Histoire des libertines (45) : Caroline Murat, l’ambitieuse.
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 05-11-2019 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (45) : Caroline Murat, l’ambitieuse.
Caroline Bonaparte (1782-1839) est la plus jeune sœur de Napoléon. Epouse de Joachim Murat (1767-1815), elle fut Grande-Duchesse de Berg (1806-1808) puis reine de Naples (1808-1815).
LA PLUS BELLE DES TROIS SŒURS BONAPARTE
Caroline est certainement la plus belle des trois sœurs Bonaparte. Si Pauline est d’une beauté parfaite avec son profil de déesse grecque, c’est aussi une beauté très froide. Quant à Elisa, si les contemporains lui reconnaissent de magnifiques yeux noirs, brillants d’intelligence, elle est trop maigre et possède un visage trop anguleux pour plaire à cette époque. Ce qui distingue le plus Caroline de ses sœurs, c’est le charme : elle est l’incarnation d’une féminité pétillante et espiègle.
Caroline ne manque donc ni de charme (un très beau portrait d'Ingres en témoigne), ni d'amants (une de ses liaisons faillit provoquer un duel scandaleux entre Junot et Murat), ni même d'une certaine intelligence. Mais elle n'a ni la lucidité mesurée de l'aînée ni l'heureux caractère de la deuxième ; elle est affligée d'une ambition politique redoutable et elle s'estime sans cesse frustrée.
Caroline est ce qu'on peut appeler une belle femme. Elle est sans doute même l'une des plus belles femmes de la Cour de Napoléon Ier. Sans être pour autant une femme très sensuelle, c'est une jeune femme fort séduisante. Elle possède beaucoup de charme par sa fière allure. Sans être très grande, elle est surtout fort mince. Elle possède un corps de plutôt bonne taille. Ces mains sont fines et très douces, ainsi que ces bras et ces jambes. Elle possède une peau d'une blancheur parfaite et sans aucun défauts. Ces ports sont parfaits. Son visage est d’une clarté et d’une pureté incomparable. Son sourire est magnifique. Sa bouche n'est ni trop fine, ni trop épaisse. Ses fins sourcils recouvrent des yeux d'un noir si envoutant qu'on pourrait se noyer dans son regard. Ces cheveux sont lisses et noirs tout comme ses yeux. Ils lui arrivent jusqu'au milieu du dos. Cette chevelure et ces yeux noirs donnent à la princesse un air mystérieux, qu'elle n'hésite d'ailleurs pas à mettre en valeur.
Maria-Annunziata Bonaparte, sa famille ayant peu d'argent, reçut une éducation rudimentaire dans un couvent de religieuses, et dut probablement travailler comme couturière.
Comme ses frères et sœurs, son destin fut changé grâce à son frère Napoléon. Au moment de la campagne d’Italie, il fait venir sa famille, « la tribu », à son palais de Mombello près de Milan. Maria-Annunziata devient Caroline.
MURAT, LE BEAU SABREUR
Caroline, 15 ans, assista le 14 juin 1797 au mariage de ses sœurs Élisa et Pauline. Lors de leur voyage de noces dans les lacs italiens, Caroline fit la connaissance de Joachim Murat, fringant aide de camp de Napoléon, âgé de 30 ans, dont elle tomba amoureuse. Grand séducteur, soupçonné d'avoir eu une liaison avec Joséphine de Beauharnais, Murat ne fut d'abord pas accepté par Napoléon comme prétendant pour sa sœur.
Napoléon estimait également que l'éducation de Caroline était insuffisante, c'est pourquoi il l'envoya en 1798 au pensionnat de jeunes filles de Madame Campan (qui avait été dans l’entourage de Marie-Antoinette) à Saint-Germain-en-Laye.
Caroline y eut pour camarades, notamment, Hortense, la fille de Joséphine, et Stéphanie de Beauharnais ; Hortense, en particulier, devint son amie. Après la fin de la campagne d'Égypte, Napoléon invita Caroline et Hortense chez lui, pour participer aux réceptions qu'il donnait ; Caroline y rencontra à nouveau Murat.
Napoléon était toujours réticent à l'idée de marier sa sœur à Murat ; il envisageait de la donner au général Jean-Victor Moreau, grand rival du Premier Consul, pour s’en faire un allié.
Ce projet ayant échoué, Bonaparte finit par céder : le 18 janvier 1800, le contrat de mariage fut signé.
Murat et Caroline eurent quatre enfants, deux fils et deux filles.
Le couple a son lieu de séjour en fonction des affectations de Murat à Florence, à Milan, à Paris. Caroline n’aura de cesse d’exhorter son époux afin qu’il obtienne un poste de haut rang parmi les dignitaires consulaires. Caroline escompte occuper une place de choix dans la haute société où elle aura une part privilégiée aux côtés de son illustre mari. De toute évidence, les motifs qui la poussent à agir ainsi n’ont aucun rapport avec l’amour conjugal. Elle exercera, au fil du temps, une pression croissante sur le faible caractère de Joachim.
Tous deux formeront un couple politique tumultueux, dominé par une dévorante ambition.
JALOUSE ET AMBITIEUSE
En 1803, les Murat reviennent à Paris. Joachim Murat est nommé par Napoléon gouverneur de Paris et commandant de la première division militaire.
En avril 1804, Caroline s'opposa vivement à l'adoption par Napoléon de Napoléon-Charles Bonaparte, fils d'Hortense de Beauharnais, alors que ses propres enfants n'avaient ni titre ni terre.
Le 18 mai 1804, à la proclamation de l'Empire, les frères de Napoléon prirent le titre de princes impériaux, mais rien de particulier n'était prévu pour ses sœurs. Jalouse de voir ses belles-sœurs porter le titre de princesses impériales, Caroline accabla Napoléon de plaintes ; il finit par céder et par conférer à Caroline, Pauline et Élisa le titre d'altesses impériales.
Au début de l'année 1806, Napoléon distribua des terres et des titres à ses proches, et pensa d'abord attribuer à Caroline la principauté de Neuchâtel, mais celle-ci n'accepta pas un territoire aussi petit.
Le 15 mars 1806, Napoléon attribua aux Murat le grand-duché de Berg, formé du duché de Berg et du duché de Clèves, et destiné à servir de « barrage » entre la France et la Prusse en cas de conflit. Murat s'y rendit le 24 mars, mais Caroline resta à Paris.
LE SALON DE L’ELYSEE ET LES INTRIGUES DE CAROLINE
Le 2 décembre 1806, elle ouvrit un salon à l'Élysée, invitant des gens de pouvoir et donnant de somptueuses fêtes, notamment des bals costumés.
S’ouvre une période où Caroline ne cesse d’intriguer pour obtenir une « vraie » couronne pour elle et son mari. Elle pense à la Pologne, à l’Espagne ou au Portugal. Ce sera finalement Naples, Joseph étant « transféré » à Madrid.
REINE DE NAPLES
Murat entra à Naples le 6 septembre 1808 ; Caroline, partie après lui, y arriva le 25 septembre.
Caroline va s’affirmer comme une bonne reine, et saura se monter digne de sa haute position. Son intelligence, ses aptitudes et son habileté, se révèleront utiles dans les affaires de son royaume.
Durant une bonne partie de son règne, Caroline ne s'entendit cependant pas très bien avec son époux, celui-ci étant frustré de ne devoir ses titres qu'à son mariage avec elle, et la soupçonnant de favoriser son frère. Il ne lui laissa que peu de pouvoir politique, sauf dans les périodes où, partant en guerre aux côtés de l’empereur, il lui confiait, bon gré, mal gré, la régence du royaume.
Douée d'un goût inné pour les arts, Caroline a su embellir les palais qu'elle habitait et s'est très activement occupée des fouilles de Pompéi.
Très vite le couple a des relations exécrables avec Napoléon.
En décembre 1809, Napoléon réclama à Murat le paiement des contreparties du traité de Bayonne, qui lui avait accordé le royaume de Naples et Caroline dut intercéder en faveur de son époux.
En décembre 1810, Murat dirigea une expédition en Sicile, qui se solda par un échec, ce qui raviva encore les tensions entre lui et Napoléon.
Pour la naissance du Roi de Rome, Murat se rendit aux Tuileries mais reçut un accueil froid de la part de Napoléon, qui refusait de retirer les troupes françaises stationnées à Naples. Caroline, pourtant choisie comme marraine du prince, ne se rendit pas en France, craignant que Napoléon, comme il l’avait fait à son frère Louis, lui enlève le royaume de Naples : elle déclara que « comme on voulait lui prendre sa couronne, elle préférait recevoir cet affront à Naples plutôt qu'à Paris ».
En juin 1811, Murat décréta que tous les étrangers occupant des emplois civils à Naples devaient demander leur naturalisation ou renoncer à leurs emplois. La mesure visait particulièrement les Français, alors nombreux à Naples. Napoléon réagit violemment en rappelant que tous les citoyens français devaient être également considérés comme citoyens du royaume de Naples.
En août, le comte de Daure, qui était à ce moment-là l’amant de Caroline, fut privé de ses fonctions de ministre. Pour se venger de sa disgrâce, Daure rapporta les agissements de Murat à Napoléon, qui fit arrêter certains conseillers de Murat, avant de lui rappeler son rôle. Caroline fut alors envoyée en France pour apaiser la colère de Napoléon.
En avril 1812, Murat fut appelé à combattre aux côtés de Napoléon en Russie et la régence de Naples fut confiée à Caroline, malgré les réticences de Murat. Murat quitta la Grande Armée le 7 janvier 1813 après avoir confié le commandement à Eugène de Beauharnais. Rentré à Naples, il désapprouva une grande partie des décisions prises par Caroline durant sa régence.
LA TRAHISON
Les premières négociations d'alliance avec l'Autriche furent faites par Murat à l'insu de Caroline. Son principal souci était de conserver le royaume de Naples.
En août 1813, Murat fut invité par Napoléon à rejoindre son armée à Dresde, et Caroline fut nommée à nouveau régente en son absence. À ce moment, Metternich et ses représentants l'assurèrent que si Naples entrait dans la coalition contre la France, tous les membres de la coalition reconnaîtraient le royaume et ses souverains. Afin de conserver son royaume, et doutant de plus en plus des desseins et du destin de Napoléon, Caroline accepta l'alliance avec l'Autriche. Rentré à Naples le 4 novembre, Murat accepta également d'entrer dans la coalition.
Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1814, un accord fut signé avec l’Autriche : Murat promettait une armée de 30.000 hommes pour combattre aux côtés des coalisés, à condition de ne pas envahir le sol français, et, en échange, l'Autriche garantissait les États de Naples. Le 23 janvier 1814, Joachim quitta Naples avec son armée et Caroline fut à nouveau régente.
Le 12 février, Caroline fit renvoyer de Naples tous les officiers et agents français, et coupa les communications et le commerce entre Naples et la France.
Le 29 mars 1814 Murat rentra à Naples. Lui et Caroline refusèrent toute aide à Napoléon exilé sur l'île d'Elbe.
LA TRAHISON N’A PAS PAYE
En plein Congrès de Vienne, les Alliés réfléchissaient au partage de l'Europe. Dans un premier temps, ils préférèrent laisser provisoirement Naples à Murat. Les Anglais, de leur côté, ne reconnaissaient toujours aucune alliance avec les souverains de Naples.
Le soir du 26 février 1815, Napoléon s'évada de l'île d'Elbe. Murat décida alors de renouer avec lui et de libérer en même temps l'Italie pour en devenir le roi. Caroline chercha à l'en dissuader, mais elle échoua : il quitta Naples le 17 mars 1815.
Metternich, l’ancien amant de Caroline, rompit alors avec le royaume de Naples. Le 22 mai 1815, Caroline fut déclarée prisonnière de l'Autriche, et l'amiral anglais Esmouth refusa de la conduire en France. Après avoir embarqué ses enfants, le « Tremendous » mit le cap vers Trieste le 25 mai. Là-bas, Caroline fut provisoirement installée au Palazzo Romano, mais sa présence fut vite jugée indésirable pour les Autrichiens. Elle partit donc et s'installa le 16 septembre au château de Hainburg près de Vienne. Malgré les protestations autrichiennes, elle prit le nom de comtesse de Lipona (anagramme de Napoli, Naples en italien). Quant à son mari Joachim Murat, capturé en Calabre par les troupes du roi Bourbon Ferdinand IV, il est exécuté le 13 octobre 1815.
EXIL
En 1817, Caroline put s'installer au château de Frohsdorf. Elle n’avait aucun contact avec le reste de la famille. En 1824, elle obtint à nouveau le droit de s'installer à Trieste, mais pas celui d'entrer sur la péninsule italienne.
En 1830, Louis-Philippe accorda à Caroline le droit de faire quelques séjours en France, et en 1831, elle obtint la permission de s'installer à Florence, au Palazzo Griffoni. Elle est soutenue jusqu'à la fin de sa vie par son dernier amant, Francesco Macdonald, ancien ministre de Joachim Murat. Elle meurt d'un cancer en 1839.
LES AMANTS DE CAROLINE
Caroline était incontestablement une jolie femme. Contrairement à sa célèbre sœur Pauline, elle n’a jamais été une hypersexuelle, mais a néanmoins entretenu un certain nombre de liaisons, la plupart dictées par ses intérêts et ambitions politiques.
Parmi les amants de Caroline, sont généralement cités :
• en 1804, Charles de Flahaut (1785-1870), militaire et diplomate français, qui sera aussi l’amant de Pauline Bonaparte, et surtout de la reine Hortense, dont nous reparlerons.
• Caroline fut aussi la maîtresse de Metternich, lorsque celui-ci fut ambassadeur d’Autriche à Paris, à partir de 1806.
• Le plus célèbre fut Jean-Andoche Junot, gouverneur de Paris depuis le 19 juillet 1806. Pendant que Joachim est quelque part sur les champs de bataille, Junot réside à Paris avec Laure, sa jeune épouse ; « Laurette » pour les intimes, future duchesse d’Abrantès. Caroline, sa sœur Pauline Borghèse et Laure sont amies. Toutes les trois ont envie de s’amuser. Au début de l’année 1807, lors d’une soirée théâtrale organisée par les jeunes femmes, à la Malmaison, Caroline va avoir une liaison avec le mari de son amie « Laurette », le fringant et bel officier Junot. Pour cette faute, Napoléon expédiera Junot, à la tête d’une armée, conquérir le Portugal, avant que Murat, furieux d’être cocu, ne puisse provoquer en duel son ami Junot.
• A Naples, Caroline retrouve le sieur de La Vauguyon, une vieille connaissance, qui, à Paris, lui avait fait une cour empressée, mais en vain... le duc de La Vauguyon est le fils de l'ancien gouverneur du dauphin (futur Louis XVI). Murat l'a nommé colonel-général de sa garde. Cette fois, comme elle a besoin de lui pour échapper à la surveillance de son mari, et l'espionner : elle le prend enfin pour amant. Quand le roi de Naples découvre la trahison, il révoque La Vauguyon sur-le-champ et le fait bannir d'Italie... Mais Caroline, ne tarde pas à le remplacer...
• l y aura Hector Daure (1774-1846), ministre de la guerre à Naples. Le préfet de police de Naples, Maghella remet à Murat des lettres prouvant la liaison de Daure avec sa femme Caroline : il est aussitôt révoqué et doit quitter l'Italie (1811).
• En 1813, Murat écrit à sa femme de '' s'aboucher '' avec l’ambassadeur d'Autriche! Caroline n'avait pas attendu le service demandé : elle est déjà la maîtresse du comte von Mier, beau jeune homme de vingt-six ans qui lui rappelle agréablement le comte de Flahaut. Avec von Mier, Caroline n'a pas hésité pas à trahir son frère Napoléon.
UNE REPUTATION EXAGEREE ?
À partir de 1812, c'est Caroline qui pousse Murat à prendre ses distances d'avec Napoléon. En 1813, c'est elle qui négocie en secret avec les Autrichiens. En 1814, c'est elle encore qui entraîne Murat à consommer sa défection.
Elle avait cru sottement (malgré son intelligence) que son trône pourrait survivre à celui du frère auquel elle devait tout : elle n'en sera que plus amèrement déçue quand elle verra son royaume menacé au Congrès de Vienne par les intrigues de Talleyrand. Elle laissera son mari jouer le tout pour le tout en 1815 ; il y perdra d'abord leur couronne et enfin sa vie.
Le personnage de Caroline fait polémique depuis deux siècles. Il y eut ce changement d'alliance pour ne pas dire cette « trahison » contre son frère en 1814. On l'a aussi si souvent décrite comme une femme multipliant les amants, dont le plus connu fut le chancelier autrichien Metternich. En politique comme en amour, Caroline aurait donc joué avec le feu.
La postérité a été cruelle avec elle et la plupart des historiens l'ont dépeinte comme ambitieuse et égoïste. L'essentiel fut sa relation à la fois forte et ambiguë avec son cavalier de mari, le roi Murat. Caroline fut une femme passionnée et passionnante. Douée d'une réelle intelligence politique, c'est elle qui ressemble le plus à Napoléon, raison pour laquelle elle finit par s'opposer à lui.
PRINCIPALES SOURCES
Je renvoie plus particulièrement à la biographie que lui a consacrée Florence de Baudus aux éditions Perrin en 2014 : « Caroline Bonaparte, sœur d’empereur, reine de Naples. ».
Sur internet, outre l’article de Wikipédia, je renvoie aux liens suivants :
• http://eve-adam.over-blog.com/2017/08/la-dormeuse-de-naples-caroline-murat-1/2-5.html
• http://jeanmarieborghino.fr/qui-etait-caroline-bonaparte/
• https://www.pointdevue.fr/histoire/les-trois-soeurs-terribles-de-napoleon_3108.html
LA PLUS BELLE DES TROIS SŒURS BONAPARTE
Caroline est certainement la plus belle des trois sœurs Bonaparte. Si Pauline est d’une beauté parfaite avec son profil de déesse grecque, c’est aussi une beauté très froide. Quant à Elisa, si les contemporains lui reconnaissent de magnifiques yeux noirs, brillants d’intelligence, elle est trop maigre et possède un visage trop anguleux pour plaire à cette époque. Ce qui distingue le plus Caroline de ses sœurs, c’est le charme : elle est l’incarnation d’une féminité pétillante et espiègle.
Caroline ne manque donc ni de charme (un très beau portrait d'Ingres en témoigne), ni d'amants (une de ses liaisons faillit provoquer un duel scandaleux entre Junot et Murat), ni même d'une certaine intelligence. Mais elle n'a ni la lucidité mesurée de l'aînée ni l'heureux caractère de la deuxième ; elle est affligée d'une ambition politique redoutable et elle s'estime sans cesse frustrée.
Caroline est ce qu'on peut appeler une belle femme. Elle est sans doute même l'une des plus belles femmes de la Cour de Napoléon Ier. Sans être pour autant une femme très sensuelle, c'est une jeune femme fort séduisante. Elle possède beaucoup de charme par sa fière allure. Sans être très grande, elle est surtout fort mince. Elle possède un corps de plutôt bonne taille. Ces mains sont fines et très douces, ainsi que ces bras et ces jambes. Elle possède une peau d'une blancheur parfaite et sans aucun défauts. Ces ports sont parfaits. Son visage est d’une clarté et d’une pureté incomparable. Son sourire est magnifique. Sa bouche n'est ni trop fine, ni trop épaisse. Ses fins sourcils recouvrent des yeux d'un noir si envoutant qu'on pourrait se noyer dans son regard. Ces cheveux sont lisses et noirs tout comme ses yeux. Ils lui arrivent jusqu'au milieu du dos. Cette chevelure et ces yeux noirs donnent à la princesse un air mystérieux, qu'elle n'hésite d'ailleurs pas à mettre en valeur.
Maria-Annunziata Bonaparte, sa famille ayant peu d'argent, reçut une éducation rudimentaire dans un couvent de religieuses, et dut probablement travailler comme couturière.
Comme ses frères et sœurs, son destin fut changé grâce à son frère Napoléon. Au moment de la campagne d’Italie, il fait venir sa famille, « la tribu », à son palais de Mombello près de Milan. Maria-Annunziata devient Caroline.
MURAT, LE BEAU SABREUR
Caroline, 15 ans, assista le 14 juin 1797 au mariage de ses sœurs Élisa et Pauline. Lors de leur voyage de noces dans les lacs italiens, Caroline fit la connaissance de Joachim Murat, fringant aide de camp de Napoléon, âgé de 30 ans, dont elle tomba amoureuse. Grand séducteur, soupçonné d'avoir eu une liaison avec Joséphine de Beauharnais, Murat ne fut d'abord pas accepté par Napoléon comme prétendant pour sa sœur.
Napoléon estimait également que l'éducation de Caroline était insuffisante, c'est pourquoi il l'envoya en 1798 au pensionnat de jeunes filles de Madame Campan (qui avait été dans l’entourage de Marie-Antoinette) à Saint-Germain-en-Laye.
Caroline y eut pour camarades, notamment, Hortense, la fille de Joséphine, et Stéphanie de Beauharnais ; Hortense, en particulier, devint son amie. Après la fin de la campagne d'Égypte, Napoléon invita Caroline et Hortense chez lui, pour participer aux réceptions qu'il donnait ; Caroline y rencontra à nouveau Murat.
Napoléon était toujours réticent à l'idée de marier sa sœur à Murat ; il envisageait de la donner au général Jean-Victor Moreau, grand rival du Premier Consul, pour s’en faire un allié.
Ce projet ayant échoué, Bonaparte finit par céder : le 18 janvier 1800, le contrat de mariage fut signé.
Murat et Caroline eurent quatre enfants, deux fils et deux filles.
Le couple a son lieu de séjour en fonction des affectations de Murat à Florence, à Milan, à Paris. Caroline n’aura de cesse d’exhorter son époux afin qu’il obtienne un poste de haut rang parmi les dignitaires consulaires. Caroline escompte occuper une place de choix dans la haute société où elle aura une part privilégiée aux côtés de son illustre mari. De toute évidence, les motifs qui la poussent à agir ainsi n’ont aucun rapport avec l’amour conjugal. Elle exercera, au fil du temps, une pression croissante sur le faible caractère de Joachim.
Tous deux formeront un couple politique tumultueux, dominé par une dévorante ambition.
JALOUSE ET AMBITIEUSE
En 1803, les Murat reviennent à Paris. Joachim Murat est nommé par Napoléon gouverneur de Paris et commandant de la première division militaire.
En avril 1804, Caroline s'opposa vivement à l'adoption par Napoléon de Napoléon-Charles Bonaparte, fils d'Hortense de Beauharnais, alors que ses propres enfants n'avaient ni titre ni terre.
Le 18 mai 1804, à la proclamation de l'Empire, les frères de Napoléon prirent le titre de princes impériaux, mais rien de particulier n'était prévu pour ses sœurs. Jalouse de voir ses belles-sœurs porter le titre de princesses impériales, Caroline accabla Napoléon de plaintes ; il finit par céder et par conférer à Caroline, Pauline et Élisa le titre d'altesses impériales.
Au début de l'année 1806, Napoléon distribua des terres et des titres à ses proches, et pensa d'abord attribuer à Caroline la principauté de Neuchâtel, mais celle-ci n'accepta pas un territoire aussi petit.
Le 15 mars 1806, Napoléon attribua aux Murat le grand-duché de Berg, formé du duché de Berg et du duché de Clèves, et destiné à servir de « barrage » entre la France et la Prusse en cas de conflit. Murat s'y rendit le 24 mars, mais Caroline resta à Paris.
LE SALON DE L’ELYSEE ET LES INTRIGUES DE CAROLINE
Le 2 décembre 1806, elle ouvrit un salon à l'Élysée, invitant des gens de pouvoir et donnant de somptueuses fêtes, notamment des bals costumés.
S’ouvre une période où Caroline ne cesse d’intriguer pour obtenir une « vraie » couronne pour elle et son mari. Elle pense à la Pologne, à l’Espagne ou au Portugal. Ce sera finalement Naples, Joseph étant « transféré » à Madrid.
REINE DE NAPLES
Murat entra à Naples le 6 septembre 1808 ; Caroline, partie après lui, y arriva le 25 septembre.
Caroline va s’affirmer comme une bonne reine, et saura se monter digne de sa haute position. Son intelligence, ses aptitudes et son habileté, se révèleront utiles dans les affaires de son royaume.
Durant une bonne partie de son règne, Caroline ne s'entendit cependant pas très bien avec son époux, celui-ci étant frustré de ne devoir ses titres qu'à son mariage avec elle, et la soupçonnant de favoriser son frère. Il ne lui laissa que peu de pouvoir politique, sauf dans les périodes où, partant en guerre aux côtés de l’empereur, il lui confiait, bon gré, mal gré, la régence du royaume.
Douée d'un goût inné pour les arts, Caroline a su embellir les palais qu'elle habitait et s'est très activement occupée des fouilles de Pompéi.
Très vite le couple a des relations exécrables avec Napoléon.
En décembre 1809, Napoléon réclama à Murat le paiement des contreparties du traité de Bayonne, qui lui avait accordé le royaume de Naples et Caroline dut intercéder en faveur de son époux.
En décembre 1810, Murat dirigea une expédition en Sicile, qui se solda par un échec, ce qui raviva encore les tensions entre lui et Napoléon.
Pour la naissance du Roi de Rome, Murat se rendit aux Tuileries mais reçut un accueil froid de la part de Napoléon, qui refusait de retirer les troupes françaises stationnées à Naples. Caroline, pourtant choisie comme marraine du prince, ne se rendit pas en France, craignant que Napoléon, comme il l’avait fait à son frère Louis, lui enlève le royaume de Naples : elle déclara que « comme on voulait lui prendre sa couronne, elle préférait recevoir cet affront à Naples plutôt qu'à Paris ».
En juin 1811, Murat décréta que tous les étrangers occupant des emplois civils à Naples devaient demander leur naturalisation ou renoncer à leurs emplois. La mesure visait particulièrement les Français, alors nombreux à Naples. Napoléon réagit violemment en rappelant que tous les citoyens français devaient être également considérés comme citoyens du royaume de Naples.
En août, le comte de Daure, qui était à ce moment-là l’amant de Caroline, fut privé de ses fonctions de ministre. Pour se venger de sa disgrâce, Daure rapporta les agissements de Murat à Napoléon, qui fit arrêter certains conseillers de Murat, avant de lui rappeler son rôle. Caroline fut alors envoyée en France pour apaiser la colère de Napoléon.
En avril 1812, Murat fut appelé à combattre aux côtés de Napoléon en Russie et la régence de Naples fut confiée à Caroline, malgré les réticences de Murat. Murat quitta la Grande Armée le 7 janvier 1813 après avoir confié le commandement à Eugène de Beauharnais. Rentré à Naples, il désapprouva une grande partie des décisions prises par Caroline durant sa régence.
LA TRAHISON
Les premières négociations d'alliance avec l'Autriche furent faites par Murat à l'insu de Caroline. Son principal souci était de conserver le royaume de Naples.
En août 1813, Murat fut invité par Napoléon à rejoindre son armée à Dresde, et Caroline fut nommée à nouveau régente en son absence. À ce moment, Metternich et ses représentants l'assurèrent que si Naples entrait dans la coalition contre la France, tous les membres de la coalition reconnaîtraient le royaume et ses souverains. Afin de conserver son royaume, et doutant de plus en plus des desseins et du destin de Napoléon, Caroline accepta l'alliance avec l'Autriche. Rentré à Naples le 4 novembre, Murat accepta également d'entrer dans la coalition.
Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1814, un accord fut signé avec l’Autriche : Murat promettait une armée de 30.000 hommes pour combattre aux côtés des coalisés, à condition de ne pas envahir le sol français, et, en échange, l'Autriche garantissait les États de Naples. Le 23 janvier 1814, Joachim quitta Naples avec son armée et Caroline fut à nouveau régente.
Le 12 février, Caroline fit renvoyer de Naples tous les officiers et agents français, et coupa les communications et le commerce entre Naples et la France.
Le 29 mars 1814 Murat rentra à Naples. Lui et Caroline refusèrent toute aide à Napoléon exilé sur l'île d'Elbe.
LA TRAHISON N’A PAS PAYE
En plein Congrès de Vienne, les Alliés réfléchissaient au partage de l'Europe. Dans un premier temps, ils préférèrent laisser provisoirement Naples à Murat. Les Anglais, de leur côté, ne reconnaissaient toujours aucune alliance avec les souverains de Naples.
Le soir du 26 février 1815, Napoléon s'évada de l'île d'Elbe. Murat décida alors de renouer avec lui et de libérer en même temps l'Italie pour en devenir le roi. Caroline chercha à l'en dissuader, mais elle échoua : il quitta Naples le 17 mars 1815.
Metternich, l’ancien amant de Caroline, rompit alors avec le royaume de Naples. Le 22 mai 1815, Caroline fut déclarée prisonnière de l'Autriche, et l'amiral anglais Esmouth refusa de la conduire en France. Après avoir embarqué ses enfants, le « Tremendous » mit le cap vers Trieste le 25 mai. Là-bas, Caroline fut provisoirement installée au Palazzo Romano, mais sa présence fut vite jugée indésirable pour les Autrichiens. Elle partit donc et s'installa le 16 septembre au château de Hainburg près de Vienne. Malgré les protestations autrichiennes, elle prit le nom de comtesse de Lipona (anagramme de Napoli, Naples en italien). Quant à son mari Joachim Murat, capturé en Calabre par les troupes du roi Bourbon Ferdinand IV, il est exécuté le 13 octobre 1815.
EXIL
En 1817, Caroline put s'installer au château de Frohsdorf. Elle n’avait aucun contact avec le reste de la famille. En 1824, elle obtint à nouveau le droit de s'installer à Trieste, mais pas celui d'entrer sur la péninsule italienne.
En 1830, Louis-Philippe accorda à Caroline le droit de faire quelques séjours en France, et en 1831, elle obtint la permission de s'installer à Florence, au Palazzo Griffoni. Elle est soutenue jusqu'à la fin de sa vie par son dernier amant, Francesco Macdonald, ancien ministre de Joachim Murat. Elle meurt d'un cancer en 1839.
LES AMANTS DE CAROLINE
Caroline était incontestablement une jolie femme. Contrairement à sa célèbre sœur Pauline, elle n’a jamais été une hypersexuelle, mais a néanmoins entretenu un certain nombre de liaisons, la plupart dictées par ses intérêts et ambitions politiques.
Parmi les amants de Caroline, sont généralement cités :
• en 1804, Charles de Flahaut (1785-1870), militaire et diplomate français, qui sera aussi l’amant de Pauline Bonaparte, et surtout de la reine Hortense, dont nous reparlerons.
• Caroline fut aussi la maîtresse de Metternich, lorsque celui-ci fut ambassadeur d’Autriche à Paris, à partir de 1806.
• Le plus célèbre fut Jean-Andoche Junot, gouverneur de Paris depuis le 19 juillet 1806. Pendant que Joachim est quelque part sur les champs de bataille, Junot réside à Paris avec Laure, sa jeune épouse ; « Laurette » pour les intimes, future duchesse d’Abrantès. Caroline, sa sœur Pauline Borghèse et Laure sont amies. Toutes les trois ont envie de s’amuser. Au début de l’année 1807, lors d’une soirée théâtrale organisée par les jeunes femmes, à la Malmaison, Caroline va avoir une liaison avec le mari de son amie « Laurette », le fringant et bel officier Junot. Pour cette faute, Napoléon expédiera Junot, à la tête d’une armée, conquérir le Portugal, avant que Murat, furieux d’être cocu, ne puisse provoquer en duel son ami Junot.
• A Naples, Caroline retrouve le sieur de La Vauguyon, une vieille connaissance, qui, à Paris, lui avait fait une cour empressée, mais en vain... le duc de La Vauguyon est le fils de l'ancien gouverneur du dauphin (futur Louis XVI). Murat l'a nommé colonel-général de sa garde. Cette fois, comme elle a besoin de lui pour échapper à la surveillance de son mari, et l'espionner : elle le prend enfin pour amant. Quand le roi de Naples découvre la trahison, il révoque La Vauguyon sur-le-champ et le fait bannir d'Italie... Mais Caroline, ne tarde pas à le remplacer...
• l y aura Hector Daure (1774-1846), ministre de la guerre à Naples. Le préfet de police de Naples, Maghella remet à Murat des lettres prouvant la liaison de Daure avec sa femme Caroline : il est aussitôt révoqué et doit quitter l'Italie (1811).
• En 1813, Murat écrit à sa femme de '' s'aboucher '' avec l’ambassadeur d'Autriche! Caroline n'avait pas attendu le service demandé : elle est déjà la maîtresse du comte von Mier, beau jeune homme de vingt-six ans qui lui rappelle agréablement le comte de Flahaut. Avec von Mier, Caroline n'a pas hésité pas à trahir son frère Napoléon.
UNE REPUTATION EXAGEREE ?
À partir de 1812, c'est Caroline qui pousse Murat à prendre ses distances d'avec Napoléon. En 1813, c'est elle qui négocie en secret avec les Autrichiens. En 1814, c'est elle encore qui entraîne Murat à consommer sa défection.
Elle avait cru sottement (malgré son intelligence) que son trône pourrait survivre à celui du frère auquel elle devait tout : elle n'en sera que plus amèrement déçue quand elle verra son royaume menacé au Congrès de Vienne par les intrigues de Talleyrand. Elle laissera son mari jouer le tout pour le tout en 1815 ; il y perdra d'abord leur couronne et enfin sa vie.
Le personnage de Caroline fait polémique depuis deux siècles. Il y eut ce changement d'alliance pour ne pas dire cette « trahison » contre son frère en 1814. On l'a aussi si souvent décrite comme une femme multipliant les amants, dont le plus connu fut le chancelier autrichien Metternich. En politique comme en amour, Caroline aurait donc joué avec le feu.
La postérité a été cruelle avec elle et la plupart des historiens l'ont dépeinte comme ambitieuse et égoïste. L'essentiel fut sa relation à la fois forte et ambiguë avec son cavalier de mari, le roi Murat. Caroline fut une femme passionnée et passionnante. Douée d'une réelle intelligence politique, c'est elle qui ressemble le plus à Napoléon, raison pour laquelle elle finit par s'opposer à lui.
PRINCIPALES SOURCES
Je renvoie plus particulièrement à la biographie que lui a consacrée Florence de Baudus aux éditions Perrin en 2014 : « Caroline Bonaparte, sœur d’empereur, reine de Naples. ».
Sur internet, outre l’article de Wikipédia, je renvoie aux liens suivants :
• http://eve-adam.over-blog.com/2017/08/la-dormeuse-de-naples-caroline-murat-1/2-5.html
• http://jeanmarieborghino.fr/qui-etait-caroline-bonaparte/
• https://www.pointdevue.fr/histoire/les-trois-soeurs-terribles-de-napoleon_3108.html
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