Histoire des libertines (30) : Mme de Maintenon, pas seulement dévote !
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 28-05-2019 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (30) : Mme de Maintenon, pas seulement dévote !
Certains vont se demander ce que fait dans cette rubrique la pieuse Mme de Maintenon, née Françoise d’Aubigné (1635-1719), veuve du poète Scarron et épouse morganatique de Louis XIV !
Certes, elle fût, avant d’être épousée secrètement, la maîtresse du roi et la rivale de la Marquise de Montespan. Ce n’est pas seulement à ce titre que Françoise figure dans cette série sur les grandes libertines, mais au titre d’une jeunesse bien tumultueuse.
Le destin de Françoise a quelque chose de déconcertant et d'irréel, qui fascine toujours l'historien. A une époque où le rang et la richesse scellaient le sort des individus, comment expliquer sa fulgurante ascension ? Est-elle due à un concours de hasards étonnants ou à l'étourdissante habileté d'une femme qui aurait su mieux que d'autres mener sa barque ?
UN FORMIDABLE DESTIN
Rien ne destinait Françoise à être la compagne du roi. Elle est la petite-fille du farouche Agrippa d'Aubigné et fille de Constant, aventurier douteux, emprisonné pour dettes, qui a assassiné sa première épouse et son amant en 1619, puis a rapidement dépensé la dot de la deuxième, et qui plus est, fut soupçonné d'intelligence avec les Anglais !
Elle passe ses premières années à la Martinique. Ce séjour de six ans lui vaudra le surnom de « Belle Indienne ». De retour en France en 1647, orpheline, elle est envoyée par sa marraine Mme de Neuillant chez les Ursulines, où, grâce à la douceur et l'affection d'une religieuse, sœur Céleste, la jeune fille renonce définitivement au calvinisme, condition indispensable pour pouvoir accompagner Mme de Neuillant dans les salons parisiens. C'est à l'une de ces réunions mondaines qu'elle rencontre le chevalier de Méré qui se prend d'affection pour celle qu'il nomme « la belle Indienne » et s'offre de l'instruire convenablement.
Avant que Françoise ne devienne l’épouse de Scarron, on lui prête six amants (Pierre Lunel, « Polissonnes » Editions du Rocher 2016). L’un d’entre eux fut Fadio Lamorinière, 20 ans, étudiant, fils d’un marchand de Nantes. Il loue une chambre dans l’immeuble où vit alors Françoise, lui fait croire qu’il est riche et réussit à la séduire avant de la quitter.
SCARRON LE MENTOR
Quatre ans après son retour en France, en avril 1652, à l'âge de seize ans, Françoise d'Aubigné, sans le sou mais jolie, épouse le poète burlesque Paul Scarron, de vingt-cinq ans son aîné et gravement handicapé. Le salon de ce lettré amateur de fêtes et ami de nombreux artistes est fréquenté par les plus prestigieux noms de la capitale, par exemple le maréchal d'Albret, le marquis de Villarceaux, l'abbé de Choisy.
La nouvelle madame Scarron était alors à cette époque, une beauté. Elle avait une taille bien prise, un visage d’un ovale parfait, doux, soyeux et admirablement bien dessiné, le nez aquilin, la bouche bien taillée, les cheveux châtains clairs et surtout les plus beaux yeux du monde (elles étaient de couleur noire, brillants et pleins de feu). Françoise est la reine du salon de Scarron. Françoise Scarron y était remarquée par beaucoup de gens pour sa beauté et son esprit.
Françoise mettra peu de temps à tromper Scarron, d’abord avec Fadio, celui qui l’avait dépucelé. Elle ne manquait pas de soupirants tels que le maréchal d’Albret, le marquis de Marsilly, Delorme, et surtout le marquis de Villarceaux. On lui prêtera au total une demi-douzaine d’amants, dont le vicomte Charles de Beuvron.
FORMEE PAR NINON DE LENCLOS
Françoise est alors ce qu’on appellera une « précieuse ». Elle devient l’amie de Ninon de Lenclos (voir histoire des libertines 27), son ainée de 12 ans, la plus célèbre courtisane de Paris. Par sa culture, ses rires, son esprit, son goût des parties à trois Ninon s’est attaché les puissants de l’époque.
Pour ses adultères, Françoise elle bénéficiera de la complicité de Ninon de Lenclos qui l’accueille dans son hôtel de la rue des Tournelles. Ninon forme Françoise aux plaisirs et partage avec elle le Marquis de Villarceaux. « Je lui ai souvent prêté ma chambre jaune, à elle et Villarceaux », témoigne la libertine.
« Elles n’ont eu qu’un même lit pendant des mois entiers » révèle La Fare dans ses mémoires. Cela signifie-t-il que les relations entre Ninon et Françoise furent davantage que la simple amitié et le partage d’amants ? Nul ne sait, mais on peut imaginer une relation saphique entre Françoise et Ninon.
Ce qu’elle apprit à cette période se révélera efficace, puisque, de l’aveu même de Louis XIV, il aurait honoré la Maintenon jusqu’à 70 ans passés !
C’est là, dans la chambre jaune qu’auront lieu les ébats adultères de Françoise, notamment avec Beuvron. Pierre Lunel écrit : « Ainsi la charmante se partage entre les soins à donner à l’infirme qui geint à fendre l’âme et les danses vénusiennes avec l’amant. La belle au regard pudique aime la chose et la retenue n’est plus de mise dans le faire l’amour. »
Scarron découvrira, sur une commode, un billet doux oublié par l’épouse adultère et, fidèle à sa réputation, fera à Françoise une leçon d’orthographe au vu des fautes du galant et lui dira : « Je l’espère pour vous meilleur en langue amoureuse qu’en langue française ! »
Scarron n’était certes pas candauliste, mais au moins mari complaisant et compréhensif, conscient que, de par son infirmité, il ne pouvait honorer la volcanique Françoise.
En 1660, alors qu'elle a vingt-cinq ans, Paul Scarron, qui lui avait transmis une grande culture, meurt en ne lui léguant que des dettes. De son mariage, Françoise avait gagné l’art de plaire et en avait conservé les relations.
LA JOLIE VEUVE
Après la mort de son mari, Françoise est la maîtresse attitré de Louis de Mornay, marquis de Villarceaux, pendant trois ans, avant de mettre un terme à sa relation avec lui de façon brutale pour « préserver sa réputation » (sic) : « Je ne veux plus te voir ici ou même ailleurs pendant une année, et puis nous nous reverrons comme des vieux amis, mais la porte de ma chambre te sera à jamais fermée ».
Il restera de cette liaison une peinture réalisée par Mornay lui-même, et la représentant en déesse grecque, le sein nu, le regard fixé sur l'horizon, indifférente à son amant, représenté sous les traits de l'Amour tenant sa flèche. Cette toile est conservée dans la salle à manger du château de Villarceaux, dans le Val-d'Oise.
Tout en continuant à avoir discrètement des amants, Françoise se forge dès lors une image de femme pieuse et dévote.
Le 18 Juillet 1668, Mme Scarron fit sa première apparition à la cour, invitée par son amie de toujours, la marquise de Montespan, devenue la nouvelle maîtresse du roi. C’était à l’occasion d’une fête du nom du Grand Divertissement Royal, donnée en l’honneur de Mme de Montespan.
GOUVERNANTE DES ENFANTS DU ROI ET DE LA MONTESPAN
En 1669, elle accepte la charge de gouvernante des enfants illégitimes du roi et de Mme de Montespan. Si Mme de Montespan pensa à elle pour devenir la gouvernante des bâtards royaux, c'était parce que la veuve Scarron avait su la divertir et qu’elle était discrète. Françoise accepta parce qu'elle aimait les enfants, mais aussi et surtout parce qu'elle savait bien que l’on gagnait toujours à servir le Roi.
Très vite, Mme Scarron se trouva dans le secret et les premiers fruits des amours du roi et de la Montespan lui furent confiés, de crainte que le marquis de Montespan ne les reconnût par vengeance.
Elle s’installe donc à proximité de la capitale, y vit dans la plus grande discrétion et y rencontre pour la première fois le roi qui s’y aventurait pour voir ses enfants. Françoise l’accueille avec discrétion.
Le roi au commencement n’appréciait guère Mme Scarron mais sa maîtresse le convainquit que c’était une personne de confiance et qu’il ne fallait pas douter d’elle. En 1672, peu après la naissance du comte de Vexin, Mme Scarron et les bâtards s’installèrent à l’hôtel rue de Vaugirard, où leur père venait leur rendre visite souvent.
C’est vers cette époque que le roi commença alors à s’attacher à cette femme qui sut se rendre importante à ses yeux. Louis, qui n’est pas fidèle, ni envers la reine, ni envers la Montespan, trouve que la veuve est jolie.
Certains pensent que c’est dès cette époque que Mme Scarron devint la maîtresse du roi. On pensera même que Toscan, fils illégitime de son frère aîné, Charles, qu’elle élevait avec les enfants du roi, serait un fils qu’elle a eu avec Louis XIV.
LES RIVALES
Lorsque Louis XIV légitimise ses enfants et les introduit à la Cour, la Gouvernante suit.
À cette époque, Mmes de Montespan et Scarron s’entendaient comme deux meilleures amies du monde. Elles s’estimaient et échangeaient des secrets. Mais il ne fallut pas attendre longtemps pour qu’elles commencent à se chamailler.
Les bons rapports entre les deux femmes se dégradent peu à peu : Françoise doit affronter la jalousie de plus en plus grande de Madame de Montespan. Tout dans le caractère les oppose : Françoise est ordonnée, rationnelle, méthodique. Athénaïs est fantasque et emportée. Elles s’opposent notamment sur l’éducation des enfants, entre la Montespan, qui est distante et la Veuve Scarron, si proche d’eux.
Il n’a pas échappé à Athénaïs que le roi est attiré par la jolie veuve. Athénaïs cherche en vain à l’éloigner en la mariant. Elle lui propose le duc de Villars-Brancas, vieillard bossu et couvert de dettes.
Françoise menace de quitter la Cour. Le roi s’y refuse, dans l’intérêt de ses enfants, mais aussi avec l’arrière-pensée de la mettre dans son lit. Fin 1674, Louis gratifie Françoise de 100.000 livres de rentes, de la terre et de la seigneurie de Maintenon. La veuve Scarron devient Madame de Maintenon.
Voilà Françoise Marquise, comme sa rivale : Athénaïs est folle de rage.
A partir de quel moment devient-elle la maitresse du roi ? Peut-être dès 1672, plutôt vers 1678, d’autres avancent juillet 1679, en tout cas bien avant le fameux mariage secret de 1683.
Les deux femmes, rivales, deviennent de farouches ennemies.
En 1675, aidée par l’abbé Gobelin et Bossuet, Mme de Maintenon parvint à faire séparer du roi, la marquise de Montespan pour leur liaison double adultère. Mais plus tard, en 1676, le roi et la Marquise se retrouvèrent encore et il en advint Mlle de Blois et le comte de Toulouse. Mme de Maintenon n’acceptera jamais d’élever ces deux autres enfants, puisque nés après avoir rompu le serment fait avec l’Église.
La Montespan, face à l’influence croissante de la Maintenon, fera tout pour l’écarter, y compris en jetant la jeune et jolie Angélique de Fontanges dans les bras du roi : en 1679, lassée de la trop grande influence de Mme de Maintenon sur le roi, la marquise de Montespan présenta à Louis XIV, une toute jeune fille âgée de dix-huit ans, prénommée Marie-Angélique de Scorailles de Roussille, que le roi s’empressa de titrer duchesse de Fontanges.
En 1680, pour la délivrer de toute tutelle de la marquise de Montespan, le roi fit de Mme de Maintenon, seconde dame d’atours de la nouvelle dauphine, Marie-Christine de Bavière.
Très sûre de l’influence qu’elle avait sur le roi, Mme de Maintenon conseilla celui-ci de se rapprocher de sa femme, pour son Salut. Ce qui fit dire à Marie-Thérèse : « Dieu a suscité Mme de Maintenon, pour me rendre le cœur du roi. »
Si on lui recommandait la méfiance, la reine répondait imperturbablement, en parlant de la Maintenon : « Le roi ne m'a jamais traitée avec autant de tendresse depuis qu'il l'écoute. » Pourtant, aux dires de la princesse Palatine : « Ce n'est que fort peu de temps avant sa mort que la reine apprit que la Maintenon l'avait trompée. »
La disgrâce progressive de Madame de Montespan, compromise dans l’affaire des poisons, la mort en couches de Mademoiselle de Fontanges, puis, le 30 juillet 1683, celle de la reine Marie-Thérèse d'Autriche, permettent à Françoise de prendre un ascendant grandissant sur le roi.
L’ALLIANCE DE LA RELIGION ET DU SEXE
De plus en plus tiraillé entre ses pulsions et son sentiment de culpabilité, soucieux de son salut mais pas décidé à se contraindre, Louis XIV va trouver en la Maintenon « l’alliance rêvée de la religion et du sexe », selon les termes d’Alain Dag’Naud dans « Les Dessous croustillants de l’Histoire de France ».
Toujours aussi sensuelle, n’ayant pas oublié ce que lui avait appris Ninon de Lenclos, Françoise ragaillardit le roi. Elle lui fait l’amour, malgré sa saleté et son haleine fétide ! En fait, le souverain, ayant encore un grand appétit sexuel, n'hésitait pas à consommer le mariage avec sa seconde épouse, au grand déplaisir de celle-ci, qui faisait son devoir conjugal.
La princesse Palatine, belle-sœur du roi grande ennemie de Madame de Maintenon, admet toutefois : « En tout cas, ce qu’il y a de certain, c’est que le roi n’a jamais eu pour aucune maîtresse la passion qu’il a pour celle-ci ».
Le roi penche vite pour un mariage d'inclination avec celle qu'il aime et qui est appelée par les courtisans « Madame de maintenant ».
Son ministre Louvois tente en vain de l’en dissuader : « Votre majesté songe-t-elle bien à ce qu’elle me dit ? Le plus grand roi du monde, couvert de gloire, épouser la Veuve Scarron ! »
C’est pourtant bien ce qui se fera, mais le mariage sera secret. Avec le soutien actif de l'Église de France, Françoise d'Aubigné, veuve Scarron, âgée de près de quarante-huit ans, épouse secrètement, dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, le roi de France et de Navarre.
Le roi passe une grande partie de son temps dans les appartements de sa femme et, lorsque Madame de Maintenon se déplace en chaise à porteurs, les princesses doivent suivre immédiatement derrière !
Mme de Maintenon fait planer sur la cour à la fin du règne de Louis XIV une ère de dévotion et d'austérité. On lui prête une grande influence sur le roi et sur la Cour, notamment concernant la décision ayant conduit à la révocation, en 1685, de l’édit de Nantes, qui provoqua l’exode d'une grande partie des protestants, ou l’incitation au déclenchement de la guerre de Succession d'Espagne en 1701.
Michelet va le plus loin, qui fait d'elle le docile soldat de l'Eglise, jeté par celle-ci dans le lit du roi, en échange de la révocation !
Aucun historien sérieux ne soutient aujourd'hui une telle thèse. On sait que cette faute majeure du règne incombe surtout au chancelier Le Tellier et qu'elle est l'aboutissement d'une longue entreprise d'étouffement des huguenots, à laquelle ont participé l'Eglise de France, les ordres religieux, les états provinciaux, tous les corps constitués, avec l'approbation de l'immense majorité de la population. Si Françoise d'Aubigné a cherché à ramener à Dieu le roi, ce n'est pas pour autant qu'elle a désiré la persécution des protestants.
UN STATUT ET UN ROLE AMBIGUS
Mme de Maintenon avait un statut ambigu : simple mondaine en public, reine en privé, mais aussi collaboratrice, belle-mère et belle-grand-mère.
Ce fut source pour elle d'une grande tension psychologique. Peu aimée de la famille royale, elle le fut encore moins des courtisans et du peuple qui lui prêtaient un pouvoir disproportionné et voyaient en elle le « mauvais génie » de Louis XIV. Certes elle était écoutée du roi qui lui demandait même volontiers ses conseils, mais ceux-ci étaient rarement appliqués ou alors en partie.
Le roi n'était pas toujours tendre avec elle, lui assénant parfois des répliques cassantes sur ses origines ou sur son tempérament. Louis, chatouilleux sur ses prérogatives, est un époux incommode, bien décidé à rester le maître. Dans la vie quotidienne, Françoise d'Aubigné doit supporter sa mauvaise humeur, ses impatiences, ses froideurs, ses longs silences. Toujours soucieuse de ne pas commettre de faux pas, elle se garde de le contredire ou de lui déplaire. Elle préfère attendre qu'il soit disposé à écouter ses conseils
En revanche, on peut dire que le pouvoir de la Marquise dans la famille royale était, lui, beaucoup plus important. Le roi lui faisait confiance et lui confiait souvent des missions de remontrances envers certaines princesses des querelles de qui il était las. À défaut d'être aimée, elle fut crainte par tous les membres de la famille royale.
Il est certain aussi qu'à partir de 1701 s'accroît son influence sur le roi qui, en vieillissant, éprouve le besoin d'avoir sa présence continuelle à ses côtés. Le roi lui faisait grande confiance en ce qui le concernait et ainsi on ne peut nier que la dévotion qui s'empara de lui et de la cour à partir de la fin du XVIIème siècle fut due à l'influence de la Marquise. Louis apprécie son bon sens, son intelligence, sa lucidité. Il aime qu'elle l'encourage.
L’influence politique et morale de Mme de Maintenon, dans les dernières années du règne, est supérieure à celle de Mlle de La Vallière ou à celle de Mme de Montespan au temps de leur splendeur. De là à dire qu'elle a gouverné la France en sous-main, faisant et défaisant les réputations, nommant des ministres médiocres ou des généraux incapables, comme Marsin, La Feuillade ou Villeroy, parce qu'ils l'ont flattée, il y a un pas.
Ainsi donc, elle n'eut pas l’influence qu’on lui a prêtée sur le plan politique mais une influence et un pouvoir important sur le caractère du roi et la condition de la cour durant toute la fin du règne, ce qui est loin d'être insignifiant.
En 1715, trois jours avant la mort du roi, Madame de Maintenon se retire à Saint-Cyr dans la Maison royale de Saint-Louis, pensionnat chargé de l'éducation des jeunes filles nobles et désargentées qu’elle avait fondé en 1686.
LA PRESQUE REINE, LA LIBERTINE DEVENUE DEVOTE
J’ai aussi choisi de parler ici de Mme de Maintenon, c’est aussi un clin d’œil à « certaines » qui viennent se perdre dans la lecture de mes publications, en prétendant donner des leçons de morale.
Mme de Maintenon n’a pas l’image sulfureuse de nombre de maitresses royales, à commencer par sa rivale la Montespan. Elle a une mauvaise réputation sur le plan de son influence politique et une excellente réputation morale. La réalité historique confirme que l’une, comme l’autre, ont été exagérées. Il ne saurait être question de lui reprocher d’avoir trompé Scarron, qui, de par son état, n’était pas à même de la satisfaire et qui s’accommoda avec humour de son infortune.
Françoise a été l’élève de la fameuse Ninon de Lenclos et saura utiliser le savoir acquis alors, tout en veillant à sa réputation. Comme Ninon, elle saura conserver jusqu’à un âge avancé sa force de séduction, avec laquelle elle gagnera l’amour du grand roi, alors qu’elle avait trois ans de plus que son royal amant puis époux, et que celui-ci aurait pu s’entourer d’une épouse, ou de maîtresses, plus jeunes que Françoise.
Comme pour Diane de Poitiers ou pour Ninon de Lenclos, je suis admiratrice de ce pouvoir de séduction et de cette sensualité qu’elles ont su conserver, jusqu’à un âge avancé. J’avoue espérer être comme ces femmes à leur âge !
Là où Françoise apparait davantage comme une « grande salope » au sens moral du terme, c’est évidemment la façon d’elle a trompé la confiance de la Montespan, qui lui avait mis le pied à l’étrier, comment elle a intrigué pour devenir la maîtresse du roi et écarter sa rivale.
C’est que l’on peut être sainte et salope, non pas successivement, mais simultanément ! Ce sera mon clin d’œil à celles qui viennent me vilipender dans leurs commentaires. C’est peut-être parce qu’elles sont comme Françoise ou qu’elles rêvent de l’être qu’elles se comportent ainsi. Faites donc comme Françoise d’Aubigné, veuve Scarron et Marquise de Maintenon : assumez donc, Mesdames !
PRINCIPALES SOURCES SUR LE WEB
Françoise et Villarçeaux : https://oliaklodvenitiens.wordpress.com/2012/06/12/bla-2/
Le mariage secret : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14255
Qui était Françoise ? https://www.vogue.fr/culture/article/madame-de-maintenon-louis-xiv-exposition-chateau-de-versailles
http://www.pointdevue.fr/histoire/madame-de-maintenon-la-reine-cachee_9366.html
Plus que reine : http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/06/12/21376375.html
http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/11/20/22745637.html: Françoise et Ninon de Lenclos
Certes, elle fût, avant d’être épousée secrètement, la maîtresse du roi et la rivale de la Marquise de Montespan. Ce n’est pas seulement à ce titre que Françoise figure dans cette série sur les grandes libertines, mais au titre d’une jeunesse bien tumultueuse.
Le destin de Françoise a quelque chose de déconcertant et d'irréel, qui fascine toujours l'historien. A une époque où le rang et la richesse scellaient le sort des individus, comment expliquer sa fulgurante ascension ? Est-elle due à un concours de hasards étonnants ou à l'étourdissante habileté d'une femme qui aurait su mieux que d'autres mener sa barque ?
UN FORMIDABLE DESTIN
Rien ne destinait Françoise à être la compagne du roi. Elle est la petite-fille du farouche Agrippa d'Aubigné et fille de Constant, aventurier douteux, emprisonné pour dettes, qui a assassiné sa première épouse et son amant en 1619, puis a rapidement dépensé la dot de la deuxième, et qui plus est, fut soupçonné d'intelligence avec les Anglais !
Elle passe ses premières années à la Martinique. Ce séjour de six ans lui vaudra le surnom de « Belle Indienne ». De retour en France en 1647, orpheline, elle est envoyée par sa marraine Mme de Neuillant chez les Ursulines, où, grâce à la douceur et l'affection d'une religieuse, sœur Céleste, la jeune fille renonce définitivement au calvinisme, condition indispensable pour pouvoir accompagner Mme de Neuillant dans les salons parisiens. C'est à l'une de ces réunions mondaines qu'elle rencontre le chevalier de Méré qui se prend d'affection pour celle qu'il nomme « la belle Indienne » et s'offre de l'instruire convenablement.
Avant que Françoise ne devienne l’épouse de Scarron, on lui prête six amants (Pierre Lunel, « Polissonnes » Editions du Rocher 2016). L’un d’entre eux fut Fadio Lamorinière, 20 ans, étudiant, fils d’un marchand de Nantes. Il loue une chambre dans l’immeuble où vit alors Françoise, lui fait croire qu’il est riche et réussit à la séduire avant de la quitter.
SCARRON LE MENTOR
Quatre ans après son retour en France, en avril 1652, à l'âge de seize ans, Françoise d'Aubigné, sans le sou mais jolie, épouse le poète burlesque Paul Scarron, de vingt-cinq ans son aîné et gravement handicapé. Le salon de ce lettré amateur de fêtes et ami de nombreux artistes est fréquenté par les plus prestigieux noms de la capitale, par exemple le maréchal d'Albret, le marquis de Villarceaux, l'abbé de Choisy.
La nouvelle madame Scarron était alors à cette époque, une beauté. Elle avait une taille bien prise, un visage d’un ovale parfait, doux, soyeux et admirablement bien dessiné, le nez aquilin, la bouche bien taillée, les cheveux châtains clairs et surtout les plus beaux yeux du monde (elles étaient de couleur noire, brillants et pleins de feu). Françoise est la reine du salon de Scarron. Françoise Scarron y était remarquée par beaucoup de gens pour sa beauté et son esprit.
Françoise mettra peu de temps à tromper Scarron, d’abord avec Fadio, celui qui l’avait dépucelé. Elle ne manquait pas de soupirants tels que le maréchal d’Albret, le marquis de Marsilly, Delorme, et surtout le marquis de Villarceaux. On lui prêtera au total une demi-douzaine d’amants, dont le vicomte Charles de Beuvron.
FORMEE PAR NINON DE LENCLOS
Françoise est alors ce qu’on appellera une « précieuse ». Elle devient l’amie de Ninon de Lenclos (voir histoire des libertines 27), son ainée de 12 ans, la plus célèbre courtisane de Paris. Par sa culture, ses rires, son esprit, son goût des parties à trois Ninon s’est attaché les puissants de l’époque.
Pour ses adultères, Françoise elle bénéficiera de la complicité de Ninon de Lenclos qui l’accueille dans son hôtel de la rue des Tournelles. Ninon forme Françoise aux plaisirs et partage avec elle le Marquis de Villarceaux. « Je lui ai souvent prêté ma chambre jaune, à elle et Villarceaux », témoigne la libertine.
« Elles n’ont eu qu’un même lit pendant des mois entiers » révèle La Fare dans ses mémoires. Cela signifie-t-il que les relations entre Ninon et Françoise furent davantage que la simple amitié et le partage d’amants ? Nul ne sait, mais on peut imaginer une relation saphique entre Françoise et Ninon.
Ce qu’elle apprit à cette période se révélera efficace, puisque, de l’aveu même de Louis XIV, il aurait honoré la Maintenon jusqu’à 70 ans passés !
C’est là, dans la chambre jaune qu’auront lieu les ébats adultères de Françoise, notamment avec Beuvron. Pierre Lunel écrit : « Ainsi la charmante se partage entre les soins à donner à l’infirme qui geint à fendre l’âme et les danses vénusiennes avec l’amant. La belle au regard pudique aime la chose et la retenue n’est plus de mise dans le faire l’amour. »
Scarron découvrira, sur une commode, un billet doux oublié par l’épouse adultère et, fidèle à sa réputation, fera à Françoise une leçon d’orthographe au vu des fautes du galant et lui dira : « Je l’espère pour vous meilleur en langue amoureuse qu’en langue française ! »
Scarron n’était certes pas candauliste, mais au moins mari complaisant et compréhensif, conscient que, de par son infirmité, il ne pouvait honorer la volcanique Françoise.
En 1660, alors qu'elle a vingt-cinq ans, Paul Scarron, qui lui avait transmis une grande culture, meurt en ne lui léguant que des dettes. De son mariage, Françoise avait gagné l’art de plaire et en avait conservé les relations.
LA JOLIE VEUVE
Après la mort de son mari, Françoise est la maîtresse attitré de Louis de Mornay, marquis de Villarceaux, pendant trois ans, avant de mettre un terme à sa relation avec lui de façon brutale pour « préserver sa réputation » (sic) : « Je ne veux plus te voir ici ou même ailleurs pendant une année, et puis nous nous reverrons comme des vieux amis, mais la porte de ma chambre te sera à jamais fermée ».
Il restera de cette liaison une peinture réalisée par Mornay lui-même, et la représentant en déesse grecque, le sein nu, le regard fixé sur l'horizon, indifférente à son amant, représenté sous les traits de l'Amour tenant sa flèche. Cette toile est conservée dans la salle à manger du château de Villarceaux, dans le Val-d'Oise.
Tout en continuant à avoir discrètement des amants, Françoise se forge dès lors une image de femme pieuse et dévote.
Le 18 Juillet 1668, Mme Scarron fit sa première apparition à la cour, invitée par son amie de toujours, la marquise de Montespan, devenue la nouvelle maîtresse du roi. C’était à l’occasion d’une fête du nom du Grand Divertissement Royal, donnée en l’honneur de Mme de Montespan.
GOUVERNANTE DES ENFANTS DU ROI ET DE LA MONTESPAN
En 1669, elle accepte la charge de gouvernante des enfants illégitimes du roi et de Mme de Montespan. Si Mme de Montespan pensa à elle pour devenir la gouvernante des bâtards royaux, c'était parce que la veuve Scarron avait su la divertir et qu’elle était discrète. Françoise accepta parce qu'elle aimait les enfants, mais aussi et surtout parce qu'elle savait bien que l’on gagnait toujours à servir le Roi.
Très vite, Mme Scarron se trouva dans le secret et les premiers fruits des amours du roi et de la Montespan lui furent confiés, de crainte que le marquis de Montespan ne les reconnût par vengeance.
Elle s’installe donc à proximité de la capitale, y vit dans la plus grande discrétion et y rencontre pour la première fois le roi qui s’y aventurait pour voir ses enfants. Françoise l’accueille avec discrétion.
Le roi au commencement n’appréciait guère Mme Scarron mais sa maîtresse le convainquit que c’était une personne de confiance et qu’il ne fallait pas douter d’elle. En 1672, peu après la naissance du comte de Vexin, Mme Scarron et les bâtards s’installèrent à l’hôtel rue de Vaugirard, où leur père venait leur rendre visite souvent.
C’est vers cette époque que le roi commença alors à s’attacher à cette femme qui sut se rendre importante à ses yeux. Louis, qui n’est pas fidèle, ni envers la reine, ni envers la Montespan, trouve que la veuve est jolie.
Certains pensent que c’est dès cette époque que Mme Scarron devint la maîtresse du roi. On pensera même que Toscan, fils illégitime de son frère aîné, Charles, qu’elle élevait avec les enfants du roi, serait un fils qu’elle a eu avec Louis XIV.
LES RIVALES
Lorsque Louis XIV légitimise ses enfants et les introduit à la Cour, la Gouvernante suit.
À cette époque, Mmes de Montespan et Scarron s’entendaient comme deux meilleures amies du monde. Elles s’estimaient et échangeaient des secrets. Mais il ne fallut pas attendre longtemps pour qu’elles commencent à se chamailler.
Les bons rapports entre les deux femmes se dégradent peu à peu : Françoise doit affronter la jalousie de plus en plus grande de Madame de Montespan. Tout dans le caractère les oppose : Françoise est ordonnée, rationnelle, méthodique. Athénaïs est fantasque et emportée. Elles s’opposent notamment sur l’éducation des enfants, entre la Montespan, qui est distante et la Veuve Scarron, si proche d’eux.
Il n’a pas échappé à Athénaïs que le roi est attiré par la jolie veuve. Athénaïs cherche en vain à l’éloigner en la mariant. Elle lui propose le duc de Villars-Brancas, vieillard bossu et couvert de dettes.
Françoise menace de quitter la Cour. Le roi s’y refuse, dans l’intérêt de ses enfants, mais aussi avec l’arrière-pensée de la mettre dans son lit. Fin 1674, Louis gratifie Françoise de 100.000 livres de rentes, de la terre et de la seigneurie de Maintenon. La veuve Scarron devient Madame de Maintenon.
Voilà Françoise Marquise, comme sa rivale : Athénaïs est folle de rage.
A partir de quel moment devient-elle la maitresse du roi ? Peut-être dès 1672, plutôt vers 1678, d’autres avancent juillet 1679, en tout cas bien avant le fameux mariage secret de 1683.
Les deux femmes, rivales, deviennent de farouches ennemies.
En 1675, aidée par l’abbé Gobelin et Bossuet, Mme de Maintenon parvint à faire séparer du roi, la marquise de Montespan pour leur liaison double adultère. Mais plus tard, en 1676, le roi et la Marquise se retrouvèrent encore et il en advint Mlle de Blois et le comte de Toulouse. Mme de Maintenon n’acceptera jamais d’élever ces deux autres enfants, puisque nés après avoir rompu le serment fait avec l’Église.
La Montespan, face à l’influence croissante de la Maintenon, fera tout pour l’écarter, y compris en jetant la jeune et jolie Angélique de Fontanges dans les bras du roi : en 1679, lassée de la trop grande influence de Mme de Maintenon sur le roi, la marquise de Montespan présenta à Louis XIV, une toute jeune fille âgée de dix-huit ans, prénommée Marie-Angélique de Scorailles de Roussille, que le roi s’empressa de titrer duchesse de Fontanges.
En 1680, pour la délivrer de toute tutelle de la marquise de Montespan, le roi fit de Mme de Maintenon, seconde dame d’atours de la nouvelle dauphine, Marie-Christine de Bavière.
Très sûre de l’influence qu’elle avait sur le roi, Mme de Maintenon conseilla celui-ci de se rapprocher de sa femme, pour son Salut. Ce qui fit dire à Marie-Thérèse : « Dieu a suscité Mme de Maintenon, pour me rendre le cœur du roi. »
Si on lui recommandait la méfiance, la reine répondait imperturbablement, en parlant de la Maintenon : « Le roi ne m'a jamais traitée avec autant de tendresse depuis qu'il l'écoute. » Pourtant, aux dires de la princesse Palatine : « Ce n'est que fort peu de temps avant sa mort que la reine apprit que la Maintenon l'avait trompée. »
La disgrâce progressive de Madame de Montespan, compromise dans l’affaire des poisons, la mort en couches de Mademoiselle de Fontanges, puis, le 30 juillet 1683, celle de la reine Marie-Thérèse d'Autriche, permettent à Françoise de prendre un ascendant grandissant sur le roi.
L’ALLIANCE DE LA RELIGION ET DU SEXE
De plus en plus tiraillé entre ses pulsions et son sentiment de culpabilité, soucieux de son salut mais pas décidé à se contraindre, Louis XIV va trouver en la Maintenon « l’alliance rêvée de la religion et du sexe », selon les termes d’Alain Dag’Naud dans « Les Dessous croustillants de l’Histoire de France ».
Toujours aussi sensuelle, n’ayant pas oublié ce que lui avait appris Ninon de Lenclos, Françoise ragaillardit le roi. Elle lui fait l’amour, malgré sa saleté et son haleine fétide ! En fait, le souverain, ayant encore un grand appétit sexuel, n'hésitait pas à consommer le mariage avec sa seconde épouse, au grand déplaisir de celle-ci, qui faisait son devoir conjugal.
La princesse Palatine, belle-sœur du roi grande ennemie de Madame de Maintenon, admet toutefois : « En tout cas, ce qu’il y a de certain, c’est que le roi n’a jamais eu pour aucune maîtresse la passion qu’il a pour celle-ci ».
Le roi penche vite pour un mariage d'inclination avec celle qu'il aime et qui est appelée par les courtisans « Madame de maintenant ».
Son ministre Louvois tente en vain de l’en dissuader : « Votre majesté songe-t-elle bien à ce qu’elle me dit ? Le plus grand roi du monde, couvert de gloire, épouser la Veuve Scarron ! »
C’est pourtant bien ce qui se fera, mais le mariage sera secret. Avec le soutien actif de l'Église de France, Françoise d'Aubigné, veuve Scarron, âgée de près de quarante-huit ans, épouse secrètement, dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, le roi de France et de Navarre.
Le roi passe une grande partie de son temps dans les appartements de sa femme et, lorsque Madame de Maintenon se déplace en chaise à porteurs, les princesses doivent suivre immédiatement derrière !
Mme de Maintenon fait planer sur la cour à la fin du règne de Louis XIV une ère de dévotion et d'austérité. On lui prête une grande influence sur le roi et sur la Cour, notamment concernant la décision ayant conduit à la révocation, en 1685, de l’édit de Nantes, qui provoqua l’exode d'une grande partie des protestants, ou l’incitation au déclenchement de la guerre de Succession d'Espagne en 1701.
Michelet va le plus loin, qui fait d'elle le docile soldat de l'Eglise, jeté par celle-ci dans le lit du roi, en échange de la révocation !
Aucun historien sérieux ne soutient aujourd'hui une telle thèse. On sait que cette faute majeure du règne incombe surtout au chancelier Le Tellier et qu'elle est l'aboutissement d'une longue entreprise d'étouffement des huguenots, à laquelle ont participé l'Eglise de France, les ordres religieux, les états provinciaux, tous les corps constitués, avec l'approbation de l'immense majorité de la population. Si Françoise d'Aubigné a cherché à ramener à Dieu le roi, ce n'est pas pour autant qu'elle a désiré la persécution des protestants.
UN STATUT ET UN ROLE AMBIGUS
Mme de Maintenon avait un statut ambigu : simple mondaine en public, reine en privé, mais aussi collaboratrice, belle-mère et belle-grand-mère.
Ce fut source pour elle d'une grande tension psychologique. Peu aimée de la famille royale, elle le fut encore moins des courtisans et du peuple qui lui prêtaient un pouvoir disproportionné et voyaient en elle le « mauvais génie » de Louis XIV. Certes elle était écoutée du roi qui lui demandait même volontiers ses conseils, mais ceux-ci étaient rarement appliqués ou alors en partie.
Le roi n'était pas toujours tendre avec elle, lui assénant parfois des répliques cassantes sur ses origines ou sur son tempérament. Louis, chatouilleux sur ses prérogatives, est un époux incommode, bien décidé à rester le maître. Dans la vie quotidienne, Françoise d'Aubigné doit supporter sa mauvaise humeur, ses impatiences, ses froideurs, ses longs silences. Toujours soucieuse de ne pas commettre de faux pas, elle se garde de le contredire ou de lui déplaire. Elle préfère attendre qu'il soit disposé à écouter ses conseils
En revanche, on peut dire que le pouvoir de la Marquise dans la famille royale était, lui, beaucoup plus important. Le roi lui faisait confiance et lui confiait souvent des missions de remontrances envers certaines princesses des querelles de qui il était las. À défaut d'être aimée, elle fut crainte par tous les membres de la famille royale.
Il est certain aussi qu'à partir de 1701 s'accroît son influence sur le roi qui, en vieillissant, éprouve le besoin d'avoir sa présence continuelle à ses côtés. Le roi lui faisait grande confiance en ce qui le concernait et ainsi on ne peut nier que la dévotion qui s'empara de lui et de la cour à partir de la fin du XVIIème siècle fut due à l'influence de la Marquise. Louis apprécie son bon sens, son intelligence, sa lucidité. Il aime qu'elle l'encourage.
L’influence politique et morale de Mme de Maintenon, dans les dernières années du règne, est supérieure à celle de Mlle de La Vallière ou à celle de Mme de Montespan au temps de leur splendeur. De là à dire qu'elle a gouverné la France en sous-main, faisant et défaisant les réputations, nommant des ministres médiocres ou des généraux incapables, comme Marsin, La Feuillade ou Villeroy, parce qu'ils l'ont flattée, il y a un pas.
Ainsi donc, elle n'eut pas l’influence qu’on lui a prêtée sur le plan politique mais une influence et un pouvoir important sur le caractère du roi et la condition de la cour durant toute la fin du règne, ce qui est loin d'être insignifiant.
En 1715, trois jours avant la mort du roi, Madame de Maintenon se retire à Saint-Cyr dans la Maison royale de Saint-Louis, pensionnat chargé de l'éducation des jeunes filles nobles et désargentées qu’elle avait fondé en 1686.
LA PRESQUE REINE, LA LIBERTINE DEVENUE DEVOTE
J’ai aussi choisi de parler ici de Mme de Maintenon, c’est aussi un clin d’œil à « certaines » qui viennent se perdre dans la lecture de mes publications, en prétendant donner des leçons de morale.
Mme de Maintenon n’a pas l’image sulfureuse de nombre de maitresses royales, à commencer par sa rivale la Montespan. Elle a une mauvaise réputation sur le plan de son influence politique et une excellente réputation morale. La réalité historique confirme que l’une, comme l’autre, ont été exagérées. Il ne saurait être question de lui reprocher d’avoir trompé Scarron, qui, de par son état, n’était pas à même de la satisfaire et qui s’accommoda avec humour de son infortune.
Françoise a été l’élève de la fameuse Ninon de Lenclos et saura utiliser le savoir acquis alors, tout en veillant à sa réputation. Comme Ninon, elle saura conserver jusqu’à un âge avancé sa force de séduction, avec laquelle elle gagnera l’amour du grand roi, alors qu’elle avait trois ans de plus que son royal amant puis époux, et que celui-ci aurait pu s’entourer d’une épouse, ou de maîtresses, plus jeunes que Françoise.
Comme pour Diane de Poitiers ou pour Ninon de Lenclos, je suis admiratrice de ce pouvoir de séduction et de cette sensualité qu’elles ont su conserver, jusqu’à un âge avancé. J’avoue espérer être comme ces femmes à leur âge !
Là où Françoise apparait davantage comme une « grande salope » au sens moral du terme, c’est évidemment la façon d’elle a trompé la confiance de la Montespan, qui lui avait mis le pied à l’étrier, comment elle a intrigué pour devenir la maîtresse du roi et écarter sa rivale.
C’est que l’on peut être sainte et salope, non pas successivement, mais simultanément ! Ce sera mon clin d’œil à celles qui viennent me vilipender dans leurs commentaires. C’est peut-être parce qu’elles sont comme Françoise ou qu’elles rêvent de l’être qu’elles se comportent ainsi. Faites donc comme Françoise d’Aubigné, veuve Scarron et Marquise de Maintenon : assumez donc, Mesdames !
PRINCIPALES SOURCES SUR LE WEB
Françoise et Villarçeaux : https://oliaklodvenitiens.wordpress.com/2012/06/12/bla-2/
Le mariage secret : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14255
Qui était Françoise ? https://www.vogue.fr/culture/article/madame-de-maintenon-louis-xiv-exposition-chateau-de-versailles
http://www.pointdevue.fr/histoire/madame-de-maintenon-la-reine-cachee_9366.html
Plus que reine : http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/06/12/21376375.html
http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/11/20/22745637.html: Françoise et Ninon de Lenclos
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