Histoire des libertines (93) : Bérénice, aimée de Titus
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 09-02-2022 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (93) : Bérénice, aimée de Titus
Bérénice, aussi connue comme Julia Bérénice, née vers 28 de notre ère, est une fille du roi Hérode Agrippa Ier. Elle descend des dynasties hérodienne et hasmonéenne de Judée. Elle est la fille de Hérode Agrippa Ier (né vers - 10 et mort en 44 à Césarée) et l’arrière-petite fille de Hérode le Grand et de Mariamne l'Hasmonéenne.
Bérénice est connue, notamment à cause d’une tragédie de Racine, pour être la maîtresse de l’empereur romain Titus. Rares sont les personnages de l’Antiquité à avoir inspiré autant de peintres, de dramaturges, de romanciers et de compositeurs d’opéra que Bérénice. Sa liaison malheureuse avec l’empereur Titus a été érigée en symbole du conflit opposant la passion amoureuse à la raison d’État, sur l’arrière-plan dramatique de la première guerre judéo-romaine.
Elle fût considérée comme la nouvelle Judith pour les uns, alors que d’autres lui reprochaient sa vie sentimentale agitée. Tout au long de sa vie, elle fut ambitieuse, pleine de volonté, n’étant pas étouffée par les scrupules, le tout servie par une grande beauté.
FILLE D’UN AMI DE L’EMPEREUR CLAUDE
Après l’assassinat de Caligula en janvier 41, Hérode Agrippa joue un rôle important dans l’avènement de Claude, servant d’intermédiaire tant avec la garde prétorienne qu’avec le Sénat. Cet épisode fait du nouvel Empereur un obligé de son ami d'enfance et ce dévouement lui vaut une récompense de taille : Agrippa voit ses possessions augmentées de telle sorte que le souverain règne désormais sur un territoire aussi vaste que celui de son grand-père Hérode le Grand.
DES MARIAGES POLITIQUES ET CONSANGUINS
Claude fait aussi libérer l'alabarque Alexander d'Alexandrie, que Caligula avait fait mettre en prison. Il unit son fils, Marcus Julius Alexander (12-44), avec Bérénice. Marcus est le neveu du philosophe Philon d'Alexandrie et frère de Tiberius Alexander, futur procurateur de Judée de 46 à 48.
Marcus est issu d’une riche famille juive romanisée. Son père, l'Alabarque Alexander, est un des amis d’Agrippa Ier. Ils ont contribué ensemble à l'accession de Claude à l'Empire, et celui-ci parraine les fiançailles. Alexander avait, en effet, été administrateur des biens d'Antonia Minor, mère de Claude et de Germanicus, fille du triumvir Marc Antoine et de sa première femme, Octavie, la sœur d’Auguste, avant de gérer la totalité de la fortune que Marc-Antoine avait laissée en Égypte. C'est aussi lui qui a prêté l'argent nécessaire à Agrippa, lorsque ce dernier s'était rendu à Rome, en 36, pour défendre ses prétentions royales, alors qu'il était en difficulté et devait d'énormes sommes d'argent à plusieurs créanciers, dont le trésor impérial. Comme Agrippa, il soutient l'agitation juive provoquée par la volonté de Caligula de mettre sa statue dans les lieux de culte juifs, y compris dans le Saint des saints du Temple de Jérusalem, le lieu le plus sacré de cette religion. Il devient aussi le créancier compréhensif de grosses sommes à la famille de Claude.
Le rôle joué par Claude lors des fiançailles de Bérénice avec Marcus souligne l'intérêt que le nouvel empereur porte à la communauté juive d'Alexandrie. Aussitôt arrivé au pouvoir, Claude rompt avec la politique de son prédécesseur et prend un ensemble de mesures pour calmer les tensions communautaires. La nomination d'Agrippa comme roi de Judée, en reconstituant le royaume d'Hérode le Grand, participe de cette politique, même s'il s'agit avant tout de récompenser Agrippa de l'aide décisive qu'il lui a fournie pour devenir empereur.
En l'an 44, Agrippa est pris de violentes douleurs abdominales et meurt de manière inopinée après cinq jours d'agonie, à l'âge de cinquante-trois ans. Les causes précises de sa mort sont inconnues mais dès cette époque, les bruits d'empoisonnement circulent. La Judée redevient une province romaine.
À la même époque, Bérénice perd aussi son mari. Elle est remariée en 46 à son oncle Hérode, roi de Chalcis (au sud de la Syrie et du Liban actuels), dont elle aura deux fils, Bérénicien et Hyrcan.
Les effigies de Bérénice et de ses sœurs Drusilla et Mariamne sont la cible de la risée et de la vindicte des habitants de Césarée et de Sébaste dont les plus audacieux enlèvent les statues des jardins royaux pour leur faire subir des outrages dans des lupanars.
LA REINE BERENICE : REPUTATION SULFUREUSE ET MARIAGE DE COMPLAISANCE
Hérode de Chalcis meurt vers 50 et Bérénice est donc à nouveau veuve. Claude nomme alors Agrippa II (27-92), frère de Bérénice, comme roi. Agrippa II va administrer les terres qui étaient celles de Philippe, le tétrarque de Galilée et il verra son « royaume » agrandi par la suite en Pétrée, dans l’actuelle Jordanie. Il reçoit aussi l'administration du Temple de Jérusalem.
L’État juif, hellénisé puis romanisé, est une mosaïque de micro-royaumes et de cités. Les rois, totalement dépendants de l’Empire romain, portent des noms grecs, parlent le grec à côté de l’araméen, mais pas l’hébreu, réservé au sacerdoce. En Palestine, la révolte populaire gronde contre le joug de l’Empire Romain dont le poids est partout visible. Jérusalem possède un gymnase, un théâtre, des thermes… Entre le peuple fidèle à la Torah et ses élites romanisées, le gouffre ne cesse de se creuser.
Bérénice reste alors avec son frère pour jouer le rôle de reine. À cause des rumeurs d'inceste avec son frère qui circulent à son sujet, elle propose à Marcus Antonius Polemo II, un roi client de Cilicie (au sud de la Cappadoce), de l'épouser. Polémon accepte car Bérénice a le statut de reine et surtout parce qu'elle est très riche. Des deux côtés, il ne s'agit que d'une alliance pour accroître leur pouvoir. Polémon fait toutefois une concession de taille, il se convertit au judaïsme et se fait circoncire. Mais très vite, elle l'abandonne ou en divorce pour revenir à Jérusalem « par légèreté » précise l’historien Flavius Josèphe.
Au moment où Bérénice quitte son mari Polémon, sa sœur Mariamne, après avoir quitté Archelaüs, s'unit à Démétrius, le premier des Juifs d'Alexandrie par la naissance et la fortune, qui était alors Alabarque de la ville. Tous ces mariages résultent d'une même stratégie matrimoniale d'ensemble qui consiste à trouver l'époux le plus riche et le plus puissant. Les trois sœurs d'Agrippa II étaient sans cesse en concurrence et Bérénice aurait été particulièrement jalouse de Drusilla lors de l'union, qui fit scandale, de celle-ci avec Félix, procurateur romain de Judée et frère du puissant Affranchi de l’empereur Claude (et amant d’Agrippine), Pallas.
UNE NOUVELLE JUDITH ?
Bérénice semble jouir d'une certaine popularité, que son frère ne manque pas d'exploiter à son profit, surtout que lui semble plutôt méprisé de ses compatriotes. Bérénice accompagne son frère dans ses déplacements. Elle assiste au procès de l’apôtre Paul, à Césarée, en 60. On lui attribue aussi des travaux à Beyrouth et même à Athènes.
Lorsque la révolte éclate contre Rome, en 66, Bérénice envoie d’abord ses officiers supplier le procurateur de Judée de mettre un terme à la répression, puis se rend elle-même à ses pieds, vainement. Elle entend incarner alors l’héroïne juive qui, comme Esther ou Judith, protège son peuple. Dans les faits, « son peuple » ne la reconnaît pas comme sa reine, d’autant moins que son frère n’a autorité que sur une faible part de l’ancien état juif, et qu’il a prié lui-même les insurgés de se soumettre à l’autorité romaine.
Proromaine comme son frère et son beau-frère Tibère Alexandre, procurateur de Judée, Bérénice s’attira les foudres de son propre peuple lorsqu’éclata, en 66, la première révolte des Juifs contre la domination romaine. Elle chercha à jouer un rôle d’intermédiaire entre les Juifs et les Romains, mais une foule déchaînée mit le feu à son palais et à celui de son frère, les forçant à se réfugier dans le camp monté par les Romains sous les murs de Jérusalem.
BERENICE ET TITUS
Leur première rencontre aurait eu avoir lieu à Ptolémaïs, en 67 après J.C. Vespasien y avait concentré ses troupes dont faisaient partie les troupes auxiliaires d’Agrippa II. Titus avait alors 26 ans, elle : 38. En 67 après J.C., Vespasien et son armée passèrent vingt jours de repos à Césarée de Philippes, invités par Agrippa et Bérénice, il n’est nul besoin de dire que Titus était là.
Bérénice est une grande dame, richissime, fort séduisante, qui connaît par cœur les arcanes politiques de la région et dispose de puissants appuis. Titus, guerrier hors pair, intelligent, passionné et débauché notoire, est subjugué. Dans les bras de Bérénice, il se prend à rêver d'un grand destin.
Vespasien envoie son fils à Rome pour y saluer Galba, le nouvel empereur qui vient de succéder à Néron. En route pour Alexandrie, Titus apprend que Galba vient d'être assassiné par Othon. Il décide alors de rebrousser chemin. On a dit que c’est parce qu’il voulait revoir son amante.
Le 1er juillet 69, le préfet d'Égypte, Tibère Alexandre, ex beau-frère de Bérénice et ancien procurateur de Judée, fait jurer fidélité à Vespasien par ses légions. Bérénice fait alors de riches cadeaux à Vespasien. Le vieil empereur aurait lui-même succombé au charme de la reine décrite comme « à la fleur de l'âge et de la beauté », Bérénice étant encore très belle à quarante-deux ans.
Bérénice accompagne Titus qui termine la campagne, avec la chute de Jérusalem en juillet 70 et l’incendie du Temple.
LES ROMAINS REJETTENT LA NOUVELLE CLEOPATRE
Titus rentre à Rome pour célébrer son triomphe. Bérénice ne le retrouvera qu’en 75, date à laquelle elle s’installe au Palais et vit maritalement avec l’héritier de l’empire. Elle attendait qu'il l'épouse et se comportait en toutes occasions comme sa femme. Selon l’historien Suétone, Titus lui aurait promis le mariage.
Elle va vivre avec Titus au vu et au su de tout le monde. Ainsi va se créer un scandale qui durera quatre ans. Pourquoi un scandale ? Pas pour une question de morale mais parce qu’un Romain ne pouvait s’unir à une « barbare », c’est-à-dire une étrangère.
En 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père, il demande à Bérénice de quitter Rome et elle retourne en Galilée. Titus se rend compte que de nombreux Romains sont opposés à son union avec Bérénice. Les Romains voyaient sûrement d’un mauvais œil qu’une reine étrangère épouse l’héritier de l’empire, une union qui leur rappelait celle de Cléopâtre avec César, puis avec Antoine. En outre, Bérénice ne pouvait plus donner d’enfant à Titus.
La princesse souffre d'une réputation exécrable, tant auprès des Juifs que des Romains, Contemporain des amants, le poète Juvénal écrivit ainsi au sujet d’un diamant : « C’est celui dont jadis le roi juif Agrippa paya les faveurs incestueuses de sa sœur ». Il est significatif que Juvénal ne cite pas Bérénice pour critiquer sa liaison avec l’empereur, mais pour dénoncer un inceste présumé qu’il ne mentionne d’ailleurs qu’en passant.
Tacite se faisait quant à lui une plus haute opinion de Titus que de son frère Domitien, empereur despotique sous lequel il effectua presque toute sa brillante carrière politique. Il ne cite Bérénice que pour évoquer sa mauvaise influence possible sur Titus, qu’il encense pour l’avoir repoussée.
Dans sa jeunesse, le prince passait pour un homme violent, avide et dépravé. Or, en 79, quand il succède à Vespasien, il se transforme du tout au tout, devient clément, généreux, intègre, au point que le même Suétone, surpris, le qualifie de « délice du genre humain ». Bérénice peut-elle être étrangère à cette mue extraordinaire, elle qui, pendant onze ans, a aimé et préparé le prince à ses futures fonctions ? Ou est-ce au contraire son départ qui l'a provoquée ? On ne le saura jamais. Titus, après deux ans de règne, est emporté par une malaria foudroyante et meurt, en septembre 81, sans avoir voulu revoir sa maîtresse.
Bérénice meurt à une date inconnue, vraisemblablement dans le palais de son frère, le décès de celui-ci étant situé entre 92 et 101.
LA REPROUVEE
Bérénice, descendante d'Hérode et des Maccabées, était une princesse déchirée entre deux cultures, honnie par les Juifs parce qu'elle était trop romaine, et par les Romains parce qu'elle était juive. Elle était Bérénice la réprouvée.
Elle a été reine, deux fois, elle a joué, au côté de son frère, le roi Agrippa II, un rôle majeur d'intermédiaire entre les Romains et les Juifs, et tenté d'éviter la guerre de Judée ; elle a organisé et aidé le couronnement de Vespasien, puis participé à la vie politique romaine, au côté de Titus ; elle a même, peut-être, failli réaliser avec Titus son rêve d'un empire romain d'Orient. Oui, Bérénice, la grande amoureuse, était d'abord une politique, une femme de pouvoir, élevée, comme Cléopâtre, au milieu des intrigues de palais, dans une société où les femmes ne pouvaient gouverner que par procuration. Une ambitieuse ? Sans doute. Une traîtresse ? C'est moins clair.
Dans la lignée de la reine Cléopâtre, mais sans avoir l’appétit sexuel de celle-ci, j’ai trouvé que Bérénice avait toute sa place dans cette galerie de portraits, sinon comme grande libertine, au moins comme femme qui voulait compter dans un monde d’hommes.
REFERENCES :
Outre l’article de Wikipédia, je renvoie aux liens suivants sur internet :
• https://www.histoire-et-civilisations.com/thematiques/antiquite/berenice-la-princesse-juive-qui-seduisit-titus-60704.php
• https://www.superprof.fr/ressources/scolaire/histoire/cours-hist6/tous-niveaux-hist6/berenice-royaute-lien-empereur.html
• https://www.orientale.fr/page_1311_fr_12495_La-liaison-entre-Titus-et-Berenice-la-princesse-de-Judee.htm
• https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2005/03/20/berenice-la-reprouvee_376277_3208.html
• https://taigong788.skyrock.com/3154740834-Berenice-une-princesse-juive-tres-impliquee-dans-la-politique-de-son.html
• http://www.placedelodeon.eu/berenice-reine-juifs/
Bérénice est connue, notamment à cause d’une tragédie de Racine, pour être la maîtresse de l’empereur romain Titus. Rares sont les personnages de l’Antiquité à avoir inspiré autant de peintres, de dramaturges, de romanciers et de compositeurs d’opéra que Bérénice. Sa liaison malheureuse avec l’empereur Titus a été érigée en symbole du conflit opposant la passion amoureuse à la raison d’État, sur l’arrière-plan dramatique de la première guerre judéo-romaine.
Elle fût considérée comme la nouvelle Judith pour les uns, alors que d’autres lui reprochaient sa vie sentimentale agitée. Tout au long de sa vie, elle fut ambitieuse, pleine de volonté, n’étant pas étouffée par les scrupules, le tout servie par une grande beauté.
FILLE D’UN AMI DE L’EMPEREUR CLAUDE
Après l’assassinat de Caligula en janvier 41, Hérode Agrippa joue un rôle important dans l’avènement de Claude, servant d’intermédiaire tant avec la garde prétorienne qu’avec le Sénat. Cet épisode fait du nouvel Empereur un obligé de son ami d'enfance et ce dévouement lui vaut une récompense de taille : Agrippa voit ses possessions augmentées de telle sorte que le souverain règne désormais sur un territoire aussi vaste que celui de son grand-père Hérode le Grand.
DES MARIAGES POLITIQUES ET CONSANGUINS
Claude fait aussi libérer l'alabarque Alexander d'Alexandrie, que Caligula avait fait mettre en prison. Il unit son fils, Marcus Julius Alexander (12-44), avec Bérénice. Marcus est le neveu du philosophe Philon d'Alexandrie et frère de Tiberius Alexander, futur procurateur de Judée de 46 à 48.
Marcus est issu d’une riche famille juive romanisée. Son père, l'Alabarque Alexander, est un des amis d’Agrippa Ier. Ils ont contribué ensemble à l'accession de Claude à l'Empire, et celui-ci parraine les fiançailles. Alexander avait, en effet, été administrateur des biens d'Antonia Minor, mère de Claude et de Germanicus, fille du triumvir Marc Antoine et de sa première femme, Octavie, la sœur d’Auguste, avant de gérer la totalité de la fortune que Marc-Antoine avait laissée en Égypte. C'est aussi lui qui a prêté l'argent nécessaire à Agrippa, lorsque ce dernier s'était rendu à Rome, en 36, pour défendre ses prétentions royales, alors qu'il était en difficulté et devait d'énormes sommes d'argent à plusieurs créanciers, dont le trésor impérial. Comme Agrippa, il soutient l'agitation juive provoquée par la volonté de Caligula de mettre sa statue dans les lieux de culte juifs, y compris dans le Saint des saints du Temple de Jérusalem, le lieu le plus sacré de cette religion. Il devient aussi le créancier compréhensif de grosses sommes à la famille de Claude.
Le rôle joué par Claude lors des fiançailles de Bérénice avec Marcus souligne l'intérêt que le nouvel empereur porte à la communauté juive d'Alexandrie. Aussitôt arrivé au pouvoir, Claude rompt avec la politique de son prédécesseur et prend un ensemble de mesures pour calmer les tensions communautaires. La nomination d'Agrippa comme roi de Judée, en reconstituant le royaume d'Hérode le Grand, participe de cette politique, même s'il s'agit avant tout de récompenser Agrippa de l'aide décisive qu'il lui a fournie pour devenir empereur.
En l'an 44, Agrippa est pris de violentes douleurs abdominales et meurt de manière inopinée après cinq jours d'agonie, à l'âge de cinquante-trois ans. Les causes précises de sa mort sont inconnues mais dès cette époque, les bruits d'empoisonnement circulent. La Judée redevient une province romaine.
À la même époque, Bérénice perd aussi son mari. Elle est remariée en 46 à son oncle Hérode, roi de Chalcis (au sud de la Syrie et du Liban actuels), dont elle aura deux fils, Bérénicien et Hyrcan.
Les effigies de Bérénice et de ses sœurs Drusilla et Mariamne sont la cible de la risée et de la vindicte des habitants de Césarée et de Sébaste dont les plus audacieux enlèvent les statues des jardins royaux pour leur faire subir des outrages dans des lupanars.
LA REINE BERENICE : REPUTATION SULFUREUSE ET MARIAGE DE COMPLAISANCE
Hérode de Chalcis meurt vers 50 et Bérénice est donc à nouveau veuve. Claude nomme alors Agrippa II (27-92), frère de Bérénice, comme roi. Agrippa II va administrer les terres qui étaient celles de Philippe, le tétrarque de Galilée et il verra son « royaume » agrandi par la suite en Pétrée, dans l’actuelle Jordanie. Il reçoit aussi l'administration du Temple de Jérusalem.
L’État juif, hellénisé puis romanisé, est une mosaïque de micro-royaumes et de cités. Les rois, totalement dépendants de l’Empire romain, portent des noms grecs, parlent le grec à côté de l’araméen, mais pas l’hébreu, réservé au sacerdoce. En Palestine, la révolte populaire gronde contre le joug de l’Empire Romain dont le poids est partout visible. Jérusalem possède un gymnase, un théâtre, des thermes… Entre le peuple fidèle à la Torah et ses élites romanisées, le gouffre ne cesse de se creuser.
Bérénice reste alors avec son frère pour jouer le rôle de reine. À cause des rumeurs d'inceste avec son frère qui circulent à son sujet, elle propose à Marcus Antonius Polemo II, un roi client de Cilicie (au sud de la Cappadoce), de l'épouser. Polémon accepte car Bérénice a le statut de reine et surtout parce qu'elle est très riche. Des deux côtés, il ne s'agit que d'une alliance pour accroître leur pouvoir. Polémon fait toutefois une concession de taille, il se convertit au judaïsme et se fait circoncire. Mais très vite, elle l'abandonne ou en divorce pour revenir à Jérusalem « par légèreté » précise l’historien Flavius Josèphe.
Au moment où Bérénice quitte son mari Polémon, sa sœur Mariamne, après avoir quitté Archelaüs, s'unit à Démétrius, le premier des Juifs d'Alexandrie par la naissance et la fortune, qui était alors Alabarque de la ville. Tous ces mariages résultent d'une même stratégie matrimoniale d'ensemble qui consiste à trouver l'époux le plus riche et le plus puissant. Les trois sœurs d'Agrippa II étaient sans cesse en concurrence et Bérénice aurait été particulièrement jalouse de Drusilla lors de l'union, qui fit scandale, de celle-ci avec Félix, procurateur romain de Judée et frère du puissant Affranchi de l’empereur Claude (et amant d’Agrippine), Pallas.
UNE NOUVELLE JUDITH ?
Bérénice semble jouir d'une certaine popularité, que son frère ne manque pas d'exploiter à son profit, surtout que lui semble plutôt méprisé de ses compatriotes. Bérénice accompagne son frère dans ses déplacements. Elle assiste au procès de l’apôtre Paul, à Césarée, en 60. On lui attribue aussi des travaux à Beyrouth et même à Athènes.
Lorsque la révolte éclate contre Rome, en 66, Bérénice envoie d’abord ses officiers supplier le procurateur de Judée de mettre un terme à la répression, puis se rend elle-même à ses pieds, vainement. Elle entend incarner alors l’héroïne juive qui, comme Esther ou Judith, protège son peuple. Dans les faits, « son peuple » ne la reconnaît pas comme sa reine, d’autant moins que son frère n’a autorité que sur une faible part de l’ancien état juif, et qu’il a prié lui-même les insurgés de se soumettre à l’autorité romaine.
Proromaine comme son frère et son beau-frère Tibère Alexandre, procurateur de Judée, Bérénice s’attira les foudres de son propre peuple lorsqu’éclata, en 66, la première révolte des Juifs contre la domination romaine. Elle chercha à jouer un rôle d’intermédiaire entre les Juifs et les Romains, mais une foule déchaînée mit le feu à son palais et à celui de son frère, les forçant à se réfugier dans le camp monté par les Romains sous les murs de Jérusalem.
BERENICE ET TITUS
Leur première rencontre aurait eu avoir lieu à Ptolémaïs, en 67 après J.C. Vespasien y avait concentré ses troupes dont faisaient partie les troupes auxiliaires d’Agrippa II. Titus avait alors 26 ans, elle : 38. En 67 après J.C., Vespasien et son armée passèrent vingt jours de repos à Césarée de Philippes, invités par Agrippa et Bérénice, il n’est nul besoin de dire que Titus était là.
Bérénice est une grande dame, richissime, fort séduisante, qui connaît par cœur les arcanes politiques de la région et dispose de puissants appuis. Titus, guerrier hors pair, intelligent, passionné et débauché notoire, est subjugué. Dans les bras de Bérénice, il se prend à rêver d'un grand destin.
Vespasien envoie son fils à Rome pour y saluer Galba, le nouvel empereur qui vient de succéder à Néron. En route pour Alexandrie, Titus apprend que Galba vient d'être assassiné par Othon. Il décide alors de rebrousser chemin. On a dit que c’est parce qu’il voulait revoir son amante.
Le 1er juillet 69, le préfet d'Égypte, Tibère Alexandre, ex beau-frère de Bérénice et ancien procurateur de Judée, fait jurer fidélité à Vespasien par ses légions. Bérénice fait alors de riches cadeaux à Vespasien. Le vieil empereur aurait lui-même succombé au charme de la reine décrite comme « à la fleur de l'âge et de la beauté », Bérénice étant encore très belle à quarante-deux ans.
Bérénice accompagne Titus qui termine la campagne, avec la chute de Jérusalem en juillet 70 et l’incendie du Temple.
LES ROMAINS REJETTENT LA NOUVELLE CLEOPATRE
Titus rentre à Rome pour célébrer son triomphe. Bérénice ne le retrouvera qu’en 75, date à laquelle elle s’installe au Palais et vit maritalement avec l’héritier de l’empire. Elle attendait qu'il l'épouse et se comportait en toutes occasions comme sa femme. Selon l’historien Suétone, Titus lui aurait promis le mariage.
Elle va vivre avec Titus au vu et au su de tout le monde. Ainsi va se créer un scandale qui durera quatre ans. Pourquoi un scandale ? Pas pour une question de morale mais parce qu’un Romain ne pouvait s’unir à une « barbare », c’est-à-dire une étrangère.
En 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père, il demande à Bérénice de quitter Rome et elle retourne en Galilée. Titus se rend compte que de nombreux Romains sont opposés à son union avec Bérénice. Les Romains voyaient sûrement d’un mauvais œil qu’une reine étrangère épouse l’héritier de l’empire, une union qui leur rappelait celle de Cléopâtre avec César, puis avec Antoine. En outre, Bérénice ne pouvait plus donner d’enfant à Titus.
La princesse souffre d'une réputation exécrable, tant auprès des Juifs que des Romains, Contemporain des amants, le poète Juvénal écrivit ainsi au sujet d’un diamant : « C’est celui dont jadis le roi juif Agrippa paya les faveurs incestueuses de sa sœur ». Il est significatif que Juvénal ne cite pas Bérénice pour critiquer sa liaison avec l’empereur, mais pour dénoncer un inceste présumé qu’il ne mentionne d’ailleurs qu’en passant.
Tacite se faisait quant à lui une plus haute opinion de Titus que de son frère Domitien, empereur despotique sous lequel il effectua presque toute sa brillante carrière politique. Il ne cite Bérénice que pour évoquer sa mauvaise influence possible sur Titus, qu’il encense pour l’avoir repoussée.
Dans sa jeunesse, le prince passait pour un homme violent, avide et dépravé. Or, en 79, quand il succède à Vespasien, il se transforme du tout au tout, devient clément, généreux, intègre, au point que le même Suétone, surpris, le qualifie de « délice du genre humain ». Bérénice peut-elle être étrangère à cette mue extraordinaire, elle qui, pendant onze ans, a aimé et préparé le prince à ses futures fonctions ? Ou est-ce au contraire son départ qui l'a provoquée ? On ne le saura jamais. Titus, après deux ans de règne, est emporté par une malaria foudroyante et meurt, en septembre 81, sans avoir voulu revoir sa maîtresse.
Bérénice meurt à une date inconnue, vraisemblablement dans le palais de son frère, le décès de celui-ci étant situé entre 92 et 101.
LA REPROUVEE
Bérénice, descendante d'Hérode et des Maccabées, était une princesse déchirée entre deux cultures, honnie par les Juifs parce qu'elle était trop romaine, et par les Romains parce qu'elle était juive. Elle était Bérénice la réprouvée.
Elle a été reine, deux fois, elle a joué, au côté de son frère, le roi Agrippa II, un rôle majeur d'intermédiaire entre les Romains et les Juifs, et tenté d'éviter la guerre de Judée ; elle a organisé et aidé le couronnement de Vespasien, puis participé à la vie politique romaine, au côté de Titus ; elle a même, peut-être, failli réaliser avec Titus son rêve d'un empire romain d'Orient. Oui, Bérénice, la grande amoureuse, était d'abord une politique, une femme de pouvoir, élevée, comme Cléopâtre, au milieu des intrigues de palais, dans une société où les femmes ne pouvaient gouverner que par procuration. Une ambitieuse ? Sans doute. Une traîtresse ? C'est moins clair.
Dans la lignée de la reine Cléopâtre, mais sans avoir l’appétit sexuel de celle-ci, j’ai trouvé que Bérénice avait toute sa place dans cette galerie de portraits, sinon comme grande libertine, au moins comme femme qui voulait compter dans un monde d’hommes.
REFERENCES :
Outre l’article de Wikipédia, je renvoie aux liens suivants sur internet :
• https://www.histoire-et-civilisations.com/thematiques/antiquite/berenice-la-princesse-juive-qui-seduisit-titus-60704.php
• https://www.superprof.fr/ressources/scolaire/histoire/cours-hist6/tous-niveaux-hist6/berenice-royaute-lien-empereur.html
• https://www.orientale.fr/page_1311_fr_12495_La-liaison-entre-Titus-et-Berenice-la-princesse-de-Judee.htm
• https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2005/03/20/berenice-la-reprouvee_376277_3208.html
• https://taigong788.skyrock.com/3154740834-Berenice-une-princesse-juive-tres-impliquee-dans-la-politique-de-son.html
• http://www.placedelodeon.eu/berenice-reine-juifs/
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2 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
@ Didier, merci beaucoup. Comme je sais que tu suis fidèlement "Matrone et Domina" mon récit "érotico-historique", qui mêle personnages réels et de fiction, je peux t'annoncer que, dans de prochains chapitres, tu retrouveras la reine Bénérice
Olga,
je te remercie pour cette chronique forte instructive, en ce qui me concerne.
Grace à toi, en effet, j’ai pu mettre, non pas un visage, mais une biographie historique, sur Bérénice, cette héroïne d’une célèbre tragédie classique de la littérature française.
L’ayant étudiée pendant ma scolarité, il y a fort longtemps maintenant, et n’en déplaise à Racine, je préfère ton récit à son écrit.
Princesse juive proche du pouvoir romain, rejetée par les siens, étrangère pour les romains, elle s’est voulue néanmoins rassembleuse de ces deux cultures.
Espérant peut-être réussir là où Cléopâtre a échoué, Bérénice, fine politique, s’est éprise de Titus futur empereur romain.
Cependant, l’histoire se répétant inexorablement, la raison d’état, en fois encore, l’emporta au détriment de l’amour.
C’est bien là, oui, où se trouve la véritable tragédie dans ce que fut le destin de cette femme de pouvoir, amoureuse de surcroît.
Didier
je te remercie pour cette chronique forte instructive, en ce qui me concerne.
Grace à toi, en effet, j’ai pu mettre, non pas un visage, mais une biographie historique, sur Bérénice, cette héroïne d’une célèbre tragédie classique de la littérature française.
L’ayant étudiée pendant ma scolarité, il y a fort longtemps maintenant, et n’en déplaise à Racine, je préfère ton récit à son écrit.
Princesse juive proche du pouvoir romain, rejetée par les siens, étrangère pour les romains, elle s’est voulue néanmoins rassembleuse de ces deux cultures.
Espérant peut-être réussir là où Cléopâtre a échoué, Bérénice, fine politique, s’est éprise de Titus futur empereur romain.
Cependant, l’histoire se répétant inexorablement, la raison d’état, en fois encore, l’emporta au détriment de l’amour.
C’est bien là, oui, où se trouve la véritable tragédie dans ce que fut le destin de cette femme de pouvoir, amoureuse de surcroît.
Didier