Collision

Récit érotique écrit par CDuvert [→ Accès à sa fiche auteur]
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Collision
La pluie s'abat violemment sur Paris ce soir de novembre. Les gouttes, grosses comme des billes, se fracassent sur le pare-brise de la Jaguar F-Type de Marc Delvaux. Le rugissement du V8 se mêle au crépitement de l'averse, créant une symphonie mécanique qui apaise son esprit en ébullition.
À 42 ans, Marc est à l'apogée de sa carrière. PDG d'une société de courtage en pleine expansion, il vient de conclure un rachat qui fera la une des journaux économiques demain. Pourtant, une sensation de vide l'étreint. Son costume Armani gris anthracite, taillé sur mesure à 4000 euros, ne parvient plus à dissimuler cette impression grandissante que sa vie n'est qu'une succession de chiffres sans âme.
Il desserre sa cravate en soupirant. Les essuie-glaces peinent à repousser le déluge. Son téléphone vibre sur le siège passager. Claire, sa maîtresse du moment. Sans doute pour annuler leur rendez-vous.
Un instant d'inattention. Les phares éclairent soudain une silhouette au milieu de la rue. Un coup de frein brutal. Les pneus crissent sur l'asphalte détrempé. Un choc sourd. Une forme roule sur le capot avant de s'effondrer au sol.
"Putain de merde !"
Marc sort en trombe, la pluie trempant immédiatement son costume. Une femme est allongée sur l'asphalte luisant. Elle se redresse lentement, visiblement sonnée mais pas gravement blessée.
"Vous êtes folle ou quoi ? Vous avez surgi de nulle part !"
Elle le fixe sans répondre. Environ 30 ans, des vêtements usés et sales. Ses cheveux bruns, emmêlés et plaqués par la pluie, encadrent un visage aux traits fins que la crasse ne parvient pas à dissimuler complètement. Mais ce sont ses yeux qui le frappent – d'un vert intense, presque phosphorescent sous la lumière des réverbères. Ils ne contiennent ni peur, ni colère, juste une étrange lucidité qui le déstabilise.
"Je vais bien," dit-elle simplement.
Sa voix le surprend. Grave, posée, avec une diction parfaite qui contraste brutalement avec son apparence. Une voix cultivée, presque aristocratique.
"Je dois vous emmener à l'hôpital."
"Non." La fermeté de son ton est sans appel.
"Écoutez, je ne peux pas vous laisser comme ça. Je pourrais avoir des ennuis."
Marc s'entend prononcer ces mots et se déteste immédiatement. L'égoïsme nu de sa remarque le frappe comme une gifle.
Elle tente de se relever, chancelle. Marc la rattrape instinctivement. Sous la saleté de ses vêtements, il sent un corps ferme, musclé. Une odeur étrange émane d'elle – un mélange de crasse et de quelque chose d'autre, plus subtil. Un parfum coûteux peut-être, vestige d'une autre vie.
"Je m'appelle Marc Delvaux. Et vous ?"
"Léa."
Juste Léa. Pas de nom de famille. Ses yeux verts scrutent Marc comme s'ils cherchaient à évaluer sa valeur, non pas financière, mais morale.
"Laissez-moi au moins vous offrir un repas et un endroit pour vous sécher."
Elle hésite. La pluie redouble. Une mèche de cheveux trempés colle à sa joue. D'un geste étonnamment gracieux, elle la replace derrière son oreille.
"D'accord. Juste pour me sécher."
Dans la voiture, l'odeur de Léa envahit l'habitacle. Une odeur forte, animale, qui trouble Marc malgré lui. L'eau dégouline de ses vêtements sur le cuir anglais. Le siège sera foutu.
Étrangement, il s'en fout.
"Vous êtes toujours aussi charitable avec les SDF que vous renversez ?" demande-t-elle soudain, un soupçon d'ironie dans la voix.
"Vous êtes la première que je renverse."
"Mais pas la première femme que vous ramenez chez vous."
Cette remarque le fige. Comment peut-elle savoir ?
"Je devine facilement," poursuit-elle en fixant la route. "Votre profil est classique. Homme d'affaires séduisant, divorcé, enchaînant les conquêtes pour combler un vide existentiel."
Marc freine brusquement à un feu rouge. "Qui êtes-vous ?"
"Personne. Une ombre. Un accident sur votre route."
Le reste du trajet se fait en silence. Marc observe Léa du coin de l'œil. Malgré ses habits délabrés, elle se tient droite, avec une dignité qui semble indestructible. Ses mains sont fines, les ongles abîmés mais propres. Des mains qui ont connu autre chose que la rue.
Alors qu'ils approchent de son immeuble haussmannien, un souvenir surgit dans l'esprit de Marc. Violemment. Sans prévenir.
Venise, trois ans plus tôt. Un voyage d'affaires qui avait pris une tournure inattendue quand il avait croisé cette pianiste russe dans le bar de son hôtel.
Svetlana.
Le souvenir est si vif qu'il sent presque son parfum, un mélange de jasmin et de bergamote. Elle avait les mêmes yeux que Léa. Ce vert intense, presque surnaturel.
Cette nuit-là, après son concert au Teatro La Fenice, elle l'avait rejoint dans sa suite. Sans un mot, elle avait laissé glisser sa robe noire le long de son corps, révélant une peau d'albâtre marquée par d'étranges cicatrices sur les omoplates – comme si des ailes lui avaient été arrachées.
"D'où viennent ces marques ?" avait-il demandé en effleurant les cicatrices du bout des doigts.
"D'une vie antérieure," avait-elle répondu, énigmatique. "Touche-les."
Ses doigts avaient parcouru les cicatrices, sentant la peau rugueuse, différente. À sa grande surprise, Svetlana avait frémi violemment à ce contact.
"Elles sont sensibles ?"
"Plus que tu ne peux l'imaginer."
Elle s'était alors approchée de lui, déboutonnant sa chemise avec une lenteur délibérée. Ses doigts fins – des doigts de pianiste – avaient défait sa ceinture avant de s'attarder sur son érection déjà douloureuse.
"Je veux te goûter," avait-elle murmuré.
À genoux devant lui, elle avait pris son sexe en bouche. La chaleur humide de sa langue, la pression parfaite de ses lèvres, la façon dont elle le regardait droit dans les yeux pendant qu'elle le suçait... Marc ferma les yeux à ce souvenir.
Il revoit la chambre de l'hôtel, les rideaux de soie agités par la brise venant du Grand Canal, la lumière tamisée des appliques dorées se reflétant sur la peau de Svetlana. Les sons aussi – le clapotis de l'eau contre les gondoles en contrebas, les soupirs de la pianiste, le froissement des draps.
Quand elle s'était relevée, il l'avait plaquée contre le mur. Ses mains avaient agrippé ses hanches, l'avaient soulevée. Elle avait enroulé ses jambes autour de sa taille alors qu'il la pénétrait d'un coup sec.
"Plus fort," avait-elle ordonné, les yeux mi-clos.
Il l'avait prise brutalement, sentant les parois de son sexe se contracter autour de lui. Elle était brûlante, humide. Ses ongles s'étaient enfoncés dans son dos, lacérant sa peau.
"Mords-moi," avait-elle encore exigé.
Il avait planté ses dents dans son cou, juste à la jonction de l'épaule, suffisamment fort pour laisser une marque. Elle avait gémi, un son guttural, presque animal, qui l'avait excité encore davantage.
Il l'avait ensuite portée jusqu'au lit, l'avait jetée sur les draps. Elle s'était retournée d'elle-même, à quatre pattes, lui offrant sa vue la plus intime. Son sexe luisant d'excitation, ses fesses parfaitement rondes, son dos cambré pour l'accueillir.
"Frappe-moi," avait-elle demandé.
Sa main s'était abattue sur sa fesse droite. Le claquement avait résonné dans la pièce, suivi d'un gémissement de plaisir.
"Encore."
Une deuxième claque, plus forte. La peau pâle rougissait déjà sous l'impact.
"Maintenant, prends-moi comme si tu voulais me punir."
Il l'avait pénétrée à nouveau, s'enfonçant jusqu'à la garde. Ses coups de reins étaient devenus de plus en plus violents, le lit grinçant sous leurs assauts combinés. Une de ses mains s'était glissée sous elle pour stimuler son clitoris, tandis que l'autre agrippait ses cheveux, tirant sa tête en arrière.
"Tu aimes ça, n'est-ce pas ?" avait-il grogné, surpris par sa propre brutalité.
"Oui... Oui..."
La sueur perlait sur leurs corps. L'odeur du sexe emplissait la chambre. Il sentait l'orgasme monter, irrépressible.
"Je vais jouir," avait-il annoncé, ralentissant pour se retirer.
"Non. En moi."
"Tu es sûre ?"
"En moi," avait-elle répété, sa voix plus un ordre qu'une demande.
L'orgasme l'avait submergé comme une vague dévastatrice. Il s'était répandu en elle en longues pulsations, son corps tout entier secoué de spasmes. Elle avait joui en même temps, son sexe se contractant autour de lui, prolongeant son plaisir jusqu'à la limite du supportable.
Ils s'étaient effondrés ensemble sur le lit, haletants, épuisés. Il avait effleuré à nouveau ses cicatrices, fasciné.
"Qui es-tu vraiment ?" avait-il demandé.
Elle avait souri, énigmatique. "Un ange qui a perdu ses ailes."
Le lendemain matin, elle avait disparu. Aucune trace. Comme si elle n'avait jamais existé.
"Monsieur ?"
La voix de Léa le ramène brutalement à la réalité. Ils sont toujours garés devant son immeuble.
"Pardon," murmure-t-il, troublé par ce souvenir si vivace.
Il se rend compte avec embarras que son excitation est visible. Léa suit son regard et sourit légèrement.
"Les souvenirs peuvent être... envahissants," dit-elle.
Comment peut-elle savoir qu'il était perdu dans un souvenir ? Cette femme est décidément troublante.
L'appartement de Marc est un loft luxueux avec vue sur la Seine. Léa reste figée à l'entrée, son regard parcourant l'espace avec une attention particulière. Pas de l'émerveillement, plutôt une évaluation méthodique.
"La salle de bain est par là," indique Marc. "Prenez une douche. Je vais vous trouver des vêtements secs."
Léa disparaît dans la salle d'eau. Marc entend l'eau couler. Il imagine cette femme sale se dénudant, l'eau ruisselant sur son corps. Cette pensée l'excite inexplicablement. Il se dirige vers sa chambre pour trouver des vêtements, mais s'arrête devant la porte de la salle de bain. La tentation de regarder par le trou de la serrure le taraude, mais il résiste. Quelque chose dans le regard de cette femme lui dit qu'elle le saurait.
Dans la cuisine, il prépare une omelette et ouvre une bouteille de vin. Il se demande pourquoi il fait tout ça pour une inconnue. Peut-être la culpabilité. Peut-être la solitude.
Quand Léa ressort, enveloppée dans son peignoir trop grand, Marc est stupéfait. Lavée, elle est magnifique. Ses traits fins, ses yeux verts intenses, ses cheveux bruns mouillés plaqués en arrière révèlent un visage d'une beauté saisissante. Presque surnaturelle.
"Vous êtes... différente," balbutie-t-il.
"Sans la crasse ? J'imagine."
Il lui tend un t-shirt et un short. "C'est tout ce que j'ai trouvé."
"Ça suffira."
Elle laisse glisser le peignoir. Marc reste figé. Son corps est parfait, musclé mais féminin, marqué par endroits de cicatrices qu'il meurt d'envie de toucher. Ses seins sont petits, fermes, ses tétons durcis par l'air frais.
Et là, sur ses omoplates, il les voit. Deux longues cicatrices, identiques à celles de Svetlana.
Le souffle lui manque. C'est impossible. Une coïncidence. Ça doit être une coïncidence.
"Je vous gêne ?" demande-t-elle sans honte, sans faire un geste pour se couvrir.
"Non... je... vous êtes très belle."
"Je sais."
Elle s'habille lentement, consciente de son regard. Le t-shirt tombe sur ses épaules, dissimulant les cicatrices qui obsèdent maintenant Marc.
Ils mangent en silence. Elle dévore la nourriture mais avec des gestes précis, élégants. Elle tient sa fourchette comme on l'apprend dans les écoles de bonnes manières, pas dans la rue.
"D'où venez-vous ?" ose-t-il enfin.
"De partout. De nulle part." Ses yeux verts le transpercent. "Et vous ?"
"Moi ? Je suis né à Lyon. École de commerce à Paris. Puis New York pendant dix ans. Retour à Paris il y a cinq ans."
"Une vie bien tracée."
"Apparemment. Et pourtant..."
"Et pourtant vous vous sentez vide," finit-elle à sa place. Ce n'est pas une question.
"Qui êtes-vous vraiment ?" demande-t-il, de plus en plus troublé.
"Personne. Une ombre."
"Comment une femme comme vous finit-elle à la rue ?"
"Une femme comme moi ?"
"Éduquée. Raffinée."
Un sourire énigmatique étire ses lèvres. "La vie est pleine de surprises, Marc. Parfois, on a tout. Et puis un jour, on n'a plus rien. Comme si on vous avait arraché les ailes."
Marc frissonne. Ces mêmes mots. Ces cicatrices. Il a l'impression de devenir fou.
"Puis-je rester cette nuit ?" demande-t-elle soudain.
"Bien sûr. La chambre d'amis est prête."
"Merci. Vous êtes un homme bon, Marc Delvaux. Ou du moins, vous pourriez l'être."
Cette nuit-là, dans sa chambre, Marc ne peut s'empêcher de penser à elle, à quelques mètres de lui, dans la chambre d'amis. Les cicatrices. Les yeux verts. Les coïncidences sont trop nombreuses. Ou peut-être devient-il paranoïaque.
Il se déshabille lentement, laissant tomber ses vêtements sur le sol. La fatigue de la journée pèse sur ses épaules, mais l'excitation qui pulse dans ses veines est plus forte. Allongé sur son lit, il ferme les yeux et laisse ses doigts effleurer son torse, descendre le long de son ventre, jusqu'à son sexe déjà durci par le seul souvenir de Léa.
Sa main s'enroule autour de sa verge tandis que son esprit dérive vers un souvenir vieux de trois ans. Venise. La chambre d'hôtel donnant sur le Grand Canal. L'air chargé d'humidité et de parfums enivrants.
Mais ce soir, c'est le visage de Léa qui se superpose à celui de Svetlana. C'est Léa qu'il imagine écartant les cuisses sur les draps de satin blanc de cette suite vénitienne. Léa dont il imagine la peau pâle contrastant avec le brocart sombre des tentures. Léa dont les gémissements se mêlent au clapotis de l'eau contre les fondations du palais.
Son poing se resserre, accélère son mouvement. La chaleur monte en lui par vagues. Il se perd dans cette vision, recréant chaque détail avec une précision obsessionnelle. Le grain de beauté qu'il a remarqué près de la clavicule de Léa lorsqu’elle s’est dénudée. L'ondulation de ses hanches lorsqu'elle s'est éloignée. L'odeur intime qu'il imagine être la sienne - quelque chose de frais et pourtant animal.
Dans son fantasme, ses mains parcourent le corps de Léa, découvrant ses seins petits mais fermes, la courbe de son ventre, la douceur de l'intérieur de ses cuisses. Il l'entend gémir sous ses caresses, la sent s'ouvrir pour lui, humide et brûlante.
Son corps tressaille d'un désir qu'il ne comprend pas. Ce n'est pas seulement de la luxure, c'est quelque chose de plus profond, de plus troublant. Un désir mêlé de peur. Comme s'il s'apprêtait à plonger dans un abîme dont il ne remonterait jamais.
Sa respiration s'accélère, devient erratique. Des gouttes de sueur perlent sur son front, glissent le long de ses tempes. Sa main libre agrippe le drap, le tord entre ses doigts. Dans son fantasme, Léa n'est plus passive. Elle le chevauche maintenant, prenant le contrôle, ses ongles traçant des sillons rouges sur sa poitrine. Son visage est transformé par le plaisir, ses lèvres entrouvertes laissant échapper des mots qu'il ne comprend pas mais qui l'excitent davantage.
Ce qui l'effraie, c'est l'intensité de cette obsession naissante. Cette femme qu'il connaît à peine occupe déjà tout l'espace de son désir. Comme si elle avait pris possession de lui par un simple regard échangé. Comme si elle savait exactement qui il était et ce dont il avait besoin.
Son pouls s'accélère encore. Le plaisir monte, irrésistible. Dans son fantasme, Léa se penche vers lui, ses cheveux formant un rideau sombre autour de leurs visages. Elle murmure à son oreille : "Tu ne peux pas m'échapper. Tu es déjà à moi."
Ces mots imaginaires le propulsent au bord du gouffre. Son corps se tend. Les muscles de son ventre se contractent. Sa main accentue sa pression, son rythme devient frénétique.
À l'instant où il jouit, projetant sa semence sur son ventre en longs jets pulsatiles, il croit entendre un léger rire de femme. Un rire cristallin qui semble provenir à la fois de partout et de nulle part. Un rire qui lui glace le sang malgré la chaleur qui irradie encore de son corps.
Il ouvre brusquement les yeux, le souffle court. Son regard balaye la chambre plongée dans la pénombre. Mais quand il tend l'oreille, il n'y a que le silence. Le tic-tac régulier de l'horloge dans le salon. Le ronronnement lointain de la climatisation. Le bruissement occasionnel du vent contre les vitres.
Pourtant, l'impression persiste. Celle d'une présence. Celle d'être observé. Il se redresse, essuie machinalement son ventre avec le drap. Une angoisse inexplicable s'empare de lui. Comme si en invoquant Léa dans son fantasme, il avait ouvert une porte qu'il ne pourrait plus refermer.
Il se lève, va jusqu'à la fenêtre et écarte légèrement le rideau. Dans la rue en contrebas, les lampadaires projettent des halos jaunâtres sur le bitume luisant de la pluie récente. Personne. Juste une ville endormie, indifférente à son trouble.
Dans la chambre d'amis, Léa est assise sur le rebord de la fenêtre, contemplant la Seine. Elle effleure machinalement les cicatrices sur ses omoplates. Un sourire désabusé flotte sur ses lèvres.
"Jamais plus," murmure-t-elle à la nuit. "Jamais plus."
***
Une semaine s'est écoulée depuis que Marc a ramené Léa chez lui. Sept jours d'une étrange cohabitation où chacun observe l'autre, apprend ses habitudes, sans jamais franchir la frontière invisible qui sépare leurs mondes.
Léa occupe désormais la chambre d'amis comme si elle y avait toujours vécu. Marc observe avec fascination sa métamorphose progressive. La femme sale et méfiante du premier soir a laissé place à une créature d'une élégance naturelle qui se déplace dans l'appartement avec une grâce féline. Elle porte ses vêtements à lui – chemises trop grandes et shorts qui dévoilent ses jambes interminables – comme s'il s'agissait de haute couture.
Ce qui trouble le plus Marc, c'est la façon dont elle a pris possession de son espace. Elle a réarrangé les livres dans sa bibliothèque, changé l'emplacement des meubles dans sa chambre, modifié les réglages de sa machine à café. Et le plus perturbant : il apprécie ces changements.
Comme si son appartement avait attendu la touche de Léa pour devenir véritablement un foyer.
Ils dînent ensemble chaque soir, parlant de tout et de rien. Léa possède une culture impressionnante, cite des poètes obscurs, discute politique internationale avec une acuité qui le surprend constamment. Mais dès qu'il l'interroge sur son passé, elle se dérobe, évasive.
"Tu ne peux pas continuer à m'éviter éternellement," dit-il un soir alors qu'ils partagent une bouteille de Bordeaux sur la terrasse.
"Je ne t'évite pas. Je suis juste là."
"Tu sais ce que je veux dire."
Elle sirote son vin, ses yeux verts reflétant les lumières de la ville en contrebas. "Certaines histoires ne méritent pas d'être racontées, Marc."
"Les cicatrices sur tes omoplates..."
Elle se raidit instantanément. "Quoi, mes cicatrices?"
"Elles ressemblent à celles d'une femme que j'ai connue. À Venise. Il y a trois ans."
Un silence lourd s'installe entre eux. Léa repose son verre lentement.
"Tu as des photos d'elle?"
Marc sort son téléphone, parcourt sa galerie et lui montre une image. Svetlana au piano, dans sa robe noire, son profil sculptural tourné vers l'objectif.
Léa observe longuement la photo. Son visage ne trahit aucune émotion.
"Elle te ressemble de manière... troublante," ajoute Marc.
"Je ne trouve pas," répond-elle en lui rendant le téléphone. "Tous les visages se ressemblent pour qui ne sait pas regarder."
Cette nuit-là, Marc n'arrive pas à dormir. Les ressemblances sont trop frappantes pour être une coïncidence. Mais l'alternative – que Svetlana et Léa soient la même personne – est tout simplement impossible. À moins que...
Un bruit le tire de ses pensées. Sa porte s'ouvre doucement. La silhouette de Léa se découpe dans l'encadrement, éclairée par la faible lueur du couloir.
"Je peux entrer?" demande-t-elle, sa voix à peine audible.
Sans attendre sa réponse, elle avance. Elle porte une de ses chemises blanches, déboutonnée suffisamment pour révéler la naissance de ses seins. Ses jambes nues captent la lumière bleutée qui filtre des fenêtres.
"Qu'est-ce que tu veux, Léa?" demande-t-il, la gorge soudain sèche.
"Tu me veux depuis le premier jour. Prends-moi ou je pars demain."
Son corps réagit instantanément à ces mots. Son sexe durcit sous les draps. La proposition est si directe, si brutale qu'elle le laisse sans voix.
"Je ne comprends pas ce jeu."
"Ce n'est pas un jeu. C'est un échange." Elle s'approche du lit, déboutonnant lentement la chemise. "Tu m'offres le luxe, je t'offre mon corps."
À mesure qu'elle avance, la chemise s'ouvre, dévoilant ses seins petits mais parfaits, son ventre plat où court une fine ligne de poils bruns descendant vers son pubis. Ses tétons sont dressés dans l'air frais de la chambre.
"Tu n'es pas une pute," dit-il, malgré son désir évident.
"Non." Elle s'assoit au bord du lit, si proche qu'il peut sentir son odeur – un mélange de son savon et de quelque chose de plus animal, de plus primitif. "Et il y a bien d’autres choses que je ne suis pas."
Elle tire sur le drap qui couvre son corps, le faisant glisser lentement jusqu'à exposer son sexe en érection. Sans le quitter des yeux, elle se penche et le prend dans sa main, caressant sa longueur avec une lenteur délibérée.
Marc retient son souffle. Sa paume est chaude, légèrement rugueuse. Elle le touche avec une assurance qui trahit l'expérience.
"Léa..." commence-t-il, mais elle pose un doigt sur ses lèvres.
"Ne parle pas. Pas maintenant."
Elle se penche et le prend en bouche sans préambule. La chaleur humide de sa langue le fait gémir instantanément. Elle commence par lécher le gland, tournant sa langue autour de lui avec une précision experte. Puis elle le prend plus profondément, créant une succion parfaite qui lui arrache un gémissement rauque.
Ses mains s'accrochent aux draps tandis qu'elle augmente le rythme. La vision de cette femme mystérieuse, cette SDF qui avait surgit dans sa vie par accident, maintenant agenouillée entre ses jambes, sa bouche travaillant son sexe avec une maîtrise consommée – c'est presque trop à supporter.
Elle s'arrête soudain, le regarde, ses lèvres humides et gonflées. "Baise-moi comme la chienne que tu imagines."
Ces mots déchirent le dernier voile de sa retenue. Il la saisit par les cheveux, la tire violemment jusqu'à lui. Elle gémit, mais d'excitation, pas de douleur. Il la retourne brusquement, la plaque face contre le matelas, son visage enfoncé dans les oreillers.
"C'est ça que tu veux?" grogne-t-il, écartant ses jambes d'un genou brutal.
"Oui..." soupire-t-elle, levant ses hanches pour s'offrir complètement.
Il glisse sa main entre ses cuisses et découvre qu'elle est déjà trempée. Son excitation a transformé son sexe en une vallée luisante et chaude qui appelle à la possession. Il enfonce deux doigts en elle, sentant ses parois se contracter autour d'eux. Elle étouffe un cri dans l'oreiller.
"Tu aimes ça, hein? Être traitée comme un objet?" Il retire ses doigts, les porte à sa bouche, goûte son essence. Son goût est salé, musqué – addictif.
"Oui... Traite-moi comme ta chose..."
Marc se positionne derrière elle, guide son sexe vers son entrée. Il la pénètre d'un coup sec, s'enfonçant jusqu'à la garde. Léa hurle, son dos se cambre violemment.
La sensation est indescriptible. Elle est étroite, brûlante, parfaitement humide. Ses parois l'enserrent comme un gant de velours, palpitant autour de lui. Il commence à la pilonner sauvagement, son bassin claquant contre ses fesses avec violence. Le bruit obscène de leurs chairs qui se rencontrent remplit la chambre.
"Tu es si étroite," grogne-t-il, agrippant ses hanches avec une force qui laissera des marques.
"Plus fort," supplie-t-elle, "Déchire-moi..."
Il obéit, redoublant d'ardeur, s'enfonçant en elle avec une brutalité qu'il ne se connaissait pas. Il lui tire les cheveux en arrière, l'obligeant à cambrer davantage son dos. Cette posture expose les cicatrices sur ses omoplates – deux longues marques parallèles qui semblent presque luire dans la pénombre.
Guidé par un instinct qu'il ne comprend pas, il se penche et passe sa langue sur l'une des cicatrices. La réaction de Léa est immédiate et violente : son corps entier convulse, elle pousse un cri qui n'a plus rien d'humain. Ses parois vaginales se contractent spasmodiquement autour de son sexe.
"Encore," halète-t-elle, "touche-les encore..."
Il mord délicatement la cicatrice, sentant sous sa langue la texture différente de cette peau marquée. Léa s'effondre presque, son visage enfoui dans l'oreiller étouffant des sanglots de plaisir. Il sent son sexe inondé par une nouvelle vague d'humidité.
Marc la retourne brutalement sur le dos, voulant voir son visage. Ses yeux verts sont dilatés au point que l'iris n'est plus qu'un mince anneau autour de pupilles abyssales. Des larmes coulent sur ses joues. Elle est transfigurée par le plaisir, presque méconnaissable.
"Regarde-moi pendant que je te baise," ordonne-t-il, reprenant ses va-et-vient avec une intensité renouvelée.
Elle obéit, maintenant son regard verrouillé au sien pendant qu'il s'enfonce en elle. C'est d'une intimité insoutenable. Marc a l'impression de plonger dans un puits sans fond, d'être aspiré par ces yeux qui semblent contenir des galaxies entières.
Il sent l'orgasme monter en lui, irrépressible. Sa respiration devient erratique, ses coups de reins plus désordonnés. Léa le sent aussi. Elle enroule ses jambes autour de sa taille, l'emprisonnant, l'empêchant de se retirer.
"Jouis en moi," murmure-t-elle à son oreille. "Donne-moi tout."
Ces mots sont sa perte. L'orgasme le terrasse comme une vague dévastatrice. Il se déverse en elle en longues pulsations qui semblent ne jamais finir, son corps entier secoué de spasmes. Léa jouit au même moment, son sexe contractant violemment autour du sien, prolongeant son plaisir jusqu'à la limite du supportable.
Ils s'écroulent ensemble sur le lit, haletants, couverts de sueur. Marc sent son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Jamais, même avec Svetlana à Venise, il n'avait ressenti une telle intensité.
Plus tard, alors que leurs respirations se sont calmées, il caresse doucement son dos, s'attardant sur les cicatrices qui l'obsèdent.
"Qu'est-ce qui t'est arrivé?" demande-t-il doucement.
Un sourire énigmatique flotte sur ses lèvres. Elle s'étire contre lui, son corps nu épousant parfaitement le sien. Dans ce moment de quiétude post-coïtale, Marc a l'impression que leurs corps sont faits l'un pour l'autre, comme deux pièces d'un puzzle enfin réunies.
"Tu ne sais pas qui je suis vraiment," murmure-t-elle.
"Alors montre-moi."
Elle s'installe sur lui, à califourchon, sa féminité encore humide de leurs ébats précédents glissant contre son sexe qui durcit à nouveau. La lumière de la lune caresse sa silhouette, sculptant chaque courbe de son corps. Ses cicatrices semblent presque phosphorescentes dans cette clarté argentée.
"Tu veux voir qui je suis?" demande-t-elle, ondulant doucement contre lui.
"Oui."
Elle se penche, prend son visage entre ses mains. "Regarde bien alors."
Et tandis qu'elle s'empale lentement sur lui, recommençant leur danse charnelle avec une tendresse qui contraste avec la violence de leur premier accouplement, Marc a l'étrange sensation de voir son visage se transformer. Pendant une fraction de seconde, il croit apercevoir les traits de Svetlana se superposer à ceux de Léa.
Un frisson qui n'a rien à voir avec le plaisir lui parcourt l'échine. Qui est cette femme? Qu'est-elle venue chercher en lui? Mais alors qu'elle accélère le rythme, roulant des hanches avec une expertise qui le rend fou, ces questions s'évanouissent, remplacées par la pure sensation de leurs corps fusionnant.
Cette nuit-là, ils font l'amour jusqu'à l'épuisement. Tantôt avec une tendresse surprenante, tantôt avec une brutalité animale. Comme si chaque étreinte était une tentative de percer le mystère de l'autre.
Au petit matin, alors que la lumière grise de l'aube filtre à travers les rideaux, Marc observe Léa endormie contre lui. Son visage détendu dans le sommeil semble plus jeune, presque innocent. Il trace du doigt le contour de sa mâchoire, de ses lèvres, s'émerveillant de sa beauté brute.
Que cherche-t-il vraiment en elle? Est-ce simplement le désir? Ou est-ce cette aura de danger, de mystère qui l'entoure? Cette impression constante qu'elle pourrait disparaître à tout moment, comme Svetlana à Venise?
Et si elles étaient la même personne? Cette pensée, qu'il a repoussée comme absurde, revient le hanter. Comment expliquer autrement les similitudes, les cicatrices identiques?
Léa ouvre les yeux, comme si elle avait senti ses questionnements. Ses yeux verts le fixent avec une intensité qui le transperce.
"À quoi penses-tu?" demande-t-elle.
"À toi. À ce que tu caches."
Elle sourit, ce sourire énigmatique qui le rend fou. "Tout le monde cache quelque chose, Marc. Même toi."
"Que veux-tu dire?"
"Tu caches ta solitude derrière ton argent. Tu caches ton besoin d'amour derrière le sexe. Tu caches ton vide existentiel derrière ton travail."
Ces mots le frappent comme des gifles, d'autant plus douloureux qu'ils sont vrais. Comment peut-elle voir si clairement en lui?
"Qui es-tu, Léa?"
Elle se redresse, le drap glissant pour révéler sa nudité. La lumière du matin caresse sa peau, mettant en évidence chaque courbe, chaque cicatrice.
"Je suis ce que tu as besoin que je sois," répond-elle simplement. "Pour l'instant."
Elle se lève, ramasse la chemise et la passe sur ses épaules nues. "Je vais nous faire du café."
Marc la regarde sortir de la chambre, hypnotisé par le balancement de ses hanches, par l'assurance tranquille qui émane d'elle. Il sait, avec une certitude qui le terrifie, que ce n'est que le début. Que cette femme, qui qu'elle soit réellement, va bouleverser sa vie jusqu'au tréfonds.
Et malgré la peur, malgré les questions sans réponses, il est prêt à plonger dans cet abîme.
***
Un mois s'est écoulé depuis cette première nuit où leurs corps se sont découverts avec une violence presque animale. Marc et Léa vivent désormais ensemble dans ce loft parisien qui semble s'être transformé en un sanctuaire. La présence de Léa a métamorphosé l'appartement autrefois impersonnel. Des livres aux reliures usées occupent maintenant les étagères jadis vides, des plantes apportent une touche de vie, et un vieux piano d'occasion trône dans un coin du salon – bien que Marc ne l'ait jamais entendue en jouer.
Ce soir, Marc organise une réception professionnelle importante. La fusion qu'il négocie depuis des mois avec un groupe allemand est sur le point d'aboutir. Il a hésité à présenter Léa, craignant les questions sur son passé qu'elle-même refuse d'éclaircir complètement. Mais elle a insisté.
"Je ne suis pas un secret honteux, Marc," a-t-elle affirmé avec cette assurance tranquille qui le désarme toujours.
La soirée bat son plein. Marc observe Léa depuis l'autre bout de la pièce, où il discute avec deux investisseurs. Elle porte la robe noire qu'il lui a offerte la semaine dernière – une création sobre mais élégante qui épouse parfaitement ses courbes sans vulgarité. Ses cheveux, autrefois emmêlés, sont relevés en un chignon lâche qui dégage sa nuque. La métamorphose est saisissante.
Ce qui frappe Marc, c'est l'aisance avec laquelle elle évolue parmi ces gens de pouvoir. Elle discute actuellement avec le directeur financier d'une banque d'investissement, et l'homme semble captivé. Son langage corporel, sa façon de toucher légèrement son interlocuteur quand elle veut souligner un point, son rire cristallin qui porte juste assez pour attirer l'attention... Marc se demande où elle a appris ces codes sociaux sophistiqués.
"Votre compagne est fascinante," commente Hélène Mercier, une avocate d'affaires avec qui il travaille depuis des années. "Quelle est son histoire?"
"C'est... compliqué," répond Marc, mal à l'aise.
"Les femmes intéressantes le sont toujours," sourit Hélène en sirotant son champagne.
Le regard de Marc ne quitte pas Léa. Elle est maintenant entourée de trois hommes qui semblent boire ses paroles. L'un d'eux, Victor Lehmann, directeur du groupe allemand avec lequel il négocie, se penche trop près d'elle à son goût. Marc voit la main de Victor effleurer le bras nu de Léa, s'attardant une seconde de trop.
Une vague de jalousie primitive le submerge. Il s'excuse auprès d'Hélène et traverse la pièce, se frayant un chemin parmi ses invités avec une détermination à peine voilée.
"Léa," dit-il en posant possessivement sa main au creux de ses reins. "Je voulais te présenter Jean-Philippe, notre directeur juridique."
Elle se tourne vers lui, et dans ses yeux verts, il voit qu'elle a parfaitement saisi son manège. Un léger sourire étire ses lèvres.
"Bien sûr," répond-elle avant de s'adresser à Victor. "Si vous voulez bien m'excuser, Monsieur Lehmann."
"J'espère que nous pourrons poursuivre cette conversation... plus tard," répond l'Allemand avec un regard appuyé qui met Marc en rage.
La soirée s'éternise. Quand enfin le dernier invité franchit la porte, Marc referme celle-ci avec un soulagement non dissimulé. Le silence qui s'abat sur l'appartement est presque assourdissant après le brouhaha des conversations.
Léa se tient au milieu du salon, défaisant tranquillement son chignon. Ses cheveux cascadent sur ses épaules en vagues sombres. Elle se déchausse, abandonnant ses escarpins sur le tapis.
"Tu as aimé qu'ils te regardent?" demande Marc, sa voix plus basse qu'à l'ordinaire.
"Oui," répond-elle sans détour.
Cette franchise le désarçonne toujours. Pas de faux-semblants, pas de jeu de séduction convenu. Juste cette vérité brute qui le frappe en plein visage.
"Tu les aurais laissés te baiser?" poursuit-il, le ton chargé de cette colère sourde qui monte en lui depuis des heures.
Léa ne cille pas. "Si tu l'avais voulu."
Cette réponse le frappe comme un coup de poing dans l'estomac. Son sexe durcit immédiatement dans son pantalon. L'image de Léa entre les mains d'autres hommes – avec son consentement à lui – réveille un désir pervers qu'il ne se connaissait pas.
En trois enjambées, il est sur elle. Il saisit sa robe à l'encolure et tire violemment. Le tissu cède dans un craquement sec. Léa ne proteste pas, son regard toujours planté dans le sien alors que la robe glisse à ses pieds, révélant qu'elle ne portait rien en dessous.
"C'était pour ça? Pour que je sache que tu étais nue sous ta robe pendant toute la soirée?" gronde-t-il.
"C'était pour toi," répond-elle. "Pour que tu te demandes... pour que tu imagines..."
Il la gifle. Pas fort, une impulsion qui se termine en caresse, juste assez appuyée pour que sa tête tourne légèrement de côté. Quand elle le regarde à nouveau, ses pupilles sont dilatées, sa respiration plus rapide.
"À genoux," ordonne-t-il. "Je veux voir jusqu'où tu es prête à aller pour moi."
Sans hésitation, elle s'agenouille devant lui sur le tapis luxueux. La vision de cette femme nue, à ses pieds, est électrisante. Son corps parfait, ses cicatrices mystérieuses qui semblent presque phosphorescentes dans la lumière tamisée, son regard qui ne cède jamais malgré sa posture soumise.
"Mets tes mains derrière ton dos."
Elle obéit. Il défait sa cravate en soie, la détache complètement et s'en sert pour lier ses poignets dans son dos. Le contraste entre le tissu bleu marine et sa peau pâle est visuellement saisissant.
"Ouvre la bouche."
Ses lèvres s'écartent docilement. Marc défait sa ceinture, puis son pantalon. Son sexe jaillit, déjà dur et tendu. Il le guide vers la bouche de Léa, qui l'accueille sans résistance. Il s'enfonce progressivement, testant ses limites.
"Regarde-moi," ordonne-t-il.
Elle lève les yeux vers lui. Le vert de ses iris n'est plus qu'un mince anneau autour de pupilles dilatées par le désir. Marc commence à bouger, poussant plus profondément dans sa gorge à chaque va-et-vient. Des larmes perlent au coin des yeux de Léa, mais son regard reste fixé sur lui sans faiblir.
"Tu aimes ça," dit-il, une affirmation.
Elle ne peut répondre, sa bouche emplie de lui, mais un gémissement étouffé confirme ses propos. Il sent vibrer ce son autour de son sexe, intensifiant sa sensation. Sa main s'enfouit dans les cheveux de Léa, les agrippant fermement pour contrôler le rythme, la maintenir en place alors qu'il s'enfonce plus profondément.
Sa gorge se contracte autour de lui quand elle commence à manquer d'air, mais elle ne se débat pas. Des larmes coulent maintenant librement sur ses joues, traçant des sillons brillants sur sa peau, faisant couler le peu de maquillage qu'elle portait. Cette vision – sa vulnérabilité, sa soumission volontaire – l'excite au-delà du supportable.
Il se retire enfin, lui laissant reprendre son souffle. Elle halète, la salive coulant sur son menton, ses lèvres gonflées et rougies. Jamais elle ne lui a semblé plus belle qu'en cet instant de soumission absolue.
"Lève-toi," commande-t-il.
Elle se redresse avec grâce malgré ses mains toujours liées dans son dos. Marc la saisit par les épaules et la retourne brusquement. D'une pression ferme entre ses omoplates – là où se trouvent les mystérieuses cicatrices – il la pousse vers le canapé. Elle s'y affale, face contre les coussins, ses fesses offertes dans une position de totale vulnérabilité.
"Tu m'as rendu fou ce soir," murmure-t-il en caressant la courbe de ses reins. "Te voir sourire à ces hommes... les laisser te déshabiller du regard..."
"C'est ce que je voulais, te rendre fou," souffle-t-elle, sa voix étouffée par les coussins.
Il écarte ses jambes d'un coup de genou autoritaire. Sa main glisse entre ses cuisses, découvrant l'humidité qui témoigne de son excitation. Elle est trempée, son sexe luisant dans la pénombre.
"Je vais te prendre d'une façon dont tu te souviendras chaque fois que tu t'assiéras pendant une semaine," gronde-t-il.
Il positionne son sexe contre son entrée vaginale, la pénétrant d'un coup sec qui lui arrache un cri. Ses mains agrippent fermement ses hanches tandis qu'il commence à la pilonner violemment. Le bruit obscène de leurs peaux qui s'entrechoquent emplit la pièce, mêlé aux gémissements de Léa.
Il se penche sur elle, son torse collé à son dos moite, et mordille son oreille. "À qui appartiens-tu, Léa?"
"À toi," halète-t-elle entre deux coups de reins.
"À moi seul," confirme-t-il en accélérant encore le rythme.
Sa main droite quitte sa hanche pour s'enrouler autour de son cou. Il serre légèrement, juste assez pour que sa respiration devienne plus laborieuse, pour qu'elle sente sa domination totale sur son corps.
Avec son autre main, il s'aventure plus bas, trouvant son clitoris gonflé qu'il commence à stimuler en cercles précis. La combinaison de ses assauts profonds, de la pression sur sa gorge et des caresses sur son point sensible fait trembler Léa de tout son corps.
"Marc," gémit-elle, "je vais..."
"Pas encore," ordonne-t-il en retirant sa main de son clitoris.
Il se retire complètement, laissant Léa pantelante et frustrée. D'un geste brusque, il la retourne à nouveau.
"Sur le dos. Je veux voir ton visage quand je te prends."
Elle s'exécute, son corps luisant de sueur s'étalant sur le canapé de cuir noir. Ses mains toujours liées sont coincées sous elle, cambrant son dos et mettant en valeur ses seins parfaits. Ses tétons sont durs comme des pierres, réclamant son attention.
Marc se penche et en prend un dans sa bouche, mordillant doucement avant de l'aspirer avec force. Léa se cambre davantage, un gémissement rauque s'échappant de sa gorge. Il passe à l'autre sein, lui accordant le même traitement tandis que sa main retourne entre ses cuisses.
"Tu es si mouillée," commente-t-il en introduisant deux doigts en elle. "Dis-moi ce que tu veux, Léa."
"Toi," répond-elle, le souffle court. "Je te veux en moi."
"Sois plus précise."
"Je veux ta queue. Profondément. Je veux que tu me baises jusqu'à ce que j'oublie mon nom."
Ces mots crus dans cette bouche parfaite l'enflamment davantage. Il retire ses doigts et les porte à la bouche de Léa.
"Goûte-toi," ordonne-t-il.
Elle lèche ses doigts avec application, ses yeux ne quittant jamais les siens. Cette vision est trop pour lui. Il écarte largement ses cuisses et s'enfonce en elle d'un coup brutal qui la fait crier.
Cette fois, il ne ménage pas ses assauts. Chaque coup de reins est plus puissant que le précédent, comme s'il voulait marquer son territoire au plus profond d'elle. Le canapé grince sous la violence de leurs ébats, les coussins tombent au sol.
Marc sent l'orgasme monter en lui, irrépressible. Mais il veut la voir jouir d'abord. Sa main trouve à nouveau son clitoris qu'il stimule en rythme avec ses coups de reins. De son autre main, il s'empare d'un sein, le malaxant sans douceur.
"Jouis pour moi, Léa. Maintenant."
Comme obéissant à un ordre qu'elle ne peut refuser, le corps de Léa se tend soudainement. Un cri étranglé s'échappe de ses lèvres alors que son vagin se contracte violemment autour de lui. Son orgasme est si intense que des larmes jaillissent de ses yeux.
La vision de Léa en pleine extase, combinée aux contractions puissantes de son sexe autour du sien, précipite Marc dans l'abîme. Il s'enfonce une dernière fois, aussi profondément qu'il le peut, et se libère en elle. Son orgasme le traverse comme une décharge électrique, secouant tout son corps alors qu'il déverse sa semence au plus profond d'elle.
Ils restent ainsi quelques instants, haletants, leurs corps moites enlacés dans une position inconfortable mais étrangement parfaite. Finalement, Marc se retire et défait les liens qui entravent les poignets de Léa. Il masse doucement la peau rougie par la friction de la cravate.
"Je t'ai fait mal ?" demande-t-il, une soudaine inquiétude dans la voix.
Elle secoue la tête, un léger sourire flottant sur ses lèvres. "Non. C'était exactement ce dont j'avais besoin."
Ils se déplacent vers la chambre, abandonnant leurs vêtements éparpillés et la robe déchirée sur le sol du salon. Sous les draps frais, leurs corps trouvent naturellement le chemin l'un vers l'autre. Marc caresse doucement le dos de Léa, s'attardant sur les cicatrices qui le fascinent toujours autant.
"J'étais quelqu'un avant," murmure-t-elle soudain, reprenant leur conversation interrompue des jours plus tôt. "Avant la rue, avant mon mari. J'avais une vie."
"Ton mari?" C'est la première fois qu'elle mentionne un époux.
"Il était chef d'orchestre. Un homme brillant, charismatique." Sa voix devient lointaine. "Et monstrueux."
"Que t'a-t-il fait?"
Elle se tourne vers lui, le visage soudain fermé. "Les cicatrices? C'est lui. Il disait que j'avais des ailes, que je volais trop haut. Alors il me les a coupées."
Cette révélation glace le sang de Marc. "Mon Dieu, Léa..."
"Ne me plains pas," dit-elle sèchement. "La pitié est une forme de mépris."
"Ce n'est pas de la pitié. C'est de la colère." Et c'est vrai. Une rage sourde monte en lui à l'idée qu'on ait pu lui faire du mal.
"Tu peux en avoir une nouvelle. Une vie."
"Avec toi?"
"Avec moi."
Cette nuit-là, ils font l'amour à nouveau, mais différemment. Sans violence, sans domination. Juste deux corps qui se cherchent, se trouvent, communiquent dans le langage universel du désir et du plaisir partagés.
***
Au petit matin, Marc se réveille seul dans le lit. Une panique immédiate l'envahit. Le drap encore tiède à ses côtés témoigne d'une présence récemment évanouie. Ses doigts caressent l'empreinte laissée par le corps de Léa, s'attardant là où sa chaleur persiste encore. Il respire profondément, cherchant sur l'oreiller les effluves de son parfum - ce mélange subtil de jasmin et de musc qui l'enivre depuis leur première rencontre.
Il se lève précipitamment, le cœur battant. Ses pieds nus claquent sur le parquet froid tandis qu'il parcourt l'appartement. La salle de bain est vide, la serviette de Léa n'est plus accrochée à la patère. Dans le salon, aucun signe d'elle - pas de livre abandonné sur le canapé, pas de tasse oubliée sur la table basse. La cuisine, enfin. Aucune trace de Léa. Ses quelques affaires ont disparu - son carnet de croquis qu'elle laissait toujours traîner, son châle rouge qu'elle jetait négligemment sur le dossier d'une chaise.
Sur la table de la cuisine, un mot simple, tracé de son écriture nerveuse : "Ce n'est pas ta pitié que je veux."
La douleur qui le traverse est physique, comme si on lui arrachait une partie de lui-même. Son sexe, encore à demi-érigé du rêve où il la possédait, se rétracte sous l'effet de l'angoisse. Une nausée sourde monte en lui, alors que les souvenirs de leur dernière nuit ensemble défilent par fragments dans son esprit - ses gémissements étouffés contre son oreiller, ses ongles creusant des sillons dans son dos, ses cuisses tremblantes autour de ses hanches. Comment avait-il pu ne pas sentir qu'elle préparait son départ ?
Il s'habille à la hâte, enfilant les premiers vêtements qui lui tombent sous la main. Son esprit bouillonne de questions sans réponses. Pourquoi parle-t-elle de pitié ? Est-ce ainsi qu'elle interprétait ses sentiments, sa tendresse? Il repense à leur rencontre, trois mois plus tôt. Il ne savait presque rien d'elle - juste ce prénom, Léa, et quelques bribes d'une histoire douloureuse.
Déterminé à la retrouver, Marc sort dans les rues de Paris. Mais où chercher ? Elle n'a jamais parlé d'amis, de lieux qu'elle fréquentait avant de le rencontrer. Le masque de mystère qu'elle portait en permanence, qu'il avait trouvé si fascinant, se révèle maintenant comme un obstacle insurmontable.
Le premier jour, il commence par les environs de son appartement. Il interroge le boulanger du coin, le patron du café où ils allaient parfois prendre un petit déjeuner, le gardien du square où elle aimait s'asseoir pour dessiner. Personne ne l'a vue ce matin. La journée avance, le soleil décline, et avec lui l'espoir de Marc.
La nuit venue, il rentre dans son appartement devenu soudain immense et vide. Le silence l'oppresse. Il ouvre le placard où elle rangeait ses rares vêtements. Tout a disparu. Sur l'étagère pourtant, il découvre une écharpe oubliée. Il la porte à son visage, s'enivre de son odeur, ferme les yeux. Derrière ses paupières closes défilent les images de leurs étreintes - Léa, nue dans la lumière tamisée de sa chambre, ses seins petits et fermes dans ses mains, la courbe parfaite de ses hanches sous ses doigts, le goût salé de sa peau. Il s'endort sur le canapé, l'écharpe serrée contre lui comme une relique.
Le deuxième jour, son angoisse a cédé la place à une détermination froide. Il élargit son champ de recherche, s'aventurant dans des quartiers où ils n'allaient jamais ensemble. Il montre sa photo aux sans-abris des quais de Seine, aux vendeurs à la sauvette, aux chauffeurs de taxi. Certains le regardent avec indifférence, d'autres avec une pitié qui le met hors de lui. Ce n'est pas ta pitié que je veux. Ces mots résonnent en lui comme une accusation.
En milieu d'après-midi, un homme aux traits tirés, assis à même le sol près de la gare de l'Est, croit l'avoir aperçue la veille au soir. "Une fille avec des yeux comme des puits sans fond ? Elle se dirigeait vers le 11ème, je crois." Cette maigre piste ravive l'espoir de Marc. Il passe les heures suivantes à sillonner l'arrondissement, entrant dans chaque café, chaque commerce encore ouvert. Rien.
Le soir du deuxième jour, épuisé et désespéré, affamé aussi car il n'a presque rien mangé depuis son départ, il pousse la porte d'un bar miteux de la rue Oberkampf. L'odeur de bière renversée et de parfums bon marché l'assaille.
Il s'approche du comptoir, commande un whisky qu'il avale d'un trait. La brûlure de l'alcool le ramène momentanément à la réalité. C'est alors qu'il l'entend. La musique. Une mélodie cristalline qui semble flotter au-dessus du vacarme ambiant. Beethoven. La Sonate au Clair de Lune, interprétée avec une maîtrise qui ne peut venir que d'années de pratique assidue.
Son cœur s'arrête. Jamais Léa n'a joué du piano dans l’appartement. Jamais elle n'a manifesté le moindre intérêt pour la musique classique dans leurs conversations. Et pourtant, quelque chose en lui sait. Avant même de chercher l'origine de cette mélodie, avant même de la voir, il sait que c'est elle.
Il traverse la salle bondée, poussé par un instinct qu'il ne comprend pas. Des hommes et des femmes se tiennent debout ou assis à de petites tables rondes, tous tournés vers le fond de la salle où un vieux piano droit trône sur une estrade improvisée.
Et là, assise sur un tabouret usé, il la voit. Léa. Mais une Léa qu'il ne connaît pas. Ce n'est plus la créature fragile et sauvage qu'il a recueillie, pas plus de la compagne sensuelle et distinguée qu’elle jouait à ses côtés. Ses doigts volent sur les touches avec une grâce surhumaine, traçant des arabesques sonores qui semblent émaner directement de son âme. Son visage est transformé par une concentration absolue qui la rend presque méconnaissable. Ses traits, habituellement marqués par une tension perpétuelle, se sont adoucis. Ses lèvres, qu'il a tant embrassées, sont légèrement entrouvertes, comme si elle respirait la musique.
Elle irradie d'une lumière qui semble venir de l'intérieur, une assurance tranquille qu'il ne lui a jamais vue. Sa blouse entrouverte révèle la courbe de ses seins à chaque respiration profonde qu'elle prend pour suivre le rythme de la musique. Ses cheveux, habituellement attachés en une queue de cheval sévère, cascadent librement sur ses épaules, caressant sa nuque au gré de ses mouvements.
Marc reste figé au milieu de la salle, hypnotisé par cette métamorphose. Un frisson parcourt son échine tandis qu'une révélation le frappe de plein fouet : La Léa qu'il aimait n'était peut-être qu'un personnage, un rôle temporairement endossé pour survivre.
Au milieu du morceau, comme si elle avait senti sa présence, elle lève brièvement les yeux. Leurs regards se croisent à travers la salle enfumée. Pas de surprise dans le sien, pas de joie non plus. Juste une reconnaissance tranquille, presque résignée, avant qu'elle ne replonge dans sa musique, laissant ses doigts traduire ce que les mots ne peuvent exprimer.
Marc reste immobile, déchiré entre la joie de l'avoir retrouvée et la douleur de comprendre qu'il ne l'a jamais véritablement connue. Les dernières notes de la sonate s'égrènent dans l'air comme autant de questions sans réponses. Qui est vraiment cette femme dont il a partagé le lit pendant trois mois? Et que signifie ce message énigmatique laissé dans sa cuisine?
Alors qu'elle achève le morceau dans un murmure de touches effleurées, Marc prend une décision. Cette fois, il ne lui offrira pas d'abri, pas de protection. Cette fois, il devra mériter sa confiance, découvrir qui elle est réellement, au-delà du désir qui les a liés.
Il s'approche lentement du piano tandis que les clients reprennent leurs conversations. Son parfum l'atteint avant même qu'il ne soit à sa hauteur – cette odeur unique, mélange de musc et de quelque chose qui n'appartient qu'à elle.
"Je ne t'offre pas ma pitié," dit-il. "Je t'offre une âme aussi brisée que la tienne."
Un sourire énigmatique flotte sur ses lèvres. Elle se lève et tend la main vers lui. "Alors peut-être pouvons-nous nous reconstruire ensemble."
Ils montent les escaliers étroits qui mènent à sa chambre. Chaque marche grinçante amplifie la tension entre eux. Marc la suit, hypnotisé par le balancement de ses hanches, ce mouvement si familier qui lui a tant manqué. Dans l'escalier sombre, il s'arrête soudain, incapable de résister plus longtemps. Il la plaque contre le mur, son corps dur pressé contre le sien.
"J'ai cru devenir fou," murmure-t-il contre sa nuque.
Les doigts de Léa s'agrippent à sa chemise. "Montre-moi à quel point," souffle-t-elle d'une voix rauque.
Sa main glisse sous sa jupe, remontant le long de sa cuisse jusqu'à rencontrer l'humidité chaude de son sexe à peine couvert d'une culotte en dentelle. Elle a envie de lui, déjà. Toujours. Comme si ces deux jours n'avaient fait qu'intensifier ce qui couvait entre eux.
"Pas ici," halète-t-elle, bien que son corps démente ses paroles en se cambrant contre lui.
Ils atteignent sa chambre, une pièce simple, presque austère. Un lit, une commode, quelques partitions éparpillées. Si différente du luxe auquel Marc est habitué. Mais ici, dans cet espace qui est entièrement elle, son essence semble plus pure, plus vraie.
La porte à peine fermée, leurs corps se cherchent à nouveau, s'entrechoquent. Les vêtements tombent au sol dans un bruissement urgent. Marc découvre son corps comme si c'était la première fois – et d'une certaine façon, c'est le cas. Il ne fait plus l'amour à une femme qu'il a sauvée, mais à une femme qui le sauve de lui-même.
"J'ai besoin de te goûter partout," grogne-t-il en tombant à genoux devant elle.
Ses lèvres tracent un chemin brûlant le long de son ventre, descendant inexorablement vers son sexe offert. Quand sa langue trouve enfin cette chair humide et gonflée, Léa laisse échapper un gémissement qui ressemble presque à un sanglot. Ses doigts s'enfoncent dans les cheveux de Marc, guidant ses mouvements, exigeant plus.
"Comme ça... oui... juste là," murmure-t-elle, les yeux mi-clos.
Marc s'enivre de son goût – salé, légèrement acidulé, indescriptiblement elle. Sa langue tournoie autour de son clitoris, tandis que ses doigts explorent sa moiteur chaude, redécouvrant les points qui la font trembler. Il la sent se tendre, au bord de l'orgasme, et ralentit délibérément, prolongeant son plaisir jusqu'à ce qu'elle tire ses cheveux, presque douloureusement.
"Arrête de jouer," ordonne-t-elle d'une voix brisée par le désir. "Je ne veux pas jouir comme ça. Je veux te sentir en moi."
Elle le tire vers le lit, inversant les rôles. C'est elle maintenant qui prend les commandes, le poussant sur le dos. Marc découvre une Léa différente – plus assurée, plus dominatrice. Ses yeux brillent d'un feu qui le consume alors qu'elle s'agenouille entre ses jambes.
"Tu m'appartiens autant que je t'appartiens," dit-elle avant de prendre son sexe dans sa bouche.
La chaleur humide qui l'enveloppe lui arrache un grognement animal. Ses lèvres glissent le long de sa verge, sa langue tournoyant autour du gland sensible. Marc agrippe les draps, luttant contre l'envie de s'abandonner trop vite.
"Léa... arrête... je vais..."
Elle relève la tête, un sourire carnassier aux lèvres. "Pas encore," murmure-t-elle en se redressant.
Dans un mouvement fluide, elle s'empale sur lui, les unissant d'un coup. Ils gémissent à l'unisson – ce sentiment d'être enfin complet, de retrouver une partie manquante de soi-même. Léa commence à bouger, lentement d'abord, puis avec une urgence croissante. Ses seins rebondissent au rythme de ses mouvements, hypnotisant Marc qui les caresse, les presse, les goûte.
"Regarde-moi," exige-t-elle en ralentissant. "Je veux que tu me voies vraiment cette fois."
Leurs regards se verrouillent l'un dans l'autre. Dans ses yeux, Marc voit tout – la douleur, la peur, la force, le désir. Plus de masques, plus de faux-semblants. Juste Léa, dans toute sa complexité. Une larme coule sur sa joue alors qu'elle continue à onduler sur lui, emmenant leurs corps vers une jouissance qui transcende le physique.
"Je te vois," murmure-t-il, une main posée sur sa joue. "Je te vois enfin."
Elle accélère le rythme, ses hanches claquant contre les siennes avec une intensité presque douloureuse. La sueur perle sur leurs corps, l'odeur du sexe emplit la petite chambre. Marc sent la jouissance approcher, irrésistible comme une vague.
"Viens avec moi," supplie-t-il en glissant une main entre leurs corps pour caresser son clitoris.
Le corps de Léa se raidit, ses muscles internes se contractant autour de lui. Son orgasme la traverse comme une décharge électrique, arrachant un cri rauque de sa gorge. Cette vision, cette sensation suffit à faire basculer Marc. Il s'enfonce une dernière fois en elle, profondément, déversant sa semence au plus profond de son être avec un grognement animal qui semble arraché de ses entrailles.
Ils s'effondrent ensemble, haletants, tremblants, leurs corps toujours unis. Des larmes silencieuses coulent sur leurs visages – larmes de libération, de reconnaissance, de quelque chose de nouveau qui naît entre eux.
"Je n'ai jamais ressenti ça," avoue-t-elle alors qu'ils sont allongés, enlacés dans l'obscurité. Ses doigts tracent des motifs abstraits sur la poitrine de Marc, s'attardant sur chaque cicatrice, chaque imperfection.
"Moi non plus," répond-il en embrassant son front humide de sueur.
Marc glisse une main entre les cuisses de Léa, sentant leur mélange s'écouler d'elle. Ce geste, à la fois possessif et tendre, ravive une étincelle en eux. Sans un mot, elle guide sa main, lui montrant exactement comment la toucher – plus doucement ici, plus fermement là. C'est une leçon d'intimité qu'ils n'avaient jamais partagée auparavant.
"Encore," murmure-t-elle contre ses lèvres. "Je veux te sentir encore en moi."
Cette nuit-là, ils se redécouvrent sans cesse, explorant de nouvelles façons de se donner du plaisir, parlant entre deux étreintes de tout ce qu'ils n'avaient jamais osé dire. La musique, sa passion secrète. Son enfance dans un conservatoire prestigieux. Sa chute. Sa renaissance par la musique, dans ce bar miteux.
À l'aube, épuisés mais apaisés, ils regardent le jour se lever à travers la fenêtre étroite. Leurs corps nus portent les marques de leurs retrouvailles – suçons, griffures légères, rougeurs aux endroits où leurs baisers se sont attardés.
"Je ne cherchais pas à être sauvée," murmure Léa en traçant le contour des lèvres de Marc du bout des doigts.
"Et je ne cherchais pas à être ton sauveur," répond-il en embrassant sa paume. "Peut-être qu'on peut juste... être ensemble. Deux âmes imparfaites qui se complètent."
Mais tandis que Marc s'endort, apaisé, Léa reste éveillée. Son regard se pose sur les cicatrices de ses omoplates, visibles dans le jeu de miroirs de part et d’autre du lit. Un reflet étrange semble y danser un instant – comme l'ombre d'ailes immenses qui n'attendent que le moment propice pour se déployer à nouveau.
À 42 ans, Marc est à l'apogée de sa carrière. PDG d'une société de courtage en pleine expansion, il vient de conclure un rachat qui fera la une des journaux économiques demain. Pourtant, une sensation de vide l'étreint. Son costume Armani gris anthracite, taillé sur mesure à 4000 euros, ne parvient plus à dissimuler cette impression grandissante que sa vie n'est qu'une succession de chiffres sans âme.
Il desserre sa cravate en soupirant. Les essuie-glaces peinent à repousser le déluge. Son téléphone vibre sur le siège passager. Claire, sa maîtresse du moment. Sans doute pour annuler leur rendez-vous.
Un instant d'inattention. Les phares éclairent soudain une silhouette au milieu de la rue. Un coup de frein brutal. Les pneus crissent sur l'asphalte détrempé. Un choc sourd. Une forme roule sur le capot avant de s'effondrer au sol.
"Putain de merde !"
Marc sort en trombe, la pluie trempant immédiatement son costume. Une femme est allongée sur l'asphalte luisant. Elle se redresse lentement, visiblement sonnée mais pas gravement blessée.
"Vous êtes folle ou quoi ? Vous avez surgi de nulle part !"
Elle le fixe sans répondre. Environ 30 ans, des vêtements usés et sales. Ses cheveux bruns, emmêlés et plaqués par la pluie, encadrent un visage aux traits fins que la crasse ne parvient pas à dissimuler complètement. Mais ce sont ses yeux qui le frappent – d'un vert intense, presque phosphorescent sous la lumière des réverbères. Ils ne contiennent ni peur, ni colère, juste une étrange lucidité qui le déstabilise.
"Je vais bien," dit-elle simplement.
Sa voix le surprend. Grave, posée, avec une diction parfaite qui contraste brutalement avec son apparence. Une voix cultivée, presque aristocratique.
"Je dois vous emmener à l'hôpital."
"Non." La fermeté de son ton est sans appel.
"Écoutez, je ne peux pas vous laisser comme ça. Je pourrais avoir des ennuis."
Marc s'entend prononcer ces mots et se déteste immédiatement. L'égoïsme nu de sa remarque le frappe comme une gifle.
Elle tente de se relever, chancelle. Marc la rattrape instinctivement. Sous la saleté de ses vêtements, il sent un corps ferme, musclé. Une odeur étrange émane d'elle – un mélange de crasse et de quelque chose d'autre, plus subtil. Un parfum coûteux peut-être, vestige d'une autre vie.
"Je m'appelle Marc Delvaux. Et vous ?"
"Léa."
Juste Léa. Pas de nom de famille. Ses yeux verts scrutent Marc comme s'ils cherchaient à évaluer sa valeur, non pas financière, mais morale.
"Laissez-moi au moins vous offrir un repas et un endroit pour vous sécher."
Elle hésite. La pluie redouble. Une mèche de cheveux trempés colle à sa joue. D'un geste étonnamment gracieux, elle la replace derrière son oreille.
"D'accord. Juste pour me sécher."
Dans la voiture, l'odeur de Léa envahit l'habitacle. Une odeur forte, animale, qui trouble Marc malgré lui. L'eau dégouline de ses vêtements sur le cuir anglais. Le siège sera foutu.
Étrangement, il s'en fout.
"Vous êtes toujours aussi charitable avec les SDF que vous renversez ?" demande-t-elle soudain, un soupçon d'ironie dans la voix.
"Vous êtes la première que je renverse."
"Mais pas la première femme que vous ramenez chez vous."
Cette remarque le fige. Comment peut-elle savoir ?
"Je devine facilement," poursuit-elle en fixant la route. "Votre profil est classique. Homme d'affaires séduisant, divorcé, enchaînant les conquêtes pour combler un vide existentiel."
Marc freine brusquement à un feu rouge. "Qui êtes-vous ?"
"Personne. Une ombre. Un accident sur votre route."
Le reste du trajet se fait en silence. Marc observe Léa du coin de l'œil. Malgré ses habits délabrés, elle se tient droite, avec une dignité qui semble indestructible. Ses mains sont fines, les ongles abîmés mais propres. Des mains qui ont connu autre chose que la rue.
Alors qu'ils approchent de son immeuble haussmannien, un souvenir surgit dans l'esprit de Marc. Violemment. Sans prévenir.
Venise, trois ans plus tôt. Un voyage d'affaires qui avait pris une tournure inattendue quand il avait croisé cette pianiste russe dans le bar de son hôtel.
Svetlana.
Le souvenir est si vif qu'il sent presque son parfum, un mélange de jasmin et de bergamote. Elle avait les mêmes yeux que Léa. Ce vert intense, presque surnaturel.
Cette nuit-là, après son concert au Teatro La Fenice, elle l'avait rejoint dans sa suite. Sans un mot, elle avait laissé glisser sa robe noire le long de son corps, révélant une peau d'albâtre marquée par d'étranges cicatrices sur les omoplates – comme si des ailes lui avaient été arrachées.
"D'où viennent ces marques ?" avait-il demandé en effleurant les cicatrices du bout des doigts.
"D'une vie antérieure," avait-elle répondu, énigmatique. "Touche-les."
Ses doigts avaient parcouru les cicatrices, sentant la peau rugueuse, différente. À sa grande surprise, Svetlana avait frémi violemment à ce contact.
"Elles sont sensibles ?"
"Plus que tu ne peux l'imaginer."
Elle s'était alors approchée de lui, déboutonnant sa chemise avec une lenteur délibérée. Ses doigts fins – des doigts de pianiste – avaient défait sa ceinture avant de s'attarder sur son érection déjà douloureuse.
"Je veux te goûter," avait-elle murmuré.
À genoux devant lui, elle avait pris son sexe en bouche. La chaleur humide de sa langue, la pression parfaite de ses lèvres, la façon dont elle le regardait droit dans les yeux pendant qu'elle le suçait... Marc ferma les yeux à ce souvenir.
Il revoit la chambre de l'hôtel, les rideaux de soie agités par la brise venant du Grand Canal, la lumière tamisée des appliques dorées se reflétant sur la peau de Svetlana. Les sons aussi – le clapotis de l'eau contre les gondoles en contrebas, les soupirs de la pianiste, le froissement des draps.
Quand elle s'était relevée, il l'avait plaquée contre le mur. Ses mains avaient agrippé ses hanches, l'avaient soulevée. Elle avait enroulé ses jambes autour de sa taille alors qu'il la pénétrait d'un coup sec.
"Plus fort," avait-elle ordonné, les yeux mi-clos.
Il l'avait prise brutalement, sentant les parois de son sexe se contracter autour de lui. Elle était brûlante, humide. Ses ongles s'étaient enfoncés dans son dos, lacérant sa peau.
"Mords-moi," avait-elle encore exigé.
Il avait planté ses dents dans son cou, juste à la jonction de l'épaule, suffisamment fort pour laisser une marque. Elle avait gémi, un son guttural, presque animal, qui l'avait excité encore davantage.
Il l'avait ensuite portée jusqu'au lit, l'avait jetée sur les draps. Elle s'était retournée d'elle-même, à quatre pattes, lui offrant sa vue la plus intime. Son sexe luisant d'excitation, ses fesses parfaitement rondes, son dos cambré pour l'accueillir.
"Frappe-moi," avait-elle demandé.
Sa main s'était abattue sur sa fesse droite. Le claquement avait résonné dans la pièce, suivi d'un gémissement de plaisir.
"Encore."
Une deuxième claque, plus forte. La peau pâle rougissait déjà sous l'impact.
"Maintenant, prends-moi comme si tu voulais me punir."
Il l'avait pénétrée à nouveau, s'enfonçant jusqu'à la garde. Ses coups de reins étaient devenus de plus en plus violents, le lit grinçant sous leurs assauts combinés. Une de ses mains s'était glissée sous elle pour stimuler son clitoris, tandis que l'autre agrippait ses cheveux, tirant sa tête en arrière.
"Tu aimes ça, n'est-ce pas ?" avait-il grogné, surpris par sa propre brutalité.
"Oui... Oui..."
La sueur perlait sur leurs corps. L'odeur du sexe emplissait la chambre. Il sentait l'orgasme monter, irrépressible.
"Je vais jouir," avait-il annoncé, ralentissant pour se retirer.
"Non. En moi."
"Tu es sûre ?"
"En moi," avait-elle répété, sa voix plus un ordre qu'une demande.
L'orgasme l'avait submergé comme une vague dévastatrice. Il s'était répandu en elle en longues pulsations, son corps tout entier secoué de spasmes. Elle avait joui en même temps, son sexe se contractant autour de lui, prolongeant son plaisir jusqu'à la limite du supportable.
Ils s'étaient effondrés ensemble sur le lit, haletants, épuisés. Il avait effleuré à nouveau ses cicatrices, fasciné.
"Qui es-tu vraiment ?" avait-il demandé.
Elle avait souri, énigmatique. "Un ange qui a perdu ses ailes."
Le lendemain matin, elle avait disparu. Aucune trace. Comme si elle n'avait jamais existé.
"Monsieur ?"
La voix de Léa le ramène brutalement à la réalité. Ils sont toujours garés devant son immeuble.
"Pardon," murmure-t-il, troublé par ce souvenir si vivace.
Il se rend compte avec embarras que son excitation est visible. Léa suit son regard et sourit légèrement.
"Les souvenirs peuvent être... envahissants," dit-elle.
Comment peut-elle savoir qu'il était perdu dans un souvenir ? Cette femme est décidément troublante.
L'appartement de Marc est un loft luxueux avec vue sur la Seine. Léa reste figée à l'entrée, son regard parcourant l'espace avec une attention particulière. Pas de l'émerveillement, plutôt une évaluation méthodique.
"La salle de bain est par là," indique Marc. "Prenez une douche. Je vais vous trouver des vêtements secs."
Léa disparaît dans la salle d'eau. Marc entend l'eau couler. Il imagine cette femme sale se dénudant, l'eau ruisselant sur son corps. Cette pensée l'excite inexplicablement. Il se dirige vers sa chambre pour trouver des vêtements, mais s'arrête devant la porte de la salle de bain. La tentation de regarder par le trou de la serrure le taraude, mais il résiste. Quelque chose dans le regard de cette femme lui dit qu'elle le saurait.
Dans la cuisine, il prépare une omelette et ouvre une bouteille de vin. Il se demande pourquoi il fait tout ça pour une inconnue. Peut-être la culpabilité. Peut-être la solitude.
Quand Léa ressort, enveloppée dans son peignoir trop grand, Marc est stupéfait. Lavée, elle est magnifique. Ses traits fins, ses yeux verts intenses, ses cheveux bruns mouillés plaqués en arrière révèlent un visage d'une beauté saisissante. Presque surnaturelle.
"Vous êtes... différente," balbutie-t-il.
"Sans la crasse ? J'imagine."
Il lui tend un t-shirt et un short. "C'est tout ce que j'ai trouvé."
"Ça suffira."
Elle laisse glisser le peignoir. Marc reste figé. Son corps est parfait, musclé mais féminin, marqué par endroits de cicatrices qu'il meurt d'envie de toucher. Ses seins sont petits, fermes, ses tétons durcis par l'air frais.
Et là, sur ses omoplates, il les voit. Deux longues cicatrices, identiques à celles de Svetlana.
Le souffle lui manque. C'est impossible. Une coïncidence. Ça doit être une coïncidence.
"Je vous gêne ?" demande-t-elle sans honte, sans faire un geste pour se couvrir.
"Non... je... vous êtes très belle."
"Je sais."
Elle s'habille lentement, consciente de son regard. Le t-shirt tombe sur ses épaules, dissimulant les cicatrices qui obsèdent maintenant Marc.
Ils mangent en silence. Elle dévore la nourriture mais avec des gestes précis, élégants. Elle tient sa fourchette comme on l'apprend dans les écoles de bonnes manières, pas dans la rue.
"D'où venez-vous ?" ose-t-il enfin.
"De partout. De nulle part." Ses yeux verts le transpercent. "Et vous ?"
"Moi ? Je suis né à Lyon. École de commerce à Paris. Puis New York pendant dix ans. Retour à Paris il y a cinq ans."
"Une vie bien tracée."
"Apparemment. Et pourtant..."
"Et pourtant vous vous sentez vide," finit-elle à sa place. Ce n'est pas une question.
"Qui êtes-vous vraiment ?" demande-t-il, de plus en plus troublé.
"Personne. Une ombre."
"Comment une femme comme vous finit-elle à la rue ?"
"Une femme comme moi ?"
"Éduquée. Raffinée."
Un sourire énigmatique étire ses lèvres. "La vie est pleine de surprises, Marc. Parfois, on a tout. Et puis un jour, on n'a plus rien. Comme si on vous avait arraché les ailes."
Marc frissonne. Ces mêmes mots. Ces cicatrices. Il a l'impression de devenir fou.
"Puis-je rester cette nuit ?" demande-t-elle soudain.
"Bien sûr. La chambre d'amis est prête."
"Merci. Vous êtes un homme bon, Marc Delvaux. Ou du moins, vous pourriez l'être."
Cette nuit-là, dans sa chambre, Marc ne peut s'empêcher de penser à elle, à quelques mètres de lui, dans la chambre d'amis. Les cicatrices. Les yeux verts. Les coïncidences sont trop nombreuses. Ou peut-être devient-il paranoïaque.
Il se déshabille lentement, laissant tomber ses vêtements sur le sol. La fatigue de la journée pèse sur ses épaules, mais l'excitation qui pulse dans ses veines est plus forte. Allongé sur son lit, il ferme les yeux et laisse ses doigts effleurer son torse, descendre le long de son ventre, jusqu'à son sexe déjà durci par le seul souvenir de Léa.
Sa main s'enroule autour de sa verge tandis que son esprit dérive vers un souvenir vieux de trois ans. Venise. La chambre d'hôtel donnant sur le Grand Canal. L'air chargé d'humidité et de parfums enivrants.
Mais ce soir, c'est le visage de Léa qui se superpose à celui de Svetlana. C'est Léa qu'il imagine écartant les cuisses sur les draps de satin blanc de cette suite vénitienne. Léa dont il imagine la peau pâle contrastant avec le brocart sombre des tentures. Léa dont les gémissements se mêlent au clapotis de l'eau contre les fondations du palais.
Son poing se resserre, accélère son mouvement. La chaleur monte en lui par vagues. Il se perd dans cette vision, recréant chaque détail avec une précision obsessionnelle. Le grain de beauté qu'il a remarqué près de la clavicule de Léa lorsqu’elle s’est dénudée. L'ondulation de ses hanches lorsqu'elle s'est éloignée. L'odeur intime qu'il imagine être la sienne - quelque chose de frais et pourtant animal.
Dans son fantasme, ses mains parcourent le corps de Léa, découvrant ses seins petits mais fermes, la courbe de son ventre, la douceur de l'intérieur de ses cuisses. Il l'entend gémir sous ses caresses, la sent s'ouvrir pour lui, humide et brûlante.
Son corps tressaille d'un désir qu'il ne comprend pas. Ce n'est pas seulement de la luxure, c'est quelque chose de plus profond, de plus troublant. Un désir mêlé de peur. Comme s'il s'apprêtait à plonger dans un abîme dont il ne remonterait jamais.
Sa respiration s'accélère, devient erratique. Des gouttes de sueur perlent sur son front, glissent le long de ses tempes. Sa main libre agrippe le drap, le tord entre ses doigts. Dans son fantasme, Léa n'est plus passive. Elle le chevauche maintenant, prenant le contrôle, ses ongles traçant des sillons rouges sur sa poitrine. Son visage est transformé par le plaisir, ses lèvres entrouvertes laissant échapper des mots qu'il ne comprend pas mais qui l'excitent davantage.
Ce qui l'effraie, c'est l'intensité de cette obsession naissante. Cette femme qu'il connaît à peine occupe déjà tout l'espace de son désir. Comme si elle avait pris possession de lui par un simple regard échangé. Comme si elle savait exactement qui il était et ce dont il avait besoin.
Son pouls s'accélère encore. Le plaisir monte, irrésistible. Dans son fantasme, Léa se penche vers lui, ses cheveux formant un rideau sombre autour de leurs visages. Elle murmure à son oreille : "Tu ne peux pas m'échapper. Tu es déjà à moi."
Ces mots imaginaires le propulsent au bord du gouffre. Son corps se tend. Les muscles de son ventre se contractent. Sa main accentue sa pression, son rythme devient frénétique.
À l'instant où il jouit, projetant sa semence sur son ventre en longs jets pulsatiles, il croit entendre un léger rire de femme. Un rire cristallin qui semble provenir à la fois de partout et de nulle part. Un rire qui lui glace le sang malgré la chaleur qui irradie encore de son corps.
Il ouvre brusquement les yeux, le souffle court. Son regard balaye la chambre plongée dans la pénombre. Mais quand il tend l'oreille, il n'y a que le silence. Le tic-tac régulier de l'horloge dans le salon. Le ronronnement lointain de la climatisation. Le bruissement occasionnel du vent contre les vitres.
Pourtant, l'impression persiste. Celle d'une présence. Celle d'être observé. Il se redresse, essuie machinalement son ventre avec le drap. Une angoisse inexplicable s'empare de lui. Comme si en invoquant Léa dans son fantasme, il avait ouvert une porte qu'il ne pourrait plus refermer.
Il se lève, va jusqu'à la fenêtre et écarte légèrement le rideau. Dans la rue en contrebas, les lampadaires projettent des halos jaunâtres sur le bitume luisant de la pluie récente. Personne. Juste une ville endormie, indifférente à son trouble.
Dans la chambre d'amis, Léa est assise sur le rebord de la fenêtre, contemplant la Seine. Elle effleure machinalement les cicatrices sur ses omoplates. Un sourire désabusé flotte sur ses lèvres.
"Jamais plus," murmure-t-elle à la nuit. "Jamais plus."
***
Une semaine s'est écoulée depuis que Marc a ramené Léa chez lui. Sept jours d'une étrange cohabitation où chacun observe l'autre, apprend ses habitudes, sans jamais franchir la frontière invisible qui sépare leurs mondes.
Léa occupe désormais la chambre d'amis comme si elle y avait toujours vécu. Marc observe avec fascination sa métamorphose progressive. La femme sale et méfiante du premier soir a laissé place à une créature d'une élégance naturelle qui se déplace dans l'appartement avec une grâce féline. Elle porte ses vêtements à lui – chemises trop grandes et shorts qui dévoilent ses jambes interminables – comme s'il s'agissait de haute couture.
Ce qui trouble le plus Marc, c'est la façon dont elle a pris possession de son espace. Elle a réarrangé les livres dans sa bibliothèque, changé l'emplacement des meubles dans sa chambre, modifié les réglages de sa machine à café. Et le plus perturbant : il apprécie ces changements.
Comme si son appartement avait attendu la touche de Léa pour devenir véritablement un foyer.
Ils dînent ensemble chaque soir, parlant de tout et de rien. Léa possède une culture impressionnante, cite des poètes obscurs, discute politique internationale avec une acuité qui le surprend constamment. Mais dès qu'il l'interroge sur son passé, elle se dérobe, évasive.
"Tu ne peux pas continuer à m'éviter éternellement," dit-il un soir alors qu'ils partagent une bouteille de Bordeaux sur la terrasse.
"Je ne t'évite pas. Je suis juste là."
"Tu sais ce que je veux dire."
Elle sirote son vin, ses yeux verts reflétant les lumières de la ville en contrebas. "Certaines histoires ne méritent pas d'être racontées, Marc."
"Les cicatrices sur tes omoplates..."
Elle se raidit instantanément. "Quoi, mes cicatrices?"
"Elles ressemblent à celles d'une femme que j'ai connue. À Venise. Il y a trois ans."
Un silence lourd s'installe entre eux. Léa repose son verre lentement.
"Tu as des photos d'elle?"
Marc sort son téléphone, parcourt sa galerie et lui montre une image. Svetlana au piano, dans sa robe noire, son profil sculptural tourné vers l'objectif.
Léa observe longuement la photo. Son visage ne trahit aucune émotion.
"Elle te ressemble de manière... troublante," ajoute Marc.
"Je ne trouve pas," répond-elle en lui rendant le téléphone. "Tous les visages se ressemblent pour qui ne sait pas regarder."
Cette nuit-là, Marc n'arrive pas à dormir. Les ressemblances sont trop frappantes pour être une coïncidence. Mais l'alternative – que Svetlana et Léa soient la même personne – est tout simplement impossible. À moins que...
Un bruit le tire de ses pensées. Sa porte s'ouvre doucement. La silhouette de Léa se découpe dans l'encadrement, éclairée par la faible lueur du couloir.
"Je peux entrer?" demande-t-elle, sa voix à peine audible.
Sans attendre sa réponse, elle avance. Elle porte une de ses chemises blanches, déboutonnée suffisamment pour révéler la naissance de ses seins. Ses jambes nues captent la lumière bleutée qui filtre des fenêtres.
"Qu'est-ce que tu veux, Léa?" demande-t-il, la gorge soudain sèche.
"Tu me veux depuis le premier jour. Prends-moi ou je pars demain."
Son corps réagit instantanément à ces mots. Son sexe durcit sous les draps. La proposition est si directe, si brutale qu'elle le laisse sans voix.
"Je ne comprends pas ce jeu."
"Ce n'est pas un jeu. C'est un échange." Elle s'approche du lit, déboutonnant lentement la chemise. "Tu m'offres le luxe, je t'offre mon corps."
À mesure qu'elle avance, la chemise s'ouvre, dévoilant ses seins petits mais parfaits, son ventre plat où court une fine ligne de poils bruns descendant vers son pubis. Ses tétons sont dressés dans l'air frais de la chambre.
"Tu n'es pas une pute," dit-il, malgré son désir évident.
"Non." Elle s'assoit au bord du lit, si proche qu'il peut sentir son odeur – un mélange de son savon et de quelque chose de plus animal, de plus primitif. "Et il y a bien d’autres choses que je ne suis pas."
Elle tire sur le drap qui couvre son corps, le faisant glisser lentement jusqu'à exposer son sexe en érection. Sans le quitter des yeux, elle se penche et le prend dans sa main, caressant sa longueur avec une lenteur délibérée.
Marc retient son souffle. Sa paume est chaude, légèrement rugueuse. Elle le touche avec une assurance qui trahit l'expérience.
"Léa..." commence-t-il, mais elle pose un doigt sur ses lèvres.
"Ne parle pas. Pas maintenant."
Elle se penche et le prend en bouche sans préambule. La chaleur humide de sa langue le fait gémir instantanément. Elle commence par lécher le gland, tournant sa langue autour de lui avec une précision experte. Puis elle le prend plus profondément, créant une succion parfaite qui lui arrache un gémissement rauque.
Ses mains s'accrochent aux draps tandis qu'elle augmente le rythme. La vision de cette femme mystérieuse, cette SDF qui avait surgit dans sa vie par accident, maintenant agenouillée entre ses jambes, sa bouche travaillant son sexe avec une maîtrise consommée – c'est presque trop à supporter.
Elle s'arrête soudain, le regarde, ses lèvres humides et gonflées. "Baise-moi comme la chienne que tu imagines."
Ces mots déchirent le dernier voile de sa retenue. Il la saisit par les cheveux, la tire violemment jusqu'à lui. Elle gémit, mais d'excitation, pas de douleur. Il la retourne brusquement, la plaque face contre le matelas, son visage enfoncé dans les oreillers.
"C'est ça que tu veux?" grogne-t-il, écartant ses jambes d'un genou brutal.
"Oui..." soupire-t-elle, levant ses hanches pour s'offrir complètement.
Il glisse sa main entre ses cuisses et découvre qu'elle est déjà trempée. Son excitation a transformé son sexe en une vallée luisante et chaude qui appelle à la possession. Il enfonce deux doigts en elle, sentant ses parois se contracter autour d'eux. Elle étouffe un cri dans l'oreiller.
"Tu aimes ça, hein? Être traitée comme un objet?" Il retire ses doigts, les porte à sa bouche, goûte son essence. Son goût est salé, musqué – addictif.
"Oui... Traite-moi comme ta chose..."
Marc se positionne derrière elle, guide son sexe vers son entrée. Il la pénètre d'un coup sec, s'enfonçant jusqu'à la garde. Léa hurle, son dos se cambre violemment.
La sensation est indescriptible. Elle est étroite, brûlante, parfaitement humide. Ses parois l'enserrent comme un gant de velours, palpitant autour de lui. Il commence à la pilonner sauvagement, son bassin claquant contre ses fesses avec violence. Le bruit obscène de leurs chairs qui se rencontrent remplit la chambre.
"Tu es si étroite," grogne-t-il, agrippant ses hanches avec une force qui laissera des marques.
"Plus fort," supplie-t-elle, "Déchire-moi..."
Il obéit, redoublant d'ardeur, s'enfonçant en elle avec une brutalité qu'il ne se connaissait pas. Il lui tire les cheveux en arrière, l'obligeant à cambrer davantage son dos. Cette posture expose les cicatrices sur ses omoplates – deux longues marques parallèles qui semblent presque luire dans la pénombre.
Guidé par un instinct qu'il ne comprend pas, il se penche et passe sa langue sur l'une des cicatrices. La réaction de Léa est immédiate et violente : son corps entier convulse, elle pousse un cri qui n'a plus rien d'humain. Ses parois vaginales se contractent spasmodiquement autour de son sexe.
"Encore," halète-t-elle, "touche-les encore..."
Il mord délicatement la cicatrice, sentant sous sa langue la texture différente de cette peau marquée. Léa s'effondre presque, son visage enfoui dans l'oreiller étouffant des sanglots de plaisir. Il sent son sexe inondé par une nouvelle vague d'humidité.
Marc la retourne brutalement sur le dos, voulant voir son visage. Ses yeux verts sont dilatés au point que l'iris n'est plus qu'un mince anneau autour de pupilles abyssales. Des larmes coulent sur ses joues. Elle est transfigurée par le plaisir, presque méconnaissable.
"Regarde-moi pendant que je te baise," ordonne-t-il, reprenant ses va-et-vient avec une intensité renouvelée.
Elle obéit, maintenant son regard verrouillé au sien pendant qu'il s'enfonce en elle. C'est d'une intimité insoutenable. Marc a l'impression de plonger dans un puits sans fond, d'être aspiré par ces yeux qui semblent contenir des galaxies entières.
Il sent l'orgasme monter en lui, irrépressible. Sa respiration devient erratique, ses coups de reins plus désordonnés. Léa le sent aussi. Elle enroule ses jambes autour de sa taille, l'emprisonnant, l'empêchant de se retirer.
"Jouis en moi," murmure-t-elle à son oreille. "Donne-moi tout."
Ces mots sont sa perte. L'orgasme le terrasse comme une vague dévastatrice. Il se déverse en elle en longues pulsations qui semblent ne jamais finir, son corps entier secoué de spasmes. Léa jouit au même moment, son sexe contractant violemment autour du sien, prolongeant son plaisir jusqu'à la limite du supportable.
Ils s'écroulent ensemble sur le lit, haletants, couverts de sueur. Marc sent son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Jamais, même avec Svetlana à Venise, il n'avait ressenti une telle intensité.
Plus tard, alors que leurs respirations se sont calmées, il caresse doucement son dos, s'attardant sur les cicatrices qui l'obsèdent.
"Qu'est-ce qui t'est arrivé?" demande-t-il doucement.
Un sourire énigmatique flotte sur ses lèvres. Elle s'étire contre lui, son corps nu épousant parfaitement le sien. Dans ce moment de quiétude post-coïtale, Marc a l'impression que leurs corps sont faits l'un pour l'autre, comme deux pièces d'un puzzle enfin réunies.
"Tu ne sais pas qui je suis vraiment," murmure-t-elle.
"Alors montre-moi."
Elle s'installe sur lui, à califourchon, sa féminité encore humide de leurs ébats précédents glissant contre son sexe qui durcit à nouveau. La lumière de la lune caresse sa silhouette, sculptant chaque courbe de son corps. Ses cicatrices semblent presque phosphorescentes dans cette clarté argentée.
"Tu veux voir qui je suis?" demande-t-elle, ondulant doucement contre lui.
"Oui."
Elle se penche, prend son visage entre ses mains. "Regarde bien alors."
Et tandis qu'elle s'empale lentement sur lui, recommençant leur danse charnelle avec une tendresse qui contraste avec la violence de leur premier accouplement, Marc a l'étrange sensation de voir son visage se transformer. Pendant une fraction de seconde, il croit apercevoir les traits de Svetlana se superposer à ceux de Léa.
Un frisson qui n'a rien à voir avec le plaisir lui parcourt l'échine. Qui est cette femme? Qu'est-elle venue chercher en lui? Mais alors qu'elle accélère le rythme, roulant des hanches avec une expertise qui le rend fou, ces questions s'évanouissent, remplacées par la pure sensation de leurs corps fusionnant.
Cette nuit-là, ils font l'amour jusqu'à l'épuisement. Tantôt avec une tendresse surprenante, tantôt avec une brutalité animale. Comme si chaque étreinte était une tentative de percer le mystère de l'autre.
Au petit matin, alors que la lumière grise de l'aube filtre à travers les rideaux, Marc observe Léa endormie contre lui. Son visage détendu dans le sommeil semble plus jeune, presque innocent. Il trace du doigt le contour de sa mâchoire, de ses lèvres, s'émerveillant de sa beauté brute.
Que cherche-t-il vraiment en elle? Est-ce simplement le désir? Ou est-ce cette aura de danger, de mystère qui l'entoure? Cette impression constante qu'elle pourrait disparaître à tout moment, comme Svetlana à Venise?
Et si elles étaient la même personne? Cette pensée, qu'il a repoussée comme absurde, revient le hanter. Comment expliquer autrement les similitudes, les cicatrices identiques?
Léa ouvre les yeux, comme si elle avait senti ses questionnements. Ses yeux verts le fixent avec une intensité qui le transperce.
"À quoi penses-tu?" demande-t-elle.
"À toi. À ce que tu caches."
Elle sourit, ce sourire énigmatique qui le rend fou. "Tout le monde cache quelque chose, Marc. Même toi."
"Que veux-tu dire?"
"Tu caches ta solitude derrière ton argent. Tu caches ton besoin d'amour derrière le sexe. Tu caches ton vide existentiel derrière ton travail."
Ces mots le frappent comme des gifles, d'autant plus douloureux qu'ils sont vrais. Comment peut-elle voir si clairement en lui?
"Qui es-tu, Léa?"
Elle se redresse, le drap glissant pour révéler sa nudité. La lumière du matin caresse sa peau, mettant en évidence chaque courbe, chaque cicatrice.
"Je suis ce que tu as besoin que je sois," répond-elle simplement. "Pour l'instant."
Elle se lève, ramasse la chemise et la passe sur ses épaules nues. "Je vais nous faire du café."
Marc la regarde sortir de la chambre, hypnotisé par le balancement de ses hanches, par l'assurance tranquille qui émane d'elle. Il sait, avec une certitude qui le terrifie, que ce n'est que le début. Que cette femme, qui qu'elle soit réellement, va bouleverser sa vie jusqu'au tréfonds.
Et malgré la peur, malgré les questions sans réponses, il est prêt à plonger dans cet abîme.
***
Un mois s'est écoulé depuis cette première nuit où leurs corps se sont découverts avec une violence presque animale. Marc et Léa vivent désormais ensemble dans ce loft parisien qui semble s'être transformé en un sanctuaire. La présence de Léa a métamorphosé l'appartement autrefois impersonnel. Des livres aux reliures usées occupent maintenant les étagères jadis vides, des plantes apportent une touche de vie, et un vieux piano d'occasion trône dans un coin du salon – bien que Marc ne l'ait jamais entendue en jouer.
Ce soir, Marc organise une réception professionnelle importante. La fusion qu'il négocie depuis des mois avec un groupe allemand est sur le point d'aboutir. Il a hésité à présenter Léa, craignant les questions sur son passé qu'elle-même refuse d'éclaircir complètement. Mais elle a insisté.
"Je ne suis pas un secret honteux, Marc," a-t-elle affirmé avec cette assurance tranquille qui le désarme toujours.
La soirée bat son plein. Marc observe Léa depuis l'autre bout de la pièce, où il discute avec deux investisseurs. Elle porte la robe noire qu'il lui a offerte la semaine dernière – une création sobre mais élégante qui épouse parfaitement ses courbes sans vulgarité. Ses cheveux, autrefois emmêlés, sont relevés en un chignon lâche qui dégage sa nuque. La métamorphose est saisissante.
Ce qui frappe Marc, c'est l'aisance avec laquelle elle évolue parmi ces gens de pouvoir. Elle discute actuellement avec le directeur financier d'une banque d'investissement, et l'homme semble captivé. Son langage corporel, sa façon de toucher légèrement son interlocuteur quand elle veut souligner un point, son rire cristallin qui porte juste assez pour attirer l'attention... Marc se demande où elle a appris ces codes sociaux sophistiqués.
"Votre compagne est fascinante," commente Hélène Mercier, une avocate d'affaires avec qui il travaille depuis des années. "Quelle est son histoire?"
"C'est... compliqué," répond Marc, mal à l'aise.
"Les femmes intéressantes le sont toujours," sourit Hélène en sirotant son champagne.
Le regard de Marc ne quitte pas Léa. Elle est maintenant entourée de trois hommes qui semblent boire ses paroles. L'un d'eux, Victor Lehmann, directeur du groupe allemand avec lequel il négocie, se penche trop près d'elle à son goût. Marc voit la main de Victor effleurer le bras nu de Léa, s'attardant une seconde de trop.
Une vague de jalousie primitive le submerge. Il s'excuse auprès d'Hélène et traverse la pièce, se frayant un chemin parmi ses invités avec une détermination à peine voilée.
"Léa," dit-il en posant possessivement sa main au creux de ses reins. "Je voulais te présenter Jean-Philippe, notre directeur juridique."
Elle se tourne vers lui, et dans ses yeux verts, il voit qu'elle a parfaitement saisi son manège. Un léger sourire étire ses lèvres.
"Bien sûr," répond-elle avant de s'adresser à Victor. "Si vous voulez bien m'excuser, Monsieur Lehmann."
"J'espère que nous pourrons poursuivre cette conversation... plus tard," répond l'Allemand avec un regard appuyé qui met Marc en rage.
La soirée s'éternise. Quand enfin le dernier invité franchit la porte, Marc referme celle-ci avec un soulagement non dissimulé. Le silence qui s'abat sur l'appartement est presque assourdissant après le brouhaha des conversations.
Léa se tient au milieu du salon, défaisant tranquillement son chignon. Ses cheveux cascadent sur ses épaules en vagues sombres. Elle se déchausse, abandonnant ses escarpins sur le tapis.
"Tu as aimé qu'ils te regardent?" demande Marc, sa voix plus basse qu'à l'ordinaire.
"Oui," répond-elle sans détour.
Cette franchise le désarçonne toujours. Pas de faux-semblants, pas de jeu de séduction convenu. Juste cette vérité brute qui le frappe en plein visage.
"Tu les aurais laissés te baiser?" poursuit-il, le ton chargé de cette colère sourde qui monte en lui depuis des heures.
Léa ne cille pas. "Si tu l'avais voulu."
Cette réponse le frappe comme un coup de poing dans l'estomac. Son sexe durcit immédiatement dans son pantalon. L'image de Léa entre les mains d'autres hommes – avec son consentement à lui – réveille un désir pervers qu'il ne se connaissait pas.
En trois enjambées, il est sur elle. Il saisit sa robe à l'encolure et tire violemment. Le tissu cède dans un craquement sec. Léa ne proteste pas, son regard toujours planté dans le sien alors que la robe glisse à ses pieds, révélant qu'elle ne portait rien en dessous.
"C'était pour ça? Pour que je sache que tu étais nue sous ta robe pendant toute la soirée?" gronde-t-il.
"C'était pour toi," répond-elle. "Pour que tu te demandes... pour que tu imagines..."
Il la gifle. Pas fort, une impulsion qui se termine en caresse, juste assez appuyée pour que sa tête tourne légèrement de côté. Quand elle le regarde à nouveau, ses pupilles sont dilatées, sa respiration plus rapide.
"À genoux," ordonne-t-il. "Je veux voir jusqu'où tu es prête à aller pour moi."
Sans hésitation, elle s'agenouille devant lui sur le tapis luxueux. La vision de cette femme nue, à ses pieds, est électrisante. Son corps parfait, ses cicatrices mystérieuses qui semblent presque phosphorescentes dans la lumière tamisée, son regard qui ne cède jamais malgré sa posture soumise.
"Mets tes mains derrière ton dos."
Elle obéit. Il défait sa cravate en soie, la détache complètement et s'en sert pour lier ses poignets dans son dos. Le contraste entre le tissu bleu marine et sa peau pâle est visuellement saisissant.
"Ouvre la bouche."
Ses lèvres s'écartent docilement. Marc défait sa ceinture, puis son pantalon. Son sexe jaillit, déjà dur et tendu. Il le guide vers la bouche de Léa, qui l'accueille sans résistance. Il s'enfonce progressivement, testant ses limites.
"Regarde-moi," ordonne-t-il.
Elle lève les yeux vers lui. Le vert de ses iris n'est plus qu'un mince anneau autour de pupilles dilatées par le désir. Marc commence à bouger, poussant plus profondément dans sa gorge à chaque va-et-vient. Des larmes perlent au coin des yeux de Léa, mais son regard reste fixé sur lui sans faiblir.
"Tu aimes ça," dit-il, une affirmation.
Elle ne peut répondre, sa bouche emplie de lui, mais un gémissement étouffé confirme ses propos. Il sent vibrer ce son autour de son sexe, intensifiant sa sensation. Sa main s'enfouit dans les cheveux de Léa, les agrippant fermement pour contrôler le rythme, la maintenir en place alors qu'il s'enfonce plus profondément.
Sa gorge se contracte autour de lui quand elle commence à manquer d'air, mais elle ne se débat pas. Des larmes coulent maintenant librement sur ses joues, traçant des sillons brillants sur sa peau, faisant couler le peu de maquillage qu'elle portait. Cette vision – sa vulnérabilité, sa soumission volontaire – l'excite au-delà du supportable.
Il se retire enfin, lui laissant reprendre son souffle. Elle halète, la salive coulant sur son menton, ses lèvres gonflées et rougies. Jamais elle ne lui a semblé plus belle qu'en cet instant de soumission absolue.
"Lève-toi," commande-t-il.
Elle se redresse avec grâce malgré ses mains toujours liées dans son dos. Marc la saisit par les épaules et la retourne brusquement. D'une pression ferme entre ses omoplates – là où se trouvent les mystérieuses cicatrices – il la pousse vers le canapé. Elle s'y affale, face contre les coussins, ses fesses offertes dans une position de totale vulnérabilité.
"Tu m'as rendu fou ce soir," murmure-t-il en caressant la courbe de ses reins. "Te voir sourire à ces hommes... les laisser te déshabiller du regard..."
"C'est ce que je voulais, te rendre fou," souffle-t-elle, sa voix étouffée par les coussins.
Il écarte ses jambes d'un coup de genou autoritaire. Sa main glisse entre ses cuisses, découvrant l'humidité qui témoigne de son excitation. Elle est trempée, son sexe luisant dans la pénombre.
"Je vais te prendre d'une façon dont tu te souviendras chaque fois que tu t'assiéras pendant une semaine," gronde-t-il.
Il positionne son sexe contre son entrée vaginale, la pénétrant d'un coup sec qui lui arrache un cri. Ses mains agrippent fermement ses hanches tandis qu'il commence à la pilonner violemment. Le bruit obscène de leurs peaux qui s'entrechoquent emplit la pièce, mêlé aux gémissements de Léa.
Il se penche sur elle, son torse collé à son dos moite, et mordille son oreille. "À qui appartiens-tu, Léa?"
"À toi," halète-t-elle entre deux coups de reins.
"À moi seul," confirme-t-il en accélérant encore le rythme.
Sa main droite quitte sa hanche pour s'enrouler autour de son cou. Il serre légèrement, juste assez pour que sa respiration devienne plus laborieuse, pour qu'elle sente sa domination totale sur son corps.
Avec son autre main, il s'aventure plus bas, trouvant son clitoris gonflé qu'il commence à stimuler en cercles précis. La combinaison de ses assauts profonds, de la pression sur sa gorge et des caresses sur son point sensible fait trembler Léa de tout son corps.
"Marc," gémit-elle, "je vais..."
"Pas encore," ordonne-t-il en retirant sa main de son clitoris.
Il se retire complètement, laissant Léa pantelante et frustrée. D'un geste brusque, il la retourne à nouveau.
"Sur le dos. Je veux voir ton visage quand je te prends."
Elle s'exécute, son corps luisant de sueur s'étalant sur le canapé de cuir noir. Ses mains toujours liées sont coincées sous elle, cambrant son dos et mettant en valeur ses seins parfaits. Ses tétons sont durs comme des pierres, réclamant son attention.
Marc se penche et en prend un dans sa bouche, mordillant doucement avant de l'aspirer avec force. Léa se cambre davantage, un gémissement rauque s'échappant de sa gorge. Il passe à l'autre sein, lui accordant le même traitement tandis que sa main retourne entre ses cuisses.
"Tu es si mouillée," commente-t-il en introduisant deux doigts en elle. "Dis-moi ce que tu veux, Léa."
"Toi," répond-elle, le souffle court. "Je te veux en moi."
"Sois plus précise."
"Je veux ta queue. Profondément. Je veux que tu me baises jusqu'à ce que j'oublie mon nom."
Ces mots crus dans cette bouche parfaite l'enflamment davantage. Il retire ses doigts et les porte à la bouche de Léa.
"Goûte-toi," ordonne-t-il.
Elle lèche ses doigts avec application, ses yeux ne quittant jamais les siens. Cette vision est trop pour lui. Il écarte largement ses cuisses et s'enfonce en elle d'un coup brutal qui la fait crier.
Cette fois, il ne ménage pas ses assauts. Chaque coup de reins est plus puissant que le précédent, comme s'il voulait marquer son territoire au plus profond d'elle. Le canapé grince sous la violence de leurs ébats, les coussins tombent au sol.
Marc sent l'orgasme monter en lui, irrépressible. Mais il veut la voir jouir d'abord. Sa main trouve à nouveau son clitoris qu'il stimule en rythme avec ses coups de reins. De son autre main, il s'empare d'un sein, le malaxant sans douceur.
"Jouis pour moi, Léa. Maintenant."
Comme obéissant à un ordre qu'elle ne peut refuser, le corps de Léa se tend soudainement. Un cri étranglé s'échappe de ses lèvres alors que son vagin se contracte violemment autour de lui. Son orgasme est si intense que des larmes jaillissent de ses yeux.
La vision de Léa en pleine extase, combinée aux contractions puissantes de son sexe autour du sien, précipite Marc dans l'abîme. Il s'enfonce une dernière fois, aussi profondément qu'il le peut, et se libère en elle. Son orgasme le traverse comme une décharge électrique, secouant tout son corps alors qu'il déverse sa semence au plus profond d'elle.
Ils restent ainsi quelques instants, haletants, leurs corps moites enlacés dans une position inconfortable mais étrangement parfaite. Finalement, Marc se retire et défait les liens qui entravent les poignets de Léa. Il masse doucement la peau rougie par la friction de la cravate.
"Je t'ai fait mal ?" demande-t-il, une soudaine inquiétude dans la voix.
Elle secoue la tête, un léger sourire flottant sur ses lèvres. "Non. C'était exactement ce dont j'avais besoin."
Ils se déplacent vers la chambre, abandonnant leurs vêtements éparpillés et la robe déchirée sur le sol du salon. Sous les draps frais, leurs corps trouvent naturellement le chemin l'un vers l'autre. Marc caresse doucement le dos de Léa, s'attardant sur les cicatrices qui le fascinent toujours autant.
"J'étais quelqu'un avant," murmure-t-elle soudain, reprenant leur conversation interrompue des jours plus tôt. "Avant la rue, avant mon mari. J'avais une vie."
"Ton mari?" C'est la première fois qu'elle mentionne un époux.
"Il était chef d'orchestre. Un homme brillant, charismatique." Sa voix devient lointaine. "Et monstrueux."
"Que t'a-t-il fait?"
Elle se tourne vers lui, le visage soudain fermé. "Les cicatrices? C'est lui. Il disait que j'avais des ailes, que je volais trop haut. Alors il me les a coupées."
Cette révélation glace le sang de Marc. "Mon Dieu, Léa..."
"Ne me plains pas," dit-elle sèchement. "La pitié est une forme de mépris."
"Ce n'est pas de la pitié. C'est de la colère." Et c'est vrai. Une rage sourde monte en lui à l'idée qu'on ait pu lui faire du mal.
"Tu peux en avoir une nouvelle. Une vie."
"Avec toi?"
"Avec moi."
Cette nuit-là, ils font l'amour à nouveau, mais différemment. Sans violence, sans domination. Juste deux corps qui se cherchent, se trouvent, communiquent dans le langage universel du désir et du plaisir partagés.
***
Au petit matin, Marc se réveille seul dans le lit. Une panique immédiate l'envahit. Le drap encore tiède à ses côtés témoigne d'une présence récemment évanouie. Ses doigts caressent l'empreinte laissée par le corps de Léa, s'attardant là où sa chaleur persiste encore. Il respire profondément, cherchant sur l'oreiller les effluves de son parfum - ce mélange subtil de jasmin et de musc qui l'enivre depuis leur première rencontre.
Il se lève précipitamment, le cœur battant. Ses pieds nus claquent sur le parquet froid tandis qu'il parcourt l'appartement. La salle de bain est vide, la serviette de Léa n'est plus accrochée à la patère. Dans le salon, aucun signe d'elle - pas de livre abandonné sur le canapé, pas de tasse oubliée sur la table basse. La cuisine, enfin. Aucune trace de Léa. Ses quelques affaires ont disparu - son carnet de croquis qu'elle laissait toujours traîner, son châle rouge qu'elle jetait négligemment sur le dossier d'une chaise.
Sur la table de la cuisine, un mot simple, tracé de son écriture nerveuse : "Ce n'est pas ta pitié que je veux."
La douleur qui le traverse est physique, comme si on lui arrachait une partie de lui-même. Son sexe, encore à demi-érigé du rêve où il la possédait, se rétracte sous l'effet de l'angoisse. Une nausée sourde monte en lui, alors que les souvenirs de leur dernière nuit ensemble défilent par fragments dans son esprit - ses gémissements étouffés contre son oreiller, ses ongles creusant des sillons dans son dos, ses cuisses tremblantes autour de ses hanches. Comment avait-il pu ne pas sentir qu'elle préparait son départ ?
Il s'habille à la hâte, enfilant les premiers vêtements qui lui tombent sous la main. Son esprit bouillonne de questions sans réponses. Pourquoi parle-t-elle de pitié ? Est-ce ainsi qu'elle interprétait ses sentiments, sa tendresse? Il repense à leur rencontre, trois mois plus tôt. Il ne savait presque rien d'elle - juste ce prénom, Léa, et quelques bribes d'une histoire douloureuse.
Déterminé à la retrouver, Marc sort dans les rues de Paris. Mais où chercher ? Elle n'a jamais parlé d'amis, de lieux qu'elle fréquentait avant de le rencontrer. Le masque de mystère qu'elle portait en permanence, qu'il avait trouvé si fascinant, se révèle maintenant comme un obstacle insurmontable.
Le premier jour, il commence par les environs de son appartement. Il interroge le boulanger du coin, le patron du café où ils allaient parfois prendre un petit déjeuner, le gardien du square où elle aimait s'asseoir pour dessiner. Personne ne l'a vue ce matin. La journée avance, le soleil décline, et avec lui l'espoir de Marc.
La nuit venue, il rentre dans son appartement devenu soudain immense et vide. Le silence l'oppresse. Il ouvre le placard où elle rangeait ses rares vêtements. Tout a disparu. Sur l'étagère pourtant, il découvre une écharpe oubliée. Il la porte à son visage, s'enivre de son odeur, ferme les yeux. Derrière ses paupières closes défilent les images de leurs étreintes - Léa, nue dans la lumière tamisée de sa chambre, ses seins petits et fermes dans ses mains, la courbe parfaite de ses hanches sous ses doigts, le goût salé de sa peau. Il s'endort sur le canapé, l'écharpe serrée contre lui comme une relique.
Le deuxième jour, son angoisse a cédé la place à une détermination froide. Il élargit son champ de recherche, s'aventurant dans des quartiers où ils n'allaient jamais ensemble. Il montre sa photo aux sans-abris des quais de Seine, aux vendeurs à la sauvette, aux chauffeurs de taxi. Certains le regardent avec indifférence, d'autres avec une pitié qui le met hors de lui. Ce n'est pas ta pitié que je veux. Ces mots résonnent en lui comme une accusation.
En milieu d'après-midi, un homme aux traits tirés, assis à même le sol près de la gare de l'Est, croit l'avoir aperçue la veille au soir. "Une fille avec des yeux comme des puits sans fond ? Elle se dirigeait vers le 11ème, je crois." Cette maigre piste ravive l'espoir de Marc. Il passe les heures suivantes à sillonner l'arrondissement, entrant dans chaque café, chaque commerce encore ouvert. Rien.
Le soir du deuxième jour, épuisé et désespéré, affamé aussi car il n'a presque rien mangé depuis son départ, il pousse la porte d'un bar miteux de la rue Oberkampf. L'odeur de bière renversée et de parfums bon marché l'assaille.
Il s'approche du comptoir, commande un whisky qu'il avale d'un trait. La brûlure de l'alcool le ramène momentanément à la réalité. C'est alors qu'il l'entend. La musique. Une mélodie cristalline qui semble flotter au-dessus du vacarme ambiant. Beethoven. La Sonate au Clair de Lune, interprétée avec une maîtrise qui ne peut venir que d'années de pratique assidue.
Son cœur s'arrête. Jamais Léa n'a joué du piano dans l’appartement. Jamais elle n'a manifesté le moindre intérêt pour la musique classique dans leurs conversations. Et pourtant, quelque chose en lui sait. Avant même de chercher l'origine de cette mélodie, avant même de la voir, il sait que c'est elle.
Il traverse la salle bondée, poussé par un instinct qu'il ne comprend pas. Des hommes et des femmes se tiennent debout ou assis à de petites tables rondes, tous tournés vers le fond de la salle où un vieux piano droit trône sur une estrade improvisée.
Et là, assise sur un tabouret usé, il la voit. Léa. Mais une Léa qu'il ne connaît pas. Ce n'est plus la créature fragile et sauvage qu'il a recueillie, pas plus de la compagne sensuelle et distinguée qu’elle jouait à ses côtés. Ses doigts volent sur les touches avec une grâce surhumaine, traçant des arabesques sonores qui semblent émaner directement de son âme. Son visage est transformé par une concentration absolue qui la rend presque méconnaissable. Ses traits, habituellement marqués par une tension perpétuelle, se sont adoucis. Ses lèvres, qu'il a tant embrassées, sont légèrement entrouvertes, comme si elle respirait la musique.
Elle irradie d'une lumière qui semble venir de l'intérieur, une assurance tranquille qu'il ne lui a jamais vue. Sa blouse entrouverte révèle la courbe de ses seins à chaque respiration profonde qu'elle prend pour suivre le rythme de la musique. Ses cheveux, habituellement attachés en une queue de cheval sévère, cascadent librement sur ses épaules, caressant sa nuque au gré de ses mouvements.
Marc reste figé au milieu de la salle, hypnotisé par cette métamorphose. Un frisson parcourt son échine tandis qu'une révélation le frappe de plein fouet : La Léa qu'il aimait n'était peut-être qu'un personnage, un rôle temporairement endossé pour survivre.
Au milieu du morceau, comme si elle avait senti sa présence, elle lève brièvement les yeux. Leurs regards se croisent à travers la salle enfumée. Pas de surprise dans le sien, pas de joie non plus. Juste une reconnaissance tranquille, presque résignée, avant qu'elle ne replonge dans sa musique, laissant ses doigts traduire ce que les mots ne peuvent exprimer.
Marc reste immobile, déchiré entre la joie de l'avoir retrouvée et la douleur de comprendre qu'il ne l'a jamais véritablement connue. Les dernières notes de la sonate s'égrènent dans l'air comme autant de questions sans réponses. Qui est vraiment cette femme dont il a partagé le lit pendant trois mois? Et que signifie ce message énigmatique laissé dans sa cuisine?
Alors qu'elle achève le morceau dans un murmure de touches effleurées, Marc prend une décision. Cette fois, il ne lui offrira pas d'abri, pas de protection. Cette fois, il devra mériter sa confiance, découvrir qui elle est réellement, au-delà du désir qui les a liés.
Il s'approche lentement du piano tandis que les clients reprennent leurs conversations. Son parfum l'atteint avant même qu'il ne soit à sa hauteur – cette odeur unique, mélange de musc et de quelque chose qui n'appartient qu'à elle.
"Je ne t'offre pas ma pitié," dit-il. "Je t'offre une âme aussi brisée que la tienne."
Un sourire énigmatique flotte sur ses lèvres. Elle se lève et tend la main vers lui. "Alors peut-être pouvons-nous nous reconstruire ensemble."
Ils montent les escaliers étroits qui mènent à sa chambre. Chaque marche grinçante amplifie la tension entre eux. Marc la suit, hypnotisé par le balancement de ses hanches, ce mouvement si familier qui lui a tant manqué. Dans l'escalier sombre, il s'arrête soudain, incapable de résister plus longtemps. Il la plaque contre le mur, son corps dur pressé contre le sien.
"J'ai cru devenir fou," murmure-t-il contre sa nuque.
Les doigts de Léa s'agrippent à sa chemise. "Montre-moi à quel point," souffle-t-elle d'une voix rauque.
Sa main glisse sous sa jupe, remontant le long de sa cuisse jusqu'à rencontrer l'humidité chaude de son sexe à peine couvert d'une culotte en dentelle. Elle a envie de lui, déjà. Toujours. Comme si ces deux jours n'avaient fait qu'intensifier ce qui couvait entre eux.
"Pas ici," halète-t-elle, bien que son corps démente ses paroles en se cambrant contre lui.
Ils atteignent sa chambre, une pièce simple, presque austère. Un lit, une commode, quelques partitions éparpillées. Si différente du luxe auquel Marc est habitué. Mais ici, dans cet espace qui est entièrement elle, son essence semble plus pure, plus vraie.
La porte à peine fermée, leurs corps se cherchent à nouveau, s'entrechoquent. Les vêtements tombent au sol dans un bruissement urgent. Marc découvre son corps comme si c'était la première fois – et d'une certaine façon, c'est le cas. Il ne fait plus l'amour à une femme qu'il a sauvée, mais à une femme qui le sauve de lui-même.
"J'ai besoin de te goûter partout," grogne-t-il en tombant à genoux devant elle.
Ses lèvres tracent un chemin brûlant le long de son ventre, descendant inexorablement vers son sexe offert. Quand sa langue trouve enfin cette chair humide et gonflée, Léa laisse échapper un gémissement qui ressemble presque à un sanglot. Ses doigts s'enfoncent dans les cheveux de Marc, guidant ses mouvements, exigeant plus.
"Comme ça... oui... juste là," murmure-t-elle, les yeux mi-clos.
Marc s'enivre de son goût – salé, légèrement acidulé, indescriptiblement elle. Sa langue tournoie autour de son clitoris, tandis que ses doigts explorent sa moiteur chaude, redécouvrant les points qui la font trembler. Il la sent se tendre, au bord de l'orgasme, et ralentit délibérément, prolongeant son plaisir jusqu'à ce qu'elle tire ses cheveux, presque douloureusement.
"Arrête de jouer," ordonne-t-elle d'une voix brisée par le désir. "Je ne veux pas jouir comme ça. Je veux te sentir en moi."
Elle le tire vers le lit, inversant les rôles. C'est elle maintenant qui prend les commandes, le poussant sur le dos. Marc découvre une Léa différente – plus assurée, plus dominatrice. Ses yeux brillent d'un feu qui le consume alors qu'elle s'agenouille entre ses jambes.
"Tu m'appartiens autant que je t'appartiens," dit-elle avant de prendre son sexe dans sa bouche.
La chaleur humide qui l'enveloppe lui arrache un grognement animal. Ses lèvres glissent le long de sa verge, sa langue tournoyant autour du gland sensible. Marc agrippe les draps, luttant contre l'envie de s'abandonner trop vite.
"Léa... arrête... je vais..."
Elle relève la tête, un sourire carnassier aux lèvres. "Pas encore," murmure-t-elle en se redressant.
Dans un mouvement fluide, elle s'empale sur lui, les unissant d'un coup. Ils gémissent à l'unisson – ce sentiment d'être enfin complet, de retrouver une partie manquante de soi-même. Léa commence à bouger, lentement d'abord, puis avec une urgence croissante. Ses seins rebondissent au rythme de ses mouvements, hypnotisant Marc qui les caresse, les presse, les goûte.
"Regarde-moi," exige-t-elle en ralentissant. "Je veux que tu me voies vraiment cette fois."
Leurs regards se verrouillent l'un dans l'autre. Dans ses yeux, Marc voit tout – la douleur, la peur, la force, le désir. Plus de masques, plus de faux-semblants. Juste Léa, dans toute sa complexité. Une larme coule sur sa joue alors qu'elle continue à onduler sur lui, emmenant leurs corps vers une jouissance qui transcende le physique.
"Je te vois," murmure-t-il, une main posée sur sa joue. "Je te vois enfin."
Elle accélère le rythme, ses hanches claquant contre les siennes avec une intensité presque douloureuse. La sueur perle sur leurs corps, l'odeur du sexe emplit la petite chambre. Marc sent la jouissance approcher, irrésistible comme une vague.
"Viens avec moi," supplie-t-il en glissant une main entre leurs corps pour caresser son clitoris.
Le corps de Léa se raidit, ses muscles internes se contractant autour de lui. Son orgasme la traverse comme une décharge électrique, arrachant un cri rauque de sa gorge. Cette vision, cette sensation suffit à faire basculer Marc. Il s'enfonce une dernière fois en elle, profondément, déversant sa semence au plus profond de son être avec un grognement animal qui semble arraché de ses entrailles.
Ils s'effondrent ensemble, haletants, tremblants, leurs corps toujours unis. Des larmes silencieuses coulent sur leurs visages – larmes de libération, de reconnaissance, de quelque chose de nouveau qui naît entre eux.
"Je n'ai jamais ressenti ça," avoue-t-elle alors qu'ils sont allongés, enlacés dans l'obscurité. Ses doigts tracent des motifs abstraits sur la poitrine de Marc, s'attardant sur chaque cicatrice, chaque imperfection.
"Moi non plus," répond-il en embrassant son front humide de sueur.
Marc glisse une main entre les cuisses de Léa, sentant leur mélange s'écouler d'elle. Ce geste, à la fois possessif et tendre, ravive une étincelle en eux. Sans un mot, elle guide sa main, lui montrant exactement comment la toucher – plus doucement ici, plus fermement là. C'est une leçon d'intimité qu'ils n'avaient jamais partagée auparavant.
"Encore," murmure-t-elle contre ses lèvres. "Je veux te sentir encore en moi."
Cette nuit-là, ils se redécouvrent sans cesse, explorant de nouvelles façons de se donner du plaisir, parlant entre deux étreintes de tout ce qu'ils n'avaient jamais osé dire. La musique, sa passion secrète. Son enfance dans un conservatoire prestigieux. Sa chute. Sa renaissance par la musique, dans ce bar miteux.
À l'aube, épuisés mais apaisés, ils regardent le jour se lever à travers la fenêtre étroite. Leurs corps nus portent les marques de leurs retrouvailles – suçons, griffures légères, rougeurs aux endroits où leurs baisers se sont attardés.
"Je ne cherchais pas à être sauvée," murmure Léa en traçant le contour des lèvres de Marc du bout des doigts.
"Et je ne cherchais pas à être ton sauveur," répond-il en embrassant sa paume. "Peut-être qu'on peut juste... être ensemble. Deux âmes imparfaites qui se complètent."
Mais tandis que Marc s'endort, apaisé, Léa reste éveillée. Son regard se pose sur les cicatrices de ses omoplates, visibles dans le jeu de miroirs de part et d’autre du lit. Un reflet étrange semble y danser un instant – comme l'ombre d'ailes immenses qui n'attendent que le moment propice pour se déployer à nouveau.
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3 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Viscéralement prenant et excitant
Waou , juste waou , un récit incroyable , haletant , mené de main de maître et parfaitement réalisé
Est il prévu une suite ? Si oui je la lirais avec plaisir , en attendant je trepignerais d'impatience
Merci à vous
Bien à vous
Frederic
Est il prévu une suite ? Si oui je la lirais avec plaisir , en attendant je trepignerais d'impatience
Merci à vous
Bien à vous
Frederic
Waouhh !
Une histoire extraordinaire, dérangeante par sa complexité et ses interrogations, plus que parfaitement écrite, un érotisme torride et inhabituel...
Et surtout une histoire fascinante dont on espère une suite... sans fin !
A suivre bien évidemment !..
Et un grand MERCI.
Une histoire extraordinaire, dérangeante par sa complexité et ses interrogations, plus que parfaitement écrite, un érotisme torride et inhabituel...
Et surtout une histoire fascinante dont on espère une suite... sans fin !
A suivre bien évidemment !..
Et un grand MERCI.

