Récits érotiques de la mythologie (11). Récits érotiques issus de la bible : la femme adultère
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 03-04-2019 dans la catégorie A dormir debout
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Récits érotiques de la mythologie (11). Récits érotiques issus de la bible : la femme adultère
Au risque d’être qualifiée de blasphème et d’être lapidée (verbalement tout du moins), il peut paraitre surprenant, voir choquant, qu’on prétende trouver dans les récits bibliques des situations érotiques.
En réalité, ce sont les circonstances qui le sont, bien évidemment pas les textes eux-mêmes (encore que), qui avaient pour fonction de condamner l’adultère de la femme.
Quatre récits sont à cet égard symptomatiques :
• Celui de la femme de Putiphar, qui s’offre à Joseph, lequel la repousse.
• Bethsabée, convoitée par le roi David, lequel parvient à ses fins
• Celui de Jézabel, reine d’Israël, épouse d’Achab, symbole de tous les vices.
• Celui de Salomé et de sa mère Hérodiade, qui furent à l’origine de l’exécution de Jean le Baptiste.
« TU NE COMMETTRAS POINT L’ADULTERE »
C’est l’un des dix commandements, le 9ème ou le 10ème, selon les versions, inscrits sur les Tables de la Loi, que Moise aurait ramenées au peuple hébreu à sa descente du Mont Sinaï, tels que le rapporte le Livre de l’Exode.
Le texte du Deutéronome contient une différence importante dans le texte : « Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain.» Car ici c’est bien l’adultère féminin qui est ciblé. Ces textes blâment la femme séductrice : le bain de Bethsabée ou la femme de Putiphar rejetée par Joseph.
C’est cette conception qui fut reprise par le christianisme, mais qu’on retrouve aussi dans le code Napoléon et qui a inspiré le droit jusqu’à aujourd’hui. C’est le mépris des femmes et la restriction de leur personnalité à la seule fonction procréatrice.
Monothéismes comme polythéismes n'ont jamais accepté que les femmes occupent un rang égal aux hommes dans leurs sociétés : les accuser sournoisement de perversions davantage tolérées chez les hommes est un meilleur rempart contre l'aspiration à leurs droits légitimes.
Reprenons d’abord ces récits qui se veulent une condamnation sans appel de l’adultère.
LA FEMME DE PUTIPHAR : LE REFUS DE LA TENTATION
C’est un épisode du livre de la Genèse. L’histoire narre les déboires dans l’Egypte des Pharaons de Joseph, fils du patriarche Jacob.
Vendu comme esclave à Putiphar, ministre du Pharaon, Joseph se voit béni par Dieu comme ses pères avant lui, et monte rapidement dans la hiérarchie domestique mais il suscite le désir de la femme de son maître. Après avoir tenté de le séduire, elle le diffame en l’accusant d’avoir voulu la violer et il se retrouve en prison.
Voici le récit de la Bible, qui est plutôt direct :
Or, Joseph était beau de taille et beau de figure. Après ces choses, il arriva que la femme de son maître porte les yeux sur Joseph, et dit : couche avec moi ! Il refusa, et dit à la femme de son maître :
• Voici, mon maître a remis entre mes mains tout ce qui lui appartient. Il n’est pas plus grand que moi dans cette maison, et il ne m’a rien interdit, excepté toi, parce que tu es sa femme. Comment ferais-je un aussi grand mal et pécherais-je contre Dieu ? »
Quoiqu’elle parlât tous les jours à Joseph, il refusa de coucher auprès d’elle, d’être avec elle.
Un jour qu’il était entré dans la maison pour faire son ouvrage, et qu’il n’y avait là aucun des gens de la maison, elle le saisit par son vêtement, en disant :
• Couche avec moi !
Il lui laissa son vêtement dans la main, et s’enfuit au-dehors.
Lorsqu’elle vit qu’il lui avait laissé son vêtement dans la main, et qu’il s’était enfui dehors, elle appela les gens de sa maison, et leur dit :
• Voyez, il nous a amené un Hébreu pour se jouer de nous. Cet homme est venu vers moi pour coucher avec moi ; mais j’ai crié à haute voix. Et quand il a entendu que j’élevais la voix et que je criais, il a laissé son vêtement à côté de moi et s’est enfui dehors.
Et elle posa le vêtement de Joseph à côté d’elle, jusqu’à ce que son maître rentrât à la maison.
Alors elle lui parla ainsi :
• L’esclave hébreu que tu nous as amené est venu vers moi pour se jouer de moi. Et comme j’ai élevé la voix et que j’ai crié, il a laissé son vêtement à côté de moi et s’est enfui dehors. Après avoir entendu les paroles de sa femme, qui lui disait : Voilà ce que m’a fait ton esclave !
Le maître de Joseph fut enflammé de colère. Il prit Joseph, et le mit dans la prison.
Joseph a-t-il été tenté de céder aux avances audacieuses de cette femme païenne ? La Bible ne donne aucune raison de penser qu’il est immunisé contre les désirs ou les pulsions propres aux jeunes hommes, ni que cette femme — épouse coquette d’un fonctionnaire de cour riche et influent — a un physique repoussant.
Joseph va-t-il s’autoriser un écart de conduite, en se disant que son maître n’en saura rien ? Se laissera-t-il séduire par les avantages matériels qu’une telle liaison pourrait lui procurer?
La femme de Putiphar n’aime pas ce qu’elle entend. Ce simple esclave la repousse et se permet de qualifier sa proposition de « grand mal » ! Mais elle revient malgré tout à la charge ! Sans doute que sa fierté blessée lui donne encore plus de hargne pour faire céder Joseph. Même si la femme de Putiphar lui fait « tous les jours des avances », il ne change pas d’avis. Elle continue à lui faire des avances tous les jours (harcèlement sexuel caractérisé), ce qui amène Joseph à prudemment éviter de se trouver en sa présence.
Toutefois, la femme de Putiphar ne compte pas en rester là...Elle profite d’un moment où les serviteurs sont tous à l’extérieur. Elle sait que Joseph doit venir dans la maison pour son travail. Quand il entre, elle déploie son piège. Un jour, alors qu’il arrive chez Putiphar pour sa journée de travail, Joseph trouve la maison vide et les autres serviteurs absents. Il n’y a que sa maîtresse, qui se jette sur lui. N’osant ni céder aux avances, ni la brutaliser, Joseph tente de lui échapper mais elle déchire son vêtement avant qu’il ne puisse prendre le large
Saisissant son vêtement, elle le supplie une dernière fois : « Couche avec moi ! » Joseph réagit vivement. Se dégageant de ses griffes, il recule, mais elle s’accroche à son habit. Pour se libérer, il abandonne son vêtement. Et il s’enfuit !
Dans le cas de Joseph, cette fermeté a un coût élevé. Pour se venger, la femme de Putiphar se met immédiatement à hurler, faisant accourir les serviteurs. Elle prétend que Joseph a essayé de la violer et qu’il s’est enfui quand elle a crié. Elle garde le vêtement comme pièce à conviction en attendant le retour de son mari. Lorsque Putiphar arrive, elle lui débite le même mensonge et insinue que, s’il n’avait pas introduit cet étranger chez eux, rien de tout cela ne serait arrivé.
BETHSABEE ET DAVID L’ADULTERE
Cette fois, c’est le récit d’un adultère qui va au bout.
La Bible, dans le Livre de Samuel (chapitre 11), calmement, presque avec froideur, raconte l'enchaînement infernal qui conduit David à l'adultère, au mensonge, au meurtre.
Le lecteur est stupéfait : celui qui agit ainsi est-il bien le berger choisi par Dieu, le vainqueur de Goliath ?
Un soir, le roi David, qui se promenait sur la terrasse de son palais, aperçut une femme d'une grande beauté qui prenait un bain : Bethsabée, l'épouse d'Urie le Hittite, un officier de son armée, alors en campagne.
David tomba amoureux de Bethsabée. Le roi la désire, la fait venir au palais, la prend, la renvoie. Le lit de l'ennui est devenu l'espace d'un soir le lit du plaisir.
Le point de vue de Bethsabée est absent du récit : s’agissait-il d’un viol ou d’un acte consenti par les deux? On ne peut pas le savoir. Par contre, il y a bien là un adultère, puisque Bethsabée était déjà mariée. Cet acte est condamné à plusieurs reprises dans la Bible. Normalement, la sentence liée à un tel crime est alors la lapidation de la femme et de l’homme.
Quelques temps après, Bethsabée s'aperçut qu'elle était enceinte et le fit savoir au roi.
David pense qu’une nuit conjugale recouvrira la faute, pense-t-il. David fit venir Urie du champ de bataille, sous prétexte d'avoir des nouvelles de la guerre mais surtout parce qu'il voulait qu'Urie partage la couche avec sa femme. Mais ce plan est contrarié par la droiture d'Urie qui ne peut, ne veut être époux, alors que ses frères d'arme sont au combat. Le roi doit improviser et, au troisième soir, il s'abaisse jusqu'à enivrer ce soldat loyal. En vain.
C'est décidé, Urie mourra et, comme dans le plus classique des mélodrames, il porte sa propre condamnation. Pour que ce meurtre passe inaperçu, d'autres soldats mourront avec lui dans une attaque perdue d'avance. C’est ce qui arriva et, après la période de deuil, David épousa Bethsabée. L'enfant peut naître en toute légalité.
Le sentiment d'horreur devant toute cette histoire tient à la façon dont le roi a ourdi son plan. Personne ne connaît réellement l'ampleur de son crime. Urie est ici la victime innocente qui n'a jamais rien su. Joab, lui, qui commande l’armée, reçoit l'ordre de camoufler le meurtre du vaillant mercenaire mais il en ignore la raison (tout juste peut-il avoir des soupçons). Quant à Bethsabée, comment saurait-elle que ce mari dont elle a pleuré la mort a, en fait, été assassiné ? David seul sait de quoi il retourne !
Le prophète Nathan, vint reprocher à David ses fautes. Mais malgré le repentir de David, Nathan lui annonça de nombreux malheurs à venir. Le prophète Nathan apprend alors à David que cette façon de faire a déplu à Dieu et qu'en châtiment, ce n'est pas ce fils aîné de David qui héritera du trône, mais un autre fruit de la semence que David a plantée en Bethsabée, au terme de luttes qui décimeront la famille royale. David implore le pardon de Dieu, l'enfant de Bethsabée tombe malade et David jeûne plusieurs jours, jusqu'au décès de l'enfant, le septième jour, ce que David interprète comme sa punition. David réconforte Bethsabée.
David et Bethsabée furent pardonnés par Dieu. Ils eurent un autre fils nommé Salomon qui devint roi à la mort de son père.
L’histoire de David et Bethsabée est racontée dans le Livre de Samuel, chapitres 11-12 et elle a donné lieu à de nombreuses représentations picturales. La plupart des œuvres montrent Bethsabée au bain.
JEZABEL LA TERRIBLE
Jézabel, princesse phénicienne, fille du roi de Tyr et de Sidon, fut l'épouse du roi d'Israël Achab qui règne de -874 à -853. Elle est dans la bible l’incarnation de la « femme perverse ». Jézabel signifie « l’impudique ».
L'histoire de Jézabel est narrée dans la Bible, aux premier et second livres des Rois de l'Ancien Testament. Épouse du roi, elle y est présentée comme une étrangère vicieuse et malfaisante qui incite le roi et le peuple à se détourner de l'Éternel. Le roi Achab est un homme faible, au caractère inconstant. Jézabel est quant à elle ce qu’on appelle une femme ambitieuse et intrigante, au caractère fort.
Jézabel est animée par la soif de diriger et de contrôler sans partage (c’est le sens de son nom : Jézabel veut aussi dire « sans cohabitation »), qui va lui permettre d’accéder au plus haut niveau décisionnel, afin d’imprimer sa vision et sa politique au plus grand nombre. Elle est une femme qui met en œuvre ses ambitions, quel qu’en soit le prix.
À une époque où le statut de la femme ne lui permettait pas d’accéder à des responsabilités ou de s’ingérer dans les affaires du pouvoir, elle surmontera tous les obstacles et montrera une détermination hors du commun face à Elie le prophète, puis face à Jéhu, qui deviendra plus tard le nouveau roi d’Israël par l’onction d’Elisée. Elle ne craint pas de rencontrer ces hommes sur leur terrain, car elle méprise l’autorité divine qu’ils incarnent. Son attitude face au masculin (son mari, Elie et Jehu) pourrait laisser à penser que c’est l’Homme qu’elle méprise et dont elle conteste ouvertement la domination « naturelle ».
« Jézabel ne correspond pas à l’image féminine de son temps, elle n’est pas représentative de la mentalité féminine de son époque : elle évolue dans un monde à part, dans lequel il n’existe pas d’autorité au-dessus d’elle – ni Dieu ni maître – et cela contribue à forger en elle ce caractère indépendant, cet égo surdimensionné ». Jérôme Prekel©www.lesarment.com/juin2013.
Jézabel était une femme dotée d'une forte personnalité. Elle domina son mari et en fit ce qu’elle voulait. Foncièrement méchante et cruelle nous dit la Bible, elle ne reculait devant aucun crime.
Fervente adoratrice de Melqart, le Baal tyrien, elle ne tolérait pas d'autre religion que la sienne et persécuta la religion des Juifs. Achab, entièrement subjugué par sa femme, éleva un temple et un autel consacrés à Baal ainsi qu’une statue représentant l’Astarté phénicienne. Il était totalement sous son emprise. Rusée, dominatrice, Jézabel était aussi une séductrice.
Elle s'efforce de faire mettre à mort le prophète Élie qui s'oppose à elle. Le prophète Élie prédit aux deux époux qu'ils paieraient leurs crimes de leur vie et de la ruine de leur dynastie. Il précisa que Jézabel serait dévorée par des chiens.
Elle pousse son époux Achab à la tyrannie. Après la mort d'Achab, Jézabel continue de régner avec ses fils Ochozias, puis Joram. Chargé par le prophète Élisée d'accomplir les vengeances divines, Jéhu détrône et tue Joram, puis fait jeter Jézabel par une fenêtre du palais et le corps de la reine est dévoré par des chiens.
SALOME ET HERODIADE, QUI OBTINRENT LA TETE DE JEAN LE BAPTISTE
Hérodiade est la petite-fille d’Hérode le Grand, monarque de Judée sanguinaire et cruel à la solde des Romains, qui n’hésita pas à faire assassiner son épouse et certains de ses enfants.
Ambitieuse et femme de caractère, elle épousera deux de ses oncles, Hérode Philippe dont elle aura une fille, Salomé, puis en raison du manque d’ambition de ce dernier, elle lui préfèrera son demi-frère Hérode Antipas.
Princesse juive du Premier siècle mentionnée chez l'historiographe judéo-romain Flavius Josèphe, Salomé était la fille d'Hérodiade et d'Hérode, le fils d'Hérode le Grand. Elle épouse en premières noces son oncle (le demi-frère de son père) Philippe II, puis Aristobule de Chalcis.
Elle est surtout célèbre pour être à l’origine de l’exécution de Jean le Baptiste.
Hérodiade, la mère de Salomé, quitte son mari Hérode, fils d'Hérode (Hérode Boëthos ou Hérode Philippe), pour se marier avec le demi-frère de celui-ci, Hérode Antipas, qui est tétrarque de Galilée. Flavius Josèphe évoque un comportement contraire aux lois nationales, qui fait référence au fait qu'Hérodiade « s'est séparée de son mari encore vivant ».
Jean le Baptiste ne cessait de la dénoncer comme femme adultère.
Hérodiade est furieuse et ne peut souffrir cette critique ouverte.
Elle demande à son époux d’éliminer ce prédicateur gênant, ce qu’Hérode élude aimant à entendre Jean le Baptiste et le craignant.
L’intrigante entreprend alors un stratagème redoutable, usant de la grande beauté de sa fille Salomé pour obtenir ce qu’elle veut de son faible mari. Ce qu’Hérodiade n’a pu obtenir par les mots, elle entreprend de le réaliser par sa fille dont les charmes ne sont pas passés inaperçus aux yeux d’Hérode Antipas.
C’est ainsi, sans morale ni remord, que la reine pousse son mari à faire emprisonner Jean le Baptiste, mais cela ne lui suffit pas. Lors d’un banquet, elle convient d’un plan diabolique avec sa fille : Salomé dansera devant Hérode, à la condition que ce dernier exauce son vœu, un vœu non dévoilé mais auquel le roi passionné consent aveuglément. La danse lascive de la belle Salomé achève de séduire le monarque qui accède à son souhait alors révélé : la tête de Jean le Baptiste « sur un plateau d’argent ». Antipas, faible autant que désireux de profiter des charmes de Salomé, lui accorde l’exécution du prophète.
Les deux personnages féminins d’Hérodiade et Salomé auraient donc pu tomber dans les oubliettes de l’histoire biblique. Mais la tradition théologique chrétienne va en décider autrement, parce qu’elle a besoin, selon le principe d’échos entre le Nouveau et l’Ancien Testament, d’autres figures que Ève pour asseoir son discours misogyne et son éthique antisexuelle fondée sur l’opposition de la chair et de l’esprit. Les Pères de l’Église vont ainsi donner naissance, bien malgré eux, à une figure qui se déploiera dans la création littéraire et artistique européenne au point de constituer un véritable mythe.
Au quatrième siècle, les Pères de l'Eglise mirent sur le dos de la fille d'Hérodiade toutes sortes de crimes. Saint Ambroise écrit : " Elle dévoilait les parties de son corps que les mœurs apprennent à cacher..."
Jean Chrysostome, mais aussi Augustin d’Hippone, sont à l’origine des deux principales caractéristiques de la figure de Salomé :
• la danseuse perverse et dépravée ;
• la femme fatale et diabolique, véritable incarnation de la lubricité et du vice. Saint Augustin écrit : « Sous sa tunique légère, la jeune fille apparaît dans une sorte de nudité : car pour exécuter sa danse, elle s’est inspirée d’une pensée diabolique : elle a voulu que la couleur de son vêtement simulât parfaitement la teinte de ses chairs. Tantôt elle se courbe de côté et présente son flanc aux yeux des spectateurs ; tantôt, en présence de ces hommes, elle fait parade de ses seins que l’étreinte des embrassements qu’elle a reçus a fortement déprimés. »
Sous la plume de Saint-Augustin, Salomé se livre en toute conscience à une véritable bacchanale.
QUELLES LECONS TIRER DE CES RECITS ?
Ils ont tous en commun de vouloir dénoncer la débauche et l’adultère, et d’abord celui de la femme.
Si on s’en tient aux textes eux-mêmes, on ne peut qu’être choqué par l’amoralité et les mensonges de la femme de Putiphar, par la facilité avec laquelle Bethsabée céda au roi David, par la cruauté de Jézabel ou encore par le comportement de Salomé et de sa mère « maquerelle », Hérodiade.
J’ai déjà eu l’occasion de dire qu’à l’adultère, qui repose sur le mensonge, je préfère la liberté consentie au sein du couple et, encore plus le candaulisme.
Je le dis d'autant plus que je n'ai jamais caché, dans mes récits, mes dérapages dans l'adultère, y compris en cachette de Philippe, et alors même que mon mari candauliste m'accorde des libertés dont peu d'épouses disposent. Je reviendrai, dans un texte consacré à notre couple candauliste, sur ces épisodes, qui furent quelquefois douloureux, dont je ne suis pas fière et qui mirent en péril notre couple. Oui, je le dis: il faut à tout prix éviter le mensonge!
L’adultère a été, dès les premières civilisations, réprimé au nom de la filiation. La tradition judéo-chrétienne s’inscrit dans cette lignée. Mais elle va au-delà, à partir d’une description de ces femmes comme perverses.
En réalité, sans vouloir réhabiliter ces femmes, j’affirme le droit de la femme de Putiphar d’avoir voulu séduire le beau Joseph, comme le droit de celui-ci de se refuser. De même, Bethsabée était libre de préférer le roi David à son mari, la loi de l’époque ne lui permettant pas hélas le divorce et donc d’assumer leurs choix et l’enfant qu’ils avaient conçus.
De même, si Jézabel était débauchée, on peut comprendre qu’Achab était complaisant ou fermait les yeux.
Quant à Hérodiade, elle avait choisi de quitter son mari pour aller vivre avec le frère de celui-ci et ne lésinait devant rien pour parvenir à ses fins, même à se servir de sa fille, avec le consentement de celle-ci.
Ces femmes valent surtout par l’image qu’en a donné la bible, qui a voulu, à des degrés divers, condamné sans appel leurs « fautes », qui seraient dans leur « nature ».
L’opprobre jeté sur elles a alimenté pendant tant de siècles les sermons antiféministes des clercs. Comme l’écrivirent Pierre et Janine Soisson dans leur livre « Byzance » (Editions Minerva 1977), au sujet du massacre, par des fanatiques chrétiens, de la philosophe Hypatie à Alexandrie en 415 : « Jamais l’église n’aima la femme, incarnation de cette Eve qui perdit Adam, instrument du démon » Jean Chrysostome en parlait ainsi : un mal nécessaire, une tentation naturelle, une désirable calamité, un péril domestique, une fascination mortelle, un fléau fardé. »
Rien que ça ! Et bien je revendique d’être celle-là et je comprends la femme de Putiphar, Bethsabée, Hérodiade et Salomé, je suis indulgente devant les prétendues débauches de Jézabel. Sans bien sûr me montrer la même indulgence pour leurs crimes supposés : les fausses accusations contre Joseph, l’assassinat d’Urie, les exactions multiples de Jézabel, l’exécution de Jean le Baptiste.
Face aux malédictions millénaires lancées à travers ces textes contre les femmes, j’affirme mes convictions féministes en faveur de la liberté de la femme, de son droit à disposer de son corps, au même titre que les hommes.
PRINCIPALES SOURCES SUR INTERNET
https://www.reforme.net/bible/abecedaire/a-comme-adultere/
https://www.jw.org/fr/publications/revues/wp20141101/joseph-et-femme-de-potiphar/
https://mythologica.fr/biblique/bethsabee.htm
https://lesarment.com/2013/06/lesprit-de-jezabel-1/
https://www.pasteurweb.org/fc/FemmesDeLaBible/Jezabel.htm
http://crdp.ac-paris.fr/parcours/fondateurs/index.php/category/salome
En réalité, ce sont les circonstances qui le sont, bien évidemment pas les textes eux-mêmes (encore que), qui avaient pour fonction de condamner l’adultère de la femme.
Quatre récits sont à cet égard symptomatiques :
• Celui de la femme de Putiphar, qui s’offre à Joseph, lequel la repousse.
• Bethsabée, convoitée par le roi David, lequel parvient à ses fins
• Celui de Jézabel, reine d’Israël, épouse d’Achab, symbole de tous les vices.
• Celui de Salomé et de sa mère Hérodiade, qui furent à l’origine de l’exécution de Jean le Baptiste.
« TU NE COMMETTRAS POINT L’ADULTERE »
C’est l’un des dix commandements, le 9ème ou le 10ème, selon les versions, inscrits sur les Tables de la Loi, que Moise aurait ramenées au peuple hébreu à sa descente du Mont Sinaï, tels que le rapporte le Livre de l’Exode.
Le texte du Deutéronome contient une différence importante dans le texte : « Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain.» Car ici c’est bien l’adultère féminin qui est ciblé. Ces textes blâment la femme séductrice : le bain de Bethsabée ou la femme de Putiphar rejetée par Joseph.
C’est cette conception qui fut reprise par le christianisme, mais qu’on retrouve aussi dans le code Napoléon et qui a inspiré le droit jusqu’à aujourd’hui. C’est le mépris des femmes et la restriction de leur personnalité à la seule fonction procréatrice.
Monothéismes comme polythéismes n'ont jamais accepté que les femmes occupent un rang égal aux hommes dans leurs sociétés : les accuser sournoisement de perversions davantage tolérées chez les hommes est un meilleur rempart contre l'aspiration à leurs droits légitimes.
Reprenons d’abord ces récits qui se veulent une condamnation sans appel de l’adultère.
LA FEMME DE PUTIPHAR : LE REFUS DE LA TENTATION
C’est un épisode du livre de la Genèse. L’histoire narre les déboires dans l’Egypte des Pharaons de Joseph, fils du patriarche Jacob.
Vendu comme esclave à Putiphar, ministre du Pharaon, Joseph se voit béni par Dieu comme ses pères avant lui, et monte rapidement dans la hiérarchie domestique mais il suscite le désir de la femme de son maître. Après avoir tenté de le séduire, elle le diffame en l’accusant d’avoir voulu la violer et il se retrouve en prison.
Voici le récit de la Bible, qui est plutôt direct :
Or, Joseph était beau de taille et beau de figure. Après ces choses, il arriva que la femme de son maître porte les yeux sur Joseph, et dit : couche avec moi ! Il refusa, et dit à la femme de son maître :
• Voici, mon maître a remis entre mes mains tout ce qui lui appartient. Il n’est pas plus grand que moi dans cette maison, et il ne m’a rien interdit, excepté toi, parce que tu es sa femme. Comment ferais-je un aussi grand mal et pécherais-je contre Dieu ? »
Quoiqu’elle parlât tous les jours à Joseph, il refusa de coucher auprès d’elle, d’être avec elle.
Un jour qu’il était entré dans la maison pour faire son ouvrage, et qu’il n’y avait là aucun des gens de la maison, elle le saisit par son vêtement, en disant :
• Couche avec moi !
Il lui laissa son vêtement dans la main, et s’enfuit au-dehors.
Lorsqu’elle vit qu’il lui avait laissé son vêtement dans la main, et qu’il s’était enfui dehors, elle appela les gens de sa maison, et leur dit :
• Voyez, il nous a amené un Hébreu pour se jouer de nous. Cet homme est venu vers moi pour coucher avec moi ; mais j’ai crié à haute voix. Et quand il a entendu que j’élevais la voix et que je criais, il a laissé son vêtement à côté de moi et s’est enfui dehors.
Et elle posa le vêtement de Joseph à côté d’elle, jusqu’à ce que son maître rentrât à la maison.
Alors elle lui parla ainsi :
• L’esclave hébreu que tu nous as amené est venu vers moi pour se jouer de moi. Et comme j’ai élevé la voix et que j’ai crié, il a laissé son vêtement à côté de moi et s’est enfui dehors. Après avoir entendu les paroles de sa femme, qui lui disait : Voilà ce que m’a fait ton esclave !
Le maître de Joseph fut enflammé de colère. Il prit Joseph, et le mit dans la prison.
Joseph a-t-il été tenté de céder aux avances audacieuses de cette femme païenne ? La Bible ne donne aucune raison de penser qu’il est immunisé contre les désirs ou les pulsions propres aux jeunes hommes, ni que cette femme — épouse coquette d’un fonctionnaire de cour riche et influent — a un physique repoussant.
Joseph va-t-il s’autoriser un écart de conduite, en se disant que son maître n’en saura rien ? Se laissera-t-il séduire par les avantages matériels qu’une telle liaison pourrait lui procurer?
La femme de Putiphar n’aime pas ce qu’elle entend. Ce simple esclave la repousse et se permet de qualifier sa proposition de « grand mal » ! Mais elle revient malgré tout à la charge ! Sans doute que sa fierté blessée lui donne encore plus de hargne pour faire céder Joseph. Même si la femme de Putiphar lui fait « tous les jours des avances », il ne change pas d’avis. Elle continue à lui faire des avances tous les jours (harcèlement sexuel caractérisé), ce qui amène Joseph à prudemment éviter de se trouver en sa présence.
Toutefois, la femme de Putiphar ne compte pas en rester là...Elle profite d’un moment où les serviteurs sont tous à l’extérieur. Elle sait que Joseph doit venir dans la maison pour son travail. Quand il entre, elle déploie son piège. Un jour, alors qu’il arrive chez Putiphar pour sa journée de travail, Joseph trouve la maison vide et les autres serviteurs absents. Il n’y a que sa maîtresse, qui se jette sur lui. N’osant ni céder aux avances, ni la brutaliser, Joseph tente de lui échapper mais elle déchire son vêtement avant qu’il ne puisse prendre le large
Saisissant son vêtement, elle le supplie une dernière fois : « Couche avec moi ! » Joseph réagit vivement. Se dégageant de ses griffes, il recule, mais elle s’accroche à son habit. Pour se libérer, il abandonne son vêtement. Et il s’enfuit !
Dans le cas de Joseph, cette fermeté a un coût élevé. Pour se venger, la femme de Putiphar se met immédiatement à hurler, faisant accourir les serviteurs. Elle prétend que Joseph a essayé de la violer et qu’il s’est enfui quand elle a crié. Elle garde le vêtement comme pièce à conviction en attendant le retour de son mari. Lorsque Putiphar arrive, elle lui débite le même mensonge et insinue que, s’il n’avait pas introduit cet étranger chez eux, rien de tout cela ne serait arrivé.
BETHSABEE ET DAVID L’ADULTERE
Cette fois, c’est le récit d’un adultère qui va au bout.
La Bible, dans le Livre de Samuel (chapitre 11), calmement, presque avec froideur, raconte l'enchaînement infernal qui conduit David à l'adultère, au mensonge, au meurtre.
Le lecteur est stupéfait : celui qui agit ainsi est-il bien le berger choisi par Dieu, le vainqueur de Goliath ?
Un soir, le roi David, qui se promenait sur la terrasse de son palais, aperçut une femme d'une grande beauté qui prenait un bain : Bethsabée, l'épouse d'Urie le Hittite, un officier de son armée, alors en campagne.
David tomba amoureux de Bethsabée. Le roi la désire, la fait venir au palais, la prend, la renvoie. Le lit de l'ennui est devenu l'espace d'un soir le lit du plaisir.
Le point de vue de Bethsabée est absent du récit : s’agissait-il d’un viol ou d’un acte consenti par les deux? On ne peut pas le savoir. Par contre, il y a bien là un adultère, puisque Bethsabée était déjà mariée. Cet acte est condamné à plusieurs reprises dans la Bible. Normalement, la sentence liée à un tel crime est alors la lapidation de la femme et de l’homme.
Quelques temps après, Bethsabée s'aperçut qu'elle était enceinte et le fit savoir au roi.
David pense qu’une nuit conjugale recouvrira la faute, pense-t-il. David fit venir Urie du champ de bataille, sous prétexte d'avoir des nouvelles de la guerre mais surtout parce qu'il voulait qu'Urie partage la couche avec sa femme. Mais ce plan est contrarié par la droiture d'Urie qui ne peut, ne veut être époux, alors que ses frères d'arme sont au combat. Le roi doit improviser et, au troisième soir, il s'abaisse jusqu'à enivrer ce soldat loyal. En vain.
C'est décidé, Urie mourra et, comme dans le plus classique des mélodrames, il porte sa propre condamnation. Pour que ce meurtre passe inaperçu, d'autres soldats mourront avec lui dans une attaque perdue d'avance. C’est ce qui arriva et, après la période de deuil, David épousa Bethsabée. L'enfant peut naître en toute légalité.
Le sentiment d'horreur devant toute cette histoire tient à la façon dont le roi a ourdi son plan. Personne ne connaît réellement l'ampleur de son crime. Urie est ici la victime innocente qui n'a jamais rien su. Joab, lui, qui commande l’armée, reçoit l'ordre de camoufler le meurtre du vaillant mercenaire mais il en ignore la raison (tout juste peut-il avoir des soupçons). Quant à Bethsabée, comment saurait-elle que ce mari dont elle a pleuré la mort a, en fait, été assassiné ? David seul sait de quoi il retourne !
Le prophète Nathan, vint reprocher à David ses fautes. Mais malgré le repentir de David, Nathan lui annonça de nombreux malheurs à venir. Le prophète Nathan apprend alors à David que cette façon de faire a déplu à Dieu et qu'en châtiment, ce n'est pas ce fils aîné de David qui héritera du trône, mais un autre fruit de la semence que David a plantée en Bethsabée, au terme de luttes qui décimeront la famille royale. David implore le pardon de Dieu, l'enfant de Bethsabée tombe malade et David jeûne plusieurs jours, jusqu'au décès de l'enfant, le septième jour, ce que David interprète comme sa punition. David réconforte Bethsabée.
David et Bethsabée furent pardonnés par Dieu. Ils eurent un autre fils nommé Salomon qui devint roi à la mort de son père.
L’histoire de David et Bethsabée est racontée dans le Livre de Samuel, chapitres 11-12 et elle a donné lieu à de nombreuses représentations picturales. La plupart des œuvres montrent Bethsabée au bain.
JEZABEL LA TERRIBLE
Jézabel, princesse phénicienne, fille du roi de Tyr et de Sidon, fut l'épouse du roi d'Israël Achab qui règne de -874 à -853. Elle est dans la bible l’incarnation de la « femme perverse ». Jézabel signifie « l’impudique ».
L'histoire de Jézabel est narrée dans la Bible, aux premier et second livres des Rois de l'Ancien Testament. Épouse du roi, elle y est présentée comme une étrangère vicieuse et malfaisante qui incite le roi et le peuple à se détourner de l'Éternel. Le roi Achab est un homme faible, au caractère inconstant. Jézabel est quant à elle ce qu’on appelle une femme ambitieuse et intrigante, au caractère fort.
Jézabel est animée par la soif de diriger et de contrôler sans partage (c’est le sens de son nom : Jézabel veut aussi dire « sans cohabitation »), qui va lui permettre d’accéder au plus haut niveau décisionnel, afin d’imprimer sa vision et sa politique au plus grand nombre. Elle est une femme qui met en œuvre ses ambitions, quel qu’en soit le prix.
À une époque où le statut de la femme ne lui permettait pas d’accéder à des responsabilités ou de s’ingérer dans les affaires du pouvoir, elle surmontera tous les obstacles et montrera une détermination hors du commun face à Elie le prophète, puis face à Jéhu, qui deviendra plus tard le nouveau roi d’Israël par l’onction d’Elisée. Elle ne craint pas de rencontrer ces hommes sur leur terrain, car elle méprise l’autorité divine qu’ils incarnent. Son attitude face au masculin (son mari, Elie et Jehu) pourrait laisser à penser que c’est l’Homme qu’elle méprise et dont elle conteste ouvertement la domination « naturelle ».
« Jézabel ne correspond pas à l’image féminine de son temps, elle n’est pas représentative de la mentalité féminine de son époque : elle évolue dans un monde à part, dans lequel il n’existe pas d’autorité au-dessus d’elle – ni Dieu ni maître – et cela contribue à forger en elle ce caractère indépendant, cet égo surdimensionné ». Jérôme Prekel©www.lesarment.com/juin2013.
Jézabel était une femme dotée d'une forte personnalité. Elle domina son mari et en fit ce qu’elle voulait. Foncièrement méchante et cruelle nous dit la Bible, elle ne reculait devant aucun crime.
Fervente adoratrice de Melqart, le Baal tyrien, elle ne tolérait pas d'autre religion que la sienne et persécuta la religion des Juifs. Achab, entièrement subjugué par sa femme, éleva un temple et un autel consacrés à Baal ainsi qu’une statue représentant l’Astarté phénicienne. Il était totalement sous son emprise. Rusée, dominatrice, Jézabel était aussi une séductrice.
Elle s'efforce de faire mettre à mort le prophète Élie qui s'oppose à elle. Le prophète Élie prédit aux deux époux qu'ils paieraient leurs crimes de leur vie et de la ruine de leur dynastie. Il précisa que Jézabel serait dévorée par des chiens.
Elle pousse son époux Achab à la tyrannie. Après la mort d'Achab, Jézabel continue de régner avec ses fils Ochozias, puis Joram. Chargé par le prophète Élisée d'accomplir les vengeances divines, Jéhu détrône et tue Joram, puis fait jeter Jézabel par une fenêtre du palais et le corps de la reine est dévoré par des chiens.
SALOME ET HERODIADE, QUI OBTINRENT LA TETE DE JEAN LE BAPTISTE
Hérodiade est la petite-fille d’Hérode le Grand, monarque de Judée sanguinaire et cruel à la solde des Romains, qui n’hésita pas à faire assassiner son épouse et certains de ses enfants.
Ambitieuse et femme de caractère, elle épousera deux de ses oncles, Hérode Philippe dont elle aura une fille, Salomé, puis en raison du manque d’ambition de ce dernier, elle lui préfèrera son demi-frère Hérode Antipas.
Princesse juive du Premier siècle mentionnée chez l'historiographe judéo-romain Flavius Josèphe, Salomé était la fille d'Hérodiade et d'Hérode, le fils d'Hérode le Grand. Elle épouse en premières noces son oncle (le demi-frère de son père) Philippe II, puis Aristobule de Chalcis.
Elle est surtout célèbre pour être à l’origine de l’exécution de Jean le Baptiste.
Hérodiade, la mère de Salomé, quitte son mari Hérode, fils d'Hérode (Hérode Boëthos ou Hérode Philippe), pour se marier avec le demi-frère de celui-ci, Hérode Antipas, qui est tétrarque de Galilée. Flavius Josèphe évoque un comportement contraire aux lois nationales, qui fait référence au fait qu'Hérodiade « s'est séparée de son mari encore vivant ».
Jean le Baptiste ne cessait de la dénoncer comme femme adultère.
Hérodiade est furieuse et ne peut souffrir cette critique ouverte.
Elle demande à son époux d’éliminer ce prédicateur gênant, ce qu’Hérode élude aimant à entendre Jean le Baptiste et le craignant.
L’intrigante entreprend alors un stratagème redoutable, usant de la grande beauté de sa fille Salomé pour obtenir ce qu’elle veut de son faible mari. Ce qu’Hérodiade n’a pu obtenir par les mots, elle entreprend de le réaliser par sa fille dont les charmes ne sont pas passés inaperçus aux yeux d’Hérode Antipas.
C’est ainsi, sans morale ni remord, que la reine pousse son mari à faire emprisonner Jean le Baptiste, mais cela ne lui suffit pas. Lors d’un banquet, elle convient d’un plan diabolique avec sa fille : Salomé dansera devant Hérode, à la condition que ce dernier exauce son vœu, un vœu non dévoilé mais auquel le roi passionné consent aveuglément. La danse lascive de la belle Salomé achève de séduire le monarque qui accède à son souhait alors révélé : la tête de Jean le Baptiste « sur un plateau d’argent ». Antipas, faible autant que désireux de profiter des charmes de Salomé, lui accorde l’exécution du prophète.
Les deux personnages féminins d’Hérodiade et Salomé auraient donc pu tomber dans les oubliettes de l’histoire biblique. Mais la tradition théologique chrétienne va en décider autrement, parce qu’elle a besoin, selon le principe d’échos entre le Nouveau et l’Ancien Testament, d’autres figures que Ève pour asseoir son discours misogyne et son éthique antisexuelle fondée sur l’opposition de la chair et de l’esprit. Les Pères de l’Église vont ainsi donner naissance, bien malgré eux, à une figure qui se déploiera dans la création littéraire et artistique européenne au point de constituer un véritable mythe.
Au quatrième siècle, les Pères de l'Eglise mirent sur le dos de la fille d'Hérodiade toutes sortes de crimes. Saint Ambroise écrit : " Elle dévoilait les parties de son corps que les mœurs apprennent à cacher..."
Jean Chrysostome, mais aussi Augustin d’Hippone, sont à l’origine des deux principales caractéristiques de la figure de Salomé :
• la danseuse perverse et dépravée ;
• la femme fatale et diabolique, véritable incarnation de la lubricité et du vice. Saint Augustin écrit : « Sous sa tunique légère, la jeune fille apparaît dans une sorte de nudité : car pour exécuter sa danse, elle s’est inspirée d’une pensée diabolique : elle a voulu que la couleur de son vêtement simulât parfaitement la teinte de ses chairs. Tantôt elle se courbe de côté et présente son flanc aux yeux des spectateurs ; tantôt, en présence de ces hommes, elle fait parade de ses seins que l’étreinte des embrassements qu’elle a reçus a fortement déprimés. »
Sous la plume de Saint-Augustin, Salomé se livre en toute conscience à une véritable bacchanale.
QUELLES LECONS TIRER DE CES RECITS ?
Ils ont tous en commun de vouloir dénoncer la débauche et l’adultère, et d’abord celui de la femme.
Si on s’en tient aux textes eux-mêmes, on ne peut qu’être choqué par l’amoralité et les mensonges de la femme de Putiphar, par la facilité avec laquelle Bethsabée céda au roi David, par la cruauté de Jézabel ou encore par le comportement de Salomé et de sa mère « maquerelle », Hérodiade.
J’ai déjà eu l’occasion de dire qu’à l’adultère, qui repose sur le mensonge, je préfère la liberté consentie au sein du couple et, encore plus le candaulisme.
Je le dis d'autant plus que je n'ai jamais caché, dans mes récits, mes dérapages dans l'adultère, y compris en cachette de Philippe, et alors même que mon mari candauliste m'accorde des libertés dont peu d'épouses disposent. Je reviendrai, dans un texte consacré à notre couple candauliste, sur ces épisodes, qui furent quelquefois douloureux, dont je ne suis pas fière et qui mirent en péril notre couple. Oui, je le dis: il faut à tout prix éviter le mensonge!
L’adultère a été, dès les premières civilisations, réprimé au nom de la filiation. La tradition judéo-chrétienne s’inscrit dans cette lignée. Mais elle va au-delà, à partir d’une description de ces femmes comme perverses.
En réalité, sans vouloir réhabiliter ces femmes, j’affirme le droit de la femme de Putiphar d’avoir voulu séduire le beau Joseph, comme le droit de celui-ci de se refuser. De même, Bethsabée était libre de préférer le roi David à son mari, la loi de l’époque ne lui permettant pas hélas le divorce et donc d’assumer leurs choix et l’enfant qu’ils avaient conçus.
De même, si Jézabel était débauchée, on peut comprendre qu’Achab était complaisant ou fermait les yeux.
Quant à Hérodiade, elle avait choisi de quitter son mari pour aller vivre avec le frère de celui-ci et ne lésinait devant rien pour parvenir à ses fins, même à se servir de sa fille, avec le consentement de celle-ci.
Ces femmes valent surtout par l’image qu’en a donné la bible, qui a voulu, à des degrés divers, condamné sans appel leurs « fautes », qui seraient dans leur « nature ».
L’opprobre jeté sur elles a alimenté pendant tant de siècles les sermons antiféministes des clercs. Comme l’écrivirent Pierre et Janine Soisson dans leur livre « Byzance » (Editions Minerva 1977), au sujet du massacre, par des fanatiques chrétiens, de la philosophe Hypatie à Alexandrie en 415 : « Jamais l’église n’aima la femme, incarnation de cette Eve qui perdit Adam, instrument du démon » Jean Chrysostome en parlait ainsi : un mal nécessaire, une tentation naturelle, une désirable calamité, un péril domestique, une fascination mortelle, un fléau fardé. »
Rien que ça ! Et bien je revendique d’être celle-là et je comprends la femme de Putiphar, Bethsabée, Hérodiade et Salomé, je suis indulgente devant les prétendues débauches de Jézabel. Sans bien sûr me montrer la même indulgence pour leurs crimes supposés : les fausses accusations contre Joseph, l’assassinat d’Urie, les exactions multiples de Jézabel, l’exécution de Jean le Baptiste.
Face aux malédictions millénaires lancées à travers ces textes contre les femmes, j’affirme mes convictions féministes en faveur de la liberté de la femme, de son droit à disposer de son corps, au même titre que les hommes.
PRINCIPALES SOURCES SUR INTERNET
https://www.reforme.net/bible/abecedaire/a-comme-adultere/
https://www.jw.org/fr/publications/revues/wp20141101/joseph-et-femme-de-potiphar/
https://mythologica.fr/biblique/bethsabee.htm
https://lesarment.com/2013/06/lesprit-de-jezabel-1/
https://www.pasteurweb.org/fc/FemmesDeLaBible/Jezabel.htm
http://crdp.ac-paris.fr/parcours/fondateurs/index.php/category/salome
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