Spectre

Récit érotique écrit par CDuvert [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur .
- • 32 récits publiés.
- • Cote moyenne attribuée par les lecteurs : 0.0 • Cote moyenne attribuée par HDS : 0.0
- • L'ensemble des récits érotiques de CDuvert ont reçu un total de 68 806 visites.

Cette histoire de sexe a été affichée 136 fois depuis sa publication.
Couleur du fond :
Spectre
La grille du manoir de Blackwood n'a pas seulement gémi. Elle a hurlé, un son de métal torturé par la rouille dévorante, une plainte lugubre qui s'est accrochée à Elara comme une toile d'araignée glacée. Chaque pas sur l'allée envahie par les mauvaises herbes la rapprochait de la masse sombre de la bâtisse, une bête de granit noir tapie sous un ciel de plomb. Le silence n'était pas un simple vide ; c'était une présence, lourde, suffocante. L'air sentait la terre humide, les feuilles mortes et quelque chose d'autre, une odeur plus âcre, presque musquée, comme un secret qui aurait pourri sur pied.
Quand elle poussa la lourde porte de chêne, celle-ci s'ouvrit sur une béance obscure. Une bouffée d'air glacial, chargé de l'odeur du temps arrêté, la frappa au visage. Poussière, bois ciré évaporé, relents de cheminées éteintes depuis un siècle. Dans le grand hall, les meubles étaient des fantômes drapés de linceuls blancs. La lumière peinait à s'infiltrer par les hautes fenêtres aux vitres encrassées, dessinant des colonnes de poussière dansante qui semblaient être les seuls habitants des lieux.
« Allô ? » lança-t-elle, sa voix aussitôt avalée par les ténèbres.
Seul l'écho moqueur de sa propre solitude lui répondit.
Elle choisit une chambre au premier étage, la moins menaçante en apparence. Un lit à baldaquin monumental occupait le centre de la pièce, ses rideaux de velours pourpre si usés qu'ils laissaient voir la trame, comme une peau usée jusqu'à l'os. La vue donnait sur un parc à l'abandon où la nature reprenait ses droits avec une violence silencieuse. C'est ici qu'elle décida de poser ses valises, et sans le savoir, son âme.
La première nuit fut un baptême. Un froid anormal, un froid qui n'avait rien à voir avec le temps qu'il faisait dehors, s'infiltra sous ses draps. Ce n'était pas une simple bise, mais une caresse délibérée, glaciale, qui lui remonta le long des chevilles, des mollets. Elle se tassa au fond du lit, le cœur cognant contre ses côtes. Elle se leva, claquant des dents, pour vérifier la fenêtre. Scellée. Le loquet était rouillé en position fermée.
De retour sous les couvertures, le silence se brisa.
Un murmure. Juste à côté de son oreille.
Ce n'était pas un mot qu'elle pouvait comprendre, mais une syllabe gutturale, chargée d'un mépris infini, un souffle rauque qui sentait la tombe. Elle retint un cri, le corps entièrement pétrifié. La terreur était une chose physique, une main glacée qui lui serrait la gorge.
Les jours suivants, la présence se fit plus tangible, plus colérique. Alors qu'elle classait des gravures dans le salon, un lourd in-folio sur la débauche romaine fut projeté du haut d'une étagère et s'écrasa à quelques centimètres d'elle. Une autre fois, la porte de sa chambre claqua avec une telle violence que le mur en trembla. Des pas lourds, ceux d'un homme portant des bottes, résonnaient la nuit dans le couloir alors qu'elle savait, qu'elle sentait, qu'il était vide.
L'idée de fuir lui traversa l'esprit, une pensée paniquée qui la fit presque courir vers sa voiture. Mais quelque chose la retint. Pas seulement la curiosité de l'historienne. C'était autre chose. Une fascination malsaine. Une attirance pour cette haine pure, cette violence invisible qui la ciblait, elle. Personne ne lui avait jamais porté une telle attention.
C'est dans la bibliothèque, une pièce dont l'air était si épais de poussière et de savoir oublié qu'il semblait pouvoir être mâché, qu'elle trouva le journal. Un petit carnet de cuir élimé, celui d'un valet de chambre de la fin du XIXe siècle. Les pages jaunies racontaient avec une écriture effrayée la vie à Blackwood. Et surtout, elles parlaient du maître.
Lord Alistair Blackwood.
Le portrait était sans appel. Un homme d'une beauté cruelle et d'appétits monstrueux. Un libertin qui ne connaissait aucune limite, dont les orgies faisaient le scandale de toute la région. Le journal décrivait des jeunes femmes, servantes ou filles du village, entrant dans sa chambre pour n'en ressortir que des heures plus tard, le regard vide ou en larmes. Il y était question de fouets, de chaînes, de plaisirs étranges et douloureux. L'histoire se terminait par son meurtre. Égorgé dans son propre lit par une maîtresse qu'il avait humiliée une fois de trop. Son corps, disait la rumeur, n'avait jamais été retrouvé. Mais son esprit, consumé par une rage inextinguible et une frustration éternelle, était resté.
Ce soir-là, Elara lisait ces lignes à la lumière d'une seule bougie, le silence du manoir pesant sur ses épaules. La flamme vacilla, dansa, puis s'éteignit d'un coup, comme soufflée par une bouche invisible. L'obscurité fut totale, absolue. Un linceul noir.
« Pars. »
La voix n'a pas résonné dans la pièce. Elle a explosé dans son crâne. Nette. Froide. Impérieuse. Une pensée qui n'était pas la sienne, une intrusion mentale d'une violence inouïe.
La peur était un nœud de glace dans ses entrailles. Elle aurait dû hurler, fuir à toutes jambes. Mais à travers la terreur, une nouvelle sensation vibrait, chaude et électrique. Une excitation pure. Le défi.
« Je ne partirai pas », murmura-t-elle dans le noir, sa propre voix tremblante mais ferme.
Un long silence s'installa. Puis un rire éclata, non pas dans sa tête, mais partout autour d'elle, semblant émaner des murs, du plancher, du plafond. Un rire sans joie, un ricanement plein d'un mépris glacial et de sombres promesses. Le jeu venait de commencer. Il avait accepté sa mise.
La terreur se mua en une routine perverse. Alistair ne cherchait plus à la chasser. Il jouait. Il l'observait. Elle sentait son regard invisible sur elle, constamment. Le soir, quand elle prenait son bain dans la grande baignoire sur pieds, l'eau tiède devenait soudain glaciale au moment précis où elle savonnait sa poitrine. Quand elle se déshabillait pour la nuit, une froideur particulière parcourait sa peau nue, comme si une main d'hiver traçait les contours de son corps.
Ses murmures dans son esprit devinrent plus fréquents, et leur nature changea. La menace se teinta d'une obscénité crue, précise.
« J'aime la courbe de tes seins quand tu te penches sur tes livres », souffla-t-il un soir. « Si ronds, si lourds. J'imagine mon pouce pressant ta pointe jusqu'à ce qu'elle devienne dure comme un caillou. »
Elara se redressa d'un coup, le visage en feu. Elle était seule, et pourtant, elle n'avait jamais été aussi exposée. Violée dans son intimité la plus profonde. Mais son corps, ce traître, répondait. Une chaleur lourde et humide pulsait entre ses cuisses. Elle le détestait pour ça. Et elle se détestait encore plus de ne pas détester ça assez.
La nuit de la profanation, elle ne dormait pas. Elle attendait. Allongée dans le grand lit froid, vêtue d'une simple chemise de nuit en coton, elle feignait le sommeil, chaque muscle tendu, chaque nerf à vif. Elle n'attendait plus la peur. Elle attendait sa visite.
Elle sentit d'abord le poids. Une dépression très nette dans le matelas, juste à côté d'elle, comme si un homme lourd venait de s'asseoir sur le bord du lit. Puis, le froid. Un froid concentré, intense. Il effleura sa cheville nue, une touche fantôme qui lui fit retenir son souffle. Lentement, la caresse glacée remonta le long de son mollet, s'attarda derrière son genou, puis continua sa progression inexorable sur la peau sensible de l'intérieur de sa cuisse.
Elle serra les dents pour ne pas crier. Ce n'était pas un courant d'air. C'était un contact. Intentionnel. Calculé.
La caresse s'arrêta sur sa hanche.
« Tu as peur, petite chose », dit la voix dans sa tête, un mélange de satisfaction et de cruauté. « Bien. La peur est le meilleur des aphrodisiaques. Elle rend le plaisir plus aigu. »
Sa chemise de nuit se souleva. Lentement. Tirée par une force qu'elle ne voyait pas, la fine étoffe glissa sur sa peau, exposant son ventre, son pubis, ses cuisses à l'air glacial de la chambre. Elara tremblait de tous ses membres, un mélange de panique absolue et d'une anticipation fiévreuse qui la clouait au lit.
« Tes mains », ordonna la voix. « Je veux voir tes mains sur toi. »
« Non », pensa-t-elle avec force. Sa mâchoire se crispa.
Une pression terrible s'abattit sur sa poitrine, lui coupant le souffle comme si une pierre tombale venait de lui tomber dessus. Une colère pure, immatérielle mais écrasante, la plaquait au matelas.
« Obéis. »
Lentement, contre sa volonté, sa propre main, comme tirée par les fils d'un marionnettiste invisible, commença à bouger. Elle se posa sur son ventre, les doigts tremblants. Puis elle descendit, effleura le duvet de son pubis. Ses propres doigts lui semblaient étrangers, froids, profanateurs.
« Montre-moi », exigea Alistair, son ton devenant plus pressant, plus affamé. « Montre-moi comment tu te touches quand tu es seule. Montre-moi comment tu te donnes du plaisir. »
C'était l'humiliation suprême. Une soumission totale à une volonté perverse. Et c'était, d'une manière tordue et terrifiante, incroyablement excitant. Sa main, guidée par la volonté du fantôme, prit le chemin de sa vulve. Elle était déjà trempée, glissante de désir. Son corps l'avait trahie bien avant que son esprit ne cède.Ses doigts, tremblants sous l'emprise de sa volonté, hésitèrent un instant, suspendus au-dessus de sa chair brûlante. Puis, comme guidés par une main fantôme, ils trouvèrent enfin son clitoris, ce petit noyau de plaisir qui semblait pulser sous la tension de l'attente.
« Oui... comme ça... », susurra le fantôme, sa voix un souffle glacial qui effleura sa nuque, hérissant chaque poil de sa peau. « Frotte ce petit bouton de chair. Fais-le pour moi. Je veux le voir gonfler, rougir sous tes caresses. Je veux qu’il devienne dur, qu’il trahisse ton désir pour un être qui n’est plus de ce monde. Plus vite, ma petite chose. Je veux t’entendre gémir. Je veux entendre chaque son qui prouve que tu m’appartiens déjà. »
La voix d’Alistair était un mélange de commandement et de vice, un murmure qui s’insinuait dans son esprit comme un poison délicieux. Elara, incapable de résister à cette emprise, obéit. Ses doigts commencèrent à bouger, d’abord timidement, puis avec une urgence croissante. Chaque mouvement circulaire sur son clitoris envoyait des vagues de chaleur à travers son bas-ventre, un contraste saisissant avec le froid surnaturel qui semblait l’envelopper. La sensation était presque douloureuse dans son intensité, un plaisir brut qui la faisait haleter.
Sous les ordres de ce maître invisible, Elara commença à se masturber, chaque caresse devenant un acte de défi contre sa propre pudeur, chaque frisson une capitulation à cette force qui la dominait. Elle ferma les yeux, incapable de supporter l’idée de se voir ainsi, offerte et soumise dans une chambre vide. Elle s’abandonnait aux sensations brutes, à la voix qui la guidait avec une précision cruelle, qui la souillait par ses mots obscènes, qui la possédait entièrement, corps et esprit.
« Écarte tes lèvres pour moi », ordonna-t-il, son ton devenant plus pressant, plus affamé. « Ouvre-toi. Montre-moi ce que je ne peux plus toucher. Laisse-moi voir cette chair rose et humide qui m’appelle. Plonge un doigt en toi. Maintenant. »
Ses doigts, comme animés d’une volonté propre, obéirent. Elle écarta ses lèvres intimes, exposant sa vulve à l’air glacial de la pièce, et un doigt glissa lentement en elle. La sensation de pénétration, même par sa propre main, était électrisante. Elle sentit la chaleur de son intérieur, la texture soyeuse de ses parois qui se contractaient autour de son doigt, comme pour l’aspirer plus profondément.
« Sens comme tu es chaude et humide pour un mort », ricana Alistair, sa voix suintant de mépris et de triomphe. « Sens comme ton con se serre autour de ton propre doigt, comme s’il m’imaginait en toi, dur et impitoyable. Ajoute un deuxième doigt. Étire-toi pour moi. Je veux que tu te prépares à l’idée de ma présence, même si je ne suis qu’un souffle. »
Elara obéit encore, un deuxième doigt rejoignant le premier. La sensation d’être ainsi remplie, même partiellement, était presque trop intense. Elle sentit ses parois s’étirer, une légère brûlure mêlée à un plaisir profond qui lui arracha un gémissement involontaire. Ses mouvements devinrent plus rapides, plus désespérés, guidés par les ordres incessants d’Alistair. Elle pouvait presque sentir son regard invisible, avide, qui scrutait chaque détail de son intimité exposée.
Ses gémissements montèrent dans la chambre silencieuse, des petits sons étranglés de plaisir et de honte qui semblaient résonner contre les murs de pierre. Chaque bruit qu’elle laissait échapper était une preuve de sa soumission, un tribut à la domination d’Alistair. Elle était à la fois victime et bourreau de sa propre jouissance, une marionnette dont les fils étaient tirés par un spectre cruel. Son pouce revint à son clitoris, frottant avec une frénésie croissante tandis que ses doigts continuaient de plonger en elle, explorant des profondeurs qu’elle n’avait jamais osé toucher auparavant.
« Plus fort », gronda-t-il dans son esprit. « Je veux sentir la moiteur de ta chatte sous tes doigts. Je veux que tu te baises pour moi, que tu imagines ma queue à la place de tes doigts fragiles. Imagine-moi te remplir, te déchirer, te posséder jusqu’à ce que tu ne sois plus qu’un réceptacle pour mon désir. »
Ces mots, si crus, si dégradants, auraient dû la révolter. Mais ils ne faisaient qu’attiser le feu qui la consumait. Son corps réagissait malgré elle, ses hanches se soulevant du matelas pour aller à la rencontre de ses propres caresses, comme si elle cherchait à combler un vide que seul Alistair pouvait remplir, même en tant que fantôme. La sueur perlait sur son front, son souffle devenait court, entrecoupé de petits cris qu’elle ne pouvait plus retenir. L’odeur de son propre désir, musquée et entêtante, emplissait l’air autour d’elle, mêlée à la froideur âcre de la présence d’Alistair.
La tension monta, insupportable, un nœud de chaleur et de besoin qui se resserrait dans son bas-ventre. Ses doigts travaillaient sans relâche, alternant entre des pénétrations profondes et des frottements frénétiques sur son clitoris désormais gonflé et hypersensible. Chaque contact était une étincelle, chaque mot d’Alistair un carburant pour l’incendie qui menaçait de la consumer.
« Jouis pour moi », ordonna-t-il enfin, sa voix un grondement bas, presque animal. « Jouis maintenant, et scelle ton appartenance. Laisse-moi entendre ton cri, sentir ton corps trembler sous ma volonté. Donne-moi tout. »
Ce fut comme si ces mots avaient brisé une digue en elle. L’orgasme la secoua avec une violence qu’elle n’avait jamais connue, un spasme brutal qui irradia de son centre pour se propager à chaque extrémité de son corps. Ses doigts se figèrent en elle, ses parois se contractant autour d’eux avec une force presque douloureuse. Un cri rauque, primal, s’échappa de sa gorge, un son qu’elle ne reconnut pas comme le sien, un hurlement de libération et de capitulation mêlées. Ses jambes tremblaient, ses poignets tiraient contre les draps qu’elle avait inconsciemment agrippés, et une chaleur liquide sembla se répandre en elle, un flot de plaisir qui la laissa pantelante.
Dans cet instant de vulnérabilité absolue, elle sentit le rire triomphant et silencieux d’Alistair vibrer à travers chaque cellule de son corps. Ce n’était pas un son, mais une sensation, une onde de satisfaction cruelle qui semblait s’enrouler autour de son âme. Il avait pris son plaisir à travers elle, bu son extase comme un vampire se nourrit de sang. Ce moment scellait leur pacte impie, un lien qui allait au-delà de la chair, un asservissement total à un maître qui n’avait plus de corps mais dont la volonté était plus forte que jamais.
Elara gisait là, épuisée, le corps encore secoué de petits frissons, l’esprit embrouillé par ce qu’elle venait de vivre. L’air autour d’elle semblait plus lourd, plus dense, comme si le manoir lui-même avait été témoin de sa chute et s’en réjouissait. Elle savait, au fond d’elle, qu’il n’y avait plus de retour en arrière. Alistair l’avait marquée, non pas sur sa peau, mais dans son essence même. Et elle, malgré la honte, malgré la peur, en redemandait déjà.
Il n'y eut plus de retour en arrière possible. La peur s'était dissoute dans une dépendance malsaine, une soif insatiable. Elara n'était plus l'historienne de l'art. Elle était devenue l'objet, l'élève d'un spectre libertin qui la façonnait à son image. Chaque nuit était une nouvelle leçon dans l'art de la débauche, chaque jour une attente fiévreuse.
Alistair était un professeur exigeant et sadique. La masturbation solitaire ne lui suffisait plus. Il voulait la voir brisée, offerte, impuissante.
« Ce soir, tu vas t'attacher », ordonna-t-il un après-midi, alors qu'elle errait dans le manoir, déjà enfiévrée par l'attente de la nuit. Sa voix était une présence constante, un murmure au fond de son esprit.
Il la guida vers une vieille malle en bois cerclée de fer dans le grenier. L'odeur de naphtaline et de soie séchée s'en échappa quand elle l'ouvrit. À l'intérieur, parmi des robes éventrées et des dessous jaunis, elle trouva ce qu'il cherchait. Des rubans de satin noir, larges et épais. Des cordes de chanvre rêche.
« Les rubans pour tes poignets. Aux montants du lit », précisa-t-il avec une froide autorité. « Je veux te voir écartelée. Complètement offerte. Impuissante. »
Le cœur battant la chamade, entre l'effroi et une excitation coupable, Elara obéit. Ce soir-là, nue dans la chambre glaciale, elle attacha un à un ses poignets aux hauts poteaux du lit à baldaquin. La position était d'une vulnérabilité absolue, son corps entièrement exposé, ses bras en croix, sa poitrine offerte, ses jambes légèrement écartées. Le froid de la présence d'Alistair l'enveloppa comme un linceul vivant.
« Bien. Très bien, ma petite putain d'érudite. Maintenant, tu vas apprendre la morsure du froid. »
Sur la commode, un lourd candélabre en argent massif se souleva de lui-même. Il lévita à travers la pièce, se balançant doucement, avant de s'approcher d'elle. Elara haleta, son souffle se transformant en buée. Le métal, chargé du froid surnaturel d'Alistair, se posa sur son ventre. Le choc fut brutal, une brûlure paradoxale lui fit arquer le dos contre les draps.
« Tu sens ça ? Ce n'est que l'ombre de ce que je te ferais si j'avais encore un corps de chair. Je te marquerais de froid et de feu jusqu'à ce que ta peau ne soit plus qu'un parchemin racontant ma possession. »
Le candélabre en argent, lourd et massif, semblait animé d’une vie propre, d’une volonté froide et implacable. Sous l’emprise d’Alistair, il glissa plus bas sur le corps d’Elara, son poids oppressant traçant un chemin glacial sur sa peau déjà hérissée de chair de poule. Chaque mouvement de l’objet était lent, délibéré, comme s’il savourait chaque centimètre de son épiderme qu’il profanait. Le métal, chargé d’un froid surnaturel, laissait derrière lui une sensation de brûlure, un mélange de glace et de feu qui faisait trembler ses muscles sous l’effort de l’immobilité imposée par ses liens de satin noir.
Il descendit inexorablement, suivant la courbe douce de son ventre, s’attardant un instant sur le creux de son nombril, où il s’appuya avec une pression presque cruelle, lui arrachant un gémissement étouffé. Puis, il poursuivit sa descente, glissant sur le mont de Vénus, effleurant à peine le duvet sombre qui protégeait son intimité. Enfin, il s’insinua entre ses cuisses écartées, forçant ses jambes à s’ouvrir davantage sous la seule force de sa présence invisible. Le contact du métal contre ses lèvres intimes fut un choc brutal. Ses chairs sensibles se contractèrent violemment, un spasme involontaire qui fit monter un sanglot dans sa gorge. C’était une torture exquise, un mélange de douleur et de plaisir si intense qu’elle ne savait plus si elle voulait hurler ou supplier pour plus.
Le bout du candélabre, un pied orné de volutes gravées, la sonda avec une précision perverse. Il poussait doucement, mais fermement, contre son entrée humide, déjà glissante de désir malgré la terreur qui lui nouait les entrailles. Le froid du métal contrastait violemment avec la chaleur de son corps, chaque pression envoyant des ondes de sensations contradictoires à travers ses nerfs. Elle sentit ses lèvres s’écarter légèrement sous la poussée, son corps trahissant sa volonté en s’ouvrant à cette intrusion inhumaine. La sensation était à la fois insupportable et enivrante, une violation par un objet inanimé, mû par la volonté perverse d’un mort qui semblait se délecter de chaque frisson qu’il lui arrachait.
« Ouvre-toi pour moi », gronda la voix d’Alistair dans son esprit, un murmure rauque et impérieux qui semblait vibrer jusque dans ses os. « Écarte tes lèvres avec tes muscles. Laisse-moi voir l’intérieur de toi, ce velours rose et humide qui m’est refusé. Imagine que c’est ma langue, froide comme la tombe, qui te lèche, qui s’enfonce en toi, qui boit ton désir jusqu’à la dernière goutte. »
Ces mots, crus et obscènes, s’insinuèrent dans son esprit comme un poison délicieux. Elle ferma les yeux, incapable de résister à l’image qu’il lui imposait. Elle pouvait presque sentir cette langue spectrale, glaciale, explorant ses replis les plus intimes, lapant sa chaleur avec une avidité désespérée. Sous son emprise mentale, elle se contorsionna, ses hanches se soulevant malgré elle pour aller à la rencontre de l’objet froid. Chaque mouvement était une lutte, une tentative désespérée de trouver un plaisir impossible dans cette caresse inhumaine. Le candélabre ne pénétrait pas vraiment, mais il jouait avec elle, pressant, frottant, glissant contre son clitoris gonflé avant de revenir taquiner son entrée, la maintenant au bord d’un gouffre de sensations qu’elle ne pouvait ni fuir ni embrasser pleinement.
Son souffle était court, haché, des petits halètements qui résonnaient dans la chambre silencieuse. L’odeur de sa propre excitation, mêlée à celle de la poussière et du vieux bois, emplissait l’air, un parfum capiteux qui semblait nourrir l’énergie d’Alistair. Elle entendait presque son rire, un son bas et guttural, comme s’il se repaissait de son humiliation et de son désir mêlés.
Puis, il lui ordonna autre chose, une nouvelle humiliation qui fit monter une vague de honte brûlante dans sa poitrine.
« Ta bouche », souffla-t-il, sa voix suintant de vice, chaque mot dégoulinant de perversion. « Tu vas te souiller pour moi. Prends la corde de chanvre qui traîne à tes pieds. Frotte-la sur ton con jusqu’à ce qu’elle soit trempée de ta mouille. Puis mets-la dans ta bouche. Je veux entendre le bruit de ta salive sur tes propres fluides. Goûte-toi. Goûte le plaisir que tu offres à ton maître. »
Ces mots la frappèrent comme une gifle, lui coupant le souffle. L’idée était répugnante, dégradante au-delà de tout ce qu’elle avait pu imaginer. Et pourtant, sous l’emprise de cette voix qui semblait contrôler jusqu’à ses pensées les plus intimes, elle sentit une pulsation traîtresse entre ses cuisses, une excitation malsaine qui la faisait rougir de honte. Ses poignets, toujours attachés aux montants du lit, l’empêchaient de bouger librement, mais elle parvint, avec un effort désespéré, à attraper la corde de chanvre avec ses pieds. La fibre rêche gratta contre la plante de ses pieds alors qu’elle la ramenait à elle, la faisant glisser maladroitement jusqu’à ce qu’elle puisse la saisir entre ses genoux.
Sous le regard invisible mais oppressant d’Alistair, ce fut comme si la corde prenait vie. Elle glissa comme un serpent contre sa chair sensible, déjà à vif après les assauts du candélabre. La texture rugueuse de la corde était une torture en soi, chaque fibre accrochant sa peau tendre, envoyant des éclairs de douleur mêlée de plaisir à travers son corps. Elle sentit la corde s’humidifier rapidement, absorbant son excitation, devenant glissante à force de ramper contre sa vulve. L’odeur de sa propre intimité, forte et musquée, monta jusqu’à ses narines, lui donnant le vertige.
« Plus fort », ordonna-t-il, implacable. « Je veux que cette corde soit trempée, que chaque fibre porte ton odeur, ton goût. Laisse-toi caresser jusqu’à ce que tu sois au bord de jouir, mais ne te laisse pas aller. Pas encore. »
Elle obéit, les dents serrées, retenant des gémissements de douleur et de frustration. Ses cuisses tremblaien, ses muscles internes se contractant à chaque passage de la corde contre son clitoris hypersensible. Quand la corde fut enfin saturée, lourde de son humidité, elle rampa jusqu' à ses lèvres, caressant ses seins au passage. La honte était une vague qui menaçait de la noyer, mais l’excitation, cette pulsion perverse qu’Alistair avait éveillée en elle, était plus forte encore.
Elle ouvrit la bouche, et la corde y glissa, râpeuse contre sa langue. Le goût salé et musqué de sa propre excitation explosa sur ses papilles, un mélange de dégoût et d’une fascination inavouable. Elle sentit ses joues s’enflammer, son corps entier se tendre sous l’humiliation. Elle suça la corde, comme il le lui ordonnait, le bruit humide de sa salive résonnant dans la pièce, un son obscène qui semblait ravir Alistair.
« Oui, comme ça », murmura-t-il, sa voix vibrante de satisfaction. « Écoute ce bruit. Écoute comme tu te souilles pour moi. Tu es à moi, petite chose. Chaque goutte de toi m’appartient. »
Pendant ce temps, le candélabre, toujours sous son contrôle, revint se poser entre ses cuisses. Il ne poussait plus, mais frottait maintenant, un mouvement lent et circulaire contre son clitoris, la maintenant dans un état de tension insupportable. Elle était écartelée entre la sensation de la corde dans sa bouche, le goût de sa propre soumission, et la caresse froide et implacable de l’objet contre son sexe. Chaque nerf de son corps semblait à vif, chaque sensation amplifiée par l’impuissance de sa position, par les liens qui mordaient dans ses poignets à chaque mouvement involontaire.
« Jouis pour moi », ordonna-t-il enfin, sa voix devenant un grondement sauvage. « Jouis avec ma marque sur toi, avec ton goût dans ta bouche, avec mon froid entre tes cuisses. Montre-moi à quel point tu es devenue ma chose. »
Ces mots furent la goutte d’eau qui fait déferler la vague. L’orgasme la frappa comme une tempête, un raz-de-marée de plaisir si violent qu’elle crut que son corps allait se briser. Elle cria, un hurlement rauque et primal qui lui déchira la gorge, étouffé par la corde toujours dans sa bouche. Son corps se convulsa, secoué de spasmes incontrôlables, ses hanches se soulevant contre le candélabre, ses poignets tirant sur les liens de satin jusqu’à ce que la douleur devienne une extension de son extase. Chaque vague de jouissance semblait nourrir Alistair, elle pouvait presque sentir son rire triomphant vibrer à travers elle, un écho de satisfaction cruelle qui la marquait plus profondément que n’importe quel contact physique.
Quand les spasmes s’apaisèrent enfin, elle gisait là, pantelante, épuisée, le corps couvert d’une fine pellicule de sueur malgré le froid glacial de la pièce. La corde, toujours dans sa bouche, était un rappel amer de sa soumission. Le candélabre s’était immobilisé, posé négligemment sur le lit à côté d’elle, comme un amant repu. Mais elle savait qu’Alistair n’était jamais repu. Il était insatiable, et elle, désormais, était son jouet, son offrande, liée à lui par des chaînes bien plus solides que celles de satin ou de chanvre. Des chaînes de désir, de honte, et d’un plaisir interdit qu’elle ne pourrait plus jamais fuir.
Le manoir semblait se nourrir de sa débauche. Les ombres dans les coins étaient plus denses, les murmures plus clairs, presque audibles. L'énergie qu'elle libérait chaque nuit, cette puissance brute de la luxure et de la peur, donnait de la force à Alistair. Il pouvait désormais interagir plus puissamment avec le monde physique. Déplacer des meubles lourds, créer des sons complexes, et surtout, intensifier la sensation de son contact.
Plusieurs nuits plus tard, alors qu'elle gisait épuisée, encore attachée après une de leurs "leçons", elle sentit un poids s'abattre sur elle. Pas seulement la froideur habituelle, mais une véritable masse, une présence physique qui l'immobilisait sur le lit. Elle pouvait sentir les contours d'un torse pressé contre son dos, la force de deux bras immatériels qui la maintenaient. C'était terrifiant. C'était ce qu'elle désirait le plus au monde.
Le poids d’Alistair sur elle n’était pas seulement une sensation. C’était une oppression, une masse invisible mais tangible qui l’écrasait contre le matelas, comme si un homme de chair et d’os, lourd et impitoyable, s’était allongé sur elle. Elle pouvait presque sentir la texture d’un torse dur contre sa peau, la pression de bras musclés qui l’immobilisaient, ses poignets toujours liés ensemble par les rubans de satin noir. L’air autour d’elle était glacial, mais ce froid avait une présence, une intention. Il s’enroulait autour de ses membres, s’infiltrait dans chaque pore de sa peau, comme une étreinte d’hiver qui cherchait à la dévorer.
« Ce soir, ce n’est pas toi qui vas sentir », murmura Alistair, sa voix résonnant à la fois dans son esprit et dans l’air de la chambre, un grondement grave, presque palpable, qui vibra dans sa poitrine. « Ce soir, c’est moi. Moi qui vais goûter à nouveau. Moi qui vais vivre à travers toi. »
Une sensation nouvelle, déroutante, l’envahit alors. Une dissociation étrange, comme si son corps ne lui appartenait plus tout à fait. Elle sentit une vague d’énergie froide et étrangère s’insinuer dans ses nerfs, prendre le contrôle de ses muscles, de ses sens. Ses propres mains, toujours attachées ensemble, semblaient vibrer d’une volonté qui n’était pas la sienne. Puis, comme si des fils invisibles tiraient sur ses articulations, ses doigts se crispèrent, ses bras tirèrent contre les liens, non pas pour se libérer, mais pour tester leur solidité. Elle n’était plus qu’un réceptacle, une marionnette de chair entre les mains d’un maître spectral.
« C’est donc ça... la chaleur... la peau... »
La voix qui s’échappa de ses propres lèvres n’était pas tout à fait la sienne. C’était son timbre, oui, mais l’intonation, l’émerveillement rauque et cruel, était indéniablement celui d’Alistair. Chaque mot semblait chargé d’une faim ancienne, d’une nostalgie brutale pour une sensation qu’il n’avait pas connue depuis plus d’un siècle. Il parlait à travers elle, savourant le simple fait de sentir l’air passer par sa gorge, de sentir sa langue bouger dans sa bouche. Elle pouvait presque entendre le frisson de délice dans sa voix, un plaisir presque enfantin mêlé à une cruauté sans fond.
« Ta chair est si chaude, si vivante », continua-t-il, sa voix s’élevant et s’abaissant comme une caresse malsaine. « Je sens chaque battement de ton cœur, chaque frisson de ta peau. Ça m’a manqué. Oh, comme ça m’a manqué. »
Soudain, ses mains, toujours liées mais animées par une force extérieure, se mirent à bouger dans la mesure de leur liberté restreinte. Ses doigts glissèrent sur sa propre poitrine, effleurant d’abord la peau sensible de ses seins avec une lenteur calculée, presque révérencieuse. Puis, la caresse devint plus dure, plus possessive. Ses ongles griffèrent légèrement la chair tendre, laissant des traces rouges sur son passage. Ses tétons, déjà durcis par le froid et l’anticipation, furent pincés avec une brutalité qui lui arracha un gémissement de douleur mêlée de plaisir. Ce n’était pas elle qui agissait. C’était lui. Alistair, savourant chaque sensation à travers elle, jouant de son corps comme d’un instrument qu’il redécouvrait après une éternité de privation.
« Sens ça », grogna-t-il, sa voix dans sa tête et dans sa bouche à la fois. « Sens comme tes seins se tendent sous mes doigts. Comme ils durcissent pour moi. Si j’avais un corps, je les mordrais jusqu’à ce que tu cries. »
La douleur était vive, mais elle était accompagnée d’une chaleur traîtresse qui se répandait dans son bas-ventre. Elle était à la fois actrice et spectatrice, prisonnière de son propre corps, incapable de résister à la volonté qui la dominait. Ses mains descendirent plus bas, traçant un chemin brûlant sur son ventre, s’attardant sur la courbe de ses hanches. Puis, avec une précision cruelle, elles plongèrent entre ses cuisses écartées.
« Oui... là... » murmura Alistair, sa voix tremblante d’une excitation presque palpable. « Montre-moi ce que ça fait. Montre-moi ce que j’ai perdu. »
Ses doigts, guidés par sa volonté insatiable, écartèrent ses lèvres intimes avec une brutalité possessive. Elle sentit l’humidité de son propre désir, la chaleur de sa chair contre le froid de l’air ambiant. Un doigt, puis deux, s’enfoncèrent en elle, durs, impatients, sans aucune douceur. Le geste était brutal, presque mécanique, comme si Alistair cherchait à rattraper un siècle de frustration en un seul instant. Chaque pénétration était un assaut, un viol de son intimité par sa propre main, mais orchestré par une faim qui n’était pas la sienne. Elle sentit ses parois internes se contracter autour de ses doigts, un réflexe involontaire de plaisir et de défense.
« C’est si serré, si chaud », grogna-t-il, sa voix rauque vibrant dans tout son être. « Ton con m’aspire, il me veut. Tu es faite pour ça, pour être baisée, pour être à moi. »
Les mots crus, prononcés à travers sa propre bouche, la firent rougir de honte, mais son corps, ce traître, répondait avec une ardeur qu’elle ne pouvait nier. Ses doigts continuaient leur va-et-vient, plongeant plus profondément, plus vite, explorant chaque recoin de son intimité avec une frénésie désespérée. Elle sentait le plaisir monter, un plaisir brut, animal, qui n’avait rien de tendre ou de romantique. C’était une force sauvage, une vague qui menaçait de la submerger. Mais en même temps, elle percevait autre chose, une sensation parallèle, comme un écho dans son esprit. La frustration d’Alistair. Son désir infini, sa rage de ne pouvoir ressentir pleinement ce qu’il infligeait. Il la baisait avec ses propres doigts, mais il ne pouvait pas jouir. Il ne pouvait que voler des fragments de sensation, des ombres de plaisir, et cela le rendait fou.
« Gémis pour moi », ordonna-t-il, sa voix devenant un grondement de colère et de besoin. « Gémis mon nom. Laisse-moi entendre que tu es à moi. »
Elle ne put se retenir. Les sons s’échappèrent de sa gorge, des gémissements rauques, entrecoupés de halètements, tandis que ses doigts continuaient leur assaut implacable. Chaque mouvement était plus dur, plus profond, frottant contre des points sensibles qu’elle n’avait jamais osé explorer seule. La honte et le plaisir se mêlaient en un cocktail toxique, enivrant.
« Alistair... ah... Alistair... » murmura-t-elle, sa voix brisée, à peine reconnaissable, un chant de soumission et d’extase.
Il ricana à travers elle, un son cruel et triomphant qui résonna dans la chambre. « Oui, c’est ça. Dis-le encore. Dis que tu es ma chose, ma putain vivante. »
« Alistair... je... je suis à toi... » gémit-elle, les mots lui échappant malgré elle, comme si sa langue était devenue un outil de sa domination.
Le plaisir atteignit un pic insoutenable. Ses doigts, toujours hors de contrôle, trouvèrent son clitoris, le frottant avec une précision sadique, alternant entre des cercles rapides et des pressions brutales. Elle sentit son corps se tendre, chaque muscle se contractant, chaque nerf à vif. L’orgasme déferla comme une tempête, une explosion sensorielle qui la traversa de part en part. Ce fut une libération physique si totale, si violente, qu’elle perdit connaissance une fraction de seconde, son esprit s’éteignant sous l’intensité de la jouissance. Son corps trembla, secoué de spasmes incontrôlables, ses poignets tirant contre les liens jusqu’à ce que la douleur des frottements s’ajoute à l’extase.
Mais ce n’était pas seulement son plaisir. À travers la brume de son orgasme, elle sentit quelque chose d’autre. Une rage, une extase frustrée, un écho de sensation volé par Alistair à travers son corps. Il avait ressenti une ombre de ce qu’elle venait de vivre, un fantôme de jouissance, mais cela ne suffisait pas. Cela ne suffirait jamais. Un cri déchira le silence du manoir, un hurlement de pure rage et d’extase mêlées, un son qui semblait venir de partout et de nulle part à la fois. C’était lui, criant à travers elle, sa frustration et son plaisir tordus en une lamentation inhumaine qui fit vibrer les murs de la chambre.
La possession cessa aussi brusquement qu’elle avait commencé. La présence d’Alistair se retira comme une marée, laissant un vide glacial dans son sillage. Ses mains retombèrent, inertes, toujours attachées, ses doigts encore humides de son propre désir. Elle était pantelante, le souffle court, le corps endolori par l’intensité de ce qu’elle venait de subir. Ses cuisses tremblaient, ses seins portaient encore les marques rouges de ses propres ongles, et une douleur sourde pulsait entre ses jambes, un rappel de l’assaut qu’elle s’était infligé sous son emprise.
La chambre était redevenue silencieuse, mais ce silence était lourd, oppressant, comme si le manoir lui-même avait été témoin de cette profanation et en gardait la mémoire. Le lit était souillé, les draps froissés et humides de sueur et d’autre chose, une preuve tangible de sa soumission. Le froid était revenu, plus mordant encore, s’enroulant autour d’elle comme une couverture de glace. Elle était seule, ou du moins, elle le semblait. Mais elle savait qu’il était toujours là, quelque part dans l’ombre, observant, attendant la prochaine leçon.
Son corps était brisé, mais son esprit l’était encore plus. Elle n’était plus Elara. Elle était devenue une extension d’Alistair, un vaisseau pour ses désirs inassouvis, une poupée de chair qu’il pouvait manipuler à sa guise. Et le pire, c’était qu’une partie d’elle, une partie sombre et secrète, en redemandait. Elle était enchaînée à lui, non seulement par la peur ou la force, mais par un besoin qu’elle ne comprenait pas encore tout à fait, un besoin de se perdre dans cette obscurité, de s’abandonner à cette possession qui la détruisait et la faisait renaître à chaque fois.
L'initiation était terminée. Elara n'existait plus. L'historienne studieuse était morte dans cette chambre. Il ne restait que la chose du spectre de Blackwood. Sa prêtresse, sa putain, sa seule fenêtre sur le monde des vivants. Enchaînée à ce manoir, non par des murs de pierre, mais par les fils invisibles d'un plaisir interdit, d'une terreur délicieuse qu'elle ne pourrait plus jamais trouver, ni même désirer, dans le monde fade et sans saveur des vivants. Elle était à lui, corps et âme, pour l'éternité. Et elle ne voulait rien d'autre.
Quand elle poussa la lourde porte de chêne, celle-ci s'ouvrit sur une béance obscure. Une bouffée d'air glacial, chargé de l'odeur du temps arrêté, la frappa au visage. Poussière, bois ciré évaporé, relents de cheminées éteintes depuis un siècle. Dans le grand hall, les meubles étaient des fantômes drapés de linceuls blancs. La lumière peinait à s'infiltrer par les hautes fenêtres aux vitres encrassées, dessinant des colonnes de poussière dansante qui semblaient être les seuls habitants des lieux.
« Allô ? » lança-t-elle, sa voix aussitôt avalée par les ténèbres.
Seul l'écho moqueur de sa propre solitude lui répondit.
Elle choisit une chambre au premier étage, la moins menaçante en apparence. Un lit à baldaquin monumental occupait le centre de la pièce, ses rideaux de velours pourpre si usés qu'ils laissaient voir la trame, comme une peau usée jusqu'à l'os. La vue donnait sur un parc à l'abandon où la nature reprenait ses droits avec une violence silencieuse. C'est ici qu'elle décida de poser ses valises, et sans le savoir, son âme.
La première nuit fut un baptême. Un froid anormal, un froid qui n'avait rien à voir avec le temps qu'il faisait dehors, s'infiltra sous ses draps. Ce n'était pas une simple bise, mais une caresse délibérée, glaciale, qui lui remonta le long des chevilles, des mollets. Elle se tassa au fond du lit, le cœur cognant contre ses côtes. Elle se leva, claquant des dents, pour vérifier la fenêtre. Scellée. Le loquet était rouillé en position fermée.
De retour sous les couvertures, le silence se brisa.
Un murmure. Juste à côté de son oreille.
Ce n'était pas un mot qu'elle pouvait comprendre, mais une syllabe gutturale, chargée d'un mépris infini, un souffle rauque qui sentait la tombe. Elle retint un cri, le corps entièrement pétrifié. La terreur était une chose physique, une main glacée qui lui serrait la gorge.
Les jours suivants, la présence se fit plus tangible, plus colérique. Alors qu'elle classait des gravures dans le salon, un lourd in-folio sur la débauche romaine fut projeté du haut d'une étagère et s'écrasa à quelques centimètres d'elle. Une autre fois, la porte de sa chambre claqua avec une telle violence que le mur en trembla. Des pas lourds, ceux d'un homme portant des bottes, résonnaient la nuit dans le couloir alors qu'elle savait, qu'elle sentait, qu'il était vide.
L'idée de fuir lui traversa l'esprit, une pensée paniquée qui la fit presque courir vers sa voiture. Mais quelque chose la retint. Pas seulement la curiosité de l'historienne. C'était autre chose. Une fascination malsaine. Une attirance pour cette haine pure, cette violence invisible qui la ciblait, elle. Personne ne lui avait jamais porté une telle attention.
C'est dans la bibliothèque, une pièce dont l'air était si épais de poussière et de savoir oublié qu'il semblait pouvoir être mâché, qu'elle trouva le journal. Un petit carnet de cuir élimé, celui d'un valet de chambre de la fin du XIXe siècle. Les pages jaunies racontaient avec une écriture effrayée la vie à Blackwood. Et surtout, elles parlaient du maître.
Lord Alistair Blackwood.
Le portrait était sans appel. Un homme d'une beauté cruelle et d'appétits monstrueux. Un libertin qui ne connaissait aucune limite, dont les orgies faisaient le scandale de toute la région. Le journal décrivait des jeunes femmes, servantes ou filles du village, entrant dans sa chambre pour n'en ressortir que des heures plus tard, le regard vide ou en larmes. Il y était question de fouets, de chaînes, de plaisirs étranges et douloureux. L'histoire se terminait par son meurtre. Égorgé dans son propre lit par une maîtresse qu'il avait humiliée une fois de trop. Son corps, disait la rumeur, n'avait jamais été retrouvé. Mais son esprit, consumé par une rage inextinguible et une frustration éternelle, était resté.
Ce soir-là, Elara lisait ces lignes à la lumière d'une seule bougie, le silence du manoir pesant sur ses épaules. La flamme vacilla, dansa, puis s'éteignit d'un coup, comme soufflée par une bouche invisible. L'obscurité fut totale, absolue. Un linceul noir.
« Pars. »
La voix n'a pas résonné dans la pièce. Elle a explosé dans son crâne. Nette. Froide. Impérieuse. Une pensée qui n'était pas la sienne, une intrusion mentale d'une violence inouïe.
La peur était un nœud de glace dans ses entrailles. Elle aurait dû hurler, fuir à toutes jambes. Mais à travers la terreur, une nouvelle sensation vibrait, chaude et électrique. Une excitation pure. Le défi.
« Je ne partirai pas », murmura-t-elle dans le noir, sa propre voix tremblante mais ferme.
Un long silence s'installa. Puis un rire éclata, non pas dans sa tête, mais partout autour d'elle, semblant émaner des murs, du plancher, du plafond. Un rire sans joie, un ricanement plein d'un mépris glacial et de sombres promesses. Le jeu venait de commencer. Il avait accepté sa mise.
La terreur se mua en une routine perverse. Alistair ne cherchait plus à la chasser. Il jouait. Il l'observait. Elle sentait son regard invisible sur elle, constamment. Le soir, quand elle prenait son bain dans la grande baignoire sur pieds, l'eau tiède devenait soudain glaciale au moment précis où elle savonnait sa poitrine. Quand elle se déshabillait pour la nuit, une froideur particulière parcourait sa peau nue, comme si une main d'hiver traçait les contours de son corps.
Ses murmures dans son esprit devinrent plus fréquents, et leur nature changea. La menace se teinta d'une obscénité crue, précise.
« J'aime la courbe de tes seins quand tu te penches sur tes livres », souffla-t-il un soir. « Si ronds, si lourds. J'imagine mon pouce pressant ta pointe jusqu'à ce qu'elle devienne dure comme un caillou. »
Elara se redressa d'un coup, le visage en feu. Elle était seule, et pourtant, elle n'avait jamais été aussi exposée. Violée dans son intimité la plus profonde. Mais son corps, ce traître, répondait. Une chaleur lourde et humide pulsait entre ses cuisses. Elle le détestait pour ça. Et elle se détestait encore plus de ne pas détester ça assez.
La nuit de la profanation, elle ne dormait pas. Elle attendait. Allongée dans le grand lit froid, vêtue d'une simple chemise de nuit en coton, elle feignait le sommeil, chaque muscle tendu, chaque nerf à vif. Elle n'attendait plus la peur. Elle attendait sa visite.
Elle sentit d'abord le poids. Une dépression très nette dans le matelas, juste à côté d'elle, comme si un homme lourd venait de s'asseoir sur le bord du lit. Puis, le froid. Un froid concentré, intense. Il effleura sa cheville nue, une touche fantôme qui lui fit retenir son souffle. Lentement, la caresse glacée remonta le long de son mollet, s'attarda derrière son genou, puis continua sa progression inexorable sur la peau sensible de l'intérieur de sa cuisse.
Elle serra les dents pour ne pas crier. Ce n'était pas un courant d'air. C'était un contact. Intentionnel. Calculé.
La caresse s'arrêta sur sa hanche.
« Tu as peur, petite chose », dit la voix dans sa tête, un mélange de satisfaction et de cruauté. « Bien. La peur est le meilleur des aphrodisiaques. Elle rend le plaisir plus aigu. »
Sa chemise de nuit se souleva. Lentement. Tirée par une force qu'elle ne voyait pas, la fine étoffe glissa sur sa peau, exposant son ventre, son pubis, ses cuisses à l'air glacial de la chambre. Elara tremblait de tous ses membres, un mélange de panique absolue et d'une anticipation fiévreuse qui la clouait au lit.
« Tes mains », ordonna la voix. « Je veux voir tes mains sur toi. »
« Non », pensa-t-elle avec force. Sa mâchoire se crispa.
Une pression terrible s'abattit sur sa poitrine, lui coupant le souffle comme si une pierre tombale venait de lui tomber dessus. Une colère pure, immatérielle mais écrasante, la plaquait au matelas.
« Obéis. »
Lentement, contre sa volonté, sa propre main, comme tirée par les fils d'un marionnettiste invisible, commença à bouger. Elle se posa sur son ventre, les doigts tremblants. Puis elle descendit, effleura le duvet de son pubis. Ses propres doigts lui semblaient étrangers, froids, profanateurs.
« Montre-moi », exigea Alistair, son ton devenant plus pressant, plus affamé. « Montre-moi comment tu te touches quand tu es seule. Montre-moi comment tu te donnes du plaisir. »
C'était l'humiliation suprême. Une soumission totale à une volonté perverse. Et c'était, d'une manière tordue et terrifiante, incroyablement excitant. Sa main, guidée par la volonté du fantôme, prit le chemin de sa vulve. Elle était déjà trempée, glissante de désir. Son corps l'avait trahie bien avant que son esprit ne cède.Ses doigts, tremblants sous l'emprise de sa volonté, hésitèrent un instant, suspendus au-dessus de sa chair brûlante. Puis, comme guidés par une main fantôme, ils trouvèrent enfin son clitoris, ce petit noyau de plaisir qui semblait pulser sous la tension de l'attente.
« Oui... comme ça... », susurra le fantôme, sa voix un souffle glacial qui effleura sa nuque, hérissant chaque poil de sa peau. « Frotte ce petit bouton de chair. Fais-le pour moi. Je veux le voir gonfler, rougir sous tes caresses. Je veux qu’il devienne dur, qu’il trahisse ton désir pour un être qui n’est plus de ce monde. Plus vite, ma petite chose. Je veux t’entendre gémir. Je veux entendre chaque son qui prouve que tu m’appartiens déjà. »
La voix d’Alistair était un mélange de commandement et de vice, un murmure qui s’insinuait dans son esprit comme un poison délicieux. Elara, incapable de résister à cette emprise, obéit. Ses doigts commencèrent à bouger, d’abord timidement, puis avec une urgence croissante. Chaque mouvement circulaire sur son clitoris envoyait des vagues de chaleur à travers son bas-ventre, un contraste saisissant avec le froid surnaturel qui semblait l’envelopper. La sensation était presque douloureuse dans son intensité, un plaisir brut qui la faisait haleter.
Sous les ordres de ce maître invisible, Elara commença à se masturber, chaque caresse devenant un acte de défi contre sa propre pudeur, chaque frisson une capitulation à cette force qui la dominait. Elle ferma les yeux, incapable de supporter l’idée de se voir ainsi, offerte et soumise dans une chambre vide. Elle s’abandonnait aux sensations brutes, à la voix qui la guidait avec une précision cruelle, qui la souillait par ses mots obscènes, qui la possédait entièrement, corps et esprit.
« Écarte tes lèvres pour moi », ordonna-t-il, son ton devenant plus pressant, plus affamé. « Ouvre-toi. Montre-moi ce que je ne peux plus toucher. Laisse-moi voir cette chair rose et humide qui m’appelle. Plonge un doigt en toi. Maintenant. »
Ses doigts, comme animés d’une volonté propre, obéirent. Elle écarta ses lèvres intimes, exposant sa vulve à l’air glacial de la pièce, et un doigt glissa lentement en elle. La sensation de pénétration, même par sa propre main, était électrisante. Elle sentit la chaleur de son intérieur, la texture soyeuse de ses parois qui se contractaient autour de son doigt, comme pour l’aspirer plus profondément.
« Sens comme tu es chaude et humide pour un mort », ricana Alistair, sa voix suintant de mépris et de triomphe. « Sens comme ton con se serre autour de ton propre doigt, comme s’il m’imaginait en toi, dur et impitoyable. Ajoute un deuxième doigt. Étire-toi pour moi. Je veux que tu te prépares à l’idée de ma présence, même si je ne suis qu’un souffle. »
Elara obéit encore, un deuxième doigt rejoignant le premier. La sensation d’être ainsi remplie, même partiellement, était presque trop intense. Elle sentit ses parois s’étirer, une légère brûlure mêlée à un plaisir profond qui lui arracha un gémissement involontaire. Ses mouvements devinrent plus rapides, plus désespérés, guidés par les ordres incessants d’Alistair. Elle pouvait presque sentir son regard invisible, avide, qui scrutait chaque détail de son intimité exposée.
Ses gémissements montèrent dans la chambre silencieuse, des petits sons étranglés de plaisir et de honte qui semblaient résonner contre les murs de pierre. Chaque bruit qu’elle laissait échapper était une preuve de sa soumission, un tribut à la domination d’Alistair. Elle était à la fois victime et bourreau de sa propre jouissance, une marionnette dont les fils étaient tirés par un spectre cruel. Son pouce revint à son clitoris, frottant avec une frénésie croissante tandis que ses doigts continuaient de plonger en elle, explorant des profondeurs qu’elle n’avait jamais osé toucher auparavant.
« Plus fort », gronda-t-il dans son esprit. « Je veux sentir la moiteur de ta chatte sous tes doigts. Je veux que tu te baises pour moi, que tu imagines ma queue à la place de tes doigts fragiles. Imagine-moi te remplir, te déchirer, te posséder jusqu’à ce que tu ne sois plus qu’un réceptacle pour mon désir. »
Ces mots, si crus, si dégradants, auraient dû la révolter. Mais ils ne faisaient qu’attiser le feu qui la consumait. Son corps réagissait malgré elle, ses hanches se soulevant du matelas pour aller à la rencontre de ses propres caresses, comme si elle cherchait à combler un vide que seul Alistair pouvait remplir, même en tant que fantôme. La sueur perlait sur son front, son souffle devenait court, entrecoupé de petits cris qu’elle ne pouvait plus retenir. L’odeur de son propre désir, musquée et entêtante, emplissait l’air autour d’elle, mêlée à la froideur âcre de la présence d’Alistair.
La tension monta, insupportable, un nœud de chaleur et de besoin qui se resserrait dans son bas-ventre. Ses doigts travaillaient sans relâche, alternant entre des pénétrations profondes et des frottements frénétiques sur son clitoris désormais gonflé et hypersensible. Chaque contact était une étincelle, chaque mot d’Alistair un carburant pour l’incendie qui menaçait de la consumer.
« Jouis pour moi », ordonna-t-il enfin, sa voix un grondement bas, presque animal. « Jouis maintenant, et scelle ton appartenance. Laisse-moi entendre ton cri, sentir ton corps trembler sous ma volonté. Donne-moi tout. »
Ce fut comme si ces mots avaient brisé une digue en elle. L’orgasme la secoua avec une violence qu’elle n’avait jamais connue, un spasme brutal qui irradia de son centre pour se propager à chaque extrémité de son corps. Ses doigts se figèrent en elle, ses parois se contractant autour d’eux avec une force presque douloureuse. Un cri rauque, primal, s’échappa de sa gorge, un son qu’elle ne reconnut pas comme le sien, un hurlement de libération et de capitulation mêlées. Ses jambes tremblaient, ses poignets tiraient contre les draps qu’elle avait inconsciemment agrippés, et une chaleur liquide sembla se répandre en elle, un flot de plaisir qui la laissa pantelante.
Dans cet instant de vulnérabilité absolue, elle sentit le rire triomphant et silencieux d’Alistair vibrer à travers chaque cellule de son corps. Ce n’était pas un son, mais une sensation, une onde de satisfaction cruelle qui semblait s’enrouler autour de son âme. Il avait pris son plaisir à travers elle, bu son extase comme un vampire se nourrit de sang. Ce moment scellait leur pacte impie, un lien qui allait au-delà de la chair, un asservissement total à un maître qui n’avait plus de corps mais dont la volonté était plus forte que jamais.
Elara gisait là, épuisée, le corps encore secoué de petits frissons, l’esprit embrouillé par ce qu’elle venait de vivre. L’air autour d’elle semblait plus lourd, plus dense, comme si le manoir lui-même avait été témoin de sa chute et s’en réjouissait. Elle savait, au fond d’elle, qu’il n’y avait plus de retour en arrière. Alistair l’avait marquée, non pas sur sa peau, mais dans son essence même. Et elle, malgré la honte, malgré la peur, en redemandait déjà.
Il n'y eut plus de retour en arrière possible. La peur s'était dissoute dans une dépendance malsaine, une soif insatiable. Elara n'était plus l'historienne de l'art. Elle était devenue l'objet, l'élève d'un spectre libertin qui la façonnait à son image. Chaque nuit était une nouvelle leçon dans l'art de la débauche, chaque jour une attente fiévreuse.
Alistair était un professeur exigeant et sadique. La masturbation solitaire ne lui suffisait plus. Il voulait la voir brisée, offerte, impuissante.
« Ce soir, tu vas t'attacher », ordonna-t-il un après-midi, alors qu'elle errait dans le manoir, déjà enfiévrée par l'attente de la nuit. Sa voix était une présence constante, un murmure au fond de son esprit.
Il la guida vers une vieille malle en bois cerclée de fer dans le grenier. L'odeur de naphtaline et de soie séchée s'en échappa quand elle l'ouvrit. À l'intérieur, parmi des robes éventrées et des dessous jaunis, elle trouva ce qu'il cherchait. Des rubans de satin noir, larges et épais. Des cordes de chanvre rêche.
« Les rubans pour tes poignets. Aux montants du lit », précisa-t-il avec une froide autorité. « Je veux te voir écartelée. Complètement offerte. Impuissante. »
Le cœur battant la chamade, entre l'effroi et une excitation coupable, Elara obéit. Ce soir-là, nue dans la chambre glaciale, elle attacha un à un ses poignets aux hauts poteaux du lit à baldaquin. La position était d'une vulnérabilité absolue, son corps entièrement exposé, ses bras en croix, sa poitrine offerte, ses jambes légèrement écartées. Le froid de la présence d'Alistair l'enveloppa comme un linceul vivant.
« Bien. Très bien, ma petite putain d'érudite. Maintenant, tu vas apprendre la morsure du froid. »
Sur la commode, un lourd candélabre en argent massif se souleva de lui-même. Il lévita à travers la pièce, se balançant doucement, avant de s'approcher d'elle. Elara haleta, son souffle se transformant en buée. Le métal, chargé du froid surnaturel d'Alistair, se posa sur son ventre. Le choc fut brutal, une brûlure paradoxale lui fit arquer le dos contre les draps.
« Tu sens ça ? Ce n'est que l'ombre de ce que je te ferais si j'avais encore un corps de chair. Je te marquerais de froid et de feu jusqu'à ce que ta peau ne soit plus qu'un parchemin racontant ma possession. »
Le candélabre en argent, lourd et massif, semblait animé d’une vie propre, d’une volonté froide et implacable. Sous l’emprise d’Alistair, il glissa plus bas sur le corps d’Elara, son poids oppressant traçant un chemin glacial sur sa peau déjà hérissée de chair de poule. Chaque mouvement de l’objet était lent, délibéré, comme s’il savourait chaque centimètre de son épiderme qu’il profanait. Le métal, chargé d’un froid surnaturel, laissait derrière lui une sensation de brûlure, un mélange de glace et de feu qui faisait trembler ses muscles sous l’effort de l’immobilité imposée par ses liens de satin noir.
Il descendit inexorablement, suivant la courbe douce de son ventre, s’attardant un instant sur le creux de son nombril, où il s’appuya avec une pression presque cruelle, lui arrachant un gémissement étouffé. Puis, il poursuivit sa descente, glissant sur le mont de Vénus, effleurant à peine le duvet sombre qui protégeait son intimité. Enfin, il s’insinua entre ses cuisses écartées, forçant ses jambes à s’ouvrir davantage sous la seule force de sa présence invisible. Le contact du métal contre ses lèvres intimes fut un choc brutal. Ses chairs sensibles se contractèrent violemment, un spasme involontaire qui fit monter un sanglot dans sa gorge. C’était une torture exquise, un mélange de douleur et de plaisir si intense qu’elle ne savait plus si elle voulait hurler ou supplier pour plus.
Le bout du candélabre, un pied orné de volutes gravées, la sonda avec une précision perverse. Il poussait doucement, mais fermement, contre son entrée humide, déjà glissante de désir malgré la terreur qui lui nouait les entrailles. Le froid du métal contrastait violemment avec la chaleur de son corps, chaque pression envoyant des ondes de sensations contradictoires à travers ses nerfs. Elle sentit ses lèvres s’écarter légèrement sous la poussée, son corps trahissant sa volonté en s’ouvrant à cette intrusion inhumaine. La sensation était à la fois insupportable et enivrante, une violation par un objet inanimé, mû par la volonté perverse d’un mort qui semblait se délecter de chaque frisson qu’il lui arrachait.
« Ouvre-toi pour moi », gronda la voix d’Alistair dans son esprit, un murmure rauque et impérieux qui semblait vibrer jusque dans ses os. « Écarte tes lèvres avec tes muscles. Laisse-moi voir l’intérieur de toi, ce velours rose et humide qui m’est refusé. Imagine que c’est ma langue, froide comme la tombe, qui te lèche, qui s’enfonce en toi, qui boit ton désir jusqu’à la dernière goutte. »
Ces mots, crus et obscènes, s’insinuèrent dans son esprit comme un poison délicieux. Elle ferma les yeux, incapable de résister à l’image qu’il lui imposait. Elle pouvait presque sentir cette langue spectrale, glaciale, explorant ses replis les plus intimes, lapant sa chaleur avec une avidité désespérée. Sous son emprise mentale, elle se contorsionna, ses hanches se soulevant malgré elle pour aller à la rencontre de l’objet froid. Chaque mouvement était une lutte, une tentative désespérée de trouver un plaisir impossible dans cette caresse inhumaine. Le candélabre ne pénétrait pas vraiment, mais il jouait avec elle, pressant, frottant, glissant contre son clitoris gonflé avant de revenir taquiner son entrée, la maintenant au bord d’un gouffre de sensations qu’elle ne pouvait ni fuir ni embrasser pleinement.
Son souffle était court, haché, des petits halètements qui résonnaient dans la chambre silencieuse. L’odeur de sa propre excitation, mêlée à celle de la poussière et du vieux bois, emplissait l’air, un parfum capiteux qui semblait nourrir l’énergie d’Alistair. Elle entendait presque son rire, un son bas et guttural, comme s’il se repaissait de son humiliation et de son désir mêlés.
Puis, il lui ordonna autre chose, une nouvelle humiliation qui fit monter une vague de honte brûlante dans sa poitrine.
« Ta bouche », souffla-t-il, sa voix suintant de vice, chaque mot dégoulinant de perversion. « Tu vas te souiller pour moi. Prends la corde de chanvre qui traîne à tes pieds. Frotte-la sur ton con jusqu’à ce qu’elle soit trempée de ta mouille. Puis mets-la dans ta bouche. Je veux entendre le bruit de ta salive sur tes propres fluides. Goûte-toi. Goûte le plaisir que tu offres à ton maître. »
Ces mots la frappèrent comme une gifle, lui coupant le souffle. L’idée était répugnante, dégradante au-delà de tout ce qu’elle avait pu imaginer. Et pourtant, sous l’emprise de cette voix qui semblait contrôler jusqu’à ses pensées les plus intimes, elle sentit une pulsation traîtresse entre ses cuisses, une excitation malsaine qui la faisait rougir de honte. Ses poignets, toujours attachés aux montants du lit, l’empêchaient de bouger librement, mais elle parvint, avec un effort désespéré, à attraper la corde de chanvre avec ses pieds. La fibre rêche gratta contre la plante de ses pieds alors qu’elle la ramenait à elle, la faisant glisser maladroitement jusqu’à ce qu’elle puisse la saisir entre ses genoux.
Sous le regard invisible mais oppressant d’Alistair, ce fut comme si la corde prenait vie. Elle glissa comme un serpent contre sa chair sensible, déjà à vif après les assauts du candélabre. La texture rugueuse de la corde était une torture en soi, chaque fibre accrochant sa peau tendre, envoyant des éclairs de douleur mêlée de plaisir à travers son corps. Elle sentit la corde s’humidifier rapidement, absorbant son excitation, devenant glissante à force de ramper contre sa vulve. L’odeur de sa propre intimité, forte et musquée, monta jusqu’à ses narines, lui donnant le vertige.
« Plus fort », ordonna-t-il, implacable. « Je veux que cette corde soit trempée, que chaque fibre porte ton odeur, ton goût. Laisse-toi caresser jusqu’à ce que tu sois au bord de jouir, mais ne te laisse pas aller. Pas encore. »
Elle obéit, les dents serrées, retenant des gémissements de douleur et de frustration. Ses cuisses tremblaien, ses muscles internes se contractant à chaque passage de la corde contre son clitoris hypersensible. Quand la corde fut enfin saturée, lourde de son humidité, elle rampa jusqu' à ses lèvres, caressant ses seins au passage. La honte était une vague qui menaçait de la noyer, mais l’excitation, cette pulsion perverse qu’Alistair avait éveillée en elle, était plus forte encore.
Elle ouvrit la bouche, et la corde y glissa, râpeuse contre sa langue. Le goût salé et musqué de sa propre excitation explosa sur ses papilles, un mélange de dégoût et d’une fascination inavouable. Elle sentit ses joues s’enflammer, son corps entier se tendre sous l’humiliation. Elle suça la corde, comme il le lui ordonnait, le bruit humide de sa salive résonnant dans la pièce, un son obscène qui semblait ravir Alistair.
« Oui, comme ça », murmura-t-il, sa voix vibrante de satisfaction. « Écoute ce bruit. Écoute comme tu te souilles pour moi. Tu es à moi, petite chose. Chaque goutte de toi m’appartient. »
Pendant ce temps, le candélabre, toujours sous son contrôle, revint se poser entre ses cuisses. Il ne poussait plus, mais frottait maintenant, un mouvement lent et circulaire contre son clitoris, la maintenant dans un état de tension insupportable. Elle était écartelée entre la sensation de la corde dans sa bouche, le goût de sa propre soumission, et la caresse froide et implacable de l’objet contre son sexe. Chaque nerf de son corps semblait à vif, chaque sensation amplifiée par l’impuissance de sa position, par les liens qui mordaient dans ses poignets à chaque mouvement involontaire.
« Jouis pour moi », ordonna-t-il enfin, sa voix devenant un grondement sauvage. « Jouis avec ma marque sur toi, avec ton goût dans ta bouche, avec mon froid entre tes cuisses. Montre-moi à quel point tu es devenue ma chose. »
Ces mots furent la goutte d’eau qui fait déferler la vague. L’orgasme la frappa comme une tempête, un raz-de-marée de plaisir si violent qu’elle crut que son corps allait se briser. Elle cria, un hurlement rauque et primal qui lui déchira la gorge, étouffé par la corde toujours dans sa bouche. Son corps se convulsa, secoué de spasmes incontrôlables, ses hanches se soulevant contre le candélabre, ses poignets tirant sur les liens de satin jusqu’à ce que la douleur devienne une extension de son extase. Chaque vague de jouissance semblait nourrir Alistair, elle pouvait presque sentir son rire triomphant vibrer à travers elle, un écho de satisfaction cruelle qui la marquait plus profondément que n’importe quel contact physique.
Quand les spasmes s’apaisèrent enfin, elle gisait là, pantelante, épuisée, le corps couvert d’une fine pellicule de sueur malgré le froid glacial de la pièce. La corde, toujours dans sa bouche, était un rappel amer de sa soumission. Le candélabre s’était immobilisé, posé négligemment sur le lit à côté d’elle, comme un amant repu. Mais elle savait qu’Alistair n’était jamais repu. Il était insatiable, et elle, désormais, était son jouet, son offrande, liée à lui par des chaînes bien plus solides que celles de satin ou de chanvre. Des chaînes de désir, de honte, et d’un plaisir interdit qu’elle ne pourrait plus jamais fuir.
Le manoir semblait se nourrir de sa débauche. Les ombres dans les coins étaient plus denses, les murmures plus clairs, presque audibles. L'énergie qu'elle libérait chaque nuit, cette puissance brute de la luxure et de la peur, donnait de la force à Alistair. Il pouvait désormais interagir plus puissamment avec le monde physique. Déplacer des meubles lourds, créer des sons complexes, et surtout, intensifier la sensation de son contact.
Plusieurs nuits plus tard, alors qu'elle gisait épuisée, encore attachée après une de leurs "leçons", elle sentit un poids s'abattre sur elle. Pas seulement la froideur habituelle, mais une véritable masse, une présence physique qui l'immobilisait sur le lit. Elle pouvait sentir les contours d'un torse pressé contre son dos, la force de deux bras immatériels qui la maintenaient. C'était terrifiant. C'était ce qu'elle désirait le plus au monde.
Le poids d’Alistair sur elle n’était pas seulement une sensation. C’était une oppression, une masse invisible mais tangible qui l’écrasait contre le matelas, comme si un homme de chair et d’os, lourd et impitoyable, s’était allongé sur elle. Elle pouvait presque sentir la texture d’un torse dur contre sa peau, la pression de bras musclés qui l’immobilisaient, ses poignets toujours liés ensemble par les rubans de satin noir. L’air autour d’elle était glacial, mais ce froid avait une présence, une intention. Il s’enroulait autour de ses membres, s’infiltrait dans chaque pore de sa peau, comme une étreinte d’hiver qui cherchait à la dévorer.
« Ce soir, ce n’est pas toi qui vas sentir », murmura Alistair, sa voix résonnant à la fois dans son esprit et dans l’air de la chambre, un grondement grave, presque palpable, qui vibra dans sa poitrine. « Ce soir, c’est moi. Moi qui vais goûter à nouveau. Moi qui vais vivre à travers toi. »
Une sensation nouvelle, déroutante, l’envahit alors. Une dissociation étrange, comme si son corps ne lui appartenait plus tout à fait. Elle sentit une vague d’énergie froide et étrangère s’insinuer dans ses nerfs, prendre le contrôle de ses muscles, de ses sens. Ses propres mains, toujours attachées ensemble, semblaient vibrer d’une volonté qui n’était pas la sienne. Puis, comme si des fils invisibles tiraient sur ses articulations, ses doigts se crispèrent, ses bras tirèrent contre les liens, non pas pour se libérer, mais pour tester leur solidité. Elle n’était plus qu’un réceptacle, une marionnette de chair entre les mains d’un maître spectral.
« C’est donc ça... la chaleur... la peau... »
La voix qui s’échappa de ses propres lèvres n’était pas tout à fait la sienne. C’était son timbre, oui, mais l’intonation, l’émerveillement rauque et cruel, était indéniablement celui d’Alistair. Chaque mot semblait chargé d’une faim ancienne, d’une nostalgie brutale pour une sensation qu’il n’avait pas connue depuis plus d’un siècle. Il parlait à travers elle, savourant le simple fait de sentir l’air passer par sa gorge, de sentir sa langue bouger dans sa bouche. Elle pouvait presque entendre le frisson de délice dans sa voix, un plaisir presque enfantin mêlé à une cruauté sans fond.
« Ta chair est si chaude, si vivante », continua-t-il, sa voix s’élevant et s’abaissant comme une caresse malsaine. « Je sens chaque battement de ton cœur, chaque frisson de ta peau. Ça m’a manqué. Oh, comme ça m’a manqué. »
Soudain, ses mains, toujours liées mais animées par une force extérieure, se mirent à bouger dans la mesure de leur liberté restreinte. Ses doigts glissèrent sur sa propre poitrine, effleurant d’abord la peau sensible de ses seins avec une lenteur calculée, presque révérencieuse. Puis, la caresse devint plus dure, plus possessive. Ses ongles griffèrent légèrement la chair tendre, laissant des traces rouges sur son passage. Ses tétons, déjà durcis par le froid et l’anticipation, furent pincés avec une brutalité qui lui arracha un gémissement de douleur mêlée de plaisir. Ce n’était pas elle qui agissait. C’était lui. Alistair, savourant chaque sensation à travers elle, jouant de son corps comme d’un instrument qu’il redécouvrait après une éternité de privation.
« Sens ça », grogna-t-il, sa voix dans sa tête et dans sa bouche à la fois. « Sens comme tes seins se tendent sous mes doigts. Comme ils durcissent pour moi. Si j’avais un corps, je les mordrais jusqu’à ce que tu cries. »
La douleur était vive, mais elle était accompagnée d’une chaleur traîtresse qui se répandait dans son bas-ventre. Elle était à la fois actrice et spectatrice, prisonnière de son propre corps, incapable de résister à la volonté qui la dominait. Ses mains descendirent plus bas, traçant un chemin brûlant sur son ventre, s’attardant sur la courbe de ses hanches. Puis, avec une précision cruelle, elles plongèrent entre ses cuisses écartées.
« Oui... là... » murmura Alistair, sa voix tremblante d’une excitation presque palpable. « Montre-moi ce que ça fait. Montre-moi ce que j’ai perdu. »
Ses doigts, guidés par sa volonté insatiable, écartèrent ses lèvres intimes avec une brutalité possessive. Elle sentit l’humidité de son propre désir, la chaleur de sa chair contre le froid de l’air ambiant. Un doigt, puis deux, s’enfoncèrent en elle, durs, impatients, sans aucune douceur. Le geste était brutal, presque mécanique, comme si Alistair cherchait à rattraper un siècle de frustration en un seul instant. Chaque pénétration était un assaut, un viol de son intimité par sa propre main, mais orchestré par une faim qui n’était pas la sienne. Elle sentit ses parois internes se contracter autour de ses doigts, un réflexe involontaire de plaisir et de défense.
« C’est si serré, si chaud », grogna-t-il, sa voix rauque vibrant dans tout son être. « Ton con m’aspire, il me veut. Tu es faite pour ça, pour être baisée, pour être à moi. »
Les mots crus, prononcés à travers sa propre bouche, la firent rougir de honte, mais son corps, ce traître, répondait avec une ardeur qu’elle ne pouvait nier. Ses doigts continuaient leur va-et-vient, plongeant plus profondément, plus vite, explorant chaque recoin de son intimité avec une frénésie désespérée. Elle sentait le plaisir monter, un plaisir brut, animal, qui n’avait rien de tendre ou de romantique. C’était une force sauvage, une vague qui menaçait de la submerger. Mais en même temps, elle percevait autre chose, une sensation parallèle, comme un écho dans son esprit. La frustration d’Alistair. Son désir infini, sa rage de ne pouvoir ressentir pleinement ce qu’il infligeait. Il la baisait avec ses propres doigts, mais il ne pouvait pas jouir. Il ne pouvait que voler des fragments de sensation, des ombres de plaisir, et cela le rendait fou.
« Gémis pour moi », ordonna-t-il, sa voix devenant un grondement de colère et de besoin. « Gémis mon nom. Laisse-moi entendre que tu es à moi. »
Elle ne put se retenir. Les sons s’échappèrent de sa gorge, des gémissements rauques, entrecoupés de halètements, tandis que ses doigts continuaient leur assaut implacable. Chaque mouvement était plus dur, plus profond, frottant contre des points sensibles qu’elle n’avait jamais osé explorer seule. La honte et le plaisir se mêlaient en un cocktail toxique, enivrant.
« Alistair... ah... Alistair... » murmura-t-elle, sa voix brisée, à peine reconnaissable, un chant de soumission et d’extase.
Il ricana à travers elle, un son cruel et triomphant qui résonna dans la chambre. « Oui, c’est ça. Dis-le encore. Dis que tu es ma chose, ma putain vivante. »
« Alistair... je... je suis à toi... » gémit-elle, les mots lui échappant malgré elle, comme si sa langue était devenue un outil de sa domination.
Le plaisir atteignit un pic insoutenable. Ses doigts, toujours hors de contrôle, trouvèrent son clitoris, le frottant avec une précision sadique, alternant entre des cercles rapides et des pressions brutales. Elle sentit son corps se tendre, chaque muscle se contractant, chaque nerf à vif. L’orgasme déferla comme une tempête, une explosion sensorielle qui la traversa de part en part. Ce fut une libération physique si totale, si violente, qu’elle perdit connaissance une fraction de seconde, son esprit s’éteignant sous l’intensité de la jouissance. Son corps trembla, secoué de spasmes incontrôlables, ses poignets tirant contre les liens jusqu’à ce que la douleur des frottements s’ajoute à l’extase.
Mais ce n’était pas seulement son plaisir. À travers la brume de son orgasme, elle sentit quelque chose d’autre. Une rage, une extase frustrée, un écho de sensation volé par Alistair à travers son corps. Il avait ressenti une ombre de ce qu’elle venait de vivre, un fantôme de jouissance, mais cela ne suffisait pas. Cela ne suffirait jamais. Un cri déchira le silence du manoir, un hurlement de pure rage et d’extase mêlées, un son qui semblait venir de partout et de nulle part à la fois. C’était lui, criant à travers elle, sa frustration et son plaisir tordus en une lamentation inhumaine qui fit vibrer les murs de la chambre.
La possession cessa aussi brusquement qu’elle avait commencé. La présence d’Alistair se retira comme une marée, laissant un vide glacial dans son sillage. Ses mains retombèrent, inertes, toujours attachées, ses doigts encore humides de son propre désir. Elle était pantelante, le souffle court, le corps endolori par l’intensité de ce qu’elle venait de subir. Ses cuisses tremblaient, ses seins portaient encore les marques rouges de ses propres ongles, et une douleur sourde pulsait entre ses jambes, un rappel de l’assaut qu’elle s’était infligé sous son emprise.
La chambre était redevenue silencieuse, mais ce silence était lourd, oppressant, comme si le manoir lui-même avait été témoin de cette profanation et en gardait la mémoire. Le lit était souillé, les draps froissés et humides de sueur et d’autre chose, une preuve tangible de sa soumission. Le froid était revenu, plus mordant encore, s’enroulant autour d’elle comme une couverture de glace. Elle était seule, ou du moins, elle le semblait. Mais elle savait qu’il était toujours là, quelque part dans l’ombre, observant, attendant la prochaine leçon.
Son corps était brisé, mais son esprit l’était encore plus. Elle n’était plus Elara. Elle était devenue une extension d’Alistair, un vaisseau pour ses désirs inassouvis, une poupée de chair qu’il pouvait manipuler à sa guise. Et le pire, c’était qu’une partie d’elle, une partie sombre et secrète, en redemandait. Elle était enchaînée à lui, non seulement par la peur ou la force, mais par un besoin qu’elle ne comprenait pas encore tout à fait, un besoin de se perdre dans cette obscurité, de s’abandonner à cette possession qui la détruisait et la faisait renaître à chaque fois.
L'initiation était terminée. Elara n'existait plus. L'historienne studieuse était morte dans cette chambre. Il ne restait que la chose du spectre de Blackwood. Sa prêtresse, sa putain, sa seule fenêtre sur le monde des vivants. Enchaînée à ce manoir, non par des murs de pierre, mais par les fils invisibles d'un plaisir interdit, d'une terreur délicieuse qu'elle ne pourrait plus jamais trouver, ni même désirer, dans le monde fade et sans saveur des vivants. Elle était à lui, corps et âme, pour l'éternité. Et elle ne voulait rien d'autre.
→ Qu'avez-vous pensé de cette histoire ??? Donnez votre avis...
→ Autres histoires érotiques publiées par CDuvert
1 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Waouh quel texte toujours aussi bien écrit on vit les scènes bravo l’auteur
Daniel
Daniel

