscus l’ont ramené au milieu de la nuit, les vêtements déchirés, pleine de la semence de ces hommes qui ont fait d’elle un instrument de plaisir.
Pomponia a attendu Tullia toute la nuit. Elle est inquiète car elle sait que Tigellin, ce cruel, ce débauché, n’a aucune limite.L’état dans lequel elle retrouve Tullia dépasse tout ce qu’elle craignait, au vu des marques sur son dos. Tigellin, Tuscus et leurs invités ont alterné des pratiques que nous qualifierions aujourd’hui de sadiques, attachant Tullia à une croix en bois et la fouettant. Rien n’a été épargnée à la jeune patricienne, y compris des gorges profondes, des pinces aux seins, des fists jusqu’au poignet ou encore des doubles vaginales.
La fidèle Marcia et ses assistantes veulent s’occuper de Tullia. Pomponia comprend que Tullia, dont le visage est inondé de larmes, a besoin d’être seule :
• Je vais m’occuper de la Domina. Laissez-moi tout ce qu’il faut. Si j’ai besoin de vous, je vous appelle.
Et c’est Pomponia, avec une infinie patience et douceur, qui efface sur le corps de Tullia les traces de cette soirée terrible. Pomponia ne fait pas cela uniquement par charité chrétienne, encore moins par pitié. Elle ne veut pas l’admettre, mais Tullia la trouble. Pomponia dépose un baiser en apparence chaste sur les lèvres de Tullia, elle caresse son beau visage où les traces de sperme se sont mêlées aux larmes :
• Du calme ma belle, je m’occupe de toi. Ne pleure plus ! Ces monstres t’ont forcée, ils t’ont violée, n’est-ce pas ?
• Oh ma Pomponia, comme tes mains sont douces. Non et c’est ce qui me fait honte. Même quand ils m’ont flagellée ou m’ont mis des pinces aux tétons, j’ai eu du plaisir. Je ne suis pas digne de toi. Ma place n’est pas ici, mais dans un lupanar de Suburre !
• Ne dis pas cela. Ce que je ressens pour toi, je ne l’ai jamais ressenti pour une autre personne, moi qui n’aie connu personne qu’Aulus Plautius, avec qui j’ai été mariée si jeune.
Pour calmer Tullia, Pomponia l’embrasse à nouveau, mais cette fois, son baiser inexpérimenté est plus appuyé. Tullia comprend et réalise ce que cela représente pour Pomponia. Elle met la main derrière la tête de Pomponia et le baiser devient langoureux, passionné, la langue de Tullia prenant possession de celle de son amie. Celle-ci voudrait la repousser, car elle est consciente du péché qu’elle est en train de commettre. Elle ne le fait pas, car ce qui est en train de se passer, elle en a envie depuis un moment, même si elle pense encore pouvoir l’éviter.
• Que Dieu me pardonne, nous ne devrions pas faire cela, mais j’en avais trop envie ! Mais dis-moi, ma Tullia, pourquoi cherches-tu à te punir ainsi, en te livrant aux pratiques les plus extrêmes, les plus humiliantes ?
Alors que Pomponia, au prétexte d’effacer les souillures du corps de Tullia et de soigner la morsure du fouet, caresse le corps nue de son amie, Tullia lui résume tout ce qu’elle a lui caché jusqu’à présent et notamment ce complexe d’Electre qui l’a poussé à rechercher les étreintes d’autres hommes pour fuir ses désirs interdits. Tullia parle à Pomponia de son père Marcus, de ses amants, Valens, Parsam, Titus, Sénèque. Les soins que lui prodiguent Pomponia, ou plutôt ses caresses font monter son désir :
• Oh comme j’aime ce que tu me fais, tes mains sont si douces. Et maintenant tu sais pourquoi cette recherche permanente du plaisir, pourquoi je suis soumise à Tigellin, pas seulement parce qu’il assure mon impunité, pourquoi j’aime Sénèque auprès de qui je vis ce qui m’était interdit.
Pomponia s’approche de Tullia et l’embrasse à nouveau, longuement, passionnément. Elle caresse le visage de Tullia et, les yeux dans les yeux et le rouge aux joues, elle prononce à voix basse cet aveu :
• Je t’aime !
• Moi aussi.
• Je ne devrais pas. C’est mal ce que nous faisons, c’est contraire à la nature. C’est un péché !
• Laisse donc cela et laisse-toi aller à ce que tu désires. Mon amour, je veux te voir moi aussi. Fais tomber cette tunique.
Pomponia offre alors son corps nu au regard et au désir de Tullia. Pomponia est une femme mure, belle et désirable et qui va succomber à la tentation que constitue Tullia, bisexuelle affirmée et expérimentée.
***
Tullia appuie son corps pulpeux et brûlant contre celui de Pomponia. Un bras vient ceinturer sa taille. Timidement, Pomponia ceinture à son tour la jeune femme, ses doigts se posent sur la peau nue de sa taille.
Pomponia enlace son amie, d’instinct ses bras entourent la taille. Le corps lourd de Tullia s’appuie contre le sien, Pomponia ressent une étrange sensation. Tullia croise ses doigts sur sa nuque. Pomponia déglutit. Les seins durs et ronds de Tullia s’incrustent dans la volumineuse poitrine de la veuve d’Aulus Plautius, sa bouche haletante fouette ses lèvres de son souffle chaud.
Pomponia a le souffle court, le corps de Tullia se fait plus lourd entre ses bras. Pomponia resserre l’étreinte de son amante, une de ses mains se glisse dans la cambrure des reins afin de mieux la retenir. Tullia pose ses lèvres dans le cou de Pomponia, son souffle chaud fait se couvrir sa peau laiteuse de chair de poule. Pomponia proteste à nouveau, tout en se laissant faire :
• Oh Tullia, ce n’est pas bien ce que nous faisons. Il ne faut pas !
Tullia sait que l’esprit de Pomponia dit non, mais son corps dit oui. Elle veut Pomponia et celle-ci sera à elle. Les bras de Tullia se posent sur les épaules de Pomponia, ses ongles griffent sa nuque. Pomponia cesse d’être passive : sa main droite qui se trouvait dans le creux des reins glisse sur le cul rond de son amante, alors que son autre main caresse la taille dénudée. Tullia remonte ses lèvres vers la bouche de son maitresse, sa langue laisse une traînée humide sur sa peau.
Les lèvres de Pomponia s’entrouvrent. Lentement, une langue épaisse s’enfonce dans sa bouche. Pomponia tente encore mollement de la repousser, sa bouche s’emplit de salive douceâtre. Tullia enfonce davantage sa langue, l’enroule autour de celle de Pomponia, désormais soumise, pendant que ses ongles griffent la nuque de la jolie veuve. Pomponia frémit. Tout son corps est secoué par un long frisson langoureux. À son tour, Pomponia participe au baiser et sa langue, jusque là soumise, tente d’imposer sa loi. Tullia lui mord la bouche de plaisir.
Le corps l’emporte définitivement sur la raison. Pomponia oublie ses résolutions, elle cède au péché, à ce moment merveilleux, qu’elle redoutait mais qu’elle veut désormais.
Le souffle court, Pomponia s’abandonne aux mains expertes de sa cadette, de qui elle a tout à apprendre. Prise de remords, Pomponia tente pourtant encore de se dérober, mais Tullia ne laisse pas échapper sa proie : elle pose ses lèvres sur une mamelle tendue, sa langue lèche la peau douce et chaude, joue avec le téton. Pomponia glisse alors ses doigts dans la chevelure de jeune femme. Tullia empaume les seins, les rapproche afin de pouvoir sucer les deux tétons. Pomponia pose ses lèvres haletantes dans les cheveux fins et soyeux.
Tullia offre ses lèvres. Le baiser est voluptueux. Tullia remonte sa bouche, enfonce sa langue épaisse dans celle de son amante. Haletante, elle frotte ses seins dardés contre la poitrine tendue de Pomponia. Tullia s’accroupit devant le ventre de Pomponia, dépose un baiser sur le pubis pendant que ses mains palpent les fesses crispées.
Tout en se relevant, Tullia frotte son corps fiévreux contre celui de Pomponia. Puis, lentement, elle recule et plonge son regard voilé dans celui de Pomponia, pour exprimer et imposer son désir. Délicatement, elle s’installe à quatre pattes au-dessus de Pomponia. Ses lèvres, sa langue, ses seins caressent son amante. Pomponia manifeste son plaisir bruyamment. Tullia glisse ses doigts dans l’entrecuisse liquéfié. Pomponia se cambre lorsqu’un doigt vient caresser son clitoris. Tullia pose ses lèvres sur un téton en érection. Pomponia crispe ses doigts dans les cheveux de Tullia, pendant que son autre main glisse dans le dos, ses ongles griffent la peau fine et douce des reins.
Tullia à son tour frissonne, ses dents mordillent le téton, puis sa langue se fait douce en se glissant dans la profonde vallée qui sépare la volumineuse poitrine. Un moment, sa langue joue avec le nombril. Pomponia appuie sur la tête, Tullia se laisse glisser le long du corps brûlant. Pomponia écarte largement ses cuisses afin de mieux offrir son sexe. Pomponia sent sa vulve gonflée s’ouvrir. Lorsque la langue de Tullia se pose sur son clitoris gonflé, Pomponia connait rapidement un premier orgasme. Tullia est experte et du bout des doigts elle écarte les bords de la vulve pour, d’une langue douce et dure à la fois, lécher la chair rouge sang.
Pomponia, la matrone austère, n’a jamais connut ça. Elle est dans un autre monde. Elle crie son plaisir et son amour pour Tullia, la suppliant de continuer encore et encore.
Les narines pincées, le souffle court, les yeux mi-clos, Pomponia respire bruyamment. La bouche de Tullia aspire goulûment son clitoris pendant que ses doigts caressent les parois de son vagin et, timidement, son anus. Petit à petit, la langue pénètre le sexe alors qu’un doigt a réussi à détendre le petit muscle rond. Pomponia écarte largement ses fesses et tend ses reins en direction du doigt qui la caresse. Tullia pousse davantage son doigt qui lentement pénètre le muscle rond. Un cri de plaisir accueille l’arrivée du doigt. Lentement, Tullia la sodomise. Un ouragan de plaisir dévaste le corps et la tête de Pomponia. Anéantie, Pomponia s’effondre.
Lentement, Pomponia émerge. Elle sent le poids du corps chaud et vibrant de Tullia, sa langue épaisse lui lèche le visage. Pomponia écarte les lèvres, aspire la langue, le baiser des amantes est voluptueux. Pomponia fait basculer Tullia et, à son tour, la caresse de son corps, de ses lèvres et de sa langue. Le corps de Tullia vibre à chacune de ces caresses. Lorsque, maladroitement, Pomponia pose ses lèvres sur le sexe béant et que sa langue pénètre à son tour l’antre liquéfié, Tullia laisse échapper un long feulement. Elle n’est pas longue à jouir. Les lèvres sur son pubis, Pomponia capte les vibrations de son sexe. C’est une première pour Pomponia, mais qui d’instinct a su quoi faire pour faire jouir Tullia.
Apaisées, les deux femmes sont dans les bras l’une de l’autre. Tullia sent les sentiments contradictoires de Pomponia :
• Je t’aime, Pomponia ! Je veux te dire que j’ai eu envie de toi dès que j’ai fait ta connaissance, chez Fausta. Mais je pensais que c’était impossible, toi si austère, si pure !
• J’ai peu à peu senti que des sentiments forts et inavouables me poussaient vers toi. Les choses se sont accomplies. Il le fallait, je le sais désormais.
• Tu ne regrettes pas ?
• A mon tour de te faire un aveu. Je suis depuis longtemps attirée par les femmes mais j’ai toujours repoussé cette tentation. Tu sais, Julia Drusi, ma cousine, que j’ai tant pleurée. Je l’aimais, elle m’aimait, mais nous n’avions pas osé aller plus loin. 15 ans se sont écoulés, je t’ai rencontré et j’ai ressenti la même attirance que j’avais pour Julia Drusi. Dans mes rêves, ma Julia est apparue et me disait que je devais aller vers toi.
• Je comprends. Tu as continué à vivre, en esprit, pendant toutes ces années, avec celle que tu aimais. Aujourd’hui tu as fait avec moi ce que tu rêvais de faire avec elle. Notre amour est le plus bel hommage que tu puisses lui rendre.
Pomponia a les yeux pleins de larmes. Tullia a su lire dans son âme. Elle pense aussi à son amie Fausta qui, elle aussi, avait compris la douleur de Pomponia et qui a voulu le rapprochement de Pomponia et de Tullia pour deux raisons. D’abord pour que Pomponia parvienne à canaliser Tullia et à lui donner l’affection dont elle a tant besoin. La relation épisodique avec Sénèque ne suffisant pas. De son côté, Tullia pouvait mettre fin au deuil de Pomponia, qui vivait retranchée de la communauté des humains et lui faire enfin assumer ce qu’elle refoule depuis si longtemps, qu’elle cachait derrière les convenances d’un mariage avec un glorieux général. Pomponia a le sentiment que, de l’au-delà, sa Julia lui a donné sa bénédiction. Elle est amoureuse, heureuse et en même temps effrayée d’avoir osé, de l’avoir enfin fait.
• Aujourd’hui, J’ai commis un péché mortel, en me laissant aller à une étreinte contre-nature. Je suis sans doute damnée, mais je suis heureuse. Moi aussi je t’aime, ma Tullia.
• Si ton Dieu est un Dieu d’amour, il ne peut te damner parce que tu connais enfin l’amour, ma chérie. Tu es désormais ma femme !
• Je le suis en effet. Pour ma réputation, notamment dans l’église, il faut cependant que nous restions discrètes.
• C’est un sacrifice que tu me demandes, car je voudrais tant afficher mon bonheur. Mais je l’accepte par amour pour toi. Il faut de ton côté que tu acceptes ma nature ; je ne peux pas me passer d’amants, ni de l’amour de Sénèque.
• J’aimerais t’avoir rien que pour moi, mais je t’accepte et t’aime telle que tu es.
***
L’année 57, qui, du fait de la rupture avec Titus, avait commencé de façon si douloureuse pour Tullia, se termine par la découverte d’un autre bonheur, discret, mais profond et sincère, puisque Tullia et Pomponia, unies par l’amour, ne se quitteront plus désormais. Les nuages s’accumulent pourtant autour des deux femmes. Il y a d’abord les pulsions hypersexuelles de Tullia qui, même mieux maîtrisées, persistent. Tullia est incapable de se libérer de l’emprise de Tigellin. Il y a ensuite la situation politique de l’empire, avec le conflit croissant entre Néron et Agrippine, la perte d’influence de Sénèque, et l’émergence dans l’entourage de l’empereur d’une ambitieuse perverse et sans scrupule, Poppée, qui déteste Tullia. La situation est en quelque sorte incendiaire et Tullia ne pourra se tenir à l’écart des flammes qui vont consumer l’empire, au propre et au figuré.
(A suivre 32 : « Ode à Aphrodite»)
RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS
Obligée de quitter Rome après la mort de Messaline, mais riche et libre, la jeune patricienne Tullia gagne Baïes, la cité des plaisirs, où elle donne depuis libre cours à son hypersexualité.
Tullia a rencontré Titus, fils du général Vespasien et futur empereur. Leur coup de foudre réciproque conduit le jeune Titus à s’installer chez Tullia. Ensemble, ils vivent une grande passion, qui va durer 15 mois. Alors que Tullia attend un enfant de Titus, l’entrevue du couple avec Vespasien est une catastrophe : le « Pater Familias » refuse que Titus épouse Tullia, compte tenu de la réputation de celle-ci. Titus se soumet à la volonté de son père et part comme légat en Germanie.
Tullia, meurtrie par cette terrible désillusion, s’efforce de reprendre sa vie antérieure, avec le soutien de ses proches, Epicharis, Lucia, Parsam et de son amie Fausta.
***
Une autre que Tullia ne se serait pas relevée de cette épreuve. Sa force de caractère et l’amour de Parsam, Lucia et Epicharis lui permettent de surmonter cette cruelle désillusion.
Ses proches conseillent en vain à Tullia de ne pas garder l’enfant, ce que celle-ci refuse, donnant naissance, en juillet 57, à une fille, qu’elle appellera Domitia. Elle informera Titus de la naissance de sa fille, mais les ordres de Vespasien sont formels : le courrier ne sera pas remis au destinataire. Tutus n’apprendra l’existence de sa fille que bien plus tard.
Parsam et Lucia vont prendre de soin de Domitia et l’élever comme leur fille, comme ils le font déjà avec Tertullia, la fille de Valens. Comme beaucoup de matrones romaines, Tullia n’a guère la fibre maternelle. Son mode de vie l’explique aussi, d’autant qu’elle a totale confiance en l’éducation que donnent à ses filles Lucia et Parsam, appuyés par les meilleurs précepteurs.
Tullia va se reconstruire et reprendre la vie antérieure à sa rencontre avec Titus, partageant désormais avec la jeune Julia le rôle symbolique de « reine de Baïes ». Il n’est plus question pour elle d’aventure sentimentale, seulement d’apaiser cette libido qu’elle avait brimée pour complaire à Titus. Tullia veut oublier en multipliant les amants éphémères. Le plaisir est, plus que jamais, sa drogue pour apaiser sa douleur d’avoir été abandonnée par l’homme à qui elle avait tout donné et surtout d’avoir cru à l’illusion de construire une autre vie avec lui.
Tullia se rappelle de ce que Sénèque avait dit de Baïes, « l’auberge de tous les vices », où aucune femme honnête ne peut se promener sur le rivage sans perdre sa vertu. Le soir venu, la côte s’anime. Tullia varie les plaisirs. Les privilèges qui sont les siens aux Thermes de Mercure, en tant qu’évergète du lieu, les banquets chez elle ou chez Fausta qui finissent en orgie ne lui suffisent plus. La belle élégante choisit d’embarquer dans un bateau richement décoré, à la proue argentée ou dorée. Les rames brillent de nacre et de lames d’argent. Les voiles de pourpre et de lin blanc régalent l’œil de quelques broderies érotiques soulignées de pensées épicuriennes. Femme galante, Tullia dine sur l’eau en compagnie de ses mignons en écoutant de la musique, puis regagne la rive, pour se perdre dans la nuit au bras d’un amant de fortune, un autre chaque soir.
Depuis son arrivée à Baïes, neuf ans auparavant, Tullia ne s’est jamais restreinte dans ses plaisirs. Mais depuis qu’elle a été brutalement abandonnée par Titus, la jeune patricienne ne met plus aucun frein à sa libido, que ce soit aux thermes, à sa Domus, dans les banquets, sur les plages à proximité de Baïes, sur les rives du lac Lucrin ou sur son bateau. Elle a besoin d’élargir constamment son terrain de chasse, aux marins de la flotte de Misène, aux pêcheurs, sans oublier ses esclaves ou encore les gladiateurs des amphithéâtres de Pouzzoles, de Capoue et de Pompéi.
En quelques mois, Tullia enchaîne les amants, au point de dépasser tous les excès de Messaline. Le plaisir est pour elle le moyen de tenter d’oublier, sans jamais être apaisée. Ses proches, Parsam et Lucia, qui prennent soin de ses enfants, Tertullia et Domitia, la douce Epicharis, son amie Fausta, s’inquiètent, sans parvenir à la contrôler. En apparence, Tullia a repris à Julia, en quelques mois, le rôle de reine de Baïes et de ses parties fines. La jeune Julia, qui trompe sans vergogne Bibulus, parvient toutefois à garder son rang, alors que la réputation de Tullia est, aux yeux de la bonne société de Baïes, épouvantable. Elle est redevenue la Meretrix dont les hommes profitent, mais pour laquelle ils ne cachent guère leur mépris.
La seule que réjouit cette déchéance est Sylvia, l’ancienne âme damnée de Messaline, parce qu’elle n’a pas obtenu auprès de la jeune patricienne la place qu’elle espérait. Sa déception s’est transformée en haine. Elle s’empresse d’informer l’abominable Tigellin de la situation. Celui-ci, qui s’était de mauvaise grâce tenu à l’écart sur l’insistance de Titus, s’empresse de se rendre à Baïes, sans être annoncé.
Tullia se repose alors au bord de la piscine de sa Domus. La veille au soir, elle était invitée à un banquet chez Publius Barbatus Opilius (voir chapitre 26 : « La Bona Dea ») qui a vite tourné en orgie. Opilius avait invité ses nombreux amis et il leur a offert Tullia. Tullia s’est étourdie de plaisir. Elle ne sait plus, au cours de cette longue nuit, combien d’hommes l’ont possédé, avant qu’Opilius ne la fasse reconduire chez elle, par ses esclaves, alors que sur elle, mais aussi de sa bouche et de ses orifices naturels coulait la semence laissée par ses amants. La dévouée Marcia et les autres servantes se sont efforcées d’effacer les traces des terribles excès de la Domina.
Quand Tigellin se présente à la Domus, Marcia tente de l’éconduire, en disant que la Domina se repose et de ne doit pas être dérangée. Mais Sylvia veille :
• Ne t’occupe pas de ça. Je vais conduire le Préfet des vigiles, le seigneur Tigellin, auprès de la putain. Il est venu pour elle.
Quand Tigellin se présente aux abords de la piscine, Tullia est réveillée. Elle sait immédiatement, à la façon dont il la regarde, pourquoi Tigellin est là. Et, malgré ses excès de la veille, ses sens se réveillent. Elle a envie de cet amant exceptionnel, qui lui a manqué.
• Tu n’as pas changé ! Il y a près de 18 mois que j’attends ce moment ! Mais avant, je veux te dire que l’empereur m’envoie. Même à Baïes, ton comportement a choqué d’honnêtes citoyens, qui ont adressé à César et aux Préteurs des plaintes envers toi pour stuprum. Tu connais nos lois en vigueur au sujet de ce crime et les sanctions qu’elle prévoit, héritées d’Auguste. Des Sénateurs se sont aussi plaints de ta conduite auprès de Néron. Parmi eux, ton père, Marcus Tullius, qui a plaidé pour la plus grande sévérité.
• Tu viens m’annoncer mon exil à Pandateria ? Pire encore ?
• Ton père est allé jusqu’à réclamer pour toi les verges. Heureusement, Tigellin est là. J’ai rappelé à Néron les bons moments qu’il a passés avec toi. Il m’a dit que c’était à moi de décider de ton sort. Et ce serait dommage, de mon point de vue, de te faire subir le sort de Julie, la fille d’Auguste.
• Je te remercie de ta sollicitude, CaIus Ofonius. Je veux te dire que tu m’as également manqué.
En quelques phrases, si besoin en était, Tigellin a rappelé combien sa protection était importante pour Tullia. Mais il n’est pas venu pour cela. Tigellin ne porte pas sa tenue militaire correspondant à sa fonction. Il est vêtu en citoyen romain. Il laisse tomber son manteau et enlève sa toge, exhibant fièrement sa virilité.
• Toi aussi tu m’as manqué, petite putain ! A poil, je ne peux plus attendre plus longtemps ! Je vais te baiser !
Tullia obéit et se lève, se dirigeant vers Tigellin. Parsam et Lucia, qui ont compris ce qui va se passer, rentrent dans la Domus pour ne pas assister à ça. Epicharis tente en vain d’intervenir :
• Allez au moins dans ta chambre. Vous n’allez pas faire ça ici, devant tes esclaves et serviteurs.
• Au contraire. Il est bon que tous sachent que cette chienne est à moi, maintenant que le petit Titus s’est lassé d’elle et a obéi à son cher père. De toute façon, elle a toujours aimé baiser en public !
Sylvia a fait en sorte que de nombreux serviteurs soient là pour assister à l’humiliation de la Domina.Tullia semble lui donner raison, en se dirigeant vers Tigellin et attendant ses ordres. Sûr de son pouvoir sur la jeune patricienne, ayant compris que, dans son état d’esprit du moment, c’est ce genre d’attitude qu’elle réclame, il ne va pas se gêner et donc il se comporte en mâle dominateur. Il ne s’embarrasse évidemment ni de tendresse, ni de préliminaires, ordonnant à Tullia de se mettre à genoux pour une brève fellation, ou plutôt une gorge profonde, avant de la prendre sans ménagement en levrette, tout en l’abreuvant d’injures. Tullia enchaîne les orgasmes, dont témoignent ses cris de plaisir. Les esclaves, témoins une fois de plus de la déchéance de la Domina, se laissent aller, pour certains d’entre eux, à la couvrir d’injures.
Quand Tigellin s’en va, il est bouffi d’orgueil d’avoir retrouvé tout son pouvoir sur sa maîtresse, son rival de jadis, Lucius Agermus, se tenant désormais à l’écart pour obéir aux ordres d’Agrippine. Le seul avantage qu’en retire Tullia, outre le plaisir que lui a donné cet amant vigoureux, est qu’il lui assure une protection sans failles, qui ne se démentira pas et qui est d’autant plus précieuse que Tigellin est l’homme qui monte auprès de Néron, celui qui, peu à peu, remplace Othon comme âme damnée et, qui, sur le plan politique, se substitue peu à peu à l’influence de Sénèque et de Burrus.
***
Pour la fidèle Epicharis, le comportement de Tullia, depuis plusieurs mois, est devenue une véritable souffrance. Tullia ne veut pas seulement oublier, s’étourdir dans les plaisirs, mais se punir, persuadée qu’elle n’a pas su se faire aimer de Titus et qu’elle paie ainsi son comportement depuis plus d’une décennie. Epicharis est effrayée quand Tullia lui dit qu’elle aspire à expier ses « fautes » et que sa place est à Suburre, en tant que Danaé. Tullia sait pourtant ce que cela peut réveiller comme souvenirs épouvantables chez Epicharis.
Epicharis appelle à l’aide Fausta pour tenter de sortir Tullia du gouffre où elle s’enfonce. Fausta commence par lui dire qu’elle a déjà essayé en vain de raisonner son amie. Devant l’insistance et le désespoir d’Epicharis, Fausta se décide à alerter Sénèque, lui aussi ancien amant de Tullia, et qui avait également accepté de se tenir loin d’elle sur l’insistance de Titus. Fausta, dont le mari Geta a exercé des fonctions civiles et militaires en Hispanie, connait bien la famille de Sénèque, originaire de Corduba (Cordoue) en Bétique, et dont le neveu Lucain est un de ses protégés.
La lettre de Fausta rouvre des plaies mal cicatrisées chez Sénèque. Après s’être longtemps tenu à l’écart de la tentation que représentait pour lui Tullia, la jeune patricienne est devenue, 4 ans auparavant (voir chapitre 26), sa maîtresse. Cette liaison est contraire à toutes les principes stoïciens que prône l’austère philosophe. Il cherche à la cacher à Néron, d’autant que celui-ci a été longtemps amoureux de Tullia, qui l’avait initié. Sénèque a honte aussi vis-à-vis de son ami Marcus, le père de Tullia, qui a totalement renié sa fille débauchée. Sénèque, qui n’en n’est pas à son premier écart de conduite, lui qui fut l’amant d’Agrippine et de sa sœur Livilla, veut aussi préserver sa réputation et son mariage avec son épouse Pompeia Paulina.
Sénèque ne l’a jamais avoué à personne, et surtout pas à la principale intéressée, mais il est profondément amoureux de Tullia. Il avait, avec la jeune femme, une proximité qui reposait sur bien autre chose que le sexe, et en particulier sur une infinie tendresse et une véritable complicité intellectuelle avec une femme férue de poésie, de philosophie et d’histoire.
Sénèque, pour Tullia, n’est pas uniquement l’un des ses nombreux amants. Il est proche par l’âge et la pensée de Marcus, le père de Tullia. Pour Tullia, reniée par ce père qu’elle adorait, Sénèque est un père de substitution, avec qui elle assume en quelque sorte ce complexe d’Electre qu’elle n’a jamais avoué à personne. Ce sont ces sentiments inavoués de par et d’autre qui font la force de ce qui unit le philosophe et la patricienne.
Sénèque va communiquer avec Tullia par le canal de Fausta. De façon inattendue, Tullia semble ne pas vouloir donner suite, alors que la démarche du philosophe la touche beaucoup. Elle craint la réaction de Tigellin, qui déteste Sénèque. Elle recommande à Sénèque la prudence, lui demande de la patience car elle ne veut pas entacher la réputation du philosophe. Celui-ci va insister, envoyant à la jeune femme cette épigramme de Properce, où, sans les avouer, transparaissent les sentiments du philosophe :
« Ô ma Lumière, pourquoi répondre à mes avances en me faisant attendre ?
Pourquoi ce long délai que tu me demandes ?
C’est là pour commencer un crime de la part d’une jeune femme trop habile ;
ensuite, il est difficile et pénible
de rester aussi longtemps en érection.
De plus, il n’est rien, jeune fille, il n’est rien
qui soit meilleur que de coucher par surprise. »
Comme lors de leurs premiers ébats, Tullia et Sénèque vont se retrouver chez Fausta. Et dans les bras de son cher philosophe, pour la première fois depuis sa rupture avec Titus, Tullia, qui a enchainé au cours des derniers mois les étreintes brutales et les amants éphémères, fait l’amour, avec douceur et tendresse, longuement.
L’un et l’autre vont se livrer à de demi-aveux. Alors que le prénom de Sénèque est Lucius, elle se laisse aller à l’appeler Marcus, prénom de son père, et à lui dire, blottie dans ses bras après l’amour « ego sum filia tua ». De son côté, Sénèque est profondément troublé. Alors que son influence diminue auprès de Néron, il a de plus en plus de mal à assumer sa double vie. Pensait-il à Tullia lorsqu’il écrivit ces mots à son ami Lucilius, gouverneur romain de Sicile :
• Ce n'est pas parce que les choses nous paraissent difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles nous paraissent difficiles.
Et oui, si Sénèque avait osé assumer ses sentiments pour Tullia, malgré leur différence d’âge considérable, leurs modes de vies opposés ! Il se satisfait d’avoir aidé Tullia à sortir de la crise aigüe qu’elle a vécue après sa rupture avec Titus. Entre Tigellin le dominateur et l’affection presque paternelle de Sénèque, Tullia a trouvé un nouvel équilibre, au grand soulagement de ses amis et de ses proches.
Sénèque va jusqu’à se montrer jaloux des écarts de la belle patricienne, quand bien même celle-ci s’assagit un peu. C’est le sens de ce texte de Properce qu’il lui envoie, alors qu’il la sait avec d’autres amants :
"Tu goûtes toutes les douceurs du séjour de Baïes ; tantôt tu côtoies ce rivage où Hercule se fraya jadis un sentier, tantôt tu admires les flots soumis à l'empire de Thesprote, ou le célèbre cap de Misène qui les domine ; mais, dis-moi, Cynthie, te rappelles-tu quelquefois ton amant au sein des nuits ? Y a-t-il encore pour lui quelque place dans ton cœur ? Ou bien, par sa feinte ardeur, un rival t'aurait-il dérobé à mes chants ? Ah ! J’aimerais mieux voir Cynthie se confiant à de faibles rames, se borner à fendre, sur une étroite nacelle, les eaux du Lucrin, ou renfermée dans les rives resserrées du Teuthras, en sillonner l'onde docile. Aujourd'hui tu peux à loisir écouter les flatteurs propos d'un autre amant. Ainsi, une amante perfide succombe loin des yeux qui veillaient sur elle, et souvent ne pense plus aux dieux, témoins des mutuels serments."
***
Fausta est heureuse que Tullia adopte enfin un comportement plus maîtrisé. Elle veut consolider ce changement, en faisant se rencontrer Tullia et une autre de ses proches, qui aura sur la jeune patricienne une influence très forte : Pomponia Graecina, depuis peu veuve du glorieux général Aulus Plautius, conquérant de la Bretagne, compagnon d’armes d’Hosidius Geta, le mari de Fausta et de Vespasien.
Pomponia a cinq ans de plus que Tullia. Pomponia est apparentée à la famille impériale : sa grand-mère, Vipsania était la fille d’Agrippa, le bras droit d’Auguste. Vipsania avait d’abord épousé le futur empereur Tibère, avant que les époux ne soient contraints par Auguste de divorcer, pour que Tibère épouse Julie, fille d’Auguste et veuve d’Agrippa. Vipsania épousa ensuite Caius Asinius Gallus. De ce mariage naquit Asinia, la mère de Pomponia. Du mariage de Pomponia avec Aulus Plautius (5-57), naquit une fille, Plautia et un fils, Aulus Plautius le jeune, dont nous reparlerons.
Pomponia a un caractère très fort. En 43, Julia Drusi, la cousine de Pomponia, fille de son oncle Drusus, le fils de l’empereur Tibère et de Vipsania, a été exécutée sur ordre de l'Empereur Claude, sur demande de l'Impératrice Messaline. Pomponia a porté son deuil publiquement pendant de nombreuses années, sans subir de sanctions.
En 57, Pomponia est victime d’une dénonciation, émanant d’une esclave et adressée au Pontifex Maximus, c’est-à-dire à l’empereur. Pomponia est accusée de passer des heures à genoux, dans une pièce obscure de sa maison, à prier devant une croix. Il s’agit de ce culte nouveau, le christianisme, qui commence à se répandre dans l’empire. On accuse aussi Pomponia de recevoir des personnages venus de Syrie et de Palestine, qui lui enseignent ce qui pour les Romains est une superstition qui les scandalise, car la croix est symbole de mort et de supplice. Pomponia vit ainsi recluse, dans la prière pour son Dieu et dans le souvenir de Julia Drusi, qu’elle aimait tant.
Conformément à la loi romaine, Néron a renvoyé l’affaire à Aulus Plautius, le mari de Pomponia, qui a convoqué un conseil composé de ses amis et de ses proches. Pomponia a comparu et a été acquittée.
Pomponia a été acquittée mais elle n’en n’est pas moins, discrètement, ralliée à la nouvelle religion. Elle a été convertie par « l’apôtre des gentils », Paul de Tarse, lors du 3ème voyage évangélique de celui-ci, sans doute à Corinthe, alors qu’elle-même et Plautius séjournaient en Grèce, en 56.
Pomponia, veuve de Plautius, se retire dans sa villa de Baïes. Dès son arrivée, Pomponia va faire du prosélytisme. Parmi les premiers convertis, figurent Lucia et Parsam.
Tullia rencontre Pomponia chez Fausta. Elles commencent par faire connaissance. Tant par Fausta que par Lucia, Pomponia sait tout de Tullia. Sénateur, son mari Aulus Plautius était un collègue et un ami de Marcus, père de Tullia. Pomponia lui parle longuement de la campagne de Bretagne, en 43. L’armée de Plautius était composée de quatre légions : la IX Hispana, commandée par Hosidius Geta, le mari de Fausta, la II Augusta, commandée par Vespasien, la XIV Gemina, et la XX Valeria Victrix, ainsi que de 20 000 troupes auxiliaires, notamment Thraces et Bataves. Après sa victoire, à son retour à Rome et à la vie civile, Plautius a reçu une ovation, au cours de laquelle l'Empereur Claude lui-même a marché à ses côtés jusqu'au Capitole.
Pomponia, Fausta et Tullia ont en commun une culture immense. Elles en viennent à parler de religion. Epicurienne dans son mode de vie, Tullia partage la conception stoïcienne et déiste de Sénèque. Elle reprend à son compte des paroles de son cher Sénèque, que celui-ci résumera plus tard dans Naturales quaestiones (Questions naturelles) : « Voulez-vous l'appeler nature ? Vous ne vous tromperiez point ; car c'est de lui que tout est né, lui dont le souffle nous fait vivre. Voulez-vous l'appeler monde ? Vous en avez le droit. Car il est le grand tout que vous voyez ; il est tout entier dans ses parties, il se soutient par sa propre force ». Avec une extraordinaire force de conviction, Pomponia parle alors du Christ, de son supplice sur la croix, de sa résurrection, de son enseignement.
A la fin de la soirée, Tullia est fascinée et séduite par ces idées qui mettent pourtant en cause le panthéon romain et l’autorité divine de l’empereur. Il est vrai que Tullia n’a jamais eu une grande piété pour la religion romaine, elle qui n’avait pas hésité à être sacrilège lors de la fête de la Bona Dea.
• Ce que je sais de ta religion, ma sœur (c’est la première fois que Tullia appelle ainsi Pomponia) est qu’elle est austère et moraliste. Une femme comme moi, avec son mode de vie, doit te faire horreur. Sans oublier que j’ai été une proche de Messaline, responsable de la mort de ta cousine Julia Drusi.
• Et qui suis-je, moi, pour te juger et te condamner ? Je sais que ton cœur est pur, que tu fais le bien autour de toi, que tu as affranchi beaucoup de tes esclaves et que tu traites ceux-ci avec humanité. S’agissant de Messaline, tu n’es pas responsable de ses crimes et tu as d’ailleurs failli être sa victime. Et en ce qui concerne tes péchés, moi qui suis aussi pécheresse, je veux t’aider par mes prières et mon amour.
Pomponia explique alors à Tullia qu’elle veut s’installer à Baïes car la ville est réputée comme lieu de perdition, donc avec beaucoup d’âmes à sauver. C’est à ce moment que Tullia apprend la conversion de Lucia et Parsam. Elle est fière d’eux. Lucia a, depuis des années, beaucoup changé et constitue un couple exemplaire avec Parsam. Ensemble, ils élèvent avec beaucoup d’amour les enfants de Tullia, devenus comme les leurs, au même titre que Vibia, la fille de Lucia.
Mais l’adhésion de ses proches à cette religion subversive fait peur à Tullia. Elle sent que cela peut les mettre en danger. Parsam et Lucia sont profondément engagés dans la nouvelle religion et, en présence de Tullia et de Pomponia, ils confirment leur mariage, récemment célébré selon les lois et coutumes de Rome, par la bénédiction d’un prêtre du nouveau culte, en conformité avec les enseignements de la première épitre de Paul aux Corinthiens. Les serviteurs et esclaves de la maison sont présents, y compris, grande imprudence, la sournoise Sylvia.
Pour subvenir aux besoins de la Communauté, Pomponia a vendu sa part d’héritage d’Aulus Plautius, y compris sa villa et cherche à se faire héberger. Spontanément, Tullia propose à Pomponia d’habiter tout le temps qu’elle le souhaitera chez elle. Elle y demeurera jusqu’à sa mort, 26 ans plus tard, en 83 de notre ère mais sera bien davantage qu’une invitée.
La présence chez elle de Pomponia change profondément la manière de vivre de Tullia. Celle-ci, plutôt de nature agnostique, est méfiante envers toutes les religions, certains préceptes du christianisme lui convenant, comme le commandement d’aimer son prochain, alors que d’autres, en particulier le rigorisme moral, est profondément contraire à ses pratiques. Par respect pour Pomponia, Tullia évite désormais les orgies chez elle et est beaucoup plus discrète dans ses amours ancillaires. Si elle a mis fin à la dérive nymphomane, qui a suivi la rupture avec Titus, elle continue à utiliser aux Thermes les locaux dont elle bénéficie en tant qu’évergète. Quant aux banquets, ils se déroulent désormais dans la luxueuse villa de Bibulus, qui, poursuivant son cursus honorum à Rome, la laisse à disposition de sa jeune et débauchée épouse Julia.
Tullia continue en même temps à être sous la coupe de Tigellin, en échange de sa protection. Cela se passe désormais chez les nombreux amis que compte le puissant Préfet des Vigiles à Baïes, qui lui offrent généreusement l’hospitalité pour abriter ses débauches. Tigellin ne manque jamais de récompenser son hôte du jour en lui livrant sa soumise. Elle est à lui, il en dispose comme il l’entend et ne s’en prive pas. Quand Tullia revient chez elle, à l’aube, elle baisse les yeux devant Pomponia qui ne lui fait aucun reproche, mais qui sait bien que sa protégée porte sur elle les traces du stupre et de la débauche.
Tullia ne renonce pas davantage à l’amour de Sénèque. Avec lui, c’est très différent : elle ne le retrouve pas tant pour leurs étreintes que pour les sentiments forts qu’ils ont l’un pour l’autre. Ils s’aiment, sans oser se l’avouer et en tirer les conséquences. Elle aimerait tant que Sénèque quitte Paulina et qu’ils puissent devenir époux, vivre ensemble, en oubliant la différence d’âge. Sénèque en rêve aussi, mais il n’ose pas. Et les adieux des deux amants sont toujours déchirants.
***
La situation sentimentale de Tullia va encore se compliquer, quand Pomponia devient plus que son invitée, que son amie, que cette sœur qu’elle n’a jamais eue, elle l’enfant unique élevée rudement par son père Marcus dont elle était « le » seul héritier.
Tullia vient de participer à un banquet chez Sextus Folius Tuscus, un amant de longue date et ami de Tigellin, présent également et ordonnateur de ce qui tournera très vite en orgie. Tigellin ne s’est pas contenté de partager Tullia avec Tuscus : il l’a livrée aux autres invités présents. Tullia eu du plaisir, beaucoup de plaisir. Mais être ainsi gouvernée par ses sens lui fait honte, d’autant que les esclaves de Tuscus l’ont ramené au milieu de la nuit, les vêtements déchirés, pleine de la semence de ces hommes qui ont fait d’elle un instrument de plaisir.
Pomponia a attendu Tullia toute la nuit. Elle est inquiète car elle sait que Tigellin, ce cruel, ce débauché, n’a aucune limite.L’état dans lequel elle retrouve Tullia dépasse tout ce qu’elle craignait, au vu des marques sur son dos. Tigellin, Tuscus et leurs invités ont alterné des pratiques que nous qualifierions aujourd’hui de sadiques, attachant Tullia à une croix en bois et la fouettant. Rien n’a été épargnée à la jeune patricienne, y compris des gorges profondes, des pinces aux seins, des fists jusqu’au poignet ou encore des doubles vaginales.
La fidèle Marcia et ses assistantes veulent s’occuper de Tullia. Pomponia comprend que Tullia, dont le visage est inondé de larmes, a besoin d’être seule :
• Je vais m’occuper de la Domina. Laissez-moi tout ce qu’il faut. Si j’ai besoin de vous, je vous appelle.
Et c’est Pomponia, avec une infinie patience et douceur, qui efface sur le corps de Tullia les traces de cette soirée terrible. Pomponia ne fait pas cela uniquement par charité chrétienne, encore moins par pitié. Elle ne veut pas l’admettre, mais Tullia la trouble. Pomponia dépose un baiser en apparence chaste sur les lèvres de Tullia, elle caresse son beau visage où les traces de sperme se sont mêlées aux larmes :
• Du calme ma belle, je m’occupe de toi. Ne pleure plus ! Ces monstres t’ont forcée, ils t’ont violée, n’est-ce pas ?
• Oh ma Pomponia, comme tes mains sont douces. Non et c’est ce qui me fait honte. Même quand ils m’ont flagellée ou m’ont mis des pinces aux tétons, j’ai eu du plaisir. Je ne suis pas digne de toi. Ma place n’est pas ici, mais dans un lupanar de Suburre !
• Ne dis pas cela. Ce que je ressens pour toi, je ne l’ai jamais ressenti pour une autre personne, moi qui n’aie connu personne qu’Aulus Plautius, avec qui j’ai été mariée si jeune.
Pour calmer Tullia, Pomponia l’embrasse à nouveau, mais cette fois, son baiser inexpérimenté est plus appuyé. Tullia comprend et réalise ce que cela représente pour Pomponia. Elle met la main derrière la tête de Pomponia et le baiser devient langoureux, passionné, la langue de Tullia prenant possession de celle de son amie. Celle-ci voudrait la repousser, car elle est consciente du péché qu’elle est en train de commettre. Elle ne le fait pas, car ce qui est en train de se passer, elle en a envie depuis un moment, même si elle pense encore pouvoir l’éviter.
• Que Dieu me pardonne, nous ne devrions pas faire cela, mais j’en avais trop envie ! Mais dis-moi, ma Tullia, pourquoi cherches-tu à te punir ainsi, en te livrant aux pratiques les plus extrêmes, les plus humiliantes ?
Alors que Pomponia, au prétexte d’effacer les souillures du corps de Tullia et de soigner la morsure du fouet, caresse le corps nue de son amie, Tullia lui résume tout ce qu’elle a lui caché jusqu’à présent et notamment ce complexe d’Electre qui l’a poussé à rechercher les étreintes d’autres hommes pour fuir ses désirs interdits. Tullia parle à Pomponia de son père Marcus, de ses amants, Valens, Parsam, Titus, Sénèque. Les soins que lui prodiguent Pomponia, ou plutôt ses caresses font monter son désir :
• Oh comme j’aime ce que tu me fais, tes mains sont si douces. Et maintenant tu sais pourquoi cette recherche permanente du plaisir, pourquoi je suis soumise à Tigellin, pas seulement parce qu’il assure mon impunité, pourquoi j’aime Sénèque auprès de qui je vis ce qui m’était interdit.
Pomponia s’approche de Tullia et l’embrasse à nouveau, longuement, passionnément. Elle caresse le visage de Tullia et, les yeux dans les yeux et le rouge aux joues, elle prononce à voix basse cet aveu :
• Je t’aime !
• Moi aussi.
• Je ne devrais pas. C’est mal ce que nous faisons, c’est contraire à la nature. C’est un péché !
• Laisse donc cela et laisse-toi aller à ce que tu désires. Mon amour, je veux te voir moi aussi. Fais tomber cette tunique.
Pomponia offre alors son corps nu au regard et au désir de Tullia. Pomponia est une femme mure, belle et désirable et qui va succomber à la tentation que constitue Tullia, bisexuelle affirmée et expérimentée.
***
Tullia appuie son corps pulpeux et brûlant contre celui de Pomponia. Un bras vient ceinturer sa taille. Timidement, Pomponia ceinture à son tour la jeune femme, ses doigts se posent sur la peau nue de sa taille.
Pomponia enlace son amie, d’instinct ses bras entourent la taille. Le corps lourd de Tullia s’appuie contre le sien, Pomponia ressent une étrange sensation. Tullia croise ses doigts sur sa nuque. Pomponia déglutit. Les seins durs et ronds de Tullia s’incrustent dans la volumineuse poitrine de la veuve d’Aulus Plautius, sa bouche haletante fouette ses lèvres de son souffle chaud.
Pomponia a le souffle court, le corps de Tullia se fait plus lourd entre ses bras. Pomponia resserre l’étreinte de son amante, une de ses mains se glisse dans la cambrure des reins afin de mieux la retenir. Tullia pose ses lèvres dans le cou de Pomponia, son souffle chaud fait se couvrir sa peau laiteuse de chair de poule. Pomponia proteste à nouveau, tout en se laissant faire :
• Oh Tullia, ce n’est pas bien ce que nous faisons. Il ne faut pas !
Tullia sait que l’esprit de Pomponia dit non, mais son corps dit oui. Elle veut Pomponia et celle-ci sera à elle. Les bras de Tullia se posent sur les épaules de Pomponia, ses ongles griffent sa nuque. Pomponia cesse d’être passive : sa main droite qui se trouvait dans le creux des reins glisse sur le cul rond de son amante, alors que son autre main caresse la taille dénudée. Tullia remonte ses lèvres vers la bouche de son maitresse, sa langue laisse une traînée humide sur sa peau.
Les lèvres de Pomponia s’entrouvrent. Lentement, une langue épaisse s’enfonce dans sa bouche. Pomponia tente encore mollement de la repousser, sa bouche s’emplit de salive douceâtre. Tullia enfonce davantage sa langue, l’enroule autour de celle de Pomponia, désormais soumise, pendant que ses ongles griffent la nuque de la jolie veuve. Pomponia frémit. Tout son corps est secoué par un long frisson langoureux. À son tour, Pomponia participe au baiser et sa langue, jusque là soumise, tente d’imposer sa loi. Tullia lui mord la bouche de plaisir.
Le corps l’emporte définitivement sur la raison. Pomponia oublie ses résolutions, elle cède au péché, à ce moment merveilleux, qu’elle redoutait mais qu’elle veut désormais.
Le souffle court, Pomponia s’abandonne aux mains expertes de sa cadette, de qui elle a tout à apprendre. Prise de remords, Pomponia tente pourtant encore de se dérober, mais Tullia ne laisse pas échapper sa proie : elle pose ses lèvres sur une mamelle tendue, sa langue lèche la peau douce et chaude, joue avec le téton. Pomponia glisse alors ses doigts dans la chevelure de jeune femme. Tullia empaume les seins, les rapproche afin de pouvoir sucer les deux tétons. Pomponia pose ses lèvres haletantes dans les cheveux fins et soyeux.
Tullia offre ses lèvres. Le baiser est voluptueux. Tullia remonte sa bouche, enfonce sa langue épaisse dans celle de son amante. Haletante, elle frotte ses seins dardés contre la poitrine tendue de Pomponia. Tullia s’accroupit devant le ventre de Pomponia, dépose un baiser sur le pubis pendant que ses mains palpent les fesses crispées.
Tout en se relevant, Tullia frotte son corps fiévreux contre celui de Pomponia. Puis, lentement, elle recule et plonge son regard voilé dans celui de Pomponia, pour exprimer et imposer son désir. Délicatement, elle s’installe à quatre pattes au-dessus de Pomponia. Ses lèvres, sa langue, ses seins caressent son amante. Pomponia manifeste son plaisir bruyamment. Tullia glisse ses doigts dans l’entrecuisse liquéfié. Pomponia se cambre lorsqu’un doigt vient caresser son clitoris. Tullia pose ses lèvres sur un téton en érection. Pomponia crispe ses doigts dans les cheveux de Tullia, pendant que son autre main glisse dans le dos, ses ongles griffent la peau fine et douce des reins.
Tullia à son tour frissonne, ses dents mordillent le téton, puis sa langue se fait douce en se glissant dans la profonde vallée qui sépare la volumineuse poitrine. Un moment, sa langue joue avec le nombril. Pomponia appuie sur la tête, Tullia se laisse glisser le long du corps brûlant. Pomponia écarte largement ses cuisses afin de mieux offrir son sexe. Pomponia sent sa vulve gonflée s’ouvrir. Lorsque la langue de Tullia se pose sur son clitoris gonflé, Pomponia connait rapidement un premier orgasme. Tullia est experte et du bout des doigts elle écarte les bords de la vulve pour, d’une langue douce et dure à la fois, lécher la chair rouge sang.
Pomponia, la matrone austère, n’a jamais connut ça. Elle est dans un autre monde. Elle crie son plaisir et son amour pour Tullia, la suppliant de continuer encore et encore.
Les narines pincées, le souffle court, les yeux mi-clos, Pomponia respire bruyamment. La bouche de Tullia aspire goulûment son clitoris pendant que ses doigts caressent les parois de son vagin et, timidement, son anus. Petit à petit, la langue pénètre le sexe alors qu’un doigt a réussi à détendre le petit muscle rond. Pomponia écarte largement ses fesses et tend ses reins en direction du doigt qui la caresse. Tullia pousse davantage son doigt qui lentement pénètre le muscle rond. Un cri de plaisir accueille l’arrivée du doigt. Lentement, Tullia la sodomise. Un ouragan de plaisir dévaste le corps et la tête de Pomponia. Anéantie, Pomponia s’effondre.
Lentement, Pomponia émerge. Elle sent le poids du corps chaud et vibrant de Tullia, sa langue épaisse lui lèche le visage. Pomponia écarte les lèvres, aspire la langue, le baiser des amantes est voluptueux. Pomponia fait basculer Tullia et, à son tour, la caresse de son corps, de ses lèvres et de sa langue. Le corps de Tullia vibre à chacune de ces caresses. Lorsque, maladroitement, Pomponia pose ses lèvres sur le sexe béant et que sa langue pénètre à son tour l’antre liquéfié, Tullia laisse échapper un long feulement. Elle n’est pas longue à jouir. Les lèvres sur son pubis, Pomponia capte les vibrations de son sexe. C’est une première pour Pomponia, mais qui d’instinct a su quoi faire pour faire jouir Tullia.
Apaisées, les deux femmes sont dans les bras l’une de l’autre. Tullia sent les sentiments contradictoires de Pomponia :
• Je t’aime, Pomponia ! Je veux te dire que j’ai eu envie de toi dès que j’ai fait ta connaissance, chez Fausta. Mais je pensais que c’était impossible, toi si austère, si pure !
• J’ai peu à peu senti que des sentiments forts et inavouables me poussaient vers toi. Les choses se sont accomplies. Il le fallait, je le sais désormais.
• Tu ne regrettes pas ?
• A mon tour de te faire un aveu. Je suis depuis longtemps attirée par les femmes mais j’ai toujours repoussé cette tentation. Tu sais, Julia Drusi, ma cousine, que j’ai tant pleurée. Je l’aimais, elle m’aimait, mais nous n’avions pas osé aller plus loin. 15 ans se sont écoulés, je t’ai rencontré et j’ai ressenti la même attirance que j’avais pour Julia Drusi. Dans mes rêves, ma Julia est apparue et me disait que je devais aller vers toi.
• Je comprends. Tu as continué à vivre, en esprit, pendant toutes ces années, avec celle que tu aimais. Aujourd’hui tu as fait avec moi ce que tu rêvais de faire avec elle. Notre amour est le plus bel hommage que tu puisses lui rendre.
Pomponia a les yeux pleins de larmes. Tullia a su lire dans son âme. Elle pense aussi à son amie Fausta qui, elle aussi, avait compris la douleur de Pomponia et qui a voulu le rapprochement de Pomponia et de Tullia pour deux raisons. D’abord pour que Pomponia parvienne à canaliser Tullia et à lui donner l’affection dont elle a tant besoin. La relation épisodique avec Sénèque ne suffisant pas. De son côté, Tullia pouvait mettre fin au deuil de Pomponia, qui vivait retranchée de la communauté des humains et lui faire enfin assumer ce qu’elle refoule depuis si longtemps, qu’elle cachait derrière les convenances d’un mariage avec un glorieux général. Pomponia a le sentiment que, de l’au-delà, sa Julia lui a donné sa bénédiction. Elle est amoureuse, heureuse et en même temps effrayée d’avoir osé, de l’avoir enfin fait.
• Aujourd’hui, J’ai commis un péché mortel, en me laissant aller à une étreinte contre-nature. Je suis sans doute damnée, mais je suis heureuse. Moi aussi je t’aime, ma Tullia.
• Si ton Dieu est un Dieu d’amour, il ne peut te damner parce que tu connais enfin l’amour, ma chérie. Tu es désormais ma femme !
• Je le suis en effet. Pour ma réputation, notamment dans l’église, il faut cependant que nous restions discrètes.
• C’est un sacrifice que tu me demandes, car je voudrais tant afficher mon bonheur. Mais je l’accepte par amour pour toi. Il faut de ton côté que tu acceptes ma nature ; je ne peux pas me passer d’amants, ni de l’amour de Sénèque.
• J’aimerais t’avoir rien que pour moi, mais je t’accepte et t’aime telle que tu es.
***
L’année 57, qui, du fait de la rupture avec Titus, avait commencé de façon si douloureuse pour Tullia, se termine par la découverte d’un autre bonheur, discret, mais profond et sincère, puisque Tullia et Pomponia, unies par l’amour, ne se quitteront plus désormais. Les nuages s’accumulent pourtant autour des deux femmes. Il y a d’abord les pulsions hypersexuelles de Tullia qui, même mieux maîtrisées, persistent. Tullia est incapable de se libérer de l’emprise de Tigellin. Il y a ensuite la situation politique de l’empire, avec le conflit croissant entre Néron et Agrippine, la perte d’influence de Sénèque, et l’émergence dans l’entourage de l’empereur d’une ambitieuse perverse et sans scrupule, Poppée, qui déteste Tullia. La situation est en quelque sorte incendiaire et Tullia ne pourra se tenir à l’écart des flammes qui vont consumer l’empire, au propre et au figuré.
(A suivre 32 : « Ode à Aphrodite»)
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20 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
@ Julie et ce sont des personnages dont j'ai utilisé (pour Sénèque) ou imaginé (pour Pomponia) les contradictions.
Comme Luc, je salue l'idée de faire entrer dans le récit fictif des personnages historiques, comme Sénèque ou Pomponia Graecina. L'occasion d'évoquer le stoïcisme et le christianisme naissant
Julie
Julie
@ Luc, je partage cet analyse. Le stoïcisme et le christianisme naissant ont des valeurs communes, il suffit de lire "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle, qui fut pourtant un persécuteur des Chrétiens (l'exemple le plus connu ce sont les martyrs de Lyon) Et j'ajouterai que Pomponia et Sénèque, du fait de leur attirance pour la belle Tullia, ont aussi un autre point commun: leurs contradictions entre leurs valeurs et leurs sentiments, leurs vécus
Je m'aperçois que j'ai oublié de signer mon commentaire!
Luc
Luc
C'est un bon choix que de faire en sorte que Tullia surmonte sa crise grâce à deux personnages lumineux et finalement pas si éloignés que ça: le philosophe stoïcien Sénèque et une des premières chrétiennes de Rome, Pomponia, veuve du grand général Aulus Plautius. Ils sont en quelque sorte le salut de la patricienne hypersexuelle.
Merci Manu!
Olga, magnifique histoire, je me réjouis de lire tes autres histoires palpitantes.
@ Bernard, merci pour ce commentaire très pertinent!Quelques réponses:
1) Dans la suite du récit, l'incendie de Rome aura des conséquences pour Tullia, Pomponia et leur entourage.
2) Bonne remarque de rappeler le rôle de l'historien d'origine juive, Flavius Joseph, dans la connaissance du règne de Vespasien et de la grande révolte juive
3) S'agissant de la croix, j'ai fait le choix d'y faire allusion mais il est exact que, d'une manière générale, avant le IIIe siècle, les premiers chrétiens usent de figures variées comme la lyre, l'ancre de marine, un bateau au vent, l'orante, le criophore (« porteur d'un bélier »), la colombe ou le poisson. Ce dernier symbole s'écrit en grec IXΘYΣ, « ichthus », acronyme de l'expression Iêsous Christos Theou Uios Sôtêr, c’est-à-dire « Jésus Christ, Fils de Dieu Sauveur ». On trouve également l'usage de symboles issus de l'iconographie romaine, comme la palme ou le laurier.
On a longtemps expliqué que le symbole de la croix, parce qu'il évoquait la croix du supplice, image d'une mort humiliante, ne faisait pas partie des premiers symboles du christianisme. Cette explication est désormais battue en brèche par un examen renouvelé de l'épigraphie qui atteste de représentations multiples de croix ou de symboles cruciformes évoquant Jésus, mais il est vrai à une période plus tardive.
Il semble aussi que la croix soit très tôt utilisée par les adversaires des chrétiens pour les tourner en dérision.
Merci de m'avoir donné l'occasion d'apporter ces précisions.
1) Dans la suite du récit, l'incendie de Rome aura des conséquences pour Tullia, Pomponia et leur entourage.
2) Bonne remarque de rappeler le rôle de l'historien d'origine juive, Flavius Joseph, dans la connaissance du règne de Vespasien et de la grande révolte juive
3) S'agissant de la croix, j'ai fait le choix d'y faire allusion mais il est exact que, d'une manière générale, avant le IIIe siècle, les premiers chrétiens usent de figures variées comme la lyre, l'ancre de marine, un bateau au vent, l'orante, le criophore (« porteur d'un bélier »), la colombe ou le poisson. Ce dernier symbole s'écrit en grec IXΘYΣ, « ichthus », acronyme de l'expression Iêsous Christos Theou Uios Sôtêr, c’est-à-dire « Jésus Christ, Fils de Dieu Sauveur ». On trouve également l'usage de symboles issus de l'iconographie romaine, comme la palme ou le laurier.
On a longtemps expliqué que le symbole de la croix, parce qu'il évoquait la croix du supplice, image d'une mort humiliante, ne faisait pas partie des premiers symboles du christianisme. Cette explication est désormais battue en brèche par un examen renouvelé de l'épigraphie qui atteste de représentations multiples de croix ou de symboles cruciformes évoquant Jésus, mais il est vrai à une période plus tardive.
Il semble aussi que la croix soit très tôt utilisée par les adversaires des chrétiens pour les tourner en dérision.
Merci de m'avoir donné l'occasion d'apporter ces précisions.
Chapitre tout autant passionnant que les précédents. Olga nous en apprend à chaque fois sur l'histoire et les coutumes de l'époque, le tout servi avec une plume agréable.
Durant sa carrière militaire, Vespasien aura fait presque le tour de l'empire, puisqu'on le retrouvera en Judée où il mènera une guerre contre les Juifs. À cet égard, il fera prisonnier quelqu'un qui a eu aussi un destin pour le moins inhabituel pour l'époque: je veux parler de Flavius Josephe. Ce dernier deviendra même citoyen Romain...
Dans ce volet, on voit poindre une nouvelle religion, qui est encore à l'état de secte, et qui s'oppose aux dieux Romains. Ses adeptes seront les boucs émissaires des soubresauts Romains, et paieront un lourd tribut lors du grand incendie de Rome.
Tullia et Pomponia resteront-elles à l'écart de ces dangers?
Olga, tu cites la croix comme symbole de cette nouvelle religion. Elle avait déjà remplacé le poisson?
Certes, on en a retrouvé une dans les fouilles d'Herculanum, mais l'éruption du Vésuve date de 79?
Bernard.
Durant sa carrière militaire, Vespasien aura fait presque le tour de l'empire, puisqu'on le retrouvera en Judée où il mènera une guerre contre les Juifs. À cet égard, il fera prisonnier quelqu'un qui a eu aussi un destin pour le moins inhabituel pour l'époque: je veux parler de Flavius Josephe. Ce dernier deviendra même citoyen Romain...
Dans ce volet, on voit poindre une nouvelle religion, qui est encore à l'état de secte, et qui s'oppose aux dieux Romains. Ses adeptes seront les boucs émissaires des soubresauts Romains, et paieront un lourd tribut lors du grand incendie de Rome.
Tullia et Pomponia resteront-elles à l'écart de ces dangers?
Olga, tu cites la croix comme symbole de cette nouvelle religion. Elle avait déjà remplacé le poisson?
Certes, on en a retrouvé une dans les fouilles d'Herculanum, mais l'éruption du Vésuve date de 79?
Bernard.
Merci Laeti! Oui ce sont les débuts du christianisme. Nous aurons l'occasion de revoir dans ce récit le personnage de Paul de Tarse, vrai fondateur de la nouvelle religion
Encore un épisode « débridé ».
Historiquement parlant, le christianisme pointe son nez.
Ls saga continue.
Historiquement parlant, le christianisme pointe son nez.
Ls saga continue.
@ Didier, merci. J'essaie de faire partager ma passion et je trouve normal de répondre avec soin aux commentaires. Ton commentaire, a eu fois de plus, permis d'apporter des précisions utiles.
Olga,
toute mes félicitations pour ce commentaire, que je considère comme Magistral, qui une fois encore te permets de nous faire partager toutes tes précieuses connaissances sur la civilisation romaine.
Merci,
Didier
toute mes félicitations pour ce commentaire, que je considère comme Magistral, qui une fois encore te permets de nous faire partager toutes tes précieuses connaissances sur la civilisation romaine.
Merci,
Didier
@ Didier, merci pour ce second commentaire.
Conformément aux principes de ce récit, il y a en effet des passages qui sont très au niveau sexuel, ce qui est dans la logique du personnage de Tullia, une hypersexuelle. C’est en particulier le cas des deux scènes que tu as citées, avec Tigellin, puis la relation saphique avec Pomponia.
S’agissant des pratiques des Romains, on a l’image des films X qui faisaient référence aux orgies de Messaline ou de Caligula. C’est évidemment une vision déformée, comme le montre les nombreux ouvrages que j’ai longuement consultés, au sujet des mœurs des Romains, à savoir :
• Jean-Noël Robert : « les plaisirs à Rome » (Payot, 1994) « Eros romain », (les Belles Lettres 1997)
• Pierre Grimal, « l'amour à Rome » (Payot, 1995)
• Géraldine Puccini-Delbey: « La vie sexuelle à Rome » (Seuil, 2010)
• Paul Veyne : « Le pain et le cirque » (Seuil, 1976), « la société romaine » (Seuil, 1991) « la vie privée dans l'empire romain » (Seuil, 2015) et « Sexe et pouvoir à Rome » (Tallandier, 2019)
• Guy Fau, « l'émancipation féminine dans la Rome antique » (Les Belles Lettres, 2009)
• Virginie Girod : « Les femmes et le sexe dans la Rome antique » (Tallandier 2020)
• Catherine Salles, « Les bas-fonds de l'antiquité » (Payot, 1995) et « L'amour au temps des Romains » (First Editions, 2011)
Il est clair, d’après tous ces historiens, que la vie sexuelle des Romains n’était pas aussi débridée que celle de Marc Antoine et Cléopâtre, de Clodia Metelli, de Julie, fille d’Auguste, de Messaline, de Caligula ou de Faustine, épouse de Marc Aurèle. Tullia n’est donc pas représentative de la patricienne romaine de son époque, mais de certaines patriciennes. Incontestablement les mœurs s’étaient libéralisées, malgré les lois répressives imposées par Auguste. Et de ce point de vue, la réputation de Baïes comme cité des plaisirs n’était pas usurpée. Donc de telles pratiques extrêmes, même si elles n’étaient pas généralisées, ont existé. J’en veux pour preuve également le roman de Pétrone, « le Satyricon », où les détails que fournit Pétrone ont permis de mieux comprendre les mœurs romaines. Le roman est une description de la décadence et de la vie en marge, son auteur témoigne de la déshérence de la jeunesse romaine, en proie à la violence et à la duplicité.
Concernant le fonds historique, les 3 conquérants de la Bretagne en 43 ont bien été Auluss Plautius, le mari de Pomponia, Vespasien et Hosidius Geta. S’agissant de l’émergence du christianisme, elle est encore marginale à cette époque, même si, dès ce moment, il y a des communautés chrétiennes en Italie, à Rome mais aussi dans des villes comme Putéoli (Pouzzones) le port voisin de Baïes. C’est toutefois à partir des années 40 que ce qui était jusqu’alors une secte juive parmi d’autres, se sépare du judaïsme, et devient une religion, qui s’adresse y compris et surtout aux « gentils » C’est Paul de Tarse (Saint-Paul) qui incarne cette évolution et apparait ainsi comme le vrai fondateur de la foi nouvelle. Je précise que l’épisode du « procès » de Pomponia est authentique, avec le recours à un tribunal « familial »
Conformément aux principes de ce récit, il y a en effet des passages qui sont très au niveau sexuel, ce qui est dans la logique du personnage de Tullia, une hypersexuelle. C’est en particulier le cas des deux scènes que tu as citées, avec Tigellin, puis la relation saphique avec Pomponia.
S’agissant des pratiques des Romains, on a l’image des films X qui faisaient référence aux orgies de Messaline ou de Caligula. C’est évidemment une vision déformée, comme le montre les nombreux ouvrages que j’ai longuement consultés, au sujet des mœurs des Romains, à savoir :
• Jean-Noël Robert : « les plaisirs à Rome » (Payot, 1994) « Eros romain », (les Belles Lettres 1997)
• Pierre Grimal, « l'amour à Rome » (Payot, 1995)
• Géraldine Puccini-Delbey: « La vie sexuelle à Rome » (Seuil, 2010)
• Paul Veyne : « Le pain et le cirque » (Seuil, 1976), « la société romaine » (Seuil, 1991) « la vie privée dans l'empire romain » (Seuil, 2015) et « Sexe et pouvoir à Rome » (Tallandier, 2019)
• Guy Fau, « l'émancipation féminine dans la Rome antique » (Les Belles Lettres, 2009)
• Virginie Girod : « Les femmes et le sexe dans la Rome antique » (Tallandier 2020)
• Catherine Salles, « Les bas-fonds de l'antiquité » (Payot, 1995) et « L'amour au temps des Romains » (First Editions, 2011)
Il est clair, d’après tous ces historiens, que la vie sexuelle des Romains n’était pas aussi débridée que celle de Marc Antoine et Cléopâtre, de Clodia Metelli, de Julie, fille d’Auguste, de Messaline, de Caligula ou de Faustine, épouse de Marc Aurèle. Tullia n’est donc pas représentative de la patricienne romaine de son époque, mais de certaines patriciennes. Incontestablement les mœurs s’étaient libéralisées, malgré les lois répressives imposées par Auguste. Et de ce point de vue, la réputation de Baïes comme cité des plaisirs n’était pas usurpée. Donc de telles pratiques extrêmes, même si elles n’étaient pas généralisées, ont existé. J’en veux pour preuve également le roman de Pétrone, « le Satyricon », où les détails que fournit Pétrone ont permis de mieux comprendre les mœurs romaines. Le roman est une description de la décadence et de la vie en marge, son auteur témoigne de la déshérence de la jeunesse romaine, en proie à la violence et à la duplicité.
Concernant le fonds historique, les 3 conquérants de la Bretagne en 43 ont bien été Auluss Plautius, le mari de Pomponia, Vespasien et Hosidius Geta. S’agissant de l’émergence du christianisme, elle est encore marginale à cette époque, même si, dès ce moment, il y a des communautés chrétiennes en Italie, à Rome mais aussi dans des villes comme Putéoli (Pouzzones) le port voisin de Baïes. C’est toutefois à partir des années 40 que ce qui était jusqu’alors une secte juive parmi d’autres, se sépare du judaïsme, et devient une religion, qui s’adresse y compris et surtout aux « gentils » C’est Paul de Tarse (Saint-Paul) qui incarne cette évolution et apparait ainsi comme le vrai fondateur de la foi nouvelle. Je précise que l’épisode du « procès » de Pomponia est authentique, avec le recours à un tribunal « familial »
Olga,
Je te remercie pour ce retour qui confirme bien mes premières impressions sur ce texte.
C'est un chapitre globalement très sexe, avec cet ébat hétéro lors des retrouvailles entre Tigellin et Tullia en première partie, mais aussi ce superbe échange saphique très torride en final entre Pomponia et Tullia, sans compter bien sûr toutes les allusions très explicites aux diverses orgies organisées, un peu extrêmes parfois avec cette évocation à une croix, de flagellation et de pinces aux seins…
Je m'interroge néanmoins, ces pratiques sont-elles vraiment en cohérence avec les moeurs de l'époque?
Mais ce chapitre est aussi historique, et un peu religieux.
Il y a d’abord cette intéressante présentation de la vie de Pomponia, et de la carrière de son époux le général Aulus Plautius. Tu y fais de plus une bonne évocation, présentation, des différentes légions de la campagne de Bretagne.
Question religion, il y a cette très bonne présentation de la montée en puissance de la chrétienté dans l'empire romain. J’ai bien apprécié le focus sur le procès de Pomponia.
Tu as su bien démontrer de plus les oppositions philosophiques entre Tullia et Pomponia.
Je tiens aussi à mentionner les différents écrits de Sénèque que tu as habilement répartis, distillés, tout le long de ce texte.
Ce chapitre démontre une fois de plus toute l’excellence de ton travail.
Didier
Je te remercie pour ce retour qui confirme bien mes premières impressions sur ce texte.
C'est un chapitre globalement très sexe, avec cet ébat hétéro lors des retrouvailles entre Tigellin et Tullia en première partie, mais aussi ce superbe échange saphique très torride en final entre Pomponia et Tullia, sans compter bien sûr toutes les allusions très explicites aux diverses orgies organisées, un peu extrêmes parfois avec cette évocation à une croix, de flagellation et de pinces aux seins…
Je m'interroge néanmoins, ces pratiques sont-elles vraiment en cohérence avec les moeurs de l'époque?
Mais ce chapitre est aussi historique, et un peu religieux.
Il y a d’abord cette intéressante présentation de la vie de Pomponia, et de la carrière de son époux le général Aulus Plautius. Tu y fais de plus une bonne évocation, présentation, des différentes légions de la campagne de Bretagne.
Question religion, il y a cette très bonne présentation de la montée en puissance de la chrétienté dans l'empire romain. J’ai bien apprécié le focus sur le procès de Pomponia.
Tu as su bien démontrer de plus les oppositions philosophiques entre Tullia et Pomponia.
Je tiens aussi à mentionner les différents écrits de Sénèque que tu as habilement répartis, distillés, tout le long de ce texte.
Ce chapitre démontre une fois de plus toute l’excellence de ton travail.
Didier
@ Micky, merci. Tu as raison. S'il est vrai que, dans la période de crise qui a suivi la rupture avec Titus, Tullia a été souvent proche de la nymphomanie, et que la frontière avec l'hypersexualité n'est pas intangible, sa relation avec Sénèque représente beaucoup pour elle, au plan affectif et en rapport avec son complexe d'Electre profondément enfoui, d'autant plus douloureux que son père l'a rejetée
La relation amoureuse entre Tullia et Sénèque démontre qu'elle n'a pas une nymphomane, comme on pourrait le croire vu qu'elle n'ait jamais apaisée, mais une hypersexuelle, une "femme qui baise", pour le plaisir. Néanmoins, quelle santé !
@ Divinmarkiz, merci, j'attends avec impatience la suite de votre récit
@ Didier, tu as bien analysé les choses. Au départ, suite à la façon dont Titus l'a lâchée, Tullia est dans une véritable crise de nymphomanie. Et en plus, elle retombe sous la coupe de l'horrible Tigellin, qui toutefois la protège de ses ennemis, en particulier la venimeuse Poppée
Ce qui est positif est le retour de la liaison avec Sénèque, figure rassurante, paternelle, pour Tullia. Et surtout la rencontre avec Pomponia, c'est le retour de l'amour pour Tullia, autant qu'une grande passion saphique.
Et tout cela dans un contexte politique tendu: la crise entre Agrippine et Néron, l'influence croissante de Poppée, l'influence encore modératrice de Sénèque et Burrus.
@ Didier, tu as bien analysé les choses. Au départ, suite à la façon dont Titus l'a lâchée, Tullia est dans une véritable crise de nymphomanie. Et en plus, elle retombe sous la coupe de l'horrible Tigellin, qui toutefois la protège de ses ennemis, en particulier la venimeuse Poppée
Ce qui est positif est le retour de la liaison avec Sénèque, figure rassurante, paternelle, pour Tullia. Et surtout la rencontre avec Pomponia, c'est le retour de l'amour pour Tullia, autant qu'une grande passion saphique.
Et tout cela dans un contexte politique tendu: la crise entre Agrippine et Néron, l'influence croissante de Poppée, l'influence encore modératrice de Sénèque et Burrus.
C’est un chapitre qui peut apparaitre au premier abord très sombre mais qui au final est plein d’espoir.
Oui un chapitre sombre, car c'est une véritable descente aux enfers, une autodestruction, que s'impose et ou que subit notre belle héroïne.
Tentant d’oublier son amour infini pour Titus, Tullia se l'impose en effet, se punissant de son échec personnel, en noyant son chagrin dans une frénésie de sexe, sombrant ainsi sans aucune retenue dans une dépravation totale, au grand désarroi de ses proches.
Notre belle matrone la subit également. En effet, informé du scandale, mais aussi poussé par une Sylvia, véritable "vipère" prête à tout pour détruire Tullia, l’infâme "macho-dominateur" Tigellin revient et en échange de sa protection devient son nouveau mâle, qui pour son propre plaisir personnel, sa satisfaction de la dominer, incite notre belle héroïne à suivre ce chemin de perdition l’amenant parfois à subir des pratiques extrêmes.
Cependant convaincue d’un possible apaisement dans le comportement de son amie, Fausta, véritable matrone respectable, facilite ses retrouvailles avec Sénèque puis lui permet de rencontrer Pomponia, une de ses proches, veuve de l’illustre général Aulus Plautius, conquérant de la Bretagne.
Grâce à ses sentiments sincères, Sénèque en "père" de substitution permet à Tullia, et son complexe d'Electre, de retrouver un peu d’amour, de dignité, d'équilibre et de modération dans son attitude destructrice.
De son côté l’austère Pomponia, adepte du christianisme, par son discours repentant et son attitude humble et généreuse, réussi également à apaiser Tullia.
Devenant au fil du temps très proches, malgré leurs oppositions philosophiques et morales, les deux femmes deviennent finalement amantes, Tullia réussissant à convertir au saphisme une Pomponia tiraillée entre sa profonde foi chrétienne et le trouble provoqué par l’amour de notre belle héroïne…
Par amour pour Pomponia, Tullia renoncera-t-elle à ses frasques ?
Cet amour, du moins, sera-t-il suffisant pour canaliser ses pulsions sexuelles ?
Quels impacts, cette lutte de pouvoir annoncée entre Néron et Agrippine, auront-t-ils sur cet amour ?
Comme Lucia et Parsam, Tullia se convertira-t-elle aussi au christianisme ?
Didier
Oui un chapitre sombre, car c'est une véritable descente aux enfers, une autodestruction, que s'impose et ou que subit notre belle héroïne.
Tentant d’oublier son amour infini pour Titus, Tullia se l'impose en effet, se punissant de son échec personnel, en noyant son chagrin dans une frénésie de sexe, sombrant ainsi sans aucune retenue dans une dépravation totale, au grand désarroi de ses proches.
Notre belle matrone la subit également. En effet, informé du scandale, mais aussi poussé par une Sylvia, véritable "vipère" prête à tout pour détruire Tullia, l’infâme "macho-dominateur" Tigellin revient et en échange de sa protection devient son nouveau mâle, qui pour son propre plaisir personnel, sa satisfaction de la dominer, incite notre belle héroïne à suivre ce chemin de perdition l’amenant parfois à subir des pratiques extrêmes.
Cependant convaincue d’un possible apaisement dans le comportement de son amie, Fausta, véritable matrone respectable, facilite ses retrouvailles avec Sénèque puis lui permet de rencontrer Pomponia, une de ses proches, veuve de l’illustre général Aulus Plautius, conquérant de la Bretagne.
Grâce à ses sentiments sincères, Sénèque en "père" de substitution permet à Tullia, et son complexe d'Electre, de retrouver un peu d’amour, de dignité, d'équilibre et de modération dans son attitude destructrice.
De son côté l’austère Pomponia, adepte du christianisme, par son discours repentant et son attitude humble et généreuse, réussi également à apaiser Tullia.
Devenant au fil du temps très proches, malgré leurs oppositions philosophiques et morales, les deux femmes deviennent finalement amantes, Tullia réussissant à convertir au saphisme une Pomponia tiraillée entre sa profonde foi chrétienne et le trouble provoqué par l’amour de notre belle héroïne…
Par amour pour Pomponia, Tullia renoncera-t-elle à ses frasques ?
Cet amour, du moins, sera-t-il suffisant pour canaliser ses pulsions sexuelles ?
Quels impacts, cette lutte de pouvoir annoncée entre Néron et Agrippine, auront-t-ils sur cet amour ?
Comme Lucia et Parsam, Tullia se convertira-t-elle aussi au christianisme ?
Didier
Chère Olga, merci pour cette belle saga et merci également pour votre gentil commentaire sur mon histoire
Divinmarkiz
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