Histoire des libertines (35) : Catherine II de Russie ou l’appétit sexuel au pouvoir

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Récit libertin : Histoire des libertines (35) : Catherine II de Russie ou l’appétit sexuel au pouvoir Histoire érotique Publiée sur HDS le 05-08-2019 dans la catégorie Dans la zone rouge
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Histoire des libertines (35) : Catherine II de Russie ou l’appétit sexuel au pouvoir
Catherine II (1729-1796), née Sophie Frédérique Augusta d'Anhalt-Zerbst, sera impératrice de Russie de 1762 à sa mort et sera connue dans l’histoire comme la « Grande Catherine ».

Comme c’est la règle dans cette série de récits, je m’intéresserai principalement, non à son œuvre politique, mais à sa vie sentimentale, qui fit d’elle « l’impératrice aux mille amants. »
Dans le chapitre qu’elle lui consacre dans son ouvrage « Les salopes de l’histoire » (Acropole, 2016), Agnès Grossmann décrit ainsi la « Grande Catherine » : « Grande et élancée, elle a des cheveux noirs qui tranchent avec son teint éclatant, de grands yeux bleus, un nez aquilin, une bouche sensuelle. »
Un de ses amants, Stanislas Poniatowski dira de Catherine qu’elle avait « une bouche qui appelait le baiser ». Les convenances de l’époque font que le futur roi de Pologne n’a sans doute pas osé dire que cette bouche appelait certainement autre chose, une pratique que, pour ma part, j’affectionne beaucoup !

UNE PETITE PRINCESSE ALLEMANDE
Sophie est l’aînée des enfants de Christian-Auguste d'Anhalt-Zerbst et de son épouse Jeanne-Élisabeth de Holstein-Gottorp. De son éducation protestante, austère, rigide, entourée de peu d’affection, une femme demeure en la personne d'une huguenote française, Babette Cardel, qui dirige son éducation et lui enseigne avec la langue française, manières et grâces de la société dont elle est issue. Elle lui donne en même temps le goût de la littérature française de son époque. Très vite, la princesse se tourne vers des activités spirituelles, ainsi que vers la lecture et les études.

La mère de Sophie, suivant les affaires de Russie, voit le futur Pierre III, très germanophile, bien placé pour à succéder à sa tante, l’impératrice Élisabeth Petrovna. Elle va intriguer pour obtenir le mariage de Sophie avec l’héritier du trône. Prenant soin d’envoyer des portraits de sa fille à la cour, les manœuvres de Jeanne-Elisabeth portent leurs fruits et, en janvier 1744, elle et sa fille sont conviées en Russie.

L’ascension de Sophie vers le statut de grande-duchesse se fait presque sans heurt, avec une conversion en grande pompe à la religion orthodoxe le 28 juin 1744. Elle s’exprime clairement en russe devant un peuple qui l’adopte bientôt. À cette date, elle prend officiellement le nom de « Catherine Alexeïvna ». Elle se fiance à Pierre le lendemain, devenant « grande-duchesse et altesse impériale »
UN MARIAGE MALHEUREUX AVEC L’HERITIER DU TRONE
En 1745, Catherine épouse Pierre. Son fiancé, longtemps éloigné d’elle par une pleurésie, est d’une laideur effrayante, mais cela n’ébranle pas sa volonté de l’épouser.

Elle découvre très vite la vraie nature de son futur mari : le physique de Pierre est aussi déplaisant que son caractère. Brisé par une terrible éducation, le visage marqué par la petite vérole, Pierre se révèle cruel et infantile, toujours entouré d’une meute de chiens et de soldats de plomb avec lesquels il peut jouer pendant des heures.

Questionnée sur sa nuit de noces, Catherine ne trouve rien à dire. Diverses hypothèses présentent Pierre III comme sexuellement immature, innocent, ou encore impuissant, à l’inverse de Catherine autour de laquelle flottent des rumeurs sur sa sexualité précoce. Comme plus tard Louis XVI, Pierre souffrait d’un phimosis, qu’il mettra des années à soigner.

FECONDEE PAR UN AMANT ?

Catherine n'avait toujours pas d'enfants après huit ans de mariage.

C’est l’impératrice Elisabeth qui va régler le problème. Elle n’a pas de scrupules et sera le modèle de Catherine. Elisabeth « aime les hommes et enchaine les amants. Sa libido n’a d’égale que sa ferveur religieuse.» (Agnès Grossmann)
L’impératrice Élisabeth Ière, qui voulait absolument un héritier pour la dynastie, lui proposa donc de prendre comme amant le prince Lev Alexandrovitch Narychkine ou le comte Sergei Saltykov.

Catherine choisit finalement Saltykov. Son fils, le futur Paul Ier, né en 1754 pouvait aussi bien être de son mari que son amant, Pierre ayant enfin réglé son problème de phimosis.

Pour sauver les apparences, la tsarine Elisabeth obligera son neveu à « consommer » enfin son mariage et Catherine, tout en encourageant Catherine à coucher avec le beau Sergei. C’est une découverte pour Catherine, qui passe de temps en temps une nuit avec le Grand-Duc, devenu plus performant depuis son opération. L’essentiel est assuré, la dynastie a enfin un héritier !

COUP D’ETAT
En six mois de règne, Pierre II, qui succède à la tsarine Elisabeth le 5 janvier 1762, va rapidement faire l’unanimité contre lui, en particulier du fait de son alignement sur la Prusse de son modèle, Frédéric II.

Ses relations avec son épouse sont exécrables : elle est en résidence surveillée au palais de Peterhof et son mari menaçait de l'enfermer et de mettre sa maîtresse sur le trône à ses côtés. Non seulement, Catherine risque d’être répudiée, mais c’est sa vie qui est menacée.

Catherine, qui, elle, possède l'affection du peuple russe, réussit à faire détrôner son époux avec la complicité de son amant Grigori Orlov et de ses frères. Ambitieux et sans scrupule, ils comprennent l’usage qu’ils peuvent faire de la soif insatiable de délices et de volupté qui taraude la tsarine.

Les frères Orlov soudoient une centaine de soldats des régiments Préobrajenski et Ismaïlovski, qui servent d'escorte à Catherine dans sa marche sur Saint-Pétersbourg. Après quelques hésitations, les autres régiments se joignent à eux. À son arrivée dans la capitale, Catherine est accueillie triomphalement et reconnue par le clergé et le Sénat.

Lorsqu'il apprend le coup d'État, Pierre III s'effondre. Lâché par l'armée et la flotte de Kronstadt, il est arrêté et assigné à résidence à Ropcha, où on l'oblige à signer son acte d'abdication. Le 17 juillet 1762, il est assassiné, dans des circonstances troubles, par Alexeï Orlov et ses gardiens. Catherine a-t-elle eu connaissance des projets d’Alexeï Orlov ? Elle a au moins laissé faire et n’a pas sanctionné les meurtriers, bien au contraire.

L’IMPERATRICE AUX 1000 AMANTS
Une fois initiée par Saltykov, Catherine réclame toujours plus de volupté. Plus elle avancera en âge, plus ses amants seront jeunes.

Catherine était connue pour son appétit sexuel considérable et ses nombreux amants. Elle n’a pas attendu de monter sur le trône pour collectionner les amants. Nous avons vu le rôle supposé de Saltykov dans la conception du futur Paul Ier. Un autre de ses amants fut, en 1755, Stanislas-Auguste Poniatowski, alors ambassadeur de Saxe, qui fut par la suite roi de Pologne.

Le premier amant du règne personnel de Catherine fut donc Grigori Orlov, celui qui avait fait d’elle l’impératrice de toutes les Russies. Orlov lui « donne des heures de plaisir et la laisse rompue » ‘(Agnès Grossmann)
Cette relation dura jusque 1772, Catherine rompit quand elle apprit toutes les infidélités de son favori. De Grigori Orlov, Catherine II eut deux enfants naturels, nés en secret.

POTEMKINE, SON GRAND AMOUR
Dans une période de transition, Catherine eut pour amant Vassiltchikov, un jeune noble qui n’avait comme simple attrait que sa beauté. L’impératrice s’en lassa vite.

La relation qui suivit fut celle avec Grigori Potemkine (1739-1791), un officier de la Garde.

Homme exubérant aimant les plaisirs de la table autant que ceux de la chair, il n’en était pas moins un grand intellectuel, un général habile et un grand politique qui sut plaire à Catherine par ses folies, sa conversation, son humour et sa détermination.

Ce favori est sûrement celui qui reçut le plus de Catherine. Elle le couvrit d’honneurs, médailles, récompenses, terres, richesses et pouvoirs. Mais jamais Catherine n’eut à le regretter : fervent serviteur de la Russie, il fut un conseiller et un homme politique de premier plan. De la relation de Potemkine avec la souveraine, naquit en 1775 une fille. On a dit qu’ils auraient été liés par un mariage secret.

Le tempérament de Potemkine est à la hauteur des besoins de la volcanique Catherine. Catherine a trouvé son homme, son mâle.

Pourtant, c’est Potemkine lui-même qui s’éloigna du lit de Catherine. Leur passion charnelle ne dura qu’environ deux années. Mais il resta toujours présent dans le cœur de l’impératrice en tant qu’ami et dans sa politique en tant que conseiller.

LA CHAMBRE DES PLAISIRS
Potemkine va jouer auprès de Catherine II le rôle que la Pompadour jouait auprès de Louis XV (voir « Histoire des libertines (34) : la Pompadour », paru le 24 juillet 2019) : c’est lui qui s’occupa à l’avenir de fournir des amants à l’impératrice !

Potemkine établit des règles pour devenir le nouveau favori de l'impératrice : un médecin vérifiait la bonne santé du prétendant, une proche de Catherine examinait sa culture et validait ses performances sexuelles, telles la comtesse Praskovya Bruce ou Anna Protassova qui faisaient office d'« essayeuse » ou d'« éprouveuse ».

A Potemkine succédèrent donc de nombreux « étalons », des amants tous jeunes, beaux et performants. Ils furent appelés les « éphémères »:
• Pierre Zavadoski de vingt ans son cadet,
• l’officier Simon Zoritch, écarté par Ivan Nikolaïevitch Rimsky-Korsakov, âgé de vingt ans et doté d’un corps d’Adonis,
• puis Lanskoï, qui meurt quatre ans après le début de leurs relations (d’un abus d’aphrodisiaques pour satisfaire l’insatiable Catherine).

• Le dernier de cette longue liste fut Platon Zoubov qui sera à ses côtés à sa mort.

L’attitude de Catherine envers ses amants fut toujours la même : chaque homme recevait pendant et après ses « services » des honneurs, des propriétés, des milliers de serfs, des cadeaux.

L’attitude jugée scandaleuse de Catherine lui valut une réputation de débauchée.

Louis XV, à Versailles, avait eu le « Parc aux cerfs ». Au palais de Tsarskoïe Selo, Catherine avait fait aménager une « Chambre des Plaisirs », cabinet érotique secret, constitué de plusieurs pièces et objets érotiques, y compris ce qu’on appellerait aujourd’hui des sex-toys.

DEUX TYPES D’HYPERSEXUELLES DANS L’HISTOIRE
Catherine II avait des besoins sexuels hors normes!

Elle est clairement une hypersexuelle, ses performances ne pouvant être comparées qu’avec celles de certaines des plus célèbres « salopes » dont j’ai parlées ou parlerai dans cette série : Cléopâtre, Messaline, Théodora, Isabeau de Bavière, Ninon de Lenclos, ou encore Pauline Bonaparte. Catherine II sera d’ailleurs qualifiée de « Messaline du Nord ».

En matière d’extravagances sexuelles, la réputation de la Grande Catherine n’est plus à faire. Elle-même reconnaît sa "soif insatiable de délices et de volupté". Cet appétit ne s’éteindra jamais. Bien au contraire, il se renforcera au fur et à mesure qu’elle prendra de l’âge.

Pour autant, il serait injuste de cantonner cette grande femme d’État à sa nymphomanie, fût-elle hors norme.

« Despote éclairée », correspondante de Voltaire et de Diderot, elle a passé son long règne à défendre l’orthodoxie et la philosophie des Lumières, tout en faisant disparaître ses opposants par la violence et en menant une stupéfiante vie de débauche. Catherine II, tout à la fois sainte et meurtrière, mécène éclairé et dévoreuse d’hommes, réformatrice et tyrannique, grande rassembleuse de terres russes.

Fidèle à la ligne éditoriale de HdS, je n’ai parlé ici que de la vie sentimentale et sexuelle de la Grande Catherine.

S’il y a des aspects de son action politique que je rejette, en particulier le développement du servage, la brutalité de la répression exercée (par exemple lors de la révolte de Pougatchev), son absence de sentiments maternels envers son fils Paul, qui la détestait, l’assassinat de l’affreux Pierre III, dont elle fut au moins complice, je n’en admire pas moins ce qui fait sa grandeur et qui la place parmi « les plus grands » tsars de Russie, digne successeur de Pierre le Grand.

Hypersexuelle, je ne peux qu’admirer celle qui a assumé sans faiblir les envies de son corps.

Certes, elle était toute puissante et pouvait se permettre de telles frasques, à une époque où cela n’était pas accepté, y compris de la part de princesses ou de reines. La manière dont fut accablée Marie-Antoinette, pour des débauches réelles ou supposées, suffirait à le confirmer.

Catherine a osé assumer les besoins de sa libido, balayant les critiques et ne se souciant pas de sa réputation. En même temps, dotée d’une grande culture, protectrice des arts et des lettres, elle était l’interlocutrice des encyclopédistes. C’est cette combinaison de sensualité et d’intelligence qui fait la modernité de Catherine et qui m’a attiré dans sa personnalité.

Dans les personnages féminins dont j’ai raconté le parcours sentimental ou que j’ai l’intention de le décrire dans cette rubrique, ma fascination ne va pas uniquement à celles qui se « contentées » d’assumer leur hypersexualité : Messaline ou Isabeau de Bavière appartiennent à cette première catégorie. Cléopâtre, Théodora ou Catherine II font partie d’une seconde, celle d’une combinaison particulière entre hypersexualité et intelligence, entre plaisir et ambition, entre libido et culture.

A des moments d’un parcours, on peut se laisser dominer uniquement par ses sens et je confesse l’avoir fait, avec les dérapages graves que cela a entrainés. L’idéal doit être d’assumer son corps et ses besoins, tout en restant digne de son éducation, de son intelligence et de sa culture.

Voilà pourquoi Catherine fait partie des personnages que j’admire, sans occulter ni ses crimes, ni ses fautes.

PRINCIPALES SOURCES SUR LE WEB
Outre le chapitre qu’Agnès Grossmann consacre à la Grande Catherine dans son ouvrage « Les salopes de l’histoire », voici les principaux liens que j’ai consultés, en plus de l’article de Wikipédia :
• https://www.pointdevue.fr/histoire/catherine-ii-la-tsarine-aux-mille-amants_5284.html
• https://www.histoire-pour-tous.fr/biographies/3800-catherine-ii-de-russie-1729-1796-biographie.html
• http://www.lefigaro.fr/histoire/2017/09/21/26001-20170921ARTFIG00270-5-choses-a-savoir-sur-catherine-ii.php
• http://www.racontemoilhistoire.com/2016/02/catherine-ii-de-russie/

Les avis des lecteurs

@ Didier, la comparaison avec Louis XV, qui fut son "homologue" en France jusque 1774, est en effet pertinente, de même le rôle joué par les "pourvoyeurs", la Pompadour pour Louis, Potemkine pour Catherine. Et la "chambre des plaisirs" fait penser au "Parc aux cerfs"
Et à nouveau le traitement différent dans l'histoire entre un homme et une femme. Pourtant je maintiens que le règne de Louis XV fut désastreux, alors que la Grande Catherine, malgré certains aspects sombres, fut, avec Pierre le Grand, la fondatrice de la Russie moderne

Histoire Erotique
Olga,
c’est une fois de plus un formidable texte que tu nous livres là avec cette présentation de la vie Catherine II de Russie, que je trouve, pour ma part, très instructif.
Historiquement, et comme beaucoup, je la connaissais comme une grande tsarine éclairée, du siècle des Lumières, qui, dans la lignée de Pierre le Grand, s’efforça de faire de la Russie une grande puissance européenne et moderne.
Je savais également qu’elle avait eu des amants dont Orlov et Potemkine.
Pourtant, je ne me doutais pas que la Grande Catherine fut autant sulfureuse, avec à sa disposition entre autres, ce «harem» de jeunes hommes, ces «éphémères» que lui fournissait Potemkine et aussi cette pièce secrète, la fameuse chambre des plaisirs.
A la lecture de cette chronique, Catherine apparaît bien comme l’illustration d’une femme de pouvoir, régnant de surcroît, libre de toutes contraintes.
En effet, d’un côté en prenant le pouvoir elle fût libre de son destin, lui permettant ainsi d’un autre côté, après avoir été malheureuse en mariage, d’être libre de sa vie amoureuse et sexuelle…
Je tiens à souligner en final que je partage encore une fois ton avis quand, en faisant une brève comparaison entre ces deux monarques hypersexuels, que furent Louis XV et Catherine, tu confirmes ce constat désolant et récurrent dans la manière dont l’histoire fût écrite. Le premier, le roi « bien aimé », apparaît comme un monarque séducteur, alors que la seconde l'impératrice de Russie est considérée comme une femme lubrique et dépravée...
Didier.



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