Erotisme et cinéma (16) : « Journal intime d'une nymphomane », de Christian Molina (2008)

- Par l'auteur HDS Olga T -
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Erotisme et cinéma (16) : « Journal intime d'une nymphomane », de Christian Molina (2008) Histoire érotique Publiée sur HDS le 02-05-2023 dans la catégorie Plus on est
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Erotisme et cinéma (16) : « Journal intime d'une nymphomane », de Christian Molina (2008)
Ce film franco-espagnol est basé sur le récit autobiographique de Valérie Tasso, née en 1969 et installée à Barcelone depuis 1991. Valérie Tasso est écrivaine, conférencière, chercheuse et sexologue.

Dans ses ouvrages, Valérie Tasso raconte son expérience sexuelle sous des angles différents, mais avec un but commun : démythifier les pratiques sexuelles. À condition de pouvoir se procurer l’édition française du « Journal d’une nymphomane », j’aimerais pouvoir revenir sur les écrits de cette disciple de Michel Foucault, dans la rubrique « Lectures érotiques » sous laquelle, par manque de temps, je n’ai rien publié depuis longtemps.

En 2003, Valérie Tasso raconte ses expériences sexuelles dans le livre « Diario de una ninfómana ». Ce premier livre est un succès de vente international et sert de base au script du film.

Dans la rubrique « érotisme et cinéma », je renvoie également à deux articles publiés sur HDS, sur des films qui abordent aussi la nymphomanie :
• Erotisme et cinéma (2) : « Nymphomaniac », de Lars Von Trier (2013), paru le 7 décembre 2019
• Erotisme et cinéma (14) : « La femme qui aimait les hommes, de Hagar Ben Asher (2011), paru le 26 février 2022.

LE REALISATEUR

Christian Molina est né en 1979 à Barcelone, en Espagne. Sa formation de cinéaste s'est déroulée dans les deux meilleures écoles de cinéma espagnoles, l'ECAM de Madrid et l'ESCAC de Barcelone.

En 2004, il réalise son premier long métrage, « Red Blood ». En 2006 et 2007, il est producteur associé des films « Triumph » et « Chuecatown ».

En 2008, Christian Molina est le réalisateur de « Journal d'une nymphomane », basé sur le roman à succès de Valérie Tasso, joué par des acteurs du calibre de Belén Fabra, Leonardo Sbaraglia, Géraldine Chaplin, Ángela Molina et Llum Barrera.

En 2009, il réalise « L'Estacio de l'oblit » (la station des oubliés), avec Sandra Serna, Nilo Mur, Fermí Reixach et Katia Klein, entre autres. Le film est centré sur le fossé générationnel entre un vieux marin (Domingo) et un adolescent.

En 2010, Molina a reçu le prix Marc'Aurelio Alice Nella Citta Under 12 pour son film « I Want to Be a Soldier » au Festival international du film de Rome.

En 2011, il réalise un court métrage « Intereses Mundanos Bar Mut ». Il s'agit de quatre situations de vie indépendantes qui se rejoignent par hasard le même soir dans le même restaurant, quatre histoires vues du point de vue de l'âme du restaurant.

SYNOPSIS DU FILM

Val a 28 ans. Elle est attirante, a fait des études universitaires et jouit d’une situation financière confortable. Depuis son dépucelage à 15 ans, Valérie a une vie sexuelle hyperactive, multipliant les partenaires. Sur les conseils de sa grand-mère mourante, elle se met à tenir un journal intime. Valérie est une femme très libérée, constamment à la recherche de nouvelles expériences pour assouvir sa curiosité sexuelle. Elle couche avec qui elle veut, quand elle veut.

Ce mode de vie crée de nombreux problèmes avec les hommes, mais aussi dans son travail et avec ses amis.

Après avoir été congédié de son emploi, elle rencontre Jacques, un homme dont elle tombe éperdument amoureuse. Elle vit une liaison passionnée, pleine de hauts et des bas jusqu'à ce que la relation se brise. Val, désespérée, est sur le point de mettre fin à sa vie. Elle se sent infiniment seule, a beaucoup de dettes à payer et a perdu l'estime de soi. Elle choisit alors la prostitution de luxe.

Après diverses expériences, le sexe devient sa forme de vie, ce qui la conduira à trouver l’amour et à se prostituer, vivant dans les deux cas des expériences extrêmes.
Dans un premier temps, elle semble satisfaite, assumant tous ses fantasmes sexuels tout en gagnant beaucoup d'argent. Mais elle découvre bientôt côté le plus sordide de la prostitution.

COMMENTAIRES

J'ai été émue, en voyant cette femme déambuler dans la vie, cherchant à aller au-delà de tout ce qui l'entoure, rêvant et jouissant du mieux qu'elle le peut. Les scènes d'amour sont intenses et romantiques.

Ce film est l'histoire d'une jeune femme accroc au sexe et qui cherche des moyens d'assouvir ses désirs. On montre la nymphomanie comme une maladie que le personnage principal, une fille paumée, n'assouvira jamais. Au total, le film est moins sulfureux qu’il parait à partir d’un titre racoleur. Il y a évidemment beaucoup de scènes de sexe mais le sujet principal est le sentiment d'amour. La deuxième partie du film est la plus intéressante. L'évolution de ses sentiments y est bien rendue, surtout les moments de dépression. Il y a dans ce film un vent de liberté.

Le film présente le sexe de plusieurs manières : tantôt comme une liberté incompressible de la femme, tantôt comme un choix personnel, tantôt comme une drogue, autodestructrice.
J’ai trouvé que les vingt dernières minutes sont pleins d'une émotion d'une rare intensité. Le personnage principal est magnifiquement interprété par une actrice d'une grande justesse, Bélén Fabra.

Il est aussi à noter que ce film ne doit pas être confondu avec un autre film, au titre très proche, « Le Journal intime d'une nymphomane », film érotique français réalisé par Jesús Franco et sorti en 1973. Ortiz est entraîné par une prostituée, Linda Vargas, qui, après une nuit de sexe, se suicide pendant le sommeil de son client. Accusé du meurtre, Ortiz est arrêté et emprisonné. L'enquête faite par Rosa Ortiz, son épouse, retrace la vie de Linda Vargas et l'histoire de sa déchéance. Au fil de cette enquête, les raisons de son suicide sont mises en évidence et maintiennent la thèse du désir d'accuser le suspect aux yeux de la justice.

CE FILM ET MOI

Ce film est en définitive une leçon de vie. J’ai évidemment retrouvé dans le parcours de Valérie certaines similitudes avec ce que j’ai vécu, y compris dans les dérives auxquelles pousse l’hypersexualité.

Ce film pose à nouveau la question de la limite ténue entre hypersexualité féminine et nymphomanie, entre le désir de multiplier ses partenaires en y trouvant son plaisir et une situation où on y est contraint au point que l’on puisse parler d’addiction.
La rencontre d’un mari candauliste, qui a encouragé mon hypersexualité tout en cherchant à l’encadrer, m’a sans doute évité les dérives les plus sordides dont est victime Valérie et en particulier le monde de l’amour tarifé, y compris quand il s’agit de prostitution de luxe.

Partant de mon expérience, j’ai consacré plusieurs textes sur l’hypersexualité, auxquels je renvoie, en particulier « Philippe, le mari candauliste et Olga, l'épouse hypersexuelle (41) : l'hypersexualité selon Olga. 1ère PARTIE : CE QU'EST L'HYPERSEXUALITE ET CE QU'ELLE N'EST PAS. », texte publié sur HDS le 29 mars 2018. J’y développe la différence entre l’hypersexualité et la nymphomanie, même si, j’en conviens et j’en témoigne, la frontière peut être poreuse.

Ce film est pour moi une nouvelle occasion de mesurer le chemin parcouru, les dérapages que j’ai vécus et la chance que j’ai eue d’être accompagnée et aimée. C’est cette combinaison qui m’a finalement préservée et que, d’une certaine façon, cherche Valérie dans ce film. Je redis ici mon amour pour ma compagne Agun comme pour mon mari Philippe, qui a su combiner son candaulisme et mon hypersexualité et, même s’il y a eu des moments très difficiles où nous nous sommes mis en danger, préserver notre couple et notre bonheur, loin des drames que vit Valérie.

Les avis des lecteurs

@ JA, en complément de l'article, j'ajouterai que le film est plaisant à suivre puisqu’il n’appose aucun jugement sur le mode de vie de Valérie. L’intrigue est véritablement le point fort du film, nous suivons le personnage principal dans ses errances, et sa quête de plaisir dans les confins de la jouissance. En effet Valérie a un besoin charnel vital, et ne sait pas communiquer autrement. Si, évidemment, le nombre de scènes sensuelles est fortement marquées, redondance il n’y a pas, elles ne sont ni crues, ni sublimées, mais montrés avec réalisme.
Le film nous donne une jolie petite conclusion, ce n’est pas parce que Valérie aime les relations charnelles, qu’elle ne se constitue uniquement de cela, c’est avant tout une femme, qui tente de se construire seule, dans un monde qui à tendance à fonctionner en couple…

Histoire Coquine J A
Je me rappelle avoir vu ce film il y a quelques années.
Géraldine Chaplin jouait le rôle de la grand-mère (qui décède ? J'ai oublié).
Il m'en est resté l'histoire d'une femme qui se cherche mais dont la quête n'aboutit pas vraiment.
Je n'ai pas le souvenir d'une fin heureuse, mais c'est peut-être ma façon de voir la vie qui m'a laissé cette impression.

Merci Micky, je partage ton avis. Merci pour les films que tu signales. Parmi eux j'ai consacré une publication au film "la Clef" de Tinto Brass, publié le 14 juin 2021

Merci Olga de renouer avec cette intéressante série qui évoque un cinéma hélas totalement disparu dans cette époque "woke". C'est au point, par exemple, qu'un classique très cru comme "la maman et la putain" de Jean Eustache n'aurait aucune chance d'être diffusé aujourd'hui, a fortiori avec une actrice aussi renommée à l'époque que Bernadette Lafont, qui apparait dans le film entièrement nue. Sans parler du langage ou le mot "baiser" revient souvent dans la bouche de l'actrice principale, la "putain". Je vais même plus loin : qui imaginerait aujourd'hui une actrice du renom d'Annie Girardot déambuler sur une plage en tenue d'Eve, en compagnie du célébrissime Alain Delon tout aussi nu dans "Traitement de choc" d'Alain Jessua. Je pourrais trouver d'autres exemples (Stefania Sandrelli dans "la Clé"). Consolation : on a connu ça.

Merci à Briard et Didier. C'est je pense l'intérêt de ce type de publications, faire partager mes impressions sur des films que j'ai appréciés.
J'en ai encore quelques uns dans ma liste (les articles restent à rédiger) et je suis ouverte aux suggestions

Histoire Erotique
Olga,
tu nous as encore donné à lire une belle chronique cinématographique, forte intéressante en soi, débouchant de plus sur une bonne réflexion sur la sexualité féminine, et les limites dans la quête du plaisir, voir de l’amour...
Comme à l’accoutumée, tu nous y fait une bonne et complète présentation de l’auteure et du réalisateur.
Pour ma part, je n’ai pas eu la chance de voir ce film, au sujet délicat, voir dérangeant, et je te remercie donc de nous l’avoir présenté par l’intermédiaire de ton écrit.
Je finirai en soulignant la remarquable introspection que tu en fais en final.
Bravo pour ce courageux travail.
Didier

Excellent documentaire sur un film que je ne connaissait pas. Joli travail et bon synopsis Olga. Je suis friand de ce type de rédaction, j'espère que tu nous en proposeras d'autres. Briard



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