Histoire des libertines (120) : Blanche d’Antigny, la courtisane qui inspira Zola.

Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire des libertines (120) : Blanche d’Antigny, la courtisane qui inspira Zola.
AVERTISSEMENT :
Je poursuis ma série de publications consacrées aux grandes courtisanes du XIXe siècle.
Blanche d’Antigny (1840-1874), dont le destin fut tragique, fut, elle aussi, l’une des plus célèbres demi-mondaines du Second Empire, l’une des deux « lionnes » ayant servi de modèle à Émile Zola pour le portrait de Nana, l'autre étant Valtesse de la Bigne, dont je reparlerai.
Voici sa description, par un témoin de son temps : « C’était une belle, bonne, blonde, réjouie et plantureuse fille aux yeux bleu saphir, à la chair couleur de lait, toujours en gaité et en santé. Elle avait un buste superbe, une gorge opulente, modelée et arrogante, qui contrastaient légèrement avec la partie inférieure de son corps, relativement grêle. Au total, ragoûtante au possible et ne manquant que d’une seule chose, la distinction. (…) Elle fut un moment une des reines de Paris. Elle se promenait au bois avec un curieux attelage russe et des trotteurs de l’Ukraine, conduite par un moujik en blouse de soie, qui attirait tous les regards. (…) Les hommes à la mode, les jeunes seigneurs les plus courus, les nababs les plus étincelants, les parvenus les plus cossus lui faisaient une cour acharnée et rivalisaient à son égard de générosité et de passion. »
***
LES DÉBUTS MODESTES D’UNE COURTISANE : écuyère, comédienne muette, modèle
Marie-Ernestine Antigny était la fille aînée d’une modeste famille de Martizay, un petit village de l’Indre. Son père, Jean, est menuisier et sacristain. Le couple que formaient Jean et sa compagne, Eulalie, eut trois enfants, avant, qu’en 1848, Jean n’abandonna sa famille, pour partir à Paris avec une autre femme.
En 1849, Eulalie et Ernestine gagnèrent à leur tour Paris. Eulalie devint lingère chez la Marquise de Gallifet, la mère de Gaston (1830-1909), qui sera beaucoup plus tard célèbre en tant que « fusilleur » de la Commune, puis, en 1899, ministre de la guerre dans le cabinet de « Défense Républicaine » de Waldeck-Rousseau.
La Marquise fit envoyer la petite Ernestine au Couvent des oiseaux, établissement parisien de la Congrégation Notre-Dame. Au décès de la Marquise, Ernestine devint demoiselle de magasin, Rue du Bac.
Âgée de treize ans, elle y attira bientôt l'attention d'un Valaque, qu'elle suivit à Bucarest. De retour à Paris, début 1856, elle côtoya des Gitans, qui lui apprirent à monter à cheval : c'est ainsi qu'elle trouva un emploi d'écuyère au Cirque Napoléon, qui sera par la suite le Cirque d'hiver.
Au Bal Mabille, Marie-Ernestine rencontra Jeanne de Tourbay, dont le protecteur, Marc Fournier, est alors le directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin.
Avec ses formes à la Rubens, Ernestine fut engagée pour jouer un rôle muet, celui de la statue vivante d'Hélène, dans le Faust d'Adolphe d'Ennery, joué à la Porte Saint-Martin, le 27 septembre 1856. L’écrivain Jules Janin (1804-1874) dira d’elle, à cette occasion : « Pour être muette, elle n'en parlait pas moins aux sens. » A la même époque, elle servit de modèle au peintre Paul Baudry (1828-1886).
ESCAPADE RUSSE ET PARTICULE
En 1862, au Bal Mabille, elle fit la connaissance du prince Alexandre Gortchakov (1798-1883), ministre des Affaires étrangères du Tsar. Il la convainquit de partir à Saint-Pétersbourg. Il l'introduisit auprès d'hommes riches et puissants, qu'elle séduisit par le charme et le dynamisme de ses 22 ans.
Parmi eux, il y eut un épicurien, le général Nicolas Mesentsoff, préfet de police de l'Empire, qui en fit la femme la mieux entretenue de Russie. Trois années de fêtes s’en suivirent, au cours desquelles Marie-Ernestine devint Blanche et gagna une particule.
La tsarine la fit expulser de l’Empire pour sa conduite peu « orthodoxe « :elle avait notamment osé s'habiller comme l’impératrice !
Couverte de fourrures, de roubles et de diamants, elle arriva à Paris vers la fin de l'automne 1865.
UNE BRÈVE CARRIÈRE DE COMEDIENNE
Le journaliste et romancier Henry de Pène (1830-1888) lança alors, dans le monde du spectacle, la carrière de cette jolie blonde, venue de Russie avec charmes et bijoux. On trouva rapidement un théâtre, on paya des comédiens pour la former, on prépara un plan presse, on orchestra un plan relations publiques avec le Tout-Boulevard, le Tout-Paris, le monde et le demi-monde.
Blanche d'Antigny circulait sur les Boulevards et au Bois dans une voiture à quatre roues, attelée à deux trotteurs, conduite par un moujik en blouse de soie écarlate !
Elle habitait alors un appartement loué par Nicolas Mesentsoff, toujours très attentif à ces préparatifs et à sa réussite. Elle y fit la connaissance du banquier Raphaël Bischoffsheim (1823-1906) qui devint son protecteur régulier. Le futur patron de presse Arthur Meyer (1844-1924) fut alors son secrétaire. Dix ans après Paul Baudry, le célèbre peintre, Gustave Courbet, fit à son tour de Blanche d'Antigny son modèle.
En fréquentant les grands cafés parisiens et le monde du théâtre, elle devint l’une des plus célèbres cocottes et courtisanes du Second Empire et se produisit dans les opérettes de Jacques Offenbach et joua dans tous les théâtres d’Europe. De succès en succès, on lui proposa des rôles de plus en plus importants.
Comme Cora Pearl, elle eut une liaison restée célèbre avec « Plon Plon », le neveu de l’Empereur Napoléon Ier. Elle eut aussi beaucoup de succès auprès de certains princes de l’entourage de son amant.
L’écrivain et critique littéraire, Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889) disait d'elle, dans la Veilleuse du 7 novembre 1868 : « Elle ne joue pas. Mais ses diamants jouent pour elle. Ce n'est point une actrice. C'est une boutique de joaillerie. »
Elle possédait un splendide hôtel particulier avenue de Friedland, dans le quartier de l’Etoile, où elle menait une vie fastueuse, au grand dam de ses voisins. Elle y organisait des soirées à thèmes, en fonction de ses rôles. Une dizaine de personnes assuraient alors la domesticité. Elle était alors l’une des courtisanes les plus onéreuses de Paris après la Païva.
Elle continua à jouer jusqu’à la guerre franco-allemande de 1870.
Il semble qu'elle fut la première femme à faire du vélo en public en France, ce qui lui a nécessité de remplir un formulaire d'autorisation préfectorale pour pouvoir porter un pantalon ! Elle a acquis la célébrité, fait de la publicité pour les vélos Michaux, donné son nom à la coupe de glace Antigny. Son portrait par le peintre Henri de L'Étang la représente posant à côté d'un vélocipède à une époque où la liberté de mouvement qu'il procure reste mal vu pour une femme.
Elle tint salon rue Lord-Byron, conserva sa liaison avec son amant russe, Nicolas Mesentsoff, tout en restant « fidèle » à son protecteur Raphaël Bischoffsheim et en développant parallèlement une carrière de demi-mondaine aux services qui pouvaient être fort onéreux… ou gratuits !
LA CHUTE
Au début de la guerre et du siège de Paris, les journaux la montrèrent en infirmière au chevet de blessés. Mais, rapidement, son train de vie déplut aux autorités. Elle se réfugia alors à Saint-Germain-en-Laye où ses fêtes, bombances et chants avec d'autres demi-mondaines scandalisèrent le voisinage.
L'armistice signé, Blanche d'Antigny réapparut sur scène le 17 mars 1871 dans le rôle de la Femme à Barbe, représentation arrêtée par la proclamation de la Commune. Vers la mi-juillet 1871, elle reprit avec succès Le Petit Faust aux Folies dramatiques. Le 17 octobre 1871, Blanche d'Antigny se présenta cuirassée en Minerve dans La Boîte de Pandore. Suivirent créations et reprises jusqu'en juin 1872, où la troupe des Folies Dramatiques se produisit à Londres.
Blanche d'Antigny entretenait alors une relation intermittente avec un comédien partenaire, Léopold Luce, qui mourut le 28 janvier 1873. Au même moment, Raphaël Bischoffsheim la quitta.
Poursuivie par des créanciers, Blanche d'Antigny fut saisie, continua à jouer et partit, pleine d'espoir, le 15 octobre 1873 pour Alexandrie, en Égypte, pour une tournée, où elle débuta le 13 novembre. Lors de la première, on dut baisser le rideau devant le charivari et les sifflets d'une partie du public.
Après un séjour au Caire et une dernière représentation à Alexandrie, elle quitta, déçue et malade, l’Égypte le 2 mai 1874, arriva à Marseille le 28 mai où elle apprit le décès de sa mère. Arrivée à Paris le 31 mai, elle s'installa à l’Hôtel du Louvre, méconnaissable, semi-comateuse.
L'agonie de Blanche d'Antigny inspirera Émile Zola pour mettre en scène la mort de Nana.
Si elle n'a pas été atteinte par la tuberculose dont Léopold Luce est mort, elle a contracté la variole noire, ou, plus vraisemblablement la fièvre typhoïde.
Toujours en contact avec Nicolas Mesentsoff, son amie, Caroline Letessier, vint à son secours, la faisant conduire chez elle au 93 boulevard Haussmann, où Blanche d'Antigny décéda le 27 juin 1874, à l'âge de 34 ans.
***
Les parcours des grandes horizontales, tels qu’évoqués dans mes publications, ont beaucoup de points communs :
- Des origines modestes.
- Un parcours de courtisane, mais aussi de comédienne.
- Un succès fulgurant, souvent lié aux relations que ces femmes surent nouer avec les riches et les puissants.
- Un train de vie qui fit de beaucoup d’entre elles des « flambeuses »
- Une chute souvent rapide, qui fit finir beaucoup d’entre elles dans la misère, sans oublier, pour certaines, la maladie et des destins tragiques.
Elles surent, temporairement, profiter du système et de la « générosité » de puissants protecteurs. Mais leur chute n’en fut que plus brutale, victimes d’un système qui ne leur accordait qu’une gloire éphémère.
Pour mieux connaître ces destins de femmes, je renvoie, pour plus de détails, aux récits suivants, en commençant par les plus récents :
- Histoire des libertines (119) : Cora Pearl, l’extravagante (13 juillet 2025)
- Histoire des libertines (117) : Céleste Mogador, comtesse et courtisane (10 mai 2025)
- Histoire des libertines (116) : Marie Duplessis, la dame aux camélias (10 décembre 2024)
- Histoire des libertines (115) : Alice Ozy, comédienne et courtisane (9 octobre 2024)
- Histoire des libertines (114) : La Paiva (17 août 2024)
- Histoire des libertines (50) : femmes d’influence à l’époque du Second Empire (23 décembre 2019) ;
***
REFERENCES:
Il existe une biographie, écrite par Yanick Antigny : « Blanche d'Antigny, la cocotte du Second Empire. » (Antya, 2015)
Sur le net, outre l’article Wikipédia, qui a inspiré cette chronique, je signale également les liens suivants :
- Blanche d’ANTIGNY,Artiste dramatique et courtisane - Les DANTIGNY
- Marie Ernestine Blanche Antigny autrement dit : Blanche d’Antigny : Autour du Père Tanguy
Je poursuis ma série de publications consacrées aux grandes courtisanes du XIXe siècle.
Blanche d’Antigny (1840-1874), dont le destin fut tragique, fut, elle aussi, l’une des plus célèbres demi-mondaines du Second Empire, l’une des deux « lionnes » ayant servi de modèle à Émile Zola pour le portrait de Nana, l'autre étant Valtesse de la Bigne, dont je reparlerai.
Voici sa description, par un témoin de son temps : « C’était une belle, bonne, blonde, réjouie et plantureuse fille aux yeux bleu saphir, à la chair couleur de lait, toujours en gaité et en santé. Elle avait un buste superbe, une gorge opulente, modelée et arrogante, qui contrastaient légèrement avec la partie inférieure de son corps, relativement grêle. Au total, ragoûtante au possible et ne manquant que d’une seule chose, la distinction. (…) Elle fut un moment une des reines de Paris. Elle se promenait au bois avec un curieux attelage russe et des trotteurs de l’Ukraine, conduite par un moujik en blouse de soie, qui attirait tous les regards. (…) Les hommes à la mode, les jeunes seigneurs les plus courus, les nababs les plus étincelants, les parvenus les plus cossus lui faisaient une cour acharnée et rivalisaient à son égard de générosité et de passion. »
***
LES DÉBUTS MODESTES D’UNE COURTISANE : écuyère, comédienne muette, modèle
Marie-Ernestine Antigny était la fille aînée d’une modeste famille de Martizay, un petit village de l’Indre. Son père, Jean, est menuisier et sacristain. Le couple que formaient Jean et sa compagne, Eulalie, eut trois enfants, avant, qu’en 1848, Jean n’abandonna sa famille, pour partir à Paris avec une autre femme.
En 1849, Eulalie et Ernestine gagnèrent à leur tour Paris. Eulalie devint lingère chez la Marquise de Gallifet, la mère de Gaston (1830-1909), qui sera beaucoup plus tard célèbre en tant que « fusilleur » de la Commune, puis, en 1899, ministre de la guerre dans le cabinet de « Défense Républicaine » de Waldeck-Rousseau.
La Marquise fit envoyer la petite Ernestine au Couvent des oiseaux, établissement parisien de la Congrégation Notre-Dame. Au décès de la Marquise, Ernestine devint demoiselle de magasin, Rue du Bac.
Âgée de treize ans, elle y attira bientôt l'attention d'un Valaque, qu'elle suivit à Bucarest. De retour à Paris, début 1856, elle côtoya des Gitans, qui lui apprirent à monter à cheval : c'est ainsi qu'elle trouva un emploi d'écuyère au Cirque Napoléon, qui sera par la suite le Cirque d'hiver.
Au Bal Mabille, Marie-Ernestine rencontra Jeanne de Tourbay, dont le protecteur, Marc Fournier, est alors le directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin.
Avec ses formes à la Rubens, Ernestine fut engagée pour jouer un rôle muet, celui de la statue vivante d'Hélène, dans le Faust d'Adolphe d'Ennery, joué à la Porte Saint-Martin, le 27 septembre 1856. L’écrivain Jules Janin (1804-1874) dira d’elle, à cette occasion : « Pour être muette, elle n'en parlait pas moins aux sens. » A la même époque, elle servit de modèle au peintre Paul Baudry (1828-1886).
ESCAPADE RUSSE ET PARTICULE
En 1862, au Bal Mabille, elle fit la connaissance du prince Alexandre Gortchakov (1798-1883), ministre des Affaires étrangères du Tsar. Il la convainquit de partir à Saint-Pétersbourg. Il l'introduisit auprès d'hommes riches et puissants, qu'elle séduisit par le charme et le dynamisme de ses 22 ans.
Parmi eux, il y eut un épicurien, le général Nicolas Mesentsoff, préfet de police de l'Empire, qui en fit la femme la mieux entretenue de Russie. Trois années de fêtes s’en suivirent, au cours desquelles Marie-Ernestine devint Blanche et gagna une particule.
La tsarine la fit expulser de l’Empire pour sa conduite peu « orthodoxe « :elle avait notamment osé s'habiller comme l’impératrice !
Couverte de fourrures, de roubles et de diamants, elle arriva à Paris vers la fin de l'automne 1865.
UNE BRÈVE CARRIÈRE DE COMEDIENNE
Le journaliste et romancier Henry de Pène (1830-1888) lança alors, dans le monde du spectacle, la carrière de cette jolie blonde, venue de Russie avec charmes et bijoux. On trouva rapidement un théâtre, on paya des comédiens pour la former, on prépara un plan presse, on orchestra un plan relations publiques avec le Tout-Boulevard, le Tout-Paris, le monde et le demi-monde.
Blanche d'Antigny circulait sur les Boulevards et au Bois dans une voiture à quatre roues, attelée à deux trotteurs, conduite par un moujik en blouse de soie écarlate !
Elle habitait alors un appartement loué par Nicolas Mesentsoff, toujours très attentif à ces préparatifs et à sa réussite. Elle y fit la connaissance du banquier Raphaël Bischoffsheim (1823-1906) qui devint son protecteur régulier. Le futur patron de presse Arthur Meyer (1844-1924) fut alors son secrétaire. Dix ans après Paul Baudry, le célèbre peintre, Gustave Courbet, fit à son tour de Blanche d'Antigny son modèle.
En fréquentant les grands cafés parisiens et le monde du théâtre, elle devint l’une des plus célèbres cocottes et courtisanes du Second Empire et se produisit dans les opérettes de Jacques Offenbach et joua dans tous les théâtres d’Europe. De succès en succès, on lui proposa des rôles de plus en plus importants.
Comme Cora Pearl, elle eut une liaison restée célèbre avec « Plon Plon », le neveu de l’Empereur Napoléon Ier. Elle eut aussi beaucoup de succès auprès de certains princes de l’entourage de son amant.
L’écrivain et critique littéraire, Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889) disait d'elle, dans la Veilleuse du 7 novembre 1868 : « Elle ne joue pas. Mais ses diamants jouent pour elle. Ce n'est point une actrice. C'est une boutique de joaillerie. »
Elle possédait un splendide hôtel particulier avenue de Friedland, dans le quartier de l’Etoile, où elle menait une vie fastueuse, au grand dam de ses voisins. Elle y organisait des soirées à thèmes, en fonction de ses rôles. Une dizaine de personnes assuraient alors la domesticité. Elle était alors l’une des courtisanes les plus onéreuses de Paris après la Païva.
Elle continua à jouer jusqu’à la guerre franco-allemande de 1870.
Il semble qu'elle fut la première femme à faire du vélo en public en France, ce qui lui a nécessité de remplir un formulaire d'autorisation préfectorale pour pouvoir porter un pantalon ! Elle a acquis la célébrité, fait de la publicité pour les vélos Michaux, donné son nom à la coupe de glace Antigny. Son portrait par le peintre Henri de L'Étang la représente posant à côté d'un vélocipède à une époque où la liberté de mouvement qu'il procure reste mal vu pour une femme.
Elle tint salon rue Lord-Byron, conserva sa liaison avec son amant russe, Nicolas Mesentsoff, tout en restant « fidèle » à son protecteur Raphaël Bischoffsheim et en développant parallèlement une carrière de demi-mondaine aux services qui pouvaient être fort onéreux… ou gratuits !
LA CHUTE
Au début de la guerre et du siège de Paris, les journaux la montrèrent en infirmière au chevet de blessés. Mais, rapidement, son train de vie déplut aux autorités. Elle se réfugia alors à Saint-Germain-en-Laye où ses fêtes, bombances et chants avec d'autres demi-mondaines scandalisèrent le voisinage.
L'armistice signé, Blanche d'Antigny réapparut sur scène le 17 mars 1871 dans le rôle de la Femme à Barbe, représentation arrêtée par la proclamation de la Commune. Vers la mi-juillet 1871, elle reprit avec succès Le Petit Faust aux Folies dramatiques. Le 17 octobre 1871, Blanche d'Antigny se présenta cuirassée en Minerve dans La Boîte de Pandore. Suivirent créations et reprises jusqu'en juin 1872, où la troupe des Folies Dramatiques se produisit à Londres.
Blanche d'Antigny entretenait alors une relation intermittente avec un comédien partenaire, Léopold Luce, qui mourut le 28 janvier 1873. Au même moment, Raphaël Bischoffsheim la quitta.
Poursuivie par des créanciers, Blanche d'Antigny fut saisie, continua à jouer et partit, pleine d'espoir, le 15 octobre 1873 pour Alexandrie, en Égypte, pour une tournée, où elle débuta le 13 novembre. Lors de la première, on dut baisser le rideau devant le charivari et les sifflets d'une partie du public.
Après un séjour au Caire et une dernière représentation à Alexandrie, elle quitta, déçue et malade, l’Égypte le 2 mai 1874, arriva à Marseille le 28 mai où elle apprit le décès de sa mère. Arrivée à Paris le 31 mai, elle s'installa à l’Hôtel du Louvre, méconnaissable, semi-comateuse.
L'agonie de Blanche d'Antigny inspirera Émile Zola pour mettre en scène la mort de Nana.
Si elle n'a pas été atteinte par la tuberculose dont Léopold Luce est mort, elle a contracté la variole noire, ou, plus vraisemblablement la fièvre typhoïde.
Toujours en contact avec Nicolas Mesentsoff, son amie, Caroline Letessier, vint à son secours, la faisant conduire chez elle au 93 boulevard Haussmann, où Blanche d'Antigny décéda le 27 juin 1874, à l'âge de 34 ans.
***
Les parcours des grandes horizontales, tels qu’évoqués dans mes publications, ont beaucoup de points communs :
- Des origines modestes.
- Un parcours de courtisane, mais aussi de comédienne.
- Un succès fulgurant, souvent lié aux relations que ces femmes surent nouer avec les riches et les puissants.
- Un train de vie qui fit de beaucoup d’entre elles des « flambeuses »
- Une chute souvent rapide, qui fit finir beaucoup d’entre elles dans la misère, sans oublier, pour certaines, la maladie et des destins tragiques.
Elles surent, temporairement, profiter du système et de la « générosité » de puissants protecteurs. Mais leur chute n’en fut que plus brutale, victimes d’un système qui ne leur accordait qu’une gloire éphémère.
Pour mieux connaître ces destins de femmes, je renvoie, pour plus de détails, aux récits suivants, en commençant par les plus récents :
- Histoire des libertines (119) : Cora Pearl, l’extravagante (13 juillet 2025)
- Histoire des libertines (117) : Céleste Mogador, comtesse et courtisane (10 mai 2025)
- Histoire des libertines (116) : Marie Duplessis, la dame aux camélias (10 décembre 2024)
- Histoire des libertines (115) : Alice Ozy, comédienne et courtisane (9 octobre 2024)
- Histoire des libertines (114) : La Paiva (17 août 2024)
- Histoire des libertines (50) : femmes d’influence à l’époque du Second Empire (23 décembre 2019) ;
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REFERENCES:
Il existe une biographie, écrite par Yanick Antigny : « Blanche d'Antigny, la cocotte du Second Empire. » (Antya, 2015)
Sur le net, outre l’article Wikipédia, qui a inspiré cette chronique, je signale également les liens suivants :
- Blanche d’ANTIGNY,Artiste dramatique et courtisane - Les DANTIGNY
- Marie Ernestine Blanche Antigny autrement dit : Blanche d’Antigny : Autour du Père Tanguy
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15 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
J'en profite pour signaler que le chapitre 7 de la série Clémence paraîtra ce vendredi 12 septembre;
Merci Laetitia!
À travers les sir les et les époques, ces courtisanes ont beaucoup de points communs finalement. Issues de milieux modestes souvent, ambition, abnégation…
Merci pour ce portrait Olga
Laetitia
Merci pour ce portrait Olga
Laetitia
Merci cher Alain Dex!
Ces récits nous en apprennent beaucoup sur des modes de vie qui autrement nous seraient bien étrangers. Merci pour ces intéressants partages !
Alain Dex
Alain Dex
@ Dyonisia, @ Micky, je partage évidemment les conclusions générales que vous tirez de la vie de cette courtisane.
@ Maurice, en effet. Il y eut encore d'autres, dont je parlerai. je pense par exemple à Sarah Bernardht.
@ Ber77, merci. Ce n'est pas "Secrets d'histoire" :-)
@ Maurice, en effet. Il y eut encore d'autres, dont je parlerai. je pense par exemple à Sarah Bernardht.
@ Ber77, merci. Ce n'est pas "Secrets d'histoire" :-)
Voilà, la Steph. B… de se site nous raconte encore la vie d’une de ces courtisanes qui ont traversé les époques.
Merci Olga pour ces récits tres bien documentés.
Ber77
Merci Olga pour ces récits tres bien documentés.
Ber77
Heureuse d'abord de cette publication longtemps attendue. Et satisfaite de cette évocation qui montre une fois de plus que la pudibonderie du XIXè siècle a fait de cette période une des plus noires pour les femmes. Tout le contraire du XVIIIè siècle par exemple.
Un autre point commun entre toutes ces courtisanes est le fait qu'elle furent souvent des comédiennes, ou du moins qu'elles essayèrent de l'être.
Maurice
Maurice
Il y a un caractère instructif dans toutes les biographies dont nous régale Olga, non pas que dans les grandeurs et décadences de ces courtisanes on puisse rechercher des "vies édifiantes", comme aurait dit le confesseur de ma grand-mère, mais parce que la volonté de chacune d'échapper au destin que sa naissance programmait a participé autant que l'exemple des grandes intellectuelles à l'émancipation de notre genre, toujours en devenir et qu'il nous appartient de poursuivre.
@Didier, merci beaucoup. Oui j'ai prévu de parler ultérieurement de Valtesse de la Bigne (1848-1910) l'autre courtisane qui aurait inspiré Zola
@ Luc, c'est toujours un plaisir de lire tes commentaires. ne t'inquiète pas de ceux à qui ça ne plait pas
@ Radia, tu as raison d'élargir le sujet à la liberté et aux droits des femmes
@ Julie, merci
@ Luc, c'est toujours un plaisir de lire tes commentaires. ne t'inquiète pas de ceux à qui ça ne plait pas
@ Radia, tu as raison d'élargir le sujet à la liberté et aux droits des femmes
@ Julie, merci
Comme le souligne Olga, on retrouve, chez beaucoup de ces courtisanes, des traits communs, en particulier: origine modeste, carrière fulgurante, destins tragiques.
Merci pour cette série
Julie
Merci pour cette série
Julie
Et bien pour une lionne elle est une sacrée féline
Je pense à ces femmes qui était des rebelles contre les coutumes des sociétés en temps où une femme qui vie sa vie sexuelle libre et aventureuse était soit une femme de joie sans aucun droits dans la société et risque la collere de l'église et du société
C'est soit que la femme est depuis la nuit des temps et une créature sexuelle libertine
Ou bien ses femmes sont les premières pionnières dans le monde pour la liberté sexuelle
Avant la femme n'avais aucun droit dans la vie sociale
Pas de femmes docteurs pas soldat même interdit de voté
Puis la femme a conqueris le monde on devenir tout ce que l'homme peut être
Alors là libération sexuelle est atteint pour la plus part des sociétés et la femme a commencé à atteindre sa place mérité dans le pouvoir de gouverné le monde
Alors c'est notre droit nous les femmes d'atteindre le sommet de notre liberté est devenir vraiment l'égale de l'homme dans tout les domaines et la libération sexuelle feminine est notre droits et notre récompense
Chère Olga
Merci pour ce récit historique il montre que n'importe qu'elle femme peut s'épanouir dans tout les domaines et excelle dans notre monde et notre civilisation
Radiajounoun
Je pense à ces femmes qui était des rebelles contre les coutumes des sociétés en temps où une femme qui vie sa vie sexuelle libre et aventureuse était soit une femme de joie sans aucun droits dans la société et risque la collere de l'église et du société
C'est soit que la femme est depuis la nuit des temps et une créature sexuelle libertine
Ou bien ses femmes sont les premières pionnières dans le monde pour la liberté sexuelle
Avant la femme n'avais aucun droit dans la vie sociale
Pas de femmes docteurs pas soldat même interdit de voté
Puis la femme a conqueris le monde on devenir tout ce que l'homme peut être
Alors là libération sexuelle est atteint pour la plus part des sociétés et la femme a commencé à atteindre sa place mérité dans le pouvoir de gouverné le monde
Alors c'est notre droit nous les femmes d'atteindre le sommet de notre liberté est devenir vraiment l'égale de l'homme dans tout les domaines et la libération sexuelle feminine est notre droits et notre récompense
Chère Olga
Merci pour ce récit historique il montre que n'importe qu'elle femme peut s'épanouir dans tout les domaines et excelle dans notre monde et notre civilisation
Radiajounoun
J'ai toujours le même plaisir à lire ces récits historiques. je le dis en postant un commentaire, même si ça déplait à certains :-)
Luc
Luc
Olga,
C'est encore une bonne chronique qui dans la lignée des précédentes nous permet de découvrir une nouvelle figure emblématique des "grandes horizontales" du second empire, Marie-Ernestine Antigny alias Blanche d’Antigny.
Pour ma part ton texte répond également et partiellement à une question qui me taraudait depuis quelques temps. Oui car désormais, je connais la vie de l’une des deux courtisanes qui inspirèrent Emile Zola pour sa "Nana". Une vie cependant qui, comme tu l’as si bien souligné, fut identique à celles de beaucoup de ses congénères de l’époque, qui espéraient tant pouvoir avoir ainsi là une vie meilleure…
Merci une fois encore pour cette présentation.
Didier
C'est encore une bonne chronique qui dans la lignée des précédentes nous permet de découvrir une nouvelle figure emblématique des "grandes horizontales" du second empire, Marie-Ernestine Antigny alias Blanche d’Antigny.
Pour ma part ton texte répond également et partiellement à une question qui me taraudait depuis quelques temps. Oui car désormais, je connais la vie de l’une des deux courtisanes qui inspirèrent Emile Zola pour sa "Nana". Une vie cependant qui, comme tu l’as si bien souligné, fut identique à celles de beaucoup de ses congénères de l’époque, qui espéraient tant pouvoir avoir ainsi là une vie meilleure…
Merci une fois encore pour cette présentation.
Didier

