Jardin d'Asie

- Par l'auteur HDS Pessac -
Récit érotique écrit par Pessac [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
  • • 1 récit publié.
  • • Cote moyenne attribuée par les lecteurs : 0.0 • Cote moyenne attribuée par HDS : 0.0
  • • L'ensemble des récits érotiques de Pessac ont reçu un total de 624 visites.
Récit libertin : Jardin d'Asie Histoire érotique Publiée sur HDS le 12-08-2025 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
Cette histoire de sexe a été affichée 624 fois depuis sa publication.

Couleur du fond :
Jardin d'Asie
Un polar. Pour ceux qui aiment les mots, les histoires construites et les scènes de cul hyper bouillantes. Encore faut-il une certaine patience...


« Le train 15234 en provenance de Paris Montparnasse entre en gare. Veuillez-vous éloigner de la bordure du quai. »

Elle trépigne Amélie. Quatre mois sans son petit mari !
D’accord, il est revenu deux fois, le temps d’un week-end et elle, est monté trois fois à Paris. Ces courts intermèdes ont été bien rempli : baises sauvages, duos câlins, trio avec un blonde rencontrée au bar de l’hôtel, quarté gagnant dans un club libertin, tamponnade expresse dans un passage souterrain, le couple a, à chaque fois largement, rentabilisé ces retrouvailles. Mais tout de même...
Quatre mois de disette ! Bon, disette, pas famine, n’exagérons rien. Les périodes de creux ont été pris en charge par Bérénice : l’eurasienne vicieuse lui a apporté quelques réconforts et Amélie lui doit quelques beaux orgasmes. Mais quand même !

Sur le quai, les retrouvailles sont délicieuses. Mais rapides ! ils ont tellement hâte tous les deux. Dans la voiture, Antoine profite de sa position de passager pour chaparder quelques amuses-bouches : ses mains sont parties saluer comme il se doit les ti-nichons de sa femme, évidement libres sous la robe chaussette orange fluo qui moule si précisément son corps. Les pointes hérissées marquent délicieusement le tissu et témoignent de l’excitation d’Amélie.

Maintenant qu’elle est assise au volant, sa robe qui couvrait très péniblement ses fesses quand elle était debout, est remontée ras la craquette. Nue évidement la berga-motte : les berges sont luisantes de miel, les frisottis rosés des petites lèvres s’écartent sous les doigts de Tonin, tout heureux de retrouver ce magnifique mille-feuilles au foisonnement si dense. Il la branle sévère sa chérie, plonge ses doigts dans la rivière inondée, les enfile dans le détroit bouillonnant, astique résolument le conduit. Amélie écarte ses cuisses autant que faire se peut (vive les boites auto !), expose sa moule impatiente.

Amélie, peur de rien, a remonté sa robe au nombril. Arrêtée à un feu, deux des passagers du bus 14 profitent de l’exhib de la donzelle savamment branlée par son mec. Si l’un, vieux con, fait la moue et détourne le regard, l’autre, une jeune femme, visiblement s’en réjouit, adresse un pouce levé au couple, se caresse un nichon en observant le manège et darde une langue gourmande.


Dans le parking de son immeuble, Amélie rejoint sa place à proximité de l’ascenseur. Sortant de la voiture, elle se débarrasse direct de sa robe et nue comme au jour de sa naissance, entre dans l’ascenseur, réalisant qu’elle est peut-être allée vite en besogne : quelqu’un aurait pu se trouver dans la cabine et l’aurait découverte nue : même si fondamentalement, être vue nue par un inconnu ne la gêne pas, l’exciterait plutôt, l’être par un de ses voisins qu’elle croise et salue aimablement serait déjà un peu plus embarrassant... Après, si c’est le beau gosse du troisième ou la mignonette du second... Surtout la mignonette aux si provocants nibards d’ailleurs.
Pour la remontée, aucun risque : si les boutons, du sous-sol au troisième existent, celui du quatrième a été remplacé par un digicode qui enverra l’ascenseur au quatrième sans arrêt intempestif dans les étages.

Alors que Tonin entre à son tour dans la cabine avec ses bagages, Amélie se précipite sur la braguette du commissaire. Un joli mandrin en est rapidement extrait. Il n’a pas le temps de prendre la température des lieux, il est embouché dans la seconde.
Elle pompe Amélie, elle suce, elle polit le manche avec application tout en branlotant sa baveuse ; sans chercher à réveiller le dormeur du val, son guignolot sensible. Pas question pour elle de s’envoler pendant la montée de la cabine ! Là, elle se concentre sur le piolet de Tonin, son but unique est de vidanger les coucougnettes de son compagnon, over-chargées après trois semaines d’abstinence. L’ascenseur est bloqué entre le troisième et le quatrième et la nénette s’active tant et bien sur le chibre. Elle est goulue, gourmande, complètement dévoyée la salope excitée. Elle sprinte la garce, serre ses lèvres autour du pieu, le noie de sa salive, affole le frein du gland avec sa langue de pute. Tant et si bien que déjà, elle sent les micro-spasmes annonciateurs du lâcher de bordée : le foutre jaillit !
Elle se prend une première giclée au fond de sa gorge, une deuxième sur la tronche, sur sa joue et en partie sur son œil droit. La troisième s’écrase dans son cou, la quatrième macule ses nichons. Elle adore se faire tartiner de cette façon par ce qui est, en l'occurrence cette fois-ci, du gel, avec grumeaux ! Il était vraiment temps d’intervenir, de lancer une vidange : un peu plus et c’était du lyophilisé qu’il lui envoyait dans la tronche !

À sec le bonhomme du coup ? Mais non ! Elle n’a pas peur, son Tonin sera bien capable de remettre le couvert dans ... cinq minutes ? Bon, disons, dix ! Le temps qu’elle lui sorte le grand jeu... Et elle va mettre le paquet la putain absolue !

##oOo##

Brandon est véritablement ce que l’on appelle un grand échalas. Épais comme un courant d’air, il est d’ailleurs plus grand qu’il n’y parait : ses épaules tombantes, sa tête baissée, son menton dans le cou, et son dos voûté le rapetissent. Ajoutez à cela son éternel air de chien battu, il n’a vraiment rien du mâle triomphant.
Brandon est un grand échalas, ce qui ne l’empêche aucunement d’être un petit con. C’est du moins ce qu’il parait être a priori. En fait, ce gars-là n’est ni arrogant, ni effronté, ni impertinent. Pas même malpoli. En fait, c’est sa dégaine qui lui donne cet air de p’tit con : son jean taille basse et son sweat surtout, dont il s’enfonce la capuche jusqu’aux yeux. Brandon est transparent. Il promène sa carcasse dans l’indifférence générale.

Ce pauvre garçon est d’abord et avant tout le roi de déveine. Quelques soient les circonstances, quel que soit le dilemme, il pourra bien tergiverser pendant trois heures, il fera toujours le mauvais choix. Celui qui lui vaudra trois tonnes d’emmerdes. Imparable ! Brandon la loose ! Pourtant, ce p’tit con est intelligent. Intelligent... mais poissard.

À cette heure, le pauvre garçon est précisément dans ce qu’il est commun d’appeler une merde noire. Jusqu’au cou ! La veille, il zonait tranquille-pépère aux alentours de son squat quand, au détour d’un immeuble, il avait été témoin d’une altercation. Des hommes s’en prenait à un couple. Brandon aurait pu faire deux pas en arrière, se tapir dans une anfractuosité du mur, et personne ne l’aurait vu. Mais sa curiosité l’emportant, il avait au contraire fait un pas de trop. Il avait assisté à la scène. Un homme appuyait un flingue sur l’arrière du crâne d’un ado, à genoux sur le macadam. Sa compagne, hystérique, avait alors foncé sur le chef du commando. Désarçonné, le type avait tiré sur le gamin. Malencontreusement peut-être. Ou pas. Puis, il avait envoyé une énorme mandale à la fille, ce qui l’avait stoppée net ou plutôt, envoyée valdinguer contre un mur. Le type s’était alors précipité sur la gamine, la saisit sous les aisselles, soulevée et la plaquée contre le mur. Un mur d’où dépassait une tige métallique. Le salaud l’avait poussé contre, en toute connaissance de cause, de toutes ses forces. La gamine avait ouvert deux grands yeux étonnés : embrochée sur le fer, l’arrière du crâne transpercé. Ses jambes et ses bras s’étaient agité quelques secondes. Triste pantin. Puis, trois secondes plus tard, elle s’écroulait au sol. Cannée.

Saisi d’effroi devant tant de sauvagerie, Brandon avait laissé échapper un petit cri : c’est alors qu’il avait été repéré par le commando. Une balle l’avait raté de peu et il ne dut son salut qu’à sa bonne connaissance des lieux. Prenant ses jambes à son cou, il avait zigzagué dans la friche industrielle avant de s’engouffrer dans un passage discret où il s’était planqué dans un tonneau à moitié rempli d’une eau croupie. Juste assez d’eau pour lui couvrir le sommet de son crâne quand les porte-flingues du caïd étaient passés près de lui. Brandon avait du souffle et malgré son palpitant en zone rouge, il était resté suffisamment longtemps en apnée pour ne pas être découvert.

Brandon n’avait pas l’ombre du commencement de l’idée de l’identité du chef mafieux qu’il avait aperçu mais le visage du salaud est désormais gravé dans sa mémoire.

...///...

Wulandari est une petite puce. Ce n’est là ni un pléonasme, ni une redondance mais une réalité vérifiée. Un mètre quarante-huit (et demi, elle y tient !). Cela dit, elle est fine, menue, fort jolie, elle a tout ce qu’il faut où il faut. Un physique de Miss France, mais catégorie bonzaï ! D’autant qu’elle est eurasienne, métisse franco-indonésienne.

Wulandari est une puce, ce qui ne l’empêche nullement d’être une grosse tête. Son QI est inversement proportionnel à sa taille. Bac scientifique à 15 ans (mention très bien). À vingt ans, elle est sortie major de promo d’une des plus prestigieuses écoles de commerce : les plus grandes sociétés du marché alors la convoitent, les propositions affluent, salaires mirobolants à la clé. Un avenir radieux lui est donc promis mais le décès accidentel de son père change la donne : la toute jeune fille n’a d’autre choix que de reprendre l’entreprise familiale.

Le restaurant asiatique du centre-ville, un peu en perte de vitesse, avait connu sous son impulsion un nouvel essor pour devenir très rapidement le rendez-vous incontournables aussi bien des notables que des jeunes et des trentenaires. Des quarantenaires aussi et des... Bref, de toutes les catégories d’âge. The place to be ! Un second établissement, self-service, avait été ouvert en périphérie de la ville, dans la zone commerciale et prospérait allègrement. Wulandari ne comptait pas s’arrêter là : elle voulait aussi monter un service traiteur, livraison à domicile et plats à emporter. À 23 ans désormais, la jeune femme se trouve à la tête d’une entreprise florissante.

Cet après-midi, au guidon de sa Vespa Super 300 rouge bordeaux, Wulandari maraude dans la friche industrielle nord où plusieurs locaux pas chers pourraient convenir à ses besoins. Le problème est de se repérer dans ce quartier relativement abandonné où la plupart des panneaux de rues ont disparu.

Au détour d’une allée, elle aperçoit, au loin, un jeune qui court pour échapper à une grosse berline qui fonce résolument sur lui. Le type est agile, saute au dernier moment pour éviter le choc, part en sens inverse, monte sur un quai, redescend du promontoire, file vers la gauche et au dernier moment, alors que la voiture est à deux doigts de l’envoyer voler, il fait demi-tour. Le chauffeur de la berline s’est laissé prendre par la feinte, il recule, trop vite, emboutit l’arrière de sa Mercedes dans le coin d’un mur, repart en mettant plein gaz. Trop de puissance délivrée, la voiture dérape sur les gravillons, part en tête à queue, zigzague et heurte un pilonne électrique : pas un as du volant le malfrat ! Les dégâts sont limités mais entre-temps, la cible s’est totalement évaporée.

Brandon est à bout de souffle. Époumoné ! Exsangue ! C’est alors qu’il aperçoit le scooter et son conducteur qui lui fait signe de venir. Il court, monte sur l’engin qui aussitôt démarre.

##oOo##

La Vespa plonge dans un parking souterrain, descend deux étages et arrive à une porte basculante qui se relève en silence. Un parking privé. Ascenseur au fond.
Le conducteur de l’engin enlève son casque, ébroue sa longue chevelure et sourit à son passager.

Il s’attendait à tout Brandon, mais sûrement pas à devoir son salut à une nana, demi-portion et... carrément gracieuse ! Dans le parking, plusieurs voitures, deux mobylettes à coffre de livraison, deux jumpy et un crafter, tous trois logotés « Jardin d’Asie ».
— Moi, c’est Wulandari. Et toi ?
— Brandon, Brandon Treize.
Le gamin a pensé que Wulan était le prénom de la fille, Dari, son patronyme. Ou l’inverse. Ou Wu, le prénom et Landari le nom. Allez savoir avec les chinois !
La jeune femme fait la moue :
— Brandon, c’est ton vrai prénom ?
Brandon soupire. Il pourrait mentir mais n’en a ni le courage ni l’envie face au regard pénétrant de son interlocutrice :
— Non, le vrai, c’est Jean-Michel. Jean-Michel Treize. J’étais le treizième Jean-Michel de l’orphelinat. Les bonnes sœurs ne se cassaient pas la nénette pour attribuer des patronymes aux enfants trouvés.
Petite moue compatissante de Wulandari qui retrouve vite son sourire.
— Bon alors t’oublie dèf ton Brandon, amerloque et ringard ! Allez, suis-moi Jean-Mich !
L’ascenseur, modèle 1925, tout en fer forgé et grillagé, monte rapidement jusqu’au rez-de-chaussée : il a de toute évidence été mis aux normes récemment.
Les deux jeunes gens débouchent dans la salle d’un restaurant au décor un peu surchargé des gastros asiatiques. Profonde moquette lie de vin, tentures assorties, colonnades, statues, tables nappées, fauteuils visiblement confortables. Ambiance cosy. Bon, on est dans un gastro haut de gamme !
En ce milieu de l’après-midi, les éclairages sont éteints, la salle est sombre.
Wulandari entraine son compagnon vers les cuisines, encore désertes à cette heure.
— T’as faim ?
Jean-Mich/Brandon opine du chef.
Tu m’étonnes, il n’a rien avalé depuis la veille : la scène du massacre lui avait coupé l’appétit.
La jeune femme ouvre un des grands frigos, en sort une énorme casserole qui fait la moitié de sa taille (mais qu’elle manipule avec aisance), et avec une grosse louche, prélève une portion qu’elle verse sur une assiette qui part immédiatement au micro-ondes.
— Deux minutes ! Maintenant, si tu me disais pourquoi ces types voulaient t’aplatir sur la calandre de leur Mercos ?
— Je... je sais pas. Ils ont dû me prendre pour un autre...
— Mais bien sûr ! Et moi, j’suis la Reine d’Angleterre, ça se voit non ? Bon, allez, mange. Baguettes ou fourchette ?
Jean-Mich prend les baguettes et attaque.
— Porc et foies Sisig ?
Wulandari est impressionnée ! Ce plat n’est pas spécialement connu...
— Exact ! Bravo !
Une femme d’un certain âge entre dans la cuisine, regarde le boulimique avaler la nourriture et sourit. Elle s’adresse à Wulandari. S’ensuit un échange dans une langue asiatique, puis la femme repart en riant.
— Un problème ?
— Non, répond Wulandari, c’est ma mère, Lestari. Elle me charrie. Depuis gamine, j’ai toujours ramené des animaux mal en point à la maison. Elle m’a demandé si tu en étais...

Jean-Michel ne répond rien mais se dit que la maman n’a pas tout à fait tort.
Non, pas tout à fait tort...

##oOo##

— Alors Doc, qu’est-ce que ça dit ?
La question de la commandante s’adresse au légiste qui a terminé l’examen préliminaire du corps extrait des eaux noires d’un bassin de rétention de la friche Saran.
— Femme entre dix-sept et vingt-deux ans je dirais. Grosse plaie de l’occiput vraisemblablement provoqué par un objet contondant qui lui a été enfoncé de plusieurs centimètres dans le crâne. La petite est morte sur coup. Trace de rouille autour de l’orifice d’entrée. Sinon, gros hématome sur la joue gauche dû vraisemblablement à un uppercut violent.
— Agression sexuelle ?
— Trop tôt pour le dire mais ça ne parait pas être le cas, ses vêtements sont en ordre. Sinon, le cadavre étant remonté à la surface, et compte tenu de la température élevée de cette eau stagnante, je dirais qu’il a été jeté à la flotte il y a 24 à 30 heures maxi. Plutôt 18 à 24 heures. Pour le reste, je vous en dirai plus après l’autopsie.
La commandante Letellier-Ladrime observe le corps de la gamine et se tourne vers son adjointe, Bérénice N’Guyen.
— Encore un féminicide ? On a retrouvé un sac, des papiers ?
— Non, rien. Pas de téléphone non plus mais les plongeurs draguent le fond. Dans cette eau sale, ils auront du mal à y voir grand-chose mais ce bassin de rétention n’est pas grand, ni bien profond.
Un plongeur remonte justement à la surface : il a trouvé quelque chose. Il replonge.

Quelques instants plus tard, il réapparait en compagnie de son collègue et d’un second cadavre. Le corps est ramené au bord du bassin, hissé sur la berge. C’est un homme, jeune, le corps entouré d’une chaine.
— Il était attaché à une jante de voiture, on vous la remonte...
— Holà patronne, ce n’est plus un féminicide, c’est un règlement de compte !
Alors que le légiste effectue les premiers constatations, Amélie Letellier en a assez vu pour comprendre. L’orifice d’entrée d’une balle dans la boîte crânienne laisse peu de doute.
— Lui, a été proprement exécuté. Gros calibre me semble-t-il.
Lorsque le cadavre est retourné, un bon quart du visage est en bouillie.
— Très gros calibre, 357 Magnum, balle chemisée ou à pointe creuse sans doute pour provoquer de tels dégâts en sortie. Pas une arme de rigolo ! On a affaire à du lourd Béré ! Du très lourd !

##oOo##

Au Commissariat Central, Amélie vient d’entrer dans le bureau de son commissaire de mari. Rapide bécot sur la bouche.
— Sale affaire : règlement de compte dans la friche de Saran, un jeune gars exécuté par balle dans la tête, une gamine tuée dans des circonstances pas encore clairement établies. Aucun papier, rien pour les identifier.
— Avis de disparitions, enquête de proximité, lui répond Antonin Ladrime.
— Oui bien sûr mais leurs morts remontent à un ou deux jours grand max. Pas sûr que des proches s’inquiètent déjà de la disparition de ces deux jeunes zonards. Je table plutôt sur l’autopsie pour nous apporter des éléments sur le ou les auteurs de ces forfaits. Et bon, on n’a pas la scène de crime primaire...
— Eh bien, laissons faire le temps. À propos de temps, tu comptes rentrer à la maison ce midi ? J’ai une petite fringale, si tu vois ce que je veux dire...
— Ah non mon Tonin chéri, sorry, je vais avaler un rapide sandwich avec Bérénice et après, on se remet au taf. On a du pain sur la planche. Mais ce soir, mon pépère, t’auras droit au grand jeu, dit-elle en retournant embrasser son chéri et en lui glissant au passage une patte croche entre les cuisses.
Amélie, sylphide légère, s’enfuit vers les ascenseurs.

Sur le toit terrasse du commissariat, Bérénice chipote dans sa box-déjeuner. Avec le retour du grand beau temps, la jeune femme est toute guillerette. Enfin, plus encore que d’habitude, si toutefois c’est possible. Car beau temps ou pas, qu’il neige ou qu’il vente, Bérénice est toujours guillerette.

Émoustillée, coquine, un brin perverse, craquante, Bérénice l’est en permanence, du réveillon du jour de l’An au 30 décembre suivant ! Inclus ! C’est sa nature, elle n’y peut rien. Elle s’en réjouit d’ailleurs et ne tentera en aucune façon de la modifier tant soit peu. Et comme en plus d’être carrément jolie, elle s’habille de façon ostensiblement sexy, la jeunette attire les regards, envies et concupiscences égrillardes. Bérénice aime afficher sa beauté, assume son sex-appeal, vit sa jeunesse à 100%, croque la vie à pleines dents.

Jusqu’il y a peu, elle a multiplié les aventures. Pas pour trouver THE compagnon idéal, juste pour goûter au maximum de plaisirs variés. Comme elle le disait alors, « je mène une vie de bâtons de chaises, car certains bâtons m’intéressent furieusement ! » Si ses aventures étaient fréquentes, elle n’était pas pour autant une Marie couche-toi là, une Marie-salope, ou pour reprendre la plus délicate expression traînant sur Interbête, une vide-couilles, prête à bondir sur le premier [braquemart] venu. Elle ne s’offrait pas à l’encan mais choisissait ses partenaires selon des critères précis ! Variés certes, très variés soit, mais précis. L’impérieux besoin de tout connaitre, tout savoir, pour finir, le moment venu, par être en mesure de faire ses choix, son choix, en toute connaissance de cause. Bérénice était en quelque sorte une exploratrice rigoureuse et méthodique de la nature humaine. Masculine. Essentiellement… mais pas que !

Mais ça, c’était avant !
Avant Jules, son jules Jules comme elle l’appelle.
Oh, elle ne l’a pas vu venir celui-là ! Aujourd’hui encore, elle enrage gentiment de s’être fait piéger par cet universitaire distingué, un peu vieux jeu, un peu fleur bleue. Ça lui apprendra à changer de régime, à vouloir goûter aux charmes de l’homme plus mûr, du quasi-quadra rassurant. Pif-Paf-Pouf, elle s’est trouvée piégée, attrapée, capturée, délicieusement soumise à ses tendresses.
Elle, soumise (même délicieusement !), elle n’en revient toujours pas !

Piégée, attrapée, certes, mais pas enchaînée. Ce serait lui faire insulte qu’imaginer la jolie eurasienne assagie, filant droit, assujettie à la volonté de son homme. Elle s’étonne bien sûr du confort, de la plénitude conférée par cet insolite état appelé fidélité, notion qu’elle jugeait jusqu’alors ringarde et castratrice. L’anar du sexe se complait néanmoins dans ce bonheur bourgeois que Jules sait si astucieusement renouveler en permanence. Bérénice est donc fidèle désormais, du moins a-t-elle abandonné ses comparaisons approfondies des variations tridimensionnelles plus ou moins exponentielles des attributs de fond de caleçons !

Apparemment, la friponne fidèle est restée la même : sexy, provocante, libre. Ses tenues ne sont pas assagies, ses jupes serrées ou ses robes légères toujours aussi courtes, continuent de lui valoir des sifflets grivois dans la rue, des coups d’œil plus ou moins réprobateurs de quelques supérieurs compassés ou de collègues aigries. Ses décolletés plongeant, ses chemisiers diaphanes qui laissent transparaitre les fines dentelles ajourées de ses soutifs, affolent bien des interlocuteurs, lui valent souvent les commentaires salaces de prévenus fanfarons qu’elle a tôt fait de recadrer sèchement. Et lorsqu’elle adopte des tenues a priori plus décentes, pantalons-polos, ses pulls en jersey moulent si précisément son ahurissante poitrine que l’effet n’en est que plus saisissant, époustouflant et carrément hypnotique. Car la donzelle est pourvue d’une paire d’autant plus (d)étonnante que sa silhouette est fluette, frêle, fragile.

Aujourd’hui, Mademoiselle Chang comme on la surnomme à cause des amandes effilées qui pétillent derrière ses longs cils recourbés, Mademoiselle Chang se la joue héroïne manga : écolière japonaise. Jupe plissée écossaise, chemisier immaculé (parfaitement opaque !), cravate, gilet bleu foncé, escarpins noirs vernis, et bien sûr, chaussettes blanches remontant jusqu’aux genoux. Manque juste une Chupa-Chups en bouche et on lui donnerait le Bon Dieu sans confession ! Du moins, si l’innocente jupette n’était pas aussi scandaleusement courte : l’écolière nippone est manifestement plus rouée que studieuse et en fait de sucette, on devine aisément qu’elle n’est pas portée sur le sucré…

Assise sur un muret, tout en chipotant dans les nouilles-porc shop suey de sa bentō box, elle reluque effrontément les cuisses dénudées et la petite culotte blanche de sa voisine qui elle, a terminé son Club thon-crudités depuis longtemps et sirote un café tiédasse sans sucre.

Appuyée contre la rambarde, Amélie, les yeux fermés, la tête renversée, profite des rayons déjà puissants d’un soleil dont le règne semble désormais établi pour quelques temps. Elle sait qu’en quelques jours d’expositions modérées sur la terrasse de son appartement, sa peau de brunette méridionale aura retrouvé sa belle couleur ambrée, que son corps tout entier (sauf quelques périmètres volontairement protégés) arborera un bronzage irrésistible. Alors, tant qu’à faire, cette pause-déjeuner permet d’amorcer la pompe. Son visage, ses avant-bras profitent des UV, ainsi que ses jambes et ses cuisses. Amélie a en effet tombé la veste, remonté ses manches de chemise et largement troussé la jupe de son uniforme réglementaire, au ras de son slip. Sur le toit terrasse désert du SRPJ, à l’opposé de l’unique porte d’accès qui coince et couine abominablement, véritable corne de brume, elle aura bien le temps de reprendre une posture décente si par hasard un quelconque gêneur venait se perdre dans les parages.

— Alors, raconte, interroge Bérénice, t’en est où avec Tonin ? Contente qu’il soit rentré ?
Amélie se redresse, jette un regard torve à sa voisine et hausse les épaules :
— Ben non… pas plus que ça…
Un court instant, Bérénice doute, avant de réaliser : … à question idiote, réponse...

Amélie s’est levée, a rabattu sa jupe et se plante face à son amie.

— Évidemment que je suis contente sombre idiote ! Tu ne le serais pas toi si ton bonhomme revenait at home après quatre mois de stage ? Quoique, toi, seule, pendant quatre mois, j’imagine le tableau : ton mec, il n’aurait aucune chance de passer la porte avec les cornes que tu lui aurais plantées !
— Même pas vrai, se défend l’eurasienne. Je l’aime mon roudoudou !
Là, Amélie n’en croit pas ses oreilles !
— Attends, j’ai bien entendu ? Tu quoi ? Tu... l’aimes ? C’est bien ce que tu viens de dire ? Non mais, tu vas bien toi ? Tu es sûre qu’il n’y a pas un truc bizarre autant qu’étrange dans ta bentō ?

Boudeuse, l’eurasienne baisse la tête, fixe ses souliers vernis.

— Oui bon, ça va, on ne va pas en faire un fromage ! Mais oui… c’est vrai : je l’aime !
Amélie lève les bras au ciel :
— Ta-Dam ! comme le claironneraient les Minions. Mam’zelle feu au cul se rangerait des vélos, ou plutôt… des grelots !

Lorsqu’elles se retrouvent seules, les deux amantes n’hésitent pas à employer un langage pour le moins direct, dénué de tout complexe ou tartufferie. C’est même un jeu où chacune s’ingénie à dévoiler crûment ses plus intimes secrets et à balancer à l’autre ses quatre vérités, sans détour, en prenant un malin plaisir d’user de mots à faire rosir le nourrain de Maître Cappelo. Un défouloir, somme toute bien innocent, pour compenser la raideur de leurs conversations professionnelles.

— Dis voir, je me demandais justement comment ton Jules faisait pour arriver à squatter ton appart depuis… combien ? Sept mois ?

Toujours boudeuse, Bérénice avoue piteusement :

— Sept mois ? Euh… si on compte bien, ça fait plus près d’un an que d’un semestre ! Carrément neuf mois ! Et demi ...

Relevant la tête et souriant de toutes ses dents :

— Et c’est très bien comme ça ! Oui, c’est vrai, je l’aime mon jules Jules !

Câline, Amélie s’approche de son amie et lui prend son visage entre les mains.

— Tu sais, je te fais marcher, il y a longtemps que je le sais que tu l’aimes vraiment ton Jules ! Mais que toi, tu l’avoues, tu l’exprimes à haute et intelligible voix, alors ça, ça m’en bouche un coin ! Je t’adore petite idiote !

Pour bien signifier la chose, Amélie dépose un léger bécot sur les lèvres purpurines de son amie. Craignant sans doute que la petite perverse n’en profite aussitôt, Amélie s’échappe en riant et part s’asseoir en face d’elle sur le rebord béton d’une bouche de ventilation.

— Oui, bon, d’accord, passons, reprend Bérénice, parle-moi plutôt de vous deux. Ces retrouvailles alors ?
— Mais qu’est-ce que tu veux que je dise ? Qu’on s’est envoyé en l’air dans tous les coins de l’appart ? Qu’on avait démarré dans l’ascenseur déjà ? Qu’il a exploré la carte du tendre en long, en large, en travers, en relief et surtout… en profondeur ! Ben oui, boum-boum tagada Bonjour M’sieurs-Dames ! Oui, le grand jeu, la totale ! Caresses et papouilles, tu le connais mon Tonin !
— Euh … ben non, justement non ! Pas sur ce plan-là en fait ! Pas à l’horizontale !

Amélie fait mine de se fâcher :

— Ah ben y avait longtemps ! Tu n’vas pas remettre ça sur le tapis ! Je ne te suffis plus peut-être ?
— Mais si ! s’exclame la mi-Vièt avec véhémence. Cela dit, ça fait quand même un petit bout de temps que tu n’es pas venue mettre ton nez dans mes petites affaires…

Goguenarde, Amélie secoue la tête :

— Longtemps ? Oh oui, c’est vrai ça ! Ça remonte au moins à … une semaine !
— Onze jours, rétorque Bérénice avec un air de chien battu. Tu me manques tu sais…

La capitaine se garde bien d’avouer qu’elle aussi ressent un manque. On pourrait imaginer qu’avec les sarabandes enfiévrées qui ont accompagné (et continuent d’accompagner) le retour de son mari, elle soit repue, rassasiée. Mais non ! Elle-même s’en étonne mais les extravagances câlines de ses ébats avec Bérénice sont empreints d’une tendresse qui l’émeut toujours. Et là, à cet instant, la tenue affriolante de sa vis-à-vis éveille ses sens et sa gourmandise.

— Tu es bien la seule avec qui je trompe mon jules Jules, ajoute Béré pour enfoncer le clou. Mais bon, ce n’est pas tromper puisqu’il le sait et qu’il est d’accord !
Amélie trace entre elles deux un large signe de croix :
— Et comme Tonin est d’accord également, nous sommes absoutes !

Les mains sur les genoux, les pieds qui dessinent des petits ronds en suspension, Bérénice adopte à nouveau sa moue de gamine tristounette :

— Oui, mais mon Jules est plusss’ d’accord que ton Tonin !
— Plusss’ d’accord ! Tu causes bien la France toi ! Et… ça veut dire quoi « plusss’ d’accord » ? Sûrement, qu’il aimerait bien s’immiscer dans nos petits jeux j’imagine…
— En spectateur seulement !
— Oh mais oui, bon sang mais c’est bien sûr ! C’est évident, bien entendu, je n’imaginais rien d’autre ! raille Amélie. Spectateur passif, tranquille dans son coin ! Les mains dans les poches, sage comme une image ! Mais tu sais, j’y pense, s’il n’y a que ça, s’il veut juste mater, on peut lui faire des films avec une Go-Pro !

Toujours dans son rôle, l’écolière maligne bat des mains :

— Voilà une idée qu’elle est bonne ! Tu crois que Tonin serait d’accord ?
— Mais comment donc : plutôt deux fois qu’une ! dithyrambe Amélie.

Redevenant sérieuse, jouant même l’outragée, la jeune femme tance sa complice :

— Non mais tu rêves ma pauvre ! Tu imagines réellement que Môssieur le Commandant Antonin Ladrime apprécierait de voir son officielle compagne et jeune épousée tourner des films de… moules ?
— Il accepte bien que tu viennes jouer avec moi de temps en temps à moule-moule…
— Oui, ben ça, c’est déjà un miracle… que je ne m’explique absolument pas ! Et d’ailleurs, je/

Amélie stoppe net sa phrase, se redresse d’un bond, et lève les bras au ciel :

— Non, mais j’le crois pas ! Mais tu es vraiment la reine des salopes du commissariat ! Une obsédée, totalement dépravée !

La capitaine vient de s’apercevoir que sous sa (trop ?) courte jupe plissée, l’immorale lieutenante se ballade cul nu ! Bénitier à l’air !

— Une jupe ras la figoulette et rien dessous. Mais tu fais comment si on est appelé en intervention ?
— Ben-je-remets-ma-culotte-qui-est-dans-mon-sac, yoyotte l’intéressée en jouant la cagole. Mais, bon, ne change pas de sujet s’te plait !
— Ahhhh non, STOP! Là, ma chérie, il faut choisir : minette ou causette ?

La nippone des mangas fait semblant d’hésiter un instant.

— Et c’est moi qui suis la salope ! Tu es vraiment prête à tout pour me faire taire !
— Oh, tu n’imagines pas ! Au passage, un peu de miel fera passer l’amertume de mon café…
Ni une, ni deux, Bérénice se cale en arrière, contre la rambarde, remonte ses jambes, coince ses talons sur l’arête du muret, ouvre ses cuisses au plus large et expose son coquillage gonflé par le désir. Avant que d’y plonger, Amélie vérifie du bout des doigts la douceur du bonbon tout en embrassant goulument sa complice. Les baisers passionnés s’enchaînent, les langues s’enroulent et se caressent, alors que des doigts, intrépides voyageurs, folâtrent dans les reliefs et vallons déjà détrempés. Ils glissent avec douceur, élégants et curieux, escaladent les crêtes, explorent la faille, tournicotent autour du gouffre béant mais s’interdisent d’aborder le rocher de la petite sirène.

Bérénice se délecte des ondées crépitantes qui courent dans son corps, hérissent sa peau, dressent ses tétons. Elle bénit ce toit-terrasse, havre aux mille cachettes assurant la confidentialité parfaite de ses élans coupables. Elle bénit plus encore sa fabuleuse amie, complice enthousiaste de ses pulsions débordantes. Elle se fait marionnette fébrile, obéissant aux doigts qui la mènent, la guide sur le sentier lumineux. Ces doigts, trois, quatre peut-être qui fouillent avec folie et passion sa caverne brûlante.

Quand les lèvres de sa douce amie abandonnent sa bouche, descendent se plaquer entre ses cuisses sur son fendu inondé, la pauvrette, secouée de bonheurs indicibles, s’arque, se raidit, renverse la tête, martyrisant son cou contre l’arête de la rambarde. Yeux clos, reins tendus, souffle court, cœur en chamade, elle attend le baiser incendiaire sur son petit bourgeon, le contact râpeux d’une langue assassine qui déclenchera le cataclysme redoutable tant espéré.

Bien qu’impatiente, bien que préparée, Bérénice sursaute à l’instant de la chatouille, se cabre, tremble de tous ses membres. Les alarmes retentissent, la fusée supra-orgasmique a lancé ses moteurs, l’arrache du plancher quotidien, la propulse vers l’éther infini, les inaccessibles sommets lumineux, la féérie cosmique.

Bérénice tremble, Bérénice geint, Bérénice suffoque de bonheur, de gratitude aussi pour son affolante maitresse.

Je vole - je vole - je vole ! Merci mon Amélie !
... Mais bon, arrêtez les alarmes, j’y suis !
...COUPEZ CES PUTAINS D’ALARMES MAINTENANT !

La jeune femme sort brutalement de sa planante rêverie, réalise que ces putains d’alarmes irritantes ne sonnent PAS dans sa tête !

— Béré, come back please lui souffle Amélie en montrant son bipper, il faut qu’on y aille, le légiste nous attends !

##oOo##

Bérénice entre toujours à reculons dans l’antre du légiste. Elle n’aime pas les odeurs qui flottent dans cette pièce. Mélanges de parfums acides, doucereux et surtout entêtants. Sinon, bof, les cadavres ne la gênent pas plus que ça.
Le docteur s’adresse à Amélie Letellier.

— Bon, je vous la fait courte : pour le garçon, les choses sont claires : tir à bout touchant à l’arrière du crâne. La balle est ressortie et oui, c’était du gros calibre. Rapportez-moi la douille, ou mieux, la balle et on pourra faire une analyse balistique. Le gamin a une petite vingtaine d’année. Bonne santé, dentition correcte. Quelques traces d’amphétamines et de canabis, consommateur que je qualifierais d’irrégulier. Il a eu un rapport sexuel quelques heures avant sa mort.
Le doc se retourne vers la seconde paillasse.

— La fille est moins âgée que lui, dix-huit ans environ. Bon état général, bonne dentition, french manucure. Elle a eu un rapport sexuel, consenti, quelques heures avant sa mort, vraisemblablement avec le garçon qui est vraisemblablement aussi le père du bébé qu’elle portait. L’analyse ADN le démontra mais les groupes sanguins le laissent supposer. Grossesse de cinq semaines environ. Première grossesse, la gamine est nullipare. Trace de coup violent sur la face, traces de doigts aussi, dus à serrements de main violents, dans le haut des bras, sous les aisselles, comme si on l’avait soulevée. Pour ce qui est des circonstances de sa mort, c’est un peu moins évident que pour son compagnon. C’est une tige métallique, plate, verticale, longue de quinze centimètres qui a pénétré son crâne. Quinze centimètres au total car outre les traces de rouille, j’ai également trouvé des fragments de crépi. Donc, si vous permettez, j’imagine que les choses se sont passées ainsi : suite au violent uppercut qu’elle a pris en pleine face, la petite a été projeté en arrière. Elle s’est empalée sur cette tige, plus ou moins d’elle-même à moins, c’est plus vraisemblable, qu’on ne l’ait soulevée pour la plaquer violemment sur cette tige scellée dans un mur au crépi rose.
— Merde ! Un mur rose avez-vous dit ?
— Absolument, un crépi acrylique de teinte vieux rose.
Se tournant vers sa subordonnée, la commandante lui intime de noter :

— Il faudra faire un tour dans la friche Saran : des murs roses, il ne doit pas y en avoir des masses.
— À part ça, je n’ai rien d’autre à vous dire si ce n’est que la gamine n’a pas été violée.
— Merci doc ! Béré, on file direct sur les lieux. On va le trouver ce mur !
Les deux femmes quittent l’IML. Alors qu’elles trottinent vers leur voiture, Bérénice interroge son amie :

— Dis, nullipare, ça veut dire quoi ?
— Ça signifie que la petite n’a jamais accouché. Enceinte pour la première fois.
— Ah ! Donc, je suis nullipare moi aussi !
— Non, toi t’es juste nulle par... devant et par derrière, lui répond sa chef en riant.

##oOo##

La veille, après l’avoir laissé manger, Wulandari avait emmené Jean-Mich chez elle, c’est-à-dire au deuxième étage de l’immeuble « Jardin d’Asie »...

Dans son salon, elle a installé le jeune homme dans le canapé mais elle, marche de long en... long dans la pièce.

— Bon mon gars, t’es mignon mais ne me prend pas pour une truffe. T’as des emmerdes genre sérieux pour que des mecs tentent de te réduire en crêpe avec leur rouleau compresseur teuton. Ils t’ont pris pour un autre ? Non mais oh garçon, ne me raconte pas des craques ! Et ce qui a sifflé à tes oreilles, c’était quoi d’après toi ? Des frelons asiatiques ?
— Parce que... tu crois qu’ils m’ont tiré dessus ?
— T’as rien remarqué ? Bien sûr qu’il t’a tiré dessus couillon le passager de la Mercos. Avec un silencieux...

Jean-Mich est tout en sueur. Sur le coup, il n’avait pas remarqué mais maintenant qu’elle en parle... Les sifflements à ses oreilles, c’étaient pas des frelons ! Le garçon est tellement en panique qu’il en oublierait presque de reluquer les jambes de la chinoise. Jolies cannes la nénette ! Et s’il n’y avait que ça ! Mais bon, tu te calmes garçon, c’est pas le moment !

— Faut que je me casse d’ici, de cette ville, et vite mais je ne peux pas t’en dire plus, sans te mettre en danger.
— Moi, en danger ? Non mais mec, j’n’ai fait que t’extirper d’un sacré merdier, rien de plus !
— Oui, mais ton scoot rouge, ils ont dû le repérer. Ils vont te retrouver ! Et me retrouver !
La jeune femme réfléchit un instant.

— Je n’ai qu’un coup de fil à passer et demain, il y aura trois ou quatre engins identiques et du même bordeaux qui sillonneront la ville, des scooters conduit par des chinois de toutes tailles. Et armés.

Jean-Mich est sidéré !

— Des chinois ! Armés ! Mais t’es qui toi, une cheffe mafieuse chinoise ?
— Non mais, regarde-moi ! ça suffit ! D’abord, est-ce que j’ai l’air d’une chinoise moi ? J’ai les yeux bridés et la peau jaune, dit-elle en tirant pour les brider, ses yeux en légère amandes. Non ! Je ne suis pas chinoise mais moitié indonésienne par ma mère et mon père était d’ici, de cette ville, ça explique... Et mes chinois à mobylettes seront indonésiens ! Et plus roublards que les chinois ! Mais bon, pour vous, dès qu’on a les cheveux noirs et le teint mat, on est chinois !
— D’accord, d’accord, mais ça ne m’explique pas ...
— Tais-toi ! Moi, j’explique : les chinetoques ont leur diaspora, eh ben nous aussi. On se serre les coudes. À l’occasion d’ailleurs, avec les chinois, les viets, les laotiens, et tous les autres asiatiques. Et on a notre propre service d’ordre si tu vois ce que je veux dire. Je téléphone à tonton Sécurité à Paris, ils débarquent, en force, si besoin. Maintenant, toi, tu me déballes tout, que je puisse mesurer l’ampleur des dégâts ! Savoir si je dois appeler la cavalerie ou pas !

Jean-Mich déglutit. Penaud, il raconte ce dont il a été témoin.
Wulandari est resté silencieuse pendant l’exposé du jeune homme :

— Je résume : un gentil petit couple se fait descendre sous tes yeux, tu es découvert, tu te barres et t’échappes à tes poursuivants. Moi, ce qui m’échappe, c’est comment ils font pour te retrouver le lendemain ?
Wulandari s’est installée en face de Jean-Mich, sur un tabouret haut, contre le bar.

— Je... j’ai paumé mon phone pendant que je courrais.
— D’accord, là je comprends. Ils ont ton identité mais ça n’explique pas tout. Et d’ailleurs, au fait, je t’ai vu avec un téléphone tout à l’heure ?
— C’est pas le mien, c’est celui de la fille.
— LA FILLE QUI S’EST FAITE DESCENDRE ?
— Oui, plus tard je suis retourné sur les lieux. Pas de cadavres, tout propre-net. Mais quinze mètres plus loin, j’ai trouvé un téléphone. Celui de la fille. Même pas verrouillé !
— DONNE ! DONNE-LE-MOI ! TOUT DE SUITE !

Jean-Mich lance le smartphone comme s’il lui brûlait les doigts tout à coup. Wulandari dépiaute l’appareil et retire la carte SIM qu’elle casse en deux pour faire bonne mesure.

— Tu réfléchis toi des fois ou t’as un pois chiche en guise de cerveau ? T’as pas imaginé que tes malfrats pouvaient éventuellement suivre ce téléphone ?

Décidément, il s’en prend plein la tronche le grand ! « Mais quel con je fais »

— Bon, ça y est, on a fait le tour de tes conneries cette fois ? T’as rien à ajouter ?

Le drôle hausse les épaules en signe de dénégation.

— Bon, conclut Wulandari, je ne crois pas utile d’appeler la cavalerie. Mon scoot’ va rester au garage quelques temps. Je vais juste appeler un ami, un enquêteur hors pair. Il va nous démêler cette affaire. Toi, tu vas rester ici, au chaud, peinard. Je m’occupe de tout. Ça te va ?
Jean-Mich opine vigoureusement.

— Et à part ça, tout va bien ? T’as pas de problème de vue ?
— De vue ? Mais non ! répond-il, ahuri par la question.
— Tant mieux ! Alors dis-moi, comment tu les trouves mes cuisses ?

Jean-Mich tourne pivoine dans la seconde. C’est vrai que vu sa position, il a plein phare sur l’entrejambe de la jeune femme. Merde, depuis qu’elle s’est changé, abandonnant son jean pour un mini-jupe stretch qui lui moule perfectly son adorable boule, elle est carrément bandante la reine des sushis. Sans parler de ses nibards qui pointent comme des missiles hypersoniques sous son chemisier en satin. Nus sous le satin ! Et qui pointent !
Wulandari écarte le pinceau de ses cuisses.

— Eh là, qu’est-ce que tu vois ? Oh zut ! Dommâaaage ! C’est tout noir entre mes cuisses. Un slip ? Ou... peut-être que non, peut-être qu’elle est à poil la nénette sous sa jupe : ces chinoises, elles ont la pelouse toute noire, non ?

Jean-Mich détourne son regard et bafouille lamentablement :
— Ex... excuse... moi.

La métisse franco-indonésienne resserre ses cuisses et quitte son tabouret. Elle s’approche du jeune gars, lui passe sa main dans les cheveux.
Elle abandonne le ton sec et cassant qui était le sien jusqu’ici.

— Bon, tu ne sens pas vraiment la rose et tes fringues sont archi dégueu-sales. Suis-moi, tu vas prendre une douche. On verra après ce qu’on peut faire de toi...
C’est vrai qu’une bonne douche, ça vous ravigote son homme. Dans la salle de bain, Jean-Mich se recoiffe artistiquement. Il s’est rasé de près, parfumé, mais se trouve légèrement emmerdouillé à cet instant. Il a en effet suivi les instructions de la petite nana et il a balancé tous ses vêtements dans le conduit de descente de linge sale. Tous ses vêtements mais du coup... il se retrouve vaguement embarrassé désormais, à poil dans cette salle d’eau. À poil et en érection ! C’est vrai qu’elle est canon la minimoys : une sacrée devanture, des seins carrément arrogants qui appellent au paluchage forcené ! Une silhouette parfaite, un petit cul tout rond sous sa jupe serrée. Et ses cuisses bordel !

Il bande Jean-Mich et pas qu’un peu. Il regarde autour de lui : pas de peignoir, pas de draps de bain. Des serviettes, essuie-mains, pas bien grands. Il en prend quatre, les noue comme il peut et se confectionne un pagne.
Sortant de la salle bain, il se dirige à pas de loup vers le salon. Personne. Jean-Mich toussote.

— Par ici ! Viens !

Le jeune homme se dirige vers la voix. Il entre dans une pièce à l’ameublement très moderne. Design !

C’est une chambre ! Une chambre avec un lit super king size où, assise en tailleur, Wulandari l’attend. Elle porte toujours sa jupe noire et son chemisier. Mais le chemisier est complètement déboutonné et entrouvert et sa jupe troussée au ras de la bonbonnière. Nue la coucoune, et pas noire soit dit en passant, lisse et luisante. Il distingue parfaitement les contreforts dodus et brunâtres des grandes lèvres écartées, le frisottis des petites lèvres roses lisérées de brun chocolat surmontées par la gangue lisse du clitoris.
Il n’a pas pris de ticket mais il comprend qu’il est le gagnant du gros lot. Ou du grelot en l’occurrence. Pour sûr, il va lui faire sa fête au ti’ bouton d’amour.

Jean-Mich se dit qu’il n’est plus temps de finasser. Il laisse tomber son pagne et révèle son érection. La mignonne sur le lit parait apprécier l’engin. Elle ouvre de grands yeux étonnés.
— Hey, tu te rases le zgeg et les couilles. Pas mal mec ! J’apprécie, y a pas de raison que les nanas soient les seules à s’élaguer le no’mans land ! En plus, t’es plutôt bien monté ! Approche un peu, qu’on fasse les présentations.

Dès que la pièce lui est à portée de lèvres, Wulandari bondit, se met à quatre pattes, non sans s’être débarrassée de son chemisier et elle se jette sur le gourdin. La gamine a visiblement faim : la queue est léchée, récurée de haut en bas, aspirée, gloutonnée avec entrain. De son côté, le veinard n’est pas en reste : sa main paluche un des superbes nichons de la gamine, la gauche trousse la jupe aux hanches, glisse entre les fesses et s’enfonce dans le canal du milieu. L’ouverture est béante et incroyablement lubrifiée, des flots de lubrine inonde ses doigts. Les hanches de la donzelle balancent, ses hanches roulent sous les doigts qui s’enfoncent toujours plus avant dans le défilée spermophile gourmet. La découverte des lieux le ravit mais le coquin en veut davantage. Saisissant la petite aux hanches, il la retourne, l’allonge sur les draps et se couche sur elle. Il veut prendre ses lèvres mais la mutine détourne la tête, une fois, deux fois, cinq fois. Elle lui refuse obstinément sa bouche.

— Wulan, il n’y a que les putes qui refusent d’embrasser ! Tu n’es pas une pute toi, tu es une délicieuse fleur d’abricotier, une orchidée délicate et parfumée, un jasmin envoûtant. Pas une putain ! Ou alors, c’est que tu me considères moi comme indigne de connaître le goût de ta bouche, un minable juste bon à t’enfiler, un gigolo que tu jetteras dès qu’il t’aura donné ce que tu veux.

Wulandari regarde son compagnon avec des yeux ahuris. Elle s’interroge : mais-c’est-qui-ce-mec ? Merde !
Elle est pragmatique, pas du genre à mélanger travail et plaisir. Comme il n’est pas question de travail ici, pour une fois, elle veut du plaisir, juste du plaisir.

— Si c’est ça, si je ne suis qu’un instrument de plaisir, juste une queue pour te faire reluire, alors je préfère en rester là. Je remballe mon matos et on passe à autre chose ! Ou alors, au pire, tu me payes et alors OK, je te tringlerai jusqu’à t’expédier au ciel, je te baiserai dans tous les sens, comme le vulgaire morceau de viande que tu ne seras plus alors pour moi.

Non mais, c’est quoi ce mec ? Il veut quoi, il espère quoi ? Il va me sortir les violons dans deux minutes ? Merde, il est mignon mais quand même ! Moi, je veux juste qu’il me baise ! Ça fait si longtemps que...

Putain, ma chatte a faim, elle veut se faire ramoner, exploser, retourner...
Bon... Merde ! S’il n’y a que ça pour te faire plaisir ducon, je te la donne ma bouche. Mais baise-moi mon salaud. Tringle-moi ! Démonte-moi la guitoune ! Baise-moi par devant, par derrière même si tu veux, dans toutes les positions que tu voudras, mais fait-moi jouir ! Putain, j’en ai besoin ! Je veux JOUIR !

Furieuse, agacée, l’indo née chienne attrape le visage de son gigolo (NA, non mais qu’est-ce tu crois, t’es juste un gigolo, pense-t-elle !) et vient écraser presque rageusement sa bouche sur ses lèvres. C’est l’homme qui cette fois s’échappe, la regarde avec dédain. Ou commisération (elle ne peut déchiffrer l’expression). Il s’approche doucement d’elle, dépose un bécot léger, puis un autre, plus appuyé. Il s’éloigne un instant, revient, imprime un baiser plus insistant, plus passionné.

Wulan perd pied, elle s’affole alors que des frissons la parcourt. Quand la bouche revient sur ses lèvres, elle frémit et les entrouvre : le petit bout de langue qui dessine alors le coquelicot de ses babines finit de la transporter. Soudain affamée, elle embrasse son compagnon, avec fougue, avec force. Avec passion !

Leurs langues désormais bataillent, s’affrontent, s’enroulent, leurs souffles se mêlent. Ils respirent l’un par l’autre, l’un de l’autre. Les doigts de Jean-Mich dans sa nuque l’extasient. Les patins dévastateurs qu’ils s’offrent tour à tour, ces baisers irrésistibles la transportent. Quand une main vient capturer le cabochon dressé d’un sein, elle tangue, rue, ondule sous la caresse. D’autres caresses, d’autres sucions. Son corps subit de délicieuses attaques qui exacerbent ses sens. Des rouleaux impétueux transcendent par vagues successives son épiderme sensibilisé. Elle est torche qui ne demande qu’à s’enflammer, son sexe brûle d’un feu grégeois qui la martyrise, sa chatte déverse des flots de miel qui n’éteindront pas l’incendie qui embrase son intimité.

— Viens, hurle-t-elle à son compagnon, viens en moi, implore-t-elle larmoyante !

Alors, le sexe du jeune homme aborde le chenal, se fraye un chemin dans les chairs impatientes.
Wulan sent comme une brulure à l’intromission du gourdin, elle a l’impression que la queue écartèle ses chairs, déplie ses replis intimes, doucement, patiemment, qu’il fore son passage. La bite est presque au fond quand elle se retire soudain, stationne un instant à l’entrée. La jeune femme retient son souffle, tremble et espère ce qui va suivre.

Le braquemart replonge brutalement en elle. Wulan crie sous l’attaque pernicieuse, elle se tortille alors que le mandrin va et vient en elle, racle le conduit, plonge et reflue à toute vitesse hors et dans sa boutique. Chaque intromission forcenée lui fait gravir une marche dans la course à l’extase, chaque poussée vainqueur du sabre la cisaille, chaque ahanement de l’homme lui est un cadeau triomphateur.

Wulandari s’envole, Wulandari décolle dans un chahut époustouflant. Wulan crie, pleure, rit, le visage enfermé dans ses mains, le corps secoué par les vagues monstrueuses qui la culbutent en tous sens.

Wulan jouit pleinement, magnifiquement, somptueusement !
Le plaisir la transcende, l’extase puissante assouvit enfin ses interminables attentes, brise en mille morceaux les terribles barricades qu’elle a érigées pour se protéger de ses pulsions : six mois, dix mois, plus sans doute, un an d’abstinence volontaire et involontaire, prise qu’elle était dans son labeur quotidien. Un an au moins, elle ne sait plus, qu’elle avait placé sous l’éteignoir les besoins de son corps, ses pulsions charnelles, se satisfaisant minablement, elle le réalise maintenant, parfois juste avec des ersatz caoutchoucs vibrants.

Wulan redécouvre, toute étonnée, les attentes de son corps, les impatientes de ses chairs. La fringale qui l’étreint à cet instant l’illumine : oui, elle va se jeter corps et âme dans le stupre et la fornication, elle a tant de retard à combler.
Mais son baiseur n’a pas éjaculé. En voudrait-il plus ?
« Mon Jean-Mich peut me bien faire tout ce qu’il veut ! »

Réalisant ce qu’elle vient d’énoncer in petto, elle s’interroge : « MON Jean-Mich ? »

##oOo##

La Mégane louvoie dans les allées déserte de la friche industrielle. Murs gris, défraichis, décrépis, un décor de film de zombies. Par le moindre mur rose à l’horizon. La voiture s’apprête à quitter le quartier quand Amélie a une illumination.

— On va aller jeter un œil du côté du Paquebot.
— J’allais te le proposer, déclare Bérénice.

La voiture parcourt les quelques hectomètres qui la séparent de la destination.

— Tu te souviens Béré ?
— Évidement, comment je pourrais oublier... Le peintre fou qui a moitié tué sa compagne !
— Je me demande comment va la fille aujourd’hui ? Elle avait pris cher la pauvre...
— Clara ? Elle va très bien ! Elle file le parfait amour avec son Matthieu. On les a vu il y a quinze jours.
— On ?
— Jules et moi. En fait, ils sont venus dîner à la maison.
— Dîner ?
— Oui, dîner ! Point. À la ligne ! Rien de plus !
Amélie affiche un air dubitatif
— Ok-ok...
— Et... on a dîné chez eux hier soir.

Bérénice affiche désormais un air en coin !

— Ah oui ! C’était bon ?
— Oh, délicieux ! ...Asperges et moules... sautées.
— Sautées ? demande Amélie, petit sourire en coin.
— Oui bon, sautées, lapées, léchées et ... fourrées.
— Petite salope ! Et tu ne m’en as rien dit !
— J’ai pas eu le temps !
— Non bien sûr, ce midi sur la terrasse, tu avais d’autres préoccupations, comme te faire grougnouter le barbu, petite pute !
— Oui, d’ailleurs au passage, c’était par-fait. T’es la meilleure !
— Change pas de sujet, s’te plait ! Alors comme ça...

Bérénice croise les bras sur la poitrine, s’enfonce dans son siège et prend un air satisfait :
— T’inquiète, on leur a parlé de toi, de vous. Dîner programmé pour dans dix jours, si vous êtes libres bien sûr. Ça te va ?

Amélie est sur le point de répondre que oui, non, faut voir avec Tonin, ce serait une première en fait... mais la voiture vient de contourner l’énorme édifice abandonné.

— Là, à gauche, s’écrie Bérénice surexcitée.

Sur le mur blanc, un carré rose, un mètre par un mètre.
La Mégane stoppe quelques mètres avant, les deux femmes descendent, font gaffe où elles mettent les pieds.

— Ben voilà, on l’a notre scène de crime, s’exclame Bérénice

Sur le mur, dans le carré rose, deux tiges métalliques, l’une au-dessus de l’autre, à soixante centimètres d’écart.

— À mon avis, ces deux fers plats devaient supporter une enseigne verticale perpendiculaire au mur à une époque. Une enseigne de sex-shop si j’en crois l’inscription à moitié effacée sur la porte du local. La gamine s’est prise la tige du bas. Traces de sang !
— Gode Paradis...
— M’ouais, sûr que c’était pas une crêperie !
— Bérénice, recule vers le mur. T’as à peu près la taille de la victime.

La jeune femme s’exécute :

— Mets-toi sur la pointe des pieds ? C’est ça ! Ça colle à peu de choses près !

Ce constat fait, les deux enquêtrices s’intéressent au sol dans les environs immédiats. Elles ratissent précautionneusement les alentours. Mais pas besoin d’aller bien loin !

— Là, traces de sang. C’est bon ! Je fais venir la PTS, qu’ils fassent des prélèvements... Reste plus qu’à trouver la douille et la balle maintenant.
— Là ! Dans le caniveau, s’exclame Bérénice qui saisit les pièces à conviction avec un gant.
— Top moumoute ! On est des championnes ma Béré !
— Ouais ! Enfin, surtout moi ! réponds l’intéressée en fourrant un coup de coude amical à sa copine... Pas si nulle que ça alors, ni par devant, ni par derrière !

##oOo##

Claris Demongeot est un drôle de personnage. UN, car contrairement à ce que son prénom laisserait supposer, Demongeot est bien un homme.
Quoique... Ce petit bonhomme rondouillard, au visage poupon, enquêteur hors pair est parfaitement... asexué. Ou plutôt asexuel car s’il possède bien les attributs sexuels du mâle, il faut croire que les choses de la vie sont chez lui parfaitement inopérantes. Décor ! Aucune femme, aucun homme, ne peut éveiller la moindre de flamme de désir en lui ! Il ne perd pas jamais de temps en branlettes frénétiques, tout son esprit est concentré sur son travail, source de ses revenus. Car c’est là ce qu’il le fait avancer dans la vie : l’argent, la monnaie, le flouze, le blé. L’argent pour agrandir sa collection d’antiquités de toutes sortes et origines.

Claris promène sa silhouette courtaude au milieu de ses contemporains qu’il regarde, a priori, d’un œil indifférent. Mais ce n’est là qu’une façade : en réalité, il scrute, analyse, scanne toute personne rencontrée. Son instinct, infaillible, lui permet de savoir immédiatement à qui il a affaire.

Tiens, Wulandari par exemple. Terriblement intelligente, déterminée, autoritaire, un peu farouche, centrée sur ses objectifs, il voit la jeune femme capable de glisser longtemps sous le boisseau ses besoins et aspirations personnelles, mener une vie d’ascèse. Mais quand la coupe est pleine, elle sait se jeter dans la mêlée et offrir le meilleur d’elle-même à ceux qui le méritent.

Jean-Michel ? Sous des abords timides et réservés, ce personnage qui apparait falot de prime abord est pourtant capable de détermination, d’abnégation et de partage. Le drôle est bien plus fin et plus intelligent qu’il n’y parait. Pour peu qu’on l’y encourage, qu’on le drive tant soit peu, il sait prendre la mesure des événements.

Demongeot a écouté attentivement les deux jeunes gens et il a déjà une ou deux petites idées sur l’idée du genre de malfrat qui piste Jean-Michel. Il est surtout heureux et satisfait de travailler pour une fois dans cette ville qui est la sienne. Une ville qu’il aime, dont il connait bien les gloires et les travers, les notables flamboyants et les minables les plus... minables. S’il travaille seul, il a néanmoins quelques informateurs qu’il tient de bonne manière.

L’enquêteur est optimiste, cette affaire ne devrait pas être bien difficile à dénouer.

##oOo##

À la PJ, l’optimisme remonte en flèche. La scène de crime a livré quelques indications intéressantes. Les traces de pneus d’abord : les plus récentes orientent les recherches vers un véhicule de type SUV correspondent à celles relevées dans la friche Saran à côté du bassin de rétention. Un véhicule qui s’est embouti à deux reprises contre un mur et un poteau. Les éclats de peintures, les fragments de feux arrières surtout, trouvés à Saran, mènent à un modèle Mercedes, récent, de type SUV donc, Mercedes EQE 350 ou 500. « Une horreur qui ressemble à un corbillard » a déclaré Bérénice dont la moue a parfaitement exprimé son aversion. « Mais bon, une sacrée bestiole ».

Un véhicule du genre, légèrement accidenté à l’arrière droit et avant gauche a été retrouvé incendié sur un terrain vague. Plus de plaques, numéro d’identification très profondément limé. Pas sûr que les techniciens puissent faire réapparaître ce code. Reste donc à fouiner chez les concessionnaires du secteur, voire plus loin. Jusqu’à Paris peut-être. Faudra un peu de temps...

L’équipe du commissaire Ladrime se réjouit surtout de la suite : l’analyse balistique a livré des infos très intéressantes. L’arme qui a tiré la balle mortelle dans le crâne du gamin est apparue dans une autre affaire. Un braquage. Braquage pour le moins étonnant : celui de la salle des scellés du commissariat, de leur commissariat ! Des types se sont introduit de nuit avec l’intention de mettre la main a priori sur, semble-t-til un colis de trente-quatre colis d’héroïne. Ils ont fait choux blancs grâce à l’intervention d’un couple de fonctionnaires. L’enquête n’en a pas fait état, mais les deux policiers, un homme-une femme, avaient choisi la tranquille salle des scellés pour... s’envoyer en l’air ! Échange de coups de feu à l’arrivée des malfrats, aucun blessé. Officiellement. Mais l’affaire avait fait grand bruit dans le landerneau policier.

— Bon les filles, dit Ladrime à son équipe. Du coup, on va collaborer avec l’équipe de Boissard sur cette histoire de salle des scellés. Un œil neuf permettra peut-être d’avancer.

Amélie, Bérénice et Delmotte, autre membre de leur équipe, ont leur petite idée sur cette histoire. Une hypothèse qu’ils ne chuchotent qu’à voix basse et qu’Amélie n’a même jamais évoqué à son mari-commissaire. Il faut dire que leurs supputations sont... dérangeantes !

##oOo##

Deux jeunes marchent dans la rue Marceau, en direction de Commissariat de Police. Wulan y a mis le temps mais elle a réussi à convaincre Jean-Mich d’aller raconter aux flics ce dont il a été témoin.

— Je serai avec toi, je leur raconterai la poursuite de la Mercos, les balles tirées. Tu n’as rien à craindre.

La jeune femme veut libérer son compagnon, le dégager des risques de représailles. C’est qu’elle tient à lui. Oh bien sûr, elle ne lui a rien avoué de ses sentiments. Des sentiments encore très confus, qu’elle a du mal à définir, un attachement qu’elle n’arrive pas à s’expliquer. Bien sûr, au lit avec lui, c’est le super panard ! Mais ça n’explique pas tout !

« Ce grand con me fait jouir à répétition ! Il est tendre, caressant, inventif, surprenant, brutal juste ce qu’il faut à l’occasion. Ok, c’est un bon, non, un super coup ! Mais bon... »

Quand son Jean-Mich lui a avoué le coup de foudre qu’il a eu pour elle, elle est restée de marbre, n’a pas cillé sous les mots d’amour qu’il lui seriné tendrement. Il lui a fallu du courage et une sacrée force de caractère pour ne pas broncher lorsqu’elle l’a vue s’enfoncer dans une forme de déprime désespérée de ne pas la voir répondre à ses élans.

« Merde, « je t’aime », c’est pas évident à avouer quand on est pas sûre de soi »

Depuis deux jours, son galant multiplie les marques d’amour, obéit à toute ses demandes, anticipe ses désirs. Il bosse le bougre : Wulan l’a placé en cuisine où il pluche, tranche, découpe consciencieusement en rondelles ou en quartiers les légumes qu’on lui donne, les viandes aussi. Avec entrain, force et volonté. Il a changé d’ailleurs le bonhomme : il s’est redressé, se tient bien droit, sourit et plaisante volontiers avec ses collègues, rit même de leurs blagues qu’il ne comprend pas quand elles fusent en bahasa, en vienamien ou en malais dans cette cuisine cosmopolite.
Oui, c’est sûr, il commence à lui plaire sérieux le grand con !

Trottinant à son côté, la jeune femme n’a qu’une hâte : que Jean-Mich vide son sac. Peut-être que les flics le mettront sous protection alors.

Trente mètres les séparent de l’entrée de l’Hôtel de Police quand tout à coup, le garçon fait brusquement demi-tour et s’immobilise.

— Wulan, tu vois les flics qui discute devant l’entrée ? Le grand baraqué, c’est lui ! Le tueur est un flic !

Terrifiée, Wulan se retourne à son tour, prend la main de son compagnon et l’entraine à sa suite. Le couple marche d’un bon pas, mais à vingt mètres de l’intersection avec la rue de Clocheville, la métisse se met à courir. Sitôt tourné le coin, sous le premier porche qu’elle trouve, elle saute au cou de son amant.

— Oh Jean-Mich, embrasse-moi !

Le jeune homme maintient sa chérie sous les fesses car elle s’est accrochée à lui, cuisses serrées autour de son bassin. Un peu abasourdi, le garçon embrasse, ou plutôt, répond aux embrassades passionnées de sa petite nana.
Reprenant son souffle, Wulan plonge son regard dans le sien :

— Je t’aime Jean-Mich, je t’aime mon grand con ! Je t’aime !

Non mais oh ? Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ?

Le grand con ne se pose pas la question : elle l’aime, c’est tout ce qui compte !

##oOo##

De retour dans l’appartement du second, Wulan, tremblante et déchaînée, déshabille son amoureux à la hâte. Lorsqu’il est nu, elle le pousse sur le lit où elle grimpe elle-même. Debout sur le matelas, elle entame un strip-tease. Pour aller chez les flics, elle avait troqué ses tenues affolantes pour un pantalon de toile et un petit pull en mohair qui moule tout de même sacrément ses fameux obus. Le pull est savamment troussé, jusque sous ses seins, laissant apparaître le liséré noir d’un soutien-gorge. La petite rouée ouvre son pantalon, descend la fermeture éclair et abaisse le vêtement sur ses hanches. Un gentil buisson se fait jour. Wulan glisse sa main dans son entrejambe, main qui s’active avec ferveur entre ses cuisses écartées. Sa main gauche a glissé sous le pull, empoigne le sein droit et le malaxe. Le pull remonte encore, dévoile les dentelles du soutif.

Sur le lit, Jean-Mich caresse doucement sa queue dressée et chipote le téton de son sein droit. Wulandari sourit, elle a remarqué l’hypersensibilité des petits mamelons brun-chocolat de son amant et sait en profiter à l’occasion, s’amusant de les voir s’étrécir à peine et se couronner d’une minuscule boule rougeaude. Terriblement sensible.

Pour l’heure, le pull disparait ainsi que le soutif et la jeunette expose avec fierté ses nichons orgueilleux, aux pointes dressées et dures qu’elle pince gaillardement. Le pantalon ne tarde pas à tomber, elle s’en débarrasse habilement et expose son canal des garcettes à peine couvert par le slip minuscule. Elle est trop excitée, trop impatiente et tombant à genoux, elle se jette sur le mandrin érigé. Elle suce, pompe le dard, laisse tournicoter sa langue sur le nœud.

— Tourne-toi chérie, donne-moi ta chatte ! Je meure de te la bouffer ta moule !

Obéissante, la goulue fait demi-tour, présente sa madeleine juteuse, la pose sur le museau de son Jean-Mich qui écarte les pans du mini-slip et s’en vient laper l’abondante cyprine.

— Tu mouilles de façon fabuleuse ma petite salope, tu m’inondes le blair, tu me noies dans ton jus ! Et j’aime ça ! Putain, j’aime ça !

Infernale affamée, la libertine s’acharne sur le poireau : l’affaire va tourner vinaigrette si elle continue de la sorte.

— Calme-toi bébé, tu vas me faire exploser sous peu !
— Ah non, tu ne t’en tireras pas comme ça.

La gymnaste bondit, réussit un retournement artistique. Écartant les pans de son slip, elle crie :
— J’ai besoin d’un fast-foutre !

Hagarde, empoignant l’outil, elle le positionne pile au-dessous de son entrée dégoulinante. Elle s’abat dessus mais reste immobile un long moment. La petite pute contracte régulièrement son vagin.

Jean-Mich est époustouflé : jamais il n’a senti sa verge aussi fermement et délicieusement enserrée. Le vagin de Wulan semble frémir autour de sa queue, le massant sur toute sa longueur comme si des dizaines de langues mutines se disputaient pour le lécher, le laper. Comme si des dizaines de doigts chauds et moites le palpaient, le caressaient, le massaient, le branlaient tout en douceur.

Quand le bassin de Wulan se met à rouler doucement, la sensation de plaisir s’en trouve décuplée et le pauvre garçon doit faire des efforts désespérés pour ne pas lâcher sa gelée dans la seconde.

Wulan se redresse, laisse ressortir la queue de sa chatte. Puis, démente, acharnée, elle s’abat sur la pince-monseigneur qui ré-ouvre la porte, défonce toutes les serrures, déverrouille les alarmes. Elle se pilonne la garce, s’auto-défonce la soute, se retourne le verger, s’explose la salle des fêtes ! Ses mains dans les cheveux qu’elle ébouriffe en tous sens, qu’elle plaque sur son visage, elle mâchouille ses mèches tout en continuant de sauter sur la colonne de chair qui éreinte son terrier. Elle se branle frénétiquement son clitoris, avec une respiration hachée de plus en plus courte.

Tout à coup, elle s’immobilise, se statufie. Une ultime goulée d’air, profonde. Elle pousse un long cri de plaisir et Jean Mich sent l’imminence de l’explosion de son chibre.

Wula part, elle se satellise entre la Grande Coucougne et la Petite Lilith, dépasse la voie lactée pour plonger dans les enfers merveilleux des gorgones sublimes. Elle plane, virevolte, descend en piqué, remonte comme une flèche dardée pour déchirer le voile pourpre de l’extase absolue. En elle, le phallus expulse sa semence, le cyclope éternue et éjacule son foutre par son œil unique, tapisse les voiles utérins de son venin incendiaire. L’éjaculation prolifique est presque douloureuse. Douloureusement grisante.

La communion de deux êtres est totale et rassemble leurs deux âmes réjouies.

— Waouh, finit-elle par lâcher lorsque ses sens se sont apaisés. Tu sais quoi mon grand con ?

Jean-Mich, encore étourdi par la cavalcade, répond par une moue interrogative.

— Je t’aime mon petit bonhomme, je t’aime... d’Amour Jean-Mich !

Et la petite s’abat sur lui pour l’embrasser fougueusement.


Plus tard, après pas mal d’autres folies, enfin rassasiée, Wulan redevient sérieuse.
— Tu es sûr de toi, le salaud est flic ? Je vais communiquer ça à Demongeot. Je suis certaine qu’il saura quoi faire de cette info.

A SUIVRE...

Les avis des lecteurs

@Olga T : Merci pour l'avalanche de compliments! Mais gardons la tête froide ! Oui, ce texte est trop long mais pas écrit à l'origine pour ce site, l'intrigue, la chronologie du polar a repoussé loin la deuxième scène de sexe et il me semblait qu'ici (où on ne se cache pas d'aimer le sexe), il fallait que ce texte en comporte deux.
Dans la deuxième partie, à peine plus courte, les scènes chaudes mettent du temps mais elles valent le détour.
Merci en tous cas pour ta bienveillance.

@Jacques du Canada : merci beaucoup et oui, la deuxième partie est dans les tuyaux. Cela dit Jacques, il me semble (vous?) t'avoir croisé ailleurs...

@ Pessac, Bienvenue sur ce site. J'ai eu le plaisir de lire les textes de Pessac sur un autre site.
C'est une excellent nouvelle pour HDS, où ce n'est pas si fréquent, que de pouvoir lire ici une plume de qualité, qui nous propose des textes qui combinent un scénario élaboré, une présentation fine des personnages, sans occulter les scènes intimes qui sont dans la vocation d'un site comme celui-ci.Ici, tout cela, cher Pessac, peut s'exprimer sans entraves et c'est aussi pour ça que j'aime y écrire.
Le récit proposé y ajoute une dimension particulière, celle du Polar. J'ai beaucoup aimé, évidemment!
Juste une recommandation, pour le futur: un texte un peu mois long. celui-ci aurait pu, il me semble, facilement faire l'objet de deux publications. Mais cela n'empêche nullement le plaisir de lire Pessac ici et de souhaiter vivement qu'il continue!

Une très bonne intrigue sexuelle policière. Olga a raison, vous êtes un auteur hors pair.
J’ai hâte de lire la suite. J’espère qu’elle est déjà dans la ligne d’attente.
Félicitations



Texte coquin : Jardin d'Asie
Histoire sexe : Une rose rouge
Vous êtes :
Indiquez votre adresse mail si vous souhaitez la communiquer à l'auteur de l'histoire.

Dernières histoires érotiques publiées par Pessac

Jardin d'Asie - Récit érotique publié le 12-08-2025