Histoire des libertines (23) : la légende noire de la Reine Margot.
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 18-01-2019 dans la catégorie Dans la zone rouge
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Histoire des libertines (23) : la légende noire de la Reine Margot.
Marguerite de France (1553-1615), dite la reine Margot, était la fille d’Henri II et de Catherine de Médicis.
Ses noces avec Henri de Navarre, le futur Henri IV, qui était, avec l’amiral de Coligny le chef du parti protestant, furent marquées par le massacre de la Saint-Barthélemy.
Le personnage de la reine Margot a été popularisé par le roman d’Alexandre Dumas et, plus récemment, le film de Patrice Chéreau (1994) avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre.
«D’une grande beauté». C’est ainsi que ses contemporains qualifiaient la reine Margot. Consciente de ses atouts physiques, Marguerite de Valois en prenait le plus grand soin. Elle prenait deux bains par jour, y incorporant, comme Cléopâtre avant elle, du lait d’ânesse pour conserver une peau blanche.
Blanc était également son visage. A la Renaissance, époque où elle vécut, on se devait dans la noblesse d’arborer un teint diaphane. Marguerite usait, comme cela se faisait en cette seconde moitié du XVIe siècle, de préparations à base de plomb (la céruse) ou de mercure, deux substances particulièrement dangereuses pour la peau et l’organisme. La fille de Catherine de Médicis utilisait des baumes et des onguents et se parfumait : on savait par les écrivains de l’époque, notamment Brantôme et même Ronsard, que ce parfum avait un sillage principalement de jasmin ». S’y ajoutait de l’ambre et du musc.
Le musc donnait «une note un peu animale, très sensuelle au parfum», souligne dans « Secrets d’histoire » Nicolas de Barry, ajoutant qu’à l’époque «il faut oser un parfum aussi spectaculaire, c’est un parfum sensuel qui s’impose au voisinage». Mais comme il le fait remarquer à juste titre : «Margot ce n’est pas n’importe qui, et son parfum est à cette image-là».
UNE JEUNESSE SULFUREUSE
Elle a eu peu l'occasion de connaître son père, mortellement blessé lors d'un tournoi en 1559. Avec sa mère, elle entretient des rapports distants, éprouvant pour elle un mélange d’admiration et de crainte. Elle est principalement élevée avec ses frères Alexandre, duc d'Anjou (le futur Henri III) et le dernier-né Hercule (ensuite renommé François), duc d'Alençon.
Elle entretient d'abord d'excellents rapports avec ses frères, à tel point que des rumeurs persistantes feront par la suite état de relations incestueuses avec Henri et François d’Alençon, voire Charles IX. Le futur Henri III a-t-il pris la virginité de sa sœur un soir de bal, dans une alcôve du Louvre, comme il s’est dit ? Certains auteurs imaginèrent même qu'elle fut violée par ses frères.
Margot était fine, élégante, lettrée, intelligente. La princesse a reçu une éducation soignée et possède toutes les qualités pour briller à la cour, à commencer par son éclatante beauté (« S’il y en eust jamais une au monde parfaicte en beauté, c’est la royne de Navarre », écrira Brantôme).
LE DUC DE GUISE, SON PREMIER AMOUR
Une idylle nait entre la princesse et Henri de Lorraine, duc de Guise, l'ambitieux chef de file des catholiques intransigeants. Le duc de Guise est le premier d’une longue série d'amants prêtés à Marguerite.
Les Guise étant partisans d’une monarchie placée sous la tutelle des Grands et préconisant des mesures radicales contre les protestants, soit l’opposé de ce que souhaitent les Valois.
Une union avec Guise est donc absolument inenvisageable. La réaction de la famille royale est donc très violente, d’autant que des négociations matrimoniales avec Henri de Navarre sont en cours. Cet épisode est peut-être à l'origine de la « haine fraternelle durable » qui s’établit entre Marguerite et son frère Henri, ainsi que du refroidissement, non moins durable, des relations avec sa mère.
UN MARIAGE POLITIQUE
À la fin des années 1560, resurgit l’idée d’une union avec le jeune chef du parti protestant, Henri de Navarre. Héritier présomptif de la couronne de France après les fils de France — mais la perspective d'une accession au trône de France est alors très lointaine —, Henri est aussi l’héritier de vastes possessions dans le Sud-Ouest. Cette union a surtout pour objectif la réconciliation entre catholiques et protestants, à la suite de la troisième guerre de religion.
Quant à Marguerite, c'est non sans réticences qu'elle consent à épouser le souverain hérétique ; Les noces ont lieu le 18 août 1572. Elle aurait manifesté de la résistance pour ne pas épouser Henri de Navarre. Le jour du mariage, le roi Charles IX lui aurait même poussé la tête pour qu'elle donne son consentement.
L’entente entre réformés et catholiques dure peu : c’est d’abord la tentative d’attentat contre l’Amiral de Coligny, puis le massacre de milliers de protestants lors de la Saint-Barthélemy.
Les protestants sont massacrés jusqu'à l'intérieur du Louvre, un gentilhomme gravement blessé trouve même refuge dans la chambre de Marguerite. Cet adultère est au cœur du film de Patrice Chéreau.
La proximité du massacre a valu au mariage le surnom de « noces vermeilles ». Il n’est alors plus question de conciliation et la dissolution du mariage pourrait être prononcée, mais Marguerite choisit de faire preuve de loyauté envers son mari.
L’époux de Marguerite, Henri de Navarre, n’est pas vraiment le mari dont on rêve : le couple fit très vite chambre à part car la pauvre Margot ne supportait pas l’odeur d’ail et de bouc du futur Henri IV.
LA LIBERTINE COMPLOTEUSE
La reine de Navarre tombe alors follement amoureuse de Boniface de La Môle, un beau seigneur, aux nombreuses conquêtes. Ce dernier fut impliqué dans un complot contre le frère de Marguerite, Charles IX. La reine de Navarre l’apprit et mis en garde son frère adoré. Résultat : Boniface de La Môle fut décapité, causant un profond chagrin à la reine Margot. Il paraît qu’elle racheta la tête de son amant et l’enterra dans le jardin de l’abbaye de Montmartre.
À l'avènement d'Henri III, Navarre et Alençon sont laissés en liberté sous surveillance à la cour, mais le nouveau roi ne pardonne pas à sa sœur de l'avoir trahi.
UN COUPLE LIBERTIN ET COMPLICE
Les rapports du couple de Navarre se détériorent, Marguerite n'arrive toujours pas à être enceinte. S'il n'a jamais été question d'amour entre les époux, Henri continue à remplir assidument son devoir conjugal.
Celui qu’on appellera le Vert Galant a de nombreuses maîtresses et trompe ouvertement Marguerite avec la belle Charlotte de Sauve. Dame de compagnie de Catherine de Médicis, celle-ci provoque également une brouille entre Alençon et Navarre, tous deux ses amants, que Marguerite s’employait à allier.
Le couple multiplie les infidélités. Henri ne se rapproche de sa femme que lorsque cela sert ses intérêts, mais n’hésite pas à la délaisser dans le cas contraire. De son côté, Marguerite profite de l'absence de jalousie de son époux pour prendre un amant, en la personne du fameux Bussy d'Amboise. Durant quatre années, Margot sera la maîtresse de Bussy.
Henri et Margot se disent tous. S’ils font lit à part, il n’y a pas entre eux de jalousie. Henri dira, à propos de Bussy d’Amboise : « D’Amboise ? Je l’ai même surpris maintes fois en train de baiser ma femme sur la porte de sa chambre. » (Alain Dag’Naud « Les dessous croustillants de l’histoire de France » Larousse, 2017). Candauliste, le futur Henri IV ? Sans doute pas, mais tolérant en tout cas !
Navarre, puis Guise, réussissent à s’enfuir. Marguerite sera retenue plus longtemps au Louvre.
En 1577, elle est autorisée à se rendre aux Pays-Bas, pour plaider la cause de son frère Alençon, qui cherche une couronne. Elle aura, à cette occasion, une brève liaison avec Don Juan d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas Espagnols et vainqueur de Lépante.
Puis elle se réfugie à Cambrai, dont le gouverneur, le comte d’Inchy, est « un homme tout en grâce et en toutes belles parties requises » pour séduire Margot.
Pendant deux mois, son frère, François d’Alençon la rejoint au château de la Fère, en Picardie. Le frère et la sœur « couchaient dans le même lit, tendrement accolés, au vu des dames de chambre et s’embrassaient en public sans aucune honte. » Margot dit dans ses Mémoires : « J’avoue que ce fût un de mes grands contentements. Nous passâmes près de deux mois qui ne furent que deux petits jours en cet heureux état ». Voilà qui étaye l’accusation d’inceste qui pèse sur Margot.
Marguerite revient à la cour, où l’atmosphère est toujours aussi tendue. Les combats se multiplient entre mignons d'Henri III et partisans d'Alençon, au premier rang desquels Bussy d'Amboise, l’amant de Marguerite. La situation est telle qu’en 1578 Alençon demande à s’absenter. Mais Henri III y voit la preuve de sa participation à un complot : il le fait arrêter en pleine nuit et le consigne dans sa chambre, où Marguerite le rejoint. Quant à Bussy, il est conduit à la Bastille. Quelques jours plus tard, François s’enfuit de nouveau, grâce à une corde jetée par la fenêtre de sa sœur.
LA DAME DE NERAC
Marguerite obtient enfin l’autorisation de rejoindre son mari, le roi de Navarre.
L’hypersexuelle Margot prend avec elle un amant de voyage, un beau joueur de luth, Guillaume Raspault. Le cortège fait une pause en forêt de Chinon, la reine de Navarre s’éloignant dans un fourré avec le beau jeune homme, prise d’une envie soudaine : forniquer ! Les amants trouvent un accueillant tapis de mousse et commencent à baiser, sans s’interrompre quand un magnifique cerf vient les déranger !
La cour de Nérac devient surtout célèbre pour les aventures amoureuses qui s’y seraient multipliés, au point d’avoir inspiré Shakespeare pour sa pièce Peines d'amour perdues. « L’aise y amena les vices, comme la chaleur les serpents », dénonce Agrippa d’Aubigné.
Le roi et la reine de Navarre multiplient, chacun de leur côté, les frasques. Les dames de compagnie de Margot sont bien entendu les proies du Vert Galant, parmi elles Françoise de Montmorency, dite la « Belle Fosseuse ». Bien que celle-ci cherche à écarter Marguerite, la reine assistera la maitresse de son mari, lors de son accouchement.
Marguerite entretient de son côté une liaison avec l’un des plus illustres compagnons de son mari, le vicomte de Turenne. Marguerite s’éprend ensuite du grand écuyer de son frère, Jacques de Harlay, seigneur de Champvallon.
Elle aurait été, par ses intrigues amoureuses, la cause de la septième guerre de Religion (1579-1580). On a prétendu que cette guerre avait été déclenchée par Marguerite par rancœur envers son frère aîné.
En 1582, Marguerite revient à Paris. Sans doute veut-elle échapper à une atmosphère devenue hostile, peut-être aussi se rapprocher de son amant Champvallon, ou soutenir son frère cadet Alençon.
La reine Margot cause scandales sur sandales en s’affichant avec des amants au grand mécontentement de son frère, le roi Henri III.
Le 7 aout 1583, un bal est donné au Louvres. Henri de Navarre est bien loin de son épouse, laquelle a compensé son absence par ses nombreux amants.
C’est ce soir-là qu’Henri III reproche publiquement à sa sœur son comportement et l’insulte de tous les noms possibles et inimaginables. Il qualifie Margot de « putain à chiens, bagasse sans pudeur, fille à muletiers ». Elle est également accusée par le roi d’intriguer avec son plus jeune frère François-Hercule, duc d’Anjou contre la couronne et d’en être la maîtresse ! Le roi, qui ne se maitrise plus, finit par vociférer que Marguerite a donné un enfant à Champvallon. La reine de Navarre s’évanouie en entendant les accusations de son frère. Elle est finalement chassée de Paris et exilée.
Navarre se fait prier pour la récupérer. Il lui témoigne peu d’intérêt, passionné qu’il est par sa maîtresse du moment, Corisande. Aux malheurs de Marguerite s’ajoute encore la nouvelle de la mort de François d’Alençon, en juin 1584, décès qui fait du protestant Henri de Navarre l’héritier d’Henri III.
REVOLTEE ET PRISONNIERE
En 1585, alors que la guerre reprend, Marguerite, rejetée par sa famille comme par son mari, rallie la Ligue, qui rassemble aussi bien les catholiques intransigeants que toutes les personnes hostiles à la politique d'Henri III. Elle prend possession d’Agen, ville faisant partie de sa dot et dont elle est la comtesse, et en fait renforcer les fortifications. À l'arrivée des troupes royales, Marguerite doit fuir précipitamment, « avec un désarroi si pitoyable qu’elle et ses suivantes ressembalient mieux à des garces de lansquenets qu’à des filles de bonne maison. »
Marguerite s’installe alors au château de Carlat. Le gouverneur de la forteresse entre en conflit avec son amant du moment, Gabriel d'Aubiac, dit le Bel Athis, qu'elle a nommé capitaine de ses gardes.
Elle veut trouver refuge un peu plus au nord de l'Auvergne, au château d’Ibois. Mais elle s’y retrouve assiégée par les troupes royales qui s’emparent de la forteresse. Elle doit alors attendre près d’un mois que l’on statue sur son sort. Son amant Aubiac, quant à lui, est pendu.
Le roi décide finalement de l'assigner à résidence dans le château d'Usson, au cœur de l'Auvergne. À partir de 1586, Marguerite est donc retenue prisonnière. Elle parvient néanmoins rapidement à adoucir sa détention, en achetant son gardien, Monsieur de Carillac : un amant de plus !
Durant les longues années passées à Usson, Marguerite épaissit, ce qui ne l’empêche pas de séduire encore. C’est une femme qui désire et c’est la force de son désir qui séduit.
Margot est toujours aussi hypersexuelle et devient ce qu’on appellerait aujourd’hui une cougar.
Elle a auprès d’elle un doux jeune homme blond aux yeux pervenche, Silvio, fils de son apothicaire. Un autre prétendant, Lignerac, jaloux et refusant de la partager, entre dans la chambre où les deux amants font l’amour et poignarde son rival !
Margot se console avec le fils d’un chaudronnier du Puy, nommé Claude François, « qui n’a de remarquable que son énorme laideur et sa belle voix. » Elle aura pour ce « rustre » une violente passion, au point de faire graver son nom sur une boite d’argent qu’elle porte en pendentif, comme talisman d’amour.
Elle finira par se lasser et par marier cet homme avec une de ses demoiselles d’honneur. Lui succède le jeune Dat : « Ils pouvaient demeurer ensemble enfermés dans un cabinet sept à huit jours avec les nuits entières. »
Insatiable Margot !
RECONCILIATION ET DIVORCE
En 1589, Marguerite devient reine de France. Bien qu'à son nom s'attache un lourd parfum d'intrigues et de scandales et que sa stérilité soit avérée, elle sait que le nouveau roi a besoin d'un fils légitime pour consolider son pouvoir. Pour cela il a besoin de l’appui de son épouse car il souhaite se remarier et avoir enfin cette descendance légitime qu'il espère.
Les négociations commencent en 1593, après le retour de la paix et l’abjuration d’Henri IV. Pour appuyer la non-validité du mariage auprès du pape, le roi et son épouse mettent en avant la stérilité de leur couple, sa consanguinité, et les vices de forme du mariage. Pendant les pourparlers, la situation financière de la reine s’améliore, mais Henri songe à épouser sa maîtresse, Gabrielle d'Estrées, mère de son fils, César.
Marguerite refuse de cautionner un remariage déshonorant et lourd de risques politiques avec cette « bagasse ». Elle exige que la future épouse soit « une princesse de sa qualité », ce qui bloque les négociations, mais après la mort providentielle de Gabrielle dans la nuit du 9 avril 1599 au 10 avril 1599, elle revient sur son exigence, pour des motifs de conscience, en échange de fortes compensations financières et du droit de conserver l'usage de son titre royal. Clément VIII prononce la bulle d'annulation le 24 octobre 1599. Henri IV épouse un an après Marie de Médicis.
« JEUNE PUTAIN, VIEILLE BIGOTTE »
De bons rapports désormais peuvent se rétablir entre les deux ex-époux. Marguerite regagne Paris en 1605. Alors qu'elle a été belle en sa jeunesse, elle est devenue « horriblement grosse » à en croire Tallemant des Réaux. Elle est aussi désormais très dévote et Vincent de Paul est un temps son aumônier.
Face au Louvre, elle se fait construire un hôtel qui va vite devenir le nouveau rendez-vous des écrivains et des artistes. Elle y donne de nombreuses réceptions et s’y entoure de poètes et de philosophes ; son hôtel devient un lieu important de la vie culturelle, intellectuelle et politique de la vie parisienne.
A cette époque, la grande beauté de la reine Margot s’en est allée, laissant place à une femme laide et obèse, mais qui collectionne toujours les amants ! Elle aura toujours un homme dans son lit, jusqu’à la fin de sa vie. Jusqu’au bout, elle aura aimé et aura été aimée.
Désormais, elle pouvait mener librement la vie fantasque qui lui plaisait, en compagnie de nombreux jeunes favoris, sans que personne puisse trouver à redire contre cette grande et généreuse dame qui savait perpétuer le souvenir de la brillante cour des Valois. Selon la légende forgée par les enjolivements de romanciers, elle porte dans les poches de son vertugadin le cœur embaumé de ses divers amants.
MARGOT ET LES FAISEUSES D’ANGE
Revenons maintenant à ce soit disant enfant que Marguerite aurait donné au seigneur de Champvallon.
Marguerite de Valois doit donner un héritier à son époux Henri de Navarre. N’étant pas enceinte aussi vite qu’on l’aurait souhaité, la reine est d’abord allée faire une cure à Bagnères pour favoriser sa fécondité. Dans Paris, on racontait bel et bien que la reine de Navarre avait dû avorter d’un enfant de son amant Champvallon.
Cependant à l’époque, l’avortement était très dangereux. Il était pratiqué par des « faiseuses d’anges », lesquelles utilisaient des aiguilles à tricoter pour déloger l’embryon ou piétinaient le ventre de la future mère jusqu’au moment où l’enfant qui n’était pas encore à son terme sorte.
Dans nombreux cas, la mère ne survivait pas à l’avortement. L’ambassadeur d’Angleterre prétendait lui que Marguerite de Valois, enceinte, avait accouché. Elle aurait également eu un deuxième enfant en 1586 né au château de Carlat. Le père de celui-ci serait d'Aubiac, son amant du moment.
Cependant, il paraît un peu illogique que Marguerite de Valois ait pu être enceinte : si elle et son époux faisaient chambre à part, c’était une fois le devoir conjugal accomplit. Connaissant l’ardeur de l’un comme de l’autre, comment expliquer que Margot pût être enceinte d’un de ses amants et pas de son mari ? Les rumeurs de grossesse de 1583 sont probablement basées sur le fait que la reine de Navarre avait pris du poids au cours de cette année. En tout cas, s’il y eut un ou même plusieurs enfants illégitimes, personne ne sait ce qu’il(s) est (sont) devenu(s), ce qui renforce la probabilité que tout cela est pure invention.
Cependant, ces ragots, crus par Henri III, auront fait beaucoup de tort à Marguerite. Celle-ci nia toute sa vie avoir avortée ou accouchée d’un enfant.
LA LEGENDE NOIRE DE MARGOT OU LE PARCOURS D’UNE HYPERSEXUELLE
Cible de pamphlets violents de son vivant, les calomnies répandues à son époque ont voilé son histoire et créé le mythe de la « Reine Margot », nymphomane et incestueuse. Fut-elle vraiment la fille délurée que les romanciers ont décrite ?
Marguerite de Valois, fille d'Henri II, épouse d'Henri IV, a mauvaise réputation. La littérature romantique, Alexandre Dumas en tête, l'a stigmatisée comme une intrigante et une femme aux mœurs dépravées.
Le nom même de la reine Margot, sobriquet lancé par Dumas en 1845, évoque en effet une princesse pervertie dès l'enfance par la cour dépravée des derniers Valois : Margot se serait vautrée dans l'inceste, faisant successivement succomber ses trois frères Charles, Henri et François à ses charmes ; la princesse aurait en outre témoigné d'un tempérament vraiment royal, à grand-peine assouvi par les plus beaux mâles de son temps : la liste des amants qu'on lui prête est infinie...
L’histoire de la princesse Marguerite de Valois est aujourd’hui voilée par la légende noire de la « reine Margot », le mythe d'une femme lubrique née dans une famille maudite.
De nombreuses calomnies ont été répandues du vivant même de la princesse, ce sont celles de son ennemi Agrippa d'Aubigné, avec le « Divorce Satyrique » qui ont eu le plus de succès. Broyée entre les deux camps, entraînée dans les conflits qui déchiraient sa fratrie, elle fut la cible de pamphlets qui en fait visaient à travers elle sa mère, ses frères ou son mari. Un pamphlet protestant rédigé contre Henri IV, le « Divorce Satyrique » (1607), présente Margot comme une nymphomane. C'est le trait de sa légende le plus persistant. Son séjour à Usson est souvent présenté comme une période de décadence où la reine occupe son temps à se donner à de jeunes paysans robustes du pays.
Margot aimait les hommes, elle aimait l’amour, elle aimait se faire mettre. Elle était hypersexuelle. Et alors ? C’était son droit !
Personne ne stigmatise le comportement d’Henri IV, dont il est impossible de comptabiliser le nombre de maîtresses ! Le Donjuanisme est accepté et considéré avec sympathie, une hypersexuelle est, quant à elle, qualifiée de nymphomane, de putain, de salope.
Margot a enchaîné les amants, se faisant prendre de toutes les façons, n’importe quand et par n’importe qui de beau et bien bâti, contre un mur du palais, sur le sol d’une rue pavée, trouvant grand plaisir dans la dégradation et la souillure.
Margot fut assurément une grande libertine et une hypersexuelle, elle a donc tout particulièrement place dans ces récits.
De ce point de vue, je me sens naturellement proche d’elle. Je veux aussi saluer la modernité et la tolérance du futur Henri IV qui collectionnait les maîtresses, mais qui, chose bien rare à l’époque, tolérait les frasques de son épouse et n’y faisait pas obstacle. Certes, Henri n’était pas candauliste, mais la liberté de ce couple royal est à souligner.
J’ai beaucoup de sympathie pour la grande hypersexuelle qu’était Margot. Comme elle, j’aime, quand le besoin se fait ressentir, quand un homme me plait, me faire prendre n’importe où, n’importe quand et par n’importe qui, du moment que l’homme est beau et bien membré. La différence, et elle est considérable, est d’une part l’évolution des mentalités, mais aussi le candaulisme de mon mari qui encourage et suscite mes débordements.
Dans ces moment-là, comme la reine Margot, je suis également disposée, pour reprendre les reproches qui lui furent adressés, à « toutes les dégradations et toutes les souillures », du moment que je jouisse encore et encore. Tout en prenant conscience, chose que je suis loin d’avoir toujours respecté, de la nécessaire prudence qui doit s’imposer aux temps du SIDA et des MST.
Ses noces avec Henri de Navarre, le futur Henri IV, qui était, avec l’amiral de Coligny le chef du parti protestant, furent marquées par le massacre de la Saint-Barthélemy.
Le personnage de la reine Margot a été popularisé par le roman d’Alexandre Dumas et, plus récemment, le film de Patrice Chéreau (1994) avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre.
«D’une grande beauté». C’est ainsi que ses contemporains qualifiaient la reine Margot. Consciente de ses atouts physiques, Marguerite de Valois en prenait le plus grand soin. Elle prenait deux bains par jour, y incorporant, comme Cléopâtre avant elle, du lait d’ânesse pour conserver une peau blanche.
Blanc était également son visage. A la Renaissance, époque où elle vécut, on se devait dans la noblesse d’arborer un teint diaphane. Marguerite usait, comme cela se faisait en cette seconde moitié du XVIe siècle, de préparations à base de plomb (la céruse) ou de mercure, deux substances particulièrement dangereuses pour la peau et l’organisme. La fille de Catherine de Médicis utilisait des baumes et des onguents et se parfumait : on savait par les écrivains de l’époque, notamment Brantôme et même Ronsard, que ce parfum avait un sillage principalement de jasmin ». S’y ajoutait de l’ambre et du musc.
Le musc donnait «une note un peu animale, très sensuelle au parfum», souligne dans « Secrets d’histoire » Nicolas de Barry, ajoutant qu’à l’époque «il faut oser un parfum aussi spectaculaire, c’est un parfum sensuel qui s’impose au voisinage». Mais comme il le fait remarquer à juste titre : «Margot ce n’est pas n’importe qui, et son parfum est à cette image-là».
UNE JEUNESSE SULFUREUSE
Elle a eu peu l'occasion de connaître son père, mortellement blessé lors d'un tournoi en 1559. Avec sa mère, elle entretient des rapports distants, éprouvant pour elle un mélange d’admiration et de crainte. Elle est principalement élevée avec ses frères Alexandre, duc d'Anjou (le futur Henri III) et le dernier-né Hercule (ensuite renommé François), duc d'Alençon.
Elle entretient d'abord d'excellents rapports avec ses frères, à tel point que des rumeurs persistantes feront par la suite état de relations incestueuses avec Henri et François d’Alençon, voire Charles IX. Le futur Henri III a-t-il pris la virginité de sa sœur un soir de bal, dans une alcôve du Louvre, comme il s’est dit ? Certains auteurs imaginèrent même qu'elle fut violée par ses frères.
Margot était fine, élégante, lettrée, intelligente. La princesse a reçu une éducation soignée et possède toutes les qualités pour briller à la cour, à commencer par son éclatante beauté (« S’il y en eust jamais une au monde parfaicte en beauté, c’est la royne de Navarre », écrira Brantôme).
LE DUC DE GUISE, SON PREMIER AMOUR
Une idylle nait entre la princesse et Henri de Lorraine, duc de Guise, l'ambitieux chef de file des catholiques intransigeants. Le duc de Guise est le premier d’une longue série d'amants prêtés à Marguerite.
Les Guise étant partisans d’une monarchie placée sous la tutelle des Grands et préconisant des mesures radicales contre les protestants, soit l’opposé de ce que souhaitent les Valois.
Une union avec Guise est donc absolument inenvisageable. La réaction de la famille royale est donc très violente, d’autant que des négociations matrimoniales avec Henri de Navarre sont en cours. Cet épisode est peut-être à l'origine de la « haine fraternelle durable » qui s’établit entre Marguerite et son frère Henri, ainsi que du refroidissement, non moins durable, des relations avec sa mère.
UN MARIAGE POLITIQUE
À la fin des années 1560, resurgit l’idée d’une union avec le jeune chef du parti protestant, Henri de Navarre. Héritier présomptif de la couronne de France après les fils de France — mais la perspective d'une accession au trône de France est alors très lointaine —, Henri est aussi l’héritier de vastes possessions dans le Sud-Ouest. Cette union a surtout pour objectif la réconciliation entre catholiques et protestants, à la suite de la troisième guerre de religion.
Quant à Marguerite, c'est non sans réticences qu'elle consent à épouser le souverain hérétique ; Les noces ont lieu le 18 août 1572. Elle aurait manifesté de la résistance pour ne pas épouser Henri de Navarre. Le jour du mariage, le roi Charles IX lui aurait même poussé la tête pour qu'elle donne son consentement.
L’entente entre réformés et catholiques dure peu : c’est d’abord la tentative d’attentat contre l’Amiral de Coligny, puis le massacre de milliers de protestants lors de la Saint-Barthélemy.
Les protestants sont massacrés jusqu'à l'intérieur du Louvre, un gentilhomme gravement blessé trouve même refuge dans la chambre de Marguerite. Cet adultère est au cœur du film de Patrice Chéreau.
La proximité du massacre a valu au mariage le surnom de « noces vermeilles ». Il n’est alors plus question de conciliation et la dissolution du mariage pourrait être prononcée, mais Marguerite choisit de faire preuve de loyauté envers son mari.
L’époux de Marguerite, Henri de Navarre, n’est pas vraiment le mari dont on rêve : le couple fit très vite chambre à part car la pauvre Margot ne supportait pas l’odeur d’ail et de bouc du futur Henri IV.
LA LIBERTINE COMPLOTEUSE
La reine de Navarre tombe alors follement amoureuse de Boniface de La Môle, un beau seigneur, aux nombreuses conquêtes. Ce dernier fut impliqué dans un complot contre le frère de Marguerite, Charles IX. La reine de Navarre l’apprit et mis en garde son frère adoré. Résultat : Boniface de La Môle fut décapité, causant un profond chagrin à la reine Margot. Il paraît qu’elle racheta la tête de son amant et l’enterra dans le jardin de l’abbaye de Montmartre.
À l'avènement d'Henri III, Navarre et Alençon sont laissés en liberté sous surveillance à la cour, mais le nouveau roi ne pardonne pas à sa sœur de l'avoir trahi.
UN COUPLE LIBERTIN ET COMPLICE
Les rapports du couple de Navarre se détériorent, Marguerite n'arrive toujours pas à être enceinte. S'il n'a jamais été question d'amour entre les époux, Henri continue à remplir assidument son devoir conjugal.
Celui qu’on appellera le Vert Galant a de nombreuses maîtresses et trompe ouvertement Marguerite avec la belle Charlotte de Sauve. Dame de compagnie de Catherine de Médicis, celle-ci provoque également une brouille entre Alençon et Navarre, tous deux ses amants, que Marguerite s’employait à allier.
Le couple multiplie les infidélités. Henri ne se rapproche de sa femme que lorsque cela sert ses intérêts, mais n’hésite pas à la délaisser dans le cas contraire. De son côté, Marguerite profite de l'absence de jalousie de son époux pour prendre un amant, en la personne du fameux Bussy d'Amboise. Durant quatre années, Margot sera la maîtresse de Bussy.
Henri et Margot se disent tous. S’ils font lit à part, il n’y a pas entre eux de jalousie. Henri dira, à propos de Bussy d’Amboise : « D’Amboise ? Je l’ai même surpris maintes fois en train de baiser ma femme sur la porte de sa chambre. » (Alain Dag’Naud « Les dessous croustillants de l’histoire de France » Larousse, 2017). Candauliste, le futur Henri IV ? Sans doute pas, mais tolérant en tout cas !
Navarre, puis Guise, réussissent à s’enfuir. Marguerite sera retenue plus longtemps au Louvre.
En 1577, elle est autorisée à se rendre aux Pays-Bas, pour plaider la cause de son frère Alençon, qui cherche une couronne. Elle aura, à cette occasion, une brève liaison avec Don Juan d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas Espagnols et vainqueur de Lépante.
Puis elle se réfugie à Cambrai, dont le gouverneur, le comte d’Inchy, est « un homme tout en grâce et en toutes belles parties requises » pour séduire Margot.
Pendant deux mois, son frère, François d’Alençon la rejoint au château de la Fère, en Picardie. Le frère et la sœur « couchaient dans le même lit, tendrement accolés, au vu des dames de chambre et s’embrassaient en public sans aucune honte. » Margot dit dans ses Mémoires : « J’avoue que ce fût un de mes grands contentements. Nous passâmes près de deux mois qui ne furent que deux petits jours en cet heureux état ». Voilà qui étaye l’accusation d’inceste qui pèse sur Margot.
Marguerite revient à la cour, où l’atmosphère est toujours aussi tendue. Les combats se multiplient entre mignons d'Henri III et partisans d'Alençon, au premier rang desquels Bussy d'Amboise, l’amant de Marguerite. La situation est telle qu’en 1578 Alençon demande à s’absenter. Mais Henri III y voit la preuve de sa participation à un complot : il le fait arrêter en pleine nuit et le consigne dans sa chambre, où Marguerite le rejoint. Quant à Bussy, il est conduit à la Bastille. Quelques jours plus tard, François s’enfuit de nouveau, grâce à une corde jetée par la fenêtre de sa sœur.
LA DAME DE NERAC
Marguerite obtient enfin l’autorisation de rejoindre son mari, le roi de Navarre.
L’hypersexuelle Margot prend avec elle un amant de voyage, un beau joueur de luth, Guillaume Raspault. Le cortège fait une pause en forêt de Chinon, la reine de Navarre s’éloignant dans un fourré avec le beau jeune homme, prise d’une envie soudaine : forniquer ! Les amants trouvent un accueillant tapis de mousse et commencent à baiser, sans s’interrompre quand un magnifique cerf vient les déranger !
La cour de Nérac devient surtout célèbre pour les aventures amoureuses qui s’y seraient multipliés, au point d’avoir inspiré Shakespeare pour sa pièce Peines d'amour perdues. « L’aise y amena les vices, comme la chaleur les serpents », dénonce Agrippa d’Aubigné.
Le roi et la reine de Navarre multiplient, chacun de leur côté, les frasques. Les dames de compagnie de Margot sont bien entendu les proies du Vert Galant, parmi elles Françoise de Montmorency, dite la « Belle Fosseuse ». Bien que celle-ci cherche à écarter Marguerite, la reine assistera la maitresse de son mari, lors de son accouchement.
Marguerite entretient de son côté une liaison avec l’un des plus illustres compagnons de son mari, le vicomte de Turenne. Marguerite s’éprend ensuite du grand écuyer de son frère, Jacques de Harlay, seigneur de Champvallon.
Elle aurait été, par ses intrigues amoureuses, la cause de la septième guerre de Religion (1579-1580). On a prétendu que cette guerre avait été déclenchée par Marguerite par rancœur envers son frère aîné.
En 1582, Marguerite revient à Paris. Sans doute veut-elle échapper à une atmosphère devenue hostile, peut-être aussi se rapprocher de son amant Champvallon, ou soutenir son frère cadet Alençon.
La reine Margot cause scandales sur sandales en s’affichant avec des amants au grand mécontentement de son frère, le roi Henri III.
Le 7 aout 1583, un bal est donné au Louvres. Henri de Navarre est bien loin de son épouse, laquelle a compensé son absence par ses nombreux amants.
C’est ce soir-là qu’Henri III reproche publiquement à sa sœur son comportement et l’insulte de tous les noms possibles et inimaginables. Il qualifie Margot de « putain à chiens, bagasse sans pudeur, fille à muletiers ». Elle est également accusée par le roi d’intriguer avec son plus jeune frère François-Hercule, duc d’Anjou contre la couronne et d’en être la maîtresse ! Le roi, qui ne se maitrise plus, finit par vociférer que Marguerite a donné un enfant à Champvallon. La reine de Navarre s’évanouie en entendant les accusations de son frère. Elle est finalement chassée de Paris et exilée.
Navarre se fait prier pour la récupérer. Il lui témoigne peu d’intérêt, passionné qu’il est par sa maîtresse du moment, Corisande. Aux malheurs de Marguerite s’ajoute encore la nouvelle de la mort de François d’Alençon, en juin 1584, décès qui fait du protestant Henri de Navarre l’héritier d’Henri III.
REVOLTEE ET PRISONNIERE
En 1585, alors que la guerre reprend, Marguerite, rejetée par sa famille comme par son mari, rallie la Ligue, qui rassemble aussi bien les catholiques intransigeants que toutes les personnes hostiles à la politique d'Henri III. Elle prend possession d’Agen, ville faisant partie de sa dot et dont elle est la comtesse, et en fait renforcer les fortifications. À l'arrivée des troupes royales, Marguerite doit fuir précipitamment, « avec un désarroi si pitoyable qu’elle et ses suivantes ressembalient mieux à des garces de lansquenets qu’à des filles de bonne maison. »
Marguerite s’installe alors au château de Carlat. Le gouverneur de la forteresse entre en conflit avec son amant du moment, Gabriel d'Aubiac, dit le Bel Athis, qu'elle a nommé capitaine de ses gardes.
Elle veut trouver refuge un peu plus au nord de l'Auvergne, au château d’Ibois. Mais elle s’y retrouve assiégée par les troupes royales qui s’emparent de la forteresse. Elle doit alors attendre près d’un mois que l’on statue sur son sort. Son amant Aubiac, quant à lui, est pendu.
Le roi décide finalement de l'assigner à résidence dans le château d'Usson, au cœur de l'Auvergne. À partir de 1586, Marguerite est donc retenue prisonnière. Elle parvient néanmoins rapidement à adoucir sa détention, en achetant son gardien, Monsieur de Carillac : un amant de plus !
Durant les longues années passées à Usson, Marguerite épaissit, ce qui ne l’empêche pas de séduire encore. C’est une femme qui désire et c’est la force de son désir qui séduit.
Margot est toujours aussi hypersexuelle et devient ce qu’on appellerait aujourd’hui une cougar.
Elle a auprès d’elle un doux jeune homme blond aux yeux pervenche, Silvio, fils de son apothicaire. Un autre prétendant, Lignerac, jaloux et refusant de la partager, entre dans la chambre où les deux amants font l’amour et poignarde son rival !
Margot se console avec le fils d’un chaudronnier du Puy, nommé Claude François, « qui n’a de remarquable que son énorme laideur et sa belle voix. » Elle aura pour ce « rustre » une violente passion, au point de faire graver son nom sur une boite d’argent qu’elle porte en pendentif, comme talisman d’amour.
Elle finira par se lasser et par marier cet homme avec une de ses demoiselles d’honneur. Lui succède le jeune Dat : « Ils pouvaient demeurer ensemble enfermés dans un cabinet sept à huit jours avec les nuits entières. »
Insatiable Margot !
RECONCILIATION ET DIVORCE
En 1589, Marguerite devient reine de France. Bien qu'à son nom s'attache un lourd parfum d'intrigues et de scandales et que sa stérilité soit avérée, elle sait que le nouveau roi a besoin d'un fils légitime pour consolider son pouvoir. Pour cela il a besoin de l’appui de son épouse car il souhaite se remarier et avoir enfin cette descendance légitime qu'il espère.
Les négociations commencent en 1593, après le retour de la paix et l’abjuration d’Henri IV. Pour appuyer la non-validité du mariage auprès du pape, le roi et son épouse mettent en avant la stérilité de leur couple, sa consanguinité, et les vices de forme du mariage. Pendant les pourparlers, la situation financière de la reine s’améliore, mais Henri songe à épouser sa maîtresse, Gabrielle d'Estrées, mère de son fils, César.
Marguerite refuse de cautionner un remariage déshonorant et lourd de risques politiques avec cette « bagasse ». Elle exige que la future épouse soit « une princesse de sa qualité », ce qui bloque les négociations, mais après la mort providentielle de Gabrielle dans la nuit du 9 avril 1599 au 10 avril 1599, elle revient sur son exigence, pour des motifs de conscience, en échange de fortes compensations financières et du droit de conserver l'usage de son titre royal. Clément VIII prononce la bulle d'annulation le 24 octobre 1599. Henri IV épouse un an après Marie de Médicis.
« JEUNE PUTAIN, VIEILLE BIGOTTE »
De bons rapports désormais peuvent se rétablir entre les deux ex-époux. Marguerite regagne Paris en 1605. Alors qu'elle a été belle en sa jeunesse, elle est devenue « horriblement grosse » à en croire Tallemant des Réaux. Elle est aussi désormais très dévote et Vincent de Paul est un temps son aumônier.
Face au Louvre, elle se fait construire un hôtel qui va vite devenir le nouveau rendez-vous des écrivains et des artistes. Elle y donne de nombreuses réceptions et s’y entoure de poètes et de philosophes ; son hôtel devient un lieu important de la vie culturelle, intellectuelle et politique de la vie parisienne.
A cette époque, la grande beauté de la reine Margot s’en est allée, laissant place à une femme laide et obèse, mais qui collectionne toujours les amants ! Elle aura toujours un homme dans son lit, jusqu’à la fin de sa vie. Jusqu’au bout, elle aura aimé et aura été aimée.
Désormais, elle pouvait mener librement la vie fantasque qui lui plaisait, en compagnie de nombreux jeunes favoris, sans que personne puisse trouver à redire contre cette grande et généreuse dame qui savait perpétuer le souvenir de la brillante cour des Valois. Selon la légende forgée par les enjolivements de romanciers, elle porte dans les poches de son vertugadin le cœur embaumé de ses divers amants.
MARGOT ET LES FAISEUSES D’ANGE
Revenons maintenant à ce soit disant enfant que Marguerite aurait donné au seigneur de Champvallon.
Marguerite de Valois doit donner un héritier à son époux Henri de Navarre. N’étant pas enceinte aussi vite qu’on l’aurait souhaité, la reine est d’abord allée faire une cure à Bagnères pour favoriser sa fécondité. Dans Paris, on racontait bel et bien que la reine de Navarre avait dû avorter d’un enfant de son amant Champvallon.
Cependant à l’époque, l’avortement était très dangereux. Il était pratiqué par des « faiseuses d’anges », lesquelles utilisaient des aiguilles à tricoter pour déloger l’embryon ou piétinaient le ventre de la future mère jusqu’au moment où l’enfant qui n’était pas encore à son terme sorte.
Dans nombreux cas, la mère ne survivait pas à l’avortement. L’ambassadeur d’Angleterre prétendait lui que Marguerite de Valois, enceinte, avait accouché. Elle aurait également eu un deuxième enfant en 1586 né au château de Carlat. Le père de celui-ci serait d'Aubiac, son amant du moment.
Cependant, il paraît un peu illogique que Marguerite de Valois ait pu être enceinte : si elle et son époux faisaient chambre à part, c’était une fois le devoir conjugal accomplit. Connaissant l’ardeur de l’un comme de l’autre, comment expliquer que Margot pût être enceinte d’un de ses amants et pas de son mari ? Les rumeurs de grossesse de 1583 sont probablement basées sur le fait que la reine de Navarre avait pris du poids au cours de cette année. En tout cas, s’il y eut un ou même plusieurs enfants illégitimes, personne ne sait ce qu’il(s) est (sont) devenu(s), ce qui renforce la probabilité que tout cela est pure invention.
Cependant, ces ragots, crus par Henri III, auront fait beaucoup de tort à Marguerite. Celle-ci nia toute sa vie avoir avortée ou accouchée d’un enfant.
LA LEGENDE NOIRE DE MARGOT OU LE PARCOURS D’UNE HYPERSEXUELLE
Cible de pamphlets violents de son vivant, les calomnies répandues à son époque ont voilé son histoire et créé le mythe de la « Reine Margot », nymphomane et incestueuse. Fut-elle vraiment la fille délurée que les romanciers ont décrite ?
Marguerite de Valois, fille d'Henri II, épouse d'Henri IV, a mauvaise réputation. La littérature romantique, Alexandre Dumas en tête, l'a stigmatisée comme une intrigante et une femme aux mœurs dépravées.
Le nom même de la reine Margot, sobriquet lancé par Dumas en 1845, évoque en effet une princesse pervertie dès l'enfance par la cour dépravée des derniers Valois : Margot se serait vautrée dans l'inceste, faisant successivement succomber ses trois frères Charles, Henri et François à ses charmes ; la princesse aurait en outre témoigné d'un tempérament vraiment royal, à grand-peine assouvi par les plus beaux mâles de son temps : la liste des amants qu'on lui prête est infinie...
L’histoire de la princesse Marguerite de Valois est aujourd’hui voilée par la légende noire de la « reine Margot », le mythe d'une femme lubrique née dans une famille maudite.
De nombreuses calomnies ont été répandues du vivant même de la princesse, ce sont celles de son ennemi Agrippa d'Aubigné, avec le « Divorce Satyrique » qui ont eu le plus de succès. Broyée entre les deux camps, entraînée dans les conflits qui déchiraient sa fratrie, elle fut la cible de pamphlets qui en fait visaient à travers elle sa mère, ses frères ou son mari. Un pamphlet protestant rédigé contre Henri IV, le « Divorce Satyrique » (1607), présente Margot comme une nymphomane. C'est le trait de sa légende le plus persistant. Son séjour à Usson est souvent présenté comme une période de décadence où la reine occupe son temps à se donner à de jeunes paysans robustes du pays.
Margot aimait les hommes, elle aimait l’amour, elle aimait se faire mettre. Elle était hypersexuelle. Et alors ? C’était son droit !
Personne ne stigmatise le comportement d’Henri IV, dont il est impossible de comptabiliser le nombre de maîtresses ! Le Donjuanisme est accepté et considéré avec sympathie, une hypersexuelle est, quant à elle, qualifiée de nymphomane, de putain, de salope.
Margot a enchaîné les amants, se faisant prendre de toutes les façons, n’importe quand et par n’importe qui de beau et bien bâti, contre un mur du palais, sur le sol d’une rue pavée, trouvant grand plaisir dans la dégradation et la souillure.
Margot fut assurément une grande libertine et une hypersexuelle, elle a donc tout particulièrement place dans ces récits.
De ce point de vue, je me sens naturellement proche d’elle. Je veux aussi saluer la modernité et la tolérance du futur Henri IV qui collectionnait les maîtresses, mais qui, chose bien rare à l’époque, tolérait les frasques de son épouse et n’y faisait pas obstacle. Certes, Henri n’était pas candauliste, mais la liberté de ce couple royal est à souligner.
J’ai beaucoup de sympathie pour la grande hypersexuelle qu’était Margot. Comme elle, j’aime, quand le besoin se fait ressentir, quand un homme me plait, me faire prendre n’importe où, n’importe quand et par n’importe qui, du moment que l’homme est beau et bien membré. La différence, et elle est considérable, est d’une part l’évolution des mentalités, mais aussi le candaulisme de mon mari qui encourage et suscite mes débordements.
Dans ces moment-là, comme la reine Margot, je suis également disposée, pour reprendre les reproches qui lui furent adressés, à « toutes les dégradations et toutes les souillures », du moment que je jouisse encore et encore. Tout en prenant conscience, chose que je suis loin d’avoir toujours respecté, de la nécessaire prudence qui doit s’imposer aux temps du SIDA et des MST.
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2 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
@ Didier, je souscris entièrement à ta conclusion. Pour ton information, je compte publier dans cette rubrique un article sur le fameux escadron volant de Catherine de Médicis
Avec cette chronique, très passionnante et détaillée, sur Marguerite de Valois, tu nous présente une femme « libre » par excellence, dans cette période sombre et troublée de l’histoire de France correspondant à la fin de la dynastie des Valois et là l’avènement de celle des Bourbons.
Marguerite, dont on prétendait, dit-on, que hors la folie de l’amour était fort raisonnable, c’est-à-dire peu souvent, n’en était pas moins une femme intelligente et cultivée.
Mais surtout ce fût une femme libre, oui libre de vivre ses passions amoureuses, que cette princesse de sang qui pour « raisons d’état » avait dû se résoudre à épouser puis, enfin reine, à divorcer d’un homme, d’un roi qu’elle n’aimait guère.
Cependant ce mariage d’état « arrangé » fut une bénédiction pour tout deux, car il leur permit de laisser libre court à leurs libertinages respectifs.
La réputation de Marguerite de France, comme tant d’autres avant elle, en fût bien sûr ternie, car ayant voulu jouer un rôle politique, elle fît l’objet de nombreuses et virulentes attaques, venant de toutes les partis en présence, concernant ses incestes et sa nymphomanie présumée…
Je tenais enfin à souligner qu’avec ce texte très enrichissant, tu nous brosse également le portrait d’une France, d’une aristocratie déchirée par les guerres de religions, et qu’il m’a permis de découvrir entre autre chose l’existence, pour reprendre tes propos, du mythique escadron volant de cette reine noire que fût Catherine de Médicis.
Je finirai en disant, et je te rejoins sur ce point, qu’il est désolant de constater que, dans notre Histoire, voir même dans notre société actuelle, dite moderne et libérale, un homme hypersexuel soit forcément un tombeur, un Don Juan, un Séducteur, mais qu'à l'inverse une femme ne peut être qu'une Salope voire une Pute...
Didier
Marguerite, dont on prétendait, dit-on, que hors la folie de l’amour était fort raisonnable, c’est-à-dire peu souvent, n’en était pas moins une femme intelligente et cultivée.
Mais surtout ce fût une femme libre, oui libre de vivre ses passions amoureuses, que cette princesse de sang qui pour « raisons d’état » avait dû se résoudre à épouser puis, enfin reine, à divorcer d’un homme, d’un roi qu’elle n’aimait guère.
Cependant ce mariage d’état « arrangé » fut une bénédiction pour tout deux, car il leur permit de laisser libre court à leurs libertinages respectifs.
La réputation de Marguerite de France, comme tant d’autres avant elle, en fût bien sûr ternie, car ayant voulu jouer un rôle politique, elle fît l’objet de nombreuses et virulentes attaques, venant de toutes les partis en présence, concernant ses incestes et sa nymphomanie présumée…
Je tenais enfin à souligner qu’avec ce texte très enrichissant, tu nous brosse également le portrait d’une France, d’une aristocratie déchirée par les guerres de religions, et qu’il m’a permis de découvrir entre autre chose l’existence, pour reprendre tes propos, du mythique escadron volant de cette reine noire que fût Catherine de Médicis.
Je finirai en disant, et je te rejoins sur ce point, qu’il est désolant de constater que, dans notre Histoire, voir même dans notre société actuelle, dite moderne et libérale, un homme hypersexuel soit forcément un tombeur, un Don Juan, un Séducteur, mais qu'à l'inverse une femme ne peut être qu'une Salope voire une Pute...
Didier