Erotisme et cinéma (2) : « Nymphomaniac », de Lars Von Trier (2013)

- Par l'auteur HDS Olga T -
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
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Récit libertin : Erotisme et cinéma (2) : « Nymphomaniac », de Lars Von Trier (2013) Histoire érotique Publiée sur HDS le 07-12-2019 dans la catégorie Dans la zone rouge
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Erotisme et cinéma (2) : « Nymphomaniac », de Lars Von Trier (2013)
PREAMBULE
En fin de texte, je mentionne les références que j’ai consultées, recommandant particulièrement le blog https://explicationdefilm.com/accueil/. Ce texte se veut, sous l’angle d’un texte érotique, une fiche, un synopsis et une analyse. Il appartient à chacun de se faire sa propre idée, en tant que spectateur du film.

Nymphomaniac est un film «franco-britanno-belgo-germano-danois » en deux « volumes » (deux parties), écrit et réalisé par le Danois Lars von Trier et sorti en 2013.

Le « volume I » a été, lors de sa sortie en France, interdit aux moins de 12 ans, puis aux moins de 16 ans. Le « volume II », quand à lui, a d’emblée été interdit aux moins de 18 ans.

Le montage initial a une durée de 5 h 30 et Lars von Trier refuse d'abord de couper. Il laisse donc la responsabilité du montage final à son producteur, Peter Aalbaek Jensen. Le métrage total présenté au public, réduit de 1 h 30, est ramené à 4 heures et est réparti sur deux films, pour des raisons techniques.

La version soft du film n'a finalement pas été montée. Le diptyque comporte ainsi des scènes particulièrement explicites. Les scènes de sexe sont filmées en gros plans pornographiques. Des acteurs porno ont doublé les comédiens "traditionnels" pour les scènes de sexe. Pour que l'illusion soit parfaite, seuls les troncs des "acteurs et actrices traditionnels" ont été conservés, la partie du corps située en dessous de la ceinture - celle des acteurs porno - a été ajoutée numériquement. Ce prodige technique permet au réalisateur de filmer en plans larges aussi bien qu'en plans serrés.

Ce film a été qualifié d’outrage immoral envers la société et la condition humaine, de chef-d’œuvre tordu sous forme d’ode assumée à l’obscénité, de comédie noire d’un nihilisme décomplexé, de traité de sorcellerie moderne en deux tomes filmiques, de navet faussement hardcore ayant fini par tromper son monde sur son contenu pornographique.

La version intégrale aide à renforcer le contenu sexuel et explicite du film, et ce au travers d’une suite de fulgurances graphiques qui nous poussent à un degré de sidération réellement stratosphérique – fellations, cunnilingus, sodomies, doubles pénétrations, sadomasochisme, sans parler d’une scène abominable d’auto-avortement.

Le film a fait scandale dès le stade de la promotion : sur les affiches, Sur celles-ci, on découvre les comédiens - Charlotte Gainsbourg, Shia LaBeouf (qui joue le rôle de Jerome Morris), Stacy Martin (qui joue Joé jeune) ou encore Stellan Skarsgard (qui joue Seligman)- en plein orgasme.

Charlotte Gainsbourg assume le rôle-titre, après que Nicole Kidmann se soit désistée. Initialement mannequin, Stacy a tourné de nombreuses scènes de nudité explicites, en compagnie de Shia LaBeouf.

RESUME
""Nymphomaniac" raconte, en huit chapitres successifs, l’histoire érotique d'une femme, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s'est auto-diagnostiquée nymphomane.

Joe (Charlotte Gainsbourg) git au sol sous la neige, le visage couvert d’ecchymoses. Elle est recueillie par Seligman (Stellan Skarsgård) qui lui offre un peu de thé et se propose d’écouter la vie tumultueuse de cette jeune nymphomane auto-proclamée.

Joe va lui raconter, en huit chapitres successifs, le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.

Très jeune, Joe montre des besoins sexuels prononcés. À l’adolescence, Joe (Stacy Martin) offre sa virginité à Jerôme (Shia LaBeouf). Le mécanicien va la pénétrer 8 fois : 3 par devant et 5 par derrière.

Avec son amie B (Sophie Kennedy Clark), Joe joue à celle qui sera capable de sauter le plus de mecs possible dans le train. Elle viole S (Jens Albinus) un homme marié et émet déjà des scrupules que Seligman balaie d’un revers de la main.

Avec B, Joe créée une sorte de société secrète dont la vocation est de libérer le monde de l’amour, par le sexe. Au grand désespoir de Joe, la plupart des membres de la secte finissent par s’attacher à leurs amants et développer des sentiments. Ce qui n’est pas son cas. Elle continue donc sa route en solo.

Joe décroche un job de secrétaire pour le compte de Jerôme. À la surprise du jeune homme, Joe refuse ses avances alors que le couple est coincé dans un ascenseur. Pire, Joe couche avec de nombreux collaborateurs pour augmenter sa frustration. Suite au départ de Jerôme, Joe est immédiatement éjectée par Liz (Felicity Gilbert), jalouse du succès de sa collègue.

Joe fait chavirer le cœur de Monsieur H (Hugo Speer) qui quitte sa femme (Uma Thurman). Celle-ci débarque, avec les enfants, pour faire un scandale.

Joe se rappelle d’un souvenir plus douloureux. Celui de la mort de son père. Ne supportant pas cette agonie, Joe avait multiplié les relations avec des inconnus à l’hôpital. Puis elle avait ressenti une excitation sexuelle devant le cadavre de son père, sans parvenir à se l’expliquer.


Le Volume II concerne les hommes que Joe qualifie de dangereux.

Joe poursuit le récit de sa vie de nymphomane à l'attention de Seligman. En couple avec Jérôme, elle lui donne un fils. Mais son quotidien d’épouse et de mère est vite absorbé par sa quête d’une jouissance qui lui semble interdite et qu’elle n’envisage qu’à travers la douleur : sadomasochisme, tentative de sevrage sexuel, plongée dans la délinquance…
"Je ne sens plus rien". C’est sur cet aveu terrassant de Joe encore adolescente que se termine "Nymphomaniac, volume 1" promettant, après le temps de l’innocence, de la découvertes et des jeux, celui du sacrifice, des expérimentations extrêmes et de l’autodestruction.

Joe souffre d’avoir perdu son plaisir. Après la naissance, Jerôme comprend bien qu’il va devoir laisser un peu latitude à Joe, s’il veut qu’elle s’épanouisse sexuellement.

Elle tente une double pénétration avec deux Africains, sans que cette expérience soit concluante. C’est l’une des scènes les plus controversée du film, où les deux étalons se disputent sur la meilleure façon de pénétrer Joe, avec plan osé des deux pénis en érection au premier plan. Cette scène de sandwich en apparence sordide où deux noirs au membre gargantuesque se disputent les « trous » d’une Gainsbourg dépassée par les événements surprend par son ton décalé et grand-guignolesque.

Son amant suivant est K (Jamie Bell), un sadique : plus elle se rend chez lui, plus elle devient négligente. Un soir où elle brille par son absence, son fils manque de tomber du balcon.

Jerôme avait déjà montré des signes de jalousie. Cette fois, il la quitte et dépose le bébé dans une famille d’accueil.

Tout le monde au travail est désormais au courant des habitudes sexuelles de Joe. Sa patronne exige en vain qu’elle suive une thérapie pour soigner son addiction.

Entre temps, Joe cherche à se faire avorter. Devant le refus du médecin, elle s’en occupe elle-même. Une scène particulièrement atroce !

Elle suit une thérapie de groupe qui ne la mène nulle part. Après trois semaines, elle claque la porte en insultant tout le monde.

Joe raconte ensuite comment elle a rejoint l’organisation criminelle de L (Willem Dafoe) comme agent de recouvrement. Elle rencontre un homme (Jean-Marc Barr) qu’elle n’arrive pas à déchiffrer sexuellement car il est un pédophile refoulé. Pour le récompenser, elle lui fait une fellation – ce qui révolte Seligman et déclenche même une dispute.

Sur les conseils de L, Joe forme une apprentie P (Mia Goth) d’une quinzaine d’années. Tous les deux développent des sentiments. Au hasard d’une mission, Joe doit collecter de l’argent de Jerôme (Michaël Pas). Elle préfère laisser P s’occuper de l’affaire. Malheureusement P va développer une liaison avec Jerôme, ce que Joe ne peut supporter. Elle surprend les deux amants en pleine rue et menace de tuer Jerôme, en oubliant d’enlever le verrou de sécurité du revolver. Jerôme la frappe, couche avec sa maîtresse devant Joe.

Soulagée d’avoir vidé son sac, Joe demande de rester chez Seligman pour la nuit. Le vieil homme accepte et se permet de poser un diagnostic sur les maux de son invitée. Un peu plus tard dans la soirée, il se permettra aussi d’essayer de la pénétrer, sous prétexte qu’elle a couché avec de nombreux partenaires.

Joe le tue puis se rhabille et s’en va.

UN REGARD SUR LA NYMPHOMANIE
On ne sait pas ce qui a mis Joe dans cet état. Une chose est certaine, elle est dans un sale état. Aucun ami n’est là pour s’occuper d’elle sinon cet homme d’âge mûr. Il va soigner ses blessures, la conforter et l’écouter – ce que personne n’a fait jusque-là peut-être. Joe se sent suffisamment en confiance pour se confier. Elle parle.

Tandis que le regard sur l’addiction au sexe, dans le cas des hommes, est en train de changer, l’addiction au sexe reste encore un tabou dans le cas des femmes. On la dénigre, on s’en moque même. Les nymphos, il n’y a que le train qui ne leur est pas passé dessus, comme le veut l’expression. En l’occurrence, tous les passagers du train ont effectivement goûté aux faveurs de la belle Joe.

Ma propre expérience me fait penser que l’hypersexualité, et sa dérive ultime, la nymphomanie ont un rapport avec le complexe d’Electre. Le rapport entre Joe et son père est d’une nature particulière. Tous les deux entretiennent une relation de quasi-vénération mutuelle. C’est un peu comme si Joe cherchait à retrouver chez un homme, n’importe quel homme, le sentiment de valorisation que son père lui procurait étant enfant. Cette émotion est restée gravée en elle. Elle en a besoin de manière compulsive.

Je retrouve aussi, comme Joe, le besoin d’en parler. Elle le fait en racontant sa vie à Seligman, je le fais dans mes récits autobiographiques.

Il est important pour elle d’assumer sa nature et les souffrances qui vont avec. Joe fait l’effort de parler de sa vie avec un inconnu. Ce n’est pas forcément évident. À présent, elle ouvre des chapitres de sa vie qui sont pénibles, le cœur ouvert, la sensibilité à fleur de peau, s’entretenant de sa relation malsaine avec les hommes… à un homme.

Seligman trompe pourtant la confiance de Joe car il finit par juger, comme les autres. Il fait mine d’écouter, enchaine des références savantes sans que personne ne le lui demande. Le vieux garçon se cache derrière sa condition. Le vieux pervers joue les faibles pour attendrir sa proie mais lui réserve le même traitement que les autres. Seligman pourrait incarner une figure paternelle dont on sait qu’elle compte énormément pour Joe. Il rassure, puis trahit.

NYMPH( )MANIAC ET SA SIGNIFICATION
Si l’on oublie la lettre « o » du titre pour conserver au contraire les deux parenthèses, le sens en devient alors transformé : il ne reste alors que les mots « nymph » et « maniac », séparés par un caractère symbolique à triple sens. Parfait résumé du film : deux personnages (la nymphe et le maniaque) rassemblés dans un dialogue autour d’un sujet qui les réunit autant qu’il les distingue. Et ce sujet est déjà en soi à plusieurs visages, donc propice au scandale autant qu’à l’exégèse : le sexe (a fortiori féminin), la question du regard sur toute chose soumise à la discussion (et là-dessus, le film se révèle quasi encyclopédique), ou plus largement, la construction narrative du film lui-même.

Il ne surtout pas croire que la division du film en deux volumes résulterait d’un calcul malin de distributeur, soucieux de ne rien perdre du matériau original tout en faisant le pari d’un nombre d’entrées multiplié par deux. On s’aperçoit vite que, à l’instar des deux parenthèses du titre, chaque volume s’impose comme le négatif de l’autre, installant ainsi un système de correspondances symboliques en miroir, où tout est vu et décortiqué sous l’angle d’une analyse sans cesse inversée.

Le casting fait lui aussi les frais de ce jeu d’opposition : outre l’idée géniale de changer l’incarnation des personnages de Joe et de Jérôme moins au gré de leur âge que de leur caractère, c’est surtout la duplicité progressive de Joe qui sidère en raison du choix de deux actrices aux physiques très divergents. Perversité en marche contre obscénité en action, telle est la duplicité qui régit les deux volumes : là où le volume 1 filme la sexualité comme un absolu à atteindre pour contrer la souffrance qui s’installe chez l’humain, le volume 2 ose le virage à 180° en faisant de la sexualité un outil de pouvoir et de destruction, censé révéler la souffrance qui s’insinue chez tout un chacun et ainsi briser les faux-semblants sociaux.

Tout est déjà posé dès le premier chapitre, narrant l’initiation de Joe à la nymphomanie au travers d’une similarité entre la drague et la pêche. Joe se voit alors assimilée à une « nymphe » (le terme évoque l’un des premiers stades de la vie d’un insecte), désireuse de perdre sa virginité, allant jusqu’à servir d’appât lors d’une compétition sexuelle lancée par une amie lors d’un voyage en train – celle qui baisera le plus grand nombre d’inconnus gagnera un sachet de chocolats.

Joe est-elle une amazone féministe cherchant à se venger par la nymphomanie de l’hypocrisie dominante du sexe fort, ou juste une figure féminine qui assume son désir obscène et se sert des autres comme des mouchoirs usagés ? Traiter le film de féministe ou de misogyne est un contre-sens.

La nymphe est encore en chantier dans la vie, même si elle a dépassé la quarantaine et Séligman se révèle être asexuel, alors qu’il a déjà dépassé la soixantaine…). Les personnages de tous les films de Von Trier sont assez faciles à définir : il y a toujours chez eux le désir d’exorciser ce qui les obsède ou ce qui les bloque dans leur bien-être, pour guetter une issue rassurante qui se révèlera être une impasse fatale. Nymph()maniac va cependant plus loin, en particulier lorsque Joe tente de réfréner ses pulsions et de reprendre le contrôle de son corps.

Ce film est extrême. Joe s’incarne pour de bon en créature désespérée, naviguant d’un extrême à l’autre. On l’aura vue subir une défloration brutale, s’insurger contre une société obsédée par l’amour élaborer un mépris de la gent masculine, finir par atteindre l’harmonie sexuelle avant de la perdre aussitôt, renouer avec un corps qui aura lâché prise avec l’esprit, considérer les tabous comme dommageables pour l’être humain, éviter la négation de soi pour assumer pleinement sa nymphomanie, retourner sa culpabilité à son avantage en faisant de la déviance un gage de pouvoir, initier une jeune fille (Mia Goth) à son travail criminel, et finir tabassée dans une ruelle à la suite d’un acte désespéré.

Plus sombre, plus violent, plus viscéral aussi, le second volet montre le vrai visage d’un cinéaste mu par un nihilisme absolu qui s’applique depuis des années à nous faire éprouver au plus profond de notre for intérieur les expériences limites et pathétiques de ses personnages.

Von Trier a eu l’intelligence de garder la forme du conte pour présenter son propos, effectuant par là-même un décalage salvateur entre une réalité indéniable -une femme confesse ce qu’elle pense être ses péchés à un homme- et une réalité retranscrite et possiblement en partie fantasmée.

Nous apprenons d’ailleurs que Joe choisit le titre de ses chapitres en fonction d’éléments réels présents dans la chambre, preuve s’il y en a d’une contamination du champ narratif par des éléments extérieurs. Coupable aux yeux d’une Église vue comme garante de l’ordre moral depuis l’apparition de ses désirs charnels, la femme fautive effectue dans ce film un vrai parcours du supplicié, d’abord assimilée à la putain de Babylone puis au Christ lui-même.

Après la phase de honte où la recherche d’une punition est la seule manière d’accepter une existence qu’elle juge elle-même contre-nature, Joe se rebelle contre l’ordre établi et s’affirme enfin en tant que femme à part entière en faisant de son addiction une arme contre l’autorité masculine.

La nymphomanie de Joe dans ses jeunes années n’est immorale qu’au sens « judéo-chrétien ». Elle collectionne les amants mais ne fait de mal à personne. Dans cette deuxième partie, elle rencontre des hommes dangereux, dont l’immoralité n’est plus une question de bonnes mœurs, mais est profondément perverse, voire criminelle. Joe est à présent soumise et ne dirige plus rien, elle est victime de son addiction et va en payer le prix.

CE FILM ET MOI
J’ai lu beaucoup de textes critiques sur ce film en deux volets, certaines élogieuses, d’autres très sévères.

Sa thématique principale m’a évidemment fait penser à une période précise de mon parcours et naturellement sur ce qui différencie et rapproche hypersexualité et nymphomanie. Je veux terminer en revenant sur ce point.

Partant de mon expérience, j’ai consacré plusieurs textes sur l’hypersexualité, auxquels je renvoie, en particulier « Philippe, le mari candauliste et Olga, l'épouse hypersexuelle (41) : l'hypersexualité selon Olga. 1ère PARTIE : CE QU'EST L'HYPERSEXUALITE ET CE QU'ELLE N'EST PAS.», texte publié sur HDS le 29 mars 2018. J’y développe la différence entre l’hypersexualité et la nymphomanie, même si, j’en conviens et j’en témoigne, la frontière peut être poreuse.

Je vais donc reprendre les passages de ce texte où je m’interrogeais pour savoir si j’étais ou avais été nymphomane.

Je suis consciente que la période où j’ai été sous la coupe de Rachid, plus de deux et demi à partir de juillet 2007, fut celle où j’ai failli basculer définitivement dans la nymphomanie. On peut dire que j’étais alors nymphomane ou proche de la nymphomanie pour les raisons suivantes :
• La multiplicité des partenaires auxquels Rachid m’a offerte va dans ce sens, avec les séances hebdomadaires avec les jeunes de la cité, les partouzes organisées par Marie C., les séances d’abattage dans les foyers.

• La place centrale que la recherche du plaisir occupait dans ma vie, au détriment de toute autre considération, y compris mes sentiments pour mon mari et notre réputation sociale. Mon mari, à cette période, n’avait plus que le port de l’alliance et le titre. Rachid se comportait à tout point de vue comme mon mâle, à domicile, mais aussi dans la rue et dans notre vie sociale. Cette logique a été poussée à son extrême quand Rachid a fini par me faire un enfant, en présence et avec l’accord de Philippe.

• Mes journées étaient consacrées au plaisir. Rachid, très vite installé à demeure, occupant le lit conjugal, me possédait plusieurs fois par jour. Il ne me laissait aucun repos pour que je me livre à d’autres débauches. Je passais mes journées à baiser et à jouir. Je ressentais une dépendance totale envers Rachid, il pouvait disposer de moi comme il l’entendait. Ma récompense était quand il me possédait, au sens sexuel du terme.

• Le sacrifice total de ma position sociale et de celle de mon complice candauliste, Philippe. Notre réputation fut ruinée dans notre immeuble et dans la ville où nous habitions alors, parmi les notables dont Philippe faisait partie et ce jusque sur son lieu de travail.

• Le mépris que je ressentais fréquemment pour ma conduite me poussait à accepter la brutalité de Rachid et les séances SM de Marie C, comme étant une juste punition pour ma conduite.

• Parce que je l’étais aux yeux de Rachid. Dans sa culture, dans sa mentalité de macho, une femme qui s’offre comme je le faisais ne pouvait être qu’une malade. Le terme était souvent dans sa bouche, comme celui de pute, de chienne, de salope, résumés dans le mot arabe de « kahba ». C’est pourquoi, dès le départ, il était décidé de m’offrir au plus d’hommes possibles, à me transformer en machine à plaisir dont il aurait la totale maîtrise. Il se comportait ainsi d’autant plus qu’il humiliait un couple de « bourges » et parce qu’il en tirait profit, même s’il a toujours juré le contraire.

Et pourtant, malgré tout ça j’ai pu en sortir. Le déclencheur, je le reconnais, ce fut Hassan, qui mit fin «manu militari» à ma relation avec Rachid.

Au-delà, et cela m’a été confirmé par les spécialistes à qui j’en ai beaucoup parlé, il y avait cependant chez moi des éléments qu’on ne retrouve pas chez la nymphomane :
• Multi-orgasmique, je sortais de ces ébats repue de plaisir, même si je sais que le plaisir physique n’est pas le marqueur entre l’hypersexualité et l’addiction sexuelle. En tout cas, je ne pratiquais pas de fuite en avant, faite de rapports sexuels compulsifs insatisfaisants.

• Mon amour et ma complicité avec Philippe. Sa présence fréquente lors de mes débauches, le plaisir qu’il prenait de voir se réaliser, au-delà de tous ses rêves, ses envies candaulistes, m’apaisaient. J’ai souvent dit que mon plaisir était décuplé par sa présence, ses regards, son excitation, ses caresses. Je faisais tout cela pour mon plaisir mais aussi pour le sien. Plus je devenais salope, plus il prenait son pied. Pendant longtemps, il était consentant et complice de Rachid, qui n’avait pourtant pas besoin d’encouragements. Et lorsque, comprenant les dangers de la pente vers laquelle je glissais, il a voulu y mettre fin, je n’ai pas suivi, devenue sexuellement dépendante de Rachid. Il a fallu que je rencontre un amant d’un calibre au moins équivalent, Hassan, pour qu’enfin Rachid sorte de ma vie.

Pour toutes ces raisons, il y a des passages dans le film où le comportement de Joe m’a fait penser à mon propre parcours, sans me lancer dans une comparaison entre l’expérience de Joe et la mienne, chacune sur une trentaine d’années.

Bien évidemment, je suis révulsée par les passages les plus choquants, les plus « gore » ou les plus « trash », et ne supporte pas la violence qui émane du personnage de Joe ou les fréquentations qui sont les siennes dans un milieu hors de la loi.

Plus prosaïquement, et c’est qui motivera les lecteurs et lectrices de HDS, on retiendra le réalisme des scènes de sexe qui vont particulièrement loin pour un film qui n’était pas, à proprement parler, classé X et réservé aux salles spécialisées. Les scènes de sexe sont réalistes, avec la réserve de la technique employée, celle du doublage par des acteurs et actrices porno, avec un montage lors de la finalisation du film. Oui, sont excitantes la scène de dépucelage de Joe, le défi qu’elle lance à son ami B dans un train (celui de baiser avec le plus d’hommes possibles). J’ai un petit regret, celui que le trio de Joe avec deux Blacks particulièrement bien dotés par la nature n’ait pas été jusqu’au sandwich promis. A la place de Joe, j’aurais été particulièrement frustrée.

Il ressort de « Nymphomaniac » que la nymphomanie, comme toute addiction, est une souffrance dont il est difficile de sortir. Joe n’en sort pas et le film se termine tragiquement, par la mort de celui à qui elle avait tout dit, parce qu’il avait voulu, à son tour, profité d’elle.

Le remède repose d’abord sur l’entourage et l’amour qu’il apporte à la victime d’une addiction sexuelle. Ce remède s’appelle l’amour, et j’ai la chance immense d’en bénéficier, de la part de mon mari candauliste, Philippe, et de ma compagne Agun. Je suis en quelque sorte deux fois protégée de la malédiction qui frappe Joe.

Enfin, considérant comme vaine l’abstinence, que j’ai tentée et qui se traduit par des rechutes graves, la solution passe aussi par une maîtrise de ses pulsions, à travers une hypersexualité « régulée ». C’est ce que, grâce à l’aide de Philippe et d’Agun, je m’efforce de faire, avec la ferme volonté de ne plus retomber dans les graves travers que j’ai connus.

SOURCES SUR INTERNET
• https://explicationdefilm.com/2019/06/03/nymphomaniac-volume-1/
• https://explicationdefilm.com/2019/06/04/nymphomaniac-volume-2/
• La critique de Guillaume Gas : http://www.courte-focale.fr/cinema/analyses/nymphomaniac-directors-cut-lars-von-trier/
• https://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/nymphomaniac-volume-2/
• https://www.avoir-alire.com/nymphomaniac-volume-2-la-critique-du-film

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