Erotisme et poésie (11) Guillaume Apollinaire : « Lou ma rose »

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Récit libertin : Erotisme et poésie (11) Guillaume Apollinaire : « Lou ma rose » Histoire érotique Publiée sur HDS le 09-05-2022 dans la catégorie A dormir debout
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Erotisme et poésie (11) Guillaume Apollinaire : « Lou ma rose »
Guillaume Apollinaire (1880-1918) était à l’évidence incontournable dans cette série consacrée à la poésie érotique.

Pierre Perret écrit dans son Anthologie que le poète d’Alcools était « un incontestable magicien des mots qui chantent les parfums des fleurs ou ceux des aisselles de la femme, ou encore qui subliment la pointe rose des petits seins de Lou », son grand amour. Perret souligne « la densité sensuelle de ses vers » qui évoque immanquablement « la légèreté de ceux de Verlaine, s’ils n’en possèdent pas toujours la richesse. »
Je suis fidèle à un des choix que propose Pierre Perret dans son Anthologie, dans « l’immense trésor du brûlant Guillaume ». Pierre Perret nous propose des poèmes « colorés d’érotisme », de « pures odes sensuelles débordantes de passion » qu’Apollinaire écrivit par centaines et expédia du front pendant la Grande Guerre à Louise de Coligny-Châtillon, qu’il appelait tendrement son « petit Lou »
C’est l’un de ces poèmes, « Lou ma rose » que j’ai choisi ici. Conformément aux règles que je me suis fixées dans cette série « Erotisme et poésie », je n’évoquerai de la biographie et l’œuvre d’Apollinaire que ce qui concerne ce poème.

LE POETE
Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, est né sujet polonais de l'Empire russe, en 1880 à Rome. Il meurt à Paris le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole, mais est déclaré mort pour la France en raison de son engagement durant la guerre.

La part érotique de son œuvre, principalement trois romans (dont un perdu), de nombreux poèmes et des introductions à des auteurs licencieux, est également passée à la postérité, comme l’ensemble de son œuvre poétique.

En août 1914, il tente de s'engager dans l'armée française, mais le conseil de révision ajourne sa demande car il n'a pas la nationalité française.

Il part alors pour Nice où sa seconde demande, en décembre 1914, sera acceptée, ce qui lancera sa procédure de naturalisation. Peu après son arrivée, un ami lui présente Louise de Coligny-Châtillon (1881-1962), lors d'un déjeuner dans un restaurant niçois. De son vrai nom Geneviève Marguerite Marie-Louise de Pillot de Coligny, divorcée, « Louise » sera l’une des premières aviatrices françaises. Elle demeure chez son ex-belle-sœur à la Villa Baratier, dans les environs de Nice, et mène une vie très libre.

Guillaume Apollinaire s'éprend aussitôt d'elle, la surnomme Lou et la courtise d'abord en vain. Il lui envoie ce billet enflammé : « Vous ayant dit ce matin que je vous aimais, ma voisine d’hier soir, j’éprouve maintenant moins de gêne à vous l’écrire. Je l’avais déjà senti dès ce déjeuner dans le vieux Nice où vos grands et beaux yeux de biche m’avaient tant troublé que je m’en étais allé aussi tôt que possible afin d’éviter le vertige qu’ils me donnaient. »
Elle finit par lui accorder ses faveurs et, quand il est envoyé faire ses classes à Nîmes après l'acceptation de sa demande d'engagement, elle l'y rejoint pendant une semaine, mais ne lui dissimule pas son attachement pour un autre amant, Gustave Toutain, qu'elle surnommait Toutou. Une correspondance naît de leur relation ; au dos des lettres qu'Apollinaire envoyait au début au rythme d'une par jour ou tous les deux jours, puis de plus en plus espacées, se trouvent des poèmes qui furent rassemblés plus tard sous le titre de « Ombre de mon amour » puis de « Poèmes à Lou ».

Dans cette correspondance, Apollinaire affiche une obsession : confectionner pour Lou une bague à partir d’un éclat d’obus, « taillée dans un métal d’effroi ». Il l’évoque pas moins de trente fois dans les Lettres à Lou ! Il écrit le 7 avril 1915 « On passe le temps à faire des bagues. Envoie-moi la mesure de ton annulaire pour te faire une bague » ; puis le 10 avril « Il faut que je reçoive, ô mon Lou, la mesure exacte de ton doigt car je veux te sculpter une bague très pure dans un métal d’effroi ». Il finit par créer cette bague sur laquelle il inscrit son amour « Gui aime Lou » et qu’il envoie à son adorée.

Mais la jeune femme ne l'aimera jamais comme il l'aurait voulu ; elle refuse de quitter Toutou et à la veille du départ d'Apollinaire pour le front, en mars 1915, ils rompent en se promettant de rester amis. Il part avec le 38e régiment d'artillerie de campagne pour le front de Champagne le 4 avril 1915. Malgré les vicissitudes de l'existence en temps de guerre, il écrit dès qu'il le peut. Il en résulte une abondante correspondance avec Lou, ses nombreux amis, et une jeune fille, Madeleine Pagès, qu'il avait rencontrée dans le train, le 2 janvier 1915, au retour d'un rendez-vous avec Lou. Une fois sur le front, il lui envoie une carte, elle lui répond et ainsi, débute une correspondance vite enflammée qui débouche en août et toujours par correspondance, à une demande en mariage. En novembre 1915, dans le but de devenir officier, Wilhelm de Kostrowitzky est transféré à sa demande dans l'infanterie dont les rangs sont décimés. Il entre au 96e régiment d'infanterie avec le grade de sous-lieutenant puis à Noël, il part pour Oran retrouver sa fiancée pour sa première permission.

Le 9 mars 1916, il obtient sa naturalisation française mais quelques jours plus tard, le 17 mars 1916, il est blessé à la tempe par un éclat d'obus. Évacué à Château-Thierry, il est transféré vers le Val de Grâce, à Paris. Il y est trépané le 10 mai 1916 puis entame une longue convalescence au cours de laquelle il cesse d'écrire à Madeleine.

Affaibli par sa blessure, Guillaume Apollinaire meurt le 9 novembre 1918 chez lui, emporté par la grippe espagnole.

LETTRES A LOU
La correspondance amoureuse entre Apollinaire et Louise représente 220 lettres et 76 poèmes, souvent inclus dans les lettres.

Fantasque, Louise ne voulait pas de lui. Jusqu'à ce qu'elle le rejoigne au lendemain de son incorporation, le 6 décembre, pour huit jours de passion, violente, torride, suivis d'une brève permission au jour de l'An. Et puis Lou la coquette s'est éloignée et Guillaume, parti au front comme volontaire le 4 avril 1915, lui a écrit, dans les tranchées, sous les obus.

Ils rompent en 1915 mais entretiennent ensuite une correspondance quasiment quotidienne, Apollinaire étant parti au front en Champagne. Jusqu'à l'été suivant, il espère la reconquérir. Devenu le fiancé de Madeleine Pagès, ses lettres se font dès lors plus rares et plus impersonnelles. La dernière, assez froide, est datée du 18 janvier 1916.

Dès 1915, le poète avait demandé à sa muse de conserver les poèmes qu'il lui envoie, dont il n'a pas fait de copie lui-même, en vue d'une éventuelle publication. Cette publication ne verra cependant pas le jour avant 1969, même si certains des poèmes ont été détachés de leur origine pour figurer dans le recueil Calligrammes. Louise de Coligny ne semble cependant pas avoir pris la mesure de l'art qu'elle avait inspiré.

En 1947, Louise fait publier chez l'éditeur suisse Pierre Cailler les 76 poèmes et bouts rimés extraits de la correspondance d'Apollinaire. Cet ouvrage, présenté sous le titre « Ombre de mon Amour », titre imaginé par Apollinaire pour un futur recueil, fut vivement contesté par sa veuve Jacqueline et fut réédité plus tard sous le titre « Poèmes à Lou ».

L'édition en 1955 de la correspondance intégrale, toujours chez Pierre Cailler, entraîne la mise au pilon de la totalité du tirage, à l'exception de rares exemplaires hors commerce. En 1969, après les décès de toutes les personnes liées à cette histoire, Gaston Gallimard, qui avait déjà édité l'intégrale poétique d'Apollinaire dans la prestigieuse collection de La Pléiade en 1956 au prix de treize années d'efforts acharnés, publie enfin l'intégralité des « Lettres à Lou ».

Plusieurs poèmes d'amour figuraient dans le recueil « Alcools », mais ils étaient marqués par une tonalité élégiaque et représentaient des amours perdues. Les poèmes adressés à Lou marquent une inflexion dans le lyrisme d'Apollinaire, qui acquiert une grande liberté de ton et un érotisme plein de surprise et dégagé de toute considération morale.

Les Poèmes à Lou forment un recueil chronologique sans composition spécifique. À défaut de construction, l'évolution des sentiments et les circonstances de l'écriture rythment les grandes étapes du recueil.

UN PUR MOMENT DE GRACE
Le poète exprime son enthousiasme amoureux, sa passion charnelle et son manque de Lou,La beauté de ce poème en fait un pur moment de grâce, hors du temps, hors des normes. Il dit l'amour, le désir, la peur, la joie, le regret, la mort, aussi. Les mots du poète expriment sa gaieté, sa souffrance, ses fulgurances. C’est simple, fluide, magique.

***
LE POEME : « Lou ma rose »Lou, tu es ma roseTon derrière merveilleux n’est-ce pas la plus belle roseTes seins tes seins chéris ne sont-ce pas des rosesEt les roses ne sont-ce pas de jolis ptits LousQue l’on fouette comme la briseFustige les fesses des roses dans le jardinAbandonnéLou ma rose ou plutôt mes rosesTu m’as envoyé des feuilles de roseÔ petite déesseTu crées les rosesEt tu fais les feuilles de rosesRosesPetites femmes à poil qui se baladentGentimentElles se baladent en robe de satinSur des escarpolettesElles chantent le plus beau parfum, le plus fort le plus douxLou ma rose ô ma perfection je t’aimeEt c’est avec joie que je risque de me piquerEn faveur de ta beautéJe t’aime, je t’adore, je mordille tes feuilles de roseRose, reine des fleurs, Lou reine des femmesJe te porte au bout des doigts ô Lou, ô roseAu bout des doigts, en te faisant menotteJusqu’à ce que tu t’évanouissesComme s’évanouit le parfumDes rosesJe t’embrasse, ô Lou et je t’adore
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REFERENCES
Outre les références générales déjà indiquées dans « Erotisme et poésie (1) », publié le 17 décembre 2019, je renvoie à l’article Wikipédia sur Apollinaire ainsi qu’aux liens suivants :
• Romantisme et érotisme dans les Poèmes à Lou par Guillaume Apollinaire :https://lup.lub.lu.se/luur/download?func=downloadFile&recordOId=3458011&fileOId=3458023
• http://maprofdelettres.blogspot.com/2015/02/lorganisation-des-poemes-lou.html
• La romance de Guillaume et Lou :http://brefcommedisaitpepin.blogspot.com/2019/03/la-romance-de-guillaume-apollinaire-et.html
• https://culturezvous.com/lhistoire-des-lettres-a-lou-de-guillaume-apollinaire/

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