Histoire des libertines (91) : Catherine Sforza, la lionne de Lombardie

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Auteur femme.
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Récit libertin : Histoire des libertines (91) : Catherine Sforza, la lionne de Lombardie Histoire érotique Publiée sur HDS le 08-11-2021 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (91) : Catherine Sforza, la lionne de Lombardie
Catherine Sforza (1463-1509) était la fille naturelle de Galéas Marie Sforza (1444-1476), duc de Milan et de la comtesse Lucrèce Landriani.

J’ai repris le surnom qui lui est donné dans la série (citée en bibliographie) de bandes dessinées « Les Reines de sang » et qui correspond si bien au tempérament de cette femme forte de la Renaissance italienne, à une époque terrible de l’histoire de la péninsule.

Elle est née et a vécu dans l'Italie des condottieri, des guerres incessantes, de Machiavel, des papes scandaleux, des splendeurs et des poisons de la Renaissance triomphante.

Catherine, Caterina, fut une femme dotée d'un tempérament volontaire et indépendant, qui représenta l'idéal féminin de la Renaissance italienne. Aujourd'hui encore, son nom symbolise l'énergie et l'engagement des femmes face à l'adversité. Une des figures les plus exceptionnelles de la Renaissance italienne, Catherine Sforza, autant condottiere que femme, guerrière et amoureuse, elle côtoie les génies artistiques et culturels de son époque. Elle défiait les conventions, étudiait l'alchimie, se battait avec courage, méritant le surnom de « tigre de Forli »
Son biographe, Guy Rachet, dit d’elle qu’elle était « douée d’un tempérament tel qu’elle pouvait difficilement vivre sans un homme auprès d’elle. ». En clair, Caterina était une hypersexuelle.

LA PRINCESSE DE FORLI
Caterina Sforza reçoit la meilleure éducation possible de la Renaissance, avec les meilleurs maîtres de la brillante cour de Milan, l’une des plus fastueuses d’Europe. Ces maîtres sont placés, à partir de 1467, sous l’autorité de la duchesse, Bonne de Savoie, qui saura aimer Caterina comme sa propre fille et l’élever avec ses propres enfants. Sans doute les maîtres ou la duchesse Bonne, réussissent-ils leur projet éducatif car leur élève, à peine âgée de huit ans, inspire au duc le souhait de la légitimer.

Catherine Sforza épouse, en 1473, Jérôme Riario (1443-1488), seigneur d'Imola et de Forlì, neveu du pape Sixte IV (1414-1484) devenu souverain pontife en 1471. Le mariage ne sera consommé que quatre ans plus tard, en 1477 quand Catherine aura atteint l'âge de quatorze ans. Elle entre triomphalement dans Imola en 1477, après que son beau-frère lui eut offert les clefs de la ville en cadeau de mariage.

Elle devint ainsi princesse de Forlì et eut un enfant de ce premier mariage, Ottaviano Riario. Elle aura de ce mariage trois autres enfants, Giorgio Livio, né le 30 octobre 1484, Galéazzo, le 18 décembre 1485 et le dernier, Francesco, le 17 août 1487.

À la mort du pape Sixte IV, alors qu'elle n'est âgée que de 21 ans, elle est chargée par son mari de la défense du château Saint-Ange, bien qu'enceinte de sept mois ! Après être parvenue à tenir sa position pendant treize jours, elle le remet formellement aux cardinaux de Rome. Catherine et Riario quittèrent Rome après avoir obtenu 8 000 ducats en compensation et la reconnaissance de leurs domaines à Imola et à Forlì, ainsi que la nomination de Riario en tant que capitaine général des troupes du Vatican. Un accord obtenu grâce à Caterina !

Des émeutes, initiées par la famille des Ordelaffi, survinrent dans Forlì en 1488 et son mari fut assassiné le 14 avril par Francesco d'Orso. Catherine Sforza et ses enfants furent faits prisonniers. Catherine Sforza promit alors de livrer la forteresse, si on lui laissait la chance d'y entrer, laissant ses enfants comme otages. Les conjurés acceptèrent mais, dès qu'elle eût mis les pieds à l'intérieur, Dame Caterina, du haut des remparts, menaça ses ennemis qui avaient assassiné son époux et leur montra ses organes génitaux, pour leur signifier qu'elle ne se souciait guère de ses enfants et qu'elle avait toujours la capacité d'en concevoir d'autres ! Les conjurés comprirent ainsi trop tard leur erreur, ce qui leur coûta un exil perpétuel.

Catherine Sforza fut libérée peu de temps après, grâce aux troupes envoyées par son oncle, Ludovic le More (1452-1508), duc de Milan. Elle réussit à retourner la foule en sa faveur et recouvre alors le gouvernement de Forlì.

Dans sa biographie, Guy Rachet prête de nombreuses liaisons à Caterina. Certaines sont particulièrement surprenantes, comme, en 1488, devenue veuve, celle avec Antonio Ordelaffi (1460-1504), dont la famille contestait Forli aux Riario et avait suscité les émeutes à l’origine de l’assassinat de son mari !

Rachet écrit que Catherine avait un tempérament tel « qu’elle ne pouvait se passer d’amant ». Rachet veut pour preuve de la liaison entre Caterina et Antonio, l’adversaire de sa famille, le fait qu’ils aient vécu un certain temps sous le même toit. Il ajoute : la rupture si violente entre elle et cet homme qu’elle fait exiler par Venise (…) suggère une véritable querelle d’amants. »
Après l'assassinat de Riario en 1488, elle remplit les fonctions de régente pour son fils aîné, Ottaviano, qui n'était pas encore majeur. Elle baisse astucieusement les impôts pour s'assurer le soutien des citoyens. Elle noue de solides alliances avec les États voisins grâce à son second mariage et aux mariages de ses enfants. Elle prend également le commandement de l'entraînement militaire de son armée.

TROIS MARIAGES ET DES COMPLOTS
En 1489, Catherine épouse en secret son amant, Giacomo Feo, secrétaire de son précédent mari, avec qui elle a un fils, Bernardino Carlo. La passion qu'elle nourrit pour ce jeune homme ambitieux se révéla être une faiblesse.

Elle destitue son fils aîné, Ottaviano, et cède le contrôle de l'État à son nouvel époux, le grand amour de sa vie. Elle donne également aux membres de la famille de Feo la charge des forteresses défendant la ville. Les partisans d'Ottaviano fomentent alors avec succès un complot visant à assassiner le deuxième mari de Catherine en 1495. Non vaincue, la veuve fit massacrer ses meurtriers et leurs familles en représailles.

Elle épouse en troisièmes noces, en 1497, Jean dit le Popolano (1467-1498) de la famille Médicis, alors ambassadeur de Florence à Forlì. Elle eut de cette union, en 1498, un enfant appelé Jean et qui se rendra célèbre comme condottiere sous le nom de Jean des Bandes Noires, décédé en 1526, et qui sera le père de Cosme Ier premier grand-duc de Toscane.

Son biographe Guy Rachet écrit que la beauté de Catherine était alors « parvenue à une parfaite maturité », alors qu’elle a eu plusieurs maternités.

Elle se retrouve une nouvelle fois veuve : en 1499, Jean le Popolano meurt d'une pneumonie au milieu d'un conflit opposant Florence et Venise.

Le Médicis disparu, d’autres amants se succèdent dans le lit de Catherine, véritable croqueuse d’hommes.

Pour tenter d’écarter les menaces des Borgia, Catherine choisit, en 1499, comme ambassadeur auprès du pape, Polidoro Tiberti, jeune homme originaire de Cesena dont elle avait fait un de ses plus intimes conseillers et, probablement, un de ses amants.

CESAR ET LA LIONNE
César Borgia avait hâte de rencontrer Catherine, de la réduire et de la séduire. Contre les ambitions des Borgia, Catherine donne l'ordre d'élargir ses défenses militaires, d'améliorer son armement et de créer de vastes réserves de vivres et de munitions afin d'être fin prête en cas de siège.

En 1499, son fief d'Imola est attaqué par les armées de César Borgia, fils du pape Alexandre VI. La population, exaspérée par la tyrannie de la comtesse et craignant la réputation de sauvagerie des armées françaises, alliées des Borgia, laisse ces dernières entrer sans combattre. Faute de renforts de la part de Milan, le condottiere de Dame Caterina, Dionigi Naldi, rend officiellement la ville quelques jours plus tard, la comtesse étant parvenue entre-temps à se réfugier dans son autre fief, Forli.

Deux jours après la reddition d'Imola, la ville basse de Forli tomba à son tour, le 19 décembre 1499, à l'exception de la forteresse de Catherine Sforza, La Rocca, dont le gouverneur, Giovanni da Casale, était également un amant de Catherine. Après avoir offert une dernière fois à la comtesse la chance de se rendre, sans succès, César Borgia fait donner l'assaut sur La Rocca. Catherine elle-même combat, l’épée à la main, revêtue d'une armure, allant jusqu'à incendier les lieux, mais elle est faite prisonnière par le bailli de Dijon.

Dans sa biographie de Catherine Sforza, Guy Rachet ne doute pas que César et Catherine furent amants. Il écrit : « elle défendit mieux sa forteresse que sa vertu ».

C’est donc de son plein gré que Catherine s’est donnée à César. Le fils du pape était jeune, d’une beauté singulière, élégant et d’une grande culture. Rachet ajoute : « de tous les amants qu’elle eut, César a été le seul d’une étoffe comparable à la sienne. ». Le fait même qu’il ait été son vainqueur, lui donnait « une aura particulière aux yeux aussi bien de la guerrière que de la femme dont le tempérament amoureux était singulièrement ardent. »
Elle est assignée à résidence, dans un appartement-prison du Belvédère. Environ quatre mois plus tard elle est accusée d’avoir voulu empoisonner le pape ! Que l’accusation fût vraie ou fausse, Caterina est confrontée avec ses accusateurs et nie farouchement. Alexandre VI recule devant la perspective de mettre Caterina à la question. Il préfère l’éloigner du Vatican (ce qui donne un peu de réalité à l’idée de la tentative d’empoisonnement) et l’emprisonner au château Saint-Ange le 26 juin 1500, dont elle ne sortit que plus d'un an plus tard, sur la demande insistante d'Yves II d'Alegre (1452-1512), général du roi de France Louis XII.

La Dame de Forli ayant fait l'admiration des chevaliers français par sa bravoure, Alègre insiste fermement auprès du pape pour sa libération et, d'après le vicomte de Vogüé, plaide ainsi sa cause : « Saint Père, dame Sforza n’est pas votre prisonnière comme vous le semblez croire. Elle est la protégée de monseigneur le Roy de France. Le pacte conclu entre le Duc de Valentinois (César Borgia) et moi a été violé. Si Votre Sainteté ne libère pas la dame Sforza sur le champ, mon armée qui est à Viterbe, peu distante de Rome, sera ici sous peu de jours. Elle aura tôt fait justice et pourvu l’honneur de la France ».

Alexandre VI, qui avait besoin d'une alliance avec la France, est contraint de céder devant l'argument et libère la captive le 26 juillet 1501. Cet épisode romanesque, dans la plus pure tradition chevaleresque, renforcera la réputation du baron d’Alègre.

Caterina termina ensuite sa vie dans un couvent de Florence.

REFERENCES :
La biographie de référence est l’ouvrage de Guy Rachet : « Catherine Sforza, la Dame de Forli » (Denoël, 1987)
Dans la série de bandes dessinées historiques « les reines de sang » (Editions Delcourt), un premier tome a été publié en 2021 sous la signature de Jean-Pierre Pécau, Gabriele Parma et Dimitri Fogolin, un second tome est à paraitre.

Outre l’article de Wikipédia, je renvoie aux liens suivants :
• https://www.nationalgeographic.fr/histoire/catherine-sforza-la-guerriere-qui-defia-les-borgia• http://autourdemesromans.com/caterina-sforza-lindomptable-lionne-de-forli/• https://histoireparlesfemmes.com/2018/12/06/caterina-sforza-comtesse-et-femme-de-pouvoir/

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