Récits érotiques de la mythologie (25) Apollon et Daphné

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Récit libertin : Récits érotiques de la mythologie (25) Apollon et Daphné Histoire érotique Publiée sur HDS le 06-12-2021 dans la catégorie A dormir debout
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Récits érotiques de la mythologie (25) Apollon et Daphné
Dans la mythologie grecque, Daphné est une nymphe d'une très grande beauté. Selon les sources antiques, elle est soit la fille du dieu fleuve de Thessalie Pénée et de la naïade Créuse, de Ladon, ou de Pénée et de Gaïa. Elle faisait partie de la cour d’Artémis, la déesse de la chasse connue aussi comme étant une déesse vierge. Par conséquent pour faire partie du groupe de la déesse, Daphné se devait elle aussi de rester vierge.

Le dieu de l’amour, Eros ou Cupidon, est surtout réputé pour créer de folles passions mais il peut aussi créer un profond dégout s’il le souhaite. Apollon, le Dieu des arts et de la beauté, s’était moqué ouvertement d’Eros, en critiquant la manière dont il utilise son arc et ses flèches et par conséquent, en se moquant de l’amour indirectement, ce dernier décide de lui donner une leçon.

Pour se venger d’Apollon, il décroche sur lui une flèche en or. Celle-ci provoque alors chez le dieu un amour fou pour Daphné qui se trouvait tout prêt. Il décroche ensuite une flèche en plomb sur la nymphe qui suscite chez elle un profond dégout pour l’amour en général. Une course poursuite va alors littéralement s’engager entre les deux. Apollon, tout comme son père, ses oncles, ses frères et sans doute ses cousins et ses fils, ne connait pas la notion de consentement. Il va tout faire pour se saisir de Daphné même s’il doit utiliser la force. Daphné quant à elle, va courir jusqu’à l’épuisement pour semer le dieu.

LE MYTHE DE DAPHNE : UN AMOUR NON PARTAGE
Apollon, Dieu Guerrier, veut s’unir à elle et ne comprend pas qu’elle s’éloigne et le repousse. Le peuple de Delphes obéit à ses lois, mais il est impuissant à séduire la jeune nymphe. Il lui déclame son amour, mais Daphnée n’entend pas ses discours, elle fuit toujours plus loin. Il la poursuit, aidé par les ailes de l’amour. Sentant le souffle du Dieu dans sa nuque, effrayée, elle voit les arbres s’écarter devant elle et apparaître le fleuve de son père. Penchée sur le fleuve Pénée, elle exhorte son père de lui ôter la beauté qui lui devient funeste et de la protéger de ce prétendant trop pressant, Apollon.

À peine a-t-elle achevée cette prière, ses membres s’engourdissent, ses cheveux verdissent en feuillages, ses bras s’étendent en rameaux, ses pieds se changent en racine et s’attachent à la terre. Elle s’est métamorphosée en laurier pour échapper à la passion d’Apollon. De ce jour, le laurier sera l’arbre sacré d’Apollon et la couronne de laurier parera le front des guerriers. La chasseresse
Dès lors, Apollon voua un culte au laurier. Lors des Jeux pythiques, organisés tous les quatre ans à Delphes en l'honneur d'Apollon, des couronnes de laurier cueillies dans la vallée de Tempé étaient distribuées comme prix. Cela devint ensuite un symbole de victoire pour les généraux, les athlètes, les poètes et les musiciens.

La version la plus ancienne retrouvée du mythe de Daphné et Apollon est celle de Phylarque, auteur né à Athènes vers -255 et mort après -215. -, qui fut retranscrite par Parthénios de Nicée, poète élégiaque, né en -85 et mort en 14 de notre ère. Plus tard, le poète romain Ovide composa une réécriture de la légende grecque qui figure dans ses Métamorphoses.

LA VERSION DE PARTHENIOS DE NICEE
Dans cette version, Daphné est une jeune fille mortelle, fille d'Amyclas, roi mythique de Laconie, dans le Péloponnèse. Daphné adore chasser et est dévouée à Artémis, et qui, par conséquent, a choisi de rester vierge. Très belle et courtisée elle fuit ses prétendants, au grand désespoir de son père qui la voudrait mariée.

Elle est désirée par le jeune Leucippe, fils d'Œnomaos, roi de Pise, en Elide. Leucippe qui se déguise en jeune fille pour être admis dans son entourage exclusivement féminin, et réussit à gagner son affection. Mais le dieu Apollon, qui convoite lui aussi Daphné, devient jaloux de Leucippe. Pour se débarrasser de lui, il inspire à Daphné l'envie d'aller se baigner avec ses compagnes, dont Leucippe déguisé. Elles se dénudent toutes, et Leucippe, refusant de faire de même, est contraint de dévoiler sa virilité. Il est alors tué à coups de javelots par les femmes.

Apollon poursuit ensuite Daphné, mais celle-ci se refuse à lui et implore Zeus de la soustraire aux avances insistantes du dieu. Zeus métamorphose alors Daphné en laurier.

LA VERSION D’OVIDE
La poursuite d'une nymphe par un dieu olympien, partie du culte religieux archaïque grec, est reprise dans « les Métamorphoses » du poète romain Ovide, né en -43 et mort en 18 sur son lieu d’exil à Tomis, sur la mer Noire, parce que ses écrits avaient déplu à Auguste. J’évoque plus longuement l’œuvre érotique d’Ovide, notamment « l’art d’aimer » dans le premier chapitre de ma série de textes fictifs autour d’une patricienne romaine du 1er siècle de notre ère (lire « Matrone et Domina, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (1) : l’éducation de Tullia, publié sur HDS le 6 août 2021)
Selon cette version, l'amour fou d'Apollon est causé par une flèche en or que lui décoche Cupidon, fils de Vénus, pour punir le dieu, qui eut critiqué ses talents d'archer en lui disant : « Que fais-tu, enfant délicat, avec ces armes puissantes ? ». Pour lui montrer le pouvoir de l'amour. Cupidon décoche une deuxième flèche à Daphné, cette fois-ci en plomb, ce qui lui inspire le dégoût de l'amour et la fait fuir Apollon.

Exalté par l'amour, Apollon poursuit Daphné sans relâche. Pour l'empêcher de fuir, il lui assure qu'il ne lui veut aucun mal. Pendant qu'elle continue à fuir, Apollon regrette de ne pas pouvoir se guérir de la blessure de Cupidon bien qu'il soit dieu de la médecine et malgré sa connaissance des plantes.

Quand Apollon la rattrape enfin, Daphné prie son père, le dieu fleuve de Thessalie Pénée, qu'il lui envoie de l'aide et la change immédiatement en laurier : « La prière à peine finie, une lourde torpeur saisit ses membres, sa poitrine délicate s'entoure d'une écorce ténue, ses cheveux deviennent feuillage, ses bras des branches, des racines immobiles collent au sol son pied, naguère si agile, une cime d'arbre lui sert de tête ; ne subsiste que son seul éclat. »
Cela ne suffit toutefois pas à calmer l'ardeur d'Apollon qui, en embrassant l'arbre, sent toujours le cœur de la nymphe battre. Il déclare alors : « Eh bien, puisque tu ne peux être mon épouse, au moins tu seras mon arbre ; toujours, tu serviras d'ornement, ô laurier, à mes cheveux, à mes cithares, à mes carquois. » En entendant ces mots, Daphné plie ses branches et sa cime comme pour signifier son accord.

UN MYTHE PAIEN TRANSFORME EN ALLEGORIE CHRETIENNE MORALISANTE
Apollon et Daphné illustre la vanité du désir, la désillusion qui accompagne les plaisirs des sens et la nécessité de s’en libérer en les sublimant. Daphné est transformée en allégorie de la chasteté ou de la Vertu ; refusant l’amour physique d’Apollon. Elle accède à l’’immortalité par sa métamorphose en un laurier toujours vert, symbole de gloire éternelle.

Le cardinal Scipion Borghèse, neveu du pape Paul V et grand mécène, fera réaliser par le sculpteur Le Bernin (1598-1680), en 1625, une sculpture qui illustre parfaitement cette récupération du mythe antique.

Le Bernin se montre très fidèle au texte d’Ovide et représente le moment le plus dramatique de l’histoire, la métamorphose de Daphné. Trois ans sont nécessaires à la réalisation de la sculpture, un long délai qui s’explique par la complexité de l’œuvre et la minutie du travail effectué. Mais, à peine exposée, elle suscite une admiration unanime et elle est considérée comme un chef-d’œuvre, grâce à sa composition si inventive et au rendu subtil des différentes textures.

DE LA PRIMAUTE DU CONSENTEMENT RECIPROQUE
Le mythe est souvent présenté comme une « histoire d’amour », ce qui est faux quand on sait que du côté de la nymphe, il n’y a que du dégout. Elle est en réalité comme beaucoup d’autres, victime d’un dieu. C’est plutôt une histoire de domination. Daphné, dans la mythologie grecque, est juste présente pour montrer un trait de caractère du dieu. La domination et la violence sont vraiment très présentes chez lui malgré le fait qu’il soit le dieu des arts et de la beauté. Elle est aussi en quelque sorte victime de l’amour lui-même, victime d’un amour et d’une passion non partagée créée de toute pièce par Eros.

Ce mythe deviendra par la suite une morale mettant en garde contre les effets du sentiment amoureux. Il fait aussi référence à la vanité du désir qui peut à n’importe quel moment s’essouffler ou même se transformer en dégout.

Ce mythe permet de souligner que doivent toujours prévaloir les sentiments et les désirs partagés.

Le mythe d’Apollon et Daphné traite de manière assez claire, et sans états-d’âme de la thématique de l’amour non-réciproque. Nous expliquant que, quoi que l’on fasse, quoi que l’on puisse faire, l’amour est un sentiment qui ne peut se forcer.

PRINCIPALES SOURCES
Je renvoie à l’article de Wikipédia sur Daphné ainsi qu’aux liens suivants sur la toile :
• https://www.histoire-amour.com/mythologie/apollon-daphnee.html
• https://unebrevehistoiredart.com/2021/02/10/daphne-et-apollon-une-histoire-damour/
• https://www.panoramadelart.com/bernin-apollon-daphne
• http://www.polyxenia.net/apollon-et-daphne-p1323162
• https://mythologica.fr/grec/daphne.htm
• https://www.parlerdamour.fr/mythe-apollon-daphne-lamour-non-reciproque-moderne/

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