Histoire des libertines (117) : Céleste Mogador, comtesse et courtisane

- Par l'auteur HDS Olga T -
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Histoire des libertines (117) : Céleste Mogador, comtesse et courtisane Histoire érotique Publiée sur HDS le 10-05-2025 dans la catégorie A dormir debout
Tags : Historique
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Histoire des libertines (117) : Céleste Mogador, comtesse et courtisane
AVERTISSEMENT :

Je n’avais plus rien publié sous cette rubrique depuis le 10 décembre 2024, avec la mise en ligne de « Histoire des libertines (116) : Marie Duplessis, la dame aux camélias ».

Sur un site comme HDS, ces textes, non érotiques, ont, par définition une audience limitée. Pour autant, ils sont appréciés par mes fidèles lecteurs, dont certains m’ont dit regretté cette absence de publications sous cette rubrique.

Cela ne veut pas dire que je n’ai plus de personnages à évoquer. Au contraire, j’ai recensé une trentaine de personnalités qui pourraient faire l’objet de chroniques dans cette rubrique, rien que pour les XIXe et le XXe siècle, avec en particulier d’autres « grandes horizontales ».

C’est tout simplement parce que mon temps d’écriture est pris par d’autres travaux, sur HDS et ailleurs, avec notamment la rédaction des Mémoires (apocryphes) de l’impératrice romaine Faustine, projet commencé il y a plus de 18 mois, ou encore les textes fictifs écrits à « quatre mains », avec 15 chapitres autour du personnage d’Aude, publiés entre le 4 août 2024 et le 30 avril 2025. Une nouvelle série est en préparation avec ma co-auteure Sarah T, avec qui c’est un vrai plaisir de mener cet exercice d’écriture en commun.

Sans vouloir me justifier, je veux seulement rassurer ceux et celles qui apprécient cette rubrique. Je m’efforcerai de reprendre, autant que possible, ces textes historiques. Merci de votre compréhension !

***

La vie de Céleste Vénard (1824-1909), prostituée, galante, courtisane, comédienne, danseuse, actrice, autrice, chanteuse, propriétaire et directrice de théâtre, connue sous le nom de scène de « la Mogador » aurait pu inspirer Balzac et Zola.

Cette enfant de la rue, prostituée à quinze ans, sera comtesse, et mourra misérablement le 18 février 1909. Entre-temps, elle sera devenue Céleste Mogador, l'une des plus célèbres demi-mondaines de Paris. Liée aux mondes des lettres et de la politique, elle fut aussi fondatrice des Sœurs de France pendant le siège de Paris en 1870. Elle s'efforcera ensuite d'empêcher le drame de la Commune.

On trouve sur la route de Céleste Mogador, qui passe par la France, l'Australie, l'Angleterre et la Hollande, beaucoup de grands noms, comme Musset, le prince Napoléon, Lola Montes, Dumas père et fils, Rachel, Georges Bizet, Léon Gambetta, Jules Favre et les principaux acteurs de la monarchie de Juillet, de la IIe République, du Second Empire et des quarante premières années de la IIIe République.

Elle fut une femme exceptionnelle, aussi bien dans l'amour que dans le travail et le dévouement. Voici le portrait d'une des reines de Paris, maîtresse des politiques, inspiratrice des écrivains, qui fut, selon Dumas, « un vaillant cœur, généreux et fantaisiste ».

Céleste fut la fille de Claude-Alexandre Vénard et de Marie-Anne-Victoire Bedo, propriétaires d'une maison garnie et d'une boutique de meubles dans le quartier de Bercy. A l’âge de 5 ou 6 ans, elle perdit son père.

En 1835, Céleste devint apprentie-brodeuse, rue du Temple. Dans les rues, elle se prend à rêver devant les affiches de théâtre. En 1839, elle quitte son apprentissage. Celui qui est alors l’amant de sa mère, un certain Vincent, essaie un soir de la violer. A la suite de quoi Céleste s’enfuit.

LE PARCOURS D’UNE FILLE PUBLIQUE

Céleste Vénard se retrouve alors, quelques jours, seule dans la rue. Elle est recueillie par Thérèse, une prostituée. Peu de temps après, Thérèse et Céleste se font contrôler par deux gardes municipaux. Thérèse est libérée, mais Céleste part alors pour la Conciergerie, puis pour la prison de Saint-Lazare. Pendant les années 1839-1840, Céleste Vénard reste enfermée. Elle rencontre des mendiantes, des prostituées, dont Denise et Maria la Blonde.

À sa sortie de prison, Céleste retrouve le foyer familial. À 16 ans, elle part retrouver Denise dans une « maison de tolérance », au 6 rue des Moulins. Elle se fait inscrire à la préfecture de Police sous le numéro 3748. C’est dans cette maison qu’elle perd sa virginité. Elle y rencontre des hommes et des amants-clients, dont le poète Alfred de Musset.

Dans un établissement de danse, le Bal Mabille, en 1844, Céleste fit la connaissance de Brididi, maître à danser. Sous le charme et désireux de trouver une concurrente à Lise Sergent, dite « la reine Pomaré », alors vedette du Bal Mabille, Brididi apprit la polka à Céleste.

Céleste devint alors « la Mogador ». Elle doit son surnom à l’actualité récente, puisque la France, en pleine conquête de l’Algérie, était en guerre avec le Maroc, le prince de Joinville donnant l’ordre de bombarder la ville de Mogador, l’actuelle ville d’Essaouira.

LA COURTISANE

Adulée, recherchée, courtisée, Céleste Mogador accumule les amants-clients. En raison de la fin de l’été et de la fermeture du Mabille, Mogador cherche une place dans les théâtres. Elle est engagée au théâtre Beaumarchais.

Le succès retombant, vers 1845-1846, elle rencontra Laurent Franconi (1776-1849), maitre d’équitation et directeur de théâtre et devient écuyère à l'Hippodrome, place de l'Étoile.

En 1846-1847, elle posa pour Thomas Couture (1815-1879) pour son tableau « Les Romains de la décadence ». La main de Céleste est représentée sur le personnage féminin central dans le tableau.

Elle rencontre alors toute la bohème romantique de la monarchie de Juillet. Elle fréquente principalement les Grands-Boulevards, le Palais-Royal et la place de la Madeleine, hauts-lieux des loisirs, des plaisirs et du racolage parisien. Elle fréquente aussi les maisons de jeux clandestines, ce qui lui permit de survivre. Céleste Mogador passe peu à peu de l’état de « grisette », de « fille encartée », de « lorette », de « soupeuse », de « noceuse », à celui de femme galante, puis de courtisane.

En 1849, Céleste rencontre un homme, qu'elle surnomme Richard, lors d'un bal au « Jardin d'Hiver ». Elle accepte de se marier avec le dénommé Richard à Londres, en échange d'une somme de quarante mille francs. Au dernier moment, elle rejette cette union, renonce aux fiançailles et rentre à Paris, tout en gardant l’argent !

LA COMTESSE

Elle rencontre en 1847 Lionel-Gabriel-Paul-Josselin de Guigues de Moreton de Chabrillan (1818-1858). Bien qu'aristocrate, le jeune viveur est endetté. Il vit tantôt à Paris, tantôt au château du Magnet, situé à Mers-sur-Indre, qu'il a hérité de son père en 1847. Liaisons, ruptures et réconciliations entre les deux amants s'y succèdent.

L'union de Céleste et de Lionel est célébrée à Londres le 7 janvier 1854, avant leur départ pour l’Australie, où Lionel a obtenu un poste de Consul de France à Melbourne. Céleste Mogador devient alors la comtesse de Chabrillan : elle quitte son état de prostituée pour celui de femme du monde.

De son mariage à la mi-décembre 1856, Céleste et Lionel vivent à Melbourne en Australie. Après des débuts difficiles, elle sut se faire accepter par la bonne société.

Céleste s’embourgeoise, apprend l’anglais, travaille son piano et l’histoire de France. Elle organise un gala de charité pour les victimes de la guerre de Crimée. Ils rencontrent la célèbre Lola Montés et sa danse qui fait alors scandale (voir au sujet de Lola Montès : « Histoire des libertines (50) : femmes d’influence à l’époque du Second Empire », texte paru le 23 décembre 2019).

Lionel se fait spéculateur, et c’est la déroute : ils se retrouvent ruinés. Céleste rentre en France en 1856 et s’installe au 11 rue d’Alger à Paris. Lionel fait un aller-retour entre la France et l’Australie entre 1856 et 1858 puis il meurt à Melbourne le 29 décembre 1858.

Céleste Mogador avait entre-temps fait publier en France en 1854 avec l'aide de son avocat Me Desmarest et d'Emile de Girardin, un volume de mémoire « Adieu au monde — Mémoires de Céleste Mogador », qui est rapidement censuré. Ses mémoires connaîtront ensuite plusieurs rééditions, en 1858 et en 1874.

LA VEUVE

Devenue veuve, Céleste écrivit des articles de presse et des romans feuilletons pour « La Presse », La « Gazette des plaisirs », « La Causerie dramatique ».

En 1862, Céleste devint directrice et propriétaire du théâtre des Folie-Marigny. En 1868-1869, elle fut directrice du théâtre des Nouveautés, situé au 60, rue du Faubourg Saint-Martin.

Elle rejoignit l’association des Sœurs de France, infirmières soignant les blessés lors du siège de la capitale.

En 1865, elle fit construire au Vésinet une maison qu’elle baptise « le Chalet Lionel ». Elle reçoit et se lie avec le compositeur Georges Bizet (1838-1875), l'un de ses voisins. Elle est cependant contrainte d’hypothéquer sa maison en 1872.

Elle passa la fin de ses jours dans une maison de retraite, l'asile de la Providence, au 77 rue des Martyrs à Paris.

UNE LISTE IMPRESSIONNANTE DE « CONNAISSANCES »

Céleste fréquenta autant d'anonymes que de grands noms dans la société française du XIXe siècle. Ainsi, des ducs, des comtes, des barons, des princes, des ouvriers, des comédiens, musiciens, des prostituées, des galantes et des maquerelles anonymes, se côtoyaient dans son réseau social.

Parmi eux, peuvent être cités :

• Des journalistes, comme Alphonse Royer (1803-1875), Nestor Roqueplan (1805-1870), Emile de Girardin (1802-1881), Victor Cochinat (1819-1886), René de Pont-Jest (1829-1904), ou Hippolyte de Villemessant (1808-1879).
• Des comédiens, comme Frederick Lemaître (1800-1876), Théodore Barrière (1821-1877), Gustave Harmant (1824-1864), Jean-Pierre Hesnard dit Montrouge (1826-1903), Henri Larochelle (1826-1884), ou René Luguet (1813-1904).
• Des artistes comme le pianiste allemand, Hermann Cohen (1820-1871), avant son entrée dans les ordres.
• Des hommes de lettres, comme les poètes Théodore de Banville (1823-1891) et Emile Augier (1820-1889), les romanciers Théophile Gautier, Gustave Flaubert, Henri Murger (1822-1861), Alexandre Dumas père, Alexandre Dumas fils, le critique littéraire Sainte Beuve (1804-1869), le critique dramatique Jules Janin (1804-1874).
• Des hommes politiques comme Jules Favre, le Prince Napoléon, Jérôme Bonaparte, Gambetta ou encore les futurs communards Gustave Flourens, Gabriel Ranvier et Henry Rochefort.

Furent-ils tous ses clients ou ses amants ? On ne prête qu’aux riches !

***

REFERENCES

Je recommande la lecture des passages consacrés à Céleste Mogador dans l’ouvrage de Catherine Authier, « histoire des courtisanes au XIXe siècle » (Armand Colin, 2015) et dans celui de Marc Lemonier : « Petite histoire des courtisanes » (Editions Jourdan, 2018).

Il y a également une biographie de Pierre-Robert Leclercq : « Céleste Mogador, une reine de Paris » (La Table ronde, 1996)

Sur le net, outre l’article Wikipedia, qui a inspiré cette chronique, je recommande les deux articles suivants :
• https://histoire-vesinet.org/mogador.htm
• https://www.des-gens.net/La-citoyenne-de-Belleville-Celeste-Mogador-comtesse-de-Chabrillan

Les avis des lecteurs

Olga, l'une des meilleurs d'entre nous, Toujours un plaisir de la retrouver...

Histoire Erotique
Merci pour cette série qui manquait
Je suis fan et j’apprécie ces textes qui ne sont pas que du sexe
Merci à vous Okga
Miboi

Histoire Libertine
@Olga, toujours un plaisir de te lire ma chère. Je pense qu'il n'est plus nécessaire que j'informe les lecteurs à propos de ton voyage haha.

Sarah T.

Histoire Libertine
J’adore les récits historique d’Olga car ils montrent autre chose que des récits écrit dans 1 version anti femme que dans 1 version ou l’on montre la femme libre de ses choix. 🤷‍♀️
Olga arrive très bien à montrer des récits de femmes libres et non des hystériques ou des poufs dixit les CASOS et les hommes coincés du cul. 😡

La chipie

NB sérieusement vous devriez recenser les récits , faire 1 « audit » et re écrire les biographies des femmes.

Histoire Erotique
Olga,
Je trouve cette chronique intéressante et surtout instructive, car même si cette Céleste Mogador m’est totalement inconnue, sa vie est le reflet de cette période où une grande misère côtoyait en permanence la richesse et l’opulence.
En effet, de par le fait que ce récit nous présente là une femme dont la vie ainsi bien personnelle que professionnellement parlant, fût bien mouvementée, ton écrit nous montre une fois encore donc, la condition de ces femmes des classes populaires qui voient dans la prostitution ou dans le statut d'artiste un ascenseur social et une possibilité de réussite dans cette société parisienne du XIX siècle.
Je tiens également à souligner que ta chronique fait surtout ici la parfaite démonstration qu'être courtisane n'amène pas forcément au final la richesse, la fortune ou la notoriété. En effet ce ne furent pas toutes des Paiva, des Alice Ozy, ou des héroïnes de roman, comme Marie Duplessis...
Pour cela je t’en remercie et je te dis bravo.
Didier

Histoire Libertine
Cette série de textes historiques me manquait!
Julie

Histoire Erotique
Merci beaucoup pour cette riche biographie de cette femme au grand cœur, au corps ouvert. Fraternellement

La publication venant juste d'être mise en ligne, j'ai pu finalement mettre un mot, pour m'excuser auprès de mes fidèles lecteurs. Étant en voyage jusqu'au 22 mai et ayant une connexion limitée, je ne serai pas en mesure de répondre aux commentaires.
A très bientôt!



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