Histoire des libertines (38) : Marie-Antoinette, la reine calomniée ?
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 30-08-2019 dans la catégorie Dans la zone rouge
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Histoire des libertines (38) : Marie-Antoinette, la reine calomniée ?
AVERTISSEMENT
Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine (1755-1793), épouse de Louis XVI, fut au cœur de la Révolution française. Surnommée « l’Autrichienne », elle a été l’une des reines de France les plus haïes de ses sujets et a été au cœur des attaques contre la monarchie. On l’appelait aussi « Madame déficit », « Madame Veto »ou encore « L’autruchienne ».
Comme c’est la règle dans cette série, je m’intéresserai principalement à sa vie intime. On lui a reproché sa légèreté et ses folies dépensières dans un royaume en banqueroute. On a mis en doute sa fidélité envers le roi, on lui a prêté de nombreux vices. Le personnage m’a fasciné et je lui consacre donc, dans cette série consacrée aux libertines, un texte que j’ai souhaité exhaustif.
Marie-Antoinette fut une épouse qui a soutenu son mari, quand bien même elle fut souvent pour lui de bien mauvais conseil. Elle fut aussi une mère, pour laquelle j’ai de la sympathie, de la pitié et de la colère, face aux infâmes accusations que colporta contre elle, lors de son procès, l’accusateur public, Fouquier-Tinville.
Je n’entends pas trancher entre les deux images de la reine, encore moins prétendre la réhabiliter en ce qui concerne son rôle politique. Qu’elle fut calomniée dans sa vie personnelle est cependant évident.
Pour autant, j’espère pour elle, dont le destin fut si tragique, qu’elle a pu mener, au moins en partie, cette vie libertine dont on l’a accusée, sans tenir compte de sa frustration dans sa vie de femme, aux côtés de Louis XVI, brave homme mais bien mauvais amant.
On peut raisonnablement penser que Marie-Antoinette était bisexuelle et que le bel Axel de Fersen fut son amant.
L’ARCHIDUCHESSE
Marie-Antoinette est la quinzième et avant-dernière enfant de l’empereur François Ier du Saint-Empire et de la grande Marie-Thérèse d’Autriche, qui régna à Vienne durant 40 ans, de 1740 à 1780.
Marie-Antoinette reçoit une éducation où le maintien, la danse, la musique et le paraître occupent l’essentiel de son temps, ne bénéficiant, de ce fait, d’aucune éducation politique. À cette époque, la cour d’Autriche possède une étiquette beaucoup moins stricte que celle de Versailles : les danses y sont moins complexes, le luxe y est moindre et la foule moins nombreuse.
Un mariage avec le Dauphin de France doit concrétiser, aux yeux de Marie-Thérèse, l’alliance avec la France, qu’avait favorisée la Pompadour, mettant fin à une rivalité séculaire entre les deux dynasties.
Le 16 mai 1770, Marie-Antoinette épouse donc le Dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI, qui n’a que 16 ans.
UN MARIAGE QUI NE FUT CONSOMME QU’AU BOUT DE 7 ANS !
La première nuit et les suivantes, furent un désastre et une immense frustration pour la jeune Marie-Antoinette.
La non-consommation du mariage, loin d'être une affaire privée, va rapidement devenir une affaire d'État : par sa descendance, ce n'est pas uniquement sa famille mais la monarchie tout entière que le futur roi doit pérenniser.
Pourquoi une telle attente ? Selon l'écrivain Stefan Zweig, Louis-Auguste est le seul responsable. Victime d'une malformation des organes génitaux, il aurait tenté chaque nuit d'accomplir son devoir conjugal, en vain. Ces échecs quotidiens se répercutent dans la vie de cour, le dauphin devenu roi étant incapable de prendre des décisions importantes et la reine compensant son malheur dans des bals et des fêtes. L'auteur avance même que le roi est « incapable de virilité » et qu'il lui est donc impossible « de se comporter en roi ». Puis, toujours selon l'auteur, la vie du couple est rentrée dans l'ordre, le jour où Louis XVI a enfin daigné accepter de faire confiance à la chirurgie.
Néanmoins, selon Simone Bertière, l'une des biographes de Marie-Antoinette, cette infirmité physique n'a pas été la cause de la longue abstinence des époux, puisque le Dauphin ne souffrait justement d'aucune infirmité de ce type.
Certes, dès juillet 1770, soit deux mois seulement après le mariage, le roi Louis XV profite d'une absence momentanée du dauphin pour convoquer Germain Pichault de La Martinière, un chirurgien alors réputé. Il lui pose deux questions médicales très précises : « Le jeune prince souffre-t-il d'un phimosis et est-il nécessaire de le circoncire ? Ses érections sont-elles entravées par un frein trop court ou trop résistant qu'un simple coup de lancette pourrait libérer ? ». Le chirurgien est clair : « le dauphin n'a aucun défaut naturel qui s'oppose à la consommation du mariage. » Le même chirurgien le redira deux ans plus tard en disant que « nul obstacle physique ne s'oppose à la consommation ».
L'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche s'empare du sujet, refusant de croire que sa fille pourrait être la cause de cet échec.
En décembre 1774, devenu roi, Louis XVI se fait à nouveau examiner, cette fois-ci par Joseph-Marie-François de Lassone, médecin de la cour ; et en janvier 1776, c'est au docteur Moreau, chirurgien à l'Hôtel-Dieu de Paris, que revient la tâche d'examiner à nouveau le souverain. Les deux médecins sont formels : l'opération n'est pas nécessaire, le roi n'a aucune malformation.
Les docteurs Lassone et Moreau avancent néanmoins plusieurs raisons à ce retard conjugal, le premier parlant d'une « timidité naturelle » du monarque et le second d'un corps fragile qui semble néanmoins « prendre plus de consistance».
D'autres auteurs, comme le biographe Bernard Vincent (« Louis XVI », Gallimard, 2006) dénoncent quant à eux les coutumes de la cour qui, ajoutées à la timidité du roi et à la fragilité de son corps, ne pouvaient que retarder le moment suprême.
En effet, les époux vivent dans des appartements séparés : seul le roi a le droit de rendre visite à son épouse quand il s'agit de remplir le devoir conjugal. Une fois devenu roi, Louis XVI vit dans des appartements encore plus éloignés de ceux de sa femme qu'auparavant, et les allées et venues vers son épouse se font toujours sous le regard de courtisans curieux, notamment par la traversée du salon de l'Œil-de-bœuf. L'auteur ajoute que l'éducation prude et pudibonde des deux jeunes époux, au moment où ils étaient éduqués chacun dans leur pays, ne les avait pas disposés à s'abandonner du jour au lendemain aux audaces des relations conjugales. Car les adolescents, en étant tenus de passer leur première nuit ensemble, furent subitement confrontés à la vie adulte sans y avoir été préalablement préparés.
Peu romantique, Louis XVI trouvera refuge dans l'une de ses activités préférées : la chasse.
Les mois et les années passent sans que de réels progrès soient perçus, le couple royal commençant à s'habituer à cette situation.
Marie-Antoinette voit dans cette période une occasion de « jouir un peu du temps de la jeunesse », explique-t-elle à l’ambassadeur d’Autriche Mercy-Argenteau.
Un semblant de consommation survient en juillet 1773, où la dauphine confie à sa mère : « je crois le mariage consommé mais pas dans le cas d'être grosse». Il semble en vérité que le Dauphin n'a pu que déflorer son épouse, sans aller jusqu'au bout. Marie-Antoinette est profondément frustrée et cherche à oublier cela en s’étourdissant de fêtes et aussi par sa relation avec ses favorites.
L'attente est enfin récompensée le 18 août 1777. Trop tard pour sauver l’image du couple royal !
Le 30 août suivant, la princesse écrit à sa mère : « Je suis dans le bonheur le plus essentiel pour toute ma vie. Il y a déjà plus de huit jours que mon mariage est consommé ; l'épreuve a été réitérée, et encore hier soir plus complètement que la première fois [...]. Je ne crois pas être grosse encore mais au moins j'ai l'espérance de pouvoir l'être d'un moment à l'autre ». L'accomplissement du devoir conjugal portera son fruit à quatre reprises, puisque le couple royal aura autant d'enfants, sans compter une fausse couche en novembre 1780 : Marie-Thérèse Charlotte (née en 1778), Louis-Joseph (né en 1781), Louis-Charles (né en 1785) et Marie-Sophie-Béatrice (née en 1786).
Après ces quatre naissances, les époux n'entretiendront plus de relations conjugales.
Ces échecs et cette nouvelle abstinence donneront à Louis XVI l'image d'un roi soumis aux volontés de sa femme. La longue route vers la consommation a terni l'image du couple. Et l'écrivain Simone Bertière (« Marie-Antoinette, éditions de Fallois, 2002) d'affirmer : « une chasteté volontaire, respectueuse du sacrement conjugal, aurait pu être portée à son [celui de Louis XVI] crédit après le libertinage de son grand-père. Mais le ridicule des années stériles collera à son image, tandis que celle de la reine ne se remettra pas de sa course imprudente aux plaisirs frelatés ».
PORTRAIT DE MARIE-ANTOINETTE
Au moment de son mariage, à 15 ans, la jeune fille, au physique agréable, est assez petite et ne possède pas encore la « gorge », si appréciée en France. Elle est blonde, d'un blond assez soutenu tirant sur le roux, qui, sous la poudre, prend des reflets rosés. Ses yeux bleu pâle sont un peu trop saillants. Son visage, au vaste front bombé, considéré comme trop haut, offre un ovale très allongé. Le nez, qui promet d'être légèrement aquilin, offre peu de finesse. La jeune dauphine a néanmoins beaucoup de grâce et une légèreté presque dansante dans sa façon de se mouvoir.
Elle est « grande, admirablement faite » avec « des bras superbes » (Mme Vigée-Lebrun). […]. « Sa peau, dit encore sa portraitiste, était si transparente qu'elle ne prenait point d'ombre. » […]. « C'était la femme de France qui marchait le mieux.»
Marie-Antoinette aime le théâtre, la comédie, le jeu. Elle aime la danse et la musique. Elle chasse également. Le duc de Croÿ rapporte qu'«elle monte supérieurement.» Elle aime les toilettes, les voyages dans les différents châteaux de la Cour autour de Paris, l'aménagement intérieur et la décoration.
On lui passe difficilement ses bals et ses soirées dansantes chez ses amies ou ses beaux-frères. On ne lui pardonne pas les bals masqués de l'Opéra, inconvenants, juge-t-on, pour une reine de France. Malheureusement elle en raffole, et s'y fait conduire plusieurs fois pendant le carnaval.
PREMIERS PAS A LA COUR, PREMIERES MALADRESSES
Nous avons vu, dans « Histoire des libertines (36) : La dernière favorite », paru le 16 août 2019, combien la dauphine, influencée par ses tantes, les filles bigotes de Louis XV, exécrait la favorite, Mme Du Barry, ce qui déplaisait fortement au roi. Cela contribua aussi à la disgrâce du ministre Choiseul, à l’origine du mariage autrichien.
En 1774, après le décès de Louis XV, Louis XVI et Marie-Antoinette deviennent souverains à 20 ans. La reine Marie-Antoinette aurait soupiré, de façon prémonitoire : «Mon Dieu ! Protégez-nous, nous régnons trop jeunes».
UNE IMAGE TRES RAPIDEMENT CATASTROPHIQUE
La reine devient, dès l’été 1777, la cible de premières chansons hostiles qui circulent de Paris jusqu’à Versailles.
Une véritable coterie se monte contre elle, dès son accession au trône, des pamphlets circulent, d'abord de courts textes pornographiques, puis des libelles orduriers.
Ses déboires conjugaux étant publics, on l’accuse d’avoir des amants (le comte d’Artois son beau-frère, le comte suédois Axel de Fersen) ou même des maîtresses (la duchesse de Polignac, la princesse de Lamballe), de dilapider l’argent public en frivolités ou pour ses favoris, de faire le jeu de l’Autriche, désormais dirigée par son frère Joseph II.
Elle est clouée au pilori comme une nymphomane perverse et insatiable et bien vite la certitude de son insatiable érotisme se répand. Elle est décrite comme une «prostituée babylonienne», une «infâme tribade» ayant l'habitude, à Trianon, d'épuiser quotidiennement plusieurs hommes et plusieurs femmes pour satisfaire sa «diabolique lubricité».
De plus, le couple royal n'arrive pas à procréer, ce qui alimente les rumeurs sur l'impuissance de Louis XVI ou la stérilité de Marie-Antoinette, rumeurs généreusement répandues par le frère du roi, le comte de Provence, qui se juge seul apte à gouverner. Le roi se révèle en fait inexpérimenté et intimidé par sa femme avec qui il ne s'entend pas. Cette dernière, peu attirée par son époux, se montre réticente à accomplir le devoir conjugal.
Sa mère Marie-Thérèse, craignant pour la survie de l'Alliance franco-autrichienne et que sa fille puisse être répudiée, envoie son fils aîné Joseph le 19 avril 1777 à la Cour de France, afin d’analyser au mieux la situation du couple. Un an plus tard, le couple donne naissance à leur première fille, Marie-Thérèse-Charlotte, mais cette naissance tant attendue apparaît suspecte et fait naître la rumeur de bâtardise de l'enfant, la paternité de la princesse étant attribuée au comte d'Artois ou au duc de Coigny.
L’affaire du collier de la reine (1785) va encore dégrader son image. Bien qu’innocente, elle sort de l’affaire totalement déconsidérée auprès du peuple. Non seulement l'affront ne fut pas lavé, mais il généra une réelle campagne de désinformation, étendue à tout le royaume.
C'est à partir de cette époque qu'est diffusée une littérature diffamante, à propos des amours de la reine et du roi. Parmi ces représentations, l'une fut très populaire : « Les Amours de Charlot et Toinette», caricatures du couple royal (1789), un véritable succès de librairie.
Marie-Antoinette se rend enfin compte de son impopularité et tente de réduire ses dépenses. Rien n’y fait, les critiques continuent, la reine gagne le surnom de « Madame Déficit » et on l’accuse de tous les maux.
La perte d’une de ses filles, en 1787, à l’âge de 11 mois, puis, en plein au moment des Etats Généraux, en 1789, du premier Dauphin, Louis-Joseph, à l’âge de 8 ans, la marqueront terriblement. On oublie généralement de dire que Marie-Antoinette fut la première « reine-maman », qui prenait soin d’élever elle-même ses enfants.
LA REVOLUTION ET LE PROCES
Ne traitant pas ici du rôle politique de Marie-Antoinette, nous ne parlerons pas de l’impact qu’elle a pu avoir pendant la Révolution et de l’influence sur Louis XVI, notamment au moment de la désastreuse fuite à Varennes. Attachée à ses prérogatives royales, elle use de son influence sur le faible Louis XVI pour entraver la marche vers une monarchie constitutionnelle. La reine, dès lors, cache à peine son souhait d'une intervention militaire contre la France. Autant dire que ses tractations plus ou moins secrètes avec l'ennemi, assimilables à un crime de haute trahison, pèseront lourd dans son procès.
Le peuple est très remonté contre Marie-Antoinette, toujours appelée «l’Autrichienne». Les pamphlets et journaux révolutionnaires la traitent de «monstre femelle» ou encore de « Madame Veto », et on l’accuse de vouloir faire baigner la capitale dans le sang.
Après le 10 août 1792, le roi déchu et sa famille sont enfermés au Temple.
Pendant les Massacres de Septembre, son ancienne favorite, la princesse de Lamballe est sauvagement assassinée, démembrée, mutilée, déchiquetée et sa tête est brandie au bout d’une pique, devant les fenêtres de Marie-Antoinette, pendant que divers morceaux de son corps sont brandis en trophée dans Paris. Les auteurs du meurtre veulent « monter dans la tour et obliger la reine à embrasser la tête de sa grue». Ils veulent lui montrer la tête et le corps nu et profané de la princesse sur lequel, ils en sont convaincus, la reine se serait si longtemps livrée à ses penchants saphiques.
Louis XVI est séparé de sa famille le 11 décembre 1792 et, après son procès devant la Convention, exécuté le 21 janvier 1793.
A son tour, Marie-Antoinette sera séparée de ses enfants et transférée à la Conciergerie. Durant son séjour dans sa prison, Marie-Antoinette, atteinte de saignements, aurait développé un cancer de l'utérus, un cancer cervical, un fibrome ou aurait été affectée d'une ménopause précoce.
Le 14 octobre 1793, Marie-Antoinette comparaît devant le Tribunal révolutionnaire, mené par l’accusateur public Fouquier-Tinville.
Si le procès de Louis XVI devant la Convention avait conservé quelques formes de procès équitable, ce n’est pas le cas de celui de la reine. Il fallait condamner la «veuve Capet»
Le dossier est monté très rapidement, il est incomplet, Fouquier-Tinville n’ayant pas réussi à retrouver toutes les pièces de celui de Louis XVI. Pour charger l’accusation, il parle de faire témoigner le Dauphin contre sa mère, qui est alors accusée d’inceste par Jacques-René Hébert. Il déclare que la reine et Mme Élisabeth ont eu des attouchements sur le jeune Louis XVII. Marie-Antoinette ne répond rien et un juré en fait la remarque. Marie-Antoinette se lève et répond « Si je n’ai pas répondu, c’est que la nature elle-même refuse de répondre à une telle accusation faite à une mère. J’en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici !». Pour la dernière fois, la foule (et surtout les femmes) applaudit la reine.
La condamnation à mort, pour haute trahison, est prononcée le 16 octobre 1793 vers 4 heures du matin.
Marie-Antoinette adressera une dernière lettre, très émouvante, à sa belle-sœur, Madame Elisabeth.
La femme autrefois décrite comme autoritaire et superficielle s'exprime à ce dernier instant en toute humilité. Sa préoccupation essentielle concerne l'état d'esprit dans lequel ses enfants assumeront la mort de leurs parents.
C’est son courage face à ce procès abominable et cette dignité devant la mort qui ne peuvent que susciter un profond respect envers Marie-Antoinette.
LA REINE MARTYRE
Après sa mort sur l'échafaud, les royalistes ont composé la légende de la reine martyre. Alors que de son vivant, la reine eut à subir des paroles ou des écrits malveillants, bien des souvenirs furent oubliés plus ou moins volontairement et camouflés après sa mort.
Pour les républicains, la dernière reine de l'Ancien Régime apparaît plutôt comme une princesse sotte, égoïste et inconséquente, dont on minimise le rôle politique. Cependant, Marie-Antoinette suscite généralement intérêt et compassion jusqu'à nos jours.
MARIE-ANTOINETTE, BISEXUELLE ? LA LAMBALLE ET LA POLIGNAC
La grande historienne Evelyne Lever est persuadée qu’il ne s’agissait que d’une rumeur malveillante, qui toutefois ne tombe pas du ciel. Les informations colportées sur le saphisme de Marie-Antoinette prennent racine dans ses amitiés féminines, notamment sa grande intimité avec Madame de Lamballe, puis avec la duchesse de Polignac.
Le jour de son mariage, elle fait la connaissance de Marie-Thérèse-Louise de Savoie (1749-1792), veuve du prince de Lamballe. Marie-Antoinette trouve en cette princesse de 21 ans une oreille attentive et une confidente sincère, dont elle devient rapidement dépendante. Elle la fait donc déménager au palais, tout près d’elle.
Marie-Antoinette ne jure que par cette belle blonde aux yeux gris. Les deux femmes deviennent inséparables et semblent tout partager. Cette proximité fait jaser toutes les commères, qui pullulent dans les allées de Versailles. On prétend alors que la reine et sa nouvelle amie sont plus qu’intimes.
Peu importe les rumeurs, Marie-Antoinette ne se sépare pas de la Lamballe. Au contraire, elle la nomme « surintendante de la maison de la reine » et la charge donc de lui organiser toutes ses fêtes et ses plaisirs. Mais très rapidement, madame de Lamballe s’avère peu douée pour divertir sa souveraine.
La reine va finalement délaisser son «cher cœur»pour Gabrielle de Polignac (1749-1793), plus enjouée et spirituelle, plus fraiche et plus insolente.
La Duchesse ne laisse personne indifférent et chacune de ses venues à la cour est un événement. Marie-Antoinette est fascinée par cette beauté ravageuse et décide de l’installer dans ses appartements au château. D’un naturel rieur et enjoué, Madame de Polignac enchante le quotidien de la souveraine, qui est très souvent mélancolique. L’historienne Evelyne Lever affirme même qu’avec elle, «Marie-Antoinette a l'impression de vivre sa vie par procuration».
Quand elle aime, Marie-Antoinette ne compte pas : elle couvre sa nouvelle favorite de cadeaux, de faveurs et de grosses sommes d’argent. Pour les aristocrates proches de la couronne, cela ne fait plus aucun doute : les deux femmes entretiennent bien une liaison. Et comme la reine voit plus souvent la Polignac que Louis XVI, le supposé saphisme de la souveraine est relancé. D'autant que le clan des Polignac pousse la duchesse à s'immiscer dans les affaires politiques du royaume. Raison de plus pour que ses détracteurs s'en donnent à cœur joie.
Une rumeur sur une relation de la Polignac avec le comte de Vaudreuil mécontentera la reine, jalouse. Face aux nombreux scandales qui ne se taisent pas, la duchesse se résout à quitter Versailles avec ses enfants. Les adieux déchirants entre celles qui se sont tant aimées sont rapportés ainsi par le prince de Ligne, dans ses Fragments d’Histoire : « La reine pleure, embrasse la comtesse, lui prend les mains, la conjure, la presse, se jette à son cou ».
De cette « amitié particulière », Chantal Thomas fera un roman : « Les Adieux à la Reine » (Seuil, 2002), adapté en 2012 au cinéma par Benoît Jacquot.
Les relations saphiques de Marie-Antoinette ne se seraient pas limitées à la Lamballe et à la Polignac. La reine protège la comédienne Mademoiselle Raucourt, qui se présente comme présidente d’une société secrète consacrée à Lesbos. La Raucourt a par ailleurs une liaison publique avec la cantatrice Mlle Arnould qui «veut qu’on soit putain ou tribade» (Alain Dag’Naud)
SON GRAND AMOUR : FERSEN
Marie-Antoinette n’a aimé qu’un homme, un seul, jusqu’à sa mort. Ce n’est pas Louis XVI, mais plutôt Axel de Fersen, un officier et comte suédois. Juliette Benzoni est persuadée que Fersen fut bel et bien l’amant de la reine.
La romance de ses deux amants a rarement été heureuse et elle se construit comme l’une de ces tragédies classiques, dont la reine raffolait tant. Le jeune aristocrate venu du Nord, qui avait exactement le même âge qu’elle, entre dans la vie de la reine lors d’un des fameux bals masqués de l’Opéra, donné en janvier 1774. Alors que chacun badine et baguenaude dans un coin, Marie-Antoinette est séduite par cet homme, dont le visage est dissimulé derrière un loup de velours. Elle ne voit que ses yeux, bruns, ténébreux, qui l’envoûtent. Les deux jeunes gens se tournent autour sans se soucier des regards inquisiteurs. Ce sont les dames de la maison de la Dauphine, qui se tourmentent des «qu'en-dira-t-on», qui arrêtent le petit manège. Le lendemain, le comte disparaît et Marie-Antoinette n’a plus de nouvelles.
Quatre ans plus tard, il revient à la cour de France, où il aime venir parfaire sa culture du beau langage. En l’apercevant, Marie-Antoinette, devenue entretemps reine de France, se serait écrié : « voilà une vieille connaissance !»
Cette fois, Fersen reste plus longtemps et prend le temps de déclarer sa flamme à la souveraine, qui n’y résiste pas. Puis, il est à nouveau appelé par les sirènes de la guerre, de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis. Marie-Antoinette le retrouve trois ans plus tard et lui fait promettre, cette fois, de ne plus l’abandonner. Durant plusieurs mois, ils vivent ensemble une idylle, souvent isolés dans les alcôves et les jardins ombragés du Petit Trianon. Certaines rumeurs prétendent alors que le comte serait le véritable père du petit Dauphin.
La cour gronde, et pour ne pas éveiller les soupçons, même si c’est trop tard, Fersen est régulièrement envoyé en mission en province. À Paris, pour donner le change, il prend aussi d’autres maîtresses, comme la courtisane italienne Eleanore Sullivan ou encore Elisabeth Foster, fille du comte de Bristol, à laquelle il avouera les liens qui le lient à la reine de France.
Fersen continue de filer le parfait amour avec la souveraine, qu’il rejoint régulièrement, en catimini, dans ses appartements. Quand ils sont éloignés, les deux amants s’envoient même des lettres enflammées dans une langue cryptée, pour plus de sécurité. Lors de la fuite de Varennes en 1791, c’est Fersen, déguisé en cocher, qui la planifie. « Mon seul chagrin est de ne pouvoir la consoler entièrement de tous ses malheurs et de ne pas la rendre aussi heureuse qu'elle mérite de l'être », écrit-il à sa sœur, quand il apprend que son aimée est enfermée dans une geôle. Jusqu’à la fin, il tentera en vain de la sauver. Il survivra 17 ans à celle qu’il a tant aimée.
LE COMTE D’ARTOIS ET LA BAGATELLE
Celui qui sera le futur Charles X (1757-1836) fut-il l’amant de la reine ?
Alors que Marie-Antoinette s'ennuie aux côtés de son époux, elle trouve une meilleure compagnie en la personne du jeune frère de ce dernier, le comte d'Artois. Le comte partage beaucoup de passions communes avec la reine. Avec l'enthousiasme et l'insouciance de ses vingt ans, il dépense sans compter pour les plaisirs de la fête, du jeu et du sexe. Et puisqu'il a hérité des traits de Louis XV, le comte ne laisse aucune femme de la Cour indifférente. Même Marie-Antoinette est charmée et ne se cache jamais de le complimenter en public. Elle retrouve régulièrement celui qu'elle considère comme un «confident», pour l'accompagner aux courses, à la promenade ou à l'opéra.
Un soir d'octobre, alors qu'ils achèvent l'une de leurs folles journées, la reine défie son beau-frère de lui construire un château dans le bois de Boulogne. Après plusieurs mois de travaux acharnés, durant lesquels quelques mille ouvriers se relaient jour et nuit, le domaine de Bagatelle ouvre ses portes.
L'esprit de ce lieu est compris dans son nom. Meublé de lits incommensurables, de miroirs suggestifs et décoré de fresques licencieuses, ce petit palais accueille les amours libertines de son créateur, mais aussi celles de la reine. Certains disent même que tous deux s'y rencontrent bien trop souvent.
ON LUI A PRETE BEAUCOUP D’AMANTS
«On dit que j’ai des tas d’amants», aurait un jour lancé, amusée, Marie-Antoinette à sa «confidente», la Polignac.
«On dit pire», aurait alors répondu la duchesse. En effet, on ne compte plus les prétendues liaisons de la souveraine. Parmi elles, sa brève histoire avec Armand-Louis de Gontaut Biron, duc de Lauzun, est certainement des plus célèbres. À la cour, il a la réputation d’être un «gascon hâbleur» – comprenez un invétéré séducteur – comme l’écrivait Madame Campan dans ses Mémoires.
Lors d’une réception, il flirte avec la reine et va jusqu’à lui offrir la plume de héron blanc qu’il porte sur son chapeau. Le symbole était bien trop clair pour ne pas éveiller les ragots. Un soir, alors qu’il flatte Marie-Antoinette dans ses appartements privés, celle-ci le congédie en hurlant. Elle ne voudra plus jamais le revoir. Personne, à part certainement sa femme de chambre, ne sait ce qui s’est vraiment passé.
Il est à noter que Louis XVIII, contrairement à Napoléon, ne s’opposera pas à la publication en 1822 des mémoires du duc de Lauzun, qui laissent entendre que Marie-Antoinette eut une aventure avec lui.
Juliette Benzoni, dans le chapitre qu’elle consacré à Marie-Antoinette dans son ouvrage « Dans le lit des reines » rapporte que Mme Campan, femme de chambre de la reine, tout en affirmant le contraire dans ses Mémoires, reconnut que Marie-Antoinette fût également la maîtresse du Duc de Coigny.
ORGIES AU PETIT TRIANON ?
Pour fuir les sempiternelles règles de la cour, Marie-Antoinette se réfugie dans les joies de la fête. Elle organise de nombreux bals masqués, folles bambochades et autres carnavals durant lesquels elle peut oublier son statut de souveraine en se dissimulant derrière un masque. Au Grand Trianon, la reine planifie ses réceptions les plus somptueuses, où le faste et l’abondance sont de mise.
Dans son petit Trianon, son paradis terrestre, elle retrouve ses amis les plus proches pour des soirées plus intimes. Devant eux, elle se produit sur la scène d’un petit théâtre : seul endroit où elle semble retrouver toute sa liberté.
La reine danse souvent jusqu’à la pointe du jour. Seule ombre au tableau de ses innombrables fêtes, le roi Louis XVI en est souvent absent. Et que fait Marie-Antoinette quand son époux n’est pas là ? Tout le monde s’interroge. Et même si elle a visiblement le pas lourd quand elle s’essaie à la contredanse, on dit qu’elle aurait au contraire la cuisse légère…
HEROINE DE PAMPHLETS EROTIQUES D’HIER
Rarement reine de France n'aura déchaîné autant de passions, mais aussi de critiques. Dès les premières années de règne de son époux, Marie-Antoinette devient la cible toute choisie de la caricature.
Marie-Antoinette cristallise la haine : ambitieuse, téléguidée par l’Autriche, elle serait la nouvelle Messaline, une nymphomane adultère.
Et la légèreté de ses mœurs, dont les frasques se murmurent jusque dans le bas-peuple, inspire le nouveau courant littéraire de cette seconde moitié du XVIIIe siècle : le libertinage, voire parfois la pornographie.
Héroïne de nombreux pamphlets particulièrement graveleux, la souveraine voit sa sexualité fantasmée et noircie sur des pages et des pages, distribuées dans les rues ou publiées dans les journaux : « Les fureurs utérines de Marie-Antoinette », « L'Autrichienne en goguettes », « Bordel royal », « la Vie privée, libertine et scandaleuse de Marie-Antoinette » et surtout « Essais historiques sur la vie de Marie-Antoinette ». Les titres ne manquent pas !
Elle apparaît dans la plupart des pamphlets comme incapable de contrôler ses pulsions sexuelles, prête à tous les subterfuges pour les assouvir, lors d’orgies qu’elle organise au petit Trianon, ou dans les appartements de Versailles, à la barbe du Roi qui, en abruti accompli, ne voit rien. Dans le pamphlet « Bordel royal », paru en 1790, Marie-Antoinette se livre à des bacchanales paillardes et bestiales, où elle ne craint pas de faire la grâce de son corps à quatre, cinq voire six hommes à la suite…
Aucun avilissement n’est épargné à Marie-Antoinette, transformée en furie lubrique, «folle de son corps», outragée en des termes très crus. Sodomie, entretien de partenaires sexuels, prostitution… Elle est celle par qui la décadence s’installe. Certains pamphlets se surpassent en vulgarité, décrivant de véritables scènes pornographiques.
La police est incapable d’enrayer l’impression toujours croissante de ces pamphlets, car des gens de Cour les font imprimer ou en protègent l’impression. Autant certains pamphlets ne s’embarrassent pas d’esthétique littéraire, autant il apparaît clairement que d’autres ont été écrits par des «écrivains de race».
L’un d'eux, «les Amours de Charlot et Toinette», aurait été écrit par Beaumarchais et publié en secret à Londres. « Son membre est un tison, son cœur est une fournaise. Il baise ses beaux bras, son joli petit con. Et tantôt une fesse et tantôt un téton », peut-on lire dans cette version avant l’heure de « Cinquante Nuances de Grey ».
Dans les «Essais historiques», on «apprend» que le Duc de La Vauguyon aurait placé sa bru, la duchesse de Saint-Maigrin, dans le lit de Marie-Antoinette. Lui auraient succédé la duchesse de Cossé et bien d’autres.
Les «Essais» accusent la reine d’avoir conçu l’un de ses enfants avec le duc de Coigny. Ils se complaisent dans la description des prétendues orgies de la reine dans les bosquets de Versailles, qualifiés de «nocturnales». Selon Les essais : « Il est inouï combien la reine chercha et trouva d’aventures : hommes et femmes, elle essaya tout ».
Dans l'ensemble de ces histoires, les auteurs lui prêtent des pulsions sexuelles incontrôlables et une liste d'amants longue comme le bras. Marie-Antoinette ne pourra pas lutter, puisqu'au contraire la publication de ces textes insultants pour la famille royale se fait de plus en plus fréquente jusqu'à la Révolution de 1789.
ET D’AUJOURD’HUI
Encore de nos jours, Marie-Antoinette est la «vedette» de textes érotiques. Le plus récent exemple est une bande dessinée érotique, que j’ai citée en biographie. Dans « les plaisirs d’une reine », l’auteur imagine les souvenirs de la Princesse de Lamballe, enfermée à la prison de La Force, où ses geôliers abusent d’elle.
Ses souvenirs concernent une Marie-Antoinette frustrée par la non-consommation de son mariage et ignorante des choses de l’amour. La Dauphine découvre dans la bibliothèque des ouvrages libertins, qui l’inspirent dans ses plaisirs solitaires.
Exaspérée par l’étiquette de la Cour et la cérémonie du lever, Marie-Antoinette décide que seule désormais Marie-Thérèse de Lamballe s’occupera d’elle. Elles deviennent intimes, la Lamballe, «son cher cœur», racontant en détail à la Dauphine ce qu’elle a vécu auprès de son débauché de mari.
C’est tout naturellement que les deux femmes deviennent amantes. Pour parfaire son «éducation», Marie-Antoinette demande à la Lamballe de se faire baiser par un garde, pendant qu’elle-même ne perd pas une miette du spectacle, qu’elle observe grâce à une glace sans tain.
Lors d’une seconde séance, Marie-Antoinette ne se cache plus et se masturbe, pendant que son «cher cœur» se fait sodomiser.
La bande dessinée mentionne ensuite la passion de la Reine pour la rivale de la Lamballe, Yolande de Polignac. C’est la seconde expérience saphique de la Reine.
Autant la Lamballe est amoureuse de la reine, autant la Polignac est décrite comme une garce.
La Lamballe n’écoute que son amour pour la reine et surmonte sa jalousie. Les trois femmes se livrent désormais à des parties saphiques à trois.
La bande dessinée décrit ensuite l’adultère de la reine avec Axel de Fersen, organisé avec la complicité de la Polignac et de la Lamballe, qui se gouinent pendant que Marie-Antoinette découvre (enfin) le plaisir viril.
L’ouvrage se termine sur les Massacres de Septembre et l’horrible mort de la Lamballe, fidèle à sa reine jusqu’au bout.
HYPERSEXUELLE OU CALOMNIEE ?
« Accusée de quantité de choses, Marie-Antoinette, frivole et tragique, est devenue le miroir dans lequel se projettent les fantasmes de n'importe quelle époque », a écrit l'historienne Évelyne Lever. Aucune reine de France n’a en effet fait couler autant d’encre. Certainement parce que tout au long de son règne, elle est au cœur de nombreux scandales.
Beaucoup a été dit sur la dernière reine de France : frivole, dépensière, écervelée, infidèle, lubrique. On ne saura jamais la vérité sur l’intimité de la reine la plus haïe et bafouée de l’histoire de France.
Comme l’écrit Evelyne Lever, dans son « Dictionnaire amoureux des reines », le couperet de la guillotine a rendu à Marie-Antoinette la majesté dont ses ennemis l’avaient dépouillée », faisant oublier la légende noire de la « reine scélérate »
On réécrit inlassablement l’histoire de cette femme sensible et imprudente que rien ne préparait à son terrible destin. Les images se superposent : une princesse au charme rayonnant, frivole par désœuvrement, mais aussi mère attentive, amoureuse sincère du comte de Fersen, femme et reine humiliée.
Il n’est pas possible de conclure. Bien évidemment que Marie-Antoinette ne fut pas la Messaline que ses ennemis ont brocardé dans les pamphlets.
Il y a une certitude : elle fut profondément frustrée dans son couple et, même après que le roi soit « enfin » parvenu à assumer son devoir conjugal, il ne lui a pas apporté ce qu’appelait la sensualité de la reine.
Il y a ensuite une forte probabilité : son amour pour Fersen n’est pas resté platonique et a certainement été consommé.
Il y a enfin une hypothèse plus que probable, celle de la bisexualité de Marie-Antoinette, qui a cherché la consolation dans les bras de ses deux favorites, la Lamballe et la Polignac.
Pour Marie-Antoinette, cette femme malheureuse, au destin si tragique qui a effacé sa légèreté et ses « fautes », je veux croire en cette probabilité et cette hypothèse et dire à ceux ou celles qui s’offusqueraient au nom de la morale et parce qu’il y a eu adultère, qu’ils sont mal placés en étant des habitués de ce site HdS, sans ajouter ce que dit la parabole sur la première pierre !
PRINCIPALES SOURCES
Les références concernant Marie-Antoinette sont évidemment très nombreuses.
Comme la règle dans cette série de textes est d’aborder les aspects intimes d’un personnage, je recommande plus particulièrement :
• Le chapitre que lui consacre Juliette Benzoni dans son ouvrage « Dans le lit des reines » (Perrin, 2011)
• Le chapitre que consacré Patrick Caujolle au phimosis de Louis XVI dans son livre « Histoire de la France polissonne » (Le Papillon rouge, 2013)
• Alain Dag’Naud consacre également tout un chapitre au couple de Marie-Antoinette et Louis XVI dans son ouvrage « Les dessous croustillants de l’Histoire de France » (Larousse 2017)
• Evelyne Lever : « Dictionnaire amoureux des reines » (Plon, 2017)
• Une bande dessinée érotique, qui soutient la thèse d’une Marie-Antoinette libertine et bisexuelle : « Les Plaisirs d’une reine. La vie secrète de Marie-Antoinette » (Pylate, 2018)
Voici les principaux liens que j’ai consultés sur Internet, en plus de l’article de Wikipédia :
• https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/2959-la-biographie-de-marie-antoinette-1755-1793.html
• https://www.herodote.net/Marie_antoinette_1755_1793_-synthese-1871.php
• https://www.lepoint.fr/people/marie-antoinette-la-reine-la-plus-haie-de-france-20-03-2012-1443248_2116.php
• http://iutmdl.over-blog.com/2018/12/marie-antoinette-la-reine-au-destin-tragique.html
• https://www.vanityfair.fr/savoir-vivre/diaporama/ces-scandales-sexuels-qui-ont-eclabousse-marie-antoinette/35535
• http://plume-dhistoire.fr/marie-antoinette-victime-pamphlets-erotico-obscenes/
Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine (1755-1793), épouse de Louis XVI, fut au cœur de la Révolution française. Surnommée « l’Autrichienne », elle a été l’une des reines de France les plus haïes de ses sujets et a été au cœur des attaques contre la monarchie. On l’appelait aussi « Madame déficit », « Madame Veto »ou encore « L’autruchienne ».
Comme c’est la règle dans cette série, je m’intéresserai principalement à sa vie intime. On lui a reproché sa légèreté et ses folies dépensières dans un royaume en banqueroute. On a mis en doute sa fidélité envers le roi, on lui a prêté de nombreux vices. Le personnage m’a fasciné et je lui consacre donc, dans cette série consacrée aux libertines, un texte que j’ai souhaité exhaustif.
Marie-Antoinette fut une épouse qui a soutenu son mari, quand bien même elle fut souvent pour lui de bien mauvais conseil. Elle fut aussi une mère, pour laquelle j’ai de la sympathie, de la pitié et de la colère, face aux infâmes accusations que colporta contre elle, lors de son procès, l’accusateur public, Fouquier-Tinville.
Je n’entends pas trancher entre les deux images de la reine, encore moins prétendre la réhabiliter en ce qui concerne son rôle politique. Qu’elle fut calomniée dans sa vie personnelle est cependant évident.
Pour autant, j’espère pour elle, dont le destin fut si tragique, qu’elle a pu mener, au moins en partie, cette vie libertine dont on l’a accusée, sans tenir compte de sa frustration dans sa vie de femme, aux côtés de Louis XVI, brave homme mais bien mauvais amant.
On peut raisonnablement penser que Marie-Antoinette était bisexuelle et que le bel Axel de Fersen fut son amant.
L’ARCHIDUCHESSE
Marie-Antoinette est la quinzième et avant-dernière enfant de l’empereur François Ier du Saint-Empire et de la grande Marie-Thérèse d’Autriche, qui régna à Vienne durant 40 ans, de 1740 à 1780.
Marie-Antoinette reçoit une éducation où le maintien, la danse, la musique et le paraître occupent l’essentiel de son temps, ne bénéficiant, de ce fait, d’aucune éducation politique. À cette époque, la cour d’Autriche possède une étiquette beaucoup moins stricte que celle de Versailles : les danses y sont moins complexes, le luxe y est moindre et la foule moins nombreuse.
Un mariage avec le Dauphin de France doit concrétiser, aux yeux de Marie-Thérèse, l’alliance avec la France, qu’avait favorisée la Pompadour, mettant fin à une rivalité séculaire entre les deux dynasties.
Le 16 mai 1770, Marie-Antoinette épouse donc le Dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI, qui n’a que 16 ans.
UN MARIAGE QUI NE FUT CONSOMME QU’AU BOUT DE 7 ANS !
La première nuit et les suivantes, furent un désastre et une immense frustration pour la jeune Marie-Antoinette.
La non-consommation du mariage, loin d'être une affaire privée, va rapidement devenir une affaire d'État : par sa descendance, ce n'est pas uniquement sa famille mais la monarchie tout entière que le futur roi doit pérenniser.
Pourquoi une telle attente ? Selon l'écrivain Stefan Zweig, Louis-Auguste est le seul responsable. Victime d'une malformation des organes génitaux, il aurait tenté chaque nuit d'accomplir son devoir conjugal, en vain. Ces échecs quotidiens se répercutent dans la vie de cour, le dauphin devenu roi étant incapable de prendre des décisions importantes et la reine compensant son malheur dans des bals et des fêtes. L'auteur avance même que le roi est « incapable de virilité » et qu'il lui est donc impossible « de se comporter en roi ». Puis, toujours selon l'auteur, la vie du couple est rentrée dans l'ordre, le jour où Louis XVI a enfin daigné accepter de faire confiance à la chirurgie.
Néanmoins, selon Simone Bertière, l'une des biographes de Marie-Antoinette, cette infirmité physique n'a pas été la cause de la longue abstinence des époux, puisque le Dauphin ne souffrait justement d'aucune infirmité de ce type.
Certes, dès juillet 1770, soit deux mois seulement après le mariage, le roi Louis XV profite d'une absence momentanée du dauphin pour convoquer Germain Pichault de La Martinière, un chirurgien alors réputé. Il lui pose deux questions médicales très précises : « Le jeune prince souffre-t-il d'un phimosis et est-il nécessaire de le circoncire ? Ses érections sont-elles entravées par un frein trop court ou trop résistant qu'un simple coup de lancette pourrait libérer ? ». Le chirurgien est clair : « le dauphin n'a aucun défaut naturel qui s'oppose à la consommation du mariage. » Le même chirurgien le redira deux ans plus tard en disant que « nul obstacle physique ne s'oppose à la consommation ».
L'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche s'empare du sujet, refusant de croire que sa fille pourrait être la cause de cet échec.
En décembre 1774, devenu roi, Louis XVI se fait à nouveau examiner, cette fois-ci par Joseph-Marie-François de Lassone, médecin de la cour ; et en janvier 1776, c'est au docteur Moreau, chirurgien à l'Hôtel-Dieu de Paris, que revient la tâche d'examiner à nouveau le souverain. Les deux médecins sont formels : l'opération n'est pas nécessaire, le roi n'a aucune malformation.
Les docteurs Lassone et Moreau avancent néanmoins plusieurs raisons à ce retard conjugal, le premier parlant d'une « timidité naturelle » du monarque et le second d'un corps fragile qui semble néanmoins « prendre plus de consistance».
D'autres auteurs, comme le biographe Bernard Vincent (« Louis XVI », Gallimard, 2006) dénoncent quant à eux les coutumes de la cour qui, ajoutées à la timidité du roi et à la fragilité de son corps, ne pouvaient que retarder le moment suprême.
En effet, les époux vivent dans des appartements séparés : seul le roi a le droit de rendre visite à son épouse quand il s'agit de remplir le devoir conjugal. Une fois devenu roi, Louis XVI vit dans des appartements encore plus éloignés de ceux de sa femme qu'auparavant, et les allées et venues vers son épouse se font toujours sous le regard de courtisans curieux, notamment par la traversée du salon de l'Œil-de-bœuf. L'auteur ajoute que l'éducation prude et pudibonde des deux jeunes époux, au moment où ils étaient éduqués chacun dans leur pays, ne les avait pas disposés à s'abandonner du jour au lendemain aux audaces des relations conjugales. Car les adolescents, en étant tenus de passer leur première nuit ensemble, furent subitement confrontés à la vie adulte sans y avoir été préalablement préparés.
Peu romantique, Louis XVI trouvera refuge dans l'une de ses activités préférées : la chasse.
Les mois et les années passent sans que de réels progrès soient perçus, le couple royal commençant à s'habituer à cette situation.
Marie-Antoinette voit dans cette période une occasion de « jouir un peu du temps de la jeunesse », explique-t-elle à l’ambassadeur d’Autriche Mercy-Argenteau.
Un semblant de consommation survient en juillet 1773, où la dauphine confie à sa mère : « je crois le mariage consommé mais pas dans le cas d'être grosse». Il semble en vérité que le Dauphin n'a pu que déflorer son épouse, sans aller jusqu'au bout. Marie-Antoinette est profondément frustrée et cherche à oublier cela en s’étourdissant de fêtes et aussi par sa relation avec ses favorites.
L'attente est enfin récompensée le 18 août 1777. Trop tard pour sauver l’image du couple royal !
Le 30 août suivant, la princesse écrit à sa mère : « Je suis dans le bonheur le plus essentiel pour toute ma vie. Il y a déjà plus de huit jours que mon mariage est consommé ; l'épreuve a été réitérée, et encore hier soir plus complètement que la première fois [...]. Je ne crois pas être grosse encore mais au moins j'ai l'espérance de pouvoir l'être d'un moment à l'autre ». L'accomplissement du devoir conjugal portera son fruit à quatre reprises, puisque le couple royal aura autant d'enfants, sans compter une fausse couche en novembre 1780 : Marie-Thérèse Charlotte (née en 1778), Louis-Joseph (né en 1781), Louis-Charles (né en 1785) et Marie-Sophie-Béatrice (née en 1786).
Après ces quatre naissances, les époux n'entretiendront plus de relations conjugales.
Ces échecs et cette nouvelle abstinence donneront à Louis XVI l'image d'un roi soumis aux volontés de sa femme. La longue route vers la consommation a terni l'image du couple. Et l'écrivain Simone Bertière (« Marie-Antoinette, éditions de Fallois, 2002) d'affirmer : « une chasteté volontaire, respectueuse du sacrement conjugal, aurait pu être portée à son [celui de Louis XVI] crédit après le libertinage de son grand-père. Mais le ridicule des années stériles collera à son image, tandis que celle de la reine ne se remettra pas de sa course imprudente aux plaisirs frelatés ».
PORTRAIT DE MARIE-ANTOINETTE
Au moment de son mariage, à 15 ans, la jeune fille, au physique agréable, est assez petite et ne possède pas encore la « gorge », si appréciée en France. Elle est blonde, d'un blond assez soutenu tirant sur le roux, qui, sous la poudre, prend des reflets rosés. Ses yeux bleu pâle sont un peu trop saillants. Son visage, au vaste front bombé, considéré comme trop haut, offre un ovale très allongé. Le nez, qui promet d'être légèrement aquilin, offre peu de finesse. La jeune dauphine a néanmoins beaucoup de grâce et une légèreté presque dansante dans sa façon de se mouvoir.
Elle est « grande, admirablement faite » avec « des bras superbes » (Mme Vigée-Lebrun). […]. « Sa peau, dit encore sa portraitiste, était si transparente qu'elle ne prenait point d'ombre. » […]. « C'était la femme de France qui marchait le mieux.»
Marie-Antoinette aime le théâtre, la comédie, le jeu. Elle aime la danse et la musique. Elle chasse également. Le duc de Croÿ rapporte qu'«elle monte supérieurement.» Elle aime les toilettes, les voyages dans les différents châteaux de la Cour autour de Paris, l'aménagement intérieur et la décoration.
On lui passe difficilement ses bals et ses soirées dansantes chez ses amies ou ses beaux-frères. On ne lui pardonne pas les bals masqués de l'Opéra, inconvenants, juge-t-on, pour une reine de France. Malheureusement elle en raffole, et s'y fait conduire plusieurs fois pendant le carnaval.
PREMIERS PAS A LA COUR, PREMIERES MALADRESSES
Nous avons vu, dans « Histoire des libertines (36) : La dernière favorite », paru le 16 août 2019, combien la dauphine, influencée par ses tantes, les filles bigotes de Louis XV, exécrait la favorite, Mme Du Barry, ce qui déplaisait fortement au roi. Cela contribua aussi à la disgrâce du ministre Choiseul, à l’origine du mariage autrichien.
En 1774, après le décès de Louis XV, Louis XVI et Marie-Antoinette deviennent souverains à 20 ans. La reine Marie-Antoinette aurait soupiré, de façon prémonitoire : «Mon Dieu ! Protégez-nous, nous régnons trop jeunes».
UNE IMAGE TRES RAPIDEMENT CATASTROPHIQUE
La reine devient, dès l’été 1777, la cible de premières chansons hostiles qui circulent de Paris jusqu’à Versailles.
Une véritable coterie se monte contre elle, dès son accession au trône, des pamphlets circulent, d'abord de courts textes pornographiques, puis des libelles orduriers.
Ses déboires conjugaux étant publics, on l’accuse d’avoir des amants (le comte d’Artois son beau-frère, le comte suédois Axel de Fersen) ou même des maîtresses (la duchesse de Polignac, la princesse de Lamballe), de dilapider l’argent public en frivolités ou pour ses favoris, de faire le jeu de l’Autriche, désormais dirigée par son frère Joseph II.
Elle est clouée au pilori comme une nymphomane perverse et insatiable et bien vite la certitude de son insatiable érotisme se répand. Elle est décrite comme une «prostituée babylonienne», une «infâme tribade» ayant l'habitude, à Trianon, d'épuiser quotidiennement plusieurs hommes et plusieurs femmes pour satisfaire sa «diabolique lubricité».
De plus, le couple royal n'arrive pas à procréer, ce qui alimente les rumeurs sur l'impuissance de Louis XVI ou la stérilité de Marie-Antoinette, rumeurs généreusement répandues par le frère du roi, le comte de Provence, qui se juge seul apte à gouverner. Le roi se révèle en fait inexpérimenté et intimidé par sa femme avec qui il ne s'entend pas. Cette dernière, peu attirée par son époux, se montre réticente à accomplir le devoir conjugal.
Sa mère Marie-Thérèse, craignant pour la survie de l'Alliance franco-autrichienne et que sa fille puisse être répudiée, envoie son fils aîné Joseph le 19 avril 1777 à la Cour de France, afin d’analyser au mieux la situation du couple. Un an plus tard, le couple donne naissance à leur première fille, Marie-Thérèse-Charlotte, mais cette naissance tant attendue apparaît suspecte et fait naître la rumeur de bâtardise de l'enfant, la paternité de la princesse étant attribuée au comte d'Artois ou au duc de Coigny.
L’affaire du collier de la reine (1785) va encore dégrader son image. Bien qu’innocente, elle sort de l’affaire totalement déconsidérée auprès du peuple. Non seulement l'affront ne fut pas lavé, mais il généra une réelle campagne de désinformation, étendue à tout le royaume.
C'est à partir de cette époque qu'est diffusée une littérature diffamante, à propos des amours de la reine et du roi. Parmi ces représentations, l'une fut très populaire : « Les Amours de Charlot et Toinette», caricatures du couple royal (1789), un véritable succès de librairie.
Marie-Antoinette se rend enfin compte de son impopularité et tente de réduire ses dépenses. Rien n’y fait, les critiques continuent, la reine gagne le surnom de « Madame Déficit » et on l’accuse de tous les maux.
La perte d’une de ses filles, en 1787, à l’âge de 11 mois, puis, en plein au moment des Etats Généraux, en 1789, du premier Dauphin, Louis-Joseph, à l’âge de 8 ans, la marqueront terriblement. On oublie généralement de dire que Marie-Antoinette fut la première « reine-maman », qui prenait soin d’élever elle-même ses enfants.
LA REVOLUTION ET LE PROCES
Ne traitant pas ici du rôle politique de Marie-Antoinette, nous ne parlerons pas de l’impact qu’elle a pu avoir pendant la Révolution et de l’influence sur Louis XVI, notamment au moment de la désastreuse fuite à Varennes. Attachée à ses prérogatives royales, elle use de son influence sur le faible Louis XVI pour entraver la marche vers une monarchie constitutionnelle. La reine, dès lors, cache à peine son souhait d'une intervention militaire contre la France. Autant dire que ses tractations plus ou moins secrètes avec l'ennemi, assimilables à un crime de haute trahison, pèseront lourd dans son procès.
Le peuple est très remonté contre Marie-Antoinette, toujours appelée «l’Autrichienne». Les pamphlets et journaux révolutionnaires la traitent de «monstre femelle» ou encore de « Madame Veto », et on l’accuse de vouloir faire baigner la capitale dans le sang.
Après le 10 août 1792, le roi déchu et sa famille sont enfermés au Temple.
Pendant les Massacres de Septembre, son ancienne favorite, la princesse de Lamballe est sauvagement assassinée, démembrée, mutilée, déchiquetée et sa tête est brandie au bout d’une pique, devant les fenêtres de Marie-Antoinette, pendant que divers morceaux de son corps sont brandis en trophée dans Paris. Les auteurs du meurtre veulent « monter dans la tour et obliger la reine à embrasser la tête de sa grue». Ils veulent lui montrer la tête et le corps nu et profané de la princesse sur lequel, ils en sont convaincus, la reine se serait si longtemps livrée à ses penchants saphiques.
Louis XVI est séparé de sa famille le 11 décembre 1792 et, après son procès devant la Convention, exécuté le 21 janvier 1793.
A son tour, Marie-Antoinette sera séparée de ses enfants et transférée à la Conciergerie. Durant son séjour dans sa prison, Marie-Antoinette, atteinte de saignements, aurait développé un cancer de l'utérus, un cancer cervical, un fibrome ou aurait été affectée d'une ménopause précoce.
Le 14 octobre 1793, Marie-Antoinette comparaît devant le Tribunal révolutionnaire, mené par l’accusateur public Fouquier-Tinville.
Si le procès de Louis XVI devant la Convention avait conservé quelques formes de procès équitable, ce n’est pas le cas de celui de la reine. Il fallait condamner la «veuve Capet»
Le dossier est monté très rapidement, il est incomplet, Fouquier-Tinville n’ayant pas réussi à retrouver toutes les pièces de celui de Louis XVI. Pour charger l’accusation, il parle de faire témoigner le Dauphin contre sa mère, qui est alors accusée d’inceste par Jacques-René Hébert. Il déclare que la reine et Mme Élisabeth ont eu des attouchements sur le jeune Louis XVII. Marie-Antoinette ne répond rien et un juré en fait la remarque. Marie-Antoinette se lève et répond « Si je n’ai pas répondu, c’est que la nature elle-même refuse de répondre à une telle accusation faite à une mère. J’en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici !». Pour la dernière fois, la foule (et surtout les femmes) applaudit la reine.
La condamnation à mort, pour haute trahison, est prononcée le 16 octobre 1793 vers 4 heures du matin.
Marie-Antoinette adressera une dernière lettre, très émouvante, à sa belle-sœur, Madame Elisabeth.
La femme autrefois décrite comme autoritaire et superficielle s'exprime à ce dernier instant en toute humilité. Sa préoccupation essentielle concerne l'état d'esprit dans lequel ses enfants assumeront la mort de leurs parents.
C’est son courage face à ce procès abominable et cette dignité devant la mort qui ne peuvent que susciter un profond respect envers Marie-Antoinette.
LA REINE MARTYRE
Après sa mort sur l'échafaud, les royalistes ont composé la légende de la reine martyre. Alors que de son vivant, la reine eut à subir des paroles ou des écrits malveillants, bien des souvenirs furent oubliés plus ou moins volontairement et camouflés après sa mort.
Pour les républicains, la dernière reine de l'Ancien Régime apparaît plutôt comme une princesse sotte, égoïste et inconséquente, dont on minimise le rôle politique. Cependant, Marie-Antoinette suscite généralement intérêt et compassion jusqu'à nos jours.
MARIE-ANTOINETTE, BISEXUELLE ? LA LAMBALLE ET LA POLIGNAC
La grande historienne Evelyne Lever est persuadée qu’il ne s’agissait que d’une rumeur malveillante, qui toutefois ne tombe pas du ciel. Les informations colportées sur le saphisme de Marie-Antoinette prennent racine dans ses amitiés féminines, notamment sa grande intimité avec Madame de Lamballe, puis avec la duchesse de Polignac.
Le jour de son mariage, elle fait la connaissance de Marie-Thérèse-Louise de Savoie (1749-1792), veuve du prince de Lamballe. Marie-Antoinette trouve en cette princesse de 21 ans une oreille attentive et une confidente sincère, dont elle devient rapidement dépendante. Elle la fait donc déménager au palais, tout près d’elle.
Marie-Antoinette ne jure que par cette belle blonde aux yeux gris. Les deux femmes deviennent inséparables et semblent tout partager. Cette proximité fait jaser toutes les commères, qui pullulent dans les allées de Versailles. On prétend alors que la reine et sa nouvelle amie sont plus qu’intimes.
Peu importe les rumeurs, Marie-Antoinette ne se sépare pas de la Lamballe. Au contraire, elle la nomme « surintendante de la maison de la reine » et la charge donc de lui organiser toutes ses fêtes et ses plaisirs. Mais très rapidement, madame de Lamballe s’avère peu douée pour divertir sa souveraine.
La reine va finalement délaisser son «cher cœur»pour Gabrielle de Polignac (1749-1793), plus enjouée et spirituelle, plus fraiche et plus insolente.
La Duchesse ne laisse personne indifférent et chacune de ses venues à la cour est un événement. Marie-Antoinette est fascinée par cette beauté ravageuse et décide de l’installer dans ses appartements au château. D’un naturel rieur et enjoué, Madame de Polignac enchante le quotidien de la souveraine, qui est très souvent mélancolique. L’historienne Evelyne Lever affirme même qu’avec elle, «Marie-Antoinette a l'impression de vivre sa vie par procuration».
Quand elle aime, Marie-Antoinette ne compte pas : elle couvre sa nouvelle favorite de cadeaux, de faveurs et de grosses sommes d’argent. Pour les aristocrates proches de la couronne, cela ne fait plus aucun doute : les deux femmes entretiennent bien une liaison. Et comme la reine voit plus souvent la Polignac que Louis XVI, le supposé saphisme de la souveraine est relancé. D'autant que le clan des Polignac pousse la duchesse à s'immiscer dans les affaires politiques du royaume. Raison de plus pour que ses détracteurs s'en donnent à cœur joie.
Une rumeur sur une relation de la Polignac avec le comte de Vaudreuil mécontentera la reine, jalouse. Face aux nombreux scandales qui ne se taisent pas, la duchesse se résout à quitter Versailles avec ses enfants. Les adieux déchirants entre celles qui se sont tant aimées sont rapportés ainsi par le prince de Ligne, dans ses Fragments d’Histoire : « La reine pleure, embrasse la comtesse, lui prend les mains, la conjure, la presse, se jette à son cou ».
De cette « amitié particulière », Chantal Thomas fera un roman : « Les Adieux à la Reine » (Seuil, 2002), adapté en 2012 au cinéma par Benoît Jacquot.
Les relations saphiques de Marie-Antoinette ne se seraient pas limitées à la Lamballe et à la Polignac. La reine protège la comédienne Mademoiselle Raucourt, qui se présente comme présidente d’une société secrète consacrée à Lesbos. La Raucourt a par ailleurs une liaison publique avec la cantatrice Mlle Arnould qui «veut qu’on soit putain ou tribade» (Alain Dag’Naud)
SON GRAND AMOUR : FERSEN
Marie-Antoinette n’a aimé qu’un homme, un seul, jusqu’à sa mort. Ce n’est pas Louis XVI, mais plutôt Axel de Fersen, un officier et comte suédois. Juliette Benzoni est persuadée que Fersen fut bel et bien l’amant de la reine.
La romance de ses deux amants a rarement été heureuse et elle se construit comme l’une de ces tragédies classiques, dont la reine raffolait tant. Le jeune aristocrate venu du Nord, qui avait exactement le même âge qu’elle, entre dans la vie de la reine lors d’un des fameux bals masqués de l’Opéra, donné en janvier 1774. Alors que chacun badine et baguenaude dans un coin, Marie-Antoinette est séduite par cet homme, dont le visage est dissimulé derrière un loup de velours. Elle ne voit que ses yeux, bruns, ténébreux, qui l’envoûtent. Les deux jeunes gens se tournent autour sans se soucier des regards inquisiteurs. Ce sont les dames de la maison de la Dauphine, qui se tourmentent des «qu'en-dira-t-on», qui arrêtent le petit manège. Le lendemain, le comte disparaît et Marie-Antoinette n’a plus de nouvelles.
Quatre ans plus tard, il revient à la cour de France, où il aime venir parfaire sa culture du beau langage. En l’apercevant, Marie-Antoinette, devenue entretemps reine de France, se serait écrié : « voilà une vieille connaissance !»
Cette fois, Fersen reste plus longtemps et prend le temps de déclarer sa flamme à la souveraine, qui n’y résiste pas. Puis, il est à nouveau appelé par les sirènes de la guerre, de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis. Marie-Antoinette le retrouve trois ans plus tard et lui fait promettre, cette fois, de ne plus l’abandonner. Durant plusieurs mois, ils vivent ensemble une idylle, souvent isolés dans les alcôves et les jardins ombragés du Petit Trianon. Certaines rumeurs prétendent alors que le comte serait le véritable père du petit Dauphin.
La cour gronde, et pour ne pas éveiller les soupçons, même si c’est trop tard, Fersen est régulièrement envoyé en mission en province. À Paris, pour donner le change, il prend aussi d’autres maîtresses, comme la courtisane italienne Eleanore Sullivan ou encore Elisabeth Foster, fille du comte de Bristol, à laquelle il avouera les liens qui le lient à la reine de France.
Fersen continue de filer le parfait amour avec la souveraine, qu’il rejoint régulièrement, en catimini, dans ses appartements. Quand ils sont éloignés, les deux amants s’envoient même des lettres enflammées dans une langue cryptée, pour plus de sécurité. Lors de la fuite de Varennes en 1791, c’est Fersen, déguisé en cocher, qui la planifie. « Mon seul chagrin est de ne pouvoir la consoler entièrement de tous ses malheurs et de ne pas la rendre aussi heureuse qu'elle mérite de l'être », écrit-il à sa sœur, quand il apprend que son aimée est enfermée dans une geôle. Jusqu’à la fin, il tentera en vain de la sauver. Il survivra 17 ans à celle qu’il a tant aimée.
LE COMTE D’ARTOIS ET LA BAGATELLE
Celui qui sera le futur Charles X (1757-1836) fut-il l’amant de la reine ?
Alors que Marie-Antoinette s'ennuie aux côtés de son époux, elle trouve une meilleure compagnie en la personne du jeune frère de ce dernier, le comte d'Artois. Le comte partage beaucoup de passions communes avec la reine. Avec l'enthousiasme et l'insouciance de ses vingt ans, il dépense sans compter pour les plaisirs de la fête, du jeu et du sexe. Et puisqu'il a hérité des traits de Louis XV, le comte ne laisse aucune femme de la Cour indifférente. Même Marie-Antoinette est charmée et ne se cache jamais de le complimenter en public. Elle retrouve régulièrement celui qu'elle considère comme un «confident», pour l'accompagner aux courses, à la promenade ou à l'opéra.
Un soir d'octobre, alors qu'ils achèvent l'une de leurs folles journées, la reine défie son beau-frère de lui construire un château dans le bois de Boulogne. Après plusieurs mois de travaux acharnés, durant lesquels quelques mille ouvriers se relaient jour et nuit, le domaine de Bagatelle ouvre ses portes.
L'esprit de ce lieu est compris dans son nom. Meublé de lits incommensurables, de miroirs suggestifs et décoré de fresques licencieuses, ce petit palais accueille les amours libertines de son créateur, mais aussi celles de la reine. Certains disent même que tous deux s'y rencontrent bien trop souvent.
ON LUI A PRETE BEAUCOUP D’AMANTS
«On dit que j’ai des tas d’amants», aurait un jour lancé, amusée, Marie-Antoinette à sa «confidente», la Polignac.
«On dit pire», aurait alors répondu la duchesse. En effet, on ne compte plus les prétendues liaisons de la souveraine. Parmi elles, sa brève histoire avec Armand-Louis de Gontaut Biron, duc de Lauzun, est certainement des plus célèbres. À la cour, il a la réputation d’être un «gascon hâbleur» – comprenez un invétéré séducteur – comme l’écrivait Madame Campan dans ses Mémoires.
Lors d’une réception, il flirte avec la reine et va jusqu’à lui offrir la plume de héron blanc qu’il porte sur son chapeau. Le symbole était bien trop clair pour ne pas éveiller les ragots. Un soir, alors qu’il flatte Marie-Antoinette dans ses appartements privés, celle-ci le congédie en hurlant. Elle ne voudra plus jamais le revoir. Personne, à part certainement sa femme de chambre, ne sait ce qui s’est vraiment passé.
Il est à noter que Louis XVIII, contrairement à Napoléon, ne s’opposera pas à la publication en 1822 des mémoires du duc de Lauzun, qui laissent entendre que Marie-Antoinette eut une aventure avec lui.
Juliette Benzoni, dans le chapitre qu’elle consacré à Marie-Antoinette dans son ouvrage « Dans le lit des reines » rapporte que Mme Campan, femme de chambre de la reine, tout en affirmant le contraire dans ses Mémoires, reconnut que Marie-Antoinette fût également la maîtresse du Duc de Coigny.
ORGIES AU PETIT TRIANON ?
Pour fuir les sempiternelles règles de la cour, Marie-Antoinette se réfugie dans les joies de la fête. Elle organise de nombreux bals masqués, folles bambochades et autres carnavals durant lesquels elle peut oublier son statut de souveraine en se dissimulant derrière un masque. Au Grand Trianon, la reine planifie ses réceptions les plus somptueuses, où le faste et l’abondance sont de mise.
Dans son petit Trianon, son paradis terrestre, elle retrouve ses amis les plus proches pour des soirées plus intimes. Devant eux, elle se produit sur la scène d’un petit théâtre : seul endroit où elle semble retrouver toute sa liberté.
La reine danse souvent jusqu’à la pointe du jour. Seule ombre au tableau de ses innombrables fêtes, le roi Louis XVI en est souvent absent. Et que fait Marie-Antoinette quand son époux n’est pas là ? Tout le monde s’interroge. Et même si elle a visiblement le pas lourd quand elle s’essaie à la contredanse, on dit qu’elle aurait au contraire la cuisse légère…
HEROINE DE PAMPHLETS EROTIQUES D’HIER
Rarement reine de France n'aura déchaîné autant de passions, mais aussi de critiques. Dès les premières années de règne de son époux, Marie-Antoinette devient la cible toute choisie de la caricature.
Marie-Antoinette cristallise la haine : ambitieuse, téléguidée par l’Autriche, elle serait la nouvelle Messaline, une nymphomane adultère.
Et la légèreté de ses mœurs, dont les frasques se murmurent jusque dans le bas-peuple, inspire le nouveau courant littéraire de cette seconde moitié du XVIIIe siècle : le libertinage, voire parfois la pornographie.
Héroïne de nombreux pamphlets particulièrement graveleux, la souveraine voit sa sexualité fantasmée et noircie sur des pages et des pages, distribuées dans les rues ou publiées dans les journaux : « Les fureurs utérines de Marie-Antoinette », « L'Autrichienne en goguettes », « Bordel royal », « la Vie privée, libertine et scandaleuse de Marie-Antoinette » et surtout « Essais historiques sur la vie de Marie-Antoinette ». Les titres ne manquent pas !
Elle apparaît dans la plupart des pamphlets comme incapable de contrôler ses pulsions sexuelles, prête à tous les subterfuges pour les assouvir, lors d’orgies qu’elle organise au petit Trianon, ou dans les appartements de Versailles, à la barbe du Roi qui, en abruti accompli, ne voit rien. Dans le pamphlet « Bordel royal », paru en 1790, Marie-Antoinette se livre à des bacchanales paillardes et bestiales, où elle ne craint pas de faire la grâce de son corps à quatre, cinq voire six hommes à la suite…
Aucun avilissement n’est épargné à Marie-Antoinette, transformée en furie lubrique, «folle de son corps», outragée en des termes très crus. Sodomie, entretien de partenaires sexuels, prostitution… Elle est celle par qui la décadence s’installe. Certains pamphlets se surpassent en vulgarité, décrivant de véritables scènes pornographiques.
La police est incapable d’enrayer l’impression toujours croissante de ces pamphlets, car des gens de Cour les font imprimer ou en protègent l’impression. Autant certains pamphlets ne s’embarrassent pas d’esthétique littéraire, autant il apparaît clairement que d’autres ont été écrits par des «écrivains de race».
L’un d'eux, «les Amours de Charlot et Toinette», aurait été écrit par Beaumarchais et publié en secret à Londres. « Son membre est un tison, son cœur est une fournaise. Il baise ses beaux bras, son joli petit con. Et tantôt une fesse et tantôt un téton », peut-on lire dans cette version avant l’heure de « Cinquante Nuances de Grey ».
Dans les «Essais historiques», on «apprend» que le Duc de La Vauguyon aurait placé sa bru, la duchesse de Saint-Maigrin, dans le lit de Marie-Antoinette. Lui auraient succédé la duchesse de Cossé et bien d’autres.
Les «Essais» accusent la reine d’avoir conçu l’un de ses enfants avec le duc de Coigny. Ils se complaisent dans la description des prétendues orgies de la reine dans les bosquets de Versailles, qualifiés de «nocturnales». Selon Les essais : « Il est inouï combien la reine chercha et trouva d’aventures : hommes et femmes, elle essaya tout ».
Dans l'ensemble de ces histoires, les auteurs lui prêtent des pulsions sexuelles incontrôlables et une liste d'amants longue comme le bras. Marie-Antoinette ne pourra pas lutter, puisqu'au contraire la publication de ces textes insultants pour la famille royale se fait de plus en plus fréquente jusqu'à la Révolution de 1789.
ET D’AUJOURD’HUI
Encore de nos jours, Marie-Antoinette est la «vedette» de textes érotiques. Le plus récent exemple est une bande dessinée érotique, que j’ai citée en biographie. Dans « les plaisirs d’une reine », l’auteur imagine les souvenirs de la Princesse de Lamballe, enfermée à la prison de La Force, où ses geôliers abusent d’elle.
Ses souvenirs concernent une Marie-Antoinette frustrée par la non-consommation de son mariage et ignorante des choses de l’amour. La Dauphine découvre dans la bibliothèque des ouvrages libertins, qui l’inspirent dans ses plaisirs solitaires.
Exaspérée par l’étiquette de la Cour et la cérémonie du lever, Marie-Antoinette décide que seule désormais Marie-Thérèse de Lamballe s’occupera d’elle. Elles deviennent intimes, la Lamballe, «son cher cœur», racontant en détail à la Dauphine ce qu’elle a vécu auprès de son débauché de mari.
C’est tout naturellement que les deux femmes deviennent amantes. Pour parfaire son «éducation», Marie-Antoinette demande à la Lamballe de se faire baiser par un garde, pendant qu’elle-même ne perd pas une miette du spectacle, qu’elle observe grâce à une glace sans tain.
Lors d’une seconde séance, Marie-Antoinette ne se cache plus et se masturbe, pendant que son «cher cœur» se fait sodomiser.
La bande dessinée mentionne ensuite la passion de la Reine pour la rivale de la Lamballe, Yolande de Polignac. C’est la seconde expérience saphique de la Reine.
Autant la Lamballe est amoureuse de la reine, autant la Polignac est décrite comme une garce.
La Lamballe n’écoute que son amour pour la reine et surmonte sa jalousie. Les trois femmes se livrent désormais à des parties saphiques à trois.
La bande dessinée décrit ensuite l’adultère de la reine avec Axel de Fersen, organisé avec la complicité de la Polignac et de la Lamballe, qui se gouinent pendant que Marie-Antoinette découvre (enfin) le plaisir viril.
L’ouvrage se termine sur les Massacres de Septembre et l’horrible mort de la Lamballe, fidèle à sa reine jusqu’au bout.
HYPERSEXUELLE OU CALOMNIEE ?
« Accusée de quantité de choses, Marie-Antoinette, frivole et tragique, est devenue le miroir dans lequel se projettent les fantasmes de n'importe quelle époque », a écrit l'historienne Évelyne Lever. Aucune reine de France n’a en effet fait couler autant d’encre. Certainement parce que tout au long de son règne, elle est au cœur de nombreux scandales.
Beaucoup a été dit sur la dernière reine de France : frivole, dépensière, écervelée, infidèle, lubrique. On ne saura jamais la vérité sur l’intimité de la reine la plus haïe et bafouée de l’histoire de France.
Comme l’écrit Evelyne Lever, dans son « Dictionnaire amoureux des reines », le couperet de la guillotine a rendu à Marie-Antoinette la majesté dont ses ennemis l’avaient dépouillée », faisant oublier la légende noire de la « reine scélérate »
On réécrit inlassablement l’histoire de cette femme sensible et imprudente que rien ne préparait à son terrible destin. Les images se superposent : une princesse au charme rayonnant, frivole par désœuvrement, mais aussi mère attentive, amoureuse sincère du comte de Fersen, femme et reine humiliée.
Il n’est pas possible de conclure. Bien évidemment que Marie-Antoinette ne fut pas la Messaline que ses ennemis ont brocardé dans les pamphlets.
Il y a une certitude : elle fut profondément frustrée dans son couple et, même après que le roi soit « enfin » parvenu à assumer son devoir conjugal, il ne lui a pas apporté ce qu’appelait la sensualité de la reine.
Il y a ensuite une forte probabilité : son amour pour Fersen n’est pas resté platonique et a certainement été consommé.
Il y a enfin une hypothèse plus que probable, celle de la bisexualité de Marie-Antoinette, qui a cherché la consolation dans les bras de ses deux favorites, la Lamballe et la Polignac.
Pour Marie-Antoinette, cette femme malheureuse, au destin si tragique qui a effacé sa légèreté et ses « fautes », je veux croire en cette probabilité et cette hypothèse et dire à ceux ou celles qui s’offusqueraient au nom de la morale et parce qu’il y a eu adultère, qu’ils sont mal placés en étant des habitués de ce site HdS, sans ajouter ce que dit la parabole sur la première pierre !
PRINCIPALES SOURCES
Les références concernant Marie-Antoinette sont évidemment très nombreuses.
Comme la règle dans cette série de textes est d’aborder les aspects intimes d’un personnage, je recommande plus particulièrement :
• Le chapitre que lui consacre Juliette Benzoni dans son ouvrage « Dans le lit des reines » (Perrin, 2011)
• Le chapitre que consacré Patrick Caujolle au phimosis de Louis XVI dans son livre « Histoire de la France polissonne » (Le Papillon rouge, 2013)
• Alain Dag’Naud consacre également tout un chapitre au couple de Marie-Antoinette et Louis XVI dans son ouvrage « Les dessous croustillants de l’Histoire de France » (Larousse 2017)
• Evelyne Lever : « Dictionnaire amoureux des reines » (Plon, 2017)
• Une bande dessinée érotique, qui soutient la thèse d’une Marie-Antoinette libertine et bisexuelle : « Les Plaisirs d’une reine. La vie secrète de Marie-Antoinette » (Pylate, 2018)
Voici les principaux liens que j’ai consultés sur Internet, en plus de l’article de Wikipédia :
• https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/2959-la-biographie-de-marie-antoinette-1755-1793.html
• https://www.herodote.net/Marie_antoinette_1755_1793_-synthese-1871.php
• https://www.lepoint.fr/people/marie-antoinette-la-reine-la-plus-haie-de-france-20-03-2012-1443248_2116.php
• http://iutmdl.over-blog.com/2018/12/marie-antoinette-la-reine-au-destin-tragique.html
• https://www.vanityfair.fr/savoir-vivre/diaporama/ces-scandales-sexuels-qui-ont-eclabousse-marie-antoinette/35535
• http://plume-dhistoire.fr/marie-antoinette-victime-pamphlets-erotico-obscenes/
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4 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Merci Julie pour l'information. Tes conseils sont toujours précieux!
@ Olga, comme tu t'intéresses beaucoup à Marie-Antoinette, je te recommande la lecture de la biographie de Marie-Antoinette écrite par Charles-Eloi Vial, qui vient de sortir chez Perrin. Le biographe distingue la femme de son mythe, qu'il s'agisse des circonstances de son mariage en 1770, de son accession au trône, de sa formation intellectuelle ou de ses liens avec Fersen, de ses années d'insouciance à Versailles et au Petit Trianon, jusqu'à l'époque des tragédies
Julie
Julie
@ Didier, nous partageons la même analyse au sujet de Marie-Antoinette. Victime de la raison d'état et de ses maladresses, " bouc-émissaire" én quelque sorte, mais aussi cible comme beaucoup de femmes de pouvoir avant et après elle.
Quant à sa vie intime, j'en suis arrivé à la conviction que sa liaison avec Fersen ne fut pas que platonique, que peut-être elle s'est consolée avec ses favorites, la Lamballe et la Polignac.
Pour le reste, on a sans doute chargé la barque, pour accabler l'étrangère autant que la monarchie. Ce qui est certain est sa frustration et ses malheurs, avec une vie qui finit tragiquement.
J'ai aussi tenu à saluer son courage dans les épreuves et face au torrent de boue, en tant que femme et que mère
Quant à sa vie intime, j'en suis arrivé à la conviction que sa liaison avec Fersen ne fut pas que platonique, que peut-être elle s'est consolée avec ses favorites, la Lamballe et la Polignac.
Pour le reste, on a sans doute chargé la barque, pour accabler l'étrangère autant que la monarchie. Ce qui est certain est sa frustration et ses malheurs, avec une vie qui finit tragiquement.
J'ai aussi tenu à saluer son courage dans les épreuves et face au torrent de boue, en tant que femme et que mère
Olga,
C’est une excellente et très passionnante présentation que tu nous as fourni sur Marie-Antoinette.
Celle qui reste à tout jamais la plus mal aimée des reines de France.
Frivole, légère, dépensière, comme d’autres avant elle, Marie-Antoinette, désignée de fait comme le bouc émissaire de tous les maux dont souffrait le royaume de France sur l’instant, était au mauvais endroit et à un mauvais moment de l’histoire ...
A sa décharge, n’étant pas préparée, ni éduquée initialement pour tenir ce rôle de reine, Marie-Antoinette, véritable pion politique, ne dût ce mariage arrangé qu’à la raison d’état afin de consolider cette étrange, cette incongrue, alliance entre la France et l’Autriche.
Cette même raison d’état qui la vit à être condamnée à la guillotine, alors que Robespierre la savait déjà mourante d’un cancer bien avancé…
Concernant sa vie intime que dire de plus à ce que tu as écrit, tout est dit.
Marie-Antoinette, aima-t-elle sincèrement le roi Louis XVI ?
Marie-Antoinette était-elle une femme dépravée ?
Fût-elle injustement calomniée pour ses mœurs légères?
Nul ne le saura jamais vraiment.
A mon humble avis cependant, qu’elle soit physique ou purement platonique, sa liaison avec Axel de Fersen n’en reste pas moins avérée
Et il en va de même sûrement pour celles avec la Princesse de Lamballe et la Duchesse de Polignac.
Pour tout le reste, je ne pourrais me prononcer objectivement, car à l’instar de Messaline bien avant elle, cela tient peut-être du fantasme, de l’imaginaire collectif.
Mais toutefois, ne dit-on pas qu’il n’y a pas de fumée sans feu…
Didier
C’est une excellente et très passionnante présentation que tu nous as fourni sur Marie-Antoinette.
Celle qui reste à tout jamais la plus mal aimée des reines de France.
Frivole, légère, dépensière, comme d’autres avant elle, Marie-Antoinette, désignée de fait comme le bouc émissaire de tous les maux dont souffrait le royaume de France sur l’instant, était au mauvais endroit et à un mauvais moment de l’histoire ...
A sa décharge, n’étant pas préparée, ni éduquée initialement pour tenir ce rôle de reine, Marie-Antoinette, véritable pion politique, ne dût ce mariage arrangé qu’à la raison d’état afin de consolider cette étrange, cette incongrue, alliance entre la France et l’Autriche.
Cette même raison d’état qui la vit à être condamnée à la guillotine, alors que Robespierre la savait déjà mourante d’un cancer bien avancé…
Concernant sa vie intime que dire de plus à ce que tu as écrit, tout est dit.
Marie-Antoinette, aima-t-elle sincèrement le roi Louis XVI ?
Marie-Antoinette était-elle une femme dépravée ?
Fût-elle injustement calomniée pour ses mœurs légères?
Nul ne le saura jamais vraiment.
A mon humble avis cependant, qu’elle soit physique ou purement platonique, sa liaison avec Axel de Fersen n’en reste pas moins avérée
Et il en va de même sûrement pour celles avec la Princesse de Lamballe et la Duchesse de Polignac.
Pour tout le reste, je ne pourrais me prononcer objectivement, car à l’instar de Messaline bien avant elle, cela tient peut-être du fantasme, de l’imaginaire collectif.
Mais toutefois, ne dit-on pas qu’il n’y a pas de fumée sans feu…
Didier