Histoire des libertines (118) : Isabelle II d’Espagne.

- Par l'auteur HDS Olga T -
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Histoire des libertines (118) : Isabelle II d’Espagne. Histoire érotique Publiée sur HDS le 07-06-2025 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (118) : Isabelle II d’Espagne.
AVERTISSEMENT :

En publiant ce texte, dans la série consacrée à l’histoire des libertines, je ne propose pas seulement un « interlude » entre deux publications dans la série « Clémence », écrite en commun avec Sarah.

Je réponds aussi à la demande de certains de mes lecteurs et lectrices, qui apprécient ce type de récits, même si ceux qui les lisent et commentent sont forcément en nombre restreint, ce qui est logique sur un site d’histoires érotiques. Je veillerai donc à publier régulièrement dans cette rubrique, car j’ai encore un nombre important de personnages qui méritent d’y figurer.

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Isabelle II (1830-1904) fut reine d’Espagne de 1833 à 1868. Fille aînée du roi Ferdinand VII, elle devint son héritière grâce à l'abolition de la loi salique par ce dernier avec la signature de la Pragmatique Sanction.

À la mort du roi en 1833, certains refusèrent de reconnaître la jeune souveraine et, en application de la loi salique, désignèrent l'oncle d'Isabelle, l'infant Charles, comme roi, sous le nom de Charles V. On les appelle les carlistes. En raison du jeune âge de la nouvelle reine, la régence fut exercée par sa mère Marie-Christine. Cette période troublée fut marquée par la crise de succession et la guerre civile qui suit la mort de Ferdinand VII. Proche des libéraux, la régente était en opposition avec les partisans carlistes, absolutistes.

L’objet de cet article n’est pas de raconter le règne mouvementé d’Isabelle, chassée du pouvoir par un pronunciamiento militaire en 1868 et qui mourut en exil à Paris, en 1904.

Dans l’esprit de cette série consacrée aux « grandes libertines », nous allons nous intéresser à la vie intime de la reine Isabelle. Dans son ouvrage cité en référence, l’historien Philippe Delorme la qualifie ainsi : « ardente et inconstante ».

Par son tempérament, Isabelle rappelle beaucoup sa grand-mère, Marie-Louise, épouse du roi Charles IV, reine adultère et nymphomane (lire à son sujet : « Histoire des libertines (43) : Marie-Louise de Bourbon-Parme, reine d’Espagne ou le ménage à trois. », paru le 8 octobre 2019).

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Philippe Delorme décrit ainsi la reine d’Espagne : « Avec un visage un peu trop rond et le teint coloré qui lui vient d’une affectation cutanée chronique, elle est d’une beauté plus que médiocre. Mais ses yeux bleus tirant vers le vert, légèrement saillants, donnent à la jeune reine une expression d’intelligence pénétrante et même provocante. ».

Il y avait, dans son physique, une part d’hérédité, sans oublier les conséquences de la consanguinité pratiquée par les Bourbons d’Espagne. Il suffit de penser aux portraits que fit le peintre Francisco Goya des rois Charles IV et Ferdinand VII, sans oublier celui de la reine Marie-Louise.

UN MARIAGE DÉSASTREUX

Influencée par le roi des Français, Louis-Philippe, Isabelle II épousa en 1846 son cousin, l'infant François d'Assise de Bourbon, duc de Cadix (1822-1902). Ils ont officiellement douze enfants, dont la plupart des historiens mettent en doute la paternité réelle.

François souffrait d'hypospadias. L'hypospadias est une malformation congénitale et une variation du développement sexuel, qui se manifeste par l'ouverture de l'urètre dans la face inférieure du pénis au lieu de son extrémité

Après le putsch de 1868, les carlistes useront de ce prétexte pour prétendre que François était homosexuel.

Le roi consort, lors des cérémonies officielles de présentation de l'enfant nouveau-né à la cour, prit pour habitude de dire avant de se retirer : « Vous féliciterez Sa Majesté mon épouse d'être tombée enceinte et d'avoir heureusement accouché. »

NYMPHOMANE ?

La plupart des enfants d'Isabelle ne seraient pas légitimes. Le roi consort aurait donné à ses chiens les noms des amants de son épouse. Selon les rumeurs, les préférences de la reine se seraient portées vers le monde de la musique (compositeurs, chanteurs lyriques) ainsi que, étant donné l'époque trouble et le milieu dans lequel elle évoluait, des militaires, des officiers et des diplomates.

Cette vie privée agitée fut une des causes de son impopularité et, au final, de son renversement. L’un des motifs du coup d’état de 1868 fut le fait qu’Isabelle voulait imposer comme ministre de la marine, puis intendant du palais, son favori du moment, Carlos Marfori, (1821-1892), fils d’un cuisinier italien. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.

Isabelle II n’était pas nymphomane, comme le prétendaient ses adversaires carlistes, mais elle eut en effet un certain nombre d’amants.

Il ne manqua pas de prétendants pour consoler la reine de son mariage désastreux.

Le premier fut, de 1846 à 1848, le général Francisco Serrano (1810-1885). Pour avoir manqué de respect au roi consort, le général est éloigné, nommé capitaine général de Grenade. L’ironie de l’histoire voulut qu’il devienne, en 1868, un acteur essentiel du golpe qui renversa la reine Isabelle !

Après la liaison tapageuse avec le beau général, Isabelle et François se mettent d’accord sur un modus vivendi : Isabelle peut continuer à collectionner les amants, sous réserve d’une certaine discrétion.

Isabelle se consola d’abord dans les bras d’un certain Valldemosa, un maître de musique. A la nuit tombée, la reine d’Espagne s’éclipsait du palais pour aller danser, incognito, jusqu’à l’aube, dans une « verbena », une fête de quartier.

En octobre 1848, Isabelle jeta son dévolu sur le marquis de Bedmar. François joua à nouveau les maris offensés, menaçant de « faire pendre au balcon de la reine tous ceux qui auront été ses amants ». Comme le dit Philippe Delorme : « le balcon aurait sans doute été trop petit ! »

On peut citer également, parmi les amants connus de la reine, José Maria Ruiz de Arana (1826-1891, qui fut probablement le père de l’infante Isabelle. Leur liaison dura de 1850 à 1856. Quant au futur roi Alphonse XII, né en 1857, son père serait un autre officier, le capitaine Enrique Puig Molto.

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Le scandale de la vie privée de la reine, qui a perdu depuis longtemps toute popularité, fut connu de tout le pays. Isabelle apprit, lors d’une entrevue avec Napoléon III à San Sébastian, la révolte de Cadix et le coup d’état des généraux Juan Prim (1814-1870) et Serrano.

La reine se retira au « palais de Castille » (ex-hôtel Basilewski), avenue Kléber à Paris. Elle se sépara de François, qui s’installa à Epinay sur Seine. Elle abdiqua le 25 juin 1870 et céda ses droits à son fils, Alphonse, le fringant prince des Asturies, qui sera restauré en 1874.

Usée et fatiguée, le corps marqué par l’embonpoint, le visage bouffi, Isabelle II vécut en exil plus de trois décennies.

LIBERTÉ DE MŒURS ET NYMPHOMANIE

Que la reine Isabelle eut de nombreux amants, nul ne le conteste. Et d’ailleurs, au vu du profil de son époux, on la comprend volontiers ! De là à la qualifier de nymphomane, comme le firent ses adversaires politiques, les carlistes, il y a une marge.

Je relève que, dans l’histoire, une femme célèbre qui a un appétit sexuel élevé est souvent qualifiée de nymphomane. Les exemples dans l’histoire ne manquent pas. Je n’en mentionnerai que quelques-unes, les plus célèbres. Je vous renvoie, à leur sujet, aux publications faites sous cette même rubrique, textes que je vous invite à lire ou relire :

• Cléopâtre (voir « REEDITION Histoire des libertines (3) : Cléopâtre, l'hypersexuelle ou le corps mis au service d'une ambition, publié le 20 octobre 2021)
• Messaline (« Histoire des libertines (5) : Messaline, impératrice et putain. 15 septembre 2017)
• Faustine la jeune, épouse de l’empereur Marc Aurèle, au sujet de laquelle je suis en train d’écrire des mémoires apocryphes (« Histoire des libertines (7) : Poppée et Faustine, des impératrices romaines à la réputation sulfureuse ». 2 octobre 2017)
• L’impératrice de Byzance Théodora (« Histoire des libertines (8) : Théodora, la putain devenue impératrice de Byzance. » 15 octobre 2017)
• Aliénor d’Aquitaine (« Histoire des libertines (10) : Aliénor d’Aquitaine, une femme libre aux temps des Troubadours. » 12 janvier 2018)
• Isabeau de Bavière (« Histoire des libertines (14) : Isabeau de Bavière ou quand « une catin perd la France ». 8 avril 2021)
• La tsarine Catherine II de Russie (« Histoire des libertines (35) : Catherine II de Russie ou l’appétit sexuel au pouvoir. » 5 août 2019)
• La reine Marie-Antoinette (« Histoire des libertines (38) : Marie-Antoinette, la reine calomniée ? » 30 août 2019)
• Pauline Bonaparte (« Histoire des libertines (44) : Pauline Bonaparte, l’insatiable. » 20 octobre 2019)

Dans l’histoire, comme de nos jours, malgré l’évolution des mentalités, on continue à faire la différence dans les comportements compulsifs. Chez l’homme, on sera indulgent pour le libertin, le séducteur, le don Juan. Chez la femme, on continuera à penser qu’elle est une salope, une putain, une nymphomane.

Pourquoi cette différence, cette asymétrie dans les jugements sur le comportement sexuel des hommes et des femmes, la fidélité conjugale, et, au-delà sur les jugements moraux ? Cela fut longtemps lié aux problèmes de filiation. Quant aux relations de confiance au sein du couple, ne devraient-elles pas s’imposer aux deux conjoints ?

Il reste incontestablement du chemin à faire !


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REFERENCES

Je recommande la lecture des passages consacrés par Philippe Delorme à Isabelle II dans son livre « Scandaleuses Princesses » (Pygmalion, 2005).

On peut citer également une biographie écrite par Marie-France Schmidt, » Isabelle II: Reine d'Espagne » (Pygmalion, 2011)

Sur le net, outre l’article Wikipedia, qui a inspiré cette chronique, je recommande cet article :
• https://www.cosmovisions.com/IsabelleIIEspagne.htm

Les avis des lecteurs

Je prends beaucoup de plaisir également à les partager, cher Alain!

Intelligence et Culture : quel beau couple !

Comment vous remercier d'ainsi les partager...

Alain

@ Micky, merci; c'est en effet le cas!

Merci Olga de ce nouveau portrait éloquent. Il est assez amusant de constater que les sociétés supposées pudibondes parce que très religieuses génèrent le plus d'échappatoires...

@ Dyonisia, merci beaucoup. Message reçu. Il y en aura d'autres, c'est promis!

Mais non, mais non, cette Isabelle là, toute reine qu'elle fut, n'est pas plus une "fieffée salope" que bon nombre d'autres Pénélope qui révèrent ou rêvent encore compter de nouvelles étoiles au ciel d'un autre lit, et, Messieurs, réfléchissez à deux fois avant de jeter la pierre à la femme adultère : votre meilleur ami est peut-être derrière, voire risquez-vous d'en recevoir une vous-même.
Cela dit, merci Olga d'avoir comblé mes lacunes en matière d'histoire européenne, et singulièrement espagnole. J'avais souvenir des guerres carlistes, mais je n'en connaissais point les ressorts secrets. Il est quand même plus romantique de faire un putsch pour un amour éconduit que pour une bête affaire de généalogie !
Et comme l'Irlandaise de la fable réclamait "de la craie, encore de la craie", je demande à l'auteure des libertines, encore des libertines ! Car, sous tous les cieux sans vergogne, leur aspiration à la liberté mérite d'être connue et rappelée.

@ Sarah, merci ma belle!

Histoire Libertine
@Olga, comme Julie, je partage la conclusion. Le monde est ainsi, tout est pardonné, voire toléré pour les hommes mais les femmes n'ont (pas encore) cette chance. Bravo pour ton récit !

Sarah T.

@ lecteur anonyme, nous sommes en train de finaliser le chapitre 3 et de travailler sur la suite

Histoire Erotique
Toujours très instructif et divertissant.
Que devient Clémence ?

@ Robert, nous y travaillons
@ Luc, merci!

Histoire Erotique
Merci de poursuivre cette série, en alternance avec des textes plus "hard", comme la série en cours "Clémence"
Luc

Histoire Erotique
j'avoue que j'attendais la suite de l'histoire de Clémence.
Robert

@ Philippe, c'est exact. Je précise que c'est une homonymie et que vous n'êtes pas mon Philippe :-)
@ Julie, nous sommes d'accord
@ lecteur anonyme, on peut dire les choses de cette façon.
@ Steph et JP, bonne lecture!
@ Didier, merci de souligner qu'Isabelle II fut mal mariée et calomniée par ses adversaires politiques. je ne doutais pas que tu partagerais ma conclusion. En effet, il y a toujours deux poids, deux mesures

Histoire Erotique
Olga,
Merci pour cette intéressante chronique historique que j’ai trouvé, du fait que l’Espagne ne fasse pas partie de mes centres d’intérêts historiques habituels, très instructive.
Voici donc la triste histoire d’Isabelle 2, reine d’Espagne en titre qui, pour avoir voulu vivre pleinement sa sexualité en prenant plusieurs amants, étant "mal mariée", fut calomniée puis renversée par une certaine élite, opposée à elle depuis de longue date d’ailleurs. Je suis d’avis que même si Isabelle n’avait pas fauté, son règne n’aurait pas duré dans cette Espagne si conservatrice, si machiste où, pour une cette même élite, une femme n’avait pas encore sa place pour gouverner seule.
C’est vraiment pathétique de constater comment des personnes aux mentalités aussi rétrogrades que machistes aient pu ainsi influencer l’histoire d’un pays, en ruinant la réputation d’une reine, la faisant rejoindre de fait la longue liste de ces femmes de pouvoir qualifiée de "femme de mauvaise vie"…
Je terminerai en te disant, et tu m’en vois désolé, que tu as parfaitement raison, en nous rappelant ainsi et fort à propos cet affligeant, ce pitoyable et machiste constat "vieux comme le monde", Oui il y a effectivement, encore et toujours, deux poids et mesures, en ce qui concerne le jugement porté sur le comportement sexuel des deux sexes. Et force est de constater que malgré l’évolution des mentalités de nos sociétés, dîtes modernes et libérées, ce constat n’est pas prêt de disparaitre…
Didier

Histoire Coquine
très bonne idée que de nous signaler certaines de tes anciennes publications!
Steph et JP

Histoire Erotique
Cette reine n’était pas nympho mais pour dire les choses de façon triviale c’était quand même une sacrée salope!

Histoire Libertine
Très intéressant !
Je partage entièrement la conclusion
Julie

Histoire Erotique
Merci Olga de cette belle leçon d'histoire !
Chaque siècle a ses turpitudes, qui délectent les lecteurs des années plus tardives !..

Bravo !

Philippe



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