Histoire des libertines (47) : l’impératrice Marie-Louise
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 21-11-2019 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (47) : l’impératrice Marie-Louise
Avec l’impératrice Marie-Louise (1791-1847), nous poursuivons une longue série consacrée aux libertines de la période de la Révolution et de l’empire.
Marie-Louise d’Autriche est la fille de l’empereur d’Autriche François (1768-1835), qui régna à partir de 1792 et fut l’adversaire constant de la France de la Révolution puis de Napoléon.
ENFANCE ET EDUCATION
Les mariages dynastiques étaient très consanguins chez les Habsbourg : fille aînée de François et de sa seconde épouse Marie-Thérèse de Bourbon-Naples, Marie-Louise est la petite-fille de Marie-Caroline d'Autriche, reine de Naples et de Sicile et la petite-nièce de la reine Marie-Antoinette de France.
Nous avons consacré à la malheureuse épouse de Louis XVI un texte qui avait fait polémique : « Histoire des libertines (38) : Marie-Antoinette, la reine calomniée ? », paru le 30 août 2019. Quant à la reine de Naples, Marie-Caroline, elle croisa la route de Lady Hamilton, avec qui elle eût probablement une liaison saphique (voir « Histoire des libertines (42) : Emma Hamilton, maîtresse de Nelson », paru le 2 octobre dernier).
Marie-Louise fait partie d’une grande famille de onze enfants, elle est la fille préférée de son père.
La jeune archiduchesse est éduquée de manière plutôt simple, elle se promène dans les rues de Vienne avec son père, et joue avec les enfants des domestiques, elle suit les préceptes de la religion catholique et l'éducation classique des princesses de son temps, ce qui doit l'inciter à devenir une femme de devoir, éduquée, capable de paraître en public mais docile.
Elle étudie les langues, en particulier le français, langue internationale de l’époque, et l’italien, autre langue maternelle de ses parents (l'empereur, son père, est né à Florence et l'impératrice sa mère à Naples) alors que son allemand reste plutôt médiocre. Le reste de sa formation prévoit des notions générales mais peu approfondies de littérature, de calcul, de géographie et d’histoire de la Maison d’Autriche et des principales dynasties d’Europe. La famille impériale, depuis la période de "La Grande" impératrice Marie-Thérèse, mène une vie privée « bourgeoise ». Elle apprécie que les archiduchesses se consacrent à des activités féminines. Marie-Louise aime le jardinage, la cuisine, la broderie et la musique : son instrument préféré est le piano.
L’enfance de Marie-Louise est marquée par les guerres de l’Autriche contre la France. Elle grandira dans la haine de « l’ogre corse », Napoléon, incarnation pour la maison d’Autriche de la Révolution, sinon du Diable ! De plus, « l’usurpateur Buonaparte » a sévèrement battu à plusieurs reprises les troupes autrichiennes et imposé à l’empereur François des traités humiliants.
UN MARIAGE POLITIQUE : LA GENISSE OFFERTE AU MINOTAURE
Le 20 décembre 1809, Napoléon Ier divorce de Joséphine de Beauharnais car elle ne lui donne pas d'enfant.
Après avoir sacrifié celle qu’il a tant aimée, Napoléon recherche « un ventre », c’est l’expression abominable qu’il emploiera.
Deux candidates arrivent en tête de liste : la grande-duchesse Anna Pavlovna Romanova, âgée de 14 ans, jeune sœur du tsar Alexandre Ier de Russie, et l'archiduchesse Marie-Louise. Vexé par le peu d’enthousiasme montré par la cour de Russie et convaincu par l'activité diplomatique de Metternich, qui a persuadé François II de donner sa fille à son ex-ennemi, Napoléon tranche en repoussant l’alliance russe. Ce sera la première étape qui conduira à la rupture de l’alliance conclue à Tilsitt en 1807 et donc à la désastreuse campagne de Russie
Ce mariage a aussi pour objectif d'apaiser les relations entre la France et l'Autriche, qui ont connu 18 ans de guerre. Les démarches sont entreprises par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Autriche à Paris Charles Philippe de Schwarzenberg et la demande officielle est faite à Vienne le 7 mars par le représentant de Napoléon, le maréchal Berthier. Marie-Louise, la mort dans l’âme, accepte alors de se « sacrifier pour le bonheur de l'État » bien qu'elle exècre « l’ogre corse ».
Le mariage est d'abord célébré par procuration, dans l'église des Augustins à Vienne, le 11 mars 1810, comme le veut la tradition de l'Ancien Régime et plus particulièrement celle appliquée pour le mariage de Marie-Antoinette d'Autriche.
Marie-Louise va d’ailleurs refaire le parcours de son illustre et infortunée grand-tante.
INITIATION SENSUELLE DE LA « NOUVELLE AUTRICHIENNE »
Des réceptions en son honneur ont lieu à Strasbourg et Nancy, la rencontre avec l'empereur étant prévue à Soissons le 28 mars. Impatient, l'empereur ne se contient pas et va à la rencontre du carrosse à Compiègne, où ils arrivent le 27 mars à 21h30. Marie-Louise est alors présentée à la cour.
Napoléon décide d'enfreindre le protocole : le soir même, il initie sa jeune épouse à ses devoirs conjugaux non sans avoir demandé à l'évêque de Nantes si le mariage par procuration à Vienne lui confère les droits du mari sur sa femme. Ayant reçu une réponse positive, il décide de s'unir avant même la cérémonie officielle à Paris.
Après avoir vérifié les intentions de la mariée, Napoléon charge sa sœur Caroline de rappeler brièvement à Marie-Louise le rôle de la femme durant cette nuit. Comme nous l’avons raconté dans « Histoire des libertines (45) : Caroline Murat, l’ambitieuse » (texte paru le 5 novembre 2019), la reine de Naples était particulièrement experte dans l’art de l’amour.
Les conseils de Caroline ont dû être efficaces, si l’on en croit les confidences que fit plus tard Napoléon au sujet de cette nuit d’amour et d’initiation : « Je suis allé vers elle et elle fit tout en riant. Elle a ri toute la nuit ». Le lendemain matin, béat, il glisse à son aide de camp Savary : « Mon cher, épousez une Allemande, ce sont les meilleures femmes du monde, douces, bonnes, naïves et fraîches comme des roses !
L’innocente archiduchesse révélera donc d’emblée toute sa sensualité : elle aime ça et va redonner une seconde jeunesse à l’empereur, au point que celui-ci prend goût à cette période de paix. Hélas il retombera dans la tentation de la guerre.
L’union civile est célébrée dans la Grande Galerie du château de Saint-Cloud en présence de la Cour et de la famille impériale. Le mariage religieux aura lieu quant à lui dans le salon carré du Louvre le 2 avril.
Marie-Louise ignore les tensions : 16 cardinaux refusent d’assister au mariage, le pape Pie VII n’ayant pas avalisé le divorce de l’empereur. Le mécontentement touche aussi la cour : les sœurs et belles-sœurs de Napoléon se refusent à porter la traîne de « l'Autrichienne », surnom de Marie-Louise comme autrefois on appelait Marie-Antoinette. L'impératrice ne sait pas qu'on parle d'elle de cette manière déjà dans tout Paris : les bonapartistes préfèrent Joséphine, les républicains la haïssent en sa qualité de nièce de la reine décapitée, les monarchistes ne pardonnent pas de donner avec ce mariage une sorte de légitimité à la famille Bonaparte. Marie-Louise est loin de se douter de l'animosité que son mariage a générée.
NAPOLEON AMOUREUX
Napoléon s'amourache rapidement de Marie-Louise, dont il admire la noblesse de la naissance et les vertus domestiques. Marie-Louise se révèle une épouse idéale pour l'empereur, elle a été formée à obéir dès son enfance, elle est dévote, affectueuse et ne s'ingère pas dans les affaires politiques. Enfin et surtout, elle « aime ça » et Napoléon adore quand, insatiable, elle ne cesse de lui dire « encore ! »
Les courtisans ne tardent pas à mépriser l'impératrice : Marie-Louise est très timide, n'a pas le charme et la désinvolture de l'impératrice Joséphine et, contrairement à cette dernière, elle préfère l'intimité de sa vie privée à la société parisienne. Femme du XIXème siècle alors que Joséphine est une femme du XVIIIème siècle, Marie-Louise se contente de jouer le rôle de première dame aux côtés de son mari, montrant l'attitude droite et docile apprise à la cour de Vienne.
La jeune impératrice entre rapidement en conflit avec le clan corse des Bonaparte qui, avant elle, avait manifesté la même haine envers Joséphine. Si la mère de Napoléon, Letizia se contente de lancer des regards méprisants à la jeune femme inexpérimentée, ses filles font en sorte de la ridiculiser auprès de la Cour.
La seule personne avec qui Marie-Louise a de bons rapports est Hortense de Beauharnais, reine de Hollande, une autre libertine (voir « Histoire des libertines (46) : la reine Hortense », texte paru le 12 novembre 2019). Quant à Joséphine, Marie-Louise la craint et ne souhaite pas la rencontrer.
En juillet 1810, trois mois après la première nuit passée à Compiègne, Marie-Louise écrit à son père qu'elle est enceinte. Si la grossesse ne présente pas de problèmes particuliers, des complications ont lieu lors de l'accouchement qui dure douze heures, dans la nuit du 19 au 20 mars 1811 : les vies de l'enfant et de la mère sont menacées. Le docteur Dubois demande alors à Napoléon qui sauver en cas de danger. Napoléon lui répond de sauver en priorité la mère. Il ne montre pas seulement de l’humanité, convaincu que sa jeune épouse pourra lui donner d’autres enfants, mais il montre les sentiments qu’il a désormais pour elle. Marie-Louise a beaucoup souffert et les médecins déconseillent d'autres grossesses. Elle aura pourtant d’autres enfants, mais pas de Napoléon.
La courte période où Marie-Louise partage la vie de l’empereur est marquée par les défaites qui s’enchainent de 1812 à 1814. Elle exercera à deux reprises la régence et se montrera loyale envers son époux.
Le matin du 25 janvier 1814, Napoléon fait ses adieux à son fils et sa femme en larmes, ils ne se reverront plus. Le 29 mars, Paris étant sur le point de tomber, Marie-Louise et son fils quittent Paris. Elle tente en vain de rejoindre Napoléon à Fontainebleau. Le 16 avril 1814, elle retombe sous la coupe de son père.
« LA TRAHISON » : MARIE-LOUISE L’ADULTERE
Au départ, Marie-Louise veut absolument rejoindre Napoléon à l’ile d’Elbe, l’empereur réclamant sa femme et son fils.
François accorde des vacances à Marie-Louise dans la ville thermale d'Aix-les-Bains ; elle est alors accompagnée par un général en qui son père a toute confiance, Adam Albert de Neipperg (1775-1829) Le but véritable de sa mission est de tout faire pour empêcher l'impératrice de rejoindre Napoléon. Neipperg, qui a parfaitement compris ce qu’on attend de lui, dit en partant : « Dans six semaines, je serai son meilleur ami et dans six mois son amant ».
Il ne faudra pas si longtemps. Vers la fin du mois d'août, la duchesse de Colorno, nouveau titre de Marie-Louise, aspire à retourner à Vienne pour discuter de son avenir et de celui de son fils. Napoléon lui écrit qu'il l'attend sur l'île d'Elbe en septembre, mais Marie-Louise n'a pas envie d'y aller, de plus elle ne saurait s'y rendre sans le consentement de son père. Pendant le voyage de retour par la Suisse, Marie-Louise exprime les sentiments d'amour qu'elle éprouve pour Neipperg et ils deviennent amants dans la nuit du 25 au 26 septembre.
Le 8 mars 1815, Marie-Louise est informée de la fuite de Napoléon de l'île d'Elbe : l'ex-impératrice est affligée par la crainte d'avoir à retourner en France. Les Alliés déclarent immédiatement la guerre à Napoléon et Marie-Louise espère une défaite de celui-ci. Son mari lui écrit qu'il l'attend pour avril et fait une demande en ce sens à François II, mais ni l'empereur ni sa fille ne sont prêts à accepter.
Après le Congrès de Vienne, la nouvelle duchesse de Parme part pour l'Italie le 7 mars 1816, laissant son jeune fils à Vienne.
Son bien-aimé et homme de confiance Neipperg se trouve à ses côtés. Marie-Louise ne s'occupe pas vraiment de politique : c'est Neipperg, qui gouverne le duché, obéissant aux directives de Metternich.
Devenue veuve par la mort de Napoléon, Marie-Louise peut légaliser sa relation avec Neipperg qu'elle épouse dès le 8 août 1821 par un mariage morganatique, le rang de son mari est inférieur au sien.
De son union avec Neipperg, sont nés quatre enfants, les deux premiers en 1817 et 1824, avant le mariage, alors que Marie-Louise est encore légalement mariée à Napoléon ! Ces naissances illégitimes auraient semble-t-il provoqué une vive colère de l’empereur François : chez les Habsbourg, ce sont des choses qui ne se font pas ! C’est pourtant lui et Metternich qui avaient mis Neipperg sur le chemin de Marie-Louise.
Marie-Louise aura la douleur de perdre Neipperg en 1829 et son fils « l’Aiglon », devenu Duc de Reichstadt, en 1832.
UNE VIE PRIVEE AGITEE
Selon les agents de Metternich, la duchesse de Parme agirait « trop librement dans sa vie privée ». Marie-Louise avait vraiment aimé et avait été aimée en retour par Neipperg. Après sa mort, la duchesse se console en s'entourant de nombreux amants.
En 1834, Marie-Louise et son ministre Charles-René de Bombelles (1785-1856), contractent un mariage morganatique secret. Ce remariage de deux personnes abordant la vieillesse n'aurait pas été dicté par l'amour mais par la commodité d'avoir un mari qui soit en même temps le premier homme de l'État.
LA LEGENDE NOIRE DE MARIE LOUISE DOIT ETRE NUANCEE
Nièce de Marie-Antoinette, Marie-Louise de Habsbourg a été victime des mêmes calomnies que sa tante. Croqueuse de diamants, comploteuse voire nymphomane : rien n’aura été épargné à celle qui succéda à Joséphine auprès de Napoléon Ier.
Les historiens de la fin du XIXème siècle, plutôt misogynes et germanophobes, ont constamment critiqué son rôle auprès de l’empereur et cru aux racontars qui faisaient d’elle une princesse immature et nymphomane. On se rend compte que les témoignages qui l’accablent à ce sujet sont rares, toujours postérieurs et souvent dus à des ennemis qu’elle avait pu se faire sous l’Empire ou encore à des personnages qui ne l’avaient jamais connue, comme Jules Lecomte, un plumitif en mal de lecteurs qui prétendit avoir été l’amant de Marie-Louise dans les années 1840.
Marie-Louise arrive en France à 18 ans pour être mariée à un homme qui a plus du double de son âge. Immature et inexpérimentée, elle n’a que quatre années pour se familiariser avec les rouages de la cour des Tuileries et les arcanes du gouvernement impérial. Même les pires détracteurs de Marie-Louise n’ont pu trouver contre elle le moindre écart de conduite entre 1810 et 1814, alors qu’à partir de juin 1812, l’empereur passe l’essentiel de son temps dans ses désastreuses campagnes militaires. Ils ne seront ensemble que de décembre 1812 à avril 1813, ainsi que de novembre 1813 à janvier 1814.
Si elle abandonne Napoléon à l’été 1814, après l’avoir soutenu malgré sa défaite, c’est aussi parce qu’il l’a trompée avec son « épouse polonaise », Marie Walewska.
Comme le dit son biographe Charles-Eloi Vial : « avec Marie-Louise, l’historien a parfois impression d’écrire la vie de deux, trois, quatre, voire cinq personnes différentes, entre l’archiduchesse, l’impératrice, la duchesse de Parme, la mère aimante et la femme adultère. » Juliette Benzoni écrit de son côté que « le malheur de Marie-Louise aura toujours été de ne jamais avoir de volonté propre. »
A la décharge de Marie-Louise, il faut imaginer l’état d’esprit de cette jeune femme de 23 ans, quand à l’été 1814, elle devient la maîtresse de Neipperg.
Pendant la courte période de sa vie commune avec Napoléon, on ne peut pas dire qu’elle était amoureuse de lui, mais elle avait pour lui un réel attachement, elle lui a été fidèle et accomplissait sans rechigner le devoir conjugal et ce d’autant plus que, dès le départ, elle avait montré son « appétence » pour la « chose ».
Au moment où on met Neipperg sur son chemin, elle sort d’une période de tensions de deux ans et demi, marquée par les échecs militaires et l’effondrement de l’empire.
Metternich l’avait mise dans le lit de Napoléon pour des raisons politiques. Ces raisons n’existent plus, Napoléon, déchu, étant devenu le paria qu’on avait exilé à l’ile d’Elbe et on songeait à l’envoyer plus loin. Dès lors, pour son père comme pour son principal ministre, il n’est pas question d’envoyer auprès de Napoléon ni son épouse, ni son fils, qu’il s’agit de transformer en prince autrichien.
Quand Marie-Louise se rend à sa cure à Aix-les-Bains, elle sait qu’elle n’est pas prête de revoir son mari. Elle est jeune, elle est belle, elle n’a pas l’intention de se priver de ce plaisir qu’elle a découvert auprès de Napoléon. Elle est incontestablement « en manque ».
François II et Metternich n’ont pas mis Neipperg par hasard dans l’entourage de l’ex-impératrice. Ils ne pouvaient ignorer qu’elle ne pourrait bien longtemps rester chaste.
Neipperg a, à ce moment-là, 39 ans. C’est un homme mur, qui a eu quatre enfants de son premier mariage. Il a un long passé militaire et, bien que borgne depuis une blessure reçue sur un champ de bataille en 1794, il est décrit comme un homme séduisant et possédant un certain charme. S’il n’a pas la réputation d’un Casanova, il a d’emblée compris que la sensuelle Marie-Louise est en manque. Il faut enfin ajouter que Marie-Louise, déjà mariée à un homme bien plus âgé qu’elle, ne peut qu’être rassurée par la personnalité de Neipperg.
Certains ont aussi dit que c’est parce qu’elle avait appris la visite de Marie Walewska à l’ile d’Elbe et donc l’adultère de l’empereur avec celle-ci que, par vengeance, Marie-Louise aurait répondu aux avances de Neipperg.
Que ce soit au départ par vengeance ou parce que, en manque, Marie-Louise en avait envie, il faut reconnaitre que, d’emblée, le « général borgne » apportera satisfaction aux sens de Marie-Louise. Tombée amoureuse, elle oubliera ses velléités de rejoindre l’ile d’Elbe.
Cette « trahison » pèsera lourd dans le choix de Napoléon de fuir l’ile d’Elbe et dans sa folle tentative des Cent Jours. Loin de moi cependant de faire de Marie-Louise la responsable directe ou indirecte, ni de la désastreuse campagne de Russie (le mariage autrichien avait contribué à la rupture de l’alliance russe) ni de Waterloo.
J’ai donc de l’indulgence pour une femme que l’histoire avait séparée du mari qu’on lui avait imposé et qui ressentait le besoin d’un homme car très portée, dès sa défloration, sur la « chose ».
L’hypersexuelle que je suis ne peut donc que comprendre cette jeune femme.
Je sais aussi, par expérience, ce qui peut se passer quand on met sur le chemin d’une hypersexuelle un séducteur. On m’avait fait, « par hasard », croiser la route de Rachid, dans les conditions que j’ai racontées dans deux textes : « Philippe, le mari candauliste et Olga, l’épouse hypersexuelle (9) : Rachid solution ou prédateur ? » (Texte paru le 30 décembre 2016) et « Philippe, le mari candauliste et Olga, l’épouse hypersexuelle (10) : Rachid et Olga » (paru le 1er janvier 2017)
Si la liaison de Marie-Louise avec Neipperg est incontestablement un adultère, on avait mis Neipperg sur la route de Marie-Louise, comme on avait mis sur la mienne le beau mais dangereux Rachid. Je ne peux donc que comprendre l’ex-impératrice, qui, séparée de fait de son mari, n’avait pas fait vœux de chasteté !
C’est une autre histoire, mais on peut être bien plus sévère avec Marie-Louise au sujet de son comportement vis-à-vis de son fils, qu’elle a laissé à Vienne et dont elle ne s’est guère occupée, alors que peu à peu on le transformait en prince autrichien. A sa décharge, Marie-Louise a obéi à son père et c’était les pratiques des familles royales de l’époque. Dès la naissance du roi de Rome, en 1811, on avait d’ailleurs éloigné, sur instructions de Napoléon, l’Aiglon de sa mère. Ce n’est qu’au moment de la mort du Duc de Reichstadt que Marie-Louise a véritablement montré son attachement à son fils ainé.
En définitive, Marie-Louise, qui fut, comme sa grand-tante Marie-Antoinette, impopulaire en France, a, comme elle, subi des attaques virulentes et, comme dans le cas de l’infortunée épouse de Louis XVI, on peut parler d’une femme calomniée. Au moins n’a-t-elle pas subi le destin tragique de la reine !
Ce texte n’est pas une réhabilitation. J’ai juste souhaité présenter le personnage et nuancer le portrait à charge qu’on a souvent fait de Marie-Louise.
PRINCIPALES SOURCES
Outre le chapitre que lui consacre Juliette Benzoni dans son livre « Dans le lit des reines » (Perrin, 2011), intitulé « Marie-Louise et son général borgne », je citerai aussi la biographie écrite par Charles-Eloi Vial : « Marie-Louise (Editions Perrin 2017). Je renvoie, sur internet, à l’article de Wikipédia et aux liens suivants, en particulier sur le numéro que Secrets d’histoire lui a consacré :
• https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/chronologies/1810-le-mariage-de-napoleon-ier-et-marie-louise-dautriche/
• https://www.revuedesdeuxmondes.fr/marie-louise-dautriche-souveraine-savait-incarner-continuite-pouvoir/
• https://www.pressreader.com/france/secrets-d-histoire/20180208/281621010772877
Marie-Louise d’Autriche est la fille de l’empereur d’Autriche François (1768-1835), qui régna à partir de 1792 et fut l’adversaire constant de la France de la Révolution puis de Napoléon.
ENFANCE ET EDUCATION
Les mariages dynastiques étaient très consanguins chez les Habsbourg : fille aînée de François et de sa seconde épouse Marie-Thérèse de Bourbon-Naples, Marie-Louise est la petite-fille de Marie-Caroline d'Autriche, reine de Naples et de Sicile et la petite-nièce de la reine Marie-Antoinette de France.
Nous avons consacré à la malheureuse épouse de Louis XVI un texte qui avait fait polémique : « Histoire des libertines (38) : Marie-Antoinette, la reine calomniée ? », paru le 30 août 2019. Quant à la reine de Naples, Marie-Caroline, elle croisa la route de Lady Hamilton, avec qui elle eût probablement une liaison saphique (voir « Histoire des libertines (42) : Emma Hamilton, maîtresse de Nelson », paru le 2 octobre dernier).
Marie-Louise fait partie d’une grande famille de onze enfants, elle est la fille préférée de son père.
La jeune archiduchesse est éduquée de manière plutôt simple, elle se promène dans les rues de Vienne avec son père, et joue avec les enfants des domestiques, elle suit les préceptes de la religion catholique et l'éducation classique des princesses de son temps, ce qui doit l'inciter à devenir une femme de devoir, éduquée, capable de paraître en public mais docile.
Elle étudie les langues, en particulier le français, langue internationale de l’époque, et l’italien, autre langue maternelle de ses parents (l'empereur, son père, est né à Florence et l'impératrice sa mère à Naples) alors que son allemand reste plutôt médiocre. Le reste de sa formation prévoit des notions générales mais peu approfondies de littérature, de calcul, de géographie et d’histoire de la Maison d’Autriche et des principales dynasties d’Europe. La famille impériale, depuis la période de "La Grande" impératrice Marie-Thérèse, mène une vie privée « bourgeoise ». Elle apprécie que les archiduchesses se consacrent à des activités féminines. Marie-Louise aime le jardinage, la cuisine, la broderie et la musique : son instrument préféré est le piano.
L’enfance de Marie-Louise est marquée par les guerres de l’Autriche contre la France. Elle grandira dans la haine de « l’ogre corse », Napoléon, incarnation pour la maison d’Autriche de la Révolution, sinon du Diable ! De plus, « l’usurpateur Buonaparte » a sévèrement battu à plusieurs reprises les troupes autrichiennes et imposé à l’empereur François des traités humiliants.
UN MARIAGE POLITIQUE : LA GENISSE OFFERTE AU MINOTAURE
Le 20 décembre 1809, Napoléon Ier divorce de Joséphine de Beauharnais car elle ne lui donne pas d'enfant.
Après avoir sacrifié celle qu’il a tant aimée, Napoléon recherche « un ventre », c’est l’expression abominable qu’il emploiera.
Deux candidates arrivent en tête de liste : la grande-duchesse Anna Pavlovna Romanova, âgée de 14 ans, jeune sœur du tsar Alexandre Ier de Russie, et l'archiduchesse Marie-Louise. Vexé par le peu d’enthousiasme montré par la cour de Russie et convaincu par l'activité diplomatique de Metternich, qui a persuadé François II de donner sa fille à son ex-ennemi, Napoléon tranche en repoussant l’alliance russe. Ce sera la première étape qui conduira à la rupture de l’alliance conclue à Tilsitt en 1807 et donc à la désastreuse campagne de Russie
Ce mariage a aussi pour objectif d'apaiser les relations entre la France et l'Autriche, qui ont connu 18 ans de guerre. Les démarches sont entreprises par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Autriche à Paris Charles Philippe de Schwarzenberg et la demande officielle est faite à Vienne le 7 mars par le représentant de Napoléon, le maréchal Berthier. Marie-Louise, la mort dans l’âme, accepte alors de se « sacrifier pour le bonheur de l'État » bien qu'elle exècre « l’ogre corse ».
Le mariage est d'abord célébré par procuration, dans l'église des Augustins à Vienne, le 11 mars 1810, comme le veut la tradition de l'Ancien Régime et plus particulièrement celle appliquée pour le mariage de Marie-Antoinette d'Autriche.
Marie-Louise va d’ailleurs refaire le parcours de son illustre et infortunée grand-tante.
INITIATION SENSUELLE DE LA « NOUVELLE AUTRICHIENNE »
Des réceptions en son honneur ont lieu à Strasbourg et Nancy, la rencontre avec l'empereur étant prévue à Soissons le 28 mars. Impatient, l'empereur ne se contient pas et va à la rencontre du carrosse à Compiègne, où ils arrivent le 27 mars à 21h30. Marie-Louise est alors présentée à la cour.
Napoléon décide d'enfreindre le protocole : le soir même, il initie sa jeune épouse à ses devoirs conjugaux non sans avoir demandé à l'évêque de Nantes si le mariage par procuration à Vienne lui confère les droits du mari sur sa femme. Ayant reçu une réponse positive, il décide de s'unir avant même la cérémonie officielle à Paris.
Après avoir vérifié les intentions de la mariée, Napoléon charge sa sœur Caroline de rappeler brièvement à Marie-Louise le rôle de la femme durant cette nuit. Comme nous l’avons raconté dans « Histoire des libertines (45) : Caroline Murat, l’ambitieuse » (texte paru le 5 novembre 2019), la reine de Naples était particulièrement experte dans l’art de l’amour.
Les conseils de Caroline ont dû être efficaces, si l’on en croit les confidences que fit plus tard Napoléon au sujet de cette nuit d’amour et d’initiation : « Je suis allé vers elle et elle fit tout en riant. Elle a ri toute la nuit ». Le lendemain matin, béat, il glisse à son aide de camp Savary : « Mon cher, épousez une Allemande, ce sont les meilleures femmes du monde, douces, bonnes, naïves et fraîches comme des roses !
L’innocente archiduchesse révélera donc d’emblée toute sa sensualité : elle aime ça et va redonner une seconde jeunesse à l’empereur, au point que celui-ci prend goût à cette période de paix. Hélas il retombera dans la tentation de la guerre.
L’union civile est célébrée dans la Grande Galerie du château de Saint-Cloud en présence de la Cour et de la famille impériale. Le mariage religieux aura lieu quant à lui dans le salon carré du Louvre le 2 avril.
Marie-Louise ignore les tensions : 16 cardinaux refusent d’assister au mariage, le pape Pie VII n’ayant pas avalisé le divorce de l’empereur. Le mécontentement touche aussi la cour : les sœurs et belles-sœurs de Napoléon se refusent à porter la traîne de « l'Autrichienne », surnom de Marie-Louise comme autrefois on appelait Marie-Antoinette. L'impératrice ne sait pas qu'on parle d'elle de cette manière déjà dans tout Paris : les bonapartistes préfèrent Joséphine, les républicains la haïssent en sa qualité de nièce de la reine décapitée, les monarchistes ne pardonnent pas de donner avec ce mariage une sorte de légitimité à la famille Bonaparte. Marie-Louise est loin de se douter de l'animosité que son mariage a générée.
NAPOLEON AMOUREUX
Napoléon s'amourache rapidement de Marie-Louise, dont il admire la noblesse de la naissance et les vertus domestiques. Marie-Louise se révèle une épouse idéale pour l'empereur, elle a été formée à obéir dès son enfance, elle est dévote, affectueuse et ne s'ingère pas dans les affaires politiques. Enfin et surtout, elle « aime ça » et Napoléon adore quand, insatiable, elle ne cesse de lui dire « encore ! »
Les courtisans ne tardent pas à mépriser l'impératrice : Marie-Louise est très timide, n'a pas le charme et la désinvolture de l'impératrice Joséphine et, contrairement à cette dernière, elle préfère l'intimité de sa vie privée à la société parisienne. Femme du XIXème siècle alors que Joséphine est une femme du XVIIIème siècle, Marie-Louise se contente de jouer le rôle de première dame aux côtés de son mari, montrant l'attitude droite et docile apprise à la cour de Vienne.
La jeune impératrice entre rapidement en conflit avec le clan corse des Bonaparte qui, avant elle, avait manifesté la même haine envers Joséphine. Si la mère de Napoléon, Letizia se contente de lancer des regards méprisants à la jeune femme inexpérimentée, ses filles font en sorte de la ridiculiser auprès de la Cour.
La seule personne avec qui Marie-Louise a de bons rapports est Hortense de Beauharnais, reine de Hollande, une autre libertine (voir « Histoire des libertines (46) : la reine Hortense », texte paru le 12 novembre 2019). Quant à Joséphine, Marie-Louise la craint et ne souhaite pas la rencontrer.
En juillet 1810, trois mois après la première nuit passée à Compiègne, Marie-Louise écrit à son père qu'elle est enceinte. Si la grossesse ne présente pas de problèmes particuliers, des complications ont lieu lors de l'accouchement qui dure douze heures, dans la nuit du 19 au 20 mars 1811 : les vies de l'enfant et de la mère sont menacées. Le docteur Dubois demande alors à Napoléon qui sauver en cas de danger. Napoléon lui répond de sauver en priorité la mère. Il ne montre pas seulement de l’humanité, convaincu que sa jeune épouse pourra lui donner d’autres enfants, mais il montre les sentiments qu’il a désormais pour elle. Marie-Louise a beaucoup souffert et les médecins déconseillent d'autres grossesses. Elle aura pourtant d’autres enfants, mais pas de Napoléon.
La courte période où Marie-Louise partage la vie de l’empereur est marquée par les défaites qui s’enchainent de 1812 à 1814. Elle exercera à deux reprises la régence et se montrera loyale envers son époux.
Le matin du 25 janvier 1814, Napoléon fait ses adieux à son fils et sa femme en larmes, ils ne se reverront plus. Le 29 mars, Paris étant sur le point de tomber, Marie-Louise et son fils quittent Paris. Elle tente en vain de rejoindre Napoléon à Fontainebleau. Le 16 avril 1814, elle retombe sous la coupe de son père.
« LA TRAHISON » : MARIE-LOUISE L’ADULTERE
Au départ, Marie-Louise veut absolument rejoindre Napoléon à l’ile d’Elbe, l’empereur réclamant sa femme et son fils.
François accorde des vacances à Marie-Louise dans la ville thermale d'Aix-les-Bains ; elle est alors accompagnée par un général en qui son père a toute confiance, Adam Albert de Neipperg (1775-1829) Le but véritable de sa mission est de tout faire pour empêcher l'impératrice de rejoindre Napoléon. Neipperg, qui a parfaitement compris ce qu’on attend de lui, dit en partant : « Dans six semaines, je serai son meilleur ami et dans six mois son amant ».
Il ne faudra pas si longtemps. Vers la fin du mois d'août, la duchesse de Colorno, nouveau titre de Marie-Louise, aspire à retourner à Vienne pour discuter de son avenir et de celui de son fils. Napoléon lui écrit qu'il l'attend sur l'île d'Elbe en septembre, mais Marie-Louise n'a pas envie d'y aller, de plus elle ne saurait s'y rendre sans le consentement de son père. Pendant le voyage de retour par la Suisse, Marie-Louise exprime les sentiments d'amour qu'elle éprouve pour Neipperg et ils deviennent amants dans la nuit du 25 au 26 septembre.
Le 8 mars 1815, Marie-Louise est informée de la fuite de Napoléon de l'île d'Elbe : l'ex-impératrice est affligée par la crainte d'avoir à retourner en France. Les Alliés déclarent immédiatement la guerre à Napoléon et Marie-Louise espère une défaite de celui-ci. Son mari lui écrit qu'il l'attend pour avril et fait une demande en ce sens à François II, mais ni l'empereur ni sa fille ne sont prêts à accepter.
Après le Congrès de Vienne, la nouvelle duchesse de Parme part pour l'Italie le 7 mars 1816, laissant son jeune fils à Vienne.
Son bien-aimé et homme de confiance Neipperg se trouve à ses côtés. Marie-Louise ne s'occupe pas vraiment de politique : c'est Neipperg, qui gouverne le duché, obéissant aux directives de Metternich.
Devenue veuve par la mort de Napoléon, Marie-Louise peut légaliser sa relation avec Neipperg qu'elle épouse dès le 8 août 1821 par un mariage morganatique, le rang de son mari est inférieur au sien.
De son union avec Neipperg, sont nés quatre enfants, les deux premiers en 1817 et 1824, avant le mariage, alors que Marie-Louise est encore légalement mariée à Napoléon ! Ces naissances illégitimes auraient semble-t-il provoqué une vive colère de l’empereur François : chez les Habsbourg, ce sont des choses qui ne se font pas ! C’est pourtant lui et Metternich qui avaient mis Neipperg sur le chemin de Marie-Louise.
Marie-Louise aura la douleur de perdre Neipperg en 1829 et son fils « l’Aiglon », devenu Duc de Reichstadt, en 1832.
UNE VIE PRIVEE AGITEE
Selon les agents de Metternich, la duchesse de Parme agirait « trop librement dans sa vie privée ». Marie-Louise avait vraiment aimé et avait été aimée en retour par Neipperg. Après sa mort, la duchesse se console en s'entourant de nombreux amants.
En 1834, Marie-Louise et son ministre Charles-René de Bombelles (1785-1856), contractent un mariage morganatique secret. Ce remariage de deux personnes abordant la vieillesse n'aurait pas été dicté par l'amour mais par la commodité d'avoir un mari qui soit en même temps le premier homme de l'État.
LA LEGENDE NOIRE DE MARIE LOUISE DOIT ETRE NUANCEE
Nièce de Marie-Antoinette, Marie-Louise de Habsbourg a été victime des mêmes calomnies que sa tante. Croqueuse de diamants, comploteuse voire nymphomane : rien n’aura été épargné à celle qui succéda à Joséphine auprès de Napoléon Ier.
Les historiens de la fin du XIXème siècle, plutôt misogynes et germanophobes, ont constamment critiqué son rôle auprès de l’empereur et cru aux racontars qui faisaient d’elle une princesse immature et nymphomane. On se rend compte que les témoignages qui l’accablent à ce sujet sont rares, toujours postérieurs et souvent dus à des ennemis qu’elle avait pu se faire sous l’Empire ou encore à des personnages qui ne l’avaient jamais connue, comme Jules Lecomte, un plumitif en mal de lecteurs qui prétendit avoir été l’amant de Marie-Louise dans les années 1840.
Marie-Louise arrive en France à 18 ans pour être mariée à un homme qui a plus du double de son âge. Immature et inexpérimentée, elle n’a que quatre années pour se familiariser avec les rouages de la cour des Tuileries et les arcanes du gouvernement impérial. Même les pires détracteurs de Marie-Louise n’ont pu trouver contre elle le moindre écart de conduite entre 1810 et 1814, alors qu’à partir de juin 1812, l’empereur passe l’essentiel de son temps dans ses désastreuses campagnes militaires. Ils ne seront ensemble que de décembre 1812 à avril 1813, ainsi que de novembre 1813 à janvier 1814.
Si elle abandonne Napoléon à l’été 1814, après l’avoir soutenu malgré sa défaite, c’est aussi parce qu’il l’a trompée avec son « épouse polonaise », Marie Walewska.
Comme le dit son biographe Charles-Eloi Vial : « avec Marie-Louise, l’historien a parfois impression d’écrire la vie de deux, trois, quatre, voire cinq personnes différentes, entre l’archiduchesse, l’impératrice, la duchesse de Parme, la mère aimante et la femme adultère. » Juliette Benzoni écrit de son côté que « le malheur de Marie-Louise aura toujours été de ne jamais avoir de volonté propre. »
A la décharge de Marie-Louise, il faut imaginer l’état d’esprit de cette jeune femme de 23 ans, quand à l’été 1814, elle devient la maîtresse de Neipperg.
Pendant la courte période de sa vie commune avec Napoléon, on ne peut pas dire qu’elle était amoureuse de lui, mais elle avait pour lui un réel attachement, elle lui a été fidèle et accomplissait sans rechigner le devoir conjugal et ce d’autant plus que, dès le départ, elle avait montré son « appétence » pour la « chose ».
Au moment où on met Neipperg sur son chemin, elle sort d’une période de tensions de deux ans et demi, marquée par les échecs militaires et l’effondrement de l’empire.
Metternich l’avait mise dans le lit de Napoléon pour des raisons politiques. Ces raisons n’existent plus, Napoléon, déchu, étant devenu le paria qu’on avait exilé à l’ile d’Elbe et on songeait à l’envoyer plus loin. Dès lors, pour son père comme pour son principal ministre, il n’est pas question d’envoyer auprès de Napoléon ni son épouse, ni son fils, qu’il s’agit de transformer en prince autrichien.
Quand Marie-Louise se rend à sa cure à Aix-les-Bains, elle sait qu’elle n’est pas prête de revoir son mari. Elle est jeune, elle est belle, elle n’a pas l’intention de se priver de ce plaisir qu’elle a découvert auprès de Napoléon. Elle est incontestablement « en manque ».
François II et Metternich n’ont pas mis Neipperg par hasard dans l’entourage de l’ex-impératrice. Ils ne pouvaient ignorer qu’elle ne pourrait bien longtemps rester chaste.
Neipperg a, à ce moment-là, 39 ans. C’est un homme mur, qui a eu quatre enfants de son premier mariage. Il a un long passé militaire et, bien que borgne depuis une blessure reçue sur un champ de bataille en 1794, il est décrit comme un homme séduisant et possédant un certain charme. S’il n’a pas la réputation d’un Casanova, il a d’emblée compris que la sensuelle Marie-Louise est en manque. Il faut enfin ajouter que Marie-Louise, déjà mariée à un homme bien plus âgé qu’elle, ne peut qu’être rassurée par la personnalité de Neipperg.
Certains ont aussi dit que c’est parce qu’elle avait appris la visite de Marie Walewska à l’ile d’Elbe et donc l’adultère de l’empereur avec celle-ci que, par vengeance, Marie-Louise aurait répondu aux avances de Neipperg.
Que ce soit au départ par vengeance ou parce que, en manque, Marie-Louise en avait envie, il faut reconnaitre que, d’emblée, le « général borgne » apportera satisfaction aux sens de Marie-Louise. Tombée amoureuse, elle oubliera ses velléités de rejoindre l’ile d’Elbe.
Cette « trahison » pèsera lourd dans le choix de Napoléon de fuir l’ile d’Elbe et dans sa folle tentative des Cent Jours. Loin de moi cependant de faire de Marie-Louise la responsable directe ou indirecte, ni de la désastreuse campagne de Russie (le mariage autrichien avait contribué à la rupture de l’alliance russe) ni de Waterloo.
J’ai donc de l’indulgence pour une femme que l’histoire avait séparée du mari qu’on lui avait imposé et qui ressentait le besoin d’un homme car très portée, dès sa défloration, sur la « chose ».
L’hypersexuelle que je suis ne peut donc que comprendre cette jeune femme.
Je sais aussi, par expérience, ce qui peut se passer quand on met sur le chemin d’une hypersexuelle un séducteur. On m’avait fait, « par hasard », croiser la route de Rachid, dans les conditions que j’ai racontées dans deux textes : « Philippe, le mari candauliste et Olga, l’épouse hypersexuelle (9) : Rachid solution ou prédateur ? » (Texte paru le 30 décembre 2016) et « Philippe, le mari candauliste et Olga, l’épouse hypersexuelle (10) : Rachid et Olga » (paru le 1er janvier 2017)
Si la liaison de Marie-Louise avec Neipperg est incontestablement un adultère, on avait mis Neipperg sur la route de Marie-Louise, comme on avait mis sur la mienne le beau mais dangereux Rachid. Je ne peux donc que comprendre l’ex-impératrice, qui, séparée de fait de son mari, n’avait pas fait vœux de chasteté !
C’est une autre histoire, mais on peut être bien plus sévère avec Marie-Louise au sujet de son comportement vis-à-vis de son fils, qu’elle a laissé à Vienne et dont elle ne s’est guère occupée, alors que peu à peu on le transformait en prince autrichien. A sa décharge, Marie-Louise a obéi à son père et c’était les pratiques des familles royales de l’époque. Dès la naissance du roi de Rome, en 1811, on avait d’ailleurs éloigné, sur instructions de Napoléon, l’Aiglon de sa mère. Ce n’est qu’au moment de la mort du Duc de Reichstadt que Marie-Louise a véritablement montré son attachement à son fils ainé.
En définitive, Marie-Louise, qui fut, comme sa grand-tante Marie-Antoinette, impopulaire en France, a, comme elle, subi des attaques virulentes et, comme dans le cas de l’infortunée épouse de Louis XVI, on peut parler d’une femme calomniée. Au moins n’a-t-elle pas subi le destin tragique de la reine !
Ce texte n’est pas une réhabilitation. J’ai juste souhaité présenter le personnage et nuancer le portrait à charge qu’on a souvent fait de Marie-Louise.
PRINCIPALES SOURCES
Outre le chapitre que lui consacre Juliette Benzoni dans son livre « Dans le lit des reines » (Perrin, 2011), intitulé « Marie-Louise et son général borgne », je citerai aussi la biographie écrite par Charles-Eloi Vial : « Marie-Louise (Editions Perrin 2017). Je renvoie, sur internet, à l’article de Wikipédia et aux liens suivants, en particulier sur le numéro que Secrets d’histoire lui a consacré :
• https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/chronologies/1810-le-mariage-de-napoleon-ier-et-marie-louise-dautriche/
• https://www.revuedesdeuxmondes.fr/marie-louise-dautriche-souveraine-savait-incarner-continuite-pouvoir/
• https://www.pressreader.com/france/secrets-d-histoire/20180208/281621010772877
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