Le Contrat - Chapitre 4: L'intervalle

Récit érotique écrit par Pelec [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Le Contrat - Chapitre 4: L'intervalle
Je rentrai chez moi sans sentir vraiment le poids de mon manteau sur mes épaules, mais chaque pas me rappelait l’autre poids, minuscule et tyrannique, vissé entre mes cuisses. La cage tirait légèrement vers l’avant à chaque mouvement, frottait, pinçait parfois une peau que je découvrais soudain fragile comme un papier trop fin. Dans l’ascenseur, je retins ma respiration lorsque la cabine vibra au démarrage : une piqûre sourde remonta le long du bas-ventre. J’avais presque honte d’avoir mal. Honte plus encore de sentir, par éclairs, un début d’excitation se briser aussitôt contre ce carcan comme une vague contre un muret.
Chez moi, je posai mon manteau, restai un moment immobile au milieu du salon, sans allumer. Le silence de l’appartement me parut monstrueux, presque railleur. Je passai dans la salle de bains et ouvris l’eau très tiède : le premier contact du jet contre le métal me surprit, glaçant et brûlant à la fois. Je dus m’asseoir au bord de la baignoire, courbé, respirant par petites goulées pour apprivoiser la sensation, apprivoiser l’idée surtout. Cela ne m’appartenait plus. Elle l’avait dit sans hausser la voix. Elle l’avait dit, et mon corps obéissait à cette phrase désormais plantée en moi comme un clou.
Je dormis mal. À chaque micro-rêve, une image surgissait — un coin de sa bouche, la pâleur ferme de son cou, la frange asymétrique coupant ses yeux verts — et la nuit se hérissait d’élans contrariés. Au matin, la peau était rouge autour de l’anneau, irritée par une nuit de sursauts. J’appliquai, hésitant, un peu de crème hydratante à l’aide d’un coton-tige, maladroit comme un adolescent. Le miroir renvoyait un visage que je ne reconnaissais pas bien : cernes bleus, regard en dedans, trace de morsure à l’intérieur de la joue. Je me lavai, m’habillai large, et partis travailler.
Au bureau, la vie reprit sa forme normale avec une précision presque insultante. On m’adressa des bonjours distraits près de la machine à café ; je répondis, moi aussi distrait, essayant de masquer les crispations en dessous. Assis, je découvris une autre nature de gêne : la cage tirait lorsqu’on se tasse, s’étire lorsqu’on se redresse, imprime sa présence à chaque micro-ajustement. Mes bras s’appuyaient un peu trop sur la table ; je m’aperçus que je retenais mes mouvements comme un homme blessé qui refuse de le paraître.
Madame Stella traversa l’open space à dix heures, pour gagner la salle de réunion vitrée. Pas un regard pour moi. Elle ne ralentit même pas. Sa silhouette fine fendit les allées comme une phrase qu’on n’ose pas interrompre. Elle portait un chemisier blanc sous une veste sombre, et ses cheveux roux, coupés court, dessinaient sur sa nuque une géométrie précise. Je remarquai — ou crus remarquer — sous le col fermé, l’ombre de quelque chose de métallique qui disparaissait entre les boutons. Un simple éclat, peut-être un pendentif. Ou la clé. Un vertige me prit, un instant de vide dans la poitrine, et je baissai le regard sur le dossier que je relisais : des chiffres dansaient, illisibles.
Les jours se succédèrent avec, pour seule nouveauté, l’épaisseur de mon secret. Le lundi, je me levai souvent de ma chaise, feignant d’aller chercher des agrafes ou des documents oubliés, juste pour m’offrir quelques secondes debout, sans pression. Le mardi, une réunion d’équipe me força à rester assis une heure entière ; je découvris alors que la douleur, si on la traverse, se transforme en une espèce de bourdonnement obstiné, une basse continue qui finit par se fondre dans le fond sonore des respirations, des clics de souris, du stylo de la comptable qui cliquète nerveusement. Je pris des notes en serrant les dents. Quand Madame Stella me demanda un état d’avancement, sa voix ne charria pas une goutte du vendredi soir. Elle parlait net, précis. « D’ici seize heures. » C’était tout. Je sentis mes mains devenir moites. Je répondis « Bien reçu », sans qu’elle m’accorde la microseconde d’un acquiescement.
Le soir, chez moi, je consultai des forums que je n’aurais jamais imaginé lire un jour. Des hommes se répondaient d’un continent à l’autre, discutaient de tailles d’anneaux, de matériaux, de talc, de vaseline, de techniques de douche, de détentes mentales, de l’art d’endormir les érections du matin. Certains écrivaient « ça finit par faire partie de toi », d’autres « au bout d’un moment, tu oublies et tu te rappelles seulement quand elle te rappelle ». J’éteignis l’écran. J’avais honte d’avoir cherché. Honte d’avoir trouvé des phrases qui me rassuraient. Je marchai un moment dans l’appartement, torse nu, tentant de respirer tout simplement. Par moments, j’ouvrais le tiroir où j’avais rangé la petite culotte satinée et la prenais entre mes doigts. Le tissu avait gardé un peu de son odeur à elle. Je reposais l’objet avec un soin ridicule, comme si je risquais de l’abîmer rien qu’en le regardant.
Mercredi, la peau était à vif en un point, une petite brûlure à force de frottements. J’achetai à la pause un talc discret et choisis des pantalons plus amples dans mon placard. Chaque pas devenait un micro-calcul : comment poser le pied, comment tourner le bassin, comment éviter que ça roule et coince. Mon corps apprenait une autre écriture de la marche. À midi, Loris de la compta m’invita à manger avec l’équipe au kebab d’angle ; j’invoquai un fichier urgent. La vérité : l’idée de me retrouver assis sur une banquette basse, à lutter contre une érection réflexe pour un contact inopiné, me terrorisait d’un ridicule que je ne savais pas nommer. De toute la semaine, je n’avançai qu’à coups de mensonges minuscules, inoffensifs et terribles.
Jeudi, je crus surprendre une détente dans son regard. Peut-être me l’étais-je inventée. Dans le couloir, je m’étais légèrement écarté pour la laisser passer. Elle ne m’adressa pas la parole, ne me salua pas, mais son regard tomba une demi-seconde sur l’alignement de mes épaules et repartit. Ce simple rayon de conscience me transperça comme un fleuret. Le reste de la journée s’écoula en apnée. En fin d’après-midi, elle me renvoya un rapport ; elle avait corrigé un adjectif, ajouté trois chiffres, supprimé deux virgules. « Reprenez. » Ce fut tout. Cette parcimonie d’attention me paraissait un luxe. Je découvrais que je vivais désormais à crédit d’un signe, d’un souffle, d’une infime variation dans son intonation.
La nuit suivante, je rêvai d’une porte entrebâillée. La lumière venait de l’autre côté, blanche, et moi j’étais nu sous un manteau trop lourd. J’hésitais à entrer, et derrière moi la rue se vidait comme un seau renversé. Je me réveillai haletant, la cage douloureuse, l’oreiller humide par une sueur sans joie. J’allai m’asperger le visage et me tenais au rebord du lavabo, courbé. Je murmurai dans le miroir : « Tiens bon. » Ridicule, mais utile.
Vendredi, je comptai les heures en guettant chaque rebond du métal contre ma peau. À dix-sept heures, je déposai sur son bureau, sans un mot, une chemise avec les supports pour le comité du lundi. Elle leva les yeux, pas plus d’une seconde. « Bien. » Je reçus ce mot comme un verre d’eau dans une gorge sèche. Je retournai m’asseoir, rangeai soigneusement mes affaires, pris mon manteau. Il était dix-huit heures trois quand je passai les portiques du rez-de-chaussée.
L’air me parut plus froid qu’à l’accoutumée. Une fine pluie avait commencé, pointillant les trottoirs d’un gris brillant. Je mis le col de mon manteau et pris à droite, direction la station. J’avais déjà refait dans ma tête l’itinéraire, les arrêts, la marche. C’est à ce moment-là que la voiture s’immobilisa à ma hauteur, silencieuse comme un gros chat. Une berline noire, vitres fumées. La vitre côté passager se baissa sans hâte, et le monde perdit d’un coup sa bande-son.
Madame Stella tenait le volant d’une main. L’autre reposait sur le levier de vitesses. Son visage, à demi reflété par les néons de l’auvent, était impassible. Les gouttes, découpées par la lumière, passaient devant ses yeux verts comme une neige inversée.
— Où pensez-vous aller, comme ça ?
Je restai planté là, la bouche sèche, le cœur en tumulte. Un passant derrière moi fit un détour automatique, comme on contourne un lampadaire.
Je ne répondis pas. Elle n’attendait pas de réponse.
— Montez.
Ce verbe fendit l’air comme une lame. J’ouvris la portière. L’odeur contenue de cuir et d’air tiède m’enveloppa aussitôt, presque maternelle, presque cruelle. Je m’installai, refermai la porte. Le bruit sourd du joint qui aspire l’air me donna l’impression d’entrer dans un coffre.
Elle ne me regarda pas. Elle remit la première. La voiture glissa hors du trottoir, avala la pluie. Je baissai instinctivement les mains sur mes genoux, comme un écolier. La cage pulsa une seconde, acérée, sous l’effet du mouvement. Je serrai les dents.
— Attachez votre ceinture, dit simplement Madame Stella.
Je m’exécutai. Le cliquetis du fermoir sonna trop fort dans la cabine silencieuse.
Chez moi, je posai mon manteau, restai un moment immobile au milieu du salon, sans allumer. Le silence de l’appartement me parut monstrueux, presque railleur. Je passai dans la salle de bains et ouvris l’eau très tiède : le premier contact du jet contre le métal me surprit, glaçant et brûlant à la fois. Je dus m’asseoir au bord de la baignoire, courbé, respirant par petites goulées pour apprivoiser la sensation, apprivoiser l’idée surtout. Cela ne m’appartenait plus. Elle l’avait dit sans hausser la voix. Elle l’avait dit, et mon corps obéissait à cette phrase désormais plantée en moi comme un clou.
Je dormis mal. À chaque micro-rêve, une image surgissait — un coin de sa bouche, la pâleur ferme de son cou, la frange asymétrique coupant ses yeux verts — et la nuit se hérissait d’élans contrariés. Au matin, la peau était rouge autour de l’anneau, irritée par une nuit de sursauts. J’appliquai, hésitant, un peu de crème hydratante à l’aide d’un coton-tige, maladroit comme un adolescent. Le miroir renvoyait un visage que je ne reconnaissais pas bien : cernes bleus, regard en dedans, trace de morsure à l’intérieur de la joue. Je me lavai, m’habillai large, et partis travailler.
Au bureau, la vie reprit sa forme normale avec une précision presque insultante. On m’adressa des bonjours distraits près de la machine à café ; je répondis, moi aussi distrait, essayant de masquer les crispations en dessous. Assis, je découvris une autre nature de gêne : la cage tirait lorsqu’on se tasse, s’étire lorsqu’on se redresse, imprime sa présence à chaque micro-ajustement. Mes bras s’appuyaient un peu trop sur la table ; je m’aperçus que je retenais mes mouvements comme un homme blessé qui refuse de le paraître.
Madame Stella traversa l’open space à dix heures, pour gagner la salle de réunion vitrée. Pas un regard pour moi. Elle ne ralentit même pas. Sa silhouette fine fendit les allées comme une phrase qu’on n’ose pas interrompre. Elle portait un chemisier blanc sous une veste sombre, et ses cheveux roux, coupés court, dessinaient sur sa nuque une géométrie précise. Je remarquai — ou crus remarquer — sous le col fermé, l’ombre de quelque chose de métallique qui disparaissait entre les boutons. Un simple éclat, peut-être un pendentif. Ou la clé. Un vertige me prit, un instant de vide dans la poitrine, et je baissai le regard sur le dossier que je relisais : des chiffres dansaient, illisibles.
Les jours se succédèrent avec, pour seule nouveauté, l’épaisseur de mon secret. Le lundi, je me levai souvent de ma chaise, feignant d’aller chercher des agrafes ou des documents oubliés, juste pour m’offrir quelques secondes debout, sans pression. Le mardi, une réunion d’équipe me força à rester assis une heure entière ; je découvris alors que la douleur, si on la traverse, se transforme en une espèce de bourdonnement obstiné, une basse continue qui finit par se fondre dans le fond sonore des respirations, des clics de souris, du stylo de la comptable qui cliquète nerveusement. Je pris des notes en serrant les dents. Quand Madame Stella me demanda un état d’avancement, sa voix ne charria pas une goutte du vendredi soir. Elle parlait net, précis. « D’ici seize heures. » C’était tout. Je sentis mes mains devenir moites. Je répondis « Bien reçu », sans qu’elle m’accorde la microseconde d’un acquiescement.
Le soir, chez moi, je consultai des forums que je n’aurais jamais imaginé lire un jour. Des hommes se répondaient d’un continent à l’autre, discutaient de tailles d’anneaux, de matériaux, de talc, de vaseline, de techniques de douche, de détentes mentales, de l’art d’endormir les érections du matin. Certains écrivaient « ça finit par faire partie de toi », d’autres « au bout d’un moment, tu oublies et tu te rappelles seulement quand elle te rappelle ». J’éteignis l’écran. J’avais honte d’avoir cherché. Honte d’avoir trouvé des phrases qui me rassuraient. Je marchai un moment dans l’appartement, torse nu, tentant de respirer tout simplement. Par moments, j’ouvrais le tiroir où j’avais rangé la petite culotte satinée et la prenais entre mes doigts. Le tissu avait gardé un peu de son odeur à elle. Je reposais l’objet avec un soin ridicule, comme si je risquais de l’abîmer rien qu’en le regardant.
Mercredi, la peau était à vif en un point, une petite brûlure à force de frottements. J’achetai à la pause un talc discret et choisis des pantalons plus amples dans mon placard. Chaque pas devenait un micro-calcul : comment poser le pied, comment tourner le bassin, comment éviter que ça roule et coince. Mon corps apprenait une autre écriture de la marche. À midi, Loris de la compta m’invita à manger avec l’équipe au kebab d’angle ; j’invoquai un fichier urgent. La vérité : l’idée de me retrouver assis sur une banquette basse, à lutter contre une érection réflexe pour un contact inopiné, me terrorisait d’un ridicule que je ne savais pas nommer. De toute la semaine, je n’avançai qu’à coups de mensonges minuscules, inoffensifs et terribles.
Jeudi, je crus surprendre une détente dans son regard. Peut-être me l’étais-je inventée. Dans le couloir, je m’étais légèrement écarté pour la laisser passer. Elle ne m’adressa pas la parole, ne me salua pas, mais son regard tomba une demi-seconde sur l’alignement de mes épaules et repartit. Ce simple rayon de conscience me transperça comme un fleuret. Le reste de la journée s’écoula en apnée. En fin d’après-midi, elle me renvoya un rapport ; elle avait corrigé un adjectif, ajouté trois chiffres, supprimé deux virgules. « Reprenez. » Ce fut tout. Cette parcimonie d’attention me paraissait un luxe. Je découvrais que je vivais désormais à crédit d’un signe, d’un souffle, d’une infime variation dans son intonation.
La nuit suivante, je rêvai d’une porte entrebâillée. La lumière venait de l’autre côté, blanche, et moi j’étais nu sous un manteau trop lourd. J’hésitais à entrer, et derrière moi la rue se vidait comme un seau renversé. Je me réveillai haletant, la cage douloureuse, l’oreiller humide par une sueur sans joie. J’allai m’asperger le visage et me tenais au rebord du lavabo, courbé. Je murmurai dans le miroir : « Tiens bon. » Ridicule, mais utile.
Vendredi, je comptai les heures en guettant chaque rebond du métal contre ma peau. À dix-sept heures, je déposai sur son bureau, sans un mot, une chemise avec les supports pour le comité du lundi. Elle leva les yeux, pas plus d’une seconde. « Bien. » Je reçus ce mot comme un verre d’eau dans une gorge sèche. Je retournai m’asseoir, rangeai soigneusement mes affaires, pris mon manteau. Il était dix-huit heures trois quand je passai les portiques du rez-de-chaussée.
L’air me parut plus froid qu’à l’accoutumée. Une fine pluie avait commencé, pointillant les trottoirs d’un gris brillant. Je mis le col de mon manteau et pris à droite, direction la station. J’avais déjà refait dans ma tête l’itinéraire, les arrêts, la marche. C’est à ce moment-là que la voiture s’immobilisa à ma hauteur, silencieuse comme un gros chat. Une berline noire, vitres fumées. La vitre côté passager se baissa sans hâte, et le monde perdit d’un coup sa bande-son.
Madame Stella tenait le volant d’une main. L’autre reposait sur le levier de vitesses. Son visage, à demi reflété par les néons de l’auvent, était impassible. Les gouttes, découpées par la lumière, passaient devant ses yeux verts comme une neige inversée.
— Où pensez-vous aller, comme ça ?
Je restai planté là, la bouche sèche, le cœur en tumulte. Un passant derrière moi fit un détour automatique, comme on contourne un lampadaire.
Je ne répondis pas. Elle n’attendait pas de réponse.
— Montez.
Ce verbe fendit l’air comme une lame. J’ouvris la portière. L’odeur contenue de cuir et d’air tiède m’enveloppa aussitôt, presque maternelle, presque cruelle. Je m’installai, refermai la porte. Le bruit sourd du joint qui aspire l’air me donna l’impression d’entrer dans un coffre.
Elle ne me regarda pas. Elle remit la première. La voiture glissa hors du trottoir, avala la pluie. Je baissai instinctivement les mains sur mes genoux, comme un écolier. La cage pulsa une seconde, acérée, sous l’effet du mouvement. Je serrai les dents.
— Attachez votre ceinture, dit simplement Madame Stella.
Je m’exécutai. Le cliquetis du fermoir sonna trop fort dans la cabine silencieuse.
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3 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Nul car moi porteur de cage de chasteté sur long terme aucun soucis plutôt difficile de m'en passer
merci pour les précisions du port de la cage pendant la semaine
Magnifique épisode d'une série alléchante. Bravo à vous et surtout bonne continuation.

