Histoire des libertines (48) : Germaine de Staël et Juliette Récamier

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Récit libertin : Histoire des libertines (48) : Germaine de Staël et Juliette Récamier Histoire érotique Publiée sur HDS le 03-12-2019 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (48) : Germaine de Staël et Juliette Récamier
Avec Germaine de Staël (1766-1817) et Juliette Récamier (1777-1849), nous terminons la série consacrée aux grandes libertines de la période de la Révolution et de l’empire.

Je vais parler du parcours de chacune, avant d’expliquer pourquoi je les ai réunies sous le même texte, parce qu’elles auraient entretenu une liaison saphique, mais aussi parce qu’elles furent aimées par le même homme, le philosophe Benjamin Constant.

Germaine de Staël est restée dans l’histoire comme une intellectuelle, une femme de lettres qui fit trembler Napoléon. Juliette Récamier fut, avec Joséphine de Beauharnais et Mme Tallien, l’une des « trois grâces » du Directoire et la reine des salons parisiens. Comme c’est la règle dans cette série, c’est à la vie sentimentale de ces deux femmes que nous allons nous intéresser.

Germaine, pourtant jugée peu jolie, collectionnait les amants. Alors que Juliette, considérée comme la plus jolie femme de son temps, était entourée de soupirants et n’a apporté satisfaction qu’à très peu d’hommes. Différentes et semblables, amies intimes, elles méritaient d’être au centre d’un récit consacré à ces deux femmes d’exception.

Chapitre Ier : GERMAINE DE STAEL, LA FILLE DE NECKER
Fille de Jacques Necker, banquier genevois et ministre de Louis XVI, Germaine est élevée dans un milieu de gens de lettres, qui fréquentent assidûment le salon de sa mère.

Le prestige de son père lui ouvre les portes de ce que l'Europe compte à la fois d'aristocrates et d'intellectuels éclairés. Ses parents ne veulent pas d'un gendre catholique, mais il y a fort peu de protestants dans la noblesse française, et les amis suisses qu'ils fréquentent sont tenus pour trop provinciaux. Elle rejette inlassablement ses nombreux prétendants : Axel de Fersen, amant de la reine Marie-Antoinette (voir « Histoire des libertines (38) : Marie-Antoinette, la reine calomniée ? » paru le 30 août 2019), Georges-Auguste de Mecklembourg, Louis Marie de Narbonne-Lara, fils naturel de Louis XV, qui sera un de ses amants par la suite, et même William Pitt, qui sont parmi les plus connus de ses prétendants.

UN MARIAGE MALHEUREUX, UNE EPOUSE INFIDELE
A vingt ans, obéissant au projet de ses parents, elle se marie en 1786 avec le baron Erik Magnus de Staël-Holstein (1749-1802). Le couple aura 5 enfants. On attribue la paternité du 3ème enfant, Louis-Auguste, né en 1790, ainsi que du 4ème, né en 1792 au comte de Narbonne, comme on dira qu’Albertine, née en 1798, était la fille de Benjamin Constant.

Ce mariage arrangé n'est pas un mariage d'amour, pas même un mariage heureux, et la jeune femme cherche ailleurs un bonheur qu'elle n'a pas. Sa vie entière est d'ailleurs une quête perpétuelle d'un bonheur, qu'elle ne trouve guère.

Son mari fut ambassadeur de Suède à Paris de 1785 à 1793, poste qu’il occupera encore en 1795-1796, puis de nouveau de 1798 à 1799.

Mme l’ambassadrice tient, comme sa mère avant elle, un salon à l’hôtel de Suède, où se bousculent des personnalités favorables aux idées nouvelles comme Lafayette, Noailles, Clermont-Tonnerre, Condorcet, François de Pange.

NARBONNE, SON PREMIER AMANT
Louis Marie de Narbonne-Lara (1755-1813), qui sera brièvement ministre de la guerre de Louis XVI, sera le premier amant de Germaine. Narbonne sera sa première grande passion et, probablement le père de deux de ses enfants.

On a dit aussi que, pendant cette période, Germaine fut « très proche » de Mathieu de Montmorency-Laval (1766-1826), Député à la Constituante, mais aussi de Talleyrand.

PREMIER EXIL ET LES SALONS DU DIRECTOIRE
Après la rupture avec Narbonne, elle se console dans les bras du comte suédois Adolph Ribbing (1765-1843).

En 1793, Germaine fuit en Angleterre, puis en Suisse, où elle s’éprend de François de Pange (1764-1796), homme de lettres. Celui-ci va la décevoir : ayant appris que sa cousine Anne-Louise de Domangeville avait échappé de peu à la guillotine et avait été libérée après la chute de Robespierre, il retourne en France et l'épouse, au grand dam de Germaine. Lorsqu’il meurt, quelques mois plus tard, Anne-Louise de Domangeville se résout, pour faire face à ses créanciers, à convoler pour la troisième fois, suscitant les remarques amères de Germaine de Staël.

Revenue à son tour en France, Germaine publie, en septembre, des « Réflexions sur le procès de la Reine », plaidoyer en faveur de Marie-Antoinette à l'adresse des autres femmes, où elle dénonce les misères de la condition féminine.

Germaine est fascinée par le jeune général Bonaparte, mais celui-ci répond par une grande froideur à ses avances. Or, elle obtient le résultat inverse : elle en éprouve un grand ressentiment qui tourne vite à l'hostilité.

Le 3 janvier 1798, Talleyrand lui ménage une entrevue avec Bonaparte. Elle le rencontre plusieurs fois par la suite. Impressionnée, elle l'assaille de questions : «Général, quelle est pour vous la première des femmes ? — Celle qui fait le plus d'enfants, Madame » lui aurait-il répondu. C'est le début d'une longue animosité.

OPPOSANTE
Sous le consulat, Mme de Staël devient l'une des pierres angulaires de la résistance contre le régime de plus en plus dictatorial de Bonaparte. Plutôt que de se réfugier dans le silence, elle publie des romans qui lui valent une grande célébrité, mais ne tardent pas à lui valoir un exil – de Paris d'abord, puis de France et ce jusqu’à la chute de l’empire.

La publication de « Delphine », en 1802, déplait vivement à Bonaparte. Ce roman dénonce ouvertement la régression à tous points de vue de la condition féminine, malgré la Révolution, les malheurs auxquels leur position dans la famille patriarcale condamne les femmes.

UNE LIAISON ORAGEUSE AVEC BENJAMIN CONSTANT
De la cohorte des amants de Madame de Staël, qu’ils soient réels, supposés ou simple soupirants, l’un d’entre eux se distingue tout particulièrement avec le recul du temps. Il s’agit bien sûr de Benjamin Constant (1767-1830), le fondateur de la pensée libéral. Le destin de ces deux personnages est si entremêlé, sur le plan intime comme dans la réflexion, que ce couple est devenu l’un des plus célèbres de l’histoire littéraire.

La rencontre avec Benjamin Constant fut le début d'une passion qui, dans les orages et les larmes, allait traîner quatorze ans. « Dès le début, tout de suite, une figure imposée, reprise indéfiniment, tour à tour par les deux protagonistes, domine le ballet dansé par les amants : c'est le suicide ou plutôt le chantage au suicide… »
Très vite, des liaisons, sinon extraconjugales, du moins extérieures, se multiplient de part et d'autre.

Constant et Madame de Staël se détestèrent aussitôt au moins autant qu'ils se fascinèrent. Leur amour romantique prit la forme d'une longue rupture. Vaudois et protestant comme elle, il aime vivre seulement à Paris. Il ne parvient à se fixer ni auprès d'elle ni ailleurs. Cette liaison, longue et orageuse, est l'une des plus surprenantes qu’ait laissée l'histoire du monde littéraire. Ensemble, ils entreprennent, de fin 1803 au printemps 1804, un voyage en Allemagne qui sera décisif pour l’œuvre littéraire de Mme de Staël.

Mais la volonté de tout régenter de Madame de Staël, et les tromperies de Benjamin Constant, font qu'ils se séparent, après une demande en mariage que Madame de Staël refuse.

Benjamin Constant s'éprend de Juliette Récamier, dans une passion malheureuse. Son ancienne amante écrit de lui qu’il est un « un homme qui n'aime que l'impossible ».

AMANTE, EPOUSE ET MERE A 45 ANS !

Germaine est une femme de tempérament. Elle a une ultime liaison avec le jeune colonel Albert de Rocca (1788-1817). Rocca rencontre au printemps 1811 Germaine de Staël, qui, exilée de Paris par Napoléon, réside dans son château de Coppet. Après avoir échangé avec lui une promesse de mariage en mai 1811, Madame de Staël met secrètement au monde, le 7 avril 1812, un fils baptisé Louis-Alphonse Rocca. Elle a alors près de 46 ans et cela est tout à fait exceptionnel à cette époque.

De retour à Paris après la chute de l’empire, elle reprend ses salons. Dépendante à l’opium, sa santé se dégrade rapidement et elle meurt le 14 juillet 1817.

UNE SEDUCTRICE
Les premiers adjectifs qui viennent en tête pour qualifier Germaine de Staël sont : ambitieuse, capricieuse, orgueilleuse, tyrannique, précieuse, bavarde, fatigante, mais aussi charismatique, brillante, passionnée, attachante, volontaire et, contre toute attente, fidèle. Fidèle à elle-même, fidèle en amitié, et même fidèle en amour. Bien que ses amants furent multiples, elle les a tous aimés, parfois même plusieurs en même temps.

Germaine de Staël est en amour comme elle est en tout, excessive ! Elle cherche « un homme fort qu’elle puisse dominer, problème insoluble qui la tourmentera jusqu’à la fin de sa vie. » (« L’esprit de liberté », sous la direction de Léonard Burnand, Perrin, 2017).

Parmi ses amants, on cite aussi Prosper de Barante (1782-1866) écrivain et homme politique, et, dom Pedro de Souza, un diplomate portugais, le comte autrichien Maurice O’Donnel (1780-1843). Bref, Germaine avait du tempérament, capable de séduire des hommes bien plus jeunes qu’elle.

Germaine n‘était pas belle, elle manquait de grâce et d’élégance et, pourtant, elle ne cessa de séduire de jeunes hommes intelligents, beaux parfois comme des Adonis. Avec les années, elle devint même laide mais son dernier amour Roca, beau cavalier, avait 22 ans de moins qu’elle.


Chapitre II : JULIETTE RECAMIER, UNE DES REINES DU DIRECTOIRE
Juliette Récamier, de dix ans plus jeune que Germaine de Staël, fut elle aussi une femme de lettres, dont le salon parisien réunit, à partir du Directoire et jusqu'à la monarchie de Juillet, les plus grandes célébrités du monde politique, littéraire et artistique. Elle est la fille d’un notable, Jean Bernard.

Juliette Récamier - la plus belle femme de son temps aux dires de ses contemporains - a connu très jeune une renommée universelle.

Célèbre dès l'époque du Directoire, elle devait jouer jusqu'à sa mort en 1849 un rôle social et culturel considérable. A une beauté exceptionnelle, elle alliait bonté, esprit, finesse et bienveillance, le sens de l'équilibre, une solide culture, du courage et une rare capacité de dévouement. Il convient d'ajouter un art de la séduction comme il n'en est pas d'autre exemple.

D'une « coquetterie poussée jusqu'au génie », mais ne se donnant jamais ou rarement, elle fut toute sa vie entourée de soupirants éperdus.

UN MARIAGE DE COMPLAISANCE
En 1793, à 15 ans et en pleine Terreur, elle est mariée dans la capitale à un ami de ses parents, Jacques-Rose Récamier (1751-1830), riche banquier d'origine lyonnaise. Elle noue avec Jacques Récamier une relation affectueuse et platonique.

Le mariage de Juliette et de Récamier ne fut jamais consommé et Récamier fut un mari complaisant. Mais au moment où Juliette lui demande de divorcer afin qu'elle puisse épouser le Prince de Prusse, il refusera.

UNE REINE DES SALONS
À partir de 1797, Juliette Récamier commence sa vie mondaine, tenant un salon qui devient bientôt le rendez-vous d'une société choisie. La beauté et le charme de l'hôtesse, l'une des « Trois Grâces » du Directoire, avec Joséphine de Beauharnais et Madame Tallien, lui suscitent une foule d'admirateurs.

Elle est l'une des premières à se meubler en style « étrusque » et à s'habiller « à la grecque ». L'influence de Madame Récamier est notable dans la diffusion du goût pour l'Antique qui allait prévaloir sous l'Empire.

ADVERSAIRE DE NAPOLEON
Après le 18 Brumaire, le nouveau pouvoir ne tarde pas à prendre ombrage de la position mondaine et sociale de Mme Récamier. Amie de Madame de Staël, Mme Récamier devient une figure clé de l'opposition au régime de Napoléon. Les réceptions de son salon, qui joue un rôle non négligeable dans la vie politique et intellectuelle de l'époque, sont interdites par un ordre officieux de Bonaparte. Madame de Staël, les deux cousins Adrien de Montmorency et Mathieu de Montmorency, tous trois proches de Juliette et assidus de son salon, sont exilés de Paris. Quand Napoléon devient empereur, Juliette refuse à quatre reprises une place de dame d'honneur à la cour.

Défavorable à Napoléon, Madame Récamier ne tarde pas à subir le même sort que Germaine de Staël, et elle a l'obligation de s'éloigner de Paris par ordre de la police impériale.

SON GRAND AMOUR, AUGUSTE DE PRUSSE
Juliette connait une histoire grande d'amour puis une rupture avec le prince Auguste de Prusse (1779-1843), neveu du Grand Frédéric, rencontré lors d'un séjour au château de Coppet, près de Genève, chez Madame de Staël.

Le Prince Auguste est alors âgé de 28 ans et un sentiment très vif nait entre eux deux, au point qu’ils échangent une promesse écrite de mariage et que Juliette rédige une lettre à son mari, lui demandant de consentir à leur divorce et à la rupture de liens « que la religion catholique elle-même proclame nuls ».

La réponse de Jacques Récamier est un refus exprimé sur un ton très paternel. En proie à une grande confusion de sentiments, Juliette Récamier rentre à Paris, tente de se suicider puis rompt définitivement en 1808 ses éphémères « fiançailles » avec le prince, déclarant ne pas vouloir abandonner son mari qui venait de faire faillite mais lui avait donné une situation brillante et fortunée. La rupture avec Juliette Récamier ne met pas fin à leur relation poursuivie par échanges épistolaires jusqu'à la mort du Prince Auguste et ponctuée de quelques rencontres. Malgré une vie sentimentale agitée, le Prince Auguste garde jusqu’à la fin de sa vie un sentiment vif pour sa belle amie.

SALON LITTERRAIRE
De retour à Paris le 1er juin 1814 après un exil de près de trois années, elle retrouve tous ses anciens amis, bannis comme elle, ainsi que Benjamin Constant, ex-amant de Madame de Staël. Juliette reprend ses réunions mondaines. Les nouveaux vainqueurs seront les assidus de son célèbre salon et l'on verra Metternich la courtiser tout comme Wellington, Pozzo di Borgo, Talma ou Bernadotte.

Pendant plus de vingt années, ses réceptions rassemblent autour d'elle, accompagnée de Chateaubriand qui les préside souvent, les esprits les plus brillants de l'époque.

A partir de 1817, la vie de Juliette va prendre un tournant décisif.

Germaine de Staël est morte le 14 juillet; à son chevet, aux derniers jours de sa vie, Juliette a rencontré l'homme qui va, dorénavant, prendre le pas sur tous les autres, absorber totalement sa vie, le seul homme qu'elle ait aimé : Chateaubriand.

Peu de temps après, la ruine définitive de Récamier va obliger le ménage à des mesures restrictives du train de vie. Il vivra dans un modeste appartement avec le père de Juliette, elle ira chez les religieuses de l'Abbaye-aux-Bois et ne partagera plus que les repas avec son mari. Dans ce nouveau et modeste salon, elle va réunir toute la fine fleur de la littérature et l'Abbaye, plus encore que les salons dorés d'antan, va devenir bientôt le salon le plus célèbre, l'antichambre de l'Académie. Chateaubriand, le plus grand écrivain de son temps mais aussi l'être le plus insupportable, égoïste, tyrannique, sensuel, va trahir et décevoir Juliette au point qu'elle mettra, pour 18 mois, entre eux, la distance de la France à l'Italie.

Mais on pardonne toujours à ceux qu'on aime et revenue à Paris elle a pardonné à son « grand homme». Devenu le Dieu tout puissant de l'Abbaye c'est là qu'il réalisera sa grande œuvre: les Mémoires, devenus d'Outre-Tombe. La vieillesse installée entre eux verra l'un, devenu paralysé, partager le sort de l'autre, devenue aveugle. Il s'éteindra le 4 juillet 1848, elle lui survivra 10 mois, emportée par le choléra le 11 mai 1849.

JULIETTE ET L’ART DE LA SEDUCTION
Gâtée par un mari admiratif, Juliette va profiter d'une liberté digne des femmes les plus modernes d'aujourd'hui. Coquette née, elle trouvera une véritable jouissance à se faire courtiser : ses amoureux, platoniques et passionnés, viendront de tous les milieux pourvu qu'ils soient hommes en vue. Ses relations auront également l'avantage de servir les affaires d'un mari banquier qui doit savoir ménager tous les partis.

Le premier de ces fous d'amour sera le propre frère du Consul : Lucien Bonaparte, mais aussi Eugène de Beauharnais, le général Moreau, Masséna, Bernadotte, Prosper de Barante, Benjamin Constant, Pierre-Simon Ballanche, Jean-Jacques Ampère…etc… Ils partageront cet honneur avec des royalistes bon teint tels qu'Adrien et Mathieu de Montmorency
Certains, comme le prince Auguste de Prusse et bien sûr François-René de Chateaubriand surent la troubler durablement. Le second forme avec elle un couple quasi mythique, pilier de la vie littéraire du XIXe siècle.

CHAPITRE III : GERMAINE ET JULIETTE, PLUS QU’AMIES ?

Germaine et Juliette ont en commun un mari plus âgé, qu’elles respectent mais pour qui elles n’éprouvent aucun sentiment. Leurs vrais points communs sont les salons et l’opposition à Napoléon, qui leur vaudra l’exil. Elles sont des intellectuelles, des femmes de lettres.

Elles sont précurseur du féminisme et affichent une vie libre, alors qu’elles sont unies à des maris complaisants. Elles sont l’une et l’autre des séductrices. Elles furent aimées, l’une et l’autre, par Benjamin Constant.

Bien des choses les différencient cependant. Juliette est réputée pour être la plus belle femme de son temps, alors que Germaine, qui collectionne pourtant les amants, n’est pas belle.

Il est impossible de dénombrer les amants de Germaine l’hypersexuelle, alors que Juliette était plutôt du genre « allumeuse », faisant souffrir ses soupirants, parce qu’elle ne répondait pas à leurs avances. Juliette, qui fut tant courtisée, a la réputation d’un bourreau du cœur de ses nombreux soupirants. On ne lui connait que deux grands amour, Auguste de Prusse et Chateaubriand.

On a expliqué l’attitude de Juliette, qui repoussa nombre de prétendants par son « amitié » particulière pour Germaine de Staël, amitié, nous dit le duc de Castries, qui « frôlait l'amour ». Se contenta-t-il de frôler ? Les lettres de Germaine pourraient faire croire le contraire.

Dans « Le lesbianisme ou l’amour entre femmes dans l’histoire », Marie Gasc écrit (voir lien ci-dessous) : « Le lesbianisme connaît une heure de gloire avec les amitiés romantiques, mais faut pas nous prendre pour des crétins, il y avait bien de l’amour et du sexe lesbien dans ses amitiés romantiques. On peut notamment évoquer l’histoire entre Mme de Staël et Juliette Récamier au XVIIIe siècle »
Elle considère donc comme acquis le fait que Juliette et Germaine étaient bisexuelles et que la belle Juliette succomba elle aussi au charme bien particulier de la fille de Necker. C’est aussi le point de vue de Julien Arbois dans son ouvrage « Dans le lit de nos ancêtres » (City éditions, 2016).

Pour ma part, j’éprouve une certaine fascination pour ces deux plus célèbres intellectuelles du début du XIXème siècle. Elles sont aussi, avant l’heure, des féministes, qui réclament leur liberté sentimentale et sexuelle. Elles ont été, surtout Germaine, adultères, mais avaient l’une et l’autre un mari complaisant, la seule limite, correspondant aux mœurs du temps, était de maintenir vaille que vaille les liens du mariage.

Il faut reconnaitre aussi, qu’à leur manière, Germaine et Juliette ont fait souffrir beaucoup d’hommes, ce qu’on peut leur reprocher.

Que ces deux amies aient pu pousser loin leur intimité n’est pas surprenant. La probabilité de cette hypothèse impliquait, à elle seule, que l’on parle d’elles dans un seul et unique texte.

PRINCIPALES SOURCESOutre les articles de Wikipédia, je renvoie aux références et liens suivants :
1. Sur Germaine de Staël :• http://www.stael.org/qui-est-germaine-de-stael/
• https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/biographies/stael-germaine-de-necker-baronne-de-stael-holstein-anna-louise-germaine-1766-1817-ecrivain-et-femme-politique/
• https://www.actualitte.com/article/livres/tel-est-mon-caractere-telle-est-ma-nature-germaine-de-stael/83662
2. Sur Juliette Récamier :
• « Juliette Récamier, l’art de la séduction » de Catherine Decours (Perrin, 2013)

• https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/biographies/recamier-juliette-1777-1849-femme-de-lettres/
3. Juliette et Germaine furent-elles amantes ?

• http://www.racontemoilhistoire.com/2017/04/lesbianisme/

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