17 avril 1891 (1/3)

Récit érotique écrit par Pessac [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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17 avril 1891 (1/3)
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le 17 avril 1891
il ne se passa
strictement
RIEN
Cette plaque émaillée, apposée sur une maison d’époque, me fait gentiment rigoler !
La blagounette est amusante mais immédiatement mon esprit se met à mouliner : ne s’est-il vraiment rien passé dans cette maison ce jour-là ?
Une recherche sur le net m’apprend ce que je savais déjà, à savoir que cette plaque humoristique se retrouve dans bon nombre de villes et villages de France et de Navarre. Sinon, rien de particulièrement marquant n’a l’air de concerner cette date, ni en France, ni en Allemagne. Je me promène en effet dans un village alsacien qui à cette époque était sous le joug allemand depuis déjà dix ans.
Mon imagination vagabonde...
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Dans la cuisine de ma petite maison, je termine d’écosser des petit-pois. Tout à l'heure, je reprendrai mon travail de couturière mais pour l'heure, il s'agit de préparer le repas de midi. Sitôt qu'ils seront écossés, les petits pois fileront dans une casserole avec un beau morceau de lard. En fin de cuisson, je rajouterai une saucisse de Montbéliard (on continue à les nommer ainsi ces saucisses, bien que l'administration allemande bannisse toute appellation sonnant français). Des pommes de terre en rondelles, sautées à la poêle accompagneront notre frichti du jour.
Le lard sera coupé en trois tronçons inégaux, deux presqu'identiques pour Changala et moi, mais le dernier, sera plus petit car destiné à Mamama, ma grand-mère, qui n'a plus beaucoup d'appétit désormais et que je dois, certains jours, nourrir à la cuiller. Je découperai le Montbéliard en rondelles, n'en gardant que trois pour moi. Le reste est destiné à mon voisin célibataire à qui je fournis ses repas de midi et du soir, sachant que l'artisan participe assez généreusement à nos frais de bouche.
À travers le mur, j'entends justement les coups réguliers assenés par le forgeron sur son enclume. Sacré gaillard que cet homme-là qui porte bien mal son nom : si Changi se traduit en effet par "Jean", Changala signifie "petit Jean": or, l'homme est immense, il est aussi grand et large que l’énorme armoire à linge de la chambre que je partage avec Mamama. Il est fort le gars, rustre aussi et peu bavard. Je dois reconnaître que gamine, je l’ai craint et évité pendant des lustres, jusqu’au jour où, jeune adolescente, un soldat allemand a tenté de me forcer dans un fourré.
Le soudard m'avait suivie dans le sentier prolongeant l'impasse, menant à des parcelles où les familles du quartier cultivent des légumes et entretiennent quelques fruitiers...
Je suis à croupetons et récolte des oignons quand le type me pousse violement. Je tombe à plat ventre, ma robe et mon jupon sont troussés haut et le ruffian tente de m'enlever ma culotte. Il parvient seulement à l'abaisser jusqu'à dénuder mes fesses mais me glisse brutalement la main au panier. Aviné, maladroit, le rustre n'arrive pas à franchir le rempart du tissu mais presse fortement ses doigts sur ma fente. Je suis largement plus grande que mon agresseur, je parviens à me retourner sur le dos en repoussant la brute qui, malheureusement, revient s'étaler de tout son long sur moi. Il déchire mon corsage en deux et plote mes petits seins. Il vient fourrer son groin dans ma poitrine et me mord durement un téton.
La douleur décuple mes forces, je rue mais ne parviens pas à me dégager. Je hurle à pleins poumons, me débats furieusement. Le reître, passablement saoul, défait difficilement sa ceinture, abaisse son pantalon et ripe au-dessus de moi dans l'idée de me fourrer son sexe encore amolli dans la bouche.
J'ai alors la réaction qu'il faut : je saisis ses roubignoles et les tord aussi fort que je peux, dans un sens puis dans l'autre. Et rebelote ! Fou de douleur, l'homme m'expédie son poing en plein visage. Je m'évanoui quelques instants.
Heureusement, le forgeron a entendu mes cris et s'est rué dans le sentier. Il saisit le salopard par le colbac : celui-ci a complètement déchiré ma culotte et alors que, revenue à moi, je sens qu'il s'apprêtait à pénétrer mon minou ! Changala le ramène suspendu à sa pogne dans l'impasse avant de le faire voler dans la ruelle où le fantassin se ratatine contre une pierre d’angle. Se relevant difficilement, le casque à pointe s’était alors enfui tout penaud, pantalons aux chevilles, sous les risées et quolibets des riverains.
Changala était revenu dans le sentier alors que je reprenais doucement mes esprits, m'avait soulevé et pris dans ses bras. Cachant avec son bras hypertrophié ma poitrine dénudée, il m'avait ramenée chez moi.
Depuis, je vouais au géant une reconnaissance éternelle, reconnaissance qui s'est teinté d'attirance avec le temps.
Il aurait pu payer cher cet acte de bravoure le forgeron : heureusement, le bonhomme était précisément en train de réaliser des grilles en fer forgé destinée au Rathaus de la ville. Une mairie également résidence de l'Ober-Leutnant allemand gouverneur de la place, un sale boche qui n'avait pas voulu que le chantier prenne du retard. Jugé pour "rébellion contre l'autorité impériale", Changala n'avait écopé que de quatre jours de prison, peine extraordinairement clémente qu'il purgea du Vendredi Saint au Lundi de Pâques, jours nouvellement fériés en Alsace.
Je m'appelle Maja. Ce prénom est la traduction germanique obligatoire de Myriam, mon nom de baptême. Si, à l'instar de l'immense majorité de mes compatriotes alsaciens je déteste cordialement le Saint Empire Germanique et le Kayser, je me satisfais néanmoins de ce nouveau prénom, court et qui sonne joliment à mes oreilles.
À vingt et un ans, je suis, dans l'absolu, une jolie jeune fille mais, tranchant totalement d'avec le reste de la population, je suis passablement rejetée. Grande, très grande, je dépasse largement toutes les filles de ma génération. Ma haute taille est encore renforcée par ma fausse maigreur. Si je ne suis sans doute pas aussi gironde que beaucoup d'autres, mon impression de minceur excessive est due aux vêtements amples que je choisis, à dessein, de porter pour cacher mes formes. Mon absence de formes plutôt, car ma poitrine est bien maigrelette. Et du coup, inexistante sous mes larges chasubles.
De mon père (dont je n'ai pas de souvenirs, le soldat originaire des Iles lointaines ayant été tué à Sedan), de mon père donc, j'ai hérité un teint très sombre et hâlé, café au lait et une très abondante chevelure noire de jais, vaguement crépue qui m'ont valu dès la prime enfance quantités de surnoms infâmants tels que négresse, noireaude ou sarrasine. Sorcière aussi : différente, je deviens forcément suspecte et ma couleur de peau de métisse fait de moi une étrangère sans nul doute liée aux pratiques sataniques ! Pauvres imbéciles incultes !
De ma mère alsacienne (morte en couches à ma naissance), j'ai les yeux d'un bleu pâle et lumineux, mais donc, et je m'en désole, pas de son opulente poitrine. Mes pêches des vignes me paraissent bien ridicules, voire déshonorantes car couronnées de surcroit, de tétons fort sombres et larges. Rien à voir avec les blondes du cru dont j'ai aperçu parfois à la rivière les lourdes poitrines laiteuses et tétins rosés croquignolets. Quant à mes hanches étroites et mes petites fesses serrées, elles renforcent encore mon allure masculine.
Une chose me fait plaisir par contre : à l'instar de mon père (c'est Mamama qui me l'a raconté), je suis pratiquement imberbe. Si j'ai une chevelure fort abondante, je n'ai pas de poils sur le corps, les jambes ou les bras, à peine un duvet léger sous les aisselles. Plus bas, une petite forêt noire, dense et très frisotée sur le pubis. Rien à voir avec les tabliers de sapeurs, plus ou moins blonds, qui engloutissent les chats de filles d'ici. Moi, mon barbiquet est précisément vierge de... barbe ! Les rares garçons que j'ai connus ne se sont jamais plaints de mon petit con tout nu. Bien au contraire !
Fort peu de garçons en fait puisque je suis plus ou moins mise au ban de la communauté. Tout comme son voisin, mais lui pour une autre raison : affecté d'un bégaiement prononcé, il passe pour benêt, voire simplet et est sujet aux moqueries des gamins. Je sais pour ma part qu'il est bien finaud et plus intelligent que bon nombre ! Comme quoi, dès qu'on est un peu différent de la majorité...
Dans le noir de sa chambre, quand Mamama ronfle, je laisse souvent glisser mes doigts sur mon corps. C'est qu'il se manifeste mon corps, ses besoins me travaillent. Cela dit, je n'ai guère de fantasmes et encore moins de souvenirs pour alimenter mes caresses solitaires. Le seul que je conserve et chérisse un peu est Guschti, mon amoureux de seize ans qui m'avait volé mon pucelage lorsque j'en avais quatorze. Voler, n'exagérons rien, ce n'est pas le terme qui convient. Je m'étais volontiers laissé faire à l'époque par le coquin. Je m'étais offerte et j'avais apprécié chaque étape de notre relation coquine. Sans être réellement amoureuse de lui, je lui avais cédé car il était tendre et caresseur. Si je lui ai toujours refusé l'accès à mes seins, j'avais adoré qu'il me fourrage l'entrejambe, titille ma perle. Et j'avais connu une jouissance aussi singulière qu'affolante quand le garçon était venu me lécher mon maljoint ! Un traitement aussi ahurissant qu'inattendu que je n'aurais jamais pu imaginer ! Qu'il vienne me lécher mon trou à pipi m'avait stupéfiée. Le bonheur immense donné par les léchouilles sur mes lèvres brûlantes, les butées répétées de son nez sur ma perle sensible m'avaient fait faire le grand saut dans le vide sidéral d'un plaisir asphyxiant !
Aussi, je lui avais immédiatement rendu la pareille en prenant en bouche sa petite saucisse : le drôle n'avait pas été long à m'envoyer une certaine purée acre et salée que je n'avais pas réellement adorée. Mais bon, il avait joui lui aussi, cela nous remettait à égalité.
Quand quelques jours plus tard, il avait parlé de glisser sa Strasbourg dans mon Saint-Frusquin, je n'avais pas hésité longtemps. Faut dire qu'il m'avait promis que l'opération me procurait un plaisir explosif qui relèguerait au rang de pétard mouillé celui que j'avais connu lorsqu'il avait léché mon pruneau. Il m'avait pénétrée en levrette, mais son spatz allant et venant dans ma madeleine ne m'avait donné qu'un plaisir bien mitigé, somme toute largement moins ahurissant que celui éprouvé lors de l'inattendu broute-minou. J'étais resté sur ma faim, ce qui précisément avait mis... fin à notre relation.
Quant aux deux autres garçons que j'ai connus par la suite, je préfère oublier leurs saillies brutales et égoïstes : ceux-là m'ont juste fait réaliser que la nature n'avait pas été généreuse avec le pauvre Guschti, que sa fine et courte Francfort ne valait pas un bon Montbéliard ou autre Jésus de Morteau pour combler mon échancrure. Mais c'est tout de même bien Guschti et surtout, le souvenir délicieux de son pèlerinage à mes sources chaudes, qui conduisent mes doigts à défriser mes nymphettes, à tirlipoter mon champignon et à m'engouffrer une longue coloquinte grenue et profondément veinée, à l'extrémité courbée et merveilleusement renflée dans mon tiroir à saucisses.
Bac à légumes du coup, la cucurbitacée qui écarte mes muqueuses, comble ma coucougne et m'explose l'utérus est de loin mon légume préféré (bien que non consommable) pour m'expédier dans les étoiles. Bon, en saison, certaines courgettes torves ou gros concombres se révèlent intéressants en remplissant parfaitement mon terrier rose.
À côté de Mamama qui ronfle comme un sonneur, je ne crains pas d'activer la coloquinte dans mon atelier : cuisses honteusement écartées, je me branle avec une furie désordonnée, activant mon champignon pour déclencher le moment venu mon transport sidérant dans les vignes du Seigneur, les champs étoilés et les infinis espaces des cieux illuminés.
Ma pauvre Mamama s'affaiblit de jour en jour, passe le plus clair de son temps calée dans un fauteuil. C'est elle qui m'a élevée et je lui en ai une infinie et tendre reconnaissance.
Quand elle émerge parfois, c'est pour me convaincre de trouver enfin chaussure à mon pied. Comme je lui répond que mon physique me relègue au rayon des rebus, elle me répète qu'il y a couvercle pour chaque pot et que le mien de pot, est bien assez croquignolet pour contenter un brave homme.
Elle ne peut plus faire grand-chose dans la maisonnée Mamama et je me désole de la voir dépérir si graduellement. Elle est ma seule famille. Je lui envoie des petits sourires tout en effectuant mes travaux de ravaudages, lui adresse une tendre caresse quand je vais la faire boire à petites gorgées les décoctions que je lui prépare pour calmer sa toux persistante.
Après les soins que je lui porte, après les travaux ménagers et potagers, je ravaude, coupe et coud tout au long de la sainte journée. Sauf quand je lis : je récupère en effet des ouvrages dans la bibliothèque paroissiale. La plupart des livres sont des bondieuseries soporifiques mais la lecture de l'Ancien Testament m'offre des passages intéressants que mon imagination débordante a tôt fait de prolonger et détailler en séquences terriblement dépravées et joyeusement excitantes. D'autres ouvrages, notamment ceux prêtés par le Père Unterfinger participent à mon éducation et à ma culture. À défaut de courir les garçons, je m'enfile des bouquins.
Mais à part cela, mes journées sont longues et monotones.
Du moins, jusqu'à hier : deux soldats accompagnés d'un gradé sont venus me chercher chez moi, m'enjoignant à prendre mon sac à couture. Ils m'ont alors conduite au Rathaus. Je suis entrée vaguement tremblante dans l'Hôtel de Ville. On m'a alors menée à l'étage, jusqu'aux appartements de l'Ober-Leutnant, commandant de la ville, ou plutôt, dans ceux de son épouse. Là, la femme du militaire m'a reçue, se montrant particulièrement aimable et chaleureuse. Elle m'a même offert le Kaffee-Kuchen comme si j'étais de ses amies : je peux dire que j'ai dégusté avec gourmandise les pâtisseries au chocolat accompagnant le breuvage fort.
Madame l'Ober-Leutnant, Camelia de son prénom, et de surcroit Comtesse de Holstein, voulait me demander de reprendre un certain nombre de ses robes. La très jeune épouse du militaire disait avoir sensiblement maigri depuis quelques temps. Je me suis bien gardé de lui demander les raisons de cet amaigrissement mais j'ai lu dans le regard de l'allemande une certaine langueur et beaucoup de tristesse.
Passant ensuite dans un cabinet de toilette, la prussienne s'était déshabillée.
— Nous serons parfaitement tranquille ici, m'avait-elle expliqué en portant ses mains sur sa bouche, ses yeux, puis ses oreilles.
La mimique m'avait bien surprise... mais j'en avais compris le sens.
Souriante, comme libérée tout à coup, la schleue avait abandonné son langage compassé. Elle n'avait conservé sur elle que son corset et sa culotte en dentelles pour que je puisse prendre ses mesures. Noirs ces sous-vêtements : c'était bien la première fois que je voyais des dessous noirs. Je n'avais même jamais imaginé que cela puisse exister ! J'étais fascinée. Avant que je puisse prendre ses mesures, la teutonne s'était assise, m'invitant à faire de même en face d'elle. J'étais stupéfaite que la comtesse se mette en pareille tenue pour me faire la conversation : à travers les dentelles ajourées de son corsage pointaient résolument, je le voyais bien, des petits tétons rosés fripons. Quant à sa culotte, elle ne cachait rien de son buisson blond dont les poils traversaient la dentelle arachnéenne.
La prussienne avait pris mes mains dans les siennes et notre conversation avait repris, à bâtons rompus. L'allemande m'avait interrogé sur ma vie, mes amours (le sujet ne nous avait pas occupé bien longtemps !), mes occupations, ma grand-mère affaiblie, proposant même le passage, à sa charge, de son médecin personnel pour ausculter la vieille dame. Une proposition que j'avais acceptée bien que sachant que ma pauvre aïeule consumait désormais ses ultimes forces. Mais que le docteur lui fournisse médications et potions pour soulager ses douleurs serait une bénédiction.
La sollicitude de Dame Camelia m'avait émue et au-delà, j'avais été touchée par son intérêt pour les petites gens. La prussienne n'avait pas caché qu'elle comprenait la silencieuse mais sourde rébellion du peuple alsacien contre les diktats impériaux, tel que l'abandon total du français et même du dialecte local sous peine de dure répression. Le Hoch Deutsch était imposé, à grands coups de triques à l'école... allemande !
Je m'étais demandé si ces propos n'étaient pas une provocation pour me piéger mais la compassion que j'avais lue dans son regard m'avait finalement convaincue de sa sincérité.
D'hostile au départ, j'en étais arrivé à une forme de sympathie circonspecte. D'autant, qu'au fil de la conversation, j'avais ressenti une tristesse profonde et une frustration ancrée chez la teutonne qui n'avait cessé de me caresser la main pendant tous nos échanges.
Une sympathie doublée d'une attirance carrément sexuelle à force de loucher sur ses appas si impudiquement exposés. Bref, je mouillais !
La comtesse avait fini par se relever pour se soumettre à la prise des mesures. Elle était vraiment gracieuse la chleue : un joli et frais minois, ses yeux marrons donnant du relief à son expression. Sa chevelure blonde vaguement frisottée lui tombait jusqu'au creux des reins et sa peau claire n'était pas laiteuse comme beaucoup d'autres : elle avait un grain somptueux.
À peine l'avais-je effleuré que je l'avais sentie frémir. J'avais vu sa peau se hérisser quand j'avais posé mon mètre sur sa poitrine ou ses hanches, nues entre le corset et la culotte. Sur sa taille et le bassin aussi. Plus encore, lors de la mesure de la cuisse gauche : j'avais cru sentir une certaine chaleur émaner du delta de la jeune femme. Je m'en étais étonnée certes mais plus encore amusée, et, perverse coquine, j'avais poussé l'expérience jusqu'à prendre la mesure, complètement inutile, de la cuisse droite. Le dos de ma main avait "très malencontreusement" frôlé son triangle intime et la blonde avait lâché un petit cri de surprise. L'humble retoucheuse que je suis s'était platement excusée de sa maladresse mais la comtesse m'avait rassurée d'un sourire. Trouble sourire ? Peut-être même... engageant.
Mais nous en étions restées là ce jour-là. Emportant sous son bras deux robes à retoucher, je m'étais étonnée de ressentir une certaine compassion pour cette teutonne que j'aurais normalement dû a priori détester. La comtesse était charmante, indubitablement, et triste de surcroit. Une profonde tristesse rampante qui m'avait émue. Et je ne parlerai pas de l'incendie qui ravageait mon entrejambe !
Rentrée chez moi, j'avais travaillé d'arrache-pied sur les robes. Si la comtesse était légèrement plus petite que moi, elle avait un gabarit quasi identique au mien. Des seins bien plus fiers et arrogants que les miens certes, mais pour le reste, ses mensurations étaient identiques. Je m'étais follement amusée à enfiler ses robes pour jouer à la princesse !
Profitant de la nuit tombée, j'avais même gardé une de ses robes pour aller apporter le brouet du soir au forgeron mon voisin. Celui-ci avait ouvert des yeux ronds comme des soucoupes quand j'avais débarqué ainsi vêtue dans son logis. Ébahi le bonhomme ! Telle une donzelle, j'avais froufrouté dans sa cuisine, faisant voler la robe bien haut sur mes cuisses et j'avais vu le gars s'empourprer violement quand, parfaitement indécente et résolument provocatrice, j'avais troussé la robe à ma taille, révélant un bref instant mon entrejambe et mon petit cul rondelet. Comme je ne portais pas de culotte, il avait eu droit au spectacle affriolant de mon petit minou tout emperlé de mouille !
Changala en était tombé assis sur sa chaise et avait bredouillé comme jamais des paroles incompréhensibles. Friponne, j'avais foncé sur lui pour lui coller un baiser sur le front. M'enfuyant ensuite, j'avais bien claqué la porte de la cuisine mais j'étais restée quelques instants derrière l'huis, tendant l'oreille, curieuse de savoir comment le bougre allait réagir à mon exhibition. À ma provocation !
Ce que j'entendis ne fut pas le paluchage forcené du bonhomme excité par la vision de mon jardin céleste, ce qui m'aurait largement amusée et émoustillée. Enfin, émoustillée, je l'étais déjà, mon coquillage ruisselait ! Non, pas de branlette effrénée mais quelque chose de bien plus surprenant !
— Bon dieu, entendis-je en effet, cette fille va me rendre complètement fou ! Qu'est-ce qui lui passe par la tête à cette délicieuse diablesse gracieuse ? Elle m'enflamme les sens et fait grimper mon mandrin à m'exposer son petit panier croquignolet !
Des paroles adorables certes, joli compliment pour sûr, saluant mon audace provocatrice, mais une tirade inexplicablement prononcées haut et fort... sans le moindre bégaiement !
"Oh, le maraud, le fourbe, le mécréant" me dis-je alors. "Tu sais articuler correctement ! Attend mon bonhomme, tu te gausses de moi ! Ben ça, mon gars, tu ne l'emporteras pas au paradis !"
Je réfléchis quelques instants, pensant tout excitée : "Ou alors... jusqu'à mon petit paradis !"
Parce que j'étais bel et bien accrochée, ferrée par l'artisan, consciente d'être attirée par le doux colosse... qui n'avait strictement rien fait pour cela. Bien trop timide le grand dadais trentenaire !
Pour l'heure cependant, j'avais d'autres choses à faire, comme mettre Mamama au lit après lui avoir longuement frictionné le dos et la poitrine avec un onguent d'herbes diverses préparé par mon amie Wilma. Pour que la pauvre vieille respire et dorme mieux. Ensuite, à la lueur de la bougie, je terminais les ultimes retouches : j'avais hâte de retourner chez la comtesse... J'avais compris m'être prise d'amitié pour la saxonne mais également ressenti aussi une tension dont je ne pouvais déterminer précisément la teneur. Quoique...
---oOo---
Dans sa chambrette du presbytère, Friedrich Unterfinger parcourt un de ses livres préférés : L'Émile de Jean-Jacques Rousseau. Lecture totalement proscrite pour le curé remplaçant de l'abbé Gangloff et par ailleurs aumônier des troupes stationnées dans la ville. Francophile dans l'âme ou pour le moins francophone, cet allemand est originaire de la ville de Schleswig au nord de l'Allemagne unifiée sous l'étendard du Kayser. Le jeune prêtre est réfractaire aux théories de germanisation accélérées appliquées autoritairement par le Reich sur les provinces nouvellement rattachées. Il aime tout autant le Zadig et le Candide de Voltaire que l'Émile de Rousseau, prône, en secret, la plus pleine liberté... libertaire. Ce prêtre souscrit même aux théories du suisse, développées dans la "Profession de foi du Vicaire savoyard". C'est dire s'il est réfractaire et hors la loi. De l'Église et du Reich ! Lectures et positions qui lui vaudrait bien les pires ennuis avec les autorités religieuses et militaires si elles venaient à être connues.
Friedrich ne lit pas vraiment le livre qu'il connait par cœur. Son esprit vagabonde vers des horizons bien différents. Vers "un trou de verdure où chante une rivière".
Il faut dire que le jeune homme n'a épousé la carrière ecclésiastique que sous la contrainte de sa famille : après un ainé dirigé vers la carrière militaire, un second fils industriel pour mener les affaires de la famille, le troisième devait obligatoirement entrer dans les ordres.
Or, le trentenaire est un sanguin que Dame Nature a généreusement accessoirisé ! Si, contrairement à l'horrible Père Gangloff, les servants de messe le laissent totalement indifférents, le moindre cotillon l'émoustille. Qu'une paroissienne vienne lui conter ses frasques en confession, et son membre s'érige aussitôt, se convertissant en fier battant prêt à faire carillonner cloches, clarines et... roubignoles !
Le pauvre curé est fort marri de cet état, complètement tarabusté qu'il est, notamment par une certaine jeune femme dont les formes parfaites le font inévitablement divaguer vers un jardinet enchanté qu'il rêve de biner !
---oOo---
Dans le cabinet de toilette, j'aide cet après-midi ma noble cliente à essayer une robe retouchée. C'est la deuxième fois que je rencontre la comtesse. Toujours gentille, confidente et de plus en plus proche de moi. Intime. Si intime que notre relation en devient vaguement trouble.
Du coup, je m'amuse de la voir sursauter et frémir lorsque mes doigts malins viennent, très malencontreusement bien sûr, frôler sa poitrine. Aujourd'hui, l'allemande ne porte plus son corset de l'autre jour mais une simple camisole, fine, qui moule joliment ses seins plutôt avantageux. À l'essayage de la robe, je lui empaume résolument les nichons sous prétexte de faire bouffer le décolleté : la blonde lâche un profond soupir, se mord les lèvres, arque involontairement son corps et bascule brièvement sa tête en arrière. Elle a le rouge aux joues.
— Je suis désolée, dis-je dans un souffle, je ne voulais pas être...
— Non-non, me coupe la comtesse. Aucun souci, c'est moi qui...
La jeune femme ne termine pas sa phrase mais je la vois clairement presser longuement et fortement ses cuisses entre elles. Serait-elle en train de juter la garce ? Je suis amusée de la voir ainsi manipulée par ma petite personne.
L'essayage terminé, l'allemande reste en camisole et culotte et exhibe une chemise de nuit en dentelles parmes qu'elle plaque contre son corps.
— Maja, pourrais-tu raccourcir cette chemise ?
— Ma foi oui ! Enfilez-la que je puisse marquer la coupe.
La prussienne se tourne, enlève sa camisole et passe la chemise sur ses seins nus, trousse les fines dentelles ajourées. Je saisis l'ourlet et replie le vêtement vers le haut : la chemise ne descend désormais guère qu'à mi-cuisses.
— Est-ce assez là ?
— Encore, répond ma cliente.
Je trousse à nouveau le vêtement, au ras de la culotte dont on aperçoit les premiers froufrous.
D'une petite voix étranglée, l'allemande demande plus qu'elle n'ordonne :
— Encore ?
Cette fois, la chemise frise l'entrejambe jusqu'au renflement dodu des grandes lèvres espacées. Camelia se regarde dans le miroir en pied, tourne sur elle-même, saisit l'ourlet de mes mains et commande :
— Enlève-moi ma culotte que je puisse juger de l'effet !
On est au ras du vallon enchanté, les dentelles retroussées laissent apercevoir les extrémités des lèvres dodues de l'écoutille. Mais le résultat ne satisfait pas la blonde qui trousse encore d'un pouce la nuisette, laissant apparaitre assez largement cette fois les grandes lèvres vaguement pigmentées de son sexe.
À genoux devant mon modèle, j'ai le nez quasiment sur le magasin fridolin !
Je vois venir ce qui va se passer et je m'interroge. Mais n'est-il pas un peu tard pour cela ? Est-ce que je regrette mes petites agaceries qui nous ont sans doute menées à cette situation ? Que nenni, me dis-je, la comtesse n'avait pas besoin de moi : elle a prémédité son coup et je sais ce qu'elle attend ! Suis-je prête à plonger dans une folie avec une femme ? Avec cette femme ?
Mais d'ailleurs, suis-je en position de refuser ? Qui donc est véritablement en face à moi ? Une boche, comtesse von machin-chose, épouse du tout puissant commandant de la place et qui par là-même tient mon destin entre ses mains ? Ou alors... une femme, gentille Camelia, triste et frustrée, qui cherche un peu de réconfort auprès de ma gentille personne. Du réconfort, de la tendresse, un peu d'amour voire un brin de folie ?
Décide-toi Maja, l'heure n'est plus aux tergiversations !
— Magnifique ! Irrésistible ! D'ailleurs je ne sais pas comment je fais pour résister à...
— À quoi ? demande Camelia d'un voix rauque.
L'heure n'est plus aux atermoiements et je me lance carrément.
— À l'envie de bouffer cette chatte ruisselante !
L'allemande arque son corps, projette son sexe vers moi, me saisit le crâne et plaque sa quetsche sur ma bouche.
— Oh, Maja chérie, aime-moi ! Lèche-moi la schnak, grignote-moi les babines, enfourne-moi ta langue et tes doigts dans ma schnek incendiée. Fais-moi jouir adorable petite salope !
Petite ? Mais non, je suis plus grande que toi Comtesse ! Salope ? Oui, sûrement... je suis plutôt expérimentée à ce type de jeu. Si peu de garçons ont accédé à mon corps, Wilhelma elle, en connait tous les ressorts sensibles, sait parfaitement en jouer et me donner du plaisir que je lui rends avec délectation. Lesbienne, elle m'a initié depuis longtemps déjà aux plaisirs saphiques. Et puis, fondamentalement, je le suis bien assez, salope, pour lui prodiguer, à la gracieuse teutonne, toutes les caresses, succions et léchouilles qui lui feront atteindre le septième ciel. Et le huitième aussi. Le quatorzième itou.
Ma langue devient celle de Wilma ou de Guschti. Peut-être même ai-je une préférence pour la lavette de ce garçon qui m'avait offert mon premier véritable transport. Oui, ma langue se souvient des parcours de cette baveuse dans mon feuilleté et reproduit les mêmes insupportables caresses mouillées sur cette moule étroite mais juteuse. Oh oui, je vais l'écarter, l'évaser, l'élargir cette fente resserrée. Je vais branler, suçoter, étourdir le petit rocher teuton, plonger deux, trois, et pourquoi pas quatre doigts dans cette chagasse brûlante. Je lape la délicieuse cyprine, m'enivre du parfum musqué du coquillage que la douce a délicatement parfumé de jasmin. C'est trop bon, trop excitant et je n'y tiens plus : si ma main droite fouille le tunnel incandescent de ma compagne, ma main gauche trousse mes jupes, file dans ma culotte et s'enfouit dans mon chaudron débordant de miellat.
Trop excitée, trop impatiente, Camelia succombe très vite à mes douceurs, se propulse sur les terres sacrées du Walhalla, galope joyeusement avec les licencieuses walkyries aux énormes seins nus, s'embroche, reine triomphante et dépravée, sur les centaines de sabres vainqueurs des guerriers valeureux. Elle jouit Camelia, de ma langue maligne, moi sa ravaudeuse unique et préférée, elle jouit de mes doigts indiscrets qui ravagent sa cambuse !
Elle jouit, encore et encore avant de s'effondrer doucement sur ma main, chavirée qu'elle est de son plaisir.
Une main qu'elle finit par saisir pour obliger à me relever et la suivre. Au pied de son lit, Camelia se presse contre moi, m'embrasse, vole sans vergogne mes lèvres, mon souffle. Sa langue fouille ma bouche alors qu'elle me déshabille fébrilement, moi, proie fiévreuse et consentante. Elle dégage mes petits nichons, s'étonne de leurs très sombres tétons étrécis qui pointent gaillardement. Elle les lèche, les sucent, les grignotent ces malandrins, tout en finissant de nous dévêtir l'une et l'autre.
Lorsque nous sommes nues toutes deux, Camelia me pousse doucement vers la couche où je m'effondre, sur le dos, cuisses ouvertes. Offerte !
La comtesse découvre et s'extasie alors de mon sexe : sous mon buisson dru et sombre, presque triangulaire mais parfaitement dessiné, mes grandes lèvres très brunes sont, je le sais, je le sens, entrouvertes déjà sur mon corail pourpre, mes petites lèvres flamboyantes, d'un rouge profond liséré de brun. Elles sont abondantes mes babines ciselées et Camelia les lissent, les étalent, de part et d'autre du sillon pourpre, totalement ennoyé par des flots tumultueux d'un jus délicatement odorant qu'elle lape avec délectation. Camelia est sidérée par cette chatte prodigue et, à ses yeux, prodigieuse. Une chatte dont les lèvres et abords sont quasiment imberbes : pratiquement aucun poil sur mon charmant fri-fri !
Ravie, Camelia me rend les caresses buccales que je lui ai offertes il y a peu. Elle lèche, gloutonne le feuilleté rouge et emperlé, suce la sève, glisse sa langue aussi profondément qu'elle peut dans ma caverne merveilleuse. Des agaceries fabuleuses qui déclenchent en moi des vagues de picotements effervescents qui me tourneboulent. J'aime tant cette langue mouillée, ses doigts indiscrets vagabonds qui courent sur mon sexe embrasé. Quant à mon petit drôle, tout en haut du fendu, il s'est décapuchonné et appelle ses baisers.
La comtesse débauchée glisse ses doigts dans mon échancrure béante, ses phalanges et ses ongles raclent les parois moelleuses de mon vagin, s'engloutissent dans le canal embrasé alors que sa langue glisse sur mon cabochon insolent. Dieu que c'est bon ces doigts qui ont pris possession de mon intimité brûlante et provoquent des sensations irisées qui courent dans mon ventre en houles successives et incessantes, vagues et ressacs de lames assassines.
À la première succion de mon clitoris, secouée par un spasme monstrueux, je hurle de bonheur, m'expédie dans les limbes amers et sucrés et caracole dans les prés ondoyant des ténèbres scintillantes d'un orgasme ravageur. Je me tortille en tous sens, tente d'échapper aux doigts qui me retiennent prisonnière, à la langue qui cisaille mon bouton mais ma douce maitresse teutonne ne lâche pas la friandise exquise. Pas avant, qu'exténuée, ravagée, extasiée, je ne m'effondre sur le drap et, anéantie, y reste définitivement immobile. J'ai l'impression d'avoir joui à répétition ! Deux, voire trois fois successivement ! Putain, elle est aussi douée que ma Wilma !
Alors...
Alors seulement, Camelia rampe sur le lit, vient presser son corps bouillant contre le mien.
Et pleure. De joie, du bonheur qu'elle m'a donné.
Pleure de tristesse aussi.
Elle s'épanche, raconte sa misère, sa solitude extrême. Son mari brutal, ce vieux salaud de près de cinquante ans qui l'a littéralement acheté à ses parents sous promesse de redorer leur blason, réparer leur château, leur rendre leur gloire. Il l'a achetée, pour son titre, rien que pour ça. Pour que le fils que la donzelle lui donnera soit comte à sa naissance, car elle est unique héritière du titre. Lui n'en bénéficiera pas mais peu lui importe, le Kayser, suite à une bataille gagnée avec son aide, le surnomme baron. Lequel baron vient régulièrement "honorer" sa femme, en deux temps-trois mouvements : elle est trop maigre, pas assez mamelue, pas assez gironde pour lui plaire. "Même ton cul est trop plat pour que je trouve quelconque plaisir à le défoncer" lui a-t-il même jeté. Jamais il ne l'embrasse, ne la caresse ou la câline. Il l'embroche, la tronche dit-il, la baise vite fait avant de s'en retourner dare-dare retrouver ses opulentes et grasses maitresses qui l'attendent dans "son" appartement. Camelia me raconte l'extrême goujaterie de son mari, quelques tristes choses encore à son sujet.
Elle m'explique aussi, que quand il vient la sabrer, elle profite de son départ, heureusement toujours précipité, pour s'administrer de puissantes douches vaginales à l'aide d'une grosse poire et prie pour qu'aucune parcelle de cette semence haïe ne la féconde jamais.
Et si elle maigrit, c'est seulement pour lui déplaire davantage, être plus mince encore pour lui qui n'aime que les matrones grasses et pourvues d'énormes loches : elle se fait vomir, rendre toute nourriture à chaque fois qu'elle le peut après les repas.
Je suis étourdie par le flot de ces aveux et ma peine est immense pour cette jeune femme, à peine plus âgée que moi. Des bouffées de tendresses et d'amour me font l'embrasser, la bécoter, bisouiller cette pauvre comtesse pendant longtemps encore. Jusqu'à ce que, rompue par ses émotions, la prussienne ne s'endorme.
L'après-midi a filé vite et le soleil d'avril baisse rapidement, d'autant que le ciel est lourdement ennuagé. Rentrant chez moi, je réalise mon bonheur : je n'ai pas de titre nobiliaire, pas de robes à froufrous ni de vaisselle en fine porcelaine, mais moi, personne ne m'achètera ! Je choisirai moi-même l'homme qui partagera mes lendemains, me chérira et me fera... jouir. Un homme dont je serai la fabuleuse princesse !
J'ai d'ailleurs une idée assez précise du portrait de ce fringant galant ...
Une escouade de cavaliers déboule dans la rue. Où cavalent-ils ces malfaisants, à qui vont-ils s'en prendre cette fois les casques à pointe ?
Je me jette sur le côté pour ne surtout pas les gêner ces barbares, pour ne pas prendre un mauvais coup ou être renversée par un de leurs canassons. Ce serait bien triste d'être blessée alors que je vais pouvoir concrétiser ce soir un certain projet...
Cette idée m'émoustille. Mon petit trésor a beau avoir été gentiment chahuté par les soins experts de la comtesse, il n'en est pas moins excité. Me glissant sous un porche, je plonge sa main dans mon entrejambe, découvre, mi embêtée mi ravie, que j'ai oublié ma culotte dans la chambre de Camélia. Ma foi, il n'en est que plus aisé pour moi de ramignoter mes nymphes au fond de ma fente, les faire disparaître dans ma coquillette et resserrer mes grandes lèvres dégonflées. Satisfaite, je reprends mon chemin en remuant deux-trois fois mon popotin, histoire de parfaire la remise en ordre de mes lèvres intimes. Je m'arrête quelques courts instants chez une amie, puis court presque pour aller préparer le repas du soir.
J'ai décidé de certaines choses : premièrement, Mamama dînera tôt ce soir et sera couchée dans la foulée. De toute façon, qu'elle dorme dans son fauteuil ou dans son lit, qu'est-ce que ça change ? La pauvre, passé quatre heures, n'ouvre quasiment plus les yeux.
Deuxièmement, le forgeron attendra son repas du soir un peu plus longtemps que d'habitude, après le coucher de Mamama et non avant.
Troisièmement, j'emporterai chez lui une double collation : ce soir, nous dineront ensemble, lui et moi. Ce qui sera une première !
Par contre, je réalise que j'aurais peut-être intérêt à prévoir un repas froid : nous risquons de dîner tard si tout se passe comme prévu.
Et je ne vois pas vraiment pourquoi cela ne devrait pas bien se passer en fait !
Après avoir fait diner Mamama, l'avoir lavée, frictionnée et préparée pour la nuit, dès que je l'entends ronfloter, je prends mon panier, la salade de carottes et de blettes et quelques belles tranches de kassler, délicieux filet de porc légèrement fumé. Je me recoiffe, me passe un coup d'eau sur la frimousse et dans mon... entrejambe.
Je pousse la porte de la forge, la referme en bloquant le pêne et j'entre dans la cuisine-chambre à coucher du célibataire. Comme souvent le soir, je trouve Changala en train de faire ses ablutions : il est torse nu, pantalon baissé aux genoux. M'entendant entrer, le bonhomme remonte précipitamment son froc : trop tard, j'ai eu le temps d'apercevoir ses fesses blanches, bien rondes et bien pommées.
"Joli cul" je me dis, coquine égrillarde qui admire aussi le dos musclé de l'artisan qui déjà enfile une chemise.
— Tu... tu... tu viens... ta-ta... tard ce soir !
— Oui, j'ai couché Mamama, elle était fatiguée, signifiant par là-même que je suis libre pour la soirée. "Et du coup, si tu veux bien, on dine ensemble ce soir. Tous les deux... en amoureux", j'ajoute sur le ton de la plaisanterie.
Le forgeron rougit jusqu'aux oreilles et décontenancé, boutonne sa chemise de travers, attachant Pierre avec Paul.
— Tu... tu dînes a...ah...avec...moi ?
— Oui, et toi, tu... tu... tu... te-te pay...payeuh ma-ma... bobo... bobo...bobinette !
— Mais...mais...mais...
Pointant un index rageur sous le nez de l'artisan, je crie :
— T'arrêtes ça tout de suite mon bonhomme. Ça suffit ton bégaiement à la noix !
— Mais... mais
— Arrête ! Je t'ai entendu hier soir !
Les poings ancrés sur mes hanches, je répète mot pour mot sa tirade de veille :
— Je cite : Bon dieu, cette fille va me rendre complètement fou ! Qu'est-ce qui lui passe par la tête à cette délicieuse diablesse gracieuse? Elle m'enflamme mes sens et fait grimper mon mandrin à m'exposer son petit panier croquignolet !!
Mon Changala, tout penaud ne dis plus rien.
— Une belle et longue phrase, prononcée haut et clair, sans bafouiller une seule fois ! Alors, que dis-tu gredin ?
Le bonhomme tangue, balance d'une jambe sur l'autre. Éprouve le besoin de s'assoir : il attrape une chaise et pose lourdement ses fesses dessus. Il est décontenancé mais assume : son regard ne quitte pas le mien.
— C'est vrai... je ne bégaie pas au... autant que je voudrais le faire... croire. Un peu quand... même ! Mais ça m'arrange bien de passer pour... pour un benêt. On me laisse tran... tranquille !
— Ah, c'est donc ça ! Tu veux que JE te laisse tranquille ! C'est bien ça ? je demande en feignant de m'énerver.
Changala lève ses mains affolées pour signifier que non.
— Non-non ! Non, pas toi ! ... Toi...
— Quoi, moi ?
— Toi, répond le maraud en baissant la tête cette fois, toi, tu m'intimides...
— Moi, je t'intimide ! Moi, avec mes quatre-vingt-deux livres ! Moi qui n'est que vingt et un ans, j'intimide un gaillard de trente...
— Deux. Trente-deux ans.
— Ben t'es pas si vieux que ça, mon loulou, je réponds en caressant tendrement la joue du gars.
Coquine effrontée, je saute sur les genoux du bonhomme. Qui reste les bras ballants, ne sachant où poser ses mains.
— Et donc, c'est de moi dont tu parlais hier soir ?
Le forgeron déglutit douloureusement :
— Oui, tu es si...
— Si quoi, je demande encore en me pressant contre le torse du pauvre garçon qui n'en peut plus.
— Si joliette, si fraîche, si attirante...
Pour toute réponse, je viens prendre ses lèvres.
D'abord, ébahi, l'homme ouvre à peine sa bouche. Mais j'insiste : les lèvres s'ouvrent et... la furie nous prend. Nous nous embrassons passionnément, furieusement ! Baisers enflammés, mouillés, profonds, langues affolées, souffles courts. On se dorlotent, on se câline, on se pressent l'un contre l'autre.
J'ai bien compris que mon amoureux reste vaguement paralysé par la situation. À moi de prendre les initiatives qu'il convient de prendre si je veux parvenir à mes fins. Une main s'insinue sous la chemise de Changala, caresse les pectoraux, tournicote sur un téton. Je lui prends sa main et la pose sur mon sein. Craintif, le timide caresse la pomme reinette, flatte le petit fruit, s'enhardit.
— Ça ne te dérange pas de manger froid ce soir ?
— Si tu continues à m'offrir tes lèv... lèvres brûlantes, je me fous de manger ou pas !
Le maraud abaisse mon décolleté, met au jour un de mes seins et sa bouche vient délicatement se poser dessus, lèche le téton foncé, le sent s'ériger encore sous la pression de ses lèvres. Il s'anime le bougre, le deuxième nichon est dévoilé, des doigts s'en emparent, le flatte, le papouille : je suis heureuse, c'est la première fois de ma vie que la bouche et les doigts d'un HOMME prennent ainsi possession de mes petits trésors. Un homme, mon homme, l'homme que j'ai choisi ! Je suis aux anges d'autant que mon amoureux se montre tendre et attentionné. Les grosses mains calleuses du forgeron se font légères, attentionnées, aériennes sur mes seins menus, des nichons qu'il a bien l'air d'apprécier, qu'il ne moque pas surtout.
— Oh Maja, j'aime tes seins menus, ces adorables pommes d'amour si fières ! Et j'aime ta peau ma chérie, si douce et si chaude.
Je le laisse savourer encore mes fruits veloutés. Longtemps. C'est si bon que mon triangle intime s'embrase !
Je me lève tout à coup, pousse mon timide à faire de même. Je me recule de deux pas, et saisissant le bas de ma robe légère, je la fais passer au-dessus de ma tête.
Me voilà nue, totalement nue, fièrement nue ! Exposée aux regards de mon amoureux ! Et Dieu que j'aime le regard ravi, enchanté, qu'il promène sur mon corps. J'aime ses yeux ébahis qui après mes seins s'attardent sur mon ventre, sur ma motte crépue, sur mon sexe glabre.
Changala, après une seconde d'hésitation, enlève précipitamment sa chemise, fait tomber son pantalon. Réjouie, je découvre son sexe dressé, une belle queue tendue, large et épaisse. Le mandrin pointe fièrement : je n'aurai pas à tomber à genoux pour l'exciter. Pas dans l'immédiat en tous cas !
Je pousse mon bonhomme contre le bord du lit, prend sa main et la porte entre mes cuisses ouvertes. Changala ouvre de grands yeux en sentant sous ses doigts la crèche inondée, incendiée, dégoulinante de cyprine. Je le laisserai la lécher ma foune, le ferai boire à ma fontaine. Plus tard. Après.
Car là, l'urgence est ailleurs. Autre !
Je pousse son amant sur lit, m'effondre sur lui. Nos bouches se retrouvent, avec passion. Je suis brûlante de fièvre et de désir. J'ondule sur le corps alangui mais si prodigieusement tendu. Je frotte mon pubis sur la queue érigée, inonde le mat de ma mouille, glisse le mandrin entre mes lèvres enflammées. Je le branle mon Changala et me branle tout en même temps, ma praline monte et descend sur le braquemart, le laisse frotter mon bouton sensible.
Délaissant la bouche avide qui me mange, je me redresse, toise le drôle, plonge mon regard dans le sien, un petit sourire attendri et canaille aux lèvres. Je saisis alors la pine et l'enfourne gaillardement dans mon bijou, jusqu'à la garde ! D'un coup !
Je reste, nous restons immobiles un instant, éblouis et surpris par cette connexion ensorcelante qui nous fusionne, avant d'entamer la danse immémoriale des amants impatients. Je monte, redescend sur le chibre, lentement d'abord, accélérant les allées et venues jusqu'à sauter finalement, démente, sur la gaule qui me dévaste si merveilleusement la boutique. Je sens le membre magnifique, chaud, doux et fier emplir parfaitement mon échancrure douillette, ma gaine veloutée ennoyée de liqueur.
Je suis démente, furie, m'active sur le manche à m'en démonter le tiroir. C'est si bon ce sacristain qui fourre mon bénitier que je hurle une prière :
— Mon Dieu tout puissant, faites-moi tenir jusqu'à sa jouissance ! Qu'il vienne en moi, déverse son foutre brûlant dans ma chagasse en feu, mon berlingue de salope avide !
Bon, c'est vrai, la prière a tourné au blasphème mais je m'en fous comme de ma première communion. Tout ce que je veux, c'est qu'il explose en moi, m'incendie de son jus d'homme, me retapisse la chatte. Et que nous jouissions ensemble !
Ce qui arrive brutalement : j'ai senti les tremblements de son mandrin dans mon vagin agité par mille contractions fabuleuses. Oui, nous partons ensemble, queue et moule unies et confondues dans le plaisir bouleversifiant d'un orgasme qui nous fait hurler de concert.
— Putain, c'est trop bon, hurle-t-il !
— Putain, c'est trop bon, je répète, à court de vocabulaire !
Quand la tempête qui nous a dévastés se calme un tantinet, quand nous émergeons des limbes délicieux, heureux, épanouis, nous nous embrassons tendrement. Longuement.
Avant de nous jeter dans mille et une autres folies.
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C'est au petit matin que je rejoins mes pénates, recrue de fatigue mais ensoleillée de félicité. Le phallus du forgeron a, pour mon plus grand plaisir, bégayé un si grand nombre de fois que j'en ai perdu le compte. J'ai le magasin en vrac, sensible et échauffé, la rondelle de mon cul douloureuse, le corps laminé par les coups de butoir de mon sabreur chéri. Dommage que je ne sois pas dans ma période car sinon, cette nuit, il m'aurait fait huit ou neuf bébés d'un seul coup !
Mamama se réveille alors que je me glisse dans le lit.
— Tu rentres bien tard petite. Ou bien très tôt. Dis-moi, aurais-tu enfin trouvé un couvercle pour ton pot ? Le forgeron s'est finalement déclaré ?
Sacrée Mamama ! Elle a deviné !
— Disons que je l'ai un peu aidée...
— Tu as bien fait Maïdala (NDLR : petite demoiselle), tu as bien fait. C'est un brave homme et il te rendra heureuse !
Ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas parlé autant ma bonne vieille mamie ! Et je la trouve bien revigorée ce matin. C'est une belle journée qui s'annonce !
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Voilà, il ne s'est donc effectivement RIEN passé le 17 avril 1891 au numéro neuf de l'Impasse des Canards. À peine plus au numéro sept, maison sur laquelle un propriétaire malicieux est venu apposer sur sa porte, plus de cent trente ans plus tard, une certaine plaque émaillée. Il a fait ça par jeu le drôle, pour la blague. Je sais parfaitement qu'il n'était pas au courant des folles turpitudes de Maya et Changala dans la nuit du 17 au 18 avril 1891.
Je le sais car tout ce que je vous ai narré ici, mot pour mot, avec force détails, tout cela est issu de mon... imagination : "Toutes ressemblances avec ..."
Pardon ? Que dites-vous ? Quid des lendemains qui chantent pour Maya et Changala ? Pour Mamama ? Quid de la jolie teutonne triste ? Qui est cette Wilhelma ou Wilma, lesbienne qui jouerait avec Maya ? Quid du vilain-méchant Ober-Leutnant ? Quid du curé priape ?
NON, ne me poussez pas !
NON ! Vous risqueriez d'en reprendre pour vingt pages minimum ! Avouez que ce ne serait pas raisonnable !
... Ah, c'est donc ça : vous n'êtes pas RAISONNABLES !
OK !
Mais ne venez pas vous plaindre ensuite que mes histoires sont trop longues ! Un conseil alors, effeuillez l'éphéméride date par date...
À suivre
le 17 avril 1891
il ne se passa
strictement
RIEN
Cette plaque émaillée, apposée sur une maison d’époque, me fait gentiment rigoler !
La blagounette est amusante mais immédiatement mon esprit se met à mouliner : ne s’est-il vraiment rien passé dans cette maison ce jour-là ?
Une recherche sur le net m’apprend ce que je savais déjà, à savoir que cette plaque humoristique se retrouve dans bon nombre de villes et villages de France et de Navarre. Sinon, rien de particulièrement marquant n’a l’air de concerner cette date, ni en France, ni en Allemagne. Je me promène en effet dans un village alsacien qui à cette époque était sous le joug allemand depuis déjà dix ans.
Mon imagination vagabonde...
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Dans la cuisine de ma petite maison, je termine d’écosser des petit-pois. Tout à l'heure, je reprendrai mon travail de couturière mais pour l'heure, il s'agit de préparer le repas de midi. Sitôt qu'ils seront écossés, les petits pois fileront dans une casserole avec un beau morceau de lard. En fin de cuisson, je rajouterai une saucisse de Montbéliard (on continue à les nommer ainsi ces saucisses, bien que l'administration allemande bannisse toute appellation sonnant français). Des pommes de terre en rondelles, sautées à la poêle accompagneront notre frichti du jour.
Le lard sera coupé en trois tronçons inégaux, deux presqu'identiques pour Changala et moi, mais le dernier, sera plus petit car destiné à Mamama, ma grand-mère, qui n'a plus beaucoup d'appétit désormais et que je dois, certains jours, nourrir à la cuiller. Je découperai le Montbéliard en rondelles, n'en gardant que trois pour moi. Le reste est destiné à mon voisin célibataire à qui je fournis ses repas de midi et du soir, sachant que l'artisan participe assez généreusement à nos frais de bouche.
À travers le mur, j'entends justement les coups réguliers assenés par le forgeron sur son enclume. Sacré gaillard que cet homme-là qui porte bien mal son nom : si Changi se traduit en effet par "Jean", Changala signifie "petit Jean": or, l'homme est immense, il est aussi grand et large que l’énorme armoire à linge de la chambre que je partage avec Mamama. Il est fort le gars, rustre aussi et peu bavard. Je dois reconnaître que gamine, je l’ai craint et évité pendant des lustres, jusqu’au jour où, jeune adolescente, un soldat allemand a tenté de me forcer dans un fourré.
Le soudard m'avait suivie dans le sentier prolongeant l'impasse, menant à des parcelles où les familles du quartier cultivent des légumes et entretiennent quelques fruitiers...
Je suis à croupetons et récolte des oignons quand le type me pousse violement. Je tombe à plat ventre, ma robe et mon jupon sont troussés haut et le ruffian tente de m'enlever ma culotte. Il parvient seulement à l'abaisser jusqu'à dénuder mes fesses mais me glisse brutalement la main au panier. Aviné, maladroit, le rustre n'arrive pas à franchir le rempart du tissu mais presse fortement ses doigts sur ma fente. Je suis largement plus grande que mon agresseur, je parviens à me retourner sur le dos en repoussant la brute qui, malheureusement, revient s'étaler de tout son long sur moi. Il déchire mon corsage en deux et plote mes petits seins. Il vient fourrer son groin dans ma poitrine et me mord durement un téton.
La douleur décuple mes forces, je rue mais ne parviens pas à me dégager. Je hurle à pleins poumons, me débats furieusement. Le reître, passablement saoul, défait difficilement sa ceinture, abaisse son pantalon et ripe au-dessus de moi dans l'idée de me fourrer son sexe encore amolli dans la bouche.
J'ai alors la réaction qu'il faut : je saisis ses roubignoles et les tord aussi fort que je peux, dans un sens puis dans l'autre. Et rebelote ! Fou de douleur, l'homme m'expédie son poing en plein visage. Je m'évanoui quelques instants.
Heureusement, le forgeron a entendu mes cris et s'est rué dans le sentier. Il saisit le salopard par le colbac : celui-ci a complètement déchiré ma culotte et alors que, revenue à moi, je sens qu'il s'apprêtait à pénétrer mon minou ! Changala le ramène suspendu à sa pogne dans l'impasse avant de le faire voler dans la ruelle où le fantassin se ratatine contre une pierre d’angle. Se relevant difficilement, le casque à pointe s’était alors enfui tout penaud, pantalons aux chevilles, sous les risées et quolibets des riverains.
Changala était revenu dans le sentier alors que je reprenais doucement mes esprits, m'avait soulevé et pris dans ses bras. Cachant avec son bras hypertrophié ma poitrine dénudée, il m'avait ramenée chez moi.
Depuis, je vouais au géant une reconnaissance éternelle, reconnaissance qui s'est teinté d'attirance avec le temps.
Il aurait pu payer cher cet acte de bravoure le forgeron : heureusement, le bonhomme était précisément en train de réaliser des grilles en fer forgé destinée au Rathaus de la ville. Une mairie également résidence de l'Ober-Leutnant allemand gouverneur de la place, un sale boche qui n'avait pas voulu que le chantier prenne du retard. Jugé pour "rébellion contre l'autorité impériale", Changala n'avait écopé que de quatre jours de prison, peine extraordinairement clémente qu'il purgea du Vendredi Saint au Lundi de Pâques, jours nouvellement fériés en Alsace.
Je m'appelle Maja. Ce prénom est la traduction germanique obligatoire de Myriam, mon nom de baptême. Si, à l'instar de l'immense majorité de mes compatriotes alsaciens je déteste cordialement le Saint Empire Germanique et le Kayser, je me satisfais néanmoins de ce nouveau prénom, court et qui sonne joliment à mes oreilles.
À vingt et un ans, je suis, dans l'absolu, une jolie jeune fille mais, tranchant totalement d'avec le reste de la population, je suis passablement rejetée. Grande, très grande, je dépasse largement toutes les filles de ma génération. Ma haute taille est encore renforcée par ma fausse maigreur. Si je ne suis sans doute pas aussi gironde que beaucoup d'autres, mon impression de minceur excessive est due aux vêtements amples que je choisis, à dessein, de porter pour cacher mes formes. Mon absence de formes plutôt, car ma poitrine est bien maigrelette. Et du coup, inexistante sous mes larges chasubles.
De mon père (dont je n'ai pas de souvenirs, le soldat originaire des Iles lointaines ayant été tué à Sedan), de mon père donc, j'ai hérité un teint très sombre et hâlé, café au lait et une très abondante chevelure noire de jais, vaguement crépue qui m'ont valu dès la prime enfance quantités de surnoms infâmants tels que négresse, noireaude ou sarrasine. Sorcière aussi : différente, je deviens forcément suspecte et ma couleur de peau de métisse fait de moi une étrangère sans nul doute liée aux pratiques sataniques ! Pauvres imbéciles incultes !
De ma mère alsacienne (morte en couches à ma naissance), j'ai les yeux d'un bleu pâle et lumineux, mais donc, et je m'en désole, pas de son opulente poitrine. Mes pêches des vignes me paraissent bien ridicules, voire déshonorantes car couronnées de surcroit, de tétons fort sombres et larges. Rien à voir avec les blondes du cru dont j'ai aperçu parfois à la rivière les lourdes poitrines laiteuses et tétins rosés croquignolets. Quant à mes hanches étroites et mes petites fesses serrées, elles renforcent encore mon allure masculine.
Une chose me fait plaisir par contre : à l'instar de mon père (c'est Mamama qui me l'a raconté), je suis pratiquement imberbe. Si j'ai une chevelure fort abondante, je n'ai pas de poils sur le corps, les jambes ou les bras, à peine un duvet léger sous les aisselles. Plus bas, une petite forêt noire, dense et très frisotée sur le pubis. Rien à voir avec les tabliers de sapeurs, plus ou moins blonds, qui engloutissent les chats de filles d'ici. Moi, mon barbiquet est précisément vierge de... barbe ! Les rares garçons que j'ai connus ne se sont jamais plaints de mon petit con tout nu. Bien au contraire !
Fort peu de garçons en fait puisque je suis plus ou moins mise au ban de la communauté. Tout comme son voisin, mais lui pour une autre raison : affecté d'un bégaiement prononcé, il passe pour benêt, voire simplet et est sujet aux moqueries des gamins. Je sais pour ma part qu'il est bien finaud et plus intelligent que bon nombre ! Comme quoi, dès qu'on est un peu différent de la majorité...
Dans le noir de sa chambre, quand Mamama ronfle, je laisse souvent glisser mes doigts sur mon corps. C'est qu'il se manifeste mon corps, ses besoins me travaillent. Cela dit, je n'ai guère de fantasmes et encore moins de souvenirs pour alimenter mes caresses solitaires. Le seul que je conserve et chérisse un peu est Guschti, mon amoureux de seize ans qui m'avait volé mon pucelage lorsque j'en avais quatorze. Voler, n'exagérons rien, ce n'est pas le terme qui convient. Je m'étais volontiers laissé faire à l'époque par le coquin. Je m'étais offerte et j'avais apprécié chaque étape de notre relation coquine. Sans être réellement amoureuse de lui, je lui avais cédé car il était tendre et caresseur. Si je lui ai toujours refusé l'accès à mes seins, j'avais adoré qu'il me fourrage l'entrejambe, titille ma perle. Et j'avais connu une jouissance aussi singulière qu'affolante quand le garçon était venu me lécher mon maljoint ! Un traitement aussi ahurissant qu'inattendu que je n'aurais jamais pu imaginer ! Qu'il vienne me lécher mon trou à pipi m'avait stupéfiée. Le bonheur immense donné par les léchouilles sur mes lèvres brûlantes, les butées répétées de son nez sur ma perle sensible m'avaient fait faire le grand saut dans le vide sidéral d'un plaisir asphyxiant !
Aussi, je lui avais immédiatement rendu la pareille en prenant en bouche sa petite saucisse : le drôle n'avait pas été long à m'envoyer une certaine purée acre et salée que je n'avais pas réellement adorée. Mais bon, il avait joui lui aussi, cela nous remettait à égalité.
Quand quelques jours plus tard, il avait parlé de glisser sa Strasbourg dans mon Saint-Frusquin, je n'avais pas hésité longtemps. Faut dire qu'il m'avait promis que l'opération me procurait un plaisir explosif qui relèguerait au rang de pétard mouillé celui que j'avais connu lorsqu'il avait léché mon pruneau. Il m'avait pénétrée en levrette, mais son spatz allant et venant dans ma madeleine ne m'avait donné qu'un plaisir bien mitigé, somme toute largement moins ahurissant que celui éprouvé lors de l'inattendu broute-minou. J'étais resté sur ma faim, ce qui précisément avait mis... fin à notre relation.
Quant aux deux autres garçons que j'ai connus par la suite, je préfère oublier leurs saillies brutales et égoïstes : ceux-là m'ont juste fait réaliser que la nature n'avait pas été généreuse avec le pauvre Guschti, que sa fine et courte Francfort ne valait pas un bon Montbéliard ou autre Jésus de Morteau pour combler mon échancrure. Mais c'est tout de même bien Guschti et surtout, le souvenir délicieux de son pèlerinage à mes sources chaudes, qui conduisent mes doigts à défriser mes nymphettes, à tirlipoter mon champignon et à m'engouffrer une longue coloquinte grenue et profondément veinée, à l'extrémité courbée et merveilleusement renflée dans mon tiroir à saucisses.
Bac à légumes du coup, la cucurbitacée qui écarte mes muqueuses, comble ma coucougne et m'explose l'utérus est de loin mon légume préféré (bien que non consommable) pour m'expédier dans les étoiles. Bon, en saison, certaines courgettes torves ou gros concombres se révèlent intéressants en remplissant parfaitement mon terrier rose.
À côté de Mamama qui ronfle comme un sonneur, je ne crains pas d'activer la coloquinte dans mon atelier : cuisses honteusement écartées, je me branle avec une furie désordonnée, activant mon champignon pour déclencher le moment venu mon transport sidérant dans les vignes du Seigneur, les champs étoilés et les infinis espaces des cieux illuminés.
Ma pauvre Mamama s'affaiblit de jour en jour, passe le plus clair de son temps calée dans un fauteuil. C'est elle qui m'a élevée et je lui en ai une infinie et tendre reconnaissance.
Quand elle émerge parfois, c'est pour me convaincre de trouver enfin chaussure à mon pied. Comme je lui répond que mon physique me relègue au rayon des rebus, elle me répète qu'il y a couvercle pour chaque pot et que le mien de pot, est bien assez croquignolet pour contenter un brave homme.
Elle ne peut plus faire grand-chose dans la maisonnée Mamama et je me désole de la voir dépérir si graduellement. Elle est ma seule famille. Je lui envoie des petits sourires tout en effectuant mes travaux de ravaudages, lui adresse une tendre caresse quand je vais la faire boire à petites gorgées les décoctions que je lui prépare pour calmer sa toux persistante.
Après les soins que je lui porte, après les travaux ménagers et potagers, je ravaude, coupe et coud tout au long de la sainte journée. Sauf quand je lis : je récupère en effet des ouvrages dans la bibliothèque paroissiale. La plupart des livres sont des bondieuseries soporifiques mais la lecture de l'Ancien Testament m'offre des passages intéressants que mon imagination débordante a tôt fait de prolonger et détailler en séquences terriblement dépravées et joyeusement excitantes. D'autres ouvrages, notamment ceux prêtés par le Père Unterfinger participent à mon éducation et à ma culture. À défaut de courir les garçons, je m'enfile des bouquins.
Mais à part cela, mes journées sont longues et monotones.
Du moins, jusqu'à hier : deux soldats accompagnés d'un gradé sont venus me chercher chez moi, m'enjoignant à prendre mon sac à couture. Ils m'ont alors conduite au Rathaus. Je suis entrée vaguement tremblante dans l'Hôtel de Ville. On m'a alors menée à l'étage, jusqu'aux appartements de l'Ober-Leutnant, commandant de la ville, ou plutôt, dans ceux de son épouse. Là, la femme du militaire m'a reçue, se montrant particulièrement aimable et chaleureuse. Elle m'a même offert le Kaffee-Kuchen comme si j'étais de ses amies : je peux dire que j'ai dégusté avec gourmandise les pâtisseries au chocolat accompagnant le breuvage fort.
Madame l'Ober-Leutnant, Camelia de son prénom, et de surcroit Comtesse de Holstein, voulait me demander de reprendre un certain nombre de ses robes. La très jeune épouse du militaire disait avoir sensiblement maigri depuis quelques temps. Je me suis bien gardé de lui demander les raisons de cet amaigrissement mais j'ai lu dans le regard de l'allemande une certaine langueur et beaucoup de tristesse.
Passant ensuite dans un cabinet de toilette, la prussienne s'était déshabillée.
— Nous serons parfaitement tranquille ici, m'avait-elle expliqué en portant ses mains sur sa bouche, ses yeux, puis ses oreilles.
La mimique m'avait bien surprise... mais j'en avais compris le sens.
Souriante, comme libérée tout à coup, la schleue avait abandonné son langage compassé. Elle n'avait conservé sur elle que son corset et sa culotte en dentelles pour que je puisse prendre ses mesures. Noirs ces sous-vêtements : c'était bien la première fois que je voyais des dessous noirs. Je n'avais même jamais imaginé que cela puisse exister ! J'étais fascinée. Avant que je puisse prendre ses mesures, la teutonne s'était assise, m'invitant à faire de même en face d'elle. J'étais stupéfaite que la comtesse se mette en pareille tenue pour me faire la conversation : à travers les dentelles ajourées de son corsage pointaient résolument, je le voyais bien, des petits tétons rosés fripons. Quant à sa culotte, elle ne cachait rien de son buisson blond dont les poils traversaient la dentelle arachnéenne.
La prussienne avait pris mes mains dans les siennes et notre conversation avait repris, à bâtons rompus. L'allemande m'avait interrogé sur ma vie, mes amours (le sujet ne nous avait pas occupé bien longtemps !), mes occupations, ma grand-mère affaiblie, proposant même le passage, à sa charge, de son médecin personnel pour ausculter la vieille dame. Une proposition que j'avais acceptée bien que sachant que ma pauvre aïeule consumait désormais ses ultimes forces. Mais que le docteur lui fournisse médications et potions pour soulager ses douleurs serait une bénédiction.
La sollicitude de Dame Camelia m'avait émue et au-delà, j'avais été touchée par son intérêt pour les petites gens. La prussienne n'avait pas caché qu'elle comprenait la silencieuse mais sourde rébellion du peuple alsacien contre les diktats impériaux, tel que l'abandon total du français et même du dialecte local sous peine de dure répression. Le Hoch Deutsch était imposé, à grands coups de triques à l'école... allemande !
Je m'étais demandé si ces propos n'étaient pas une provocation pour me piéger mais la compassion que j'avais lue dans son regard m'avait finalement convaincue de sa sincérité.
D'hostile au départ, j'en étais arrivé à une forme de sympathie circonspecte. D'autant, qu'au fil de la conversation, j'avais ressenti une tristesse profonde et une frustration ancrée chez la teutonne qui n'avait cessé de me caresser la main pendant tous nos échanges.
Une sympathie doublée d'une attirance carrément sexuelle à force de loucher sur ses appas si impudiquement exposés. Bref, je mouillais !
La comtesse avait fini par se relever pour se soumettre à la prise des mesures. Elle était vraiment gracieuse la chleue : un joli et frais minois, ses yeux marrons donnant du relief à son expression. Sa chevelure blonde vaguement frisottée lui tombait jusqu'au creux des reins et sa peau claire n'était pas laiteuse comme beaucoup d'autres : elle avait un grain somptueux.
À peine l'avais-je effleuré que je l'avais sentie frémir. J'avais vu sa peau se hérisser quand j'avais posé mon mètre sur sa poitrine ou ses hanches, nues entre le corset et la culotte. Sur sa taille et le bassin aussi. Plus encore, lors de la mesure de la cuisse gauche : j'avais cru sentir une certaine chaleur émaner du delta de la jeune femme. Je m'en étais étonnée certes mais plus encore amusée, et, perverse coquine, j'avais poussé l'expérience jusqu'à prendre la mesure, complètement inutile, de la cuisse droite. Le dos de ma main avait "très malencontreusement" frôlé son triangle intime et la blonde avait lâché un petit cri de surprise. L'humble retoucheuse que je suis s'était platement excusée de sa maladresse mais la comtesse m'avait rassurée d'un sourire. Trouble sourire ? Peut-être même... engageant.
Mais nous en étions restées là ce jour-là. Emportant sous son bras deux robes à retoucher, je m'étais étonnée de ressentir une certaine compassion pour cette teutonne que j'aurais normalement dû a priori détester. La comtesse était charmante, indubitablement, et triste de surcroit. Une profonde tristesse rampante qui m'avait émue. Et je ne parlerai pas de l'incendie qui ravageait mon entrejambe !
Rentrée chez moi, j'avais travaillé d'arrache-pied sur les robes. Si la comtesse était légèrement plus petite que moi, elle avait un gabarit quasi identique au mien. Des seins bien plus fiers et arrogants que les miens certes, mais pour le reste, ses mensurations étaient identiques. Je m'étais follement amusée à enfiler ses robes pour jouer à la princesse !
Profitant de la nuit tombée, j'avais même gardé une de ses robes pour aller apporter le brouet du soir au forgeron mon voisin. Celui-ci avait ouvert des yeux ronds comme des soucoupes quand j'avais débarqué ainsi vêtue dans son logis. Ébahi le bonhomme ! Telle une donzelle, j'avais froufrouté dans sa cuisine, faisant voler la robe bien haut sur mes cuisses et j'avais vu le gars s'empourprer violement quand, parfaitement indécente et résolument provocatrice, j'avais troussé la robe à ma taille, révélant un bref instant mon entrejambe et mon petit cul rondelet. Comme je ne portais pas de culotte, il avait eu droit au spectacle affriolant de mon petit minou tout emperlé de mouille !
Changala en était tombé assis sur sa chaise et avait bredouillé comme jamais des paroles incompréhensibles. Friponne, j'avais foncé sur lui pour lui coller un baiser sur le front. M'enfuyant ensuite, j'avais bien claqué la porte de la cuisine mais j'étais restée quelques instants derrière l'huis, tendant l'oreille, curieuse de savoir comment le bougre allait réagir à mon exhibition. À ma provocation !
Ce que j'entendis ne fut pas le paluchage forcené du bonhomme excité par la vision de mon jardin céleste, ce qui m'aurait largement amusée et émoustillée. Enfin, émoustillée, je l'étais déjà, mon coquillage ruisselait ! Non, pas de branlette effrénée mais quelque chose de bien plus surprenant !
— Bon dieu, entendis-je en effet, cette fille va me rendre complètement fou ! Qu'est-ce qui lui passe par la tête à cette délicieuse diablesse gracieuse ? Elle m'enflamme les sens et fait grimper mon mandrin à m'exposer son petit panier croquignolet !
Des paroles adorables certes, joli compliment pour sûr, saluant mon audace provocatrice, mais une tirade inexplicablement prononcées haut et fort... sans le moindre bégaiement !
"Oh, le maraud, le fourbe, le mécréant" me dis-je alors. "Tu sais articuler correctement ! Attend mon bonhomme, tu te gausses de moi ! Ben ça, mon gars, tu ne l'emporteras pas au paradis !"
Je réfléchis quelques instants, pensant tout excitée : "Ou alors... jusqu'à mon petit paradis !"
Parce que j'étais bel et bien accrochée, ferrée par l'artisan, consciente d'être attirée par le doux colosse... qui n'avait strictement rien fait pour cela. Bien trop timide le grand dadais trentenaire !
Pour l'heure cependant, j'avais d'autres choses à faire, comme mettre Mamama au lit après lui avoir longuement frictionné le dos et la poitrine avec un onguent d'herbes diverses préparé par mon amie Wilma. Pour que la pauvre vieille respire et dorme mieux. Ensuite, à la lueur de la bougie, je terminais les ultimes retouches : j'avais hâte de retourner chez la comtesse... J'avais compris m'être prise d'amitié pour la saxonne mais également ressenti aussi une tension dont je ne pouvais déterminer précisément la teneur. Quoique...
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Dans sa chambrette du presbytère, Friedrich Unterfinger parcourt un de ses livres préférés : L'Émile de Jean-Jacques Rousseau. Lecture totalement proscrite pour le curé remplaçant de l'abbé Gangloff et par ailleurs aumônier des troupes stationnées dans la ville. Francophile dans l'âme ou pour le moins francophone, cet allemand est originaire de la ville de Schleswig au nord de l'Allemagne unifiée sous l'étendard du Kayser. Le jeune prêtre est réfractaire aux théories de germanisation accélérées appliquées autoritairement par le Reich sur les provinces nouvellement rattachées. Il aime tout autant le Zadig et le Candide de Voltaire que l'Émile de Rousseau, prône, en secret, la plus pleine liberté... libertaire. Ce prêtre souscrit même aux théories du suisse, développées dans la "Profession de foi du Vicaire savoyard". C'est dire s'il est réfractaire et hors la loi. De l'Église et du Reich ! Lectures et positions qui lui vaudrait bien les pires ennuis avec les autorités religieuses et militaires si elles venaient à être connues.
Friedrich ne lit pas vraiment le livre qu'il connait par cœur. Son esprit vagabonde vers des horizons bien différents. Vers "un trou de verdure où chante une rivière".
Il faut dire que le jeune homme n'a épousé la carrière ecclésiastique que sous la contrainte de sa famille : après un ainé dirigé vers la carrière militaire, un second fils industriel pour mener les affaires de la famille, le troisième devait obligatoirement entrer dans les ordres.
Or, le trentenaire est un sanguin que Dame Nature a généreusement accessoirisé ! Si, contrairement à l'horrible Père Gangloff, les servants de messe le laissent totalement indifférents, le moindre cotillon l'émoustille. Qu'une paroissienne vienne lui conter ses frasques en confession, et son membre s'érige aussitôt, se convertissant en fier battant prêt à faire carillonner cloches, clarines et... roubignoles !
Le pauvre curé est fort marri de cet état, complètement tarabusté qu'il est, notamment par une certaine jeune femme dont les formes parfaites le font inévitablement divaguer vers un jardinet enchanté qu'il rêve de biner !
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Dans le cabinet de toilette, j'aide cet après-midi ma noble cliente à essayer une robe retouchée. C'est la deuxième fois que je rencontre la comtesse. Toujours gentille, confidente et de plus en plus proche de moi. Intime. Si intime que notre relation en devient vaguement trouble.
Du coup, je m'amuse de la voir sursauter et frémir lorsque mes doigts malins viennent, très malencontreusement bien sûr, frôler sa poitrine. Aujourd'hui, l'allemande ne porte plus son corset de l'autre jour mais une simple camisole, fine, qui moule joliment ses seins plutôt avantageux. À l'essayage de la robe, je lui empaume résolument les nichons sous prétexte de faire bouffer le décolleté : la blonde lâche un profond soupir, se mord les lèvres, arque involontairement son corps et bascule brièvement sa tête en arrière. Elle a le rouge aux joues.
— Je suis désolée, dis-je dans un souffle, je ne voulais pas être...
— Non-non, me coupe la comtesse. Aucun souci, c'est moi qui...
La jeune femme ne termine pas sa phrase mais je la vois clairement presser longuement et fortement ses cuisses entre elles. Serait-elle en train de juter la garce ? Je suis amusée de la voir ainsi manipulée par ma petite personne.
L'essayage terminé, l'allemande reste en camisole et culotte et exhibe une chemise de nuit en dentelles parmes qu'elle plaque contre son corps.
— Maja, pourrais-tu raccourcir cette chemise ?
— Ma foi oui ! Enfilez-la que je puisse marquer la coupe.
La prussienne se tourne, enlève sa camisole et passe la chemise sur ses seins nus, trousse les fines dentelles ajourées. Je saisis l'ourlet et replie le vêtement vers le haut : la chemise ne descend désormais guère qu'à mi-cuisses.
— Est-ce assez là ?
— Encore, répond ma cliente.
Je trousse à nouveau le vêtement, au ras de la culotte dont on aperçoit les premiers froufrous.
D'une petite voix étranglée, l'allemande demande plus qu'elle n'ordonne :
— Encore ?
Cette fois, la chemise frise l'entrejambe jusqu'au renflement dodu des grandes lèvres espacées. Camelia se regarde dans le miroir en pied, tourne sur elle-même, saisit l'ourlet de mes mains et commande :
— Enlève-moi ma culotte que je puisse juger de l'effet !
On est au ras du vallon enchanté, les dentelles retroussées laissent apercevoir les extrémités des lèvres dodues de l'écoutille. Mais le résultat ne satisfait pas la blonde qui trousse encore d'un pouce la nuisette, laissant apparaitre assez largement cette fois les grandes lèvres vaguement pigmentées de son sexe.
À genoux devant mon modèle, j'ai le nez quasiment sur le magasin fridolin !
Je vois venir ce qui va se passer et je m'interroge. Mais n'est-il pas un peu tard pour cela ? Est-ce que je regrette mes petites agaceries qui nous ont sans doute menées à cette situation ? Que nenni, me dis-je, la comtesse n'avait pas besoin de moi : elle a prémédité son coup et je sais ce qu'elle attend ! Suis-je prête à plonger dans une folie avec une femme ? Avec cette femme ?
Mais d'ailleurs, suis-je en position de refuser ? Qui donc est véritablement en face à moi ? Une boche, comtesse von machin-chose, épouse du tout puissant commandant de la place et qui par là-même tient mon destin entre ses mains ? Ou alors... une femme, gentille Camelia, triste et frustrée, qui cherche un peu de réconfort auprès de ma gentille personne. Du réconfort, de la tendresse, un peu d'amour voire un brin de folie ?
Décide-toi Maja, l'heure n'est plus aux tergiversations !
— Magnifique ! Irrésistible ! D'ailleurs je ne sais pas comment je fais pour résister à...
— À quoi ? demande Camelia d'un voix rauque.
L'heure n'est plus aux atermoiements et je me lance carrément.
— À l'envie de bouffer cette chatte ruisselante !
L'allemande arque son corps, projette son sexe vers moi, me saisit le crâne et plaque sa quetsche sur ma bouche.
— Oh, Maja chérie, aime-moi ! Lèche-moi la schnak, grignote-moi les babines, enfourne-moi ta langue et tes doigts dans ma schnek incendiée. Fais-moi jouir adorable petite salope !
Petite ? Mais non, je suis plus grande que toi Comtesse ! Salope ? Oui, sûrement... je suis plutôt expérimentée à ce type de jeu. Si peu de garçons ont accédé à mon corps, Wilhelma elle, en connait tous les ressorts sensibles, sait parfaitement en jouer et me donner du plaisir que je lui rends avec délectation. Lesbienne, elle m'a initié depuis longtemps déjà aux plaisirs saphiques. Et puis, fondamentalement, je le suis bien assez, salope, pour lui prodiguer, à la gracieuse teutonne, toutes les caresses, succions et léchouilles qui lui feront atteindre le septième ciel. Et le huitième aussi. Le quatorzième itou.
Ma langue devient celle de Wilma ou de Guschti. Peut-être même ai-je une préférence pour la lavette de ce garçon qui m'avait offert mon premier véritable transport. Oui, ma langue se souvient des parcours de cette baveuse dans mon feuilleté et reproduit les mêmes insupportables caresses mouillées sur cette moule étroite mais juteuse. Oh oui, je vais l'écarter, l'évaser, l'élargir cette fente resserrée. Je vais branler, suçoter, étourdir le petit rocher teuton, plonger deux, trois, et pourquoi pas quatre doigts dans cette chagasse brûlante. Je lape la délicieuse cyprine, m'enivre du parfum musqué du coquillage que la douce a délicatement parfumé de jasmin. C'est trop bon, trop excitant et je n'y tiens plus : si ma main droite fouille le tunnel incandescent de ma compagne, ma main gauche trousse mes jupes, file dans ma culotte et s'enfouit dans mon chaudron débordant de miellat.
Trop excitée, trop impatiente, Camelia succombe très vite à mes douceurs, se propulse sur les terres sacrées du Walhalla, galope joyeusement avec les licencieuses walkyries aux énormes seins nus, s'embroche, reine triomphante et dépravée, sur les centaines de sabres vainqueurs des guerriers valeureux. Elle jouit Camelia, de ma langue maligne, moi sa ravaudeuse unique et préférée, elle jouit de mes doigts indiscrets qui ravagent sa cambuse !
Elle jouit, encore et encore avant de s'effondrer doucement sur ma main, chavirée qu'elle est de son plaisir.
Une main qu'elle finit par saisir pour obliger à me relever et la suivre. Au pied de son lit, Camelia se presse contre moi, m'embrasse, vole sans vergogne mes lèvres, mon souffle. Sa langue fouille ma bouche alors qu'elle me déshabille fébrilement, moi, proie fiévreuse et consentante. Elle dégage mes petits nichons, s'étonne de leurs très sombres tétons étrécis qui pointent gaillardement. Elle les lèche, les sucent, les grignotent ces malandrins, tout en finissant de nous dévêtir l'une et l'autre.
Lorsque nous sommes nues toutes deux, Camelia me pousse doucement vers la couche où je m'effondre, sur le dos, cuisses ouvertes. Offerte !
La comtesse découvre et s'extasie alors de mon sexe : sous mon buisson dru et sombre, presque triangulaire mais parfaitement dessiné, mes grandes lèvres très brunes sont, je le sais, je le sens, entrouvertes déjà sur mon corail pourpre, mes petites lèvres flamboyantes, d'un rouge profond liséré de brun. Elles sont abondantes mes babines ciselées et Camelia les lissent, les étalent, de part et d'autre du sillon pourpre, totalement ennoyé par des flots tumultueux d'un jus délicatement odorant qu'elle lape avec délectation. Camelia est sidérée par cette chatte prodigue et, à ses yeux, prodigieuse. Une chatte dont les lèvres et abords sont quasiment imberbes : pratiquement aucun poil sur mon charmant fri-fri !
Ravie, Camelia me rend les caresses buccales que je lui ai offertes il y a peu. Elle lèche, gloutonne le feuilleté rouge et emperlé, suce la sève, glisse sa langue aussi profondément qu'elle peut dans ma caverne merveilleuse. Des agaceries fabuleuses qui déclenchent en moi des vagues de picotements effervescents qui me tourneboulent. J'aime tant cette langue mouillée, ses doigts indiscrets vagabonds qui courent sur mon sexe embrasé. Quant à mon petit drôle, tout en haut du fendu, il s'est décapuchonné et appelle ses baisers.
La comtesse débauchée glisse ses doigts dans mon échancrure béante, ses phalanges et ses ongles raclent les parois moelleuses de mon vagin, s'engloutissent dans le canal embrasé alors que sa langue glisse sur mon cabochon insolent. Dieu que c'est bon ces doigts qui ont pris possession de mon intimité brûlante et provoquent des sensations irisées qui courent dans mon ventre en houles successives et incessantes, vagues et ressacs de lames assassines.
À la première succion de mon clitoris, secouée par un spasme monstrueux, je hurle de bonheur, m'expédie dans les limbes amers et sucrés et caracole dans les prés ondoyant des ténèbres scintillantes d'un orgasme ravageur. Je me tortille en tous sens, tente d'échapper aux doigts qui me retiennent prisonnière, à la langue qui cisaille mon bouton mais ma douce maitresse teutonne ne lâche pas la friandise exquise. Pas avant, qu'exténuée, ravagée, extasiée, je ne m'effondre sur le drap et, anéantie, y reste définitivement immobile. J'ai l'impression d'avoir joui à répétition ! Deux, voire trois fois successivement ! Putain, elle est aussi douée que ma Wilma !
Alors...
Alors seulement, Camelia rampe sur le lit, vient presser son corps bouillant contre le mien.
Et pleure. De joie, du bonheur qu'elle m'a donné.
Pleure de tristesse aussi.
Elle s'épanche, raconte sa misère, sa solitude extrême. Son mari brutal, ce vieux salaud de près de cinquante ans qui l'a littéralement acheté à ses parents sous promesse de redorer leur blason, réparer leur château, leur rendre leur gloire. Il l'a achetée, pour son titre, rien que pour ça. Pour que le fils que la donzelle lui donnera soit comte à sa naissance, car elle est unique héritière du titre. Lui n'en bénéficiera pas mais peu lui importe, le Kayser, suite à une bataille gagnée avec son aide, le surnomme baron. Lequel baron vient régulièrement "honorer" sa femme, en deux temps-trois mouvements : elle est trop maigre, pas assez mamelue, pas assez gironde pour lui plaire. "Même ton cul est trop plat pour que je trouve quelconque plaisir à le défoncer" lui a-t-il même jeté. Jamais il ne l'embrasse, ne la caresse ou la câline. Il l'embroche, la tronche dit-il, la baise vite fait avant de s'en retourner dare-dare retrouver ses opulentes et grasses maitresses qui l'attendent dans "son" appartement. Camelia me raconte l'extrême goujaterie de son mari, quelques tristes choses encore à son sujet.
Elle m'explique aussi, que quand il vient la sabrer, elle profite de son départ, heureusement toujours précipité, pour s'administrer de puissantes douches vaginales à l'aide d'une grosse poire et prie pour qu'aucune parcelle de cette semence haïe ne la féconde jamais.
Et si elle maigrit, c'est seulement pour lui déplaire davantage, être plus mince encore pour lui qui n'aime que les matrones grasses et pourvues d'énormes loches : elle se fait vomir, rendre toute nourriture à chaque fois qu'elle le peut après les repas.
Je suis étourdie par le flot de ces aveux et ma peine est immense pour cette jeune femme, à peine plus âgée que moi. Des bouffées de tendresses et d'amour me font l'embrasser, la bécoter, bisouiller cette pauvre comtesse pendant longtemps encore. Jusqu'à ce que, rompue par ses émotions, la prussienne ne s'endorme.
L'après-midi a filé vite et le soleil d'avril baisse rapidement, d'autant que le ciel est lourdement ennuagé. Rentrant chez moi, je réalise mon bonheur : je n'ai pas de titre nobiliaire, pas de robes à froufrous ni de vaisselle en fine porcelaine, mais moi, personne ne m'achètera ! Je choisirai moi-même l'homme qui partagera mes lendemains, me chérira et me fera... jouir. Un homme dont je serai la fabuleuse princesse !
J'ai d'ailleurs une idée assez précise du portrait de ce fringant galant ...
Une escouade de cavaliers déboule dans la rue. Où cavalent-ils ces malfaisants, à qui vont-ils s'en prendre cette fois les casques à pointe ?
Je me jette sur le côté pour ne surtout pas les gêner ces barbares, pour ne pas prendre un mauvais coup ou être renversée par un de leurs canassons. Ce serait bien triste d'être blessée alors que je vais pouvoir concrétiser ce soir un certain projet...
Cette idée m'émoustille. Mon petit trésor a beau avoir été gentiment chahuté par les soins experts de la comtesse, il n'en est pas moins excité. Me glissant sous un porche, je plonge sa main dans mon entrejambe, découvre, mi embêtée mi ravie, que j'ai oublié ma culotte dans la chambre de Camélia. Ma foi, il n'en est que plus aisé pour moi de ramignoter mes nymphes au fond de ma fente, les faire disparaître dans ma coquillette et resserrer mes grandes lèvres dégonflées. Satisfaite, je reprends mon chemin en remuant deux-trois fois mon popotin, histoire de parfaire la remise en ordre de mes lèvres intimes. Je m'arrête quelques courts instants chez une amie, puis court presque pour aller préparer le repas du soir.
J'ai décidé de certaines choses : premièrement, Mamama dînera tôt ce soir et sera couchée dans la foulée. De toute façon, qu'elle dorme dans son fauteuil ou dans son lit, qu'est-ce que ça change ? La pauvre, passé quatre heures, n'ouvre quasiment plus les yeux.
Deuxièmement, le forgeron attendra son repas du soir un peu plus longtemps que d'habitude, après le coucher de Mamama et non avant.
Troisièmement, j'emporterai chez lui une double collation : ce soir, nous dineront ensemble, lui et moi. Ce qui sera une première !
Par contre, je réalise que j'aurais peut-être intérêt à prévoir un repas froid : nous risquons de dîner tard si tout se passe comme prévu.
Et je ne vois pas vraiment pourquoi cela ne devrait pas bien se passer en fait !
Après avoir fait diner Mamama, l'avoir lavée, frictionnée et préparée pour la nuit, dès que je l'entends ronfloter, je prends mon panier, la salade de carottes et de blettes et quelques belles tranches de kassler, délicieux filet de porc légèrement fumé. Je me recoiffe, me passe un coup d'eau sur la frimousse et dans mon... entrejambe.
Je pousse la porte de la forge, la referme en bloquant le pêne et j'entre dans la cuisine-chambre à coucher du célibataire. Comme souvent le soir, je trouve Changala en train de faire ses ablutions : il est torse nu, pantalon baissé aux genoux. M'entendant entrer, le bonhomme remonte précipitamment son froc : trop tard, j'ai eu le temps d'apercevoir ses fesses blanches, bien rondes et bien pommées.
"Joli cul" je me dis, coquine égrillarde qui admire aussi le dos musclé de l'artisan qui déjà enfile une chemise.
— Tu... tu... tu viens... ta-ta... tard ce soir !
— Oui, j'ai couché Mamama, elle était fatiguée, signifiant par là-même que je suis libre pour la soirée. "Et du coup, si tu veux bien, on dine ensemble ce soir. Tous les deux... en amoureux", j'ajoute sur le ton de la plaisanterie.
Le forgeron rougit jusqu'aux oreilles et décontenancé, boutonne sa chemise de travers, attachant Pierre avec Paul.
— Tu... tu dînes a...ah...avec...moi ?
— Oui, et toi, tu... tu... tu... te-te pay...payeuh ma-ma... bobo... bobo...bobinette !
— Mais...mais...mais...
Pointant un index rageur sous le nez de l'artisan, je crie :
— T'arrêtes ça tout de suite mon bonhomme. Ça suffit ton bégaiement à la noix !
— Mais... mais
— Arrête ! Je t'ai entendu hier soir !
Les poings ancrés sur mes hanches, je répète mot pour mot sa tirade de veille :
— Je cite : Bon dieu, cette fille va me rendre complètement fou ! Qu'est-ce qui lui passe par la tête à cette délicieuse diablesse gracieuse? Elle m'enflamme mes sens et fait grimper mon mandrin à m'exposer son petit panier croquignolet !!
Mon Changala, tout penaud ne dis plus rien.
— Une belle et longue phrase, prononcée haut et clair, sans bafouiller une seule fois ! Alors, que dis-tu gredin ?
Le bonhomme tangue, balance d'une jambe sur l'autre. Éprouve le besoin de s'assoir : il attrape une chaise et pose lourdement ses fesses dessus. Il est décontenancé mais assume : son regard ne quitte pas le mien.
— C'est vrai... je ne bégaie pas au... autant que je voudrais le faire... croire. Un peu quand... même ! Mais ça m'arrange bien de passer pour... pour un benêt. On me laisse tran... tranquille !
— Ah, c'est donc ça ! Tu veux que JE te laisse tranquille ! C'est bien ça ? je demande en feignant de m'énerver.
Changala lève ses mains affolées pour signifier que non.
— Non-non ! Non, pas toi ! ... Toi...
— Quoi, moi ?
— Toi, répond le maraud en baissant la tête cette fois, toi, tu m'intimides...
— Moi, je t'intimide ! Moi, avec mes quatre-vingt-deux livres ! Moi qui n'est que vingt et un ans, j'intimide un gaillard de trente...
— Deux. Trente-deux ans.
— Ben t'es pas si vieux que ça, mon loulou, je réponds en caressant tendrement la joue du gars.
Coquine effrontée, je saute sur les genoux du bonhomme. Qui reste les bras ballants, ne sachant où poser ses mains.
— Et donc, c'est de moi dont tu parlais hier soir ?
Le forgeron déglutit douloureusement :
— Oui, tu es si...
— Si quoi, je demande encore en me pressant contre le torse du pauvre garçon qui n'en peut plus.
— Si joliette, si fraîche, si attirante...
Pour toute réponse, je viens prendre ses lèvres.
D'abord, ébahi, l'homme ouvre à peine sa bouche. Mais j'insiste : les lèvres s'ouvrent et... la furie nous prend. Nous nous embrassons passionnément, furieusement ! Baisers enflammés, mouillés, profonds, langues affolées, souffles courts. On se dorlotent, on se câline, on se pressent l'un contre l'autre.
J'ai bien compris que mon amoureux reste vaguement paralysé par la situation. À moi de prendre les initiatives qu'il convient de prendre si je veux parvenir à mes fins. Une main s'insinue sous la chemise de Changala, caresse les pectoraux, tournicote sur un téton. Je lui prends sa main et la pose sur mon sein. Craintif, le timide caresse la pomme reinette, flatte le petit fruit, s'enhardit.
— Ça ne te dérange pas de manger froid ce soir ?
— Si tu continues à m'offrir tes lèv... lèvres brûlantes, je me fous de manger ou pas !
Le maraud abaisse mon décolleté, met au jour un de mes seins et sa bouche vient délicatement se poser dessus, lèche le téton foncé, le sent s'ériger encore sous la pression de ses lèvres. Il s'anime le bougre, le deuxième nichon est dévoilé, des doigts s'en emparent, le flatte, le papouille : je suis heureuse, c'est la première fois de ma vie que la bouche et les doigts d'un HOMME prennent ainsi possession de mes petits trésors. Un homme, mon homme, l'homme que j'ai choisi ! Je suis aux anges d'autant que mon amoureux se montre tendre et attentionné. Les grosses mains calleuses du forgeron se font légères, attentionnées, aériennes sur mes seins menus, des nichons qu'il a bien l'air d'apprécier, qu'il ne moque pas surtout.
— Oh Maja, j'aime tes seins menus, ces adorables pommes d'amour si fières ! Et j'aime ta peau ma chérie, si douce et si chaude.
Je le laisse savourer encore mes fruits veloutés. Longtemps. C'est si bon que mon triangle intime s'embrase !
Je me lève tout à coup, pousse mon timide à faire de même. Je me recule de deux pas, et saisissant le bas de ma robe légère, je la fais passer au-dessus de ma tête.
Me voilà nue, totalement nue, fièrement nue ! Exposée aux regards de mon amoureux ! Et Dieu que j'aime le regard ravi, enchanté, qu'il promène sur mon corps. J'aime ses yeux ébahis qui après mes seins s'attardent sur mon ventre, sur ma motte crépue, sur mon sexe glabre.
Changala, après une seconde d'hésitation, enlève précipitamment sa chemise, fait tomber son pantalon. Réjouie, je découvre son sexe dressé, une belle queue tendue, large et épaisse. Le mandrin pointe fièrement : je n'aurai pas à tomber à genoux pour l'exciter. Pas dans l'immédiat en tous cas !
Je pousse mon bonhomme contre le bord du lit, prend sa main et la porte entre mes cuisses ouvertes. Changala ouvre de grands yeux en sentant sous ses doigts la crèche inondée, incendiée, dégoulinante de cyprine. Je le laisserai la lécher ma foune, le ferai boire à ma fontaine. Plus tard. Après.
Car là, l'urgence est ailleurs. Autre !
Je pousse son amant sur lit, m'effondre sur lui. Nos bouches se retrouvent, avec passion. Je suis brûlante de fièvre et de désir. J'ondule sur le corps alangui mais si prodigieusement tendu. Je frotte mon pubis sur la queue érigée, inonde le mat de ma mouille, glisse le mandrin entre mes lèvres enflammées. Je le branle mon Changala et me branle tout en même temps, ma praline monte et descend sur le braquemart, le laisse frotter mon bouton sensible.
Délaissant la bouche avide qui me mange, je me redresse, toise le drôle, plonge mon regard dans le sien, un petit sourire attendri et canaille aux lèvres. Je saisis alors la pine et l'enfourne gaillardement dans mon bijou, jusqu'à la garde ! D'un coup !
Je reste, nous restons immobiles un instant, éblouis et surpris par cette connexion ensorcelante qui nous fusionne, avant d'entamer la danse immémoriale des amants impatients. Je monte, redescend sur le chibre, lentement d'abord, accélérant les allées et venues jusqu'à sauter finalement, démente, sur la gaule qui me dévaste si merveilleusement la boutique. Je sens le membre magnifique, chaud, doux et fier emplir parfaitement mon échancrure douillette, ma gaine veloutée ennoyée de liqueur.
Je suis démente, furie, m'active sur le manche à m'en démonter le tiroir. C'est si bon ce sacristain qui fourre mon bénitier que je hurle une prière :
— Mon Dieu tout puissant, faites-moi tenir jusqu'à sa jouissance ! Qu'il vienne en moi, déverse son foutre brûlant dans ma chagasse en feu, mon berlingue de salope avide !
Bon, c'est vrai, la prière a tourné au blasphème mais je m'en fous comme de ma première communion. Tout ce que je veux, c'est qu'il explose en moi, m'incendie de son jus d'homme, me retapisse la chatte. Et que nous jouissions ensemble !
Ce qui arrive brutalement : j'ai senti les tremblements de son mandrin dans mon vagin agité par mille contractions fabuleuses. Oui, nous partons ensemble, queue et moule unies et confondues dans le plaisir bouleversifiant d'un orgasme qui nous fait hurler de concert.
— Putain, c'est trop bon, hurle-t-il !
— Putain, c'est trop bon, je répète, à court de vocabulaire !
Quand la tempête qui nous a dévastés se calme un tantinet, quand nous émergeons des limbes délicieux, heureux, épanouis, nous nous embrassons tendrement. Longuement.
Avant de nous jeter dans mille et une autres folies.
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C'est au petit matin que je rejoins mes pénates, recrue de fatigue mais ensoleillée de félicité. Le phallus du forgeron a, pour mon plus grand plaisir, bégayé un si grand nombre de fois que j'en ai perdu le compte. J'ai le magasin en vrac, sensible et échauffé, la rondelle de mon cul douloureuse, le corps laminé par les coups de butoir de mon sabreur chéri. Dommage que je ne sois pas dans ma période car sinon, cette nuit, il m'aurait fait huit ou neuf bébés d'un seul coup !
Mamama se réveille alors que je me glisse dans le lit.
— Tu rentres bien tard petite. Ou bien très tôt. Dis-moi, aurais-tu enfin trouvé un couvercle pour ton pot ? Le forgeron s'est finalement déclaré ?
Sacrée Mamama ! Elle a deviné !
— Disons que je l'ai un peu aidée...
— Tu as bien fait Maïdala (NDLR : petite demoiselle), tu as bien fait. C'est un brave homme et il te rendra heureuse !
Ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas parlé autant ma bonne vieille mamie ! Et je la trouve bien revigorée ce matin. C'est une belle journée qui s'annonce !
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Voilà, il ne s'est donc effectivement RIEN passé le 17 avril 1891 au numéro neuf de l'Impasse des Canards. À peine plus au numéro sept, maison sur laquelle un propriétaire malicieux est venu apposer sur sa porte, plus de cent trente ans plus tard, une certaine plaque émaillée. Il a fait ça par jeu le drôle, pour la blague. Je sais parfaitement qu'il n'était pas au courant des folles turpitudes de Maya et Changala dans la nuit du 17 au 18 avril 1891.
Je le sais car tout ce que je vous ai narré ici, mot pour mot, avec force détails, tout cela est issu de mon... imagination : "Toutes ressemblances avec ..."
Pardon ? Que dites-vous ? Quid des lendemains qui chantent pour Maya et Changala ? Pour Mamama ? Quid de la jolie teutonne triste ? Qui est cette Wilhelma ou Wilma, lesbienne qui jouerait avec Maya ? Quid du vilain-méchant Ober-Leutnant ? Quid du curé priape ?
NON, ne me poussez pas !
NON ! Vous risqueriez d'en reprendre pour vingt pages minimum ! Avouez que ce ne serait pas raisonnable !
... Ah, c'est donc ça : vous n'êtes pas RAISONNABLES !
OK !
Mais ne venez pas vous plaindre ensuite que mes histoires sont trop longues ! Un conseil alors, effeuillez l'éphéméride date par date...
À suivre
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2 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Excellent oui
comme d'hab
une belle saga en perspective
comme d'hab
une belle saga en perspective
excellent, avec une belle plongée dans un langage érotique imagé, souvent humoristique, maitrisant l'histoire de l'Alsace. Bravo

