Histoire des libertines (69) : Femmes libres d’Hollywood (5) : Greta Garbo, la divine

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Récit libertin : Histoire des libertines (69) : Femmes libres d’Hollywood (5) : Greta Garbo, la divine Histoire érotique Publiée sur HDS le 03-11-2020 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (69) : Femmes libres d’Hollywood (5) : Greta Garbo, la divine
Il est logique de parler de Greta Garbo (1905-1990) après avoir parlé de Marlène Dietrich. Les deux stars furent rivales à Hollywood, mais aussi, étant toutes deux bisexuelles, on a dit qu’elles furent amantes !

D’origine suédoise, l’actrice sera, comme Dietrich, naturalisée américaine.

ORIGINES MODESTES
Greta Lovisa Gustafsson naît dans un quartier ouvrier de Stockholm, d’un père ouvrier et d’une mère couturière. Elle quitte l'école en 1920 pour des raisons financières et devient savonneuse chez un barbier, puis vendeuse dans un grand magasin. Elle pose alors comme modèle pour le catalogue de ce magasin et joue dans des films publicitaires, produits par ce grand magasin, jusqu'à sa démission, « pour faire des films » et son inscription au Conservatoire royal d'Art dramatique de Suède. Elle fait à cette occasion la rencontre du réalisateur suédois Mauritz Stiller (1883-1928), à la recherche de jeunes comédiennes pour son prochain film et qui devient son mentor.

ELLE DEVIENT GRETA GARBO ET UN MYTHE
Stiller sera son mentor, et pas seulement sur le plan professionnel, bien que ce réalisateur était homosexuel. En 1923, il lui trouve son nom de scène : Greta Garbo, « Garbo » voulant dire en espagnol « la classe, l'élégance ».

Elle multiplie les rôles au théâtre et tourne avec Stiller « la Légende de Gösta Berling », qui sort en 1924.

Elle est alors repérée par le réalisateur autrichien Georg Wilhelm Pabst (1885-1967) qui l'emploie dans la Rue sans joie en 1925, tourné à Berlin. Grâce à son mentor qui négocie son propre contrat hollywoodien en mettant l'engagement de Garbo dans la balance, l'actrice est employée par la Metro-Goldwyn-Mayer cette même année.

L’ACTRICE LA MIEUX PAYEE D’AMERIQUE
Le départ de Greta Garbo pour Hollywood va donner naissance à l'un des plus grands mythes cinématographiques, lié au jeu particulier de l'actrice, à son alchimie puissante avec ses partenaires, à sa personnalité énigmatique aux mille facettes et à ses exigences sans cesse renouvelées vis-à-vis des studios.

Lorsque Garbo arrive à Hollywood, Elle n'a rien d'une femme fatale. Arnold Genthe (1862-1942), un photographe de Vanity Fair, décèle son important potentiel. Elle suit un régime amaigrissant et modifie son apparence : cheveux coupés, lissés, front dégagé, sourcils redessinés, regard mis en valeur.

Ses premières apparitions dans des films muets la propulsent en haut de l'affiche. Le renouvellement de son contrat aboutit à ce qu'elle devienne l'actrice la mieux payée d'Amérique (250.000 $ par film).
Sa carrière, contrairement à celle de beaucoup d'autres, ne s'arrête pas avec la fin du cinéma muet. Greta Garbo a été l'une des rares stars hollywoodiennes à franchir le cap du cinéma parlant. C'est dans Anna Christie, en 1930, que le public entend pour la première fois sa voix grave et sensuelle, teintée d'un léger accent suédois.

Si Greta Garbo tourne beaucoup de mélodrames comme « Anna Karénine » en 1927 (puis en 1935), elle passe aussi avec succès le cap du cinéma parlant la même année avec « Anna Christie », s'essaie aussi au film d'espionnage avec la « Belle Ténébreuse » en 1928 ou « Mata Hari » en 1931, au film historique avec la « Reine Christine » en 1933 ou « Marie Walewska » en 1937, ou encore à la comédie avec Ninotchka en 1939
Son apparition dans « Mata Hari », en 1931, la consacre séductrice, la censure s'offusque même du costume suggestif qu'elle porte sur l'affiche.

Devant le succès grandissant de la star, la Paramount, studio concurrent, se met en tête de trouver « sa » Garbo : ce sera Marlène Dietrich.

RETRAIT ET ENGAGEMENT
Après l'échec relatif de son dernier film, « La Femme aux deux visages » (Two Faced Woman) en 1941, Garbo met définitivement un terme à sa carrière, au faîte de sa gloire.

Greta Garbo a fait partie des acteurs qui ont travaillé pour l'OSS, les services secrets des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale avant la création de la CIA, comme Cary Grant et Marlène Dietrich, chargés d'espionner les acteurs pro-nazis.

Greta Garbo a permis de sauver l'un de ses amis, Niels Bohr. Le physicien, persécuté en Europe pendant la guerre par les nazis parce que Juif, se réfugie en Suède par le statut de réfugié politique que lui assure le roi de Suède Gustave V suite à l'intervention de Greta Garbo, amie du roi. Niels Bohr quitte ensuite la Suède vers les États-Unis encore grâce à Greta Garbo. Niels Bohr aura ainsi l'occasion de participer au projet Manhattan, qui aboutira à la bombe atomique.

Greta Garbo intervient aussi auprès du roi, pour aider plus de 8 000 Juifs du Danemark à se réfugier en Suède. 95 % de la population juive du Danemark a été ainsi sauvée grâce à elle.

Elle prend la citoyenneté américaine en 1951. Elle achète un appartement à New York dans les années 1950 où elle vit jusqu'à la fin de ses jours, évitant autant que possible les médias. Séparée du monde hollywoodien, elle refusera catégoriquement de paraître en public.

BISEXUELLE, ELLE PREFERAIT LES FEMMES
Comparée à sa rivale, la sublime et sufureuse Marlène Dietrich, la vie privée de Garbo apparait bien sage.

Greta Garbo ne s'est jamais mariée. Elle a gardé sa vie privée hors des feux de la rampe. « I want to be alone » (« Je veux être seule »), l'une de ses tirades les plus célèbres à l'écran, dans Grand Hotel, lui a été faussement attribuée à la ville. Garbo rectifia cependant après le film, arguant qu'elle n'avait jamais dit qu'elle voulait être seule, mais qu'elle voulait qu'on la laisse tranquille (« I never said, 'I want to be alone.' I only said, 'I want to be let alone.' There is all the difference. »).

Greta Garbo était bisexuelle, et s'est engagée dans de notables relations amoureuses avec des hommes et des femmes.

Comme pour Dietrich, l'androgynie de Garbo est mise en avant de nombre de ses films. Rouben Mamoulian, qui tourne le film La Reine Christine avec Greta Garbo en 1933, vient de réaliser avec Dietrich « Le Cantique des cantiques ». Le producteur Irving Thalberg demande même à la scénariste Salka Viertel de ne pas gommer les relations saphiques entre la reine et sa domestique Ebba Sparre. Vêtue en homme, Christine embrasse à pleine bouche sa suivante Ebba, révélant ainsi d'un coup la bisexualité de la reine. Et Garbo, comme la reine Christine, était bisexuelle. De même que Dietrich, avec ses nombreux amants, incarnait parfaitement la tsarine Catherine II, Garbo incarnait bien Christine de Suède, dont j’ai parlée dans cette série de textes historiques (voir « Histoire des libertines (26) : Christine de Suède, la reine bisexuelle. », texte paru le 18 mars 2019)
Greta Garbo entretient une relation étroite avec l'actrice suédoise Mimi Pollak (1903-1999) : après le départ de Greta Garbo à Hollywood en 1922, leur échange épistolaire dure 60 ans. À la naissance du fils de Mimi Pollak dans les années 1930, elle expédie à celle-ci ce télégramme : « Incredibly proud to be a father » (« Incroyablement fière d'être père »).

La publication à Stockholm pour le centenaire de la naissance de la star, des lettres de Garbo à sa copine de toujours, l'actrice suédoise Mimi Pollack, atteste qu'elle était bien liée à celle-ci par une histoire d'amour.

Une autre de ses maîtresses fut Mercedes de Acosta (1893 - 1968), qui était une poétesse et artiste hispano-américaine. Elle devient vite connue dans le milieu hollywoodien pour ses relations lesbiennes.

Son histoire la plus connue, et la plus intense, fut avec Greta Garbo qu'elle rencontra en 1931. Leur séparation en 1944 fut un déchirement pour Mercedes. Il est à noter que, dans la même période Mercedes eût une liaison avec Marlène Dietrich.

Tout au long de leur vie, Marlene Dietrich et Greta Garbo ont affirmé ne pas vraiment se connaître et ne pas avoir entretenu d’histoire. Elles étaient des rivales. Elles se détestaient. Pourtant, l’ouvrage de Diana McLellan, « The Girls : Sappho Goes to Hollywood », publié en 2001, soutient que les deux femmes ont eu une histoire d’amour dès leurs débuts hollywoodiens. Ou même avant : les deux étoiles se seraient rencontrées bien avant la période Hollywood, en 1925, sur le tournage d’un obscur film muet. Elles auraient alors vécu une histoire aussi brève que passionnée. Ce serait d’ailleurs Dietrich qui aurait initié Garbo au saphisme.

On se rappellera aussi que la maison où Marlène Dietrich abritera son histoire d’amour avec Jean Gabin, en 1941, était louée à Greta Garbo !

La liaison hétérosexuelle la plus connue de Garbo fut avec l'acteur John Gilbert (1897-1936), star du cinéma muet. Ils seront les « amants du siècle ». Leur relation défraye la chronique. La MGM a utilisé abondamment les scènes d'amour, interprétées avec John Gilbert pour alimenter les magazines à scandale.

Lorsqu'ils se partagèrent le premier rôle pour la première fois dans « Flesh and the Devil », leur « intensité érotique » fut perceptible à l'écran. Garbo ne se présente pas à la cérémonie qui doit l'unir à John Gilbert. Il est dit que Gilbert demanda Greta Garbo en mariage trois fois et qu'il ne fut pas le seul. L'éditeur suédois Lars Saxon l'aurait aussi demandée en mariage, mais lui reçut une lettre qui confirmait que Garbo « resterait toute sa vie célibataire.

Garbo fut également la maîtresse du chef d'orchestre Leopold Stokowski (1882-1977), qui avait quitté pour elle son épouse Olga Samaroff. Malgré certaines rumeurs, il ne fut pas question de mariage entre eux.

PARMI LES SOURCES :
Dans son ouvrage « Bi. Les femmes qui aiment les hommes …et les femmes » (Editions Elith, 2017), Mélusine Vaglio consacre un chapitre à Greta Garbo.

Je renvoie également à l’article Wikipédia consacré à Greta Garbo, dont je me suis inspirée.

Je signale aussi les ouvrages suivants, biographies de la star :
• Jean Lacouture, « Greta Garbo, la dame aux caméras » (Seuil 1999)
• Robert Dance et Scott Reisfield, « Garbo, portraits d'une légende » (Flammarion 2005)
• Bertrand Meyer-Stabley, « La véritable Greta Garbo » (Pygmalion 2005)

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