Erotisme et cinéma (6) : « La bonne » de Salvatore Samperi (1986)
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 06-06-2020 dans la catégorie A dormir debout
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Erotisme et cinéma (6) : « La bonne » de Salvatore Samperi (1986)
Après « Erotisme et cinéma (5) : « Ce merveilleux automne » de Mauro Bolognini (1969) », texte publié le 1er avril dernier, je poursuis cette série sur le cinéma érotique avec un autre film italien, qui m’a été recommandé par un lecteur anonyme.
Ces textes sur l’érotisme au cinéma sont généralement courts, ils ne sont pas des critiques de films, seulement une incitation, une invitation à la découverte, pour vous faire partager le plaisir que j’ai eu en visionnant ce film, qu’il est toujours possible de se procurer, même si je regrette de n’avoir pas pu le voir sur grand écran.
LE SCENARISTE
Salvatore Sampini (1944-2009) a réalisé une vingtaine de films au cours de ses 40 ans de carrière, entre 1968 et 2009.
Samperi a abandonné l'université de Padoue, sa ville natale, pour participer au mouvement de contestation de 68, une expérience qui devait marquer son premier film « Grazie Zia » (Merci ma tante), une satire de l'Italie démocrate-chrétienne bien pensante et qui raconte l'initiation sexuelle d'un jeune garçon par sa tante.
L'année suivante, il poursuit dans cette ligne engagée avec le drame politique Cuore di mamma.
MALIZIA : LAURA OU LE SEXE SYMBOLE DU CINEMA ITALIEN
Après trois comédies de mœurs, Samperi obtient en 1973 un grand succès avec « Malizia », farce érotique qui dévoile la beauté de Laura Antonelli. Cette fiction, qui se déroule dans la Sicile des années 50, décrit l'ascension d’une femme de chambre, la belle et sensuelle Laura Antonelli, dont l'érotisme fait fantasmer les mâles de la maison pour laquelle elle travaille. « Malizia », qui fut un énorme succès commercial, devait consacrer l'actrice italienne comme un sex-symbol de l'époque. « Malizia » a fait le tour du monde et fut en piste pour un Golden Globe.
Sa filmographie révèle une certaine attirance pour les employées de maison, comme en témoignent « La Bonne » et « Malicia »
Samperi a réalisé au total une vingtaine de films dont « Peccato veniale » (Péché véniel, 1974) toujours avec Laura Antonelli, tournant des œuvres franchement érotiques à la fin de sa carrière.
En 1979, Samperi met en scène Sylvia Kristel dans « L'Amour en première classe ». Salvatore Samperi est considéré comme l'un des maîtres de l'érotisme made in Italy. Scandalo ou Péché véniel, toujours avec Laura, sont là pour le confirmer.
Il exploite ensuite, sans grande originalité, le même filon : Scandale (Scandalo, 1976), Nené (1977), Casta e pura (1981), Fotografando Patrizia (1984), et la Bonne (1986), qui fait l’objet de cet article.
SYNOPSIS
« La Bonne » est un film franco-italien réalisé par Salvatore Samperi, sorti en 1986. Le titre a été conservé en français, mais le réalisateur aurait voulu l'appeler « La Servante ».
Le film se passe à Vicence, en 1956. Anna est la femme de Giacomo, un notable de la ville. Anna est une jeune femme timide et coincée. Dans la pratique, elle reste à la maison pour s'occuper de sa belle-mère.
Dans la grande demeure familiale où règne une atmosphère oppressante, Angela, une jeune domestique au caractère expansif et à la sensualité débordante, va séduire sa maîtresse et l'entraîner dans des jeux sexuels pervers.
Angela pousse Anna à des confidences qui débouchent rapidement sur des jeux érotiques toujours plus osés, causant d’ailleurs la mort accidentelle de la belle-mère.
Finalement, à l'instigation d'Angela, le tout aboutira à un « ménage à trois » avec le pharmacien Mario.
Florence Guérin joue le rôle d’Anna, Katrine Michelsen celui d’Angela et Silvio Anselmo, le rôle de Mario.
COMMENTAIRES
L’embauche d’une bonne sexy va libérer une maîtresse de maison coincée et mal mariée. Il s’agit au départ d’une histoire saphique, fondée sur le désir et la curiosité, un érotisme un peu pervers dans le milieu conservateur de la bourgeoisie italienne de province des années 50.
Samperi signe une mise en scène d’une délicatesse géniale, filmant ses scènes érotiques avec maestria, et donnant une ambiance surprenante à son métrage, parfois sombre, parfois mélancolique, souvent emprunt d’une tristesse légère. Cette beauté visuelle et sonore est transcendée par la beauté des deux actrices principales du film, dont le destin fut d’ailleurs tragique.
L’intrigue explore avec finesse la relation ambiguë de ces deux jeunes femmes, et introduisant d’étonnants motifs en second plan (la vieille femme alitée par exemple), avec parfois une méchanceté surprenante, souvent un onirisme délicat. Les scènes érotiques sont belles.
La réalisation est soignée. Les deux actrices principales sont sublimes, avec des scènes érotiques de toute beauté. La caméra serre au plus près les corps féminins, la poitrine, les fesses et les toisons luxuriantes. Une première scène dans un lavoir au bord de la rivière où les deux filles vont se caresser face à face et découvrir le plaisir. Puis une scène voyeuriste, et enfin la scène finale avec le pharmacien en trio, et en exhibition. Le film doit beaucoup à ces deux actrices au corps de rêve. Samperi savait filmer le corps des femmes.
CE FILM ET MOI
En visionnant ce film, il y a naturellement des aspects qui m’ont interpellé et ramené à des moments que j’ai vécus, à commencer par la liaison qui se construit entre Anna et Angela, effaçant les différences sociales.
Je suis, comme Anna, une bourgeoise, issue d’un milieu favorisé et cultivé. Le désir a aussi pour conséquence d’effacer ou du moins d’atténuer les distances culturelles et sociales, même si certains ne manquent pas de vous les rappeler, comme je l’ai vécu lorsque j’étais sous la coupe de Rachid et de son entourage, qui croyaient, par le traitement qu’ils m’infligeaient, exercer une prétendue revanche sociale.
Je relève aussi dans ce film la pesanteur de la vie de province et ce qu’implique d’être l’épouse d’un notable. Bisexuelle, je n’ai pu qu’être également sensible à la découverte du saphisme par Anna dans les bras de sa jolie Bonne.
Les similitudes entre Anna et moi s’arrêtent cependant là, pour des raisons qui tiennent au temps et à l’espace, mais surtout aux personnes. Je ne suis pas Anna, Philippe n’est pas Giacomo et je n’ai pas eu près de moi une Angela pour me transformer et être mon « Pygmalion ».
Ce que décrit ce film est la métamorphose radicale d’une épouse sage, qui découvre le plaisir et l’adultère. Si j’ai, moi aussi, changé au cours de mon mariage, alors que je voulais me « ranger », ce fut pour retomber dans l’hypersexualité qui avait tant marqué mon adolescence et ma vie de femme, jusqu’à mon mariage.
Pour ce faire, je n’ai pas eu besoin d’une « éducatrice », c’est mon mari qui a fait ce que je suis et ce qu’est aujourd’hui notre couple, dans l’équilibre qui est le nôtre aujourd’hui.
Moins célèbre que « Malizia », le film qui fit connaitre Samperi, « la bonne » est un film qui symbolise bien l’érotisme subtil de ce metteur en scène. Je le recommande donc vivement.
Ces textes sur l’érotisme au cinéma sont généralement courts, ils ne sont pas des critiques de films, seulement une incitation, une invitation à la découverte, pour vous faire partager le plaisir que j’ai eu en visionnant ce film, qu’il est toujours possible de se procurer, même si je regrette de n’avoir pas pu le voir sur grand écran.
LE SCENARISTE
Salvatore Sampini (1944-2009) a réalisé une vingtaine de films au cours de ses 40 ans de carrière, entre 1968 et 2009.
Samperi a abandonné l'université de Padoue, sa ville natale, pour participer au mouvement de contestation de 68, une expérience qui devait marquer son premier film « Grazie Zia » (Merci ma tante), une satire de l'Italie démocrate-chrétienne bien pensante et qui raconte l'initiation sexuelle d'un jeune garçon par sa tante.
L'année suivante, il poursuit dans cette ligne engagée avec le drame politique Cuore di mamma.
MALIZIA : LAURA OU LE SEXE SYMBOLE DU CINEMA ITALIEN
Après trois comédies de mœurs, Samperi obtient en 1973 un grand succès avec « Malizia », farce érotique qui dévoile la beauté de Laura Antonelli. Cette fiction, qui se déroule dans la Sicile des années 50, décrit l'ascension d’une femme de chambre, la belle et sensuelle Laura Antonelli, dont l'érotisme fait fantasmer les mâles de la maison pour laquelle elle travaille. « Malizia », qui fut un énorme succès commercial, devait consacrer l'actrice italienne comme un sex-symbol de l'époque. « Malizia » a fait le tour du monde et fut en piste pour un Golden Globe.
Sa filmographie révèle une certaine attirance pour les employées de maison, comme en témoignent « La Bonne » et « Malicia »
Samperi a réalisé au total une vingtaine de films dont « Peccato veniale » (Péché véniel, 1974) toujours avec Laura Antonelli, tournant des œuvres franchement érotiques à la fin de sa carrière.
En 1979, Samperi met en scène Sylvia Kristel dans « L'Amour en première classe ». Salvatore Samperi est considéré comme l'un des maîtres de l'érotisme made in Italy. Scandalo ou Péché véniel, toujours avec Laura, sont là pour le confirmer.
Il exploite ensuite, sans grande originalité, le même filon : Scandale (Scandalo, 1976), Nené (1977), Casta e pura (1981), Fotografando Patrizia (1984), et la Bonne (1986), qui fait l’objet de cet article.
SYNOPSIS
« La Bonne » est un film franco-italien réalisé par Salvatore Samperi, sorti en 1986. Le titre a été conservé en français, mais le réalisateur aurait voulu l'appeler « La Servante ».
Le film se passe à Vicence, en 1956. Anna est la femme de Giacomo, un notable de la ville. Anna est une jeune femme timide et coincée. Dans la pratique, elle reste à la maison pour s'occuper de sa belle-mère.
Dans la grande demeure familiale où règne une atmosphère oppressante, Angela, une jeune domestique au caractère expansif et à la sensualité débordante, va séduire sa maîtresse et l'entraîner dans des jeux sexuels pervers.
Angela pousse Anna à des confidences qui débouchent rapidement sur des jeux érotiques toujours plus osés, causant d’ailleurs la mort accidentelle de la belle-mère.
Finalement, à l'instigation d'Angela, le tout aboutira à un « ménage à trois » avec le pharmacien Mario.
Florence Guérin joue le rôle d’Anna, Katrine Michelsen celui d’Angela et Silvio Anselmo, le rôle de Mario.
COMMENTAIRES
L’embauche d’une bonne sexy va libérer une maîtresse de maison coincée et mal mariée. Il s’agit au départ d’une histoire saphique, fondée sur le désir et la curiosité, un érotisme un peu pervers dans le milieu conservateur de la bourgeoisie italienne de province des années 50.
Samperi signe une mise en scène d’une délicatesse géniale, filmant ses scènes érotiques avec maestria, et donnant une ambiance surprenante à son métrage, parfois sombre, parfois mélancolique, souvent emprunt d’une tristesse légère. Cette beauté visuelle et sonore est transcendée par la beauté des deux actrices principales du film, dont le destin fut d’ailleurs tragique.
L’intrigue explore avec finesse la relation ambiguë de ces deux jeunes femmes, et introduisant d’étonnants motifs en second plan (la vieille femme alitée par exemple), avec parfois une méchanceté surprenante, souvent un onirisme délicat. Les scènes érotiques sont belles.
La réalisation est soignée. Les deux actrices principales sont sublimes, avec des scènes érotiques de toute beauté. La caméra serre au plus près les corps féminins, la poitrine, les fesses et les toisons luxuriantes. Une première scène dans un lavoir au bord de la rivière où les deux filles vont se caresser face à face et découvrir le plaisir. Puis une scène voyeuriste, et enfin la scène finale avec le pharmacien en trio, et en exhibition. Le film doit beaucoup à ces deux actrices au corps de rêve. Samperi savait filmer le corps des femmes.
CE FILM ET MOI
En visionnant ce film, il y a naturellement des aspects qui m’ont interpellé et ramené à des moments que j’ai vécus, à commencer par la liaison qui se construit entre Anna et Angela, effaçant les différences sociales.
Je suis, comme Anna, une bourgeoise, issue d’un milieu favorisé et cultivé. Le désir a aussi pour conséquence d’effacer ou du moins d’atténuer les distances culturelles et sociales, même si certains ne manquent pas de vous les rappeler, comme je l’ai vécu lorsque j’étais sous la coupe de Rachid et de son entourage, qui croyaient, par le traitement qu’ils m’infligeaient, exercer une prétendue revanche sociale.
Je relève aussi dans ce film la pesanteur de la vie de province et ce qu’implique d’être l’épouse d’un notable. Bisexuelle, je n’ai pu qu’être également sensible à la découverte du saphisme par Anna dans les bras de sa jolie Bonne.
Les similitudes entre Anna et moi s’arrêtent cependant là, pour des raisons qui tiennent au temps et à l’espace, mais surtout aux personnes. Je ne suis pas Anna, Philippe n’est pas Giacomo et je n’ai pas eu près de moi une Angela pour me transformer et être mon « Pygmalion ».
Ce que décrit ce film est la métamorphose radicale d’une épouse sage, qui découvre le plaisir et l’adultère. Si j’ai, moi aussi, changé au cours de mon mariage, alors que je voulais me « ranger », ce fut pour retomber dans l’hypersexualité qui avait tant marqué mon adolescence et ma vie de femme, jusqu’à mon mariage.
Pour ce faire, je n’ai pas eu besoin d’une « éducatrice », c’est mon mari qui a fait ce que je suis et ce qu’est aujourd’hui notre couple, dans l’équilibre qui est le nôtre aujourd’hui.
Moins célèbre que « Malizia », le film qui fit connaitre Samperi, « la bonne » est un film qui symbolise bien l’érotisme subtil de ce metteur en scène. Je le recommande donc vivement.
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